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 L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire

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Jealousy
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MessageSujet: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeLun 16 Mai - 19:58

Chroniques Métamorphes



L’Uroboros de l’Enfer :
fantastique voyage illusoire





Une colonne de lumière et d’éclairs rouges haute de trois mètres et large de deux apparut au milieu de la nuit au beau milieu d’une forêt.
Un cercle de lumière rouge remplit de symboles et de formes géométriques se trouvait à sa base.
Le tout disparut au bout de quelques secondes, laissant un adolescent vêtu de noir et de rouge inconscient dans son sillage.
Le silence de la nuit reprit alors ses droits et celle-ci s’acheva tranquillement…



Chapitre 1 : Un nouveau monde



« Voyager, c’est bien mais encore faut-il ne pas se perdre. Et ne pas mourir, aussi, accessoirement. »
Malbas Elric

- Aïe, ma tête… Se plaignit un jeune garçon qui venait de se relever, la main droite qui ne comportait que trois doigts sur le front.
Il tituba un instant puis regarda autour de lui.
Il devait avoir aux alentours de seize ans. Ses cheveux étaient noirs coupés courts et ses yeux bleu-gris allaient et venaient, analysant le décor.
- Mais… Où suis-je ? Demanda-t-il à haute voix.
(- Au hasard : une forêt), railla une voix dans l’esprit de l’adolescent.
Celui-ci soupira.
Cette voix, profonde et avec une légère sonorité métallique…
- Toujours là, Pride… Constata le perdu.
(- Ne prends pas cet air là, je suis sûr que je t’aurais manqué, l’Envieux… Remarque, faudrait innover… Il te faut un nouveau surnom…)
- Je me nomme Réo. Tu serais gentil de m’appeler par mon prénom !
(- Ah, c’est ton prénom ? Tu en es sûr ? D’ailleurs, tu peux me parler en pensée, inutile de t’exprimer à voix haute. Tu as l’air plus idiot qu’à l’accoutumée à déblatérer des inepties tout seul… Je crois que je vais ajouter Jealousy à ta liste de surnom…)
- Je t’emmerde, pensa Réo, ce qui tira un sourire mental à Pride.
Pride.
L’autre personnalité de Réo. Incarnation de l’Orgueil, Réo étant l’Envie, et détenteur du pouvoir de contrôler les ombres. Il était comme une seconde âme, une autre personne qui cherchant à prendre le contrôle.
Et il avait déjà réussi une fois…

Réo regarda à nouveau autour de lui.
La forêt dans laquelle il se trouvait était assez peu éclairée par le soleil, signe que ce devait être le matin. Probablement.
Quoi qu’il en soit, des champignons poussaient un peu partout et l’atmosphère était plutôt humide. Un mauvais point pour Réo qui appréciait peu l’humidité. Ainsi que l’eau et le froid.
(- T’aimes rien de toute façon), commenta Pride.
L’adolescent ignora le commentaire et se mit à marcher.
- Je me demande comment je suis arrivé là… Marmonna-t-il.
(- Bizarrement, ça me rappelle quelque chose… Comme un air de déjà vu cette situation…)
- Nan, j’ai toute ma mémoire, tous mes pouvoirs et t’es toujours là. Donc c’est pas pareil, contredit Réo.
(- A mon avis, nous sommes atterris ici à cause de l’absorption de la Pierre de Malbas. Si mes souvenirs sont bons, ça a provoqué une sacré instabilité…), tenta Pride.

Réo approuva et tenta de se souvenir.


Alors qu’une comète traverse le ciel le rendant orangé, deux êtres se battent dans un lieu rempli de colonnes rocheuses.
Réo, dont un œil était violet à la pupille verticale recule, évitant les lames qui avaient jaillies du sol dans un concert d’éclairs rouges.
Son adversaire lui fait face, toujours confiant.
Des cheveux blonds assez longs coiffés en queue de cheval, des yeux dorés, un âge physique de devant pas excéder dix-sept ans, il porte une bague dorée surmontée d’une pierre sphérique rougeâtre à la main gauche.
Pride fait jaillir ses ombres de celle de Réo, réduisant les lames en miettes et Réo en profite alors pour se ruer sur son ennemi.
Malbas lance un jet de flammes que sa pierre amplifie mais Réo le traverse en alliant sa maîtrise du feu à sa vitesse.
Il atteint son adversaire et lui donne un coup de poing.
Malbas le pare avec la main gauche...
La pierre entre alors en contact avec la main de Réo et est instantanément absorbée par celui-ci.
Une colonne de lumière et d’éclairs rouges s’élève soudain, englobant les deux combattant qui ressentent une douleur immense.
Un cercle lumineux se dessine au sol, puis…

- Puis rien. Le trou noir. Je me réveille ici, allongé…
Pensa Réo.
(- A mon avis, nous avons changé de monde.) Proposa Pride.
- Super. Vraiment. Au moins, plus besoin que tu manges des gens, avec la pierre nous avons suffisamment d’âmes pour alimenter notre auto-régénération pendant des centaines d’années ! Lança Réo.
(- Je crains que non. Le… Voyage a consumé la quasi-totalité des âmes de la pierre. Des 13437 qu’elle contenait, il nous en reste à peine une vingtaine. Voir moins.)
Réo se figea.
Ça, c’était une mauvaise nouvelle. Avec l’énergie de vingt âmes, il pouvait certes survivre à plusieurs morts mais si Malbas était là lui aussi, cela risquait de ne pas être suffisant…

La dernière fois, Pride avait amassé l’énergie équivalente à plus de cent âmes humaines lambda, en trichant un peu puisque l’énergie de l’âme d’un maître d’un élément valait quatre âmes normales. C’était également ainsi que Réo avait apprit la maîtrise du feu, de l’eau et de la terre, car lorsque Pride mangeait quelqu’un, ils acquéraient ses souvenirs, compétences et pouvoirs. Ainsi que son âme.

(- Tu devrais me dire merci, sans moi nous serions morts et tu n’aurais pas la maîtrise des éléments…), lança Pride.
- Tu rêves ! Je ne te remercierai jamais pour avoir tuer des innocents ! Même si ça nous est bénéfique ! Gueula Réo.
(- Vous, les humains, êtes vraiment incompréhensibles… Et certains n’étaient pas si innocents que ça…)

Le nouvel arrivant se remit à marcher, râlant à propos de la disparition de ses deux sabres, perdus lors de son précédent combat. Il n’était pas un bretteur confirmé mais ses diverses facultés avaient comblé ses lacunes.
Alors que Pride élaborait une théorie selon laquelle la présence de la pierre, même presque vidée, améliorait le pouvoir de transformation de Réo ainsi que son alchimie, ils aperçurent une clairière un peu plus loin.
Une maison s’y trouvait.
De taille moyenne, sa façade était en partie envahie par du lierre. En plus du rez-de-chaussée, un second étage semblait avoir été aménagé puisque deux petites fenêtres étaient visibles dans la toiture.
(- Qui est assez taré pour vivre au milieu d’une forêt ?) Demanda Pride, toujours aussi direct.

Réo ne répondit pas et se mit à humer l’air, remarquant enfin une odeur particulière.
Odeur signalant que…
- Hé ! Mais, t’es qui toi ? Et qu’est-ce que tu fais devant chez moi ?
Signalant qu’une humaine ne se trouvait pas loin.
Réo se tourna vers la droite, faisant face à la jeune fille qui venait de l’interpeller.

Il fut assez surpris qu’elle était vêtue comme les sorcières dans les histoires de son monde d’origine.
Elle portait une jupe noire surmontée d’un tablier blanc ainsi qu’une veste noire par-dessus une veste blanche. Ses cheveux blonds étaient sous un imposant chapeau pointu et elle avait une natte à gauche de son visage. Enfin, elle tenait un balai à la main droite.

- Euh… Je me nomme Réo Ryu… Je ne fais que me balader… Où suis-je d’ailleurs ? Et qui es-tu ? Répondit l’adolescent, déstabilisé.
(- Je l’avais dis qu’il fallait être taré pour vivre ici), railla Pride.
La fille fronça les sourcils.
- Je suis Marisa Kirisame, magicienne ordinaire, annonça la demoiselle.
(- C’est vrai qu’être magicienne est tellement ordinaire…), commenta l’Orgueil.
La magicienne regarda étrangement Réo, comme si elle avait entendu le commentaire.
- Tu es dans la forêt de la magie. Et devant ma maison. D’où viens-tu et comment es-tu arrivé ici, puisque tu ignores où tu es ? Reprit Marisa.
- Euh… C’est compliqué… Avoua l’Envie.
(- Sûr que c’est con… pliqué. Bon, je propose de se barrer d’ici. Transforme-toi en aigle, qu’on ait une idée de ce à quoi ça ressemble ici. Ou alors je peux la manger. Tu me files ton corps, Jealousy ?) Proposa Pride.
Réo serra les poings, se préparant à rabrouer « avec délicatesse » son colocataire spirituel.

S’en fut trop pour Marisa.
Depuis un moment, elle ressentait une présence étrange dans la forêt. Pendant la nuit, elle avait vu au loin un éclat de lumière rouge mais elle n’avait pas été voir, trop occupée par ses recherches.
Et voilà que ce type arrivait.
Il s’agissait bien de la présence, l’éclat de lumière devait être lié à lui. En fait, une aura maléfique se dégageait de lui. Quelque chose de profondément malsain.
Et puis, il y avait autre-chose, à l’intérieur de lui. Comme si plusieurs personnes étaient emprisonnées dans son corps.

Convaincue que cet être était dangereux, la sorcière le somma de s’expliquer ou de partir, lui envoyant plusieurs projectiles énergétiques verts lorsqu’il détourna la question.
- Hey, du calme ! Tenta l’adolescent.
- Raconte pas de conneries, tu caches quelque chose ! Quelque chose qui n’est pas joli joli à mon avis ! S’énerva la magicienne.
(- J’ai toujours su que t’étais une brêle avec les filles mais là…), lança Pride avec un léger rire.

Trop occupé à éviter les tirs qui commençaient à pleuvoir, Réo ne pu répondre.
- Pride, quelque chose cloche. Pas de blagues, j’ai l’impression que j’ai perdu l’œil ultime ! Constata Réo qui manqua de se faire toucher par une grosse boule verte.

L’œil ultime, le dernier pouvoir lié à sa condition que Réo avait obtenu.
Il s’agissait d’une amélioration incroyable de la vue, ce qui lui permettait de voir des choses extrêmement rapides, le rendant très difficile à surprendre et à toucher.
Apparemment, cette faculté semblait avoir disparu ou du moins s’être considérablement affaiblie.

Marisa sortit soudain une carte de sa jupe, la brandit et énonça :
- Star Sign "Meteonic Shower"
Aussitôt, elle tendit les mains et des dizaines de grosses étoiles multicolores foncèrent vers Réo.
Ce dernier claqua ses mains l’une contre l’autre et les posa au sol dans le but de le transmuter en un mur métallique…
Rien ne se passa et il dut rouler sur le côté pour ne pas se faire toucher.
(- L’alchimie aussi ! Ma théorie s’effondre !) Constata Pride.
Réo pesta, évita une étoile et frappa le sol du pied tout en levant les bras, espérant faire sortir un mur de pierre du sol, via sa maîtrise de la terre.
Sans succès.
(- Epic Fail), s’amusa l’Orgueil.
- Merde ! Jura Réo avant de se transformer en eau.
Il évita ainsi tous les projectiles et se reforma, ce qui étonna assez Marisa pour donner un léger temps de répit au métamorphe.
Celui-ci décida de contre-attaquer et tendit brusquement ses bras, voulant lancer un jet de flammes…
(- Là, t’as vraiment l’air con), assura Pride alors que rien ne sortait.
De toute évidence, ils avaient perdu la maîtrise des éléments et Réo renonça à tenter celle de l’eau.
Marisa se reprit et se remit à tirer des projectiles verts et des petites étoiles tout en sortant un petit objet de sa poche…
L’ancien maître de trois éléments évita les projectiles par une roulade et plusieurs pirouettes, son agilité étant encore intacte.
Il se retrouva toutefois en pleine ligne de mire de Marisa qui tendit un objet octogonal en hurlant :
- Love Sign « Master Spark » !

Alors que Réo s’attendait à des projectiles divers et variés, ce fut un immense rayon d’énergie arc-en-ciel qui jaillit du petit objet.
Renonçant à l’esquiver, le métamorphe se protégea avec ses bras dont il modifia la structure de la peau. Celle-ci devint noire, étant désormais recouverte de carbone aussi dur que du diamant.
Réo venait d’utiliser en partie son « Bouclier Ultime » mais il ne put l’étendre encore plus, trop occupé à bloquer le laser.
Celui-ci était de l’énergie brute et dégageait énormément de chaleur.
Les bras du métamorphe se mirent alors à chauffer.
C’est alors que le bouclier commença à se fissurer et les bras à faiblir…
- C’est impossible… Mon bouclier ! Hurla Réo, éberlué avant que le Master Spark ne perce sa défense et le frappe de plein fouet
Le rayon brûla le métamorphe tout en le propulsant en arrière, lui faisant traverser une bonne partie de la forêt avant de disparaître.
Après que son adversaire eu disparut de son champ de vision, Marisa poussa un soupir, grimpa sur son balai et s’envola dans une toute autre direction.

Allongé près de la lisière de la forêt, Réo toussa et se releva tandis que plusieurs éclairs rouges crépitaient autour de lui, annonçant que son pouvoir d’auto-régénération s’était mis en marche.
Les brûlures disparurent et la douleur du dos dû à l’impact avec le sol aussi.
Voyant que ses vêtements en avaient pris un sacré coup, le métamorphe les répara via son pouvoir de changeur de forme : les éclairs rouges crépitèrent à nouveau et une lumière cramoisie le parcourut.
Une fois les « réparations » achevées, Réo poussa un long soupir.
Pas brillant, tout ça.

(- Pour une raclée, c’est une sacrée raclée. Le voyage t’a ramolli, petit envieux…), constata Pride.
- J’étais pas prêt ! Se défendit Réo, dégoûté par sa défaite cinglante.
(- En tout cas, le Bouclier a également perdu en puissance. Certes son laser produit pas mal de chaleur mais les atomes de carbone auraient dû mettre plus de temps à se désolidarisés. Je me demande si cela vient du voyage ou des âmes perdues… D’ailleurs, on a encore perdu de l’énergie avec cette fichue défaite… T’es vraiment pas doué, Jealousy), exposa l’Orgueil.
Nouveau soupir.
- Je vois où tu veux en venir et non, je ne te laisserai pas recommencer ta tuerie ! Prévint Réo à haute voix.
Méprisant le soupir déçu et les protestations de Pride, le métamorphe regarda autour de lui et aperçut un village qui ne devait pas être très loin.
Ayant toutefois une flemme immense d’y aller à pied et voulant limiter les rencontres, et les combats, Réo se transforma.
Eclairs rouges et lumière firent leur œuvre et ce fut un aigle noir qui s’envola en direction du village…


Accroupit près d’un arbre, un homme laissa un rictus se dessiner sur ses lèvres en voyant l’aigle s’éloigner.
- A bientôt, l’Envie… Murmura-t-il.


Dernière édition par Jealousy le Ven 8 Juil - 17:37, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeMar 31 Mai - 10:10

Chapitre 2 : L'ombre du serpent vert


« La Jalousie est un poison. Certains trouvent parfois que quelqu’un de jaloux est « mignon » mais ils sont loin de la vérité.
Car la jalousie peut consumer une âme... Et causer des dégâts irréparables…»

Malbas Elric

Tout en s'approchant du village, Réo observa la géographie des alentours. Il repéra ainsi une montagne ainsi qu'un immense lac. Sa surface était toutefois couverte de brume ce qui empêchait d'en savoir plus.
L'aigle se posa près d'une demeure en bois à la périphérie du village et reprit forme humaine. Ce fut donc vêtu de simples vêtements noirs et les mains dans les poches que le métamorphe se mit à arpenter les rues.
(- Niveau technologie c'est encore à la ramasse. Apparemment, c'est du même niveau que lors de notre dernier voyage...), remarque Pride.
- Oui mais, au vu de ce que je me suis pris dans la tronche tout à l'heure, la magie fonctionne ici, rétorqua Réo.
(- Ne rêve pas, petite envieux, tu ne peux pas l'apprendre en l'état actuel des choses. Si tu me laisses manger un habitant de ce monde en revanche...), tenta l'Orgueil.
- Rêve, ombreux !
Ignorant les traditionnelles tentatives de négociation du maître des ombres, Réo s'engagea dans une nouvelle rue.
Après quelque pas, il lut distraitement une enseigne : « Magasin d'occasion Kirisame »,
(- LA SORCIÈRE !) Hurla Pride, ce qui fit sursauter le métamorphe qui s'éloigna rapidement de l'échoppe.

Occupé à discuter avec son opposé maléfique, Réo ne vit pas la jeune fille vêtue de vert et ayant les cheveux argentés coupés courts qui arrivait en sens inverse, un sac à la main droite et les yeux rivés sur un papier qu'elle tenait à la main gauche.
Coup classique et inévitable, les deux se percutèrent, perdirent l'équilibre et se retrouvèrent assis par terre.
Heureusement pour leur crédibilité, personne ne les avait vus.
- Ouch... Désolée, c'est ma faute, je ne regardais pas où j'allai, je ne vous ai pas fait mal ? S'excusa la fille en se relevant.
- Non, non, c'est rien... Je ne faisais pas vraiment attention non plus... Avoua Réo en se relevant.
(- Incapable...), commenta Pride.
Alors que la fille ramassait le sac qu’elle avait lâché, L’Envie ramassa un papier par terre.
- Euh… C’est à toi, non ? Demanda Réo en tendant ce qui était en fait une liste de courses très garnie.
Il remarqua alors la forme blanche étrange qui suivait la jeune fille ainsi que les deux katanas accrochés au niveau de la taille.
(- Ce sont plus exactement un katana et un wakizashi. Ce monde est également sous influence asiatique… Et c’est moi où le truc blanc est un fantôme ?)
- Oui, merci, j’ai dû la lâcher… Dire que je vais devoir porter tout ça toute seule… Fit la fille avant de soupirer.
- Je peux t’aider si tu veux, proposa Réo.
(- Quoi ? Tu déconnes !!!) S’exclama Pride.
- Oh, vraiment ? Je ne voudrais pas… Réagit la fille, surprise.
- J’ai rien d’autres à faire de toute façon, puis ça m’apprendra à ne pas regarder où je vais, lança le métamorphe avec un sourire.
- Et bien dans ce cas, allons-y… Au fait, je suis Youmu Konpaku, jardinière du Royaume des Morts, qui êtes-vous ?
- Réo Ryu, simple voyageur fraîchement arrivé ici et tutoie-moi s’il te plaît.
(- Pride, mais moi…)
- On s’en tamponne la navette, compléta l’envieux.
- « Fraîchement arrivé ici » Tu veux dire que tu ne viens pas de Gensokyo ? Demanda Youmu.
(- Grillé), constata l’Orgueil.
- Si Gensokyo est le nom de ce monde alors oui, je ne viens pas d’ici, répondit Réo.
- Je vois, tu viens d’au-delà de la Grande Barrière… Ah, c’est là… Fit la jardinière lorsqu’ils arrivèrent à un magasin.
Youmu acheta divers ustensiles que Réo se dévoua à porter, ce qui amusa énormément Pride.

- La Grande Barrière ? Releva l’Envie alors qu’ils sortaient.
- Celle qui sépare Gensokyo du Monde Extérieur, celui des Humains. Elle est réputée quasi infranchissable mais des Humains arrivent à passer et arrivent ici. En revanche, le voyage inverse est impossible, sauf pour la Youkai des frontières Yukari Yakumo, expliqua Youmu avant de jeter un œil à sa liste.
- Ah…
- C’est ce que tu as fais non ? Tu devais être prêt du Sanctuaire Hakurei de l’autre monde puis tu t’es retrouvé près de celui qui existe ici… Ajouta la jeune fille.
- Euh… Non. Pas du tout. Je ne sais pas comment je suis atterri ici, je suis juste apparu ce matin dans une forêt avant de me faire attaquer par une sorcière qui m’a mis une raclée effroyable, raconta l’envieux.
- Oh… Tu as rencontré Marisa… Elle a tendance à trop en faire, excuse-la. Et puis ici les combats de danmaku sont monnaie courante. Mais c’est évident que pour toi ce ne doit pas être facile…
- Comment ça ?
- Les hommes ne peuvent pas en faire. Du moins, c’est ce qu’on m’a toujours dit. Saches qu’outre dans ce village et à Kourindou, il n’y a pas d’hommes à Gensokyo, expliqua Youmu.
- Décidément, je ne suis pas au bout de mes surprises… Constata le métamorphe.

Les deux entrèrent dans une autre échoppe et en ressortirent dix minutes plus tard, Réo tenant un sac supplémentaire.
- Dis-moi Youmu… C’est normal le fantôme qui te suit partout ? S’enquit l’envieux, poussé par Pride qui le bassinait avec ça depuis plusieurs minutes.

Au mot « fantôme », la jeune fille se raidit puis se retourna, inquiète.
- Un… Un fantôme ? Où… Où ça ? Si c’est une blague, c’est pas drôle ! Balbutia-t-elle, apeurée.
(- Wait, elle travaille au Royaume des Morts et a peur des fantômes ?)
- Bah, le machin blanc qui te colle au basques c’est pas un fantôme ? Demanda l’Envie.
Youmu regarda alors le « machin blanc » puis soupira de soulagement.
- Non, ça c’est Myon, ma moitié fantomatique. Je suis mi-humaine, mi-fantôme. NE ME REFAIS JAMAIS UNE PEUR PAREILLE ! Réagit-elle, passant de l’explication posée à l’ordre hurlé bien que plus amusant qu’autre chose.
(- Donc oui, elle a bel et bien peur des fantômes… Alors qu’elle en est à moitié un… Il doit y avoir une logique quelque-part…), commenta Pride.
- D’accord m’dame ! Lâcha Réo qui se retenait difficilement d’éclater de rire.

Il fallut encore une heure pour que les emplettes soit faites. Désormais chargé de sacs contenant nourriture, ustensiles et autres, Réo suivait Youmu.
Celle-ci avait expliqué pas mal de choses concernant Gensokyo et volait en direction d’une gigantesque double-porte en pierre qui flottait dans les cieux.
Le métamorphe, qui avait utilisé son pouvoir pour s’équiper de deux grandes ailes de chauve-sourie, ne put retenir un sifflement admiratif lorsqu’ils s’en approchèrent.
Arrivée à une cinquantaine de mètres de la porte, Youmu s’arrêta puis se tourna vers Réo.
- C’est ici qu’on se sépare, Hakugyokuro n’est pas un endroit pour toi. C’est le monde des morts… Annonça-t-elle.
- Même pour une livraison ? Lança l’Envie.
- Même. Je ne peux pas te laisser entrer.
La jardinière s’approcha de Réo qui lui donna les sacs.
- T’as pas intérêt à râler parce que c’est lourd, railla l’envieux, ce qui amusa la jeune fille.
- Merci pour ton aide, à la prochaine ! Fit-elle.
Elle se dirigea ensuite vers la porte qui s’ouvrit très légèrement pour lui laisser assez de place pour passer avant de se refermer, sans le moindre bruit.

(- Mignonne cette petite…), lança Pride.
Réo ne répondit pas et prit sa forme d’aigle, gagnant ainsi en agilité puisqu’il n’était pas très à l’aise avec ses ailes géantes sous forme humaine.
- J’ai faim… Constata le métamorphe qui volait désormais vers la Forêt de la Magie.

Youmu lui avait enseigné les principaux lieux de Gensokyo et Réo savait que dans toutes les forêts, il y avait à manger.
(- Sinon on retourne au Village des Humains et on en mange quelques-uns), proposa Pride.
- Arrête, mes pulsions sadiques vont revenir… Prévint Réo.

Même lorsque Pride ne dominait pas, Réo avait parfois des envies de meurtre, un désir impérieux de faire couler le sang, semer la mort et la souffrance. D’après l’Orgueil, c’est justement pour cela que Réo avait ses pouvoirs. Il avait toutefois toujours réussi à ne jamais attaquer des innocents.
En revanche, lors de ses combats, il se déchaînait et ses ennemis l’avaient souvent payés de leur vie…
(- Elle est faite pour Danser… Tu es fait pour Tuer…), énonça l’Ombreux.
- Ne me fais pas penser à Elle ! Hurla intérieurement l’Envie.
(- Pourquoi Jealousy ? Cela te fait mal ? Tu es si gentil pourtant… N’est-ce pas ce qu’elle te disait ? « Tu es gentil »… Dis-moi, qu’es-ce que cela t’a apporté ? Qu’est-ce que ça a changé ?)
- LA FERME ! S’énerva l’Envie.

Ça y était, Pride recommençait à le torturer.
C’était ainsi qu’il s’y prenait pour tenter de s’emparer du corps de Réo : il l’affaiblissait mentalement pour pouvoir avoir le dessus. Et la jalousie était le meilleur moyen d’y arriver.
L’Orgueil allait s’y remettre mais il fut interrompu par le passage à toute vitesse de quelque chose à quelques centimètres de l’aigle.
Celui-ci perdit sa stabilité ainsi que le contrôle de sa trajectoire, fonçant désormais vers une forêt de bambous.
Incapable de se redresser, Réo se crasha à l’orée de ladite forêt, reprenant forme humaine peu avant pour se recouvrir de carbone.
Il se releva donc sans le moindre dommage et fit disparaître le Bouclier Ultime.

(- Au moins, il sert encore un peu… Mais, c’était quoi ce machin qui nous a bousculé ?) Se demanda Pride.
- De ce que j’ai vu, ça avait l’air d’être une femme vêtue de blanc et avec des ailes de plumes noires. Avec ce que m’a dit Youmu, je pense pouvoir affirmer que c’était une Tengu. Et vu sa vitesse… Expliqua Réo.
(- J’aurai mieux fait de l’écouter la demi-fantôme tiens. N’empêche, cette Tengu était encore plus rapide que toi lorsque tu fais tes charges. Et elle peut se contrôler…)
- Non, je ne te laisserai pas aller tenter d’en manger une !
(- Mais j’ai jamais dis que je voulais ça ! Puis tu ne peux pas lire dans mes pensées, d’abord !) Protesta l’Orgueil.

Réo soupira puis fit quelque pas vers les premiers bambous.
- Au pire je peux en manger… Lança-t-il à lui-même.
Il se mit toutefois à humer l’air et afficha un sourire satisfait.
- Mais ce ne sera pas la peine ! Triompha-t-il, ayant sentit un lapin à proximité.
Le métamorphe se transforma donc en loup noir et se fondit entre les bambous.

Marchant dans la forêt, une fille aux courts cheveux verts s’arrête brusquement et affiche un rictus de plaisir accompagné d’un sifflement aigu.

La forêt n’était pas très sombre mais semblait être toujours identique. Les bambous, espacés de deux mètres généralement, étaient absolument verticaux et aucun point de repère ne pouvait être fixé.
Cela ne dérangeait pas le loup noir qui, n’ayant même pas fait attention à ces détails, courait après un lapin qu’il rattrapa et mordit à la nuque, brisant les cervicales.
Le prédateur commença alors son premier repas à Gensokyo et fit honneur à cette première prise, la dévorant totalement.
Vraiment totalement puisqu’il ne resta du lapin que la trace de sang maculant le sol.
Réo reprit alors forme humaine et se lécha les lèvres.
- Excellent le gibier local. Vraiment, apprécia l’Envie.
L’odeur d’un autre lapin lui fit tourner la tête vers la gauche.
Le mammifère aux longues oreilles se déplaçait tranquillement à moins d’une dizaine de mètres mais lorsqu’il remarqua le regard du métamorphe, il voulut s’enfuir.

Réo tendit sa main gauche.
Son index s’allongea à une vitesse fulgurante, devenant une griffe noire démesurée qui transperça le crâne du lapin, désormais à vingt mètres.
(- La Lance Ultime fonctionne toujours. C’est un bon point), nota Pride.
Le doigt de l’Envie se rétracta, le lapin toujours accroché au bout. Sans plus de cérémonie, Réo décida de continuer son festin.

Quelque minutes plus tard, c’est tranquillement que l’envieux se déplaçait.
- Cette forêt est petite d’après ce que j’ai vu mais c’est un endroit idéal pour se perdre ! Râla-t-il.
(- C’est pas pour rien qu’on la nomme la Forêt de Bambous des Egarés).
Réo haussa les épaules et continua de se balader, pouvant de toute façon quitter la forêt par la voie des airs.

(- Dommage que l’œil Ultime ne fonctionne plus… Te rappelles-tu le soir où tu l’as obtenu ?) Demanda Pride.
Réo se figea.
(- Oh oui tu t’en souviens. C’est ce soir-là que je suis né et ai pu te contrôler. Jealousy, dis-moi que tu t’en souviens…), susurra l’Ombreux.
- Ne joue pas à ça ! Lui ordonna l’Envie.
(- Et pourquoi ça, Jealousy ? Ce surnom d’ailleurs te va si bien… La Jalousie est comme une partie de toi maintenant… Tu te souviens d’Elle ?) Continua l’Orgueil.
- Arrête !
(- A combien en étions-nous déjà ? Quatre ? Cinq ? Ah oui, cinq défaites. Pauvre petit envieux… Par cinq fois elle en a choisit un autre, dont deux fois le même… Tu te rappelles lorsque tu les as vus s’embrasser ?)
Les yeux de Réo s’écarquillèrent sous la rage et la douleur alors que Pride lui remettait cette image en tête.
(- Et ce n’était que le début… Pauvre petit envieux… Au moment où tu pensais avoir une chance, tu es défait une cinquième fois… Imagine ce qu’elle a fait avec lui… Oh oui, certainement…)
S’en était trop.
Les images que Pride montrait étaient insupportables.
Réo mit un genou à terre et se boucha les oreilles, chose inutile, tout en lui répétant de se taire.
Mais l’Orgueil n’écoutait pas et, au contraire, continuait…

Quel étrange bonhomme, agenouillé là à marmonner.
La fille cesse de l’observer et passe sa langue fourchue sur ses lèvres.
Un humain. Elle a si faim…
Silencieusement, elle s’approche dans le dos de sa proie…

- Pride, TAIS-TOI ! Hurla Réo en se relevant brusquement.
L’acharnement du maître des ombres avait énervé le métamorphe qui n’avait pas fait attention à l’étrange odeur qu’il sentait.
Toutefois, il se retourna quand même.
Il vit donc une fille qui devait avoir environ vingt ans physiquement.
Elle était vêtue d’un gilet et d’une jupe verte, aussi verte que ses cheveux courts. Ses yeux étaient jaunes aux pupilles verticales et deux boucles d’oreilles en forme de serpent se balançaient de chaque côté de sa tête.

- Ksssssss, tu n’es pas drôle… Et j’ai faim… Lança-t-elle.
(- Youkai serpent je suppose), lança Pride.
- Et tu crois que je vais te laisser me manger, idiote ? Railla Réo.
La fille-serpent ne répondit pas, se contentant de faire tressauter sa langue fourchue. Elle écarta ses doigts terminés par des griffes puis se mit en position de combat.
- Je t’attends, lâcha l’Envie.

La youkai ne se fit pas prier et fonça sur l’envieux qui évita de peu un coup de griffes.
(- Même pas de danmaku ?) Commenta Pride.
Réo transforma son bras droit en lame et tenta de blesser la fille qui évita l’assaut avec un sifflement et recula d’un bond.
- Tsssss, je vois que tu as de quoi te défendre. Tu n’es pas un humain ordinaire. Tant pis~… Fit-elle.
Elle sortit soudain une carte d’on ne sait où.
- Snake Sign « Creeping whistle » !

Aussitôt sa spellcard annoncée, des dizaines de petites sphères vertes se dirigèrent vers le métamorphe.
Celui-ci évita celles qui risquaient de le toucher et ne pu s’empêcher de grogner lorsque d’innombrables sifflements serpentins lui montèrent aux oreilles.
En fait, chaque fois qu’une sphère verte touchait quelque chose, elle explosait mais le bruit de l’explosion est un sifflement de serpent ce qui donnait l’impression d’être cerné par les reptiles.
Alors qu’il venait de se baisser pour éviter de se faire toucher à la tête, Réo remarqua la youkai à sa gauche.
Il para un coup de griffes avec son bras droit et tenta de la décapiter.
La fille, plutôt agile, évita la lame et balaya les jambes du métamorphe qui se transforma en eau et se reforma derrière la fille qui le gratifia d’un coup de pied qui l’éjecta contre un bambou.
(- Et si tu me laissais faire ? Tu es grandement affaiblit, grâce à moi…) Intervint l’Orgueil.
Réo l’envoya sur les roses et essaya d’empaler son ennemie via la Lance Ultime.
Echec puisque la youkai se coula entre les griffes noires avant d’effectuer une charge redoutablement rapide, ce qui lui permit de blesser Réo au bras gauche avant de bondir, hors d’atteinte.
Les éclairs rouges crépitèrent autour de la blessure qui disparut, ce qui étonna la youkai.
Celle-ci ne se laissa toutefois pas impressionner et sortit une autre carte de sa poche :
- Snake Sign « Poisonous hooks »

Cette fois, ce furent de très nombreuses petites pointes vertes que Réo devait esquiver, accompagnées de quelques boules vertes qui laissaient échapper les sifflements.
(- Quelle ironie, le serpent est un de tes animaux favoris. De plus, tu l’associes à la Jalousie… Je me demande si Elle a aimé…) Commença Pride, qui décidait de remettre ça.

Réo étouffa un cri de rage et se jeta dans le rideau de danmaku, se transformant brièvement en loup, évitant une partie des tirs, sauta, se transforma en chat, puis en corbeau et reprit forme humaine.
Il avait évité la plupart des les tirs en adaptant sans cesse sa taille à ce qu’il avait devant lui mais il s’était toutefois plusieurs fois fait toucher. Son pouvoir d’auto-régénération avait fait le reste.
Réo se préparait à contre-attaquer…
Il tituba et porta la main à sa tête.
Les sifflements continuaient autour de lui, ce qui le désorientait. Sa vision commençait à dérailler, les bambous devenant ondulés…
Et Pride continuait de le harceler de paroles.

- Mon poison fait effet… Peu importe que ton corps guérisse vite, ton âme, elle, est sans défense ! Triompha la youkai.

Réo tomba à genoux.
Un poison qui affectait l’âme, voilà bien une chose à laquelle il ne s’attendait pas… Et Pride qui continuait…
Une image claire et précise se dessina dans l’esprit de Réo.
L’image d’un couple s’embrassant.
Heureux.
Une larme coula…

Voyant sa proie immobile, la fille s’avança, prête à porter le coup de grâce.
Elle était à deux mètres lorsqu’elle vit son adversaire sourire avant de lever la tête.
Ses yeux violets aux pupilles de reptile la firent frémir.

- Bonjour, demoiselle, fit la proie dont la voix était devenue étrange, ayant une inexplicable sonorité métallique.
L’être éclata de rire après s’être relevé.
Il regarda autour de lui puis planta ses yeux dans ceux de la youkai.
- Dis-moi… Je peux te manger ? ~Tu as l’air délicieuse~ ! Lança-t-il avant de se lécher les lèvres.

Comprenant qu’elle venait de devenir la proie mais n’ayant aucune envie de fuir, la fille se jeta sur son adversaire.
Celui-ci recouvrit ses deux mains d’une armure de carbone noirâtre et para tous les coups que la fille donna, la griffant au ventre avant de l’envoyer valser par un coup de poing surpuissant, lui brisant deux côtes.
La fille se releva difficilement, s’aidant d’un bambou proche.
Le rictus de son adversaire lui glaça le sang.

- Je… Tu vas voir ! Fit-elle, enragée et sans doute apeurée.
En tremblant, elle sortit une dernière carte.
- Reptilian Dance « Deadly embrace » !


La youkai tendit ses bras en croix et fit tressauter sa langue fourchue alors qu’elle s’envolait. Des lasers jaunes ondulants se mirent à jaillir de devant elle alors qu’elle s’était stabilisée à plusieurs mètres de hauteur.
Elle se mit alors à effectuer d’amples mouvements avec ses bras ce qui ajouta une pluie de billes d’énergie verte ainsi que des boules plus grosses de couleur bleue.
Le métamorphe ne bougea que très peu, se contentant du minimum de mouvements pour éviter les attaques. Certes c’était peu esthétique mais aucun projectile ne le toucha, les lasers sensés le prendre par surprise explosèrent à côté de lui, ne lui faisant pas le moindre dommage grâce à une très rapide intervention partielle du Bouclier.

- Tu te demandes comment je fais, hein ? Et bien regarde, regarde-bien et retiens mon nom !
La youkai, décontenancée par l’échec de sa dernière spell put voir son ennemi s’entourer d’éclairs rouges, ce qui sembla faire apparaître des tatouages.
Rouges, ils représentaient un serpent ailé, ou un dragon, en cercle se mordant la queue. Il entourait six triangles, trois d’entre eux formant une pyramide percée d’un hexagone, les trois autres étant autour de ladite pyramide, à l’intersection des triangles qui la compose.
Un de ses tatouages se trouvait sur la main gauche et un autre avait remplacé la pupille l’œil gauche.
Elle l’ignorait mais on en trouvait un sur la langue, derrière l’épaule droite, la clavicule gauche, au-dessus de la poitrine et sur l’extérieur de la cuisse droite.
- Remercie l’œil Ultime, c’est grâce à lui que je vais te tuer, fit le tatoué en désignant son œil gauche.

La youkai se prépara mentalement à fuir.
- Quand à mon nom…
L’être écarta les bras.
- Mon nom est Pride !
L’obscurité derrière lui s’étendit et se garnit d’œils rouges à pupille noire verticale tendit que certaines de ses extrémités devenaient des bouches aux dents effilées, parfois surmontées d’un œil.

La youkai ne voulut pas en voir plus et s’enfuit.
Voulut s’enfuir.
Les ombres s’étendirent à une vitesse folle et, prenant la forme d’une multitude de bras noirs, lui accrocha les pieds et la fit chuter.
- Ne t’en fais pas, tu ne mourras pas vraiment…
La fille voulut se relever, les ombres transpercèrent ses chevilles avant de la retourner.
Elle put ainsi voir le rictus sadique de Pride.
Les ombres l’agrippèrent et l’élevèrent légèrement alors qu’une bouche assez grande pour l’avaler approchait…


Au beau milieu d’un jour paisible, un ultime cri de terreur se fit entendre avant de s'interrompre brutalement...


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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeLun 13 Juin - 16:35

Chapitre 3 : Flammes Alchimiques


« L’ombre a beau être puissante et quasi omniprésente, elle ne peut apparaître et subsister s’il y a trop de lumière. Paradoxalement, sans lumière, l’ombre ne peut exister non plus… »
Kloar Akalir

Libre.
Enfin.
Tout en marchant à travers la Forêt de Bambou des Egarés, Pride jubilait. Ce sentiment de liberté qui l’envahissait était tout bonnement… Exaltant.
Cela faisait des semaines qu’il tentait de reprendre possession du corps de Réo et grâce à cette youkai, il y parvenait enfin. L’Orgueil n’était toutefois pas naïf et savait pertinemment que sa victoire était en très grande partie due au poison de la fille serpent. Maintenant qu’elle était décédée et absorbée, son pouvoir avait cessé de faire effet et Réo serait sans doute rapidement rétabli et apte à reprendre le contrôle de son corps.

- Mais je ne te laisserai pas faire, envieux… La dernière fois, tes amis ont dû s’y mettre tous ensembles pour me stopper, hors ici, tu es tout seul… Au fond, tu l’as toujours été ! Lança l’Ombre.
Son destinataire était toutefois comme « endormi » et ne répondit donc pas.
Pride était toutefois certains qu’il avait été entendu et se remit à avancer au gré de ses envies.
Il ignora l’odeur étrange qu’il sentait, semblable à celle d’un lapin mais celui-ci devait être plus gros et étrangement son odeur rappelait celle d’un humain, et fit disparaître ses tatouages.
- Il faudrait que je me trouve une apparence rien qu’à moi… Bah, ça peut attendre…

Après un haussement d’épaules, l’Orgueil observa les environs d’un air peu intéressé.
Il avançait depuis plusieurs dizaines de minutes et il avait l’impression de tourner en rond voir de faire du sur-place.
De plus, il s’ennuyait.
Cette constatation lui tira un léger rire. Il avait espéré avoir ce corps et la liberté pendant ce qu’il lui semblait être une éternité et voilà qu’une fois son objectif atteint, il s’ennuyait. C’était ridicule.
Le silence qui s’ensuivit changea sa pensée.
En fait, ce n’est pas tant qu’il s’ennuyait mais surtout qu’il était seul. Pas seulement physiquement, cela ne le gênait guère, mais aussi mentalement.
Depuis qu’il était « né », il commentait, jugeait, se moquait, discutait, riait, s’amusait avec l’Envie. Ils étaient indissociables.
La neutralisation de son autre lui-même déroutait un peu Pride.
Solitude.
Il détestait ce mot, quoi qu’il en dise.
Après tout, à quoi bon être libre si on était seul ? A quoi bon gagner en puissance s’il ne pouvait le montrer ?
- L’Envie déteint sur moi ou quoi ? Vais manger quelqu’un tiens… Pensa l’Orgueil.

Ayant décidé de sortir de ce labyrinthe de bambous, Pride se transforma en hyène et s’élança.
Il lui fallut une demi-heure pour atteindre l’orée de la forêt. Enfin, pour s’en approcher puisqu’il s’arrêta net à quelques mètres de celle-ci et reprit forme humaine.
Cette senteur qui lui montait aux narines…
Le doux parfum de la mort…
Toujours immobile, Pride fit jaillir les griffes noires de la Lance Ultime. Il attendit quelques secondes avant de sauter sur le côté.

Il évita ainsi une explosion causée par une boule d’énergie bleutée.
L’Orgueil dirigea son regard vers l’endroit d’où le projectile venait d’être tiré mais ne put voir qu’un rocher qui lui était propulsé en pleine face. Le roc fut toutefois anéantit par les griffes noires.
- Ainsi donc tu es là aussi, Elric. Tu tombes bien, je voulais justement manger quelqu’un… Lança l’Ombre.
Un rire lui répondit et l’intéressé se montra enfin.

Son âge physique laissait penser qu’il avait environ dix-neuf ans. Il avait de longs cheveux blonds attachés par un ruban cramoisi, des yeux dorés et était vêtu d’un ensemble sombre surmonté d’un large manteau noir.
Ses vêtements tranchaient avec ceux que l’Orgueil avait pu voir à Gensokyo et indiquait clairement qu’il ne venait pas de ce monde.

- Et bien, t’as pris un coup de vieux mon petit Malbas. Pas trop déçu d’avoir perdu ta chère petite pierre ? Railla Pride.
- A la vue de tes yeux, je suppose que je m’adresse à Pride. Ainsi donc, tu as réussi à reprendre possession de mon envieux préféré… Constata le blondinet.
- Quelle perspicacité, bravo ! De toute évidence, tu es toujours à nous coller, incroyable ça. Même en changeant de monde, on finit quand même par retomber sur ta jolie petite trogne d’imbécile ! Envoya l’Ombre en mettant sa main droite à la hanche tout en esquissant un sourire.
- La dernière fois que tu étais libre, tu étais plus coopératif, commenta Malbas.
- La dernière fois, tu n’avais pas tenté d’absorber toute mon énergie vitale. Mais qu’importe, tu vas enfin servir à quelque chose : m’occuper et me rendre parfait. Oh oui, j’ai hâte de voir quel goût tu as~, annonça l’Orgueil en passant sa langue sur ses lèvres.
Malbas poussa un soupir résigné.
- Lorsque ce sera finit, c’est moi qui serai parfait. Tu ne seras plus qu’un tas de poussières… Contredit-il avant de lancer un jet de flammes.
- Merde, il a toujours sa maîtrise des éléments, jura Pride en évitant.

Malbas claqua ses mains l’une contre l’autre et en posa une au sol.
Celui-ici se mua en une volée de pointes que Pride évita en sautant en avant. L’Orgueil donna un coup horizontal avec ses longues griffes noires ce qui obligea son alchimiste d’adversaire à reculer.
Une fois au sol, Pride envoya ses ombres, passant littéralement au travers d’un rocher que Malbas avait sortit de terre en prévision d’une attaque. L’alchimiste évita de peu de se faire trancher la gorge et lança une boule d’énergie.
Sans succès puisque son ennemi n’eut qu’à se décaler pour l’éviter, un sourire narquois aux lèvres.
Maudissant la disparition de sa pierre, Malbas évita un autre assaut des tentacules de noirceur piquetés d’œils et de dents et effectua un coup de pied circulaire.
Sa maîtrise de l’air fit le reste et Pride se prit une rafale de vent qui l’éjecta en arrière.
Malbas ne s’arrêta pas en si bon chemin et enchaîna par la sortie d’un bloc de pierre du sol avant de joindre ses paumes et de transmuter ledit bloc en une lance démesurée propulsée droit vers l’Orgueil.
Celui-ci, qui se relevait à peine, réduisit la lance en miettes avec ses ombres et lança ces dernières droit vers son adversaire qui fit jaillir une colonne de pierre sous lui en levant les bras, sauta alors que les ombres détruisaient la colonne, et lança deux boules d’énergies qui explosèrent près de Pride. Ce dernier contre-attaqua avec ses ombres mais Malbas disparut dans une volée de flammes.
Il réapparut de la même façon derrière son ennemi qu’il gratifia d’une boule d’énergie.
L’Orgueil ne se retourna que trop tard et le projectile lui déchiqueta le dos tout en le propulsant à une dizaine de mètres.
Les éclairs rouges l’entourèrent tandis que sa blessure, normalement mortelle, disparaissait, ce qui ne troubla pas Malbas qui tandis ses deux poings pour créer un formidable jet de flammes que Pride stoppa grâce au Bouclier Ultime qui venait de recouvrir ses bras.
La chaleur des flammes était toutefois bien insuffisante pour ébrécher le carbone mais Malbas mettait tant de force que l’Orgueil ne pouvait bouger, ce qu créait une sorte de statut-quo qui n’eut pas le temps de s’éterniser puisque les flammes changèrent soudain de direction, allant se perdre en hauteur.
Incrédule, Malbas se retourna, une femme ayant fait son apparition, mains dans les poches.

Un ignorant aurait sans doute dit qu’elle avait un peu plus de vingt ans, et son physique faisait de même, mais elle était bien plus vieille. Elle portait une chemise marron qui semblait être brûlée ainsi qu’une salopette rouge garnie de papiers, sorte de sceaux. Les mêmes papiers nouaient ses très longs cheveux blancs et ses yeux rouges toisaient Malbas d’un air mauvais.

- Qui es-tu ? Tu nous déranges ! Clama ce dernier, visiblement énervé.
- Je suis Fujiwara no Mokou, c’est tout ce que tu as besoin de savoir. Maintenant fous-lui la paix et dégages avant que je ne te fasse flamber, ordonna-t-elle.
- Tiens tiens, tu crois que je vais t’obéir ? Tu vas avoir l’honneur d’être la première que je tuerai ici ! S’écria l’alchimiste en lançant un nouveau jet de feu.

La femme ne réagit pas et les flammes la percutèrent, ce qui tira un sourire à Malbas.
Qui fut stupéfait de voir, une fois les flammes dissipées, que Mokou n’avait strictement rien.
- Est-ce tout ? Demanda-t-elle, ennuyée.
- JE VAIS TE…

Malbas ne put finir sa phrase.
Une véritable déferlante de feu s’était abattue sur lui, calcinant son corps.
- La dernière fois que j’ai vu une telle chose c’était lors du passage de la comète, et encore… Pensa Pride qui observait, sidéré.

Malbas, enfin ce qu’il en restait, tituba mais ne s’effondra pas. Son corps se reforma et en un instant il fut comme neuf.
- C’est tout ? Lança-t-il, ironique.
- Toujours son auto-régénération ce con ? Merde… Ragea l’Orgueil.
- Tu en veux plus on dirait, allez approche que je te fasse rôtir, envoya Mokou.

Malbas ne se fit pas prier et lança une boule d’énergie qui fut évitée facilement. Il fit jaillir un mur de pierre du sol via sa maîtrise de la terre, évitant ainsi de se faire carboniser, puis le transmuta en une pointe de flèche géante que la pyrokinésiste évita en sautant.
Ce fut dans les airs qu’elle annonça :
- Immortal « Fire Bird –Flying Phoenix- » !

A ce moment, des ailes de flammes apparurent dans son dos ainsi que deux pattes d’oiseau et une queue de volatile.
Elle écarta les bras et des dizaines de boules ignées ainsi que des oiseaux de feu apparurent et fondirent sur Malbas. Celui-ci esquiva un oiseau, roula, sauta, fit une pirouette, se téléporta…
La déflagration proche due à l’impact d’un volatile enflammé contre le sol fit perdre l’équilibre à l’alchimiste qui fut par la suite criblé de boules enflammées. Son auto-régénération lui assura toutefois la vie sauve et il se retourna…
Fujiwara lui avait foncé dessus et ce fut un poing nimbé de flammes que Malbas se prit au visage, l’envoyant bouler hors de la forêt.
L’alchimiste se relevait à peine qu’à nouveau un torrent de feu le noyait.
A nouveau, il se régénéra.
- Tu… Je t’aurai ! On se reverra ! Clama Malbas, l’expression douloureuse, avant de disparaître.

Pride, qui avait assisté au spectacle, poussa un sifflement admiratif et ne put s’empêcher d’applaudir lentement.
- Quelle raclée, mais quelle raclée ! Wouah, ça c’est de la puissance ! S’exclama-t-il, véritablement impressionné.
Mokou se posa sur le sol et remit les mains dans les poches, ses ailes et tout le reste ayant disparut.
- Mais qui es-tu donc ? Demanda l’Orgueil.
- Je suis une dingue de diététique qui fait tourner un stand de yakitori. Maintenant, rentre chez toi avant qu’un autre youkai ne t’attaque. A la prochaine ! Fit la pyrokinésiste avant de s’éloigner, laissant Pride en plan.
- … Ce monde est bizarre… Constata l’Orgueil avant de sortir de la forêt.

Il décida de trouver un refuge pour la nuit, qui ne tomberait pas avant plusieurs heures, et se transforma donc en condor noir teinté de rouge pour augmenter ses chances de succès tout en admirant le paysage.
Il survola à nouveau le Village des Humains et fila en direction de la Montagne Youkai.
Sa vue perçante lui permit de distinguer une forme étrange volant dans le ciel. C’était un…
Bateau ?
Mais que diable faisait bateau dans le ciel ?
Renonçant à comprendre, Pride se remit à chercher du regard un abri à peu près convenable. Il était pour lui hors de question de squatter chez quelqu’un, aussi il privilégiait la piste d’une maison abandonnée ou d’une ruine quelconque. Manque de chance pour lui, il ne vit rien de ce genre et rebroussa donc chemin après avoir observé un combat entre une fille-chat vêtue de rouge et une femme aux cheveux blancs ayant des oreilles et une queue de loup.

L’Orgueil retourna à la Forêt de la Magie, aperçut Marisa près d’un bâtiment se trouvant à l’orée de celle-ci, et se remit à chercher.
Après plus d’une heure, le rapace trouva une demeure en ruine dans la forêt.
Il se posa près de l’entrée et reprit forme humaine.

C’était une maison en bois d’un étage, ce qui la rendait assez haute. Sa façade était creusée de quelques trous et toutes ses fenêtres étaient brisées. La porte coulissante semblait toutefois intacte.
- Charmant… Dommage que je ne puisse plus utiliser l’alchimie pour la remettre en état, ça m’aurait occupé et j’aurais eu un logement disons, correct. Enfin, c’est mieux que rien. Voyons déjà l’intérieur… Monologua l’Ombre.
Le polymorphe poussa la porte et entra.
L’intérieur était dans le même état que l’extérieur et tout était vide. Enfin presque.
Une étonnante fraîcheur régnait dans la maison, ce qui intrigua Pride. Il trouva toutefois rapidement la raison de cette température puisqu’il aperçut des formes blanches voleter près des escaliers et à d’autres endroits.
- Génial, des fantômes… J’ai pas mon téléphone pour appeler les Ghostbusters ni de pigeon voyageur, y a-t-il un faucon messager dans le coin ?
Avec un soupir, Pride continua sa visite, constatant que le bâtiment était assez grand et qu’une fois rénové et les fantômes disparus, ce serait une résidence tout à fait acceptable avec plusieurs chambres en plus.
- Demanderai demain à Jeal’, il devrait s’être remit d’ici-là. Ah, liberté, nous nous retrouverons…

L’Orgueil s’accouda à une fenêtre du premier étage et regarda le soleil se coucher, serein.
Puis il se transforma en hyène et s’allongea au milieu de la pièce dans laquelle il se trouvait, celle-ci étant dépourvue de fantômes et de meubles.

Il se remémora sa journée fort bien remplie et une comptine lui revint en tête. Il se mit alors à la chanter, toujours sous forme d’hyène.
- ♪Enfin, il fait nuit
Cours, loup, elle t’attend
Elle veut ton pelage blanc.
La lune vous observe
Oh, loup, que tu es lent.
Ton fantôme te sourit
Oh, quelle délicieuse nuit
Loup, grand loup blanc,
Vas-tu avouer tes sentiments ?
Tapis, il regarde
En toi, il se sauvegarde
Mais il y a un espoir,
Cours oh, grand loup noir
Car le fantôme préfère le blanc
Du loup tout tremblant
Vas-t-il avouer ses sentiments ?♪




Près d’un arbre tâché de sang, un jeune homme aux longs cheveux blonds jette négligemment un squelette vêtu de bleu qui tombe en poussières.
Un joyeux rictus sadique apparaît alors sur ses lèvres alors que dans ses yeux dorés, une lueur de satisfaction s’est allumée.
Puis il disparaît, dans une gerbe de flammes.

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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeVen 8 Juil - 15:39

Chapitre 4 : Le sang du vent


« Quoi que l’on en dise, la colère augmente la puissance, généralement. En fait, les émotions négatives sont une formidable source de pouvoir.
Pour peu que ce ne soit pas elles qui nous contrôlent… »

Malbas Elric


Réo était sur un pont encadré par deux parois rocheuses. Où exactement ? Il l’ignorait mais cet endroit était très sombre.
En fait, on aurait dit un genre de souterrain.
Un pont sous terre ? Quelle idée saugrenue.
Soudain, le lieu se mit à trembler, un immense serpent vert jaillit d’un mur et s’enroula autour du pont, faisant face au polymorphe.
Celui-ci recula lorsque le reptile démesuré ouvrit sa gueule pour un sifflement de très mauvais augure.
Une voix s’éleva alors.
- Tu as encore de l’espoir, pauvre idiot ? Tu n’es rien, tu es seul, tu l’as toujours été !
Cette voix semblait provenir de partout et résonnait désagréablement.
Le serpent s’approcha de l’Envieux, tétanisé, et se jeta sur lui alors que la voix lançait une ultime phrase :
- Tu n’es qu’une ombre dans son cœur… L’Ombre de l’Envie !


Réo ouvrit les yeux et les referma aussitôt, éblouit par la lumière du soleil passant à travers la fenêtre brisée qui lui faisait face. Il se releva toutefois rapidement, sa vue s’habituant à la luminosité ambiante.
Il observa la pièce dans laquelle il se trouvait et se posa son habituelle question :
- Bon, je suis où là ?
(- Dans une maison abandonnée en pleine Forêt de la Magie. Tu peux me remercier d’avoir fait en sorte qu’on ne dorme pas à la belle étoile), répondit Pride.
- Ah, et bien, bien joué. Tu as réussi à vaincre la youkai je suppose…
(- En effet, la reptilienne Hebi Gurïn a été vaincue et mangée… Elle nous a gentiment donné de l’énergie, autant que cinq humains moyens. Pour faire court, je vais te refiler mes souvenirs concernant cette journée…), expliqua l’Orgueil.
Celui-ci s’exécuta et quelques secondes plus tard, Réo pestait à propos de la présence de Malbas.
- On pourra jamais se débarrasser de cette vermine, grinça-t-il.
(- Faut croire… Bon, que fait-on au sujet de cette maison ?)
- Tu veux la rénover ? S’étonna l’Envie.
(- Quitte à avoir une nouvelle vie, autant la vivre de manière confortable, non ? A moins que tu connaisses quelqu’un susceptible de nous héberger…)
- D’accord, mais sans alchimie et sans argent, on va pas aller loin… Et vu que t’as bouffé cette Hebi, on peut pas avoir son argent, si elle en avait, affirma Réo.
(- Ce ne sont que des détails !)
Le polymorphe leva les yeux au plafond et descendit les escaliers, frissonnant à cause de la subite baisse de température dû aux fantômes qui virevoltaient en l’air, tranquillement.
- Déjà, il faut trouver un moyen de se débarrasser d’eux… Une idée ? Lança l’Envie.
(- J’aurai bien proposé de les manger mais ces trucs sont immatériels, donc impossible même pour moi. Du coup, je sais pas… A moins que… La demi-fantôme pourrait peut-être nous aider, même si elle en a la trouille), proposa Pride.
- Youmu ? Oui, à tenter. Enfin, faut trouver un moyen de la contacter et le Royaume des Morts n’est pas l’endroit où je rêve d’aller, d’autant plus qu’elle refusait qu’on y entre. Je ne sais même pas comment on ouvre cette porte volante, énonça Réo, dépité.
(- Nom d’un dragon noir… Enfin, je suis certains qu’on la croisera assez tôt…), espéra l’Orgueil.

Réo sortit de son habitation de fortune et utilisa son pouvoir de changeur de forme pour non seulement se laver, facette de son pouvoir qui ne cessait de l’étonner, mais aussi pour changer de vêtements.
Désormais vêtu d’un kimono rouge foncé et noir ainsi que d’un pantalon gris-sombre, le polymorphe se mit à marcher à travers la forêt, en quête d’une idée pour améliorer son logement.

C’est en plein débat avec son colocataire spirituel pour savoir si oui ou non il fallait trouver du travail que Réo se cogna contre quelque chose, ce qui déclencha un fou-rire de la part de l’Orgueil.
- Merde, même pas foutu de voir… Euh, attend, pourquoi y’a rien devant ? Râla l’Envie.
Force était de constater que Réo disait vrai : devant lui il n’y avait rien contre quoi il aurait pu se cogner, l’arbre le plus proche devant lui étant à plus de quarante mètres.
(- Génial, voilà que tu trouves le moyen de te prendre un truc inexistant dans la tronche ! De mieux en mieux !), railla Pride.
Le polymorphe tendit son bras gauche et pu ainsi sentir l’écorce d’un arbre. Mais pourquoi était-il invisible ?
(- Des fées je suppose. Ce serait bien le genre de farces à la gomme dont ces petits-êtres sont capables), tenta l’Ombre.
Réo approuva et se mit à humer l’air dans l’espoir de trouver celle qui se fichait de lui. Il repéra trois odeurs suspectes dans un arbre à sa gauche, allongea les doigts de sa main correspondante et trancha l’arbre d’un geste vif avant de rétracter ses longues griffes noires.
Un concert de cris accompagna la chute du végétal et Réo remarqua que plusieurs arbres dont celui qu’il avait percuté étaient à nouveau visible.

- Ouch… Ça fait mal… Se lamenta une fille en se massant le dos.
Petite, ses yeux étaient bleus et elle avait des cheveux courts et dorés tressés sur les côtés de sa tête. Elle portait une sorte de robe rouge et blanche et possédait deux ailes semblables à celles des insectes.
- Je te l’avais dis Sunny, on aurait dû se cacher plus loin ! L’apostropha une autre fée.
Celle-ci était vêtue d’une robe blanche ornée de rubans noirs. Ses yeux étaient marrons et ses cheveux blonds bouclés surmontés d’un chapeau blanc. Ses ailes ressemblaient aux précédentes mais étaient courbées vers le haut.
- Attention ! Il s’approche ! Prévint une troisième fillette.
Cette fois, sa robe était bleue avec des étoiles jaunes. Sa longue chevelure noire était surmontée d’un ruban bleu également et ses yeux étaient gris. Ses ailes transparentes avaient la même forme que celles des papillons.

Réo avançait tranquillement vers les fées, bras croisés et sourire aux lèvres. Après tout, voir des fées faisait toujours son petit effet quand on ne les connaissait qu’à travers les contes.
Il s’apprêtait à les héler mais elles disparurent subitement.
(- Invisibilité je suppose. Elles doivent sûrement être en train de s’enfuir. On les poursuit et tu me laisses les manger ?), demanda Pride.
- Pourquoi faire ? Lui répondit Réo en haussant les épaules avant de s’éloigner.
(- Elles se sont foutu de ta gueule et tu t’en fous ?), s’étonna l’Orgueil.
- Juste une petite blague, si ça les amuse… C’est des fées après tout ! Lança l’envieux, ce qui dérouta son autre-soi.
(- Ouais, des fées… Mais quand même !)
Ignorant les protestations de Pride, Réo se transforma en aigle, décolla, passa entre les arbres et se dirigea vers une direction aléatoire, ses seuls buts immédiat étant de profiter de l’incroyable expérience que sa forme d’aigle lui offrait et de satisfaire sa curiosité concernant ce nouveau monde.

La direction aléatoire du jour fut la Montagne Youkai, ce qui réjouit Pride qui espérait en apprendre plus sur le bateau aperçu la veille. Toutefois, malgré sa grande acuité visuelle, le rapace ne vit pas le navire flottant dans les airs pour la simple et bonne raison qu’il n’était pas là. L’aigle ne changea toutefois pas de cap et se posa au pied de la montagne, à proximité de l’immense lac recouvert de brume qu’il avait remarqué la veille.
- Impressionnant quand même, commenta Réo en croisant les bras, le regard absorbé par la majesté de la montagne.
(- C’est qu’un gros caillou), rétorqua Pride, blasé au possible.
L’Envie continua d’admirer le roc, projetant d’aller voir de plus près la forêt qui s’y étendait.
- Je sais pas pourquoi mais je sens que je vais me plaire à Gensokyo… Pas fâché d’être arrivé dans ce nouveau monde…
Réo avait à peine finit son commentaire qu’un bruit d’atterrissage le fit se retourner.

Il se retrouva face à une fille vêtue d’une blouse blanche ainsi que d’une mini-jupe noire. Un étrange chapeau rouge en forme de pyramide d’où partaient deux pompons trônait sur sa tête encadrée par des cheveux noirs mi-longs. Ses chaussures étaient deux hautes ghettas rouges, ce qui la rendait plus grande qu’elle l’était. Elle était dotée de deux grandes ailes de plumes noires.

- Un nouveau à Gensokyo ! Ça c’est un scoop ! S’exclama-t-elle en dégainant un appareil photo avant de se mettre à arroser l’envieux de flash lumineux.
(- Quelqu’un qui prend des photos de toi ! Ça c’est véritablement un scoop, ce monde est vraiment bourré de surprises !), ironisa Pride.
- Euh, à qui ai-je l’honneur ? S’enquit Réo alors que la fille tentait de refaire marcher son appareil qui venait de tomber en panne.
Elle sortit un calepin et un stylo d’on ne sait où avant de répondre :
- Je suis une journaliste ! La juste et honnête Aya Shameimaru ! Et toi ? Je peux t’interviewer ?
(- « Juste et honnête », niveau modestie j’ai vu mieux), commenta l’Ombre.
- Non merci, je n’ai pas envie de passer dans un journal. Mon nom est Réo Ryu, simple voyageur…
La tengu s’empressa de noter quelque chose sur son calepin avant de répondre :
- Mais tu peux faire la une !
- Sans façon…
- Allez, ça peut faire un super article ! « Un nouveau-venu atterrit à Gensokyo : interview exclusive ! » S’il te plait ! Insista Aya ?
(- Aurais-tu l’extrême obligeance de me laisser la déchiqueter pour qu’elle cesse de piailler ?), râla Pride.
- Non, non et non. Il doit y avoir des choses bien plus intéressantes ici, répondit Réo.
- Pas vraiment non, à part le meurtre de cette nuit… Marmonna la tengu.
(- Hein ? Elle a dit « meurtre » ?)
- Comment ça ? PRIIIIIDE ?
(- J’ai rien fait cette nuit. Puis si je tue, je mange donc pas de corps, donc c’est pas moi, donc ta gueule), rétorqua l’Ombre.
- Oui, des restes… Attends, je te dirai ce que je sais si tu acceptes que je t’interview ! S’exclama la paparazzi.
Le polymorphe poussa un long soupir qui témoignait de sa lassitude grandissante.
- T’abandonnes jamais toi… Et bah tant pis, je le saurai moi-même ! Affirma-t-il avant de se détourner.

Il n’avait pas parcouru plus d’une dizaine de mètres qu’une forte rafale de vent le percuta, ce qui le fit chuter. Réo se releva et fit face à Aya qui tenait un éventail qui ressemblait à plusieurs feuilles oranges.
- Désolée mais je ne peux laisser s’échapper un pareil scoop. Réglons ça par un combat ! Si tu gagnes, je te dirai ce que je sais sur le meurtre et tu échapperas à une interview, dans le cas contraire…
Elle esquissa un sourire avant de s’exclamer tout en brandissant son appareil photo :
- Tu seras à la une du Bunbunmaru Shinbun avec une super photo et une interview du tonnerre !
(- Super photo, en parlant de toi c’est plus qu’un oxymore ! Je peux m’en occuper ?) Susurra Pride.
- N’y compte pas trop, corbeau, prévint Réo en se mettant en garde.

Aya n’attendit pas plus longtemps, déployant ses ailes, fonça sur Réo qui ne vit pas le coup venir tant elle était rapide. Une ghetta en plein ventre envoya valser le métamorphe qui s’était à peine relevé que plusieurs croissants transparents, de l’air probablement, le percutaient.
- Bordel de…
Un nouveau coup au ventre l’empêcha de finir sa phrase puis la tengu s’éloigna à nouveau, sortit une spellcard qu’elle énonça :
- Gust "Sarutahiko's Guidance"

Aussitôt, elle effectua une ruée vers Réo en étant propulsée par du vent, ce qui augmentait encore sa vitesse mais aussi sa force.
Encore une fois, l’envieux ne put réagir et il percuta un rocher alors que la journaliste se stoppait.
- Elle est trop rapide… Pensa le polymorphe alors qu’il sentait la rage et la frustration monter en lui.
Aya agita son éventail, envoyant plusieurs rafales de vent sur son adversaire, lequel tentait d’éviter, sans succès.
- Et bien, il semble que tu vas devoir répondre à mes questions, ironisa Aya.
- Très bien saleté de pigeon, fini de jouer, réagit l’envieux que plusieurs éclairs rouges avaient entourés, ses bras étant devenus noirs et ses doigts des griffes qui semblaient métalliques.
La tengu ne sembla pas apprécier la remarque et énonça :
- Wind Sign "Wind of the Tengu Path"

Elle tendit alors son éventail et un véritable tourbillon en jaillit, droit vers Réo. Celui-ci sauta sur le côté, évitant sa première attaque depuis le début du combat puis effectua une charge d’une vitesse extrême, bien qu’inférieur à celle d’Aya.
Celle-ci évita de peu un coup de griffes et s’envola. Le polymorphe ne la laissa pas faire puisque son bras droit se scinda en trois tentacules noirs terminés par un aiguillon. Les appendices s’allongèrent et s’enroulèrent autour des jambes de la paparazzi qui fut aplatie sur le sol puis éclatée contre un rocher.
Réo rendit à ses bras une apparence normale et laissa échapper un rire désagréable, emprunt de sadisme.
La pupille de son œil gauche était le tatouage d’Ouroboros, le serpent qui se mort la queue, signe que l’œil Ultime était à nouveau actif, ce qui expliquait le renversement de situation.

Aya se releva difficilement, du sang s’échappant de son bras et de sa jambe droite.
Elle fit un signe vers le ciel et une nuée de corbeaux se jeta sur l’envieux. Celui-ci retransforma ses bras en griffes, évita une charge des oiseaux et en découpa certains.
La tengu en profita pour lui décocher un coup de pied qui le plia en deux avant de sortir une nouvelle spellcard :
- "Illusonary Dominance"

Les corbeaux survivants s’éloignèrent mais Réo n’eut pas le temps de faire quoi que ce soit qu’Aya fonçait sur lui, si rapide que seule la ligne rouge qu’elle laissait dans son sillage permettait de la voir.
Malgré son Œil, Réo ne put l’éviter, il se prit ainsi tous les coups qui lui étaient destinés, tout en étant élevé dans les airs par la force des attaques, sans pouvoir réagir.
Une fois sa spell finie et son adversaire à terre, Aya le bombarda de croissants transparents si forts que l’herbe autour se coucha tout en restant au-dessus de lui.
- Elle… JE VAIS LA TUER ! Gueula l’envieux, qui ne cessait d’être entouré par ses éclairs rouges, avant de transformer son bras droit en un bouclier métallique.
Il se protégea ainsi des attaques le temps de se relever puis il bondit vers la journaliste qu’il frappa avec son bras gauche, l’avant-bras étant devenu une lourde lame métallique légèrement recouverte de matière noirâtre et rattachée au reste du bras par des sortes de filaments musculaires noirs.
Aya évita un coup de l’épée improvisée en reculant vivement puis rejoignit le sol pour ne pas se faire blesser par la chaîne terminée par un croissant métallique qu’était devenu le bras droit du polymorphe.
Celui-ci, qui avait fait jaillir deux ailes noires de chauve-souris pour pouvoir rester ne l’air, fonça vers la tengu qui l’accueillit par une rafale de vent qui le fit légèrement reculer.
Celle-ci ne fut toutefois pas assez forte et les griffes métalliques qu’étaient les trois doigts de la main droite de Réo blessèrent Aya à la hanche gauche et au ventre.
La journaliste cria de douleur et s’agenouilla.

Avec un rictus sadique, Réo lécha le sang qui était sur le bout de ses lames miniatures.
- Quel délice… Je prendrai bien le reste ! S’exclama-t-il après une moue de joie et en se passant la langue sur ses lèvres.
L’annonce fit frissonner la tengu qui tenait sa hanche, le sang continuant de s’échapper.
Visiblement, elle n’était plus en état de se battre.

Réo se posa, fit disparaître ses ailes et alterna ses transformations de sorte que les griffes furent à gauche et la lame à droite.
- Alors, pigeon, de quelle manière souhaites-tu mourir ? Demanda l’envie dont la voix s’était faite mielleuse.
- J’ai perdu, inutile d’aller plus loin, rétorqua Aya d’une voix blanche, une lueur de panique dans les yeux.
A ces mots, Réo éclata de rire, mettant sa tête dans le creux de sa main gauche.
- Et bien, pigeon, tu fais moins la maligne maintenant ! Ahahah, on ne t’a jamais appris que le journalisme est dangereux ? Dans mon monde, des reporters se font kidnapper voir tuer lorsqu’ils tombent sur les mauvaises personnes, pas de chance aujourd’hui se sera toi ! Tu vas perdre ta vie pour avoir voulu augmenter ton tirage, stupide non ? Tu n’as vraiment pas de chance, d’autant que je ne supporte pas les gens qui veulent absolument tout savoir, à tout prix, quitte à causer du tort et sans jamais penser aux conséquences ! Tout ça pour la sois-disant « vérité », ah ! Alors réponds-moi, de quelle manière souhaites-tu mourir ?

Un filet de sueur coula le long de la tempe droite de la tengu qui se tenait prostrée, incapable de répondre et encore moins de bouger.
En fait, à bien y regarder, elle tremblait.
- Alors ? Pas d’idée, de désir, de volonté ? Tant pis, on va y aller gentiment : décapitation !
Le polymorphe s’approcha d’Aya.
- Arrête… Murmura-t-elle.
Il se lécha les lèvres, une lueur de jubilation dans les yeux, enfin celui de droite.
- Non ! Fit-elle, plus fort.
Un sourire étira les lèvres de Réo, dont les dents s’étaient allongées et étaient devenues pointues en prévision du festin qui s’annonçait.
- Je t’en supplie, ne fais pas ça ! Hurla la tengu, terrifiée.
Ignorant sa supplication, Réo leva sa lame, amusé par les larmes qui coulaient sur les joues d’Aya qui poussa un dernier hurlement en fermant les yeux avant que Réo n’abatte son bras d’un geste brusque.


La brusque fin du cri fut accompagnée par un chuintement, celui de la chair coupée, suivit du bruit mou de la chair qui tombe sur le sol.
Puis ce fut le silence.
Pesant, total, les secondes s’égrenèrent sans que rien ne bouge au pied de la Montagne Youkai.


Puis un cri de douleur retentit.
- Mon bras !!!
Aya rouvrit les yeux et releva la tête vers son bourreau.
Celui-ci fixait son bras droit, enfin ce qu’il en restait puisqu’il était tranché au niveau des filaments qui retenaient jadis la lame métallique, celle qui gisait désormais à quelques centimètres de la tengu qui repéra également quelqu’un derrière Réo.

Vêtue d’un t-shirt blancs à manches détachée et d’une grande jupe noire, elle avait des cheveux blancs courts surmontés de deux oreilles de loups blancs ainsi que d’un chapeau semblable à celui d’Aya. Elle avait également une queue de loup blanche et tenait un bouclier blanc avec une feuille d’érable rouge peinte dessus ainsi qu’un impressionnant sabre, lequel avait amputé Réo de son bras droit.

La guerrière passa le fil de sa lame sur la gorge de Réo dont le bras ne s’était toujours pas régénéré.
- Si tu ne veux pas perdre autre chose, éloigne-toi d’elle ! Articula la fille.
Réo esquissa un sourire et se décomposa en eau avant de s’éloigner de reprendre une forme normale, son bras gauche étant de retour.
- Aya, ça va ? S’enquit la nouvelle-venue, le regard braqué sur Réo.
- Je… Ça ira, merci. Merci, Momiji, répondit la tengu-corbeau dont l’émotion transparaissait dans la voix.
- Pas la peine de fondre en larme, je ne fais que mon devoir, rétorqua la dénommée Momiji avec un soupir.
- On sent la joie que ce sauvetage te procure ! C’est émouvant, vraiment, attendez je crois que je vais pleurer… Ah, non, zut ! Railla Réo.
Momiji pointa son sabre vers le polymorphe qui croisa les bras.
- Je suis Momiji Inubashiri. En tant que tengu-louve et membre de la patrouille de la Montagne, je me dois de protéger mes semblables. Toi, qui es-tu pour oser menacer la vie d’une résidente de cette montagne ? Lança la louve.
- Mon nom est Réo Ryu. C’est tout ce que tu as besoin de savoir. Concernant ton pigeon de semblable, elle sait très bien, malgré sa cervelle de moineau, pourquoi elle a faillit terminer en repas. Et en trophée.
- Trophée ? Releva Aya.
- J’ai dit « décapitation » il me semble. Pas de prisonniers, seulement des trophées, expliqua Réo avec un sourire sur la fin de sa phrase.
- Je vois que tu aimes le sang… Es-tu le responsable de la mort de Seishi Kodoku ? Demanda Momiji en fronçant les sourcils.
- Non m’dame, je sais même pas qui c’est. D’ailleurs, c’est qui ?
- Ne fais pas l’innocent ! La magicienne qui vivait dans la Forêt Youkai, celle dont on n’a retrouvé que de la poussière et qui avait une robe bleue ! Informa la tengu-louve.
- Que de la poussière… Les vêtements intacts… Marmonna le polymorphe en se tenant le menton.
- Et bien ? Réagit la sentinelle.
- Ce n’est pas moi, dans le cas contraire il ne resterait soit strictement rien soit un cadavre si je n’ai pas faim, expliqua Réo.
- Tu as une idée de qui il s’agit ? S’enquit Aya que Momiji venait d’aider à se relever.
- Peut-être… Si j’ai raison, vous avez affaire à danger bien plus grand que moi. D’ailleurs, je ne pense pas être à proprement parler un danger…
- Tu as faillit tuer une tengu et tu oses dire que tu es innocent ! S’emporta Momiji qui soutenait la journaliste.
- Relax, boule de poils, tu vas faire mal au pigeon. Et c’est sa faute si elle a failli aller tester les flammes de l’Enfer !
Momiji poussa un grognement que Réo accueillit par un sourire moqueur.
- Bien, je vais vous laisser, la paparazzi a besoin de soins. M’étonne qu’elle n’ait toujours pas fait d’anémie d’ailleurs, sa blessure ne doit pas être si grave que ça, moi j’ai une scène de crime et une forêt, encore, à voir !

Le métamorphe fit un salut de la main et se détourna.
- Retiens bien la leçon, Shameimaru. Tu n’auras pas toujours quelqu’un qui attend des plombes avant d’essayer de faire taire tes piaillements ni une louve pour te sauver la mise. Je m’étonne d’être le premier à réagir ainsi… Ce monde est décidément bien étrange, énonça l’envieux sans se retourner.

Puis il se changea en une sorte de petit dragon brun ayant des ailes terminées par des doigts à la place des pattes avant traditionnelles.
Sans plus de cérémonie, le reptile s’envola vers la montagne, sous le regard peu amène de Momiji.
- Tu ne perds rien pour attendre, marmonna-t-elle.
Sur ces paroles, elle s’envola avec Aya, sans doute vers un endroit où elle pourrait guérir de ses blessures.
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeJeu 21 Juil - 23:23

Chapitre 5 : Pandémonium arrosé d’alcool


« Dévoreur. Nom, certes peu original, donné à un type de démon spécifique se nourrissant d’énergie vitale, ce qui augmente leur puissance. Enfin, je ne suis même pas sûr que cela soit à proprement parler un démon. Quoi qu’il en soit, il n’en reste à ma connaissance, qu’un.
Et soyez certains que je ne l’affronterai pour rien au monde… »

Illurn Dar, Bestiaire infernal


Le dragon atteignit rapidement la forêt qui prenait place sur les flancs de ma base de la Montagne Youkai. La créature passa entre le sommet des hauts arbres qui y prospéraient grâce à sa taille limitée et fut entourée d’éclairs rouges. Une lumière écarlate le parcourut et en lieu et place du reptile ailé se tint un nouvel animal.

Recouverte de poils bruns, il était légèrement plus petit qu’un cheval mais restait musculeux et massif. Sa forme générale évoquait à la fois le loup et la hyène, surtout sa tête dont les naseaux et la gueule étaient proéminents mais les yeux plus petits.
Son œil gauche, marqué par une cicatrice, avait toujours le tatouage d’ouroboros comme pupille, tout comme lorsqu’il était sous la forme d’un dragon.

Le warg, car c’était cette forme que Réo avait choisit, se mit à humer l’air. Les effluves qu’il détecta durent le satisfaire puisqu’il se mit à courir à travers les bois aussi aisément que s’il était sur une plaine malgré sa corpulence. La créature avait décidé de suivre son instinct de chasseur et son odorat, amplifié à la fois par le pouvoir de la Gourmandise et sa forme actuelle. Ces deux atouts lui permirent de repérer des proies à savoir un cerf et une biche qui finirent intégralement dans l’estomac du prédateur.
Une fois son repas achevé, la bête s’élança à nouveau, à la recherche des restes de la magicienne Seishi Kodoku. Ce fut l’odeur du sang qui maculait l’arbre près duquel reposait la robe qui attira le warg qui mit une bonne vingtaine de minutes à atteindre sa destination.
Il reprit alors forme humaine, son tatouage laissant place à un œil tout à fait normal.

Réo prit une grande inspiration.
La colère qui l’avait dominé lors de sa confrontation avec Aya avait maintenant disparue, colère qui expliquait que l’œil Ultime avait autant fonctionné. Ce pouvoir semblait en effet lié au pêché capital dont il était le fruit, la colère donc.
(- Pas seulement. Rappelle-toi que lorsque tu as obtenu l’œil Ultime, je me suis réveillé et ai pu obtenir ton corps. Cette faculté est donc la passerelle entre la Colère et l’Orgueil. Je pense qu’il est inutile de t’expliquer pourquoi…), récita Pride.
L’Envie approuva puis fit quelque pas avant de s’accroupir près des restes de la victime.
Momiji avait vu juste, le corps s’était intégralement changé en poussières. Les vêtements étaient en revanche intacts. Réo se tourna ensuite vers l’arbre et observa l’éclaboussure écarlate qui souillait son écorce. Un détail en particulier attira son attention : Le bois était éclaté et noirci en un point. Le sang semblait avoir été projeté à partir de ce point, ce qui rendait évident qu’il s’agissait d’un impact.
(- Vu l’état de l’arbre, ça vient d’un projectile énergétique. Pas la peine de chercher plus longtemps, c’est évident que c’est Malbas), affirma Pride.
- Tous ces éléments prouvent en effet que c’est lui. Il l’a certainement attaquée par surprise d’une boule d’énergie dans le dos. Elle devait se trouver devant cet arbre, la boule l’a transpercée et a aspergé les alentours. Quoiqu’il en soit, elle n’était pas encore morte et Malbas a pu dévorer toute son énergie vitale… Son corps s’est alors asséché pour n’être plus qu’un squelette qui est tombé en poussières, raconta Réo qui s’aidait de ce qu’il avait pu voir et vivre auparavant.
(- C’est bien, Sherlock. Bon, et maintenant ?), s’enquit l’Orgueil.
- Sa demeure ne devrait pas être loin et j’ai bien envie de voir de quoi elle a l’air.

Plusieurs éclairs rouges crépitèrent autour de Réo qui se mettait à quatre pattes, se métamorphosant progressivement en loup noir. Le canidé renifla la robe puis remonta la piste odorante jusqu’à atteindre son objectif, ce qui lui prit une petite dizaine de minutes.
L’habitation était une petite maison occidentale rectangulaire en bois sombre, sans prétention. Elle n’avait pas d’étage et était constellée de plusieurs fenêtres.
Après avoir retrouver son apparence humaine, le changeur de forme marcha vers l’entrée. Il avait aperçu un mouvement furtif à l’intérieur et ce fut donc sur ses gardes qu’il entra, la propriétaire des lieux ne pouvant de toute façon plus râler.
La poignée tourna lentement mais efficacement et la porte s’ouvrit vers l’intérieur avec un léger grincement.

Il n’y avait pas de hall en ce lieu, aussi Réo se retrouva dans une grande pièce que les meubles désignaient comme étant la salle principale. Une porte se trouvait au fond en face et une autre tout à droite. Parmi les meubles sus-mentionnés se trouvaient plusieurs grandes étagères supportant des dizaines de livres.
Curieux, Réo s’approcha, contournant une table ovale entourée de quatre chaises. Ce fut lorsqu’il atteignit la bibliothèque qu’il s’aperçut véritablement que la maisonnée était vide, alors qu’il avait aperçu quelqu’un.
L’odeur qui lui montait au nez confirma son idée.
Malbas. Il devait s’être téléporté lorsque Réo était entré.
Mais que faisait-il ici ?

Réo reporta son attention à la collection de livres qui lui faisait face. Plusieurs trous étaient visibles dans les rangées d’ouvrages, signe qu’il en manquait. Une fois de plus, le prénom de Malbas revint en tête au métamorphe.
Mais pourquoi diable le blondinet volerait-il des bouquins à une magicienne qu’il avait massacrée ?
(- Parce qu’elle était magicienne, justement), répondit Pride.
L’annonce, logique, laissa Réo perplexe car si Malbas se mettait à apprendre la magie, il allait devenir un gros problème. Déjà qu’il en était un…
(- Il doit déjà avoir gagné en puissance vu qu’il l’a absorbée, la magicienne. A mon avis, il peut déjà utiliser la magie. Mais tout ça n’est que suppositions…), intervint l’Orgueil.
Le regard de l’Envie fut par la suite attiré par une bourse violette qui trônait sur une commode. Toujours aussi curieux, il la prit et l’ouvrit. Celle-ci contenait plusieurs pièces, ce qui ravit Pride, lequel se mit à repenser à ses idées de rénovations immobilières.

Alors que Réo continuait tranquillement sa visite, la porte s’ouvrit. Son grincement avertit le métamorphe qui, d’instinct, se décomposa en eau. Il se dirigea ensuite sous un fauteuil pourpre posé près du mur droit et attendit.
Malgré sa forme, il pouvait toujours voir et entendre, ainsi il vit Youmu refermer délicatement la porte, toujours accompagnée de sa moitié fantomatique.
La jardinière regarda un instant l’ensemble de la pièce puis se dirigea vers la bibliothèque, à l’endroit exact où Réo s’était tenu plus tôt. La jeune fille semblait chercher quelque chose, sans le trouver car elle sembla devenir nerveuse.
- Il doit être ici pourtant, marmonna-t-elle.
Plongée dans sa recherche, elle ne vit pas la flaque d’eau qui se déplaçait avant de s’élever pour prendre une forme humaine.
- Que cherches-tu ? demanda Réo en croisant les bras.
Sans surprises, Youmu sursauta, ce qui amusa à la fois Réo et Pride.
(- T’es vraiment une enflure quand tu t’y mets)
- Arrête, je suis certains que tu aurais fait la même chose.
- Réo ! Mais… Qu’est-ce que tu fais ici ? s’enquit la demi-fantôme.
- Je te retourne la question !
- Moi ? Je viens récupérer quelque chose, un livre, répondit la jardinière.
- Ah… Je ne fais que visiter. J’ai entendu parler du meurtre alors je suis venu voir ce qu’il en était. Tu connaissais Seishi ? demanda l’Envieux.
- Moi non mais ma maîtresse oui. C’est elle qui lui a prêté l’ouvrage que je ne trouve pas, expliqua la jeune fille en baissant la tête lorsqu’elle avoua son échec.
- C’est pas étonnant, plusieurs livres ont été volés, annonça Réo.
A ces mots, Youmu releva la tête.
- Volés ? Par qui ?
- Sans doute celui qui l’a tuée. Il est toujours en quête de connaissance et de pouvoir alors des infos sur la magie ne doivent pas le rebuter, informa l’envieux.
- Tu… Tu sais qui est le meurtrier ? s’étonna la jardinière.
- Yep. A moins d’une coïncidence plus qu’incroyable, cet assassinat porte la signature de Malbas Elric. C’est un tueur qui est venu à Gensokyo en même temps que moi.
(- On ne t’a jamais dit que tu parlais trop ?), s’exaspéra Pride.
- Sais-tu où il se trouve ? questionna Youmu dont la voix était devenue sérieuse.
- Non. Lui peut me localiser mais l’inverse n’est pas vrai. Toutefois, il ne tardera sans doute pas à se manifester…
Une dizaine de secondes passa puis Youmu vérifia encore que le livre qu’elle cherchait était manquant. Ceux-ci étant classés par ordre alphabétique, il n’y avait pas de doutes à avoir.
- Bon, et bien je vais devoir me résoudre à rentrer bredouille, soupira la jardinière visiblement dépitée.
- Pas de chance. Au fait, saurais-tu comment se débarrasser de fantômes ? intervint l’Envie, se rappelant soudain de la présence des ectoplasmes dans la demeure en ruines qu’il squattait sans vergogne.
- Oui pourquoi ?
- Ben, disons que j’ai décidé d’utiliser une maison en ruine dans la Forêt de la Magie comme résidence et avant de commencer à bosser dedans j’aimerai que les fantômes qui y ont élus domiciles ne soient plus là. Ils sont un peu… Gênants… Expliqua le changeur de forme.
- Je vois ce que tu veux dire par « gênants »… Tu fais bien de m’en parler, je vais les reconduire dans le Monde des Morts, ça fait partie de mon travail. Même si…
- T’en as peur, compléta Réo.
Youmu lui lança un regard noir qui le fit éclater de rire, suite de quoi elle se mit à le frapper en lui enjoignant d’arrêter de se moquer d’elle, ce qui le fit rire encore plus alors qu’il se protégeait des coups.
Chose inhabituelle, même Pride se mit à rire, semblant s’amuser en voyant ses deux-là alors que normalement il aurait sortit une réplique acide. Youmu finit par rire elle-aussi quand Réo se mit à feindre une supplication pour apaiser sa colère.
- Bon, c’est pas tout ça mais faudrait y aller, lança l’Envieux.
Youmu approuva et ils sortirent de la maison.
Une fois dehors, les éclairs rouges habituels crépitèrent autour du polymorphe qui prit sa forme d’aigle noir avant de s’envoler, suivit par la jardinière.

Pendant le trajet, le rapace remarqua une boule sombre qui volait à l’orée de la Forêt de la Magie. Les déplacements de la sphère de ténèbres étaient approximatifs et elle heurta plusieurs fois des arbres, chose qui fit rire Pride qui glissa un commentaire peu flatteur.

Une poignée de minutes plus tard, Youmu et Réo se tenaient devant la maison délabrée que Pride avait découverte.
- Si je ne me trompe pas il s’agit de l’ancienne maison de Seishi, informa la demi-fantôme.
- Ah, et bien décidément où que j’aille cette magicienne est là. Et elle est morte, c’est dire, plaisanta l’Envieux.
Il fit ensuite quelque pas et ouvrit la porte, invitant par la suite Youmu à entrer avec un « Les dames d’abord. » qui ne lui fit ni chaud-ni froid.
La jardinière entra donc, suivie par le métamorphe qui laissa la porte ouverte. Voyant les fantômes, la jeune fille se raidit légèrement mais garda son calme. Cela ne dura pas longtemps puisqu’une forme blanche traversa le mur de droite et passa juste devant son visage, lui tirant un cri de terreur.
Elle se retourna vivement vers Réo, son regard enjoignant l’Envieux à se retenir de toute réaction. Celui-ci fit des efforts et se retint de rire.
Ce qui n’était pas du tout le cas de Pride qui, ne pouvant être entendu que de Réo, s’en donnait à cœur joie et riait autant qu’il lui était possible de le faire.
(- C’est… C’est juste RI-DI-CU-LE ! Franchement, elle est géniale cette demi-fantôme !), lâcha-t-il, hilare.
Réo soupira, se demandant comment il allait faire pour rester sérieux avec l’autre qui se lâchait à l’intérieur de son esprit.
Quant à elle, Youmu s’était reprise et sortit sa plus longue épée de son fourreau, ses deux armes étant accrochées dans le dos, au niveau de la taille. Puis elle sortit une carte qu’elle lança en l’air avant de brandir sa lame.
- Ghostly call « Last journey of the dead’s soul »

La lame du katana s’illumina d’une lueur mauve tandis que la spellcard disparaissait dans une lumière bleue. Aussitôt, tous les fantômes de la maison se regroupèrent et se mirent à voleter autour de la lame puis autour de Youmu lorsqu’elle rengaina son arme.
- Je vais maintenant les conduire au Monde des Morts. Fais attention à ne pas les toucher, les fantômes sont très froids comme tu l’as sans doutes remarqué et tu risque des gelures si tu rentres en contact avec eux, expliqua la jardinière.
- Ne t’inquiètes pas pour ça, je guéris vite. Merci pour les fantômes…
- Merci à toi, les gens ont une fâcheuse tendance à s’amuser avec les fantômes et à les utiliser comme régulateurs de température, surtout en été. C’est d’un manque de respect vraiment consternant, exposa Youmu dont la voix s’était teintée d’irritation.
Il y avait des choses avec lesquelles on ne plaisantait pas.
(- Et merde, je suis d’accord avec elle. Faut être complètement abruti pour faire une chose pareille), lança l’Orgueil.
- C’est ingénieux. Complètement débile et irresponsable mais ingénieux… Enfin, j’aime pas le froid de toute façon, alors… Commenta Réo.
(- Ingénieux, tu parles), contredit Pride.
- Il y a tant de fantômes que ça à Gensokyo ? Demanda l’Envie alors que Youmu s’avançait vers la porte.
- Disons qu’il y en a un certain nombre. La frontière entre la vie et la mort est faible ici, du coup des vivants viennent dans le Monde des Morts pour des raisons futiles et des fantômes viennent dans le monde des vivants. C’est vraiment contre-nature, répondit-elle.
- Je vois, il est donc inutile que je demande si je peux t’accompagner ?
- En effet, je ne te laisserai pas entrer sans bonne raison, confirma la jardinière d’un ton sec alors qu’elle était sur le pas de la porte.
- Bien, dans ce cas, à la prochaine et encore merci pour les fantômes ! S’exclama Réo en faisant un salut de la main.
- Au-revoir, répondit sobrement la demi-fantôme avant de s’envoler en compagnie des ectoplasmes.

(- Si on suit son raisonnement, les morts doivent rester dans leur monde et les vivants aussi. Mais, elle est humaine ET fantôme. Donc, elle est où sa place ?), fit Pride, confus.
- Si on part sur ce sujet, on en a pour des heures avec un bon mal de crâne en prime. Et je doute qu’il y ait de l’aspirine dans ce monde, affirma le polymorphe.
Ce dernier se tourna ensuite vers les escaliers et décida de faire un bilan complet des travaux à faire dans la maison…

Loin de là, un jeune homme accroupit, ayant de longs cheveux blonds, passait un gantelet métallique gris à sa main gauche. Sur sa paume était tracé un cercle noir rempli de courbes qui convergeaient vers un point central, lequel était dans un cercle ovoïde ce qui rappelait un œil. Le blondinet fit quelques mouvements avec ses doigts désormais terminés par des griffes et, visiblement satisfait, se releva.
Il arqua ensuite son bras gauche, main ouverte, se concentra, puis tendit brusquement son bras. Un rayon transparent jaillit du gant, plus exactement du point central, et percuta un arbre, lequel explosa, ne laissant de lui qu’une souche calcinée.
- Parfait, commenta l’homme avec un rictus.

La porte de la maison en ruine se rouvrit, ce qui permit le passage de Réo qui s’assit sur le perron. Il laissa échapper un soupir de dépit tout en baissant la tête.
- Et ben, si on veut tout réparer on en a pour un moment. Surtout tout seul, marmonna-t-il.
(- On peut se relayer…), proposa Pride.
Il était vrai que les deux âmes n’étaient généralement pas sujettes à la fatigue en même temps. En fait, s’il était fatigué Réo pouvait très bien laisser Pride prendre le relais puis, se reposer puis reprendre possession de son corps. Toutefois, l’Orgueil ne pouvait habituellement pas voler le corps de l’Envieux pendant qu’il dormait, celui-ci étant l’âme principale pour ainsi dire.

Complètement abattu, le métamorphe resta une vingtaine de minutes assit, à vagabonder dans ses pensées. Le soleil se couchait alors que son estomac se mit à grogner, peu satisfait de ne pas être rempli en bonne et due forme.
Réo se releva donc, ferma la porte, se changea en loup et partit chasser.
Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver à manger, toutefois le jeune chevreuil dont il s’agissait ne suffit pas au prédateur qui continua son chemin.
Il sortit ainsi de la Forêt de la Magie qu’il longea tranquillement.
Il se stoppa lorsqu’une voix enfantine se fit entendre :
- Un loup ? Ça fait longtemps que y’en a plus dans la forêt ! Hey approche mon mignon !~
Réo se tourna vers la droite, la forêt étant à sa gauche, et vit ainsi une fille approcher.

Petite, elle avait des yeux noisettes, de longs cheveux roux attachés en queue de cheval ainsi que deux grandes cornes décorées de rubans qui partaient de son crâne. Elle portait une chemise rose partiellement déchirée en bas dont les manches étaient arrachées et une jupe violette et rose. Trois formes géométriques étaient accrochées à des chaînes lesquelles étaient reliées soit à l’un de ses poignets soit à ses cheveux, servant au passage de lien à ceux-ci. Ainsi, une pyramide rouge était liée à son poignet droit, une sphère jaune à son poignet gauche et un cube bleu à sa chevelure.
Une gourde violette décorée de sceaux rouges et blanc se balançait au bout d’une cordelette rouge reliée à la ceinture de la nouvelle-venue.
Elle semblait de bonne humeur et continuait de héler le loup, l’informant qu’il ne devait pas avoir peur.

(- Preuve en est que tu as plus de succès sous forme animale. Quand vas-tu te transformer définitivement ?), railla Pride.
Réo ne bougea pas, laissant la fille approcher.
(- Est-elle consciente que si elle avait affaire à un vrai loup, celui-ci aurait déjà déguerpi ?), renchérit l’Orgueil, amusé.
Réo approuva, notant au passage que la petite se comportait comme s’il s’agissait non pas d’un loup mais d’un chien totalement inoffensif.
Alors qu’elle n’était qu’à quelques mètres, le loup fut entouré d’éclairs rouges et se changea progressivement en humain, une lumière écarlate le parcourant.
La petite fille eut un léger temps d’arrêt puis se frotta les yeux.
- J’ai trop bu ? demanda-t-elle.
- Ça, j’en sais rien, en revanche je suis bien réel, répondit Réo en croisant les bras.
- Ah, donc je peux encore boire touuute la soirée… Qui es-tu ?
- Décidément, je suis condamné à répondre sans cesse à cette question. Je suis Réo Ryu, métamorphe voyageur fraîchement arrivé à Gensokyo.
- Oh, un nouveau ? C’est rare !
La rouquine attrapa la gourde qu’elle transportait et but plusieurs gorgées avant de continuer :
- Moi c’est Suika Ibuki, je suis une oni ! annonça-t-elle en se désignant avec le pouce.
(- Vu qu’on y connaît rien en folklore asiatique, ça ne nous avance pas vraiment), constata l’Ombre en soupirant.
La dénommée Suika but à nouveau puis tendit son index gauche vers le polymorphe :
- Toi, je te défie ! Si je gagne, tu viendras boire avec moi ! lança-t-elle.
- Je suppose que je n’ai pas le choix… Tu n’as personne d’autres pour t’accompagner ?
- Naaaan, Reimu est je sais pas où depuis ce matin, je m’ennuie moi ! se plaignit l’oni avant d’adopter une expression boudeuse tout en croisant également les bras.
- Bon, dans ce cas, faisons en sorte que tu te divertisses, fit Réo.
Le polymorphe fléchit sa jambe gauche, tendit l’autre vers l’arrière et leva son bras gauche qu’il mit en position oblique, main ouverte. Quant à son bras droit, il était en retrait.
Suika reprit une expression joyeuse puis s’éloigna avant de se mettre également en position, poings serrés.
- Merde, j’ai faim, murmura l’Envieux après que son ventre se soit manifesté.

L’envieux n’attendit pas plus longtemps, pressé de satisfaire sa faim, et se rua droit sur Suika, utilisant le pouvoir de la Paresse pour atteindre une vitesse si élevée qu’on ne pouvait le voir.
Alors qu’il était à quelques mètres de son adversaire, le métamorphe sauta, pivota et donna un coup de pied gauche, sa peau étant devenue noirâtre au niveau de sa jambe gauche suite à l’apparition du Bouclier Ultime, ce que l’oni ne pouvait voir.
Celle-ci bloqua l’attaque avec son bras droit, accusant le choc qui aurait déraciné un arbre avec la même facilité dont elle faisait preuve pour respirer.
- Pas mal, glissa-t-elle avant d’attraper la jambe gauche de l’Envieux avec sa main gauche et de balancer sans ménagement.
Ce denier se récéptionna avec les mains et effectua une pirouette pour se retrouver debout.

La petite oni ne laissa pas Réo attaquer à nouveau puisqu’elle tendit le bras, libérant plusieurs boules bleues à la suite. Les projectiles rebondissaient sur le sol mais leur trajectoire était rectiligne, ce qui permit à Réo de les éviter facilement.
Il ne put esquiver le magnifique crochet du gauche que Suika lui asséna dans le ventre et qui le fit reculer de deux bons mètres. La rouquine enchaîna en effectuant un arc de cercle avec son bras droit, ce qui propulsa la pyramide rouge qui y était rattachée dans la hanche gauche de l’Envie, qui évita en sautant en arrière.
Suika tendit un bras, comme voulant donner un coup de poing. Une boule de feu jaillit de sa main fermée et percuta Réo en plein air, le faisant se crasher violemment au sol.
(- Pour le coup, ça rappelle la maîtrise du feu), remarqua Pride.
Le polymorphe enjoignit à son colocataire spirituel de fermer son clapet et se transforma en tigre à dents de sabre à poils jaune foncé avant de foncer sur la petite fille.
Celle-ci courait également vers son adversaire et fut à peine surprise lorsque le fauve préhistorique lui bondit dessus. Elle attrapa ses pattes avant et le projeta sur le coté, au sol.
- Gather Sign "Throwing Mt. Togakushi"

Suika sauta et se mit à mouliner dans les airs avec son bras droit. Divers cailloux et pierres furent attirés et vinrent se coller à la main de l’oni, formant ainsi un gros rocher qu’elle propulsa vers le tigre. L’animal, qui se relevait à peine, se prit le projectile de plein fouet.
Plusieurs éclairs rouges entourèrent le polymorphe qui reprit forme humaine, ajoutant toutefois des ailes de chauve-souris reliées à son dos. Ces ajouts lui permirent de s’envoler pour continuer le combat, Suika étant toujours dans les airs.
Elle s’arracha quelques mèches de cheveux et les lança en l’air. Celles-ci devinrent des mini-Suika, répliques miniature de l’originale qui se ruèrent vers le métamorphe qui approchait.
Réo allongea ses doigts qui devinrent les griffes noires caractéristiques de la Lance Ultime et tailla en pièces ses multiples petites opposantes en bougeant les bras vers l’extérieur tout en continuant à avancer.
Son ennemie lança un projectile noir qui explosa pour donner naissance à plusieurs petites sphères ignées, comme un feu d’artifice. L’Envieux passa au travers, évita une boule de feu plus grosse et couvrit ses bras, redevenus normaux, de carbone.
Il serra son poing droit et l’envoya dans les côtes de l’oni lorsqu’il l’atteignit enfin. Suika dévia l’assaut en écartant le bras de sa trajectoire avec son bras gauche mais ne put pas contre-attaquer puisque Réo se baissa, permettant ainsi à son aile gauche de frapper le visage de l’oni. L’Envieux continua sur sa lancée et joignit ses mains toujours recouvertes de carbone avant de baisser brusquement les bras, frappant Suika à l’épaule.
Celle-ci chuta mais parvint à retomber sur ses jambes avant de lever la tête, tout en se tenant l’épaule avec un rictus. Elle vit ainsi son adversaire descendre en piquée, droit sur elle.
Suika sauta en arrière et frappa le sol avec ses deux poings, ce qui fit jaillir plusieurs gros pics de pierre du sol. Ceux-ci percutèrent Réo alors qu’il pensait pouvoir frapper la rouquine qui ne le laissa pas chuter car elle bondit et utilisa la sphère jaune reliée à son poignet gauche pour frapper l’Envie sur le sommet du crâne comme s’il s’agissait d’un fléau d’armes.

Désormais aplatit sur le sol, Réo fit disparaître ses ailes tout en se remettant debout, à nouveau entouré d’éclairs rouges à la fois pour ses ailes mais aussi pour soigner ses cervicales. A cinq mètres, Suika l’attendait, bras croisés.
L’Envieux fit craquer sa nuque une fois la régénération terminée puis ouvrit les bras, toujours protégé par le Bouclier Ultime, avant de foncer vers Suika.
La petite oni balança son bras droit, voulant frapper le métamorphe avec sa pyramide rouge qui filait droit vers le visage de celui-ci. Toutefois, Réo avait prévu le coup et glissa, sa tête passant en dessous de la forme géométrique colorée. Puis il pivota, attrapa la pyramide et continua de tourner tout en tirant.
La force de l’Envieux combinée au faible poids de Suika fit le reste : la petite oni décolla avant de faire une rencontre brutale avec le sol.
Ayant toujours la pyramide en main, Réo recommença. La rouquine ne se fit toutefois pas surprendre une deuxième fois et lorsqu’elle toucha terre, ce fut en étant accroupie. Elle tira sur sa chaîne, arrachant la pyramide des mains du métamorphe et sortit une nouvelle spellcard.
- Will-o'-wisp "Superdense Conflagration"

La petite oni frappa alors le sol à deux mains. Cette fois, ce fut une grosse boule de lave qui en jaillit. Elle s’éleva lentement dans les airs puis retomba vers Réo qui l’évita facilement en avançant vers Suika.
La boule explosa lorsqu’elle toucha le sol, se subdivisant en plusieurs boules plus petites qui firent le même mouvement que l’originale un peu plus tôt, prenant Réo par surprise.
Une boule de lave explosa dans son dos, créant quatre nouvelles boules plus petites comment le firent les autres.
Le métamorphe sauta, les évitant mais ne put rien faire lorsque Suika l’attrapa par le kimono avant de prononcer :
- Oni Sign "Massacre on Mt.Ooe"

Elle fonça alors vers le sol et fracassa son adversaire dessus. Puis elle sauta plus haut et recommença.
Réo ne put retenir un cri de douleur, son dos étant littéralement massacré, preuve que la spellcard portait bien son nom. Son auto-régénération étant en marche, il ne put pas étendre son Bouclier à son dos, ce qui lui aurait sauvé la mise.
C’est alors que Suika bondit à nouveau, plus haut encore, avant de retomber et d’éclater le métamorphe sur le plancher des vaches, l’impact produisant une explosion orangée.
L’oni recula d’un bond et attendit de voir le résultat.

Celui-ci n’était pas glorieux pour Réo qui ne se releva pas et ce même lorsque toutes ses blessures eurent disparues. En fait, il était épuisé.

- On dirait que j’ai gagné ! s’exclama Suika en levant le poing.
Elle s’approcha de son adversaire et l’aida à se relever.
- Huhu !~ C’était amusant, si tu pouvais utiliser des spellcards tu pourrais devenir très fort ! Maintenant, allons fêter ma victoire ! s’égosilla la fillette en brandissant sa gourde.
- Chouette… Et j’ai encore faim… Râla Réo, dont l’amertume de la défaite était balayée par la bonne humeur et l’énergie de la petite oni.
- Suis-moi, je connais un stand où on pourra boire et manger ! On va voir si t’es un grand buveur ou non !
(- Je suis curieux de voir si la Gourmandise a un effet là-dessus. Tu peux manger n’importe quoi en n’importe quelle quantité mais nous ignorons si cela a un effet sur les conséquences de l’alcool…), fit Pride qui s’abstint étonnamment de mentionner la défaite de l’Envie.
- Incarner les sept pêchés capitaux aurait une utilité en plus, répondit Réo qui suivait Suika.

Les deux compagnons atteignirent ce qui devait être un stand ambulant alors que la nuit venait de tomber. Celui-ci était signalé par une lanterne d’où émanait un lueur rouge et était tenu par une fille aux yeux gris, aux cheveux roses ayant des oreilles de hibou pointues et étant pourvue d’ailes d'oiseau rose pâle avec des reflets violacés. Elle était habillée d’une robe et d’un chapeau marron ainsi qu’une veste blanche aux manches longues. Plusieurs ornements en forme d’oiseaux ou d’ailes décoraient la robe et le chapeau.
La fille chantait lorsque Suika et Réo s’assirent sur le banc qui se trouvait devant le comptoir derrière lequel se trouvait la youkai aux attributs d’oiseaux.
(- Génial, encore un piaf. Elle va aussi prendre des photos ?), lança Pride.
- Salut Mystia ! Envoie les poissons, moi et mon ami avons faim ! annonça Suika.
- ~Oiseau de nuit, le chant de la nuit~ Oui ? Ah, combien en voulez-vous ? s’enquit la vendeuse, en interrompant sa chanson.
- Donne-m’en sept ! répondit Suika qui se tourna ensuite vers Réo.
- Euh… La même chose.
- Bien, bien. Un humain, hein ? T’as pas trouvé mieux que venir me voir pour ne pas mourir de faim et te faire dévorer par un youkai dans la forêt ? Tant pis… ~Un humain, perdu dans la forêt. Les oiseaux l’observent, ils veulent sa chair~, lança Mystia qui se remit à chanter après s’être retournée pour préparer les lamproies.
Réo eut un sourire.
- Fais pas attention, elle est toujours comme ça avec les humains ! Eyh Mystia, moins fort le volume, tu m’empêches de boire ! intervint Suika qui avait sortit sa gourde.
- Je doute d’être encore un humain de toute manière… Je n’ai plus grand-chose d’humain, mis à part mon aspect, énonça l’Envie.
Suika haussa les épaules et demanda deux chopes qu’elle obtint.
- Puisque j’ai gagné, je te rappelle que tu dois boire avec moi ! rappela l’oni à son invité qu’elle servit avec sa gourde.
- Faudrait quand même manger avant de finir dans un coma éthylique, railla Réo, ce qui fit rire Suika.
- Aucune chance, pour moi en tout cas, affirma-t-elle.

La rouquine prit sa chope et la cogna contre celle de Réo avant de la vider en même temps que lui.
La chaleur du liquide surpris un instant le polymorphe qui ne fut toutefois pas plus troublé que ça. Il se lécha les lèvres, avec moins de joie toutefois que lorsqu’il avait léché ses griffes ensanglantées plus tôt dans la journée.
- Alors ? fit Suika en même temps que Mystia les servait.
- Alors j’en prendrai bien encore, répondit Réo en tendant sa chope que l’oni se fit une joie de remplir.

C’est alors que Mystia commençait une nouvelle chanson que les deux se mirent à manger tout en buvant à intervalles réguliers, posant ainsi la première pierre de ce qui s’annonçait peut-être comme une solide amitié, pierre trempée de saké d’ailleurs.
Enfin, c’est mieux que rien…
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeVen 29 Juil - 22:02

Chapitre 6 : Marionnettiste de la Pleine Lune


« Le potentiel de la magie est énorme. Je me suis toutefois souvent demandée, que se passerait-il si on l'alliait à d'autres arts encore ?
Un jour, j'eus ma réponse.»

Yuul, Mémoires du Septième Grand Maître


Tout était dévasté.
Debout devant des ruines, Réo observait la scène, éclairée par les feux du soleil couchant ainsi que par ceux qui ravageaient la végétation environnante.
Aux alentours, il n’y avait pas âme qui vive.. Le chemin de pierre qui menait au bâtiment détruit devant lequel se trouvait le polymorphe était également défoncé.
La seule chose encore miraculeusement intacte était la porte orientale rouge qui se trouvait juste avant l’imposant escalier, désormais brisé, qui permettait d’accéder en ce lieu.
L’attention de Réo se reporta sur le bâtiment.
Complètement effondré, il était impossible pour le métamorphe de deviner à quoi il ressemblait avant et encore moins à quoi il servait. Un autre bâtiment plus petit et également rayé de la carte se trouvait derrière à gauche du grand.
C’est alors qu’il le vit.
Debout sur le plus haut tas de débris, sa grande cape rouge, ou manteau, déchirée sur les bords l’enveloppant en partie tout en étant portée par le vent, un homme l’observait.
Celui-ci portait une étrange armure qui à la base devait être grise et noire mais le sang qui la maculait et gouttait un peu partout donnait l’illusion que tout était rouge.
Ainsi, les jambières noires de base étaient recouvertes par deux pièces grises métalliques en forme de cylindre, l’une au niveau de la cuisse et l’autre au mollet, la plus basse se terminant par les quelques maillons d’une chaîne brisée.
La taille était recouverte de plusieurs pièces noires qui étaient larges à la base mais s’affinaient en s’allongeant, se terminant en pointes. Leurs contours étaient courbes et torturés.
Le torse était majoritairement noir mais un genre de collier rouge parcourut de piques verticaux y était peint, partant du dessus de la poitrine pour rejoindre le dos.
Les bras étaient entièrement recouverts par des cylindres gris si bien joints qu’on avait l’impression que tout n’était qu’une seule et même pièce. Leur diamètre était si gros que les mains paraissaient en sortir. Les doigts étaient recouverts de métal noir et un fil métallique les reliaient à l’intérieur du cylindre, preuve que ces gants étaient liés à l’armure. D’imposants brassards noirs décorés de deux grosses sortes de pointes recouvraient les poignets. Ils étaient terminés par deux pièces courbes qui cachaient en partie les mains. Du bout des pièces cylindriques qui restaient toutefois visibles se trouvaient également les maillons d’une chaîne brisée.
Les épaules n’étaient pas visibles puisque la cape les enveloppait. Celle-ci était accrochée en dessous du cou.
Quant au casque, il était en deux partie. L’une enveloppait le cou, le menton et l’arrière du crâne et semblait souple. L’autre, faite de métal gris, recouvrait tout le reste sauf la bouche. Aucune ouverture n’était visible excepté quelques minuscules trous qui permettaient de respirer mais rien ne semblait permettre à l’homme de voir.
Les deux parties du casque étaient reliées à l’avant par quatre ceintures de cuir, deux à chaque joue.
Même la « visière » du casque était couverte de sang, ce qui là encore donnait l’impression qu’elle était entièrement rouge.
Sans comprendre pourquoi, Réo eut un mouvement de recul. Il remarqua que l’homme tenait quelque chose à la main droite.
Des cheveux noirs plutôt longs, deux mèches tombant sur un visage figé dans une expression de douleur et de terreur mêlées…
Une tête.
Une tête que l’homme retenait par le ruban rouge passé dans ses cheveux.
L’homme sourit alors, dévoilant ses dents plus pointues que la moyenne des humains, ses canines, notamment, étant anormalement longues.
Le sourire fut accompagné d’un « Ksh » peu rassurant…


Ce fut à ce moment que Réo rouvrit les yeux.
Il tenta de se lever mais le mal de crâne qui l’assaillit l’en empêcha, ce qui le contraignit à s’asseoir péniblement. Un rapide coup d’œil lui permit de certifier qu’il était dans le hall de la maison abandonnée où il séjournait.
Un bruit de respiration à sa droite lui apprit également qu’il n’était pas seul. En effet, Suika dormait près des escaliers. Bras étendus, elle tenait toujours sa gourde que Réo savait inépuisable.
L’une des rares choses dont il se souvenait de la veille.
(- Et une gueule de bois, une !), lança Pride.
- Pride, tu tombes bien, tu peux me dire ce qu’il s’est passé hier soir ? J’ai tout oublié après la huitième chope… fit Réo.
(- Et voilà, c’est encore moi que t’appelles à la rescousse. Donc, après le huitième verre, ou chope on s’en fout, t’as commencé à dérailler. Je te passe les détails mais c’était assez marrant à voir. Pour info t’as tenu jusqu’au treizième verre avant de plus pouvoir continuer, ce que Suika a fait. Inépuisable cette oni. M’enfin ça vous a pas empêché de partir dans des trucs… La pauvre Mystia pouvait même plus chanter vu le boucan que vous faisiez. Bref, après avoir que l’oiseau ait décidé de fermer boutique histoire de pas devenir folle, t’as tenté de revenir ici pour piquer un somme. Echec puisque tu galérais pour marcher et Suika ne t’était pas d’une grande aide. Donc bon, j’en ai eu marre alors j’ai pris tant bien que mal les commandes, ton âme étant affaiblie par le saké. Etant plus résistant à l’alcool que toi, j’ai pu nous conduire ici. L’oni, qui n’a même pas vu le changement avec les 349 grammes qu’elle avait dans le sang, s’est directe endormie et toi aussi dès que je me suis retiré. Voilà, pas de trucs croustillants par la suite, dommage d’ailleurs), narra Pride.
- Je vois… Attends, tu sous-entends quoi par « trucs croustillants » ? T’espérais quoi ? réagit l’Envie.
L’Orgueil ricana, ce qui lui valut de se faire traiter de pervers par un envieux peu emballé par ce qu’il soupçonnait.
(- Si on peut même plus déconner…)
- Pédobear !
(- Fake, elle est bien plus âgée que nous, elle l’a dit hier. C’est courant ici apparemment. Donc non, pas pédobear et je blaguais, raclure. Y’a bien mieux que cette oni ici…)
- Hein ? De qui tu parles ?
(- Personne, je suis juste sûr que y’a mieux !), affirma l’Orgueil, ce que Réo ne crut guère.
- Ahah ! Y’en a une qui te plait ! s’exclama Réo.
(- T’as pas plus débile comme idée à la con ? Nan mais je rêve… En plus on connaît personne ici. Et baisse le volume, je veux pas que l’oni se réveille et nous tape dessus. Pas foutu de gagner un combat…), envoya Pride après un soupir.
- Tu mens, j’en suis sûr !
(- Aurais-tu oublié que j’ai pour principe de ne pas mentir ?), rappela l’Orgueil.
Réo retint un commentaire et appuya sa tête contre le mur tout en fermant les yeux.
Le souvenir de son rêve lui revint alors, lui faisant relever les paupières.

C’était la deuxième nuit consécutive où il faisait un cauchemar, ce qui n’était pas très bon signe. Il avait en effet cessé d’en faire depuis que Pride était né, ce qui remontait à plusieurs semaines, sans doute deux mois.
En revanche, l’Envieux avait souvent fait des mauvais rêves précédemment. En fait, plus il avait obtenu de pouvoirs, plus ses cauchemars avaient gagné en intensité, chose que Pride expliquait par le fait qu’au fur et à mesure que l’Envie avait obtenu ses capacités, lui prenait forme. Car à ce moment-là, c’était l’Orgueil que Réo voyait dans ses songes et il s’y était fait de plus en plus présent.

- Quoi qu’il en soit, je me demande ce que cet homme en rouge vient faire dans mes rêves, fit l’envieux.
(- Une ombre puis un serpent géant et maintenant un homme en rouge. Ton subconscient est un vrai foutoir, Jealousy), railla l’Orgueil.
La remarque tira un sourire au polymorphe.
- Quel était ce lieu ? Qui était cette fille dont l’homme tenait la tête ? murmura le polymorphe.
Il tourna la tête en direction de Suika, laquelle dormait toujours.
- T’as une idée de l’heure qu’il est ? s’enquit Réo.
(- Je ne suis pas une horloge parlante !), s’exclama l’Ombre.
Son mal de tête n’étant toujours pas passé, l’Envieux fut contraint à rester assis à attendre d’être en état de bouger.

Une heure à rien faire plus tard, Suika se réveilla.
La petite oni s’assit puis s’étira en baillant avant de se lever et d’observer l’endroit où elle avait atterrit.
- Salut Réo ! C’est ta maison ? demanda-t-elle avant de se baisser pour attraper sa gourde qui était restée au sol.
- Bonjour Suika. On peut dire ça, mais je dois dire qu’il y a pas mal de travaux à faire, répondit l’Envie dont le mal de tête avait disparut.
- Vraiment ? Besoin d’aide ? questionna la rouquine avant de boire au goulot de sa gourde.
- Oh que oui ! réagit Réo en se levant.
- Et ben dans ce cas je veux bien te filer un coup de main ! annonça l’oni.
- Bien, ça c’est une bonne nouvelle, merci. Tout d’abord, faut aller au Village Humain pour acheter ce dont on aura besoin, pour peu que j’ai assez, expliqua le métamorphe en baissant la tête à la fin de sa phrase.
- En avant ! s’exclama Suika

Les deux compères s’envolèrent donc en direction du village.
Avant de faire les achats, ils choisirent de se restaurer, jetant leur dévolu sur un stand de yakitoris, ce dont raffolait Réo, qui n’avait pourtant rien demandé à personne.
(- C’est vrai que tu aimes manger de la volaille, des piafs et du poulet. Surtout du poulet…), glissa Pride qui se serait bien prit un bombardement orbital si Réo avait pu.
Après avoir pillé les réserves du vendeur, Suika et le métamorphe déambulèrent dans les rues, à la recherche de ce qui leur fallait.

A aucun moment ils ne remarquèrent Malbas qui les surveillait depuis les toits, changeant de perchoir via son pouvoir de téléportation.
Alors que ceux qu’il suivait venaient d’entrer dans un bâtiment, le tueur s’allongea sur le ventre, se tint la tête avec ses deux mains et observa les humains qui vaquaient à leurs occupations. Personne ne levait la tête, ce qui au fond le déçu un peu.
- Je suis lààà bande de glands ! Ah mais qu’est-ce qu’ils fichent à la fin ? Je veux tester ma Combustion en condition réelle ! s’impatienta-t-il.
Il dégagea son bras gauche et simula un tir sur magasin dans lequel se trouvaient l’oni et le métamorphe.

« Combustion » désignait la capacité qu’il utilisait grâce à son gant métallique qu’il portait à la main gauche. Elle lui permettait de projeter un rayon transparent d’énergie qui explosait lorsqu’il rencontrait quelque chose. Pour ce faire, il amenait son chi depuis son estomac jusqu’à sa main gauche où il concentrait l’énergie qu’il tirait ensuite grâce au cercle présent sur le gant. Cette habileté était un dérivé de la maîtrise du feu classique qu’il avait apprise en absorbant l’énergie vitale d’un maître du feu. Ainsi, il avait obtenu ses pouvoirs, compétences, souvenirs et âme, comme lorsque Pride mangeait quelqu’un via ses ombres.
La Combustion était toutefois maîtrisée par un homme que Malbas ne put qu’observer mais pas tuer, à son grand regret. De ce fait, sa version de la Combustion était en réalité un mélange entre sa maîtrise du feu, pour le principe, l’alchimie, au niveau du cercle, et une pincée de magie, chose qu’il connaissait depuis toujours. En effet, sa téléportation et sa compétence à projeter des boules d’énergie bleues étaient des capacités totalement naturelles pour lui, tout comme l’alchimie et quelques autres.

Voyant que ses proies tardaient à sortir, Malbas roula sur le toit, se retrouvant sur le dos. Il observa quelques instants le ciel, ce qui lui permit d’apercevoir une forme humaine dans les airs.
Elle était bien trop éloignée pour savoir à quoi elle ressemblait mais le tueur put déterminer qu’elle venait de la montagne et se dirigeait vers un endroit qu’il ne connaissait pas.
L’alchimiste soupira, roula encore et reporta son attention sur la rue.
Pas de Réo ni de Suika mais un gamin qui courait, accompagné de trois autres.
- Venez, venez, la marionnettiste de la forêt donne un spectacle sur la place ! Ça va être génial ! hurlait-il, obtenant l’approbation des autres.
Une marionnettiste ?
Un fin sourire étira les lèvres de Malbas.
- Je vois, ce doit être Margatroid. Kodoku ignorait où elle habitait mais maintenant, je vais pouvoir le savoir sans avoir à chercher ! jubila-t-il.
Le tueur se leva, mit les mains dans les poches de son pantalon noir et se dirigea tranquillement de l’autre coté du toit, qui donnait sur une autre rue.
Là, il sauta, atterrit souplement au sol et se dirigea vers la place en sifflotant, d’autres enfants lui ouvrant la voie.

Ce ne fut que trois minutes plus tard que Réo et Suika sortirent, les bras chargés de diverses choses. Ils décollèrent aussitôt, ignorant tous les deux qu’il y avait un spectacle sur la place.

Celle-ci était plus peuplée que Malbas l’aurait cru. Une foule de gens, généralement debout, et étant en arc de cercle, observaient quelques chose et applaudissaient.
Le tueur se retint de tous les faire exploser pour pouvoir voir quelque chose de là où il était et préféra les contourner, histoire de voir de quoi il s’agissait exactement.
Il vit ainsi une fille aux yeux vert clair et ayant de courts cheveux blonds. Elle tenait un épais livre noir à la main gauche et portait une robe bleu ciel sans manches décorée de rubans roses ainsi qu'un serre-tête rose dans les cheveux.
Autour d’elle virevoltaient plusieurs poupées, lesquelles étaient toutes identiques. Elles avaient la forme de petites filles aux cheveux blonds aux yeux bleus. Elles portaient une longue robe bleu foncé avec un tablier. Elles avaient un grand ruban rose dans leurs cheveux et un ruban plus petit de même couleur autour de leur cou.

Elles donnaient l’impression d’être animées d’une vie propre et allèrent même chercher chacune un enfant, lesquels étaient assis devant les adultes qui étaient debout, avant de se mettre à danser avec lui. Les enfants riaient aux éclats, accompagnant les poupées.
Malbas échoua à retenir un sourire et se surprit à applaudir avec les autres spectateurs lorsque les marionnettes et les enfants eurent fini leur danse improvisée.
- Pourquoi je souris moi ? Y’a rien de spécial… pensa Malbas qui resta malgré tout à observer l’habileté dont faisait preuve la magicienne.
A cet instant, il se sentit comme tomber en enfance.
Enfance qu’il n’avait jamais eue…

Le show dura encore une demi-heure puis, après un ultime salut, la foule se dispersa. Un homme alla voir la dénommée Alice et lui remis de l’argent, la remerciant pour avoir accepté de se déplacer.
La magicienne se contenta de prendre son dû puis s’en alla sans tarder.
Malbas ne bougea pas, la regardant s’éloigner tout en cherchant un moyen de la suivre sans se faire repérer.
- C’est beau n’est-ce pas ?
La question sortit le tueur de ses réflexions et il se tourna vers la voix féminine qui l’avait posée.

Il s’agissait d’une femme aux yeux bruns et à la longue chevelure argentée aux reflets bleutés. Elle portait un chapeau semblable à un bâtiment avec un ruban rouge sur le dessus, cerclé de glyphes. Sa robe bleu nuit avait des manches blanches courtes et un ruban rouge y est attaché au niveau du cou.

- En effet, cette magicienne est très douée, répondit Malbas.
La femme s’était approchée de lui et tendit sa main.
- Je suis Keine Kamishirasawa, professeur de l’école du village, annonça-t-elle.
- Malbas Elric, simple voyageur, enchanté, informa le tueur en serrant la main de la femme.
Elle l’ignorait mais en d’autres circonstances, ce simple geste lui aurait été fatal.
- De même.
- Ce genre de spectacle est courant ici ? s’enquit l’alchimiste.
- Disons qu’il arrive que nous l’invitions à exposer ses talents, elle ou une autre magicienne. Ça plait aux enfants comme aux adultes, exposa l’institutrice.
- Je vois, juste comme ça, savez-vous où je pourrai les trouver ? Ça m’intéresse, je dois dire.
- Les deux vivent dans la Forêt de la Magie. Où exactement je ne saurai vous le dire mais concernant Alice Margatroid, sa demeure est de type occidental. Son toit est bleu et il y a une grande tour sur le coté. L’autre magicienne est Marisa Kirisame. Sa maison est envahie de lierre et on trouve pas mal de champignons aux alentours, expliqua Keine.
- Je vois, merci.
- Pas de quoi, faites tout de même attention aux youkais qui peuplent la forêt, prévint la femme.
Un coup d’œil au cadran solaire présent plus loin lui apprit qu’il était temps qu’elle commence son cours, aussi quitta-t-elle le tueur.
Elle s’éloigna après un au-revoir mais soudain se retourna pour lancer une ultime mise en garde :
- Evitez de sortir cette nuit car ce sera la pleine lune. La regarder risque de vous rendre fou et les youkais sont encore plus dangereux.
Puis elle s’en alla.
Malbas se retint d’éclater de rire puis remit ses mains dans les poches avec un rictus.
- Sachez, demoiselle, que lors de la pleine lune, ce sont mes adversaires qui devraient se cacher, chuchota-t-il avant de se mettre en marche.

De leur côté, Réo et Suika avaient commencé les réparations. Ils avaient également choisi quel serait le destin de chaque pièce.
Ainsi, la cuisine serait la première salle se trouvant à gauche lorsqu’on entrait. Le salon lui ferait face, son entrée étant proche des escaliers menant à l’étage, et la salle de bain serait la porte adjacente à celle de la cuisine bien que naturellement espacée de cette dernière.
Quant à l’étage, les cinq pièces qui y étaient allaient devenir des chambres, ce qui laissait de la marge.
Ils réparèrent, remplacèrent bref bossèrent jusqu’à ce que le soleil ne commence à se coucher.
Ils s’assirent sur le perron et Suika but quelques gorgées de saké.
- Une bonne chose de faite ! déclara Réo, visiblement satisfait.
- Ouais, on est trop forts ! fit l’oni en levant les bras.
Elle se mit ensuite à bailler.
- Fatiguée ? Je te croyais plus endurante… railla l’Envieux.
- J’suis toujours assez en forme pour te battre ! lança Suika en envoyant un coup de poing dans l’épaule du métamorphe.
Celui-ci n’eut pas besoin de simuler la douleur, son articulation ayant bien faillit être démise.
- T’es vraiment une brute. Alcoolique en plus. Mais bon, je t’aime bien quand même, lança l’Envieux en se massant.
Suika lui fit un grand sourire comme réponse, ce qui acheva de le faire fondre.
Pride émit un commentaire du type « Comme c’est trop mignooon », ce qui lui valut un regard noir spirituel.
Les deux amis restèrent un quart d’heure encore puis Suika se leva.
- Moi, je vais rentrer ! Me demande si Reimu est revenue… fit-elle.
- C’est la deuxième fois que tu la mentionnes, je sais toujours pas de qui il s’agit, commenta l’Envie.
- Ben c’est la miko du Sanctaire Hakurei, répondit Suika comme s’il s’agissait d’une évidence.
- Celle qui garde la frontière ?
- Voilà. Tu savais pas ça ? s’étonna l’oni.
- Nan, je suis nouveau ici moi !
- Ah, oui, c’est vrai. Pense à y aller un jour ou l’autre !
La rouquine s’en alla sur ces bons mots, après avoir souhaité une bonne nuit au métamorphe.
Celui-ci, voyant que la nuit allait tomber dans très peu de temps alla chasser puis admira le coucher de soleil depuis l’un des futures chambres de sa maison.

Après deux heures à avoir collecté plusieurs plantes dans la forêt, Alice revenait enfin chez elle. Elle entra, déposa ce qu’elle avait ramassé puis, toujours son grimoire à la main, ressortit.
- C’est dangereux de sortir de chez soi seule en pleine forêt. On risque de faire de mauvaises rencontres, héla une voix masculine provenant du toit.
La magicienne se tourna et leva les yeux, apercevant Malbas, accroupi sur le bord.
- Mais parfois, c’est la mauvaise rencontre qui vient à nous, continua le tueur avant de sauter à terre.
- Qui es-tu ? Que fais-tu là ? demanda la marionnettiste, prête à réagir en cas d’attaque.
- Moi ? Je suis bien des choses, demoiselle. Mon nom est Malbas Elric, surnommé de temps à autre le Dévoreur. Et si je suis là…
Il eut un rictus.
- C’est parce que j’ai faim !

Sans plus attendre, Malbas attaqua. Son bras droit se tendit et de son poing fermé jaillit une boule de feu qui fut facilement évitée.
- Tu veux un combat ? Tu vas être servi ! s’exclama Alice Margatroid.

D’un mouvement de bras, une ribambelle de poupées jaillirent. Identiques à celles qui avaient servi dans le village, elles se stoppèrent dans les airs et tirèrent de petits projectiles multicolores.
En réponse, Malbas frappa la terre du pied tout en levant les bras. Un mur de pierre jaillit devant lui, bloquant les multiples attaques. L’alchimiste tapa ses mains l’une contre l’autre et les posa contre sa protection rocheuse. La traditionnelle lumière bleue fit son apparition tandis que le mur s’ornait de piques qui s’agrandirent pour empaler toutes les poupées.
Malbas sauta, s’accrocha au sommer du mur puis se balança, passant au-dessus en faisant un salto. Il en profita pour bombarder son adversaire de boules de feu, lesquelles étaient soient évitées soit interceptées par des maronnettes.
- Crimson Sign « Holland Doll »

Après avoir prononcé le nom de sa spellcard, Alice lança une poupée en l’air. De celle-ci jaillirent quatre rayons rouges, ce qui formait une croix qui se mit à tourner, la marionnette étant le centre de la rotation.
Malbas n’avait pas touché terre qu’il se prit l’un des lasers, la spell ayant été déclenché au moment idéal pour le toucher. La blessure au ventre qui en résulta disparut toutefois rapidement, alors que l’alchimiste se relevait.
Il sauta pour éviter un autre laser, prit appui sur le mur et lança une boule d’énergie bleue tout en s’envoyant vers son ennemie. La poupée fut détruite par le projectile énergétique et Alice dû sauter sur le côté pour ne pas se prendre un coup de pied, Malbas l’ayant rejointe.
- War Command "Dolls of War"

Alors que le tueur s’avançait, la magicienne lança plusieurs poupées armées de lances qui se mirent à tourner sur elles-mêmes avec une lueur soit bleue soit violette.
Coincé entre elles, Malbas ne put qu’endurer la douleur que les multiples blessures infligées lui causaient.
Lorsque le groupe marionnettes disparut, le tueur tituba mais eut un rictus.
Bientôt.

Alors que la marionnettiste déployait des forces supplémentaires, Malbas fit un ample mouvement avec son bras droit tout en pivotant.
L’herbe environnante se dessécha aussitôt, l’eau qui était en elle étant extraite puis attirée par le membre en mouvement de Malbas. D’un geste, le maître des quatre éléments envoya l’eau qu’il avait collectée, lui donnant assez de vitesse pour qu’elle puisse couper les poupées. Une fois ceci fait, il fit revenir son bras droit vers lui, l’eau suivant ses mouvements, avant de la renvoyer sur Alice.
- Curse Sign "Hourai Doll"

La magicienne envoya plusieurs poupées, vêtues d'une robe rouge, qui se mirent en cercle devant elle avant de tirer chacune un rayon rouge tout en tournant rapidement.
L’eau s’évapora au contact des lasers qui échouèrent à toucher Malbas, ce dernier s’étant téléporté sur le côté dans une volée de flammes. Il effectua alors un mouvement diagonal avec ses bras, projetant une rafale de vent qui envoya la magicienne contre un arbre.
L’alchimiste leva alors la tête, distinguant la pleine lune.
La nuit était tombée.

Alice se releva puis brandit une nouvelle spellcard.
- Spy Sign "Seek…
Elle n’eut pas le temps de finir.
Ses bras se mirent à bouger violemment dans tous les sens, sans qu’elle puisse les contrôler.
- Hey mais qu’est-ce que…
Sans comprendre, elle percuta à nouveau l’arbre mais ne tomba pas, se retrouvant debout mais sans rien pouvoir faire. Son corps ne l’écoutait plus.

Malbas ne retint pas le rictus de joie qui s’était dessiné sur ses lèvres. Bras tendus, il les faisait bouger de diverses façons, comme lorsqu’il contrôlait l’eau. Alice suivait ses mouvements, se déplaçant comme un pantin à moitié désarticulé.
La marionnettiste devenue marionnette ne put étouffer un cri d’angoisse lorsqu’elle comprit ce qu’il se passait. Ses bras se rejoignirent brusquement dans son dos, comme si elle était attachée.
- A genoux, ordonna Malbas en baissant les bras, faisant plier les jambes de la magicienne qui releva la tête, les yeux emplis de haine.
Et de peur.

- Alors, Margatroid, qu’est-ce que ça fait de devenir une marionnette ? Ça te change, n’est-ce pas ? susurra Malbas.
- Espèce de…
Une douleur à la poitrine lui arracha un hurlement, l’empêchant de continuer.
- Il n’y a que lorsque la lune est pleine que je peux faire cela. Là où ma maîtrise de l’eau est la plus puissante. Calme-toi, tu ne peux rien faire face à ça. Tu n’es rien face à ma maîtrise du sang ! Je contrôle chacun de muscles, chacune de tes veines…
Malbas serra sa main droite, provoquant une forte douleur au niveau du cœur de la magicienne désormais incapable de bouger.
A genoux, elle ne pouvait que subir.
Avec violence, elle se baissa pour se retrouver allongée à plat ventre alors que le tueur s’avançait. Seul son bras gauche était tendu, l’autre était légèrement arqué, la main grande ouverte.
Sans hésitation, l’alchimiste posa son pied gauche sur le dos de sa proie, continuant l’humiliation jusqu’au bout. Puis il se baissa tout en approchant sa main droite grande ouverte du visage de la magicienne…

- Love Sign "Master Spark"

Un gigantesque laser arc-en-ciel percuta le Dévoreur alors qu’il était sur le point de commencer son oeuvre. Emporté par le torrent d’énergie, il percuta un des murs blancs de la maison d’Alice. Ce qui ne l'empêcha pas de se relever rapidement, ses brûlures ayant rapidement disparues.
Il vit ainsi une fille à l'accoutrement de sorcière en train d'aider Alice à se relever.
De rage, Malbas reprit brièvement le contrôle du corps de la marionnettiste et serra ses deux mains. Un craquement écoeurant se fit entendre avant qu'Alice ne s'effondre en gémissant.
- Alice, Alice ! Qu'est-ce que t'as ? paniqua Marisa.
- Mes… Mes jambes… J'ai mal… articula la magicienne dont les joues étaient trempées de larmes dues à la douleur.
- Même si tu t'en sors, tu ne pourras plus jamais marcher idiote ! hurla Malbas qui s'approchait.
- Toi… Qu'est-ce que tu lui as fait ! s'écria Marisa, la voix tremblante de colère.
- Juste broyé ses muscles et ses os en exerçant une pression suffisante avec son sang. Rien de bien sorcier mais au moins, elle ne risque pas de m'échapper, expliqua le Dévoreur avec autant de calme que s'il s'agissait d'une recette de cuisine.
Animée d'une rage folle, Marisa enfourcha son balai tout en énonçant :
- Comet "Blazing Star"

Elle fonça alors droit sur Malbas à une vitesse énorme. Enorme mais insuffisante puisque Malbas sauta, se téléporta pour l'éviter, réapparut dans les airs puis, alors qu'elle était près de la maison d'Alice et s'apprêtait à rebrousser chemin, tira un rayon transparent via son gant de métal.
Avec un craquement, le rayon fusa droit vers Marisa…

L'explosion creusa une brèche béante dans la maison blanche et bleue mais la fumée empêchait de voir ce qu'il en était de la sorcière. Ayant touché terre, Malbas attendait, les bras croisés.
- Ma… Marisa… murmura Alice dont la douleur n'expliquait pas à elle seule son visage crispé.
- J'espère qu'elle n'est pas en morceaux, j'ai faim, commenta le Dévoreur.

Heureusement pour tout le monde, la magicienne ordinaire était vivante et fit quelques pas en sortant par la brèche. Ses vêtements étaient en partie déchirés, et elle saignait un peu partout mais elle était encore en vie et son balai, qu'elle tenait à la main gauche, était intact.
De toute évidence, le rayon avait frappé le mur plutôt qu'elle.
- C'est pas finit, annonça-t-elle.
- J'espère bien, je commence à m'amuser, lança Malbas.

Une fois ces mots finis, le Dévoreur leva une jambe tout en pivotant, ce qui fit jaillir un roc du sol. Puis il donna un coup de poing dans le rocher qui fonça sur son ennemie, laquelle l'évita de justesse.
Elle contre-attaqua par un laser bleuté esquivé par un simple déplacement de côté. Elle voulut tenter autre-chose mais à son tour, elle perdit le contrôle de ses mouvements.
- Une fois par mois, autant en profiter non ? railla le maître du sang qui s'amusa à faire monter les mains de Marisa, qui avait été contrainte de lâcher son balai, au niveau de son cou.
Avec un ricanement des plus malsain, le Dévoreur entreprit de faire s'étrangler son ennemie avec ses propres mains, le but étant toutefois qu'elle soit incapable de combattre et non pas morte, ce qui l'empêcherait de dévorer son énergie vitale pour d'évidentes raisons. Alors que la sorcière commençait à suffoquer, une voix faible se fit entendre :
- Curse Sign "Shanghai Doll"

Alice venait d'utiliser une spellcard. Elle lança d'un mouvement lent une marionnette qui tira un rayon rouge lequel frappa Malbas dans le dos, lui faisant perdre le contrôle de la magicienne ordinaire qui s'effondra, tentant de reprendre son souffle.
Furibond, le Dévoreur se retourna et, renonçant visiblement à la dévorer, arma son bras gauche dans le but sans équivoque d'achever la magicienne vêtue de bleu.
- Star Sign "Dragon Meteor"

Un rayon arc-en-ciel venu des airs, plus précisément de là où Marisa avec sauté et tendait un objet octogonal, fondit sur Malbas, le plaquant au sol et lui causant plus de dégâts encore que le Master Spark précédent.
La sorcière profita du temps de répit occasionné par son attaque pour rejoindre Alice.
Les deux amies virent ensemble Malbas se relever, visiblement énervé.
- Bien, je vois. Si vous vouliez mourir ensemble, fallait le dire tout de suite ! s'exclama le Dévoreur qui fit jaillir un nouveau rocher du sol avant de l'envoyer sur ses adversaires.
Une marionnette entra en contact avec le roc, le réduisant en miettes dans l'explosion qu'elle provoqua.
- Marisa… Ton hakkero… prononça difficilement Alice.
- Quoi ? s'étonna la sorcière qui s'accroupit alors que Malbas s'approchait.
- Tend ton hakkero… Que je puisse… continua la marionnettiste qui se redressa avec ses bras, la douleur déformant ses traits.
Marisa eut un sourire.
- Je vois, c'est vrai, si nous voulons le vaincre…
Elle tendit son bras droit, son mini-réacteur hakkero pointé vers Malbas.
- Nous devons le faire ensemble ! s'exclama la sorcière alors qu'Alice saisissait également le petit objet.
Ce furent en même temps qu'elles énoncèrent :
- Magic Amity "Malice Cannon" !

Un cercle magique ambré garnit de runes apparut autour du hakkero avant qu'un laser orangé entouré d'un halo arc-en-ciel n'en jaillisse.
Il percuta le Dévoreur, prit de vitesse en plein ventre. Le rayon d'énergie emporta tout d'abord le tueur avant qu'une monumentale déflagration n'ait lieu, créant un cratère de sept mètres de diamètre d'où jaillissait une fumée noire.
Les deux magiciennes regardèrent avec anxiété le trou béant dans le sol et furent rassurées de ne voir aucune trace de leur adversaire.
Alice se laissa alors tomber dans l'inconscience, épuisée.
- T'inquiètes pas je… Je vais chercher Eirin, prévint Marisa avant d'enfourcher son balai pour foncer à toute allure vers la Forêt de Bambous des égarés.


Dans une petite maison de bois, un Dévoreur apparut dans une volée de flammes. Il poussa un juron et alluma une bougie en lançant une flammèche dessus.
Il n'avait pas pu satisfaire sa faim ce soir.
Avec rage, il donna un coup de poing dans le plancher. Quelle ne fut pas sa surprise de voir que sa main traversa le bois, révélant ainsi qu'il y avait une pièce en-dessous.
La journée n'était peut-être pas si mauvaise finalement…
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeMer 17 Aoû - 2:36

Chapitre 7 : Emissaire du Crépuscule


« Le pire moment dans une traque est celui où la proie parvient à s'échapper alors qu'on est sur le point de la tuer. »
Malbas Elric


Du sable.
Où que le regard de Réo se posait, il y avait du sable.
Une étendue de jaune et d’ocre qui paraissait infinie, balayée par une brise légère et néanmoins corrosive. De fines particules étaient transportées par le vent et attaquaient le métamorphe qui avançait, courbé, dans ce désert qu’un soleil sans doute matinal éclairait.
Des râles lointains se faisaient entendre.
Rauques, ils n’étaient pas sans rappeler ceux que Réo avait entendus dans des films d’horreurs.
Toutefois, plus il avançait, plus ces bruits gutturaux semblaient se rapprocher. Le polymorphe releva soudain la tête alors que les sons étaient soudains plus proches.
Alors qu’avant, tout était sable, un village se dressait désormais devant lui.
Entouré d’une muraille de bois, une imposante double porte de métal permettait l’accès.
Un frisson parcourut l’Envie lorsqu’il vit qua la porte était défoncée et que des brèches étaient visibles dans l’enceinte de fortune.
Et sur le sable, des cadavres.
Certains semblaient humains, d’autres étaient ceux d’êtres que Réo identifia comme étant des zombis.
De tous ces morts qu’il voyait, Réo ne connaissait personne mais pourtant, cette scène lui était familière.
Ce fut en relevant la tête qu’il le vit.
L’homme en rouge se tenait là, sa cape bercée par le vent et du sang maculant encore une fois la majeure partie de ses vêtements tout en gouttant.
Le dos tourné, il était accroupit sur un cadavre.
Réo le contourna légèrement et eut un haut-le-cœur.
Alors que les râles, qui venaient de l’intérieur du village se rapprochaient, le polymorphe identifia le corps.
A moitié dévorée, ses vêtements verts étant tachés de sang, Youmu reposait là, mâchoires ouvertes pour un hurlement silencieux.
L’homme en rouge ferma les paupières de la défunte puis se releva, le peu de visage que l’on pouvait voir étant inexpressif.
L’Envie remarqua alors que l’homme tenait une tête dans sa main droite. Là encore, la bouche était ouverte.
La tête d’un zombie.
Plusieurs des créatures sortirent soudain du village. L’homme en rouge se tourna vers Réo qui recula.
Il sourit, le *Ksh* caractéristique se faisant entendre puis tendit le bras gauche.
Vers les zombies.
Réo crut voir des sortes de fouets rouges jaillir du corps de l’homme pour déchiqueter littéralement les morts-vivants, réduisant leurs corps en charpies en moins d’une seconde.
Du… sang ?
Sans cesser de sourire, l’homme tendit son bras vers Réo…


Qui se réveilla brusquement.
(- Cauchemar ?), questionna Pride.
Réo confirma et narra son mauvais rêve de la nuit. L’Orgueil accueillit le récit avec perplexité et s’il avait pu, il aurait sans doute croisé les bras tout en baissant la tête, la mine sombre et préoccupée.
Toutefois, même dans l’esprit de Réo, il n’était qu’une ombre, une gigantesque masse noire parcourue d’yeux et de dents effilées.
(- Tes cauchemars deviennent glauques, envieux. Mais c’est vrai que ça parle à ma mémoire… Y’avait pas une histoire avec un truc semblable ?)
- Si, mais je ne m’en rappelle plus.
(- Mais si, c’est avec l’autre là… Avec la fille en rouge… Y’avait une histoire avec du métal aussi… Ah merde, je sais plus le nom ! Où c’est qu’on avait lu ça ?)
- Je sais plus. Et l’homme en rouge, j’ai l’impression de l’avoir déjà vu… Enfin, ce n’est pas important, je crois.
Tout en s’étirant, Réo apprécia le travail qu’il avait effectué avec Suika la veille.
En effet, la fenêtre de la chambre dans laquelle il se trouvait était comme neuve, ainsi que toutes les autres. De plus, la plupart des éléments en mauvais état de la maison étaient réparés.
Le peu qui restait pouvait être fait rapidement puis il faudrait meubler et régler divers détails. Tout cela rendait Réo plutôt joyeux, chose qui était assez rare.
(- T’es tout content juste parce que tu vas avoir ton propre chez-toi ? Et ben, il t’en faut peu. Gensokyo a mauvais effet sur toi, où est passé l’envieux désespéré qui en voulait à tout le monde ?)
- Disons que la perspective d’être totalement autonome et libre me ravit. Et nous avons tout un monde à découvrir, un monde qui m’a l’air des plus surprenants. Que demander de plus ?
(- Quelqu’un à manger, ton corps et des cookies au chocolat), répondit l’Orgueil, ce qui tira un soupir lassé à son contraire.

L’envieux décida de sortir et se dirigea à cet effet vers les escaliers, à gauche après avoir quitté la pièce vide.
Tout en descendant les marches, il s’entoura d’éclairs rouges et la lumière aux reflets écarlates fit son office.
Désormais vêtu d’une veste brune aux manches courtes surmontant un t-shirt noir ainsi qu’un pantalon gris très sombre veiné de vert, Réo sortit de sa demeure et pour une fois marcha dans la Forêt de la Magie sous forme humaine.

Il lui fallut une bonne heure pour sortir des bois. Il se léchait les doigts, couverts du sang qu’un animal qui avait eut le malheur de croiser sa route.
Cela ne l’empêchait pas d’avoir encore faim et il continua sa route, vers le Village Humain qui se dressait à environ trois kilomètres, Réo n’étant pas sortit face à sa destination.

Le polymorphe traversait tranquillement les étendues herbeuses qui le séparait du refuge des humains lorsque un grincement métallique se fit entendre.
Réo se stoppa net, à l’écoute.
Un autre grincement s’éleva, puis un autre, accompagné par des bruits de pas. De toute évidence, ce qui en était l’origine était une chose massive ou en tout cas lourde.
L’Envieux se tourna et fit face à ce qui approchait.

Haut d’un peu moins de quatre mètres, fait de métal gris, un golem de fer faisait désormais face au métamorphe. La créature avait l’apparence d’une armure démesurée, sa tête étant percée d’une visière en T d’où s’échappaient deux lueurs rouges en guise d’yeux.
Ses poings étaient fermés et Réo remarqua que des cercles remplis de formes diverses étaient tracés sur le dessus des mains, sur les avant-bras et les épaules.

(- Un golem d’acier, ou de fer, enfin de métal, super. Tu me le laisses ?), demanda Pride.
- Nan, il est à moi ! s’exclama Réo, excité à l’idée d’affronter réellement une créature qu’il n’avait jusque-là vue que dans les jeux.

Le golem frappa ses poings l’un contre l’autre puis donna un coup sur le sol. Le cercle alchimique présent sur le dessus de sa main, la gauche, s’illumina d’une lueur bleue tandis que le sol devant lui se muait en un pic qui s’agrandissait pour pouvoir atteindre le ventre de l’Envieux.
Celui-ci agrandit les doigts de sa main gauche, ceux-ci devenant de longues griffes noires, et trancha le produit de la transmutation d’un revers négligent.
(- Un golem capable d’alchimie ? C’est signé Malbas mais d’où le sort-il ?), s’étonna Pride.
- On verra ça plus tard, en attendant…
Réo sourit.
- Ce combat risque d’être intéressant !
(- Tu pourrais me le laisser, donne ton corps, Jealousy !)

Réo ignora l’Orgueil et fonça vers le golem, bras gauche tendu vers l’arrière et Lance Ultime déployée.
La créature frappa le sol de son poing gauche, créant un tapis de pointes de pierre à partir du sol qui s’étendait vers le polymorphe. Celui-ci sauta et balança son bras gauche en avant tout en allongeant ses griffes afin qu’elles transpercent la tête de son ennemi.
Ce fut toutefois le bras droit qu’elles touchèrent puisque le golem l’avait levé pour se protéger. Etrangement, la Lance cessa de s’allonger après être sortie du membre.
Réo toucha le sol et leva son bras gauche, arrachant des bouts de métal à la créature. Puis il rétracta ses griffes alors que le golem courrait vers lui.
Le monstre de métal envoya son poing droit fermé dans la direction du métamorphe, lui faisant décrire une trajectoire verticale. L’Envie évita l’attaque en effectuant une roue. Cette fois, ce furent les trois doigts de sa main droite qui s’allongèrent, ce qui permit à Réo de trancher la main droite du golem d’un simple revers alors que le membre continuait sa course vers le sol.
Le moignon toucha la terre, ce qui provoqua l’activation du cercle de transmutation présent derrière l’épaule gauche. Celui-ci s’illumina d’une lueur bleutée, la même lueur qui apparut au niveau du poignet droit.
Lorsque le golem releva son bras, un trou était présent au niveau du sol tendit que sa main droite était revenue, identique à celle qui gisait par terre.

- Je vois…
(- Bon, laisse faire le pro), tenta Pride

Le mastodonte d’acier tendit son bras gauche vers la droite, comme pour se protéger, et donna un coup de poing avec son bras droit. La main fraichement reformée passa sous le bras gauche, l’effleurant au passage, ce qui créa plusieurs étincelles.
Le cercle présent sur l’avant-bras droit s’illumina, l’étincelle s’amplifia et ce fut un torrent de feu qui fondit sur Réo.
Ce dernier recouvrit ses bras du Bouclier Ultime et se protégea en les croisant devant lui. Les flammes se heurtèrent aux membres recouverts de carbone et furent dissipées lorsque l’Envie écarta violemment ses bras, n’ayant subit aucun dommage.
Le golem l’avait toutefois rejoint et le métamorphe bondit afin d’éviter de se faire broyer la tête par un coup transversal, prit appui sur le bras de son adversaire et sauta à nouveau.
Le monstre de métal suivit les mouvements de l’Envieux, pivota, et le frappa au niveau du ventre alors qu’il était toujours dans les airs.
Propulsé au sol, Réo roula sur plusieurs mètres mais se releva rapidement en étant entouré d’éclairs rouges puisque son auto-régénération s’était mise en marche afin de ressouder ses deux côtes qui s’étaient cassées.
Déjà le golem était sur lui.

Le colosse tenta de toucher Réo à la tête par un coup de poing mais son attaque fut bloquée par le bras droit de l’Envieux, toujours recouvert de carbone.
Les deux adversaires restèrent un instant à tenter de faire ployer l’autre par la force.
(- La force de Sloth te permet de tenir, c’est bien mais ça ne suffira pas), commenta Pride.
Réo serra les mâchoires. Le golem était vraiment tenace et sa force rivalisait avec celle que le métamorphe tenait de l’être qui incarnait la Paresse dans l’un de ses mangas favoris.
Le cercle présent sur l’avant-bras gauche du golem s’illumina soudain. L’air présent autour de la zone de contact entre les deux adversaires se compressa à ce niveau puis se relâcha brusquement, créant une explosion qui sépara les deux combattants.
Ejecté en arrière, le polymorphe se trouvait désormais accroupit.
Il se releva sans mal et eut un rictus tout en faisant disparaître le Bouclier.
Ses yeux devenus violets aux pupilles verticales annonçaient le changement.
- C’est parti ! s’exclama Pride.
(- Pas de merci, non, rien, ingrat !), râla Réo.

L’Envie venait en effet de céder son corps à son colocataire spirituel, admettant ainsi qu’il avait besoin d’aide. Toutefois, l’ayant fait volontairement et son âme n’étant pas affaiblie, Réo pouvait reprendre le contrôle quand il le désirait.

Le golem se rua vers l’Orgueil et le frappa.
Tenta de le frapper.
Vif comme jamais, Pride plia les genoux, sa tête passant quelques centimètres sous le poing fermé du monstre métallique. D’une détente soudaine, l’Ombre sauta et décocha un coup de pied gauche, momentanément recouvert de carbone, dans la tête du golem qui recula de quelques pas alors que l’Orgueil faisait un salto arrière et retombait au sol.
Le monstre de métal n’abandonna pas et fonça sur l’Ombre qui jeta le haut de son corps en arrière pour esquiver un coup, bascula pour prendre appui sur ses mains et se propulsa dans les airs. Il passa au-dessus du golem et transforma son bras gauche, le rendant noir tout en troquant ses doigts pour des griffes métalliques grises.
Alors qu’il commençait à être attiré par la gravité, il planta ses mini-lames dans le dos du golem et se laissa glisser, les griffes étant presque aussi tranchantes que la Lance Ultime, réputée pour pouvoir quasiment tout trancher.
La descente de l’Orgueil traça cinq longues déchirures verticales dans le dos du colosse de métal. Une fois arrivé en bas, Pride sauta en arrière, s’éloignant pour observer son œuvre.

Il remarqua ainsi qu’une fine lueur bleue émanait de l’intérieur du ventre du golem. Plus tôt, il avait remarqué la même lueur au niveau de la tête, lorsqu’il avait frappé à cet endroit.

- Il l’a fait ! Il a trouvé le moyen de donner vie à un objet inanimé sans utiliser l’âme de quelqu’un ! Je parie que ça vient de Seishi, à tous les coups il a allié l’alchimie à la magie ! s’exclama Pride.

Lors de leur précédent et premier voyage, dans un autre monde que celui d’où Réo était originaire, Malbas avait déjà réussi à donner vie à des objets. Pour ce faire, il alliait une âme à une armure via un sceau de sang en utilisant l’alchimie. Toutefois, rien n’empêchait l’être ainsi crée de se rebeller, ce qu’avaient fait plusieurs prisonniers forcés de quitter leur corps.
Ayant contrôlé le corps de Réo pendant plusieurs semaines, Pride s’était alors joint à Malbas. Celui-ci lui avait alors confié son projet, utiliser ses pouvoirs de Dévoreur pour insuffler une partie de son âme dans une armure ou autre.
Jusqu’ici, ça avait été un échec.

Le golem se retourna et cogna à nouveau ses deux poings l’un contre l’autre, signe qu’il allait attaquer.
Cela ne manqua pas puisqu’il se rua vers l’Orgueil avec la ferme intention de le réduire en purée. Alors que son bras partait en direction du torse de son ennemi, il y eut un bruit métallique et le bras tomba à terre.
Pride, qui voulait se protéger avec son bras gauche, se figea tout comme le golem. Ce dernier se retourna, voyant un nouvel assaillant.

Ayant traversée le champ de bataille avec une vitesse impressionnante, Youmu se tenait immobile, bras tendus en arrière tout comme la lame de son katana qui reflétait les rayons du soleil.

- Bien joué ! lança Pride.
(- Elle arrive à trancher le bras d’une montagne d’acier avec un simple katana ?), commenta Réo.

Le monstre de métal tapa soudain le sol avec son bras restant. Le cercle présent derrière l’épaule gauche s’illumina et un trou se creusa autour du poing tandis que les blessures du golem se refermaient et que son bras réapparaissait.
Le mastodonte décida alors de changer d’adversaire et courut vers Youmu. Il n’avait pas fait trois mètres qu’une ombre garnie de dents effilées et de quatre yeux rouges aux pupilles verticales cisailla son bras droit à partir de l’épaule.
Le golem se retourna mais ne put rien faire puisque la jardinière fit de même avec l’autre bras, ayant rejoint le monstre de métal d’un bond spectaculaire.

Ayant visiblement décidé d’en finir, Pride fit jaillir les griffes noires de la Lance à sa main gauche et les plongea dans le ventre du golem au moment où Youmu sautait pour atteindre le dessus de la tête de son ennemi afin de plonger sa lame entre les deux lumières rouges servants d’yeux.
Inconsciemment ou non, elle détruisit le cristal bleu incrusté à l’arrière du casque au moment où Pride détruisait celui présent dans le ventre.

Les deux lueurs rouges disparurent tandis que le golem se mettait à chuter, sur l’Orgueil. Celui-ci se décomposa en eau et s’éloigna quelque peu.

Il reprit forme humaine, soupira… Et se retrouva avec la pointe d’un katana sur la gorge.
- Rends-lui son corps, ordonna Youmu d’une voix glaciale.
Pride resta immobile, surpris, puis laissa un sourire apparaître sur son visage. Il écarta la lame avec sa main gauche puis prit la parole d’une voix railleuse :
- Tu te trompes d’adversaire, Youmu Konpaku. Je te félicite toutefois, rares sont ceux qui comprennent de quoi il retourne.
- Tes yeux et cette aura maléfique qui s’échappe de toi suffisent à comprendre, tu es un esprit maléfique ! répondit la demi-fantôme.
- Et bien, tu me déçois. Je vais donc t’instruire un peu. Mon nom est Pride, je suis en quelque sorte la seconde âme qu’abrite ce corps. Réo en est le véritable propriétaire mais je n’en suis pas moins une partie de lui. Nous sommes les deux faces d’une même pièce ! expliqua l’Orgueil.
- Bon, admettons… Mais je t’ai à l’œil ! prévint Youmu.
L’Ombre éclata de rire tandis que la jeune fille rengainait sa lame.
- Tu t’es bien débrouillée contre le golem. Je suppose que tes lames sont spéciales pour pouvoir trancher du métal comme s’il s’agissait de beurre.
- Mes lames peuvent tout trancher, énonça la jardinière d’une voix sans émotion.
(- Même le Bouclier ? Ce serait dommage), lança Réo.
- Tiens, toujours là ? Tu ne reprends pas ton corps ? railla l’Orgueil.
(- Je suis de bonne humeur alors je te laisse faire, tant que tu ne fais pas de conneries)
- Oh, c’est trop d’honneur !
- Bon, que comptes-tu faire maintenant que tu occupes ce corps ? demanda Youmu, sortant Pride de son dialogue spirituel.
- Profiter, voyons ! Et toi, où te rends-tu ?
- Au Sanctuaire Hakurei, j’ai deux mots à dire à Reimu, annonça la demi-fantôme.
- Ah, je peux t’accompagner ?
Youmu resta un instant sans rien dire puis soupira.
- Comme tu veux.

Pride se transforma en condor noir teinté de rouge au niveau des ailes et du dos et suivit la jardinière qui s’envola.
(- Une chance qu'elle n'essaie pas de te tuer !), lança Réo.
- Une chance pour elle ! s'exclama l'Ombre.
(- Fais le moindre pas de travers et je te renvoie en mode spectateur), prévint l'Envie.
L'Orgueil se contenta de ricaner et poursuivit son chemin.

Les restes du golem restèrent donc à l'abandon.
Indifférent à ceux-ci, un homme marchait à leur gauche avec une canne. Il portait un long manteau blanc ouvert laissant transparaître une chemise fermée gris-clair. Son pantalon était également blanc, ainsi que ses gants et son chapeau. Ce dernier était posé sur une chevelure noire parcourue par ligne blanche en son milieu.
La canne était décorée d'un crâne d'argent en son sommet, sur lequel s'appuyait désormais l'homme qui s'était arrêté.
Ses deux mains étaient jointes sur le dessus de son appui et il fixait la direction du Sanctuaire Hakurei.
A moins que ce ne soient les deux qui se dirigeaient vers ledit lieu qui captaient son attention, malgré la distance.

- On approche, annonça sobrement Youmu.
Le condor qui l'accompagnait accueillit la nouvelle avec un piaillement, annonçant ainsi son impatience. Il baissa la tête et vit qu'ils survolaient un escalier de pierre.
Les voyageurs perdirent de l'altitude et se posèrent dans la cour, devant le temple.
Par réflexe, Pride observa les lieux.
Au bout de l'escalier se trouvait un portail rouge et Réo reconnut sans peine les lieux.
(- C'est de cet endroit que j'ai rêvé hier. Sauf qu'il n'y a pas l'homme en rouge et que tout est intact), annonça l'Envie.
- Et personne n'est mort, compléta l'Orgueil.

D'un pas décidé, Youmu se dirigea vers le temple. Elle atteignit rapidement l'entrée, contournant une caisse en bois qui reposait devant.
La jardinière appela alors Reimu puis, devant l'absence de réponse, tenta d'ouvrir la porte coulissante. Visiblement, elle était fermée, ce qui fit râler la demi-fantôme.
Mains dans les poches, Pride la rejoignit.

- Et bien, pourquoi tant d'excitation ? lança-t-il d'un ton railleur une fois à un mètre d'elle.
- Elle m'énerve ! s'exclama la fille aux cheveux argents.
L'Orgueil croisa les bras et esquissa un rictus moqueur.
- Tiens donc. La calme Youmu Konpaku pète une durite pour une porte fermée ? Dispute de couple ?
La remarque figea Youmu qui se tourna lentement vers Pride, lequel arborait toujours son rictus. Il était évident qu'il se fichait d'elle, sans doute fusse cela qui poussa la jardinière à dégainer sa plus longue lame, lui faisant décrire un arc de cercle qui aurait pu éventrer l'Orgueilleux.
Toutefois, celui-ci s'était jeté en arrière, sans se départir de son attitude moqueuse.
- Tu n'y es pas du tout, et tu le sais ! s'exclama la jardinière, pointant sa lame vers l'Ombre.
- Ah bon ? Je me trompe ? ironisa Pride.
- Arrête de te moquer de moi ! s'énerva la demi-fantôme, causant un fou-rire à son interlocuteur.
Ce fut une fois celui-ci passé que le maître des ombres reprit la parole :
- Bien, alors dans ce cas explique ce que signifie toute cette… Situation.
Youmu rengaina sa lame.
- Bien, alors écoute Réo…
- Pride.
Elle soupira.
- Si tu n'avais pas la même apparence que Réo, ce serait plus simple. Alors, Pride, je suppose que tu te souviens de ce que j'ai dis avant-hier ?
- Si tu fais référence au coup des fantômes qui ne devraient pas être là et qui servent à rafraîchir, alors oui, répondit l'intéressé.
- Voilà, c'est ça. La prêtresse Hakurei a capturé plusieurs fantômes et ce malgré ce que je lui ai demandé à ce sujet. Mais comme on ne m'écoute jamais…
Cette fois, la voix de Youmu s'était teintée de tristesse.
- J'ai beau lui dire chaque année de ne pas s'amuser avec les fantômes, comme à tous les autres mais… Ils s'en moquent !

Des larmes commençaient à perler, aussi les essuya-t-elle d'un revers de main. Elle sentit alors la main de Pride sur son épaule, ce qui lui fit relever la tête.
L'Orgueil était passé derrière elle et se tenait désormais devant la porte verrouillée du sanctuaire.
- Tout ce que tu veux, c'est libérer les fantômes ? Bien… fit-il.
- Oui mais… Reimu n'est pas là… réagit Youmu.
L'Ombre se retourna et lui sourit allègrement.
- Et alors ?

Pride n'attendit pas plus longtemps. Les doigts de sa main gauche s'allongèrent, devenant les longues griffes noires capables de trancher presque n'importe quoi. D'un geste, il trancha la porte qui tomba en morceaux devant une Youmu abasourdie.
- Je déteste ceux qui ne font pas ce qu'on leur dit. D'autant plus que ça n'a pas l'air d'être la première fois… Elle n'avait qu'à t'écouter ! se justifia l'Orgueil.
Rétractant la Lance Ultime, l'Ombre s'avança, ignorant superbement les débris de porte qu'il écrasait.

Le temple était composé de trois pièces, la centrale étant de loin la plus grande. C'est dans celle-ci que menait la porte qu'avait détruite Pride.
D'un rapide coup d'œil, il repéra quatre fantômes, virevoltant autour de bâtons de bois ornés de sceaux. Trois autres spectres se trouvaient dans des petits pots sur lesquels étaient collés d'autres sceaux de papiers.
Une agréable fraîcheur régnait dans cet endroit, ce qui tranchait avec l'extérieur où la température était plus élevée.
L'ombre de Pride se fit soudain plus intense, plus noire, semblant gagner en intensité jusqu'à devenir presque solide. Elle s'étendit légèrement, se garnissant d'œils tandis que des sourires formés par des dents pointues surgissaient.
Puis brusquement, sept lames de noirceur jaillirent de l'ombre principale. Extensions de cette dernière étant également garnies d'œils et de dents, les ombres détruisirent les récipients de verres et les bâtons répartis dans la pièce.
Les fantômes purent ainsi se mouvoir librement. Enfin, pendant un temps limité puisque Youmu avait dégainé son katana et tenait une spellcard qu'elle lança en l'air.
- Ghostly call "Last journey of the dead’s soul"

A nouveau, la lame se mit à briller d'une lueur violette tandis que les ectoplasmes se rassemblaient autour de la jardinière, qui rangea son arme.

Les deux quittèrent l'intérieur du sanctuaire sans un mot. Ils faisaient quelque pas dans la cour lorsqu'une voix les stoppa.
- Alors comme ça on casse le temple quand il est déserté ?
La voix provenait de derrière eux et les fit se retourner. Leurs yeux s'écarquillèrent.
Alors qu'une minute avant il n'y avait personne, une femme les contemplait, bras croisés.

Elle portait une longue robe bleue et blanche décorée de dessins jaunes représentant soleil, étoile et croissant de lune. Elle avait également une cape bleue accrochée au niveau de son cou par un ruban jaune et une veste bleue également. Ses longs cheveux verts, de la même couleur que ses yeux, étaient surmontés d'une coiffe de magicien pointue, également bleue et ornée d'un soleil jaune.
Sa main gauche tenait un long sceptre dont le bout était un croissant de lune doré.
Quant à ses jambes, elles étaient tout simplement absentes, remplacées par une queue de fantôme, ce qui faisait que la femme lévitait dans les airs.

- Qui êtes-vous ? demanda Youmu.
Au vu de la question, Pride put conclure sans attendre que ce n'était pas Reimu.
- Moi ? Mon nom est Mima. Pourquoi avoir cassé la porte ? demanda la femme.
- Parce qu'une certaine prêtresse était absente et n'écoute pas ce qu'on lui dit, lança Pride.
Mima le dévisagea avec curiosité.
- Reimu est à l'Eientei. Marisa est venue la chercher, il y a environ deux heures. Alice Margatroid est blessée suite à une attaque d'un être très dangereux. Cela ne me dit pas ce que vous faites ici, et encore moins qui vous êtes, énonça Mima.
- Alice ? Elle va bien ? s'inquiéta Youmu.
- De ce que je sais, elle a bien faillit perdre l'usage de ses jambes. Toutefois, Eirin Yagoroko aurait annoncé pouvoir la soigner. Elle va devoir rester à l'Eientei pendant plusieurs jours. C'est en tout cas ce que Marisa a dit. Alors, vos identités ?
- Youmu Konpaku, jardinière du Royaume des Morts, annonça celle-ci en s'inclinant.
Pride ne répondit pas de suite, analysant les informations données par la nouvelle venue.
(- Je parie que c'est Malbas ! Si c'est le cas, c'est l'une des rares à avoir survécu à un combat direct contre lui…), remarqua Réo.
- Et toi ? L'aura que tu dégages est pour la moins singulière, plusieurs êtres seraient donc en toi. J'entends presque leurs cris d'agonis s'allier à ton aura maléfique, voilà bien un curieux mystère ! énonça Mima.
Pride fronça les sourcils tandis que Youmu lui jetait un regard surprit.
- Plusieurs êtres… En toi ? Qu'est-ce que ça signifie ? réagit la demi-fantôme.
L'Orgueil esquissa un rictus.
- Inutile de se cacher plus longtemps, le peu de respectabilité que j'avais vient de disparaître suite à votre révélation. Qui suis-je ? Je suis l'ombre de vos cœurs, la noirceur de vos âmes. Je suis la part de vous-même que vous refusez d'admette, les ténèbres qui se nichent au fond de vos êtres. Qui suis-je ? Je suis Pride, incarnation de l'Orgueil et ombre d'un être incarnant les autres pêchés mais dont l'Envie est prédominante. Quant aux êtres en moins, ce ne sont rien de plus que les âmes de ceux qui ont eus l'honneur d'être dévorés par mes ombres. Elles me servent de source d'énergie afin d'alimenter mon pouvoir d'auto-régénération qui m'assure de ne pas mourir.

Le silence s'installa pendant quelques secondes. Il fut coupé par le rire de Mima.
- Et bien, voilà quelque chose d'intéressant ! s'exclama-t-elle.
Elle brandit son sceptre vers l'Ombre.
- Voyons ce que tu vaux ! lança-t-elle.
Pride ne prêta pas attention à la parole de Mima et se tourna vers Youmu. Celle-ci se tenait immobile et ne savait plus du tout quoi penser.
- A mon avis, tu ferais mieux de t'éloigner. Les environs vont devenir légèrement chauds, si tu vois ce que je veux dire, conseilla l'Orgueil.
Toujours entourée des fantômes en plus de sa propre moitié fantomatique, Youmu opina.
- Tu as raison… Euh Réo ?
- Pride.
- Oui pardon. Pride. Je… Euh… Merci, fit la jardinière en s'inclinant.
Elle s'envola de suite, laissant l'Orgueil face à face avec Mima.

- Pour un être dont l'aura est si maléfique, je te trouve bien gentillet avec cette fille, railla la femme aux cheveux verts.
Sans répondre, Pride déploya ses ombres, indiquant qu'il était prêt.
- Je suis curieuse de voir ce dont tu es capable face à un esprit…

Ce fut sur ces mots que Mima attaqua. Elle décrivit un arc de cercle horizontal avec son sceptre, ce qui eut pour effet d'envoyer une vingtaine de flèches énergétiques vertes vers l'Orgueil.
(- On dirait les projectiles de Marisa), commenta Réo.
- Ferme-la, nom d'un acacia ! s'exclama intérieurement l'Ombre.

Plusieurs bras de noirceur jaillirent de l'endroit d'où se trouvait Pride et percutèrent les projectiles, les détruisant au passage. Les ombres continuèrent de se diriger vers Mima qui prit de l'altitude pour les éviter.
Elle se déplaça vers Pride et leva son bâton. Une boule d'énergie sombre entourée de petits éclairs blancs apparut au creux du croissant de lune puis fut propulsée vers l'Ombre.
L'Orgueil sauta sur le côté et alors que la boule explosait au sol, créant un petit cratère, envoya ses ombres tenter de blesser son adversaire. Sous leur traditionnelle forme de lames ornée d'oeils et de sourires formés de dents acérées, elles foncèrent vers Mima qui slaloma entre elles et tourna sur elle-même, propulsant une nouvelle salve de flèches vertes.

Renonçant à ne se baser que sur son contrôle des ombres, Pride prit sa forme de condor et s'envola, passant entre plusieurs projectiles.
Il passa dans le dos de son ennemie, reprit forme humaine et donna un coup de poing, renforcé par le Bouclier Ultime.
Mima se retourna à temps et dévia l'assaut avec son sceptre malgré la puissance du coup. Elle donna par la suite un coup au ventre en utilisant l'extrémité basse de son bâton puis profita que Pride se pliait en deux pour le faire se crasher au sol en frappant verticalement.

Avec rage, l'Orgueil se releva. Il se courba légèrement, s'entourant d'éclairs rouges afin de créer deux grandes ailes de chauve-souris dans son dos. D'un bond, il se propulsa dans les airs et transforma son avant-bras droit en une lourde lame retenue au reste du bras par des filaments noirs et recouverte d'une étrange matière noire qui semblait organique.
Il s'agissait de la même lame que Réo avait utilisé contre Aya Shameimaru plusieurs jours plus tôt, tout comme les griffes utilisées contre le golem.
Equipé de sa lame lourde comme il l'appelait, Pride fonça vers Mima qui l'accueillit par une volée de boules d'énergie semblables à la précédente.
L'une d'entre-elles toucha une des ailes de l'Orgueil qui grogna de douleur bien que la blessure disparut très vite. Il atteignit Mima qui para le coup de lame avec son sceptre.
Elle s'éloigna rapidement et tendit son bâton.
Un cercle magique mauve composé de plusieurs symboles géométriques et de runes apparut au niveau du croissant. Un laser violet en jaillit et percuta Pride, trop lent en vol pour esquiver une attaque si rapide.
Alors qu'il chutait vers le sol, entouré d'éclairs rouges, Mima continua en créant deux longs projectiles d'énergie mauves à ses côtés et les envoya d'un geste de bâton vers son adversaire qui se les prit de plein fouet.
L'impact créa une explosion qui propulsa l'Orgueil au sol.

Ses ailes disparurent alors qu'il se relevait difficilement. Mima avait rejoint le sol et l'observait attentivement à l'autre bout de la cour.
- Il est temps que tu comprennes la différence de puissance entre nous deux, annonça-t-elle.

Elle tendit son sceptre vers le ciel.
Un nouveau cercle magique se forma, derrière elle cette fois ci. Celui-ci était bien plus complexe que le précédent et aussi plus sombre.
Pride eut soudain l'impression que des nuages se mettaient à masquer le soleil alors que d'immenses ailes d'ombre apparurent derrière Mima. Les ailes semblèrent battre deux fois puis se fondirent en une grande ombre qui prit la place du cercle.
A ce moment, la luminosité était celle de la fin d'un crépuscule au niveau de Pride tandis que la nuit était tombée derrière Mima qui tenait toujours son sceptre levé vers le ciel.
Par réflexe, Pride se recouvrit du Bouclier Ultime, excepté la tête.
Ce fut lorsque toute la lumière des environs sembla avoir disparu que Mima énonça tout en tendant son sceptre vers son adversaire :
- Complete Darkness "Twilight Spark" !

Un immense rayon jaune et noir entouré d'éclairs jaillit, si puissant que la terre parût en trembler.
Au contact du laser, le Bouclier fut instantanément désintégré, impuissant à arrêter une telle déferlante d'énergie. Une colossale explosion eut lieu, balayant tout dans un périmètre de plusieurs dizaines de mètres.
Alors que le laser disparaissait, la lumière sembla revenir.

Les volutes de fumée résultant de la déflagration mirent un peu de temps à disparaître. Une fois que ce fut fait, ils révélèrent Pride, debout mais immobile.
Malgré le temps, des éclairs rouges crépitaient encore parfois autour de lui et des traces de brûlure étaient visibles.
Il respirait à grandes goulées, comme étant essoufflé.
L'Orgueil tenta de faire quelque pas mais il s'effondra, se rattrapant de justesse avec les bras pour ne pas s'exploser contre le sol. Lentement, il se releva, manquant de tomber à nouveau.
Il fit alors appel à son pouvoir et leva une masse noire de son ombre, lui permettant de s'asseoir.
- J'ai… Perdu… admit-il d'une voix faible, la tête basse.

Il la releva lorsqu'il vit que Mima l'avait rejoint, un sourire compatissant aux lèvres.
- En effet. Il fallait t'y attendre. J'admets toutefois y être aller un peu fort.
La remarque tira un sourire à l'Orgueil.
- Heureusement que ce n'est qu'un peu… railla-t-il.
Mima eut un léger rire.
- Quoi qu'il en soit, tu as du potentiel. Ta régénération est un véritable atout. Ce qu'il faudrait, c'est t'entraîner, que tu puisses utiliser des spellcards. Tu as mangé une youkai, tu devrais donc en être capable. Tout comme voler, affirma l'esprit.
- Vous pensez que je peux utiliser la magie ?
- Pas tout seul. Il te faudrait un professeur… Inutile de me regarder ainsi, j'ai déjà eu une élève et ça suffit ! s'exclama Mima.
- Je vois, je sais comment m'occuper désormais, remarqua Pride qui soupira.
Mima se tourna vers le temple qui avait échappé aux dommages collatéraux.
- Au moins il est intact. Enfin presque. Pourquoi avoir détruit la porte ? demanda la femme aux cheveux verts.
- Parce que cette Reimu retenait des fantômes pour rafraîchir l'intérieur. Du coup, on les a récupérés, expliqua l'Ombre.
- Je vois. C'est vrai qu'elle n'en fait qu'à sa tête, mais au moins, elle règle les incidents avec beaucoup d'efficacité. Pour une humaine.
- Ça, je m'en moque.
Mima éclata de rire.
- Bien, bien, tout ça pour des fantômes ? Ou c'est parce que Youmu te l'a demandé ?
Pride ne répondit pas, trop affecté par le combat pour s'énerver.
- Intéressant. Bon, il est temps de nous séparer. Trouve un professeur, entraîne-toi et nous combattrons à nouveau. Tu auras intérêt à avoir pas mal progressé si tu veux ta revanche ! A la prochaine !

Ce fut sur ses mots que Mima s'éloigna, retournant au temple. Elle réfléchit un instant en voyant la porte puis haussa les épaules avant de disparaître dans une légère fumée.

Pride se releva difficilement et se tourna vers les escaliers.
- Envieux, reprend ton corps. J'en peux plus, lança Pride.
Une seconde plus tard, les yeux du polymorphe étaient bleus et il s'étirait tandis que ses traces de brûlures disparaissaient.
- Et bien, ce Twilight Spark était bien plus puissant que le Master Spark de Marisa. S'en est presque effrayant… commenta Réo.
Bien que son corps soit enfin comme neuf, suite entre-autre au changement d'âme, l'Envieux se sentait courbaturé. Il décida d'aller se reposer chez lui et se transforma en aigle noir.

Il n'atterrit toutefois pas directement chez-lui mais chassa un peu avant. Puis il se dirigea tranquillement vers sa maison.
Après quelques minutes de marche, il rencontra un homme.

Vêtu de blanc, il s'appuyait sur une canne avec sa main gauche et portait un chapeau blanc également.
L'homme semblait l'attendre.

- Salutations, très cher, fit-il en s'inclinant tout en enlevant son chapeau pour le mettre au niveau du ventre.
- On se connaît ? demanda Réo, méfiant.
- Oui et non. Disons que je sais pas mal de choses sur vous mais l'inverse est faux, répondit l'homme en remettant son chapeau sur sa tête.
- Que voulez-vous dire ? Qui êtes-vous ? Que savez-vous ? commença à s'impatienter l'Envie.
- Oh, du calme voyons ! Je sais tout de vous. Ce que vous avez fait.
Les yeux de Réo s'écarquillèrent.
- Appelez-moi, l'Emissaire ou le Voyageur. Je préfère le Voyageur, annonça l'homme.
Lentement, les doigts de la main gauche de Réo devinrent les longues griffes noires.
- Emissaire de qui ? s'enquit le métamorphe.
- Vous avez sans doute deviné. J'ai un message de Sa part à transmettre. "L'heure approche, bientôt il faudra payer le prix".
A ces mots, le sang de Réo ne fit qu'un tour.
Avec rage, il agrandit ses griffes, voulant qu'elles transpercent le cœur de l'homme.

Celui-ci lança une carte. Elle stoppa les griffes qui s'étendaient telles des lances, émettant une lumière bleue-clair qui s'étendait sous forme de cercle. Puis elle repartit vers le Voyageur qui la rattrapa au vol.
Réo se figea de stupéfaction.
La Lance Ultime, capable de trancher un tank comme s'il s'agissait de papier, arrêtée par une carte ?
- Pas n'importe quelle carte, le Joker ! annonça l'Emissaire en la montrant.
Il la fit tourner sa carte entre ses doigts puis la rangea dans une poche intérieure de son grand manteau blanc.

La raillerie tira Réo de son état et le fit foncer vers le Voyageur, lequel sauta en arrière afin de gagner un peu de temps.
- Et bien, le message vous fait perdre la tête. Il faut d'urgence que je vous calme ! fit-il.
Il sortit une nouvelle carte et la lança devant lui.
Ayant des bords beiges, un monstre était dessiné dessus. La carte se stabilisa devant le Voyageur qui tendit son bras droit, main ouverte juste derrière la carte.
- White Dragon "Burst Stream of Destruction".

L'espace d'un instant, un dragon blanc dont les yeux étaient bleus sembla apparaître en lieu et place du Voyageur. La tête du monstre se trouvait derrière la carte, là où était la main ouverte de l'Emissaire. Le dragon avait la gueule ouverte et dans un rugissement, tira un laser bleu-clair entouré d'éclairs.
Juste après, le dragon disparut, le tir venant simplement de la carte.

La vision fugace troubla Réo qui se prit le laser de plein fouet. Il se fit éjecté sur plusieurs mètres.
Lorsqu'il se releva, le Voyageur tenait une montre à gousset dorée en main.
- Navré très cher, mais je dois me retirer. Au plaisir !
Il rangea la montre dans une poche et s'éloigna en marchant, utilisant sa canne bien que n'en ayant aucun besoin.
- Attendez ! hurla Réo.
Rien n'y fit et il perdit le Voyageur de vue, ce qui lui fit pousser un juron.

Ce fut de mauvaise humeur qu'il rentra chez lui. Il monta alors dans une chambre et se mit à une fenêtre.
Puis il poussa un soupire.
(- Quelle journée), lança Pride.
- Tu l'as dit. Tu te sens mieux ?
(- Un peu, oui. En tout cas, nous avons beaucoup à faire, entre la maison, trouver un professeur, s'entraîner, en apprendre plus sur ce monde…)
- En effet…
(- Et il faut que je me trouve une apparence)
Ils restèrent un instant sans rien dire.
- Au moins, on a rendu service à Youmu. Cette histoire de fantôme, ça a l'air de pas mal l'affecter.
(- Elle est elle-même un fantôme, du moins à moitié. C'est logique que ça la révolte. Et puis, vu le soutien énorme qu'elle a…)
- C'est bien la première fois que tu t'inquiètes pour quelqu'un ! s'exclama l'Envie.
(- D'où je m'inquiète ? Je dis juste que la façon dont elle est traitée est injuste…) se défendit Pride.
- C'est pareil ! Moi je dis que t'as un faible pour elle !
L'Orgueil soupira.
(- Pense ce que tu veux. Tes théories idiotes, je m'en passerai bien. Je t'avouerai toutefois qu'elle est bien la seule que je n'ai absolument aucune envie de manger)
Réo ricana mais n'ajouta rien.

Le message délivré par le Voyageur lui revint alors en tête.
"L'heure approche, bientôt il faudra payer le prix".
Réo serra les poings. Il savait ce qu'impliquait cette phrase.
Et ça ne lui plaisait pas du tout.


Sur une table ronde en bois, dans une pièce bien éclairée, quatre cartes sont disposées face cachée. Elles forment une croix et plus bas à gauche trône le tas d'où elles proviennent.
Assis sur une chaise, sa canne posée contre celle-ci et son chapeau accroché sur le dossier, le Voyageur remet sa montre à gousset dans son manteau.
Puis il regarde les cartes.
Il retourne d'abord la carte de gauche.
- L'Amoureux… Tiens donc, commente-t-il.
Puis il retourne celle de droite. Celle-ci représente une sorte de roue, toutefois la carte est à l'envers.
- La Roue de la Fortune, inversée. Quel malheur t'attend donc, Amoureux ?
Sans attendre, le Voyageur retourne la carte du haut.
Celle-ci représente un squelette tenant une faux, laquelle a sa lame en bas.
- Voilà qui est fâcheux…
Enfin, le Voyageur retourne la carte du bas.
- La Tempérance…
L'homme vêtu de blanc poussa un soupire et se jeta contre le dossier de sa chaise.
- Et bien, il semblerait que j'aie à nouveau du travail…
Cela ne sembla pas le contrarier puisqu'il rangea ses cartes avec le sourire, les mettant dans une poche intérieure de son manteau blanc.
Puis il se leva, attrapa son chapeau, le mit sur sa tête, prit sa canne et sortit de la salle.

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Jealousy
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L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Empty
MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 16:58

Chapitre 8 : Fleurs du Paradis


« Vous n’imaginez pas ce qu’un regard peut nous apprendre sur quelqu’un. Sentiments, émotions, passé, tout un être peut être dévoilé par les yeux.
Ce n’est pas pour rien que les yeux sont les fenêtres de l’âme… »

Jorgo Dil’ Tark

Brusquement, Réo passa de la position allongée à la position assise. Il respirait bruyamment et des gouttes de sueurs parcouraient son corps. Il essuya celles qui coulaient sur son front puis soupira, sa main gauche cachant une partie de son visage.
(- Tu crois que tu arriveras à te réveiller normalement un jour ?), railla Pride.
- La ferme…
(- Encore l’homme en rouge ?)
- Ouais. Cette fois, c’était dans un endroit que je connaît. Ma maison, dans mon monde. Tout était dévasté, la ville était en flammes… Des corps, des cadavres partout… Et sur les ruines de mon ancien foyer, l’homme en rouge, le tête de ma mère dans la main. Il a sourit puis hop, réveil, narra Réo.
(- Sympa, t’as vraiment des rêves originaux au moins)
- Tu parles…
L’Envieux se leva sans attendre et fit craquer sa nuque.
- Tu ne rêves jamais toi, hein ? demanda l’Envie à haute voix.
(- Je ne peux rêver que si je dors en étant en possession de ton corps, hors ce n’est jamais le cas. Donc non, je ne rêve pas. File ton corps), lança l’Ombre.

Lassé d’entendre cette inlassable requête, l’Envieux alla à la fenêtre. Voyant, la position du soleil dans le ciel, il conclut qu’il devait être aux alentours de midi.
Il avait tant dormit que ça ?
(- T’es l’Envie, pas la Paresse. Certes tu incarnes les sept pêchés capitaux mais l’Envie est celui qui domine. Au fait, je me suis trouvé une apparence), affirma l’Orgueil.
- Ah ? J’ai hâte de voir ça… La prochaine fois que tu auras mon corps ! réagit l’Envie, signifiant implicitement que ça n’allait pas être pour tout de suite.
(- Je pense que ce sera plus tôt que ce que tu crois, Jealousy)

Ce fut alors que l’on sembla toquer à la porte.
Bien qu’étant à l’étage, Réo entendit le bruit caractéristique et ne put s’empêcher d’arborer une expression de stupeur.
Il se précipita en dehors de la chambre vide où il s’était reposé et descendit les escaliers avant d’ouvrir la porte coulissante qui conduisait à l’extérieur, où à l’intérieur en fonction de là où on se trouvait.
Ce fut avec surprise que l’Envie découvrit Youmu, se tenant devant la maison.
- Euh, bonjour Réo, fit la jardinière.
(- Alors celle-là…)
- Bonjour Youmu, mais… Que fais-tu là ? Déjà, entre, lança l’Envieux en s’effaçant.
La demi-fantôme s’inclina respectueusement et entra. Elle repéra immédiatement la différence avec la première fois où elle était venue.
- Tu as commencé à rénover ? s’enquit-elle.
- En effet. Moi et Suika Ibuki avons mit la main à la pâte. Nous avons plutôt bien avancés mais il reste des choses à faire… répondit l’Envie en passant sa main dans les cheveux.
- Oh et bien on peut dire que c’est pour ça que je suis ici, annonça Youmu.
Réo ne parvint pas à cacher sa surprise, ce que devina la jardinière en voyant le regard qu’il posa sur elle.
- Oui, en fait c’est une idée de Dame Yuyuko, ma patronne. Lorsqu’elle a appris que tu m’avais donné un coup de main elle a proposé que je t’en donnes un aussi, expliqua la jeune fille.
- Hey, je ne suis en rien responsable de ce qui s’est passé au Sanctuaire. C’est Pride tout ça, réagit l’Envie.
(- Et j’en suis fier !), s’exclama l’Orgueil.
- Dans ce cas, c’est Pride que je dois aider, lança Youmu.
(- Ahahah, allez donne ton corps), triompha l’Ombre.
Réo ne put retenir un soupir, peu enclin à laisser le contrôle à Pride.
- Si je comprends bien, je dois laisser place à cet andouille. Ça tombe bien, il a apparemment choisit une apparence pour ne pas que certaines ne nous confondent, railla Réo.
Youmu lui lança un regard noir, la remarque lui étant particulièrement adressée puisque c’était elle qui, la veille, s’était plainte du fait que Pride avait la même apparence que Réo, ce qui prêtait à confusion.

Le polymorphe fut soudain entouré d’éclairs rouges et il changea de forme.
Désormais, il semblait légèrement plus âgé et était également un peu plus grand. Ses courts cheveux noirs étaient devenus de longs cheveux blancs, et ses vêtements étaient également différents.
Il portait une veste noire à manches longues, laquelle recouvrait un T-shirt rouge. Le bas de celle-ci était sous forme de grandes pointes, ce qui donnait l’impression qu’elle était déchirée. Son pantalon était également noir, tout comme ce qui devait être des hautes chaussures.
Contrairement à l’Envie, l’Orgueil possédait ses dix doigts.
Pride sourit allègrement à Youmu, laquelle frissonna lorsque le regard mauve de l’Orgueil se plongea dans le sien.

- Alors ? fit-il.
- Au moins, je ne risque pas de confondre, répondit Youmu d’un ton désintéressé.
- J’en ai une autre où les habits sont mieux mais il fait trop chaud. Tu devrais attendre ! affirma l’Ombre.
Youmu se contenta de hausser les épaules, ce qui exaspéra l’Orgueil.
(- Ahah, je pense pareil qu’elle !), railla Réo.
- Bon, en quoi puis-je t’être utile ? s’enquit la demi-fantôme.
L’Orgueil fronça les sourcils et mit sa main gauche sous son menton, faisant mine d’être dans une grande réflexion.
- Mmmmh, plusieurs choses. Mais le plus important serait d’avoir quelques meubles, même si la rénovation n’est pas terminée, énonça l’Ombre.
- Je vois. Allons au village humain, on trouvera ce qu’il faut, affirma Youmu.
Pride acquiesça et les deux s’envolèrent vers le village, l’un étant devenu un condor noir teinté de rouge.

Une fois leur destination atteinte, ils se mirent en quête d’une boutique leur permettant d’acheter se dont ils auraient besoin. Toutefois, ni l’un ni l’autre n’ayant mangé, ils firent une halte à un stand de yakitoris, mangeant devant le comptoir.
- Au fait, t’as beaucoup de boulot en tant que jardinière du Royaume des Morts ? s’enquit Pride après avoir finit sa première brochette.
- Oui. Le jardin d’Hakugyokurou est très grand et mon emploi me prends tout mon temps. Sans parler des autres tâches que je dois accomplir telles les courses ou éloigner les intrus… D’ailleurs, je suis également sensée donner des cours d’escrime à Dame Yuyuko mais elle n’en a jamais profité, expliqua la demi-fantôme.
L’Orgueil poussa un sifflement impressionné.
- Et ben. Un rythme pareil, je deviens fou au bout de trois minutes. Je dois avouer que c’est très impressionnant, admit Pride.
Youmu le remercia, peu habituée à ce que l’on reconnaisse la dureté de sa tâche.
- Mais si cette Yuyuko ne profite pas de tes leçons, ne pourrais-tu pas enseigner à quelqu’un d’autres ? demanda l’Ombre.
- Pourquoi, ça t’intéresse ?
- Assez oui, annonça l’Orgueil.
- Et bien… Je vais y réfléchir. Il faut que je trouve le temps…
- Ne t’en fait pas, rien ne presse. Puis, il me faut aussi apprendre à utiliser la magie, d’après Mima je devrais être capable de voler et d’utiliser des spellcards.
- Ah bon ? Pour ces points là, je suis navrée de ne pas pouvoir t’être d’une grande aide. D’ailleurs, toi et Mima vous êtes battus non ? Qui a gagné ?
Pride poussa un soupir de dépit et annonça d’une voix toute aussi dépitée sa défaite.

Les deux continuèrent de manger tout en discutant puis repartirent.
Il leur fallut quinze minutes supplémentaires pour entrer dans un magasin où ils pouvaient acheter des meubles.
Voulant avant tout dormir dans des conditions correctes, Pride insista pour acheter un lit. Par chance, lits et matelas étaient également en vente.
- Si tu veux acheter plusieurs choses aujourd’hui, on sera obligé de faire plusieurs aller-retour, prévint Youmu.
- Pas sûr. Je devrais pouvoir trouver une forme permettant de transporter des charges lourdes et encombrantes, rétorqua Pride.
(- Nous ne pouvons pas nous transformer en avion, je précise), railla l’Envie.
L’Orgueil leva les yeux au plafond et se tourna vers les matelas.
- Tu m’aides à choisir ? demanda-t-il à la jardinière.
Celle-ci le regarda d’un air surpris et fit les gros yeux lorsque l’Orgueil se jeta littéralement sur un des objets.
- Mouais, trop dur, jugea l’Ombre.
Youmu ne put retenir un rire et aida Pride à choisir, s’allongeant sur ceux que Pride ne testait pas.
- Hey, celui-là est pas mal ! lança l’Orgueil.
Il était allongé sur un matelas assez large pour permettre à deux personnes de dormir ensemble et venait de croiser ses bras derrière sa tête en fermant les yeux.
- Voyons-voir, dit Youmu.
Elle s’allongea à la gauche de l’Ombre et sembla apprécier.
- Parfait ! s’exclama-t-elle.
- Ça me donne envie de dormir, annonça Pride.
Youmu sourit et avoua qu’il avait raison.
Allongés côte-à-côte, ils firent sourire la vendeuse qui crut certainement avoir affaire à un couple.
Pride tourna sa tête vers la demi-fantôme. Son cœur rata un battement.
Elle était proche. Très proche. Et il n’avait jusque là pas fait attention mais elle était jolie... Vraiment jolie…
Allongée sur le dos, elle avait joint ses mains sur son ventre et fermé ses yeux. Sa moitié fantomatique se tenait hors du matelas, à sa gauche.
- Bordel, mais à quoi je pense moi ? Jeal’ déteint vraiment sur moi, c’est affolant ! Moi, l’Orgueil, penser à ce genre de niaiserie…
Hasard ou non, ce fut à ce moment que Youmu tourna sa tête puis plongea ses yeux bleus dans ceux violets aux pupilles verticales de Pride.
Ce dernier fut parcourut d’un frisson.
Ses yeux…
Pourquoi, à ce moment, il ne put s’empêcher de les trouver magnifiques ?
- Alors ? On prend celui-ci ? demanda la demi-fantôme, aussi troublée que lui.
Le regard de l’Ombre lui avait parut étrange… Il n’était pas moqueur ou ironique et l’aura maléfique qui caractérisait l’Orgueil s’était même atténuée fugacement…
- Euh, oui… Adjugé, acheté ! réagit Pride.
Il se leva puis fit mine d’être absorbé par la contemplation d’un oreiller.

Etant donné qu’elle avait reçut de l’argent « au cas où » de Yuyuko, ce fut Youmu qui paya les achats. Ceux-ci firent le bonheur de la vendeuse puisqu’ils se composaient d’un lit et matelas deux places, de couvertures, de deux oreillers ainsi qu’une table et quatre chaises.

Afin de transporter tout ce bric-à-braque, Pride prit la forme d’une sorte de gros dragon brun dont le cou était recouvert de pointes. Il étendit son ombres en une multitude de bras noirs qui s’enroulèrent autour des objets, aidant ainsi Youmu à charger sur le dos du monstre.
Les villageois s’étaient prudemment éloignés, ce qui amusa énormément l’Orgueil.
Une fois prêts, les deux compagnons s’envolèrent vers la Forêt de la Magie.

Après avoir déchargé, ils s’attelèrent à disposer les premiers meubles de la demeure.
Ce fut avec toute la joie et l’allégresse dont il était capable que le salon accueillit la table et les quatre chaises qui allaient avec.
Quant au lit, il trouva son nouveau foyer au sein de la chambre se trouvant en face lorsqu’on montait les escaliers. Une fois celui-ci fait, Pride ne put retenir une exclamation joyeuse.
- On va enfin pouvoir dormir correctement ! triompha-t-il.
Youmu ne répondit pas mais se contenta de sourire.

Elle avait encore un peu de temps devant elle et ce fut à aider aux rénovations qu’elle le consacra.
Ils travaillèrent une heure de plus puis elle retourna à Hakugyokurou, non sans recevoir remerciement et encouragements d’un Pride plus joyeux qu’à l’accoutumée.

- Bien, ça c’est fait ! s’exclama l’Ombre.
(- En effet, maintenant je reprends mon corps, tu en as bien assez profité comme ça…), réagit Réo, signant sa première phrase depuis le Village Humain.
Il fut parcourut d’éclairs rouges et reprit sa forme habituelle, vêtu de la même manière que la veille à l’exception prêt que le T-shirt se trouvant sous sa veste marron était désormais gris.

(- Profité ? J’ai bossé, MOI !), s’insurgea Pride.
- Comme si ça t’avait gêné…
(- Je ne veux même pas savoir quelles idées saugrenues te passent par ta tête malade), envoya l’Ombre.
Réo se contenta de sourire et s’étira.

Le soleil avait encore quelques heures disponibles avant de devoir aller se coucher, ce qui fit germer dans la tête de l’Envie le désir de visiter un peu plus Gensokyo. Il sortit donc de chez lui, prit sa traditionnelle forme d’aigle et s’envola.
Il choisit pour une fois d’aller dans la direction opposée à celle de la Montagne Youkai et admira le paysage, illuminé par le soleil estival.
La chaleur était au rendez-vous mais cela ne gênait pas outre-mesure le polymorphe qui préférait largement la chaleur au froid. De plus, sa course aérienne le rafraîchissait et il se laissa aller en faisant plusieurs cabrioles.

La trajectoire qu’il avait emprunté lui permit de survoler une colline qu’il remarqua être recouverte de fleurs. Pas n’importe lesquelles mais des tournesols.
Curieux, l’aigle se posa entre les fleurs du soleil et troqua sa forme de rapace contre son apparence humaine.
- Un champ de tournesols… Tout est normal… commenta l’Envie.
(- On devrait aller chercher un professeur plutôt que de s’extasier devant de bêtes fleurs), commenta Pride.
- Tu es désespérant.

Le polymorphe mit ses mains dans les poches de son pantalon et se mit à arpenter cette mer végétale. Il lui sembla plusieurs fois entendre des bruits de pas mais pendant un long moment, personne ne se montra.
Ironiquement, lorsqu’enfin Réo croisa une personne, celle-ci était immobile bien qu’elle regardait dans sa direction.

C’était une femme aux cheveux verts ondulés, lesquels étaient coupés au niveau des épaules. Ses yeux étaient rouges, autant que sa robe et gilet à carreaux, ce dernier étant sur une chemise blanche.
Elle tenait une ombrelle rose, laquelle était ouverte et la protégeait en partie soleil.

- Qui es-tu ? demanda-t-elle.
- Réo Ryu, un type qui se balade tranquillement, répondit l’intéressé. Et vous ?
- Yuuka Kazami. Ce n’est pas un lieu pour se promener, encore moins lorsqu’on est un humain sans défense, lança la femme.
Réo tiqua.
- Est-ce parce que vous êtes une youkai que vous pensez que je suis sans défense ? fit-il.
- Il suffit de te voir pour s’en convaincre. Maintenant file d’ici, tu me déranges, cracha la youkai.
(- Je ne sais pas toi mais cette bonne femme m’énerve. Je peux la manger ?), intervint Pride.
- J’ignore qui vous êtes et je n’en ai rien à faire. Mais je ne laisserai personne dire que je suis sans défense. Plus jamais ! réagit Réo qui s’était mit à trembler sous la rage.

Cette appellation d’être sans défense lui rappelait son ancienne vie. Une vie où il ne valait pas grand-chose, humain banal que ses pairs considéraient comme ne valant rien.
Et il s’était juré que cela ne se produirait plus.
Plus jamais.
- Et si je te prouve le contraire, youkai ? lâcha Réo d’une voix pleine de défis.

Yuuka se contenta de sourire, ce que Pride interpréta immédiatement. En fait, elle provoquait Réo afin de pouvoir se battre !
(- C’est pas bon…), prévint l’Orgueil.
L’Envieux s’entoura d’éclairs rouges tandis que son bras droit prenait sa forme de lame lourde.

Il se précipita vers Yuuka qui venait de fermer son ombrelle. Elle utilisa cette dernière pour bloquer l’assaut circulaire destiné à son cou, tranquillement. Elle repoussa la lame en partie recouverte d’une matière organique noire et donna un coup de coude gauche qui envoya l’Envie en arrière.
Le polymorphe ne se laissa pas impressionner et repartit à l’attaque d’un bond. Yuuka se baissa, la lame passant à quelques millimètres de ses cheveux verts. Réo ayant donné le coup en pivotant, il continua son mouvement et tenta d’éventrer son adversaire avec ses griffes métalliques nouvellement apparues qui remplaçaient ses cinq doigts de la main gauche.
Il fut toutefois interrompu par le contact violent entre son menton et le manche de l’ombrelle de la youkai.

- Tu ne peux rien face à la Youkai des fleurs ! lança la femme alors que son ennemi, envoyé en arrière, se relevait.
La femme fit un mouvement ample avec son bras gauche, celui ne tenant pas l’ombrelle, répandant des pétales jaunes devant elle.
Elle tenait également une carte qu’elle activa :
- Flower Sign "Petals of the Sun"

Les pétales que la youkai avait lancé restèrent alors statiques et se multiplièrent à vitesse folle. Puis ils devinrent rigides, leur bord étant aussi affûté qu'une lame de rasoir. Les projectiles fusèrent ensuite sur Réo qui se recouvrit du Bouclier Ultime.
Les pétales se cognèrent contre la peau de carbone comme autant de mouches contre une porte blindée.
Mais alors que le barrage de tirs jaunes disparaissait, Réo vit que Yuuka l'avait rejoint. Elle arma son poing gauche et l'envoya droit dans le torse du métamorphe tout en prononçant :
- Green Thistle "Unstoppable Thorns"

Le poing fermé de la youkai fut brièvement auréolé d'une aura verte et percuta son objectif.
Dans une explosion de lumière verte, Réo fut projeté en arrière, arrachant plusieurs tournesols au passage. Il fit plusieurs roulé-boulé et se releva avec quelques difficultés. Il baissa son regard et vit que le Bouclier était ébréché à l'endroit de l'impact, du sang s'échappant des fissures qui étaient visibles.
Quant à Yuuka, elle jeta un chardon vert qu'elle avait tenu dans sa main gauche, la fleur étant devenue inutile.

Sans attendre, la femme se rua vers Réo en volant. Celui-ci agrandit ses doigts gauche, faisant apparaître la Lance Ultime. Longues de deux mètres, les cinq griffes noires tentèrent de déchiqueter Yuuka en morceaux par un coup transversal.
Toutefois, ce fut un échec puisque la youkai s'éleva dans les airs et énonça :
- Blue Hemlock "Throbbing Pain"

Elle lança alors deux fleurs, deux ciguë aux pétales bleus. Les fleurs s'illuminèrent brièvement puis devinrent deux fouets bleutés bardés d'épines. Il s'allongèrent en direction du polymorphe qui les trancha avec sa Lance. Toutefois, de chaque bout qui résultait des multiples tranchages naissait un nouveau fouet qui faisait de même.
Au final, Réo ne put tous les repousser et il se fit rapidement enserrer par de véritables lianes qui augmentaient leur étreinte tout en tournant le long de leur proie.
Leurs pointes se mirent même à passer outre le Bouclier, ce qui arracha des grognement de douleur à l'Envie.
- Je vais t'exterminer mon petit, ce champ sera alors à nouveau tranquille, déclara Yuuka.

Entouré d'éclairs rouges, Réo ne put lâcher un juron comme il le souhaitait. Toutefois, il fut capable de se décomposer en eau.
Le liquide passa entre les végétaux puis se rassembla pour reprendre forme humaine. Les lianes disparurent alors.
- C'est pas finit ! lança l'Envieux.

Alors qu'elle retouchait terre, Yuuka se mit à ricaner.
- Si. Tu vas disparaître, maintenant, annonça-t-elle.
Elle brandit une nouvelle carte.
- Reflection "Double Spark" !

Dans un éclat de lumière, Yuuka se dédoubla. Les deux youkais identiques brandirent leur ombrelle désormais ouverte vers Réo. Puis, deux rayons bleus clair jaillirent, chacun venant d'une ombrelle.
Ils étaient semblables de par leur forme au Master Spark de Marisa mais étaient légèrement plus petit et la couleur différait.
Incapable de bouger, Réo se résolut à attendre le choc et ferma les yeux...

- Arcane dix "La Roue de la Fortune" ! cria une voix qui couvrit le bruit que faisait l'attaque de Yuuka.
Il y eut un grésillement puis un juron prononcé par la youkai des fleurs.
Ne voyant pas le choc tant redouté arriver, Réo rouvrit les yeux.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir le Voyageur, se tenant à sa droite mais légèrement devant lui. L'homme tenait sa canne de sa main gauche et s'appuyait dessus. Il arborait un sourire plein d'etrain et fixait Yuuka qui semblait fulminer, celle-ci n'étant au passage plus qu'une.
Derrière l'homme vêtu de blanc se trouvait un cercle orangé d'un rayon approximatif de deux mètres. Il était parcourut de deux grosses boules d'énergie bleues qui se déplaçaient le long du périmètre du cercle dans des trajectoire opposées, se croisant et se traversant parfois.
- Vous ! s'exclama Réo.
- Qui es-tu toi ! hurla Yuuka, en colère.

L'Emissaire ne se départit pas de son sourire et enleva son chapeau blanc, dévoilant sa chevelure noire parcourut d'une ligne blanche en son centre, tout en s'inclinant, mettant son couvre-chef au niveau de la poitrine.
- Je suis le Voyageur, enchanté de faire votre connaissance Maîtresse des Fleurs des Quatre Saisons.
Yuuka parut surprise d'entendre son titre prononcé par le Voyageur qui se redressa et remit son chapeau sur sa tête.
La femme aux cheveux verts ondulés ne se démonta toutefois pas.
- Ce gamin est à moi, si tu ne veux pas disparaître aussi je te conseille de déguerpir ! s'énerva-t-elle en faisant plusieurs pas vers Réo.
Le Voyageur prit alors une mine offusquée.
- Quel manque d'éducation ! Voilà qui devrait vous calmer, demoiselle !

L'homme leva sa canne et la tendit vers Yuuka, crâne argenté pointé vers la youkai des fleurs.
Aussitôt, le cercle orangé se mit à briller tout en devenant rouge et le Double Spark qui tournait dessus fut libéré. Les deux rayons d'énergie fusèrent... Vers Yuuka qui ne put esquiver et se protégea tant bien que mal avec son ombrelle.
Elle se prit donc sa propre attaque, ce qui créa une explosion autour de la femme.
- Quel infortune, commenta le Voyageur.

La fumée provoquée par la déflagration disparut, révélant une Yuuka enragée. Son ombrelle l'avait protégée presque totalement mais quelques blessure étaient toutefois visible.
- Je... Je vais vous tuer, TOUS LES DEUX ! s'écria-t-elle, hors d'elle.
- Une ravissante femme comme vous ne devrait pas se conduire ainsi, vraiment, fit le Voyageur alors que Yuuka sortait une nouvelle spellcard.
Ce qu'il fit également, sortant une carte d'une poche intérieure de son long manteau blanc.
- Je n'aime pas la violence... Arcane quatorze "La Tempérance" ! énonça le Voyageur en brandissant une carte de tarot au-dessus de sa tête.
- Dead Garden "Flower Apocalypse" ! lança Yuuka en même temps.

Elle et Réo écarquillèrent les yeux en voyant que rien ne se passait. Strictement rien.
- Mais, qu'est-ce que... fit la youkai.
- Il faut véritablement vous apprendre de quelle manière vous comporter. Une youkai comme vous devrait être douce et attentionnée, d'autant plus lorsqu'elle incarne les fleurs et a un si joli minois, fit le Voyageur qui s'appuyait sur sa canne avec ses deux mains gantées de blanc.

La remarque augmenta encore, si c'était possible, la rage de la youkai qui se rua sur le Voyageur. Celui-ci ne bougea pas du tout et ce même lorsque Yuuka le frappa à l'aide de son ombrelle fermée.
En fait le coup passa au travers du corps de l'homme sans causer le moindre dommage.
- La Tempérance empêche l'adversaire d'attaquer. C'est mon arcane favorite, pas vous ? énonça le Voyageur.
Sans prêter attention à la colère de Yuuka qui s'était éloignée, à la recherche d'un moyen pour contre-attaquer, l'homme vêtu de blanc se tourna vers Réo.
- Et bien, qu'attendez-vous pour fuir ? Que j'utilise tous mes tours ? Allez donc, vous avez du temps avant de devoir payer votre prix, profitez-en ! D'ailleurs, en ce qui concerne le professeur que vous cherchez, je vous conseille d'aller du côté du Lac Brumeux, fit le Voyageur.

La réplique sortit le métamorphe de sa torpeur. Il remercia l'homme vêtu de blanc et s'envola après s'être transformé en aigle.
A ce moment précis, Yuuka sentit un verrou disparaître et se prépara à contre-attaquer...
Le Voyageur, lui, regardait une montre à gousset dorée retenue par une chaîne à l'intérieur d'une des poches de son manteau.
- Navré, demoiselle, mais me voilà dans l'obligation de me retirer. Vous devriez sourire de temps en temps, vous n'en seriez que plus agréable à regarder. Au plaisir !
Il rangea sa montre dans la poche puis s'inclina avant de tourner les talons, laissant une youkai des fleurs éberluée.
- Je n'en ai pas finit ! hurla-t-elle.
Trop tard.
Le Voyageur avait déjà disparut...

Réo fila sans s'arrêter pendant un long moment et aterrit à quelques centaines de mètres des berges du Lac Brumeux, au pied de la Montagne Youkai.
Il reprit forme humaine et s'appuya contre un arbre alors que le soleil commençait à se coucher.
- Bordel mais... C'était quoi ce délire ? fit-il.
(- Une youkai surpuissante qui t'a mis une raclée avant de se faire elle-même avoir par un type étrange), résuma Pride.
- C'est à peu près ça... Mais bon sang... D'où il sort ce Voyageur ?
(- Pas la moindre idée. Mais de un, il sait des choses sur nous et de deux il a l'air d'être assez coriace... Il nous faut vraiment nous améliorer), énonça l'Orgueil.
Réo approuva puis fit quelque pas vers le lac.
- Le Voyageur nous a dit de venir ici. Pourtant, il n'y a pas l'ombre d'un professeur, c'est même désert, constata Réo.
(- Mais comment était-il au courant que nous cherchions un prof ? Enfin, il a raison, s'il te reste du temps avant...)
- Tais-toi ! Je ne veux pas y penser ! le coupa Réo.

Alors qu'il s'avançait vers l'étendue d'eau, le métamorphe fut interrompu par une voix féminine.
- Toi ! Tu es Réo Ryu n'est-ce pas ?
(- T'es une célébrité mon vieux), railla Pride.
Avec un soupir, Réo se tourna vers la direction d'où venait la voix.

Il découvrit une fille qui devait avoir à peu près le même âge que lui. Elle était vêtue d'une robe rouge et blanche, ses longues manches n'étant par ailleurs par rattachées à ses épaules, ce qui les laissaient découvertes. Ses cheveux noirs tombaient derrières ses épaules et une mèche tombait de chaque coté de son visage. Un gros ruban rouge était dans sa chevelure. Ses yeux noisette fixaient le métamorphe qui se mit sur ses gardes.
La fille tenait un bâton sur lequel étaient attachés plusieurs sceaux de papier en serpentins.

- Tu as de la chance, c'est effectivement moi. Et toi, tu es ? répondit l'Envieux.
- Reimu Hakurei. Je te cherchais, Marisa m'a parlé de toi... annonça la jeune fille.
(- Intéressant, je peux la dévorer ?J'la sens pas cette prêtresse), commenta l'Ombre.
- Tu dis ça à cause de l'histoire avec Youmu ? Puis c'est officiel, cette Reimu est celle dont l'homme en rouge tenait la tête la première fois que j'ai rêvé de lui... affirma l'Envie.
(- Rappelle-moi de remercier cet homme en rouge si on le croise...)
- Idiot !
- D'après Marisa, tu es un être maléfique. Il y quelque chose d'anormal en toi et je vais trouver ce que c'est ! D'autant plus si tu as quelque chose à voir avec ce Malbas qui a attaqué Alice ! Sans parler de ce que tu as fait à Aya ! s'exclama la prêtresse.
Réo ne put cacher un soupir.
- Je vois oui. De toute évidence, Kirisame a raconté des choses passionnantes, mais fausses. Et le corbeau, bah elle l'a mérité. Et tu comptes faire quoi ? Exterminer ma part maléfique ? Bon courage ! fit l'Envie.
(- Yay, tu me laisses faire ?)
- Nan, ça devrait être autre chose que contre Yuuka. J'aimerai finir la journée sur une note positive, déclara Réo.
- Je le ferai et trouverai la vérité, décréta la prêtresse.
(- Elle est sérieuse là ? Elle fait exorciste en plus de prêtresse ? Je peux la manger ?), réagit Pride.
Ce fut en ricanant que le polymorphe se mit en position.
- Tu tombes bien, je voulais me défouler un peu, affirma Réo qui ressentait à nouveau ce désir de faire couler le sang.

Reimu n'attendit pas plus longtemps et lança une volée d'amulettes rouges sur le métamorphe qui les évita en se jetant sur le côté.
Il se transforma en loup noir et courut vers la prêtresse qui s'envola et lançant un sceau orangé plus gros semblant fait d'énergie.
Le loup sauta par-dessus puis reprit forme humaine en touchant terre. Là, Réo fit apparaître ses ailes de chauve-souris et s'envola droit vers la prêtresse. Celle-ci s'éloigna en le bombardant de sceaux que le polymorphe tranchait en utilisant la Lance Ultime.
Elle sortit alors une carte qu'elle activa sans tarder :
- Spirit Sign "Fantasy Orb"

Plusieurs petites sphères d'énergie de diverses couleurs semblèrent sortir de son corps puis foncèrent vers l'Envieux qui volait vers son adversaire.
Il voulut les éviter en piquant au dernier moment mais les orbes suivirent son mouvement et le touchèrent sans problème.
Une légère explosion se produisit et Réo chuta vers le sol. Reimu n'en avait toutefois pas finit puisqu'elle le rejoignit et lui donna un coup avec son bâton, précipitant l'Envie au sol.

Toutefois, Réo se réceptionna sur les pieds et, faisant disparaître ses ailes, se prépara à recevoir Reimu.
Celle-ci fusait vers lui et activa une nouvelle spellcard :
- Divine Arts "Wind God Kick"

Elle se mit à donner des coups de pieds au polymorphe qui se protégeait avec ses bras. Chaque coup était entouré d'une aura orangée et Reimu les effectuait en sautant puis en tournant dans les airs avant de ré atterrir et de recommencer.
Au bout du cinquième, elle mit un peu plus de temps à donner l'attaque, pour la simple et bonne raison que celle-ci allait être plus puissante.
Alors que sa jambe droite fusait vers la mâchoire du métamorphe, celui-ci intercepta le membre avec son bras gauche, recouvert entièrement du Bouclier Ultime.
Avec un sourire, il fit quitter le sol à la prêtresse, la levant d'un bras sans sourciller, puis la fracassa sur le sol avant de la lancer plus loin.
Reimu fit quelque roulé-boulé mais se releva, les traits déformés par une évidente rage.

Réo ne la laissa pas contre-attaquer puisque il effectua une ruée très rapide dans sa direction, utilisant le pouvoir de la Paresse pour augmenter sa vitesse. De ce fait, Reimu ne le vit que lorsqu'il lançait son poing recouvert de carbone dans son ventre.
Par un réflexe salutaire, la fille se jeta en arrière, esquivant l'assaut, avant de sortir une nouvelle carte :
- Boundary "Expanding Boundary"

Plusieurs barrières électriques bleues se mirent à sortir de la prêtresse. Elles avaient une forme carrée et s'agrandissaient.
Prit par surprise, Réo ne put les esquiver. Il se recouvrit toutefois de son Bouclier, ce qui le protégea sans problème.
Les barrières lui avaient toutefois masquer la vue et il ne put rien lorsque Reimu lui lança un coup de poing en pleine face, le projetant au sol sur plusieurs mètres.
La jeune fille suivit la trajectoire du polymorphe qui s'était retrouvé allongé sur le dos.
Elle le rejoignit, se mit sur lui, arma son poing et le lança en direction du visage de son adversaire.
Elle se stoppa lorsqu'elle vit qu'elle était devant...
- Marisa ?

Cette dernière sourit et envoya son poing gauche dans la tempe de Reimu. Le prêtresse roula sur le sol, n'ayant put réagir.
La sorcière se releva, secoua son chapeau qui se trouvait dans sa main droite et le mit sur sa tête. Elle fixait Reimu qui se relevait, du sang coulant de sa tempe gauche.
- Vous, les humains, vous faites toujours avoir ! lança la blonde avec un sourire.
Puis elle fut entourée d'éclairs rouges et laissa place à un Réo hilare.
(- Là je reconnais l'Envie), commenta Pride.

Reimu fulminait, rageant de s'être faite avoir de cette façon. Elle sortit une nouvelle carte qu'elle brandit.
- Holy Relic "Yin-Yang Sanctification Jade"

La jeune fille tira une orbe bleue brillante aussi grande qu'elle. Le projectile était décoré du symbole yin-yang mais ce dernier était peu visible du fait de la constitution de la sphère. Celle-ci avança vers Réo et prit soudain de la vitesse, passant en une seconde d'une vitesse très lente à celle d'une voiture sur une autoroute.
Toutefois, l'orbe ne percuta pas le polymorphe et continua sa route. En effet, l'Envieux avait complètement disparut du champ de vision de la prêtresse.
Elle n'eut pas le temps de se demander où il était passé puisqu'une flaque d'eau s'éleva avant de prendre forme humaine, dévoilant le métamorphe.

Ce dernier transforma ses deux bras, les rendant noir tout en changeant ses doigts en des griffes métalliques. Il sauta alors vers la prêtresse qui lui lança une carte dessus.
- Divine Light "Truth beneath the Darkness"

La carte percuta le front du métamorphe dans un éclat de lumière rouge, le projetant en arrière. Lorsqu'il se releva, il avait changé de forme.
Et d'âme.

En effet, ce n'était plus Réo qui se tenait debout mais Pride. Ce dernier avait sa forme humaine, à la différence près que tous ses tatouages d'Ouroboros étaient visibles.
Que ce soit celui qui remplaçait sa pupille gauche, celui sur sa main gauche ou sa langue, tous étaient de sortie.
- Voilà donc ce à quoi tu ressembles vraiment, énonça Reimu.
La remarque fit éclater de rire Pride.
- Toutes les marques des péchés sont révélées certes mais je ne suis pas Réo. Mon nom est Pride, je suis son côté maléfique, sa part d'ombre et la seconde âme qui partage ce corps, en gros. Ton tour de passe-passe n'a pas révélé ce à quoi Réo ressemble vraiment, ce qu'il y a au fond de son cœur, mais m'a permis de sortir. Finalement, tu sais te rendre utile, railla l'Orgueil.
- Les marques des péchés... Cette aura noire... Tu es bien un être maléfique ! s'exclama Reimu.
Pride poussa un soupire lassé.
- Je commence à en avoir assez d'entendre toujours la même phrase. Le mal n'est qu'une question de point de vue, tout comme le bien. Tu n'imagines même pas à quel point notre âme est noire et pourtant tu nous considère déjà comme mauvais. Quelle célérité ! lança l'Ombre.
- Si votre âme est noire, ça me donne une raison de plus pour vous exterminer, conclut la prêtresse.
- Bien, bien. J'ai hâte de voir quel goût tu as, petite idiote qui n'écoute jamais ce qu'on lui dit. Au fait, tu as réparé la porte de ton temple ? susurra l'Orgueil.
La question sembla enrager la prêtresse.
- C'était toi ! Tu vas payer pour ça ! s'emporta la fille en rouge.
- Oh, mais c'est qu'elle s'énerverait... grinça Pride.
(- Et si tu cessais de la provoquer ?), réagit Réo.
- Je l'aime pas. Et c'est elle qui a commencé ! se justifia l'Orgueil.
Réo se contenta de soupirer.
(- Le truc c'est que sa réaction et même le fait qu'elle nous ait attaqué est amplement justifié...)
- M'en fiche, c'était aussi justifié pour sa porte !

L'ombre de Pride commença à s'étendre tout en gagnant en intensité, devenant palpable. Elle se garnit d'yeux et de sourires, ce qui fit frissonner Reimu.
Puis, l'ombre principale s'allongea en plusieurs lames, toujours bardées de dents et d'yeux, qui fusèrent en direction de la prêtresse.
Elle les évita en s'envolant mais d'autres bras de noirceur jaillirent de l'ombre de Pride et allèrent dans sa direction. Toutefois, la prêtresse restait insaisissable et slaloma entre les ombres.
Elle arrosa Pride d'amulettes rouges mais celui-ci les détruisit en remplaçant ses doigts par des griffes métalliques noires.
Ses mains étaient également noires mais le tatouage était toujours visible.

Sans qu'ils ne s'en rendent compte, le combat avait rapproché Pride et Reimu du lac.

Reimu évita un nouvel assaut des ombres et lança plusieurs sceaux orangés. L'Orgueil les évita en sautant en arrière, se trouvant désormais dos au lac, à quelques mètres seulement de l'eau.
L'étendue aquatique reflétait les rayons du soleil couchant, mais le spectacle ainsi offert ne fut observé par aucun des deux combattants.

(- On perd notre temps, sans spells on ne peut pas la battre), intervint Réo.
Pride ne l'écouta pas et lança à nouveau ses ombres contre la prêtresse, sans succès. Elle volait avec beaucoup trop d'adresse pour être touchée par les ombres qui venaient du sol.
La jeune fille sortit alors une nouvelle carte :
- Divine Spirit "Fantasy Seal"

Des orbes lumineuses de diverses couleurs sortirent de la prêtresse, tout comme lors de sa première spellcard. Toutefois, ces orbes étaient plus grosses et plus nombreuses.
Elles foncèrent vers l'Orgueil qui envoya ses ombres à leur rencontre.
Les deux premières orbes explosèrent contre les lames de noirceur. La lumière produite fut intense et causa la disparition des ombres, permettant le passage des autres projectiles.
Ce fut donc un Pride sans défense qui se prit les orbes de plein fouet dans une explosion qui souleva un nuage de poussière.

Sûre de sa victoire, Reimu s'avança vers l'endroit de l'impact. Elle écarta la fumée en agitant sa main droite et écarquilla les yeux.
Aucune trace de son adversaire.
Elle poussa un juron et regarda autour d'elle. L'aura maléfique qui caractérisait l'Orgueil avait également disparue.
- Allez, reviens ! hurla-t-elle, donnant un coup de pied dans l'eau.

L'onde de choc fut perçue par un poisson vert, semblable à une murène. Sa mâchoire garnie de dents pointues sembla se déformer en un sourire.
Ce fut donc tranquillement que l'Envie s'enfonça dans le lac, promettant intérieurement qu'une fois devenu plus fort, il prendrait sa revanche sur la prêtresse.
Redevenu spectateur, Pride confirma, arguant qu'il se ferait un plaisir de la dévorer, ce que Réo lui interdit.
Quoi qu'il en soit, ils continuèrent de nager pendant un moment...



Dernière édition par Jealousy le Ven 13 Jan - 21:04, édité 1 fois
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeMar 30 Aoû - 23:51

Chapitre 9 : Aux lueurs du couchant


" Les combats ont toujours fasciné les foules. Encore aujourd'hui, rien de tel que d'observer deux êtres se battant pour une cause quelconque.
Et plus le combat dure, mieux c'est !"

Klarach Kalirn

Les rayons orangés du soleil avaient pris une teinte rougeoyante alors que l'astre basculait à l'ouest, laissant la nuit s'étendre à Gensokyo.
L'étendue d'eau était tranquille, à peine balayée par une fine brise qui déplaçait la brume, celle-ci tapissant le lac. Soudain, une forme émergea, crevant la surface aquatique pour s'envoler dans les airs.
Entouré d'éclairs rouges signalant qu'il venait de changer de forme, un aigle noir prit son envol, continuant sa route sans fléchir.

(- Où comptes-tu aller en fait ? Tu crois qu'on va trouver quelque chose d'intéressant au beau milieu de ce truc ?) demanda Pride.
- Plus on s'éloigne de la prêtresse, mieux c'est. Puis, je préfère voler que nager, j'aime pas l'eau, répondit l'Envieux.
(- Trop super ! Mais je continue de penser qu'on perd notre temps. Puis, on voit rien avec cette fichue brume !), râla l'Ombre.
L'Orgueil disait vrai, la brume qui s'étendait autour du rapace réduisait significativement la visibilité. L'Envie n'en avait toutefois que faire et volait à tire-d'aile, suivant son instinct.
Instinct qui le poussait à continuer.

Bien lui en prit car au bout de seulement dix minutes de vol, il lui sembla repérer une forme qui émergeait de l'eau.
(- Une île ? Au beau milieu d'un lac ?)
- Pourtant, on est pas au fond d'un immense volcan… continua Réo.
Celui-ci continua son chemin et se posa sur la berge, reprenant forme humaine par la même occasion.
Si quelques arbres s'élevaient, ce ne furent pas eux qui captèrent l'attention de l'Envieux. En effet, il regardait un manoir rouge qui s'élevait au centre de l'îlot. Un mur de briques le ceinturait, le seul accès possible à pied étant un portail en fer forgé.
Une personne semblait monter la garde malgré le fait que la nuit tombait doucement mais la distance empêchait Réo de voir de qui il s'agissait précisément.
(- Et ben… On a l'air malin avec notre maison à deux roubles), commenta Pride.
- C'est toi qui l'as choisi… murmura l'Envie.

Le polymorphe s'approchait tranquillement du portail, mains dans les poches comme à son habitude. Ce faisant, il put observer celle qui devait être la gardienne des lieux.

Il s'agissait d'une femme plutôt grande vêtue d'une robe verte, fendue au niveau de la cuisse gauche ainsi que d'un gilet vert passé sur une chemise blanche. Les deux étaient sans manches, laissant ses bras nus. Un béret vert orné d'une étoile décorée d'un caractère mandarin trônait sur sa longue chevelure rouge. Deux tresses encadraient son visage dont les yeux bleus fixaient le nouvel arrivant.

(- C'est écrit "Dragon" sur son truc), signala Pride.
- Toujours mieux que poney, répondit Réo, ce qui fit ricaner l'Ombre.
Ce fut lorsque l'Envie se stoppa à quelques mètres de la gardienne que celle-ci prit la parole d'une voix étonnement aimable :
- Bonsoir, qui es-tu ? Je ne t'ai jamais vu.
(- Faudrait se balader avec une pancarte ou une banderole avec notre identité dessus, histoire de ne pas avoir à répondre sans-cesse à cette question[/i)), proposa l'Orgueil.
L'idée faillit déclencher un fou-rire chez l'Envieux qui se contint toutefois et déclina son identité.
- Je suis Hong Meiling, gardienne et jardinière du Manoir du Démon Ecarlate, se présenta à son tour la garde.
(- [i]Ça pète comme nom de manoir ça !
), s'exclama Pride.
- Intéressant comme nom. Ai-je le droit de jeter un coup d'œil ? demanda Réo.
- Non. A moins que tu ne sois un invité de la Maîtresse, auquel cas j'en serai informée, je ne te laisserai pas passer, annonça Hong d'une voix soudain moins amène.
- Oh ! N'y a-t-il pas moyen de trouver un arrangement ? demanda l'Envieux.
(- Elle est jolie mais si elle nous gonfle, tu peux me laisser la manger ?), intervint Pride.
Hong Meiling secoua négativement la tête, ce qui désespéra intérieurement le polymorphe.
- Le seul moyen que tu as de passer, serait de me battre, ce dont je doute grandement, lança la gardienne.
- C'est vraiment pas mon jour, murmura l'Envie.
(- Dans deux secondes elle va hurler "Vous ne passerez PAS !". Laisse-moi faire et j'arrange le problème), proposa Pride.
Réo refusa l'aide de l'Orgueil mais avait une idée.
Il salua donc Meiling et fit mine de partir.

Une fois hors de vue de la gardienne, il s'entoura d'éclairs rouges et devint un lézard. Trop petit et banal pour susciter l'attention, il se dirigea vers l'entrée, exécutant une charge très rapide pour ne pas mettre trop de temps à couvrir la distance.
Sa vitesse lui permit de passer outre la vigilance de la garde et sa petitesse garantit son passage, passant sous le portail.
Content de lui, le métamorphe avança, découvrant qu'entre le portail et la double-porte d'entrée se trouvait un grand jardin parfaitement entretenu. A la manière des cours des palais royaux, les buissons étaient finement taillés et entouraient une route de dalles qui allait jusqu'à la porte. Au milieu du chemin de pierre se trouvait une fontaine dont l'eau scintillait en reflétant le soleil couchant.

Réo reprit forme humaine une fois la fontaine dépassée. De ce fait, il lui restait la moitié du chemin à faire.
(- Complexe le jardin. Entre les motifs formés par les allées de buissons, les arbres et la pelouse… Y'en a qui ont vraiment du temps à perdre), commenta Pride, découvrant les lieux à travers les yeux du polymorphe, pouvant enfin voir le jardin d'un meilleur point de vue.

L'Envieux approuva et se mit en route. Il n'avait pas fait trois pas qu'un cri de guerre retentissait, accompagné d'une femme vêtue de vert dont la jambe droite tendue se dirigeait dangereusement vers le ventre du métamorphe.
Celui-ci se jeta sur le côté, évitant de peu l'attaque-surprise.
(- Je rêve où y'avait une silhouette de dragon lorsqu'elle a attaqué ?)
- Si tu crois pouvoir me tromper ainsi, tu te leurres ! déclara Meiling, se mettant en garde du même coup.
- Dommage, j'aurais essayé… soupira Réo qui n'avait de toute évidence aucune envie de se battre au vu des résultats de la journée.
Toutefois, son instinct, encore lui, le poussait à entrer dans le manoir.
(- C'était bien tenté… Tu me laisses la manger ?), s'enquit l'Orgueil.
- Tu ne t'arrêtes jamais, hein ? Bien, en avant Hong Meiling, réglons ça une bonne fois pour toute ! lança l'Envieux.

Devant l'inutilité d'attendre plus longtemps, Réo se jeta sur son adversaire. Ses deux bras s'étaient recouverts de carbone et le droit fusa vers la tête de la garde. Celle-ci se baissa souplement et faucha les jambes du métamorphe qui s'écroula. Celui-ci roula, se releva d'un bond et cueillit le poing gauche de son adversaire dans le creux de sa main droite.
Malgré le Bouclier, Réo faillit reculer sous la force de l'impact.
Ses trois doigts se refermèrent sur le poing de la garde et il tenta de l'envoyer valser contre la porte du manoir, la lançant comme un chiffon.
Meiling, si elle quitta bel et bien le sol, se stabilisa dans les airs et atterrit doucement. Puis elle fit un grand mouvement avec son bras gauche, envoyant plusieurs pointes colorées vers le polymorphe. Ce dernier les paras avec ses bras et exécuta une ruée vers la gardienne.
Hong pivota juste avant l'impact et envoya son pied gauche en plein dans le thorax de l'Envieux qui fit un magnifique vol-plané de deux mètres, se réceptionnant toutefois sur ses pieds.
- Chi Sign "Star Bullets", énonça soudain la gardienne, activant du même coup la carte qu'elle venait de sortir de sa robe.

Elle effectua alors quelques mouvements avec ses bras, semblant former quelques chose au creux de ses mains qu'elle lança sur Réo.
(- Elle nous lance un kaméhaméha ou quoi ?), railla l'Orgueil.
Le projectile lancé par la garde ne fut pas très éloigné de ce que Pride mentionna puisqu'il s'agissait une grosse boule d'énergie bleue qui fonça vers l'Envieux.

Ce dernier sauta, passant loin au-dessus de l'attaque. Dans les airs, il transforma son bras droit en sa lame lourde. L'Envie mis alors son bras gauche le long de sa lame et se mit à tourner verticalement, accélérant sa chute vers Meiling.
Celle-ci sauta en arrière juste à temps pour ne pas être coupée en deux et alors que la lame se fracassait sur le sol, son pied droit atteignit Réo au menton. L'Envieux recula de quelques pas
- Chi Sign "Earth Dragon Sky Dragon Kick"

A peine sa spell activée, Meiling se propulsa vers son adversaire, pied droit entouré des sept couleurs de l'arc-en-ciel. Le métamorphe voulut se protéger avec sa lame mais le coup de pied la détruisit et continua son chemin, heurtant Réo au ventre, ce qu'il l'envoya dans les airs.
Hong le suivit, envoya son poing droit dans sa joue gauche et enchaîna par un crochet du gauche.

Il en résultat une chute qui se termina dans des buissons qui furent arrachés. Entouré d'éclairs rouges, Réo se releva. Il modifia son bras droit qui avait repoussé, le rendant noir, plus fin et terminé par trois pointes. Alors que Meiling approchait, il donna un coup.
Son bras droit s'allongea et les griffes blessèrent la garde au flanc gauche juste avant que le fouet ne reprenne sa taille d'origine. Hong avait évité de peu de se faire éventrer en se décalant au dernier moment et cela ne l'empêcha pas d'envoyer une vingtaine de pointes multicolores sur son ennemi.
Ce dernier modifia son bras gauche en un bouclier noirâtre semblant organique. Il donna ensuite un coup circulaire avec son bras-fouet qui s'allongea et détruisit la plupart des projectiles. Ceux qui restaient s'écrasèrent contre le bouclier organique. Toutefois, la protection fut détruite lorsqu'elle rencontra le poing nimbé de lumière jaune de la gardienne.

L'Envie se pencha sur la droite pour éviter le poing droit de Meiling puis pivota, envoyant sa jambe gauche vers la mâchoire de la garde. Cette dernière intercepta l'assaut avec sa main droite, repoussa l'Envieux qui recula.
Une lumière rouge sembla parcourir brièvement le corps de la garde, se dirigeant vers ses bras. Là, elle tendit son bras droit, poing fermé.
La seule chose que Réo distingua fut une explosion de lumière rouge avant qu'il ne se retrouve dans les airs, une douleur atroce dans la poitrine.

Il ne se laissa toutefois pas impressionné et alors que Hong volait vers lui dans le but de continuer à le frapper, il se changea en aigle. D'un simple battement d'ailes, il s'éleva afin d'éviter un coup de poing. Il passa au-dessus de son adversaire et alors reprit forme humaine.
Son bras droit s'était scindé en trois fouets noirs, terminé par un aiguillon. Les trois s'enroulèrent autour de la gardienne et l'entrainèrent dans la chute du métamorphe.
Juste avant de toucher le sol, Réo lança Meiling vers le bas, de sorte que se fut elle qui subit le choc de l'impact avec les dalles, sans parler de l'Envie qui lui atterrit dessus.

Ses trois tentacules disparurent, laissant place à son bras habituel. L'Envieux fit ensuite craquer sa nuque et fit quelque pas, quittant le corps immobile de Meiling.
- Et ben, c'était chaud. Je n'ose pas imaginer l'énergie que j'ai perdue en auto-régénération aujourd'hui et ce quel que soit le combat, lança Réo.
(- Tu ne veux pas le savoir), répondit Pride.
L'Envieux soupira puis reposa son regard sur la porte d'entrée du manoir.
- Voyons de plus près ce lieu… fit-il.
- Rêve ! lança une voix derrière lui.

Réo n'eut pas le temps de se retourner qu'un pied percutait sa tête dans une trajectoire circulaire, l'envoyant au sol.
Des éclairs rouges apparurent au niveau du crâne et l'Envieux se releva d'un bond.
Il fut effaré de voir Meiling, en position de combat.
Malgré ses blessures diverses et ses vêtements déchirés en plusieurs endroits, sa détermination semblait intacte.

(- Elle est increvable celle-là !), s'exclama l'Orgueil.
- Vu le choc, elle devrait avoir des os brisés ou au moins ne plus être en état de se battre ! renchérit Réo.
(- Laisse-moi la manger… Elle nous sera utile…)

L'Envie ne put cacher un sourire et transforma ses deux bras, les rendant noir tout en troquant ses doigts pour des griffes métalliques.
Le métamorphe bondit vers son adversaire, laquelle réagit en sautant. Son pied, entouré des couleurs de l'arc-en-ciel, exécuta une trajectoire circulaire descendante et interrompit sa course sur l'épaule de l'Envieux.
Ce dernier fut projeté vers le sol et atterrit sur ses jambes sur le chemin de dalles, enfonçant celles qui étaient sous lui.
Hong l'atteignit rapidement, envoyant son poing gauche fermé vers la tête du polymorphe. Celui-ci recula pour esquiver l'attaque et répondit en levant son bras droit, ses griffes étant toujours présentes.
La garde fit une roue pour les éviter et activa une nouvelle spellcard :
- Ultimate Color "Mad Colorful Dance"

Une tornade d'énergie multicolore apparut autour de Meiling et se dirigea vers Réo. Etant trop près, il fut incapable d'esquiver. Le tourbillon d'énergie le happa et les blessures se multiplièrent. Puis il fut éjecté, arrachant plusieurs plantes sur son passage.
(- Tu comptes me laisser faire quand on aura plus d'énergie pour se régénérer ? Parce que c'est en bonne voie pour…), réagit Pride.
- C'est VRAIMENT pas mon jour, râla Réo alors qu'il se relevait péniblement.
Meiling s'approchait en marchant, d'apparence calme mais sans aucun doute sur le qui-vive.
- Si tu veux abandonner, j'accepte ta reddition. Pars, je ne te poursuivrai pas, énonça la gardienne.

Réo serra les poings. Il était pour lui hors de question d'abandonner mais il piétinait. Hong était trop forte au corps à corps et ses spells n'arrangeaient rien.
De plus, la luminosité était très réduite puisque la nuit avait commencé son règne.
- Il faut que je la batte. Il faut que je la batte ! se persuada intérieurement l'Envie.

Des éclairs rouges se mirent à luire autour du polymorphe qui se mit à ricaner.
- Si tu crois que c'est finit, tu te trompes lourdement ! annonça-t-il.

Lentement, il perdit forme humaine pour prendre celle d'un monstre.

Haut de trois mètres, son corps musculeux était recouvert d'une armure de plaques osseuses brunes comme sa peau de cuir et de pointes acérées. De sa mâchoire de tyrannosaure jaillissaient des crocs pouvant broyer un crâne sans le moindre début d'effort. Ses doigts étaient terminés par de longues griffes qui cliquetaient telles des lames de sabres. Quant à ses yeux, l'œil droit était vert et orné d'une pupille reptilienne tandis que l'œil gauche arborait un tatouage d'ouroboros en guise de pupille.

Meiling recula, détaillant son adversaire qui poussa un rugissement.
(- La seule fois où tu as pris cette forme, c'était pour couvrir la fuite de tes amis. Si je me souviens bien, tu as massacré tout un bataillon de soldats avec. Tu crois pouvoir te contrôler ?), intervint Pride.
Seul un grognement mental lui répondit, ce qui ne le rassura pas vraiment.
(- Ouroboros de la colère et forme de Kharx. Bon courage, Hong Meiling)

Le monstre rugit à nouveau et se rua vers Hong. Celle-ci plongea au sol pour éviter de se faire décapiter par les griffes de son ennemi. Elle roula, passant à gauche de la créature, se releva et tendit ses deux mains.
Un court rayon jaune en jaillit et percuta Réo qui bougea à peine. Il se retourna en envoyant ses griffes vers son ennemie. Cette dernière sauta et donna un coup de pied auréolé des sept couleurs.
Un coup de poing l'intercepta à mi-course et la garde se crasha au sol sous la force de l'impact.
Elle s'était à peine relevée que le monstre donnait un nouveau coup de griffes, esquivé par une rondade arrière. Les cinq lames de la main gauche du monstre se plantèrent dans le sol comme dans du beurre et en sortirent aussi facilement, fusant vers le torse de Meiling.
La gardienne évita l'assaut en effectuant un large saut en arrière et sortit une nouvelle spellcard alors que la créature la rejoignait en courant.
- Fiery Attack "Roc-killing Fist"

Hong activa la carte alors que le monstre donnait un coup de poing surpuissant. La femme aux cheveux rouges fit de même et les deux attaques se rencontrèrent dans une explosion teintée des couleurs de l'arc-en-ciel.

Un cri de douleur jaillit de la bouche de la gardienne qui mit sa main gauche au niveau de son bras droit. Celui-ci s'était fracturé, devenant un handicap au combat.
Meiling n'eut pas le temps de faire autre chose puisqu'une main terminée par des griffes acérées se referma sur son torse avant de la soulever comme si elle n'avait rien pesé.
Le bras droit de Réo s'en était mieux sortit que celui de la garde et la blessure avait de toute façon disparue, consommant un peu d'énergie supplémentaire.
Quant à la gardienne, elle ne put réagir lorsque la gueule du monstre s'approcha dangereusement de son cou.
- J'ai gagné, annonça le changeur de forme d'une voix grave et inhumaine.
Meiling ne put qu'approuver avant d'être brusquement lâchée.

Le monstre se mit à rire alors qu'une lumière aux reflets cramoisis le parcourait, accompagnée d'éclairs rouges. Moins d'une seconde plus tard, Réo se tenait devant Hong, sourire aux lèvres.
Ses yeux étaient à nouveau bleus.

- Bien, je vais enfin pouvoir admirer ce manoir de l'intérieur. Il faudra faire soigner ton bras aussi, fit le polymorphe.
- En effet… Je vais devoir rentrer également semble-t-il… répondit Meiling d'un ton peu enthousiaste.
(- C'est vrai qu'entrer avec le clampin qui nous a battus alors qu'on est censé l'empêcher de passer, ça le fait pas), commenta Pride.
- Réflexion faite, je vais plutôt entrer de façon plus discrète, réagit Réo.
Il changea à nouveau de forme pour devenir un chat blanc avec de grosses taches noires. Meiling sembla comprendre et le remercia.
Puis elle se dirigea vers la double-porte qui servait d'entrée et l'ouvrit avec son bras valide.
Le chat passa rapidement avec un miaulement qui fit rire la gardienne.


Assit devant une table ronde faite de bois, le Voyageur retournait la dernière carte qu'il avait devant lui. Quatre cartes formant une croix.
Ce qu'il sembla découvrir le fit sourire et il sortit sa montre à gousset dorée de la poche la plus haute de son long manteau blanc. L'homme regarda les aiguilles et son sourire s'agrandit. Au même moment, il sortit une carte d'une poche.
- Toujours à jouer avec tes cartes à ce que je vois, lança une voix féminine venant de derrière le Voyageur.
Celui-ci se permit un léger rire et rangea sa montre.
- En effet, mais je suppose que ça ne t'étonne guère. Au fait, tu es pile à l'heure, bravo ! lança l'homme en s'adossant au dossier de sa chaise, envoyant la carte vers son interlocutrice qui la rattrapa au vol.

Une femme le rejoignit et se pencha vers les cartes.
Elle avait de longs cheveux blonds dont deux longues mèches étaient terminées par un ruban. Elle était vêtue d'une longue robe blanche dont le devant était violet. Une sorte de chapeau de tissu blanc surmontait sa chevelure. Elle portait une ombrelle rose fermée posée sur son épaule et ses yeux violets étaient fixés sur les cartes.

- Tu y comprends quelque chose toi ? demanda la femme.
- Bien entendu, sinon je ne le ferai pas. Tu veux des éclaircissements, Yukari ? proposa l'homme vêtu de blanc avec un sourire.
- Non, je préfère voir ce qu'il va se passer plutôt que de le prédire. Tu devrais le savoir depuis le temps, répondit la femme.
- En effet chère Youkai des Frontières mais je voulais voir si tu avais changé de point de vue depuis le temps… Poker pour fêter nos retrouvailles ? fit le Voyageur en sortant un nouveau paquet de cartes de son manteau.
- Volontiers… répondit la youkai en se dirigeant de l'autre côté de la table où une chaise vide l'attendait.
Elle fit tourner sa carte entre ses doigts et la posa sur la table.
- Chaque histoire contient ses personnages. A chaque personnages, une carte est associée. Le Monde te représente, Yukari, énonça le Voyageur.
L'intéressée émit un léger rire et repoussa la carte qu'elle avait devant elle.
- Raconte-moi donc quelque chose. Tu as beaucoup voyagé j'imagine… devina Yukari alors que l'homme mélangeait les cartes.
- Bonne idée. Je vais donc te narrer ce qu'une barbare et un magicien m'ont raconté dans une taverne, à propos du chef de leur ancienne compagnie, commença le Voyageur en posant le paquet avant de faire apparaître des jetons d'un mouvement de bras.
- Mais où es-tu encore allé… murmura Yukari.
- Dans une ville fort sympathique bien qu'agitée dont le nom doit ressembler à Surcar ou quelque chose dans le genre. Donc, figure-toi que la barbare m'a avoué avoir commis une énorme méprise alors que ce faucheur coupait du bois pour aider un ermite…

Le Voyageur avait commencé à parler en distribuant les cartes. Yukari l'écoutait, souriant comme toujours en entendant les histoires et anecdotes de son ami…


(- Non mais ce manoir fait quelle taille ? Vu de l'extérieur, il semblait bien plus petit !), s'exclama Pride.
Toujours sous sa forme de chat, Réo déambulait dans les couloirs. Ceux-ci étaient tapissés de rouge et éclairés par de nombreuses lanternes accrochées aux murs. L'Envieux fut étonné de voir qu'il y avait peu de fenêtres par rapport à la démesure du lieu.
A plusieurs reprises, il avait croisé des fées. Celles-ci avaient une robe bleue et blanche que Pride identifia comme étant un uniforme de domestique.
Plusieurs portes constellaient la droite du couloir mais le métamorphe n'en ouvrit aucune, ne voulant pas se faire repérer. Il se contentait d'aller là où les portes étaient entrouvertes, ce qui souvent l'amenait à un autre couloir.
(- C'est pas un manoir mais un labyrinthe), remarqua l'Orgueil.
Réo ne put qu'approuver et huma l'air.

Une odeur de nourriture attira son attention et n'ayant pas mangé depuis le midi, il se précipita vers sa source.
- Un chat. Hors de question que tu salisses tout alors que je me suis tuée à tout nettoyer, lança une femme à coté de laquelle venait de passer le félin improvisé.
Celui-ci se retourna et observa son interlocutrice.

Elle devait avoir environ la vingtaine mais semblait plus jeune que Meiling. Elle portait également un uniforme de domestique bleu marine de la même couleur que ses yeux avec un tablier blanc et avait des chaussures noires à talons. Ses cheveux argentés étaient coupés au niveau des épaules et deux tresses semblables à celles de Meiling tombaient de part et d'autres de son visage.

Réo poussa un miaulement et se tourna à nouveau, se préparant à courir. Il faillit sursauter lorsqu'il vit la femme juste devant lui.
Mais comment avait-elle fait ?
Sans chercher à comprendre, le félin s'enfuit dans la direction opposée. Voulut s'enfuir.
A nouveau, la femme lui barrait la route, tenant un couteau dans sa main droite.
(- On dirait qu'elle peut se téléporter…), tenta Pride.
- Allez petit chat, viens ici que je te remette dehors, ordonna la domestique.
- Avec le couteau que t'as en main, je le sens pas. Et j'ai pas envie de sortir vu comment j'ai galéré pour entrer, pensa Réo.
Jouant le tout pour le tout, le polymorphe utilisa la vitesse de Sloth, l'être qui incarnait la Paresse dans un de ses mangas favoris et dont il tenait les pouvoirs, pour atteindre l'autre côté du couloir sans que la femme ne puisse réagir.

Là, le félin dû s'arrêter puisque la seule issue était la porte entrouverte se trouvant à droite. Hors, il ne pouvait aller qu'en ligne droite lorsqu'il utilisait sa vitesse surhumaine.
Il n'eut pas le temps de s'engouffrer dans l'ouverture puisque soudain il se retrouva face à une porte fermée et une domestique qui lui barrait la route, bras croisés mais couteau toujours en main.
- Je n'ai pas le temps de jouer à chat, lança froidement la femme.

Réo voulut s'enfuir, cinq couteaux se plantèrent devant lui, le stoppant net dans son élan.
(- Ils sortent d'où ses couteaux ? Elle n'en avait qu'un. Puis comment est-elle arrivée là si vite tout en fermant la porte ?), s'interrogea Pride.
Le polymorphe ne put présenter son idée puisque la femme venait de le saisir. Elle soupira, tenant le chat avec son bras droit lequel était passé au niveau du ventre du félin. Celui-ci se débattait et miaulait en guise de protestations mais rien n'y faisait.
Le chat choisit donc une méthode plus perfide et leva sa tête vers celle de la domestique, lui faisant les yeux doux.
La femme aux cheveux argentés marchait, sans doute vers l'entrée, mais ne put résister. Toutefois, au lieu de lâcher le chat comme il l'espérait, elle se contenta de le caresser sur la tête avec sa main libre, désormais exempt de couteau.
Bien qu'à demi satisfait, le félin se mit à ronronner.
Après tout, recevoir des caresses était toujours agréable.
(- Hey, tu fous quoi là ? On est toujours en route vers la sortie je te signale !), intervint l'Orgueil.

Ce fut à ce moment que la femme passa une porte, se retrouvant dans le hall d'entrée.
Circulaire, quatre portes le parcourait ainsi qu'un escalier.
Voyant qu'il se dirigeait dangereusement vers la double-porte empruntée plus tôt, Réo miaula désagréablement.

Il changea de tactique et s'entoura d'éclairs rouges, passant de chat à cobra vert, enroulé autour du bras droit de la domestique.
Celle-ci sursauta et par réflexe fit un mouvement brusque pour l'envoyer plus loin. Le serpent se laissa faire et atterrit sur le sol. Il se leva, ouvrit sa gueule et poussa une exclamation de joie, qui ressemblait plus à un bruit de crachat.
Le reptile se baissa rapidement afin d'éviter un couteau et fut à nouveau entouré d'éclairs rouges.

Réo venait de reprendre forme humaine mais il laissa toutefois échapper un sifflement serpentin.
- Un changeur de forme. Comment êtes-vous entré ? demanda la femme.
- Par la porte, en battant la gardienne. Elle doit être en train de soigner son bras à présent. Je suis Réo Ryu, répondit l'intéressé.
- Sakuya Izayoi, chef des domestiques de ce manoir, se présenta la femme en s'inclinant.
Lorsqu'elle se remit droite, trois couteaux dépassaient de sa main droite fermée, manches coincés entre deux doigts.
- Il semblerait que j'ai encore du nettoyage à faire, lança-t-elle.
Elle avait lancé sa jambe droite en arrière, se tenant prête au combat, son bras droit tendu sur le côté.
Réo soupira et écarta ses bras, indiquant qu'il était prêt.

D'un geste, Sakuya lança une volée de couteaux, une bonne dizaine alors qu'elle n'en tenait que trois. Réo plongea au sol pour les éviter mais à peine fut-il relevé que d'autres fusaient dans sa direction.
Le polymorphe fit jaillir les griffes noires de la Lance Ultime en lieu et place des doigts de sa main gauche et les utilisa pour détruire les projectiles d'un geste. L'Envieux tendit ensuite son bras gauche et agrandit ses griffes. Sakuya sauta en arrière, s'envolant au passage et esquivant les lames noires qui avaient manqué de la transpercer.
Dans les airs, la chef des domestiques activa une carte :
- Illusion Sign "Killing Doll"

Des couteaux apparurent en tournoyant puis foncèrent sur Réo. Celui-ci leva son bras droit qu'il venait de recouvrir de carbone et se protégea avec.
Malgré leur vitesse, les projectiles ne parvinrent pas à entamer le Bouclier Ultime et l'Envie put contre-attaquer à l'aide de sa Lance.
Toutefois, la domestique avait disparue, se tenant désormais derrière son adversaire. Ce dernier était d'ailleurs entouré de couteaux qui semblaient figés. Pendant un temps du moins car ils traversèrent soudain la distance les séparant de leur cible.
L'Envieux s'était toutefois décomposer en eau, évitant l'attaque.

Lorsqu'il reprit forme humaine, Réo se figea de stupéfaction. En effet, des dizaines de couteaux, certains ayant le manche rouge étaient apparus et Sakuya se trouvait désormais à l'autre bout du hall, lui lançant un sourire narquois.
(- Elle ne se téléporte pas. A mon avis, pour agir sans qu'on la voie et si rapidement, elle ne fait rien de moins qu'arrêter le temps !), devina Pride.

Réo serra les dents et transforma ses deux bras en un bouclier métallique qu'il eut juste le temps de mettre devant lui. Les lames qui percutèrent la protection ne firent pas de dégât mais les couteaux rouges avaient eux continués leur course. Ils rencontrèrent le mur et ricochèrent, prenant le polymorphe dans le dos.
Celui-ci ne put esquiver et grogna.
Il recouvrit ses deux bras du Bouclier et se jeta sur Sakuya. Son poing gauche fendit l'air mais finit sa course sur le sol.
La domestique avait de nouveau changer de place et elle tenait une nouvelle carte en main.
Elle la brandit dans les airs mais se stoppa lorsque des applaudissement retentirent.

Les deux combattants se retournèrent vers la direction d'où ils provenaient.

La personne qui les interrompait était une petite fille. Elle portait une robe et un chapeau rose ornés de garnitures rouges vif. Elle avait de courts cheveux bleus et ses yeux étaient rouges aux pupilles verticales. Deux ailes de chauve-souris étaient attachées à son dos. Etant donné que la fille était très petite, semblant d'ailleurs n'avoir qu'aux alentours de dix ans, l'envergure de ses ailes semblait supérieure à sa propre taille.

- Voilà qui était très divertissant. Ce combat et celui livré contre Meiling, je me suis beaucoup amusée en vous regardant ! annonça la petite fille.
Elle se tourna vers Sakuya.
- Prépare un couvert supplémentaire, ainsi qu'une chambre, ce jeune homme sera notre invité, ordonna la fille en s'approchant.
La domestique s'inclina avec un "Bien maîtresse" et disparut.
- Je suis Remilia Scarlet, maîtresse de ce manoir, se présenta la fille.
- Réo Ryu, voyageur parmi tant d'autres. Invité ? releva le polymorphe.
- En effet, ce soir tu dîneras avec nous et dormira ici. Tu n'as pas fait tous ces efforts pour rentrer ici sans raison, j'imagine, fit Remilia.
- Euh… En effet, je…
- Nous verrons plus tard, suis-moi, le coupa la maîtresse des lieux.
(- Note qu'elle ne te laisse pas le choix. En tout cas, on ne me fera pas croire que c'est une gamine, elle est certainement bien plus vieille que nous !), intervint Pride.
Réo approuva tout en suivant Remilia. Il avait d'ailleurs une petite idée sur la nature de son hôte.
(- Ailes de chauve-souris, manoir, maniérée, corps trop jeune… J'ai cru apercevoir des canines un peu trop longues…), confirma l'Orgueil.
- Vampire, murmura Réo.

Rapidement, les deux atteignirent une grande salle. Une table rectangulaire y trônait, recouverte d'une nappe blanche. Cinq assiettes étaient disposées dessus ainsi que les couverts, du pain et des gâteaux.
Sakuya se trouvait derrière la chaise située en tête de table, attendant visiblement sa maîtresse, mains croisées sur son tablier.
Remilia la rejoignit et s'assit sur la chaise, repliant ses ailes pour s'asseoir avant de les déployer une fois en position.
- La chambre que vous avez demandée est prête, annonça la domestique alors que Réo prenait place à la droite de la maîtresse du manoir.
- Bien, bien. Meiling et Patchy ne vont pas tarder non ? Va donc chercher Flandre, ordonna Remilia.
Une fois encore, Sakuya s'inclina et obéit.
(- Ce boulot me tuerait au bout de cinq minutes et dix-huit secondes), lança Pride.
- Hong n'a-t-elle pas besoin de soins ? demanda Réo.
- Elle est avec Patchouli, une puissante magicienne. Le soin n'est pas sa spécialité mais nous avons une potion concoctée par Eirin Yagoroko, une doctoresse. Cela devrait suffire, et c'est un peu tard pour y penser, non ? expliqua la petite fille avant de finir sa phrase sur un sourire.
Celui-ci mit en valeur ses canines, plus longues que la normale, ce qui acheva de convaincre Pride et Réo qu'il s'agissait d'une vampire.
Une chose était sûre, la nuit promettait d'être particulièrement intéressante…


Dans la Forêt de la Magie, une petite fille en pleurs trébuche et s'écrase au sol. Elle avait courut à perdre haleine et se retourna, tremblante.
Une femme dont les yeux rouges luisaient dans la nuit lui faisait face.
On lui avait dit.
On lui avait dit de ne pas s'aventurer dehors, surtout la nuit. Mais la petite fille avait désobéit et avait été la cible d'une youkai qui désirait en faire son repas.
La femme ne put cacher un rictus de satisfaction et tendit son bras droit vers la fille qui se mit à hurler de terreur.
La main de la youkai est soudain interceptée par celle d'un homme.
Désormais entre la petite et la femme, il barre la route à la chasseuse. Celle-ci recule d'un bond mais l'homme suit son mouvement et plaque sa main gauche contre son visage.
Le membre étouffe les cris de la youkai dont le corps s'assèche, s'amincit jusqu'à devenir un squelette que l'homme lâche.
Il ne peut s'empêcher de ricaner de plaisir avant de passer sa langue sur ses lèvres puis il commence à s'éloigner, mains dans les poches de son pantalon noir.
- M…Merci ! s'écrie la petite fille en contemplant son sauveur et en essuyant ses larmes.
L'homme s'arrête.
- Retourne chez-toi, vite, fait-il.
Puis il fait un salut de la main gauche.
Ce fut la dernière chose de lui que la petite aperçut avait qu'il ne disparaisse dans une gerbe de flammes.
La fille se relève alors et s'enfuit.
Toutefois, elle n'était pas prête d'oublier son sauveur aux cheveux blonds…
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeDim 25 Sep - 18:04

Chapitre 10 : Le Manoir Ecarlate


"Le mystère fait partie intégrante de notre monde. Cela ne nous empêche évidemment pas de tenter de les percer.
Toutefois, certaines choses ne devraient jamais être découvertes…"
Surana Hakurei

- Alors, comment trouves-tu mon manoir ? demanda Remilia en tendant la main vers l'assiette où étaient disposés les gâteaux.
Il s'agissait de sortes de biscuits aux formes variées.
- Je ne pourrais donner un avis définitif que si j'avais tout vu. Mais en tout cas il a l'air d'être grand. Très grand. Et rouge aussi, répondit Réo.
(- Même la moquette est rouge. Pas mal du tout d'ailleurs, c'est agréable de marcher dessus), lança Pride.
- C'est le seul truc que t'as remarqué ? réagit l'Envie.
(- Bah, ouais. On a eut droit au tapis rouge !)
- Ne t'en fais pas, tu auras tout le temps de le visiter. Concernant le rouge et bien saches que je suis surnommée le Démon Ecarlate et j'aime le rouge, énonça la petite fille après avoir finit son biscuit.
(- Ceci explique cela)
- Tiens, maintenant que j'y repense, ce surnom me dit quelque chose… Je suis certains de l'avoir déjà entendu, réagit Réo en mettant sa main sous son menton, adoptant un air pensif.
- On t'a donc parlé de moi ? Ce n'est pas très étonnant, lança Remilia qui prit une voix hautaine tout en piochant à nouveau dans l'assiette de gâteaux.
- On dirait qu'elle et toi avez le même ego, remarqua Réo en s'adressant à Pride.
(- Sauf que moi, c'est justifié), répondit l'Orgueil.
- Tu parles ! Ah oui, ça me revient. Il me semble que c'était mentionné dans une légende britannique, affirma l'Envie en tapant ses deux mains l'une contre l'autre.
Remilia sourit et appuya sa tête sur sa main gauche, coude posé sur ses genoux.
- Vraiment ? Tu viens de l'autre côté de la barrière je suppose.
- Euh, disons que je ne suis pas originaire de Gensokyo.
- Pour connaître la légende du Démon Ecarlate, tu viens assurément du Monde Humain. Tu t'en doutes, c'est également mon cas puisque je vivais en Angleterre, annonça Remilia.
- Ah, moi je suis français, répondit l'Envie.
- Dommage, rencontrer un compatriote ici aurait été une agréable surprise, soupira la vampire.

Réo n'eut pas le temps de répondre puisque la porte s'ouvrit brusquement, laissant passer une petite fille qui courait vers la table. Sakuya la suivait en marchant, refermant la porte au passage.
- Remyyyyy, laisse-moi des gâteaux ! s'exclama la nouvelle-venue.
Elle se stoppa en atteignant la table, ayant remarqué Réo qu'elle dévisageait avec curiosité.
- C'est qui ? s'enquit-elle en penchant sa tête sur la droite.
Réo sourit et la détaille du regard.

Elle devait avoir sensiblement le même âge que Remilia et possédait les mêmes yeux rouges. Ceux-ci s'accordaient à sa robe et veste rouge. Un chapeau blanc de la même forme que celui de Remilia trônait sur ses cheveux blonds attachés en queue de cheval sur le côté gauche.
Toutefois, ce qui attira le plus le regard de l'Envie fut les ailes de la petite fille. Elles étaient étranges, formées d'une barre de fer sur laquelle étaient suspendus huit cristaux. Ceux-ci étaient, en allant du début à la pointe des ailes, bleu ciel, bleu, violet, rose, orange, jaune, vert et bleu ciel à nouveau.
Chaque cristal luisait légèrement, produisant une douce lumière qui captivait le regard du polymorphe.

- Voici Réo Ryu, je l'ai invité. Réo, voici ma petite sœur, Flandre, annonça Remilia.
- Euh… Bonsoir, fit l'Envieux en levant sa main gauche en guise de salut.
- Bonsoir ! s'exclama Flandre avec un large sourire.
(- Deux vampires pour le prix d'une. Ne t'étonnes pas si tu deviens anémique d'ici demain matin), lança Pride.

La remarque de l'Orgueil n'était pas sans fondements. Il n'était pas rare dans les histoires de vampire que ce dernier se montre courtois avec un invité, lui offrant gîte et couvert. Et une fois la victime endormie, l'hôte se nourrissait de son sang. Scénario classique et prévisible.
Réo était toutefois intimement persuadé que ce schéma n'avait pas lieu d'être à Gensokyo.

Flandre s'assit en face de l'Envie et piocha dans l'assiette de gâteaux avec un plaisir évident. Juste avant de prendre place, la vampire blonde avait posé quelque-chose derrière elle qui ressemblait à une barre métallique noire tordue. Réo ne s'attarda pas sur ce détail et jeta un coup d'œil sur Sakuya qui s'entretenait avec sa maîtresse.
Dix minutes plus tôt, il était un ennemi et se battait avec la chef des domestiques et soudain le voilà invité à dîner avec les résidentes du manoir, l'air de rien.

(- Remilia attend que tu dormes pour boire ton sang ! J'en suis sûr !), lança Pride.
- Mais non… Puis de toute façon, je ne me transformerai pas en steak pour son bon plaisir, répondit l'Envie.
(- Tu es incapable de prendre la forme d'un objet inanimé de toute façon), contra l'Ombre, feignant de prendre la phrase du métamorphe au pied de la lettre.
- T'es vraiment déprimant, tu le sais ça ?

La porte s'ouvrit à nouveau, ce qui attira l'attention de tous ceux présent dans la salle. Il s'agissait cette fois de Meiling dont le bras droit était en écharpe ainsi que d'une autre fille.

Elle portait une tenue couleur lavande semblable à un pyjama ainsi qu'un chapeau de tissus. Ses yeux et sa longue chevelure étaient mauves. Des rubans décoraient ses habits ainsi que le bout de certaines mèches de cheveux. Son teint était particulièrement pâle et elle tenait un livre avec sa main droite.

- Meiliiiing~, assis-toi à côté de moi ! ordonna Flandre en désignant la chaise vide qui se trouvait à sa gauche.
La gardienne ne put qu'obéir au souhait de la petite fille qui poussa une exclamation de joie qui couvrit le salut fait au polymorphe.
Quant à la fille aux cheveux violets, elle prit place à la droite de Réo.
- Voici Patchouli Knowledge, annonça Remilia.
- Enchanté, je suis Réo Ryu.
- De même. Je suis étonnée, Remy n'invite jamais personne habituellement, constata la magicienne.
Sa voix était assez faible, comme si elle manquait de souffle ou était fatiguée.
- Et ben j'ai fais une exception ! s'exclama le démon écarlate.
- Je vois ça. Il n'empêche que c'est surprenant, continua Patchouli.
- C'est en récompense des efforts faits pour entrer, se justifia Remilia.
Cela ne sembla pas convenir à Patchouli qui soupçonnait que ce n'était pas une simple histoire de récompense, chose qui n'était pas dans le style de la vampire. La magicienne ne dit toutefois rien et s'attela à son ouvrage.

- D'ailleurs, comment va votre bras ? demanda Réo à Meiling.
- Mieux… D'après miss Patchouli, je devrais être guérie demain, affirma la garde.
- Vraiment ? Impressionnant, commenta l'Envieux.
(- Pour quelqu'un ayant affronté ta forme de Kharx, elle s'en sort bien), intervint Pride.
Réo tourna la tête vers la magicienne qui avait les yeux rivés sur son livre, ce qui ne l'empêcha pas de reprendre la parole :
- Tout le mérite revient à Eirin Yagoroko, qui a préparé la potion qu'a bu Hong. Le soin n'est pas ma spécialité.
- Cela règlerait ton problème d'asthme et d'anémie, fit Remilia.
Elle tendit la main vers l'assiette de gâteaux et fut surprise de la trouver vide. Son regard se posa sur Flandre qui regarda ailleurs en sifflotant.
La maîtresse du manoir retint un soupir de frustration et reporta son attention sur le polymorphe.
- Alors dis-moi, pourquoi tenais-tu tant à rentrer ici, au point d'amocher ma gardienne ?
La question, amplement justifiée, eut le mérite d'exciter la curiosité de toutes les personnes présentes. Réo se trouva donc au centre de quatre paires d'œils interrogateurs.
- Euh et bien… En fait, mon but est d'apprendre la magie, tout du moins les bases. J'entends par-là voler et utiliser des spellcards, annonça l'Envie.
- Voilà qui est intéressant ! lança Meiling.
- Donc il te faut un professeur. Mais qu'est-ce qui t'a fait dire que nous pourrions t'aider ? demanda le démon écarlate.
- Quelqu'un m'a conseillé d'aller vers le Lac Brumeux. Suite à un combat, j'ai prit la décision de le traverser et je suis arrivé ici. Mon instinct m'a poussé à vouloir entrer, je sentais que je devais entrer, expliqua le métamorphe.

Quelques secondes de silence passèrent avant que Remilia ne prenne la parole :
- Je vois… Ce doit être le destin. Patchy est sans doute la mieux placée pour répondre à ta requête.
- Nous verrons, ce n'est pas à toi de décider, Remilia, contra Patchouli d'un ton calme.
La vampire écarquilla les yeux.
- Mais…
- Pas de mais. Si j'accepte d'enseigner à ce jeune homme, ce sera parce que je l'aurai décidé. Nous verrons demain, quand il aura reprit des forces, ajouta la magicienne.
Elle tourna la tête vers Réo, ignorant les protestations de Remilia qui s'énervait toute seule, ce qui fit rire Flandre.
- Retrouvez-moi à la bibliothèque lorsque vous serez prêt. Nous aviserons à ce moment-là. Cela vous convient ?
- Oui, bien entendu. Merci, réagit l'Envieux alors que la maîtresse se mettait à bouder suite à une remarque de sa petite sœur.

Sakuya, qui avait disparue mais venait de réapparaitre subitement derrière sa maîtresse, se pencha alors vers la petite fille et lui murmura quelque chose. La vampire aux cheveux bleus répondit par un hochement de tête vertical et la servante disparut.
Elle fut à nouveau là une seconde après, tenant une montre à gousset grise dans sa main droite.

Réo faillit sursauter lorsqu'il remarqua que des assiettes couvertes par une cloche se trouvaient devant les convives.
(- Alors, c'est quoi ? Cœur humain ? Remarque, cela peut aussi être quelque chose de plus banal. Genre des endives… Des endives au jambon), spécula l'Orgueil.
L'Envie soupira et retira la cloche après que Remilia ait souhaité un bon appétit à la tablée.


- Je n’en reviens pas, tu as encore gagné, soupira Yukari en s’adossant au dossier de sa chaise.
Elle repoussa les cartes tandis que le Voyageur lui adressait un sourire conciliant.
- Il n’y a qu’une personne qui a réussi à me battre au poker et il semblerait qu’elle restera l’unique exception au moins jusqu’à demain, lança l’homme vêtu de blanc.
Il rangea les cartes et sortit sa montre à gousset dorée d’une poche avant de son long manteau blanc, ouvrit le clapet qui la fermait, et regarda la position des aiguilles.
Yukari le regardait faire puis prit soudain la parole :
- Pourquoi es-tu parti ?
Le Voyageur leva les yeux de sa montre qu’il referma.
- Plait-il ?
La Youkai des Frontières plongea ses yeux dans ceux de l’homme à la canne.
- Tu sais très bien de quoi je veux parler. Il y a quinze ans, tu as brutalement disparut, sans même un au-revoir, ni laisser de traces. Je veux savoir pourquoi.
Le Voyageur resta silencieux une dizaine de secondes, tenant tête au regard de la youkai.
- Cela ne te concerne pas, Yukari, rétorqua-t-il sans se démonter.
La femme soutint son regard puis ferma les yeux en signe d'abdication.
- Fort bien. Je te connais depuis assez longtemps pour savoir que tu ne me diras rien, une seule personne avait réussi à te faire dire ce qu'elle voulait savoir et elle n'est plus là…
La Youkai se leva alors de sa chaise, sous le regard sans émotion de son ami.
- Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je vais me retirer, Yuyuko doit m'attendre.
- Comme tu le désires. Nous nous reverrons, affirma le Voyageur.
- Je n'en doute pas.
Une sorte de déchirure ou faille noire dont les bords étaient décorés de rubans s'ouvrit près de la femme. Celle-ci fit un salut de la main à son ami et traversa le gap, ignorant les yeux qui ornaient la noirceur de la chose.
La faille se referma ensuite sans demander son reste, laissant le Voyageur seul.

L'homme sortit un paquet de cartes et tira la première.
- L'arcane dix-sept : l'Etoile… Il est vrai que l'heure de nos retrouvailles semble être venue, chère demoiselle…
Le Voyageur rangea la carte puis se leva, prit sa canne surmontée d'un crâne argenté et fit quelque pas…


Pour une fois, ce ne fut pas un cauchemar mais les rayons du soleil qui causèrent le réveil de Réo. L'Envieux avait d'ailleurs passé une agréable nuit, n'ayant pas dormit dans un vrai lit depuis ce qui lui semblait être une éternité. Voir deux.
Après le dîner, qui avait été succulent, Réo n'avait pas tardé à aller se coucher, éreinté par sa journée ponctuée de combats. Sakuya l'avait conduit à sa chambre afin d'éviter qu'il ne se perde, initiative qui s'était révélée salutaire puisque l'Envie était incapable de se repérer dans le dédale de couloirs rouges.
Réo repoussa ses draps et se leva, faisant craquer sa nuque au passage.
La chambre était simple et comportait un placard en plus du lit et de la table de chevet qui y était associée. L'Envieux ouvrit la fenêtre et observa le ciel, bleu azur.
Le vent qui soufflait acheva de réveiller le polymorphe qui s'étira puis s'entoura d'éclairs rouges.

Lorsqu'il quitta sa chambre, c'était d'un pantalon gris et d'un t-shirt noir à manches longues dont il était vêtu. D'étranges caractères rouges parcouraient les manches, ne provenant d'aucune langue connue par le commun des mortels.
Bien que la salle où il allait prendre son petit-déjeuner, qui la même où il avait dîné la veille, n'était pas si éloignée que ça, il fallut plus de vingt minutes au métamorphe pour s'y rendre, s'étant perdu à trois reprises.

A peine Réo fut-il entré, Sakuya se trouva face à lui, ce qui manqua de lui causer un arrêt cardiaque.
- Bonjour, désirez-vous quelque-chose ? fit-elle en s'inclinant, ignorant visiblement la frayeur qu'elle avait causée à l'Envie.
- Euh, oui, euh bonjour, balbutia l'intéressé dont le cœur faisait un marathon inopiné.
(- Elle est douée. Très douée. Réussir à te foutre la trouille comme ça, c'est pas donné à toutes les humaines), commenta Pride.
- Voyons, si vous avez quelque chose comme une tasse de chocolat chaud… Et un jus de fruit, fit l'Envieux.
- Bien sûr, je vous l'apporte, annonça Sakuya avant de disparaître.
- Au shaker, pas à la cuillère, ajouta Réo mais il était trop tard, la servante étant déjà partie.
Se retrouvant seul, le polymorphe s'assit à la table, laquelle était couverte de viennoiseries et de gâteaux.
(- On voit que Remilia n'est pas originaire d'ici), commenta l'Orgueil.
Il était vrai que ce genre de petit-déjeuner était plus l'apanage des Occidentaux. Ce qui convenait parfaitement à l'Envie.
- Tiens d'ailleurs, Remilia a but du vin hier, non ? Ça m'étonne…
(- Je m'attendais à ce qu'elle clame "Je ne bois jamais… De vin…"), renchérit Pride, amusé.

Sakuya vint à ce moment, portant une tasse de cacao et un verre de jus de fruit à Réo. Celui-ci la remercia puis lui demanda le chemin de la bibliothèque, voulant s'y rendre par la suite. La servante proposa plutôt d'accompagner le métamorphe, proposition acceptée dans la seconde.

Ce fut donc guidé que Réo se dirigea vers la bibliothèque.
- Meiling est-elle guérie ? s'enquit le polymorphe, histoire de faire la conversation durant le trajet.
- Oui, la maîtresse lui a ordonné d'assurer la garde du manoir aujourd'hui encore, annonça Sakuya.
- Quoi ? Mais, sans même avoir le temps de parfaitement récupérer ? s'étonna le métamorphe.
- Oui. Toutefois, Meiling est totalement apte à faire son travail, la blessure que vous lui avez infligée n'est plus qu'un souvenir.
- Enfin quand même…
N'ayant visiblement aucune idée pour relancer la conversation, Réo resta coi et Sakuya fit de même. Le reste du chemin se fit donc en silence, ce qui laissa à l'Envie le loisir d'admirer ce qui l'entourait.
Après avoir descendu un escalier et traversé un couloir, ils arrivèrent devant une imposante double-porte.
- Vous voilà arrivé. Je viendrai vous chercher lorsque viendra l'heure du déjeuner, annonça la chef des domestiques en s'inclinant.
Puis elle disparut.

A nouveau seul, Réo prit une grande inspiration.
Il y était. Il avait réussi à entrer et avait sans aucun doute trouvé son professeur. Il lui fallait assurer maintenant.
Motivé comme rarement, l'Envieux ouvrit la double-porte et entra.

Voile était immense. Des étagères démesurées semblable à des murs s'élevaient, disposées en lignes parallèles. Il y avait peu de lumière dans la titanesque bibliothèque, ce qui s'expliquait facilement étant donné son absence de fenêtres, elle-même due à l'emplacement souterrain de la salle.
Aucun bruit ne s'élevait de l'immensité de livres et de connaissances, aucun mis à part celui du balancier d'une colossale horloge.
Un autre bruit se fit soudain entendre alors que la porte se refermait, celui d'un éternuement.

L'Envieux poussa un juron, maudissant au passage la poussière qui voletait autour de lui.
(- C'est toi qui parlais d'assurer ?), railla Pride.
- Mouais… Ça part mal, admit Réo avant de s'enfoncer entre deux étagères.
Il arpenta quelques instants les lieux sans croiser personne jusqu'à ce qu'il entendre un bruit d'impact sur le sol venant de l'autre coté de l'étagère de sa droite.
L'Envieux la contourna donc et découvrit une fille en train de ramasser un épais grimoire qui lui avait échappé des mains.

Elle était vêtue d'une robe noire avec des manches blanches et possédait des yeux et de longs cheveux rouges. Deux petites ailes de chauve-souris encadraient sa tête et deux autres, bien plus grandes, étaient rattachées à son dos.

De toute évidence, elle remarqua Réo qui la dévisageait.
- Oh, vous devez être Réo, mademoiselle Patchouli m'a avertit que vous viendrez. Je suis Koakuma, son assistante, se présenta-t-elle.
- Enchanté. Pourriez-vous m'amener à Patchouli s'il vous plait ? C'est pas que je suis perdu mais… Un peu quand même, fit l'Envieux.
La réplique tira un léger rire à Koakuma qui fit signe de la suivre avec sa tête, ses mains étant prises.

Elle mena Réo à une sorte d'air de lecture se trouvant dans une trouée circulaire dans la forêt d'étagères. Une table était disposée au centre, couverte de livres divers. Patchouli était assise là et en feuilletait un.
- Mademoiselle, voilà le livre que vous m'avez demandé ! annonça Koakuma d'un ton enjoué.
- Parfait, merci Koa, pose-le ici. Bonjour Réo, fit la magicienne en fermant l'ouvrage qu'elle lisait.
Elle se leva et mit son livre sur celui que son assistante venait de placer sur la table tout en contournant cette dernière pour s'approcher du polymorphe.
- Bien, premièrement pourquoi voulez-vous apprendre à voler et à utiliser les spellcards ? demanda Patchouli.
- Et bien, je ne peux pas voler naturellement, je suis obligé d'utiliser des ailes et ce n'est pas pratique du tout. Comparé aux autres, je suis bien trop lent, trop peu agile. Concernant les spellcards, j'ai perdu plusieurs combats, il est évident qu'il me faut m'améliorer. Mon propre pouvoir n'est pas du tout adapté pour faire face à ceux qui peuplent ce monde, expliqua Réo.
- Meiling m'a parlé de vos prédispositions à la métamorphose. Je suis curieuse d'en apprendre davantage sur vous. Nous allons donc faire un marché : Vous me dites ce que je veux savoir et j'en ferai de même. Marché conclu ? proposa la magicienne en tendant sa main.
- Il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir… Mais marché conclu.
Réo serra la main de Patchouli qui désigna Koakuma, affairée à ranger des livres, de la tête.
- Elle est une démone. Remilia et Flandre sont des vampires. Je doute que vous ayez quelque chose qui incite, au premier abord, à plus de méfiance, indiqua la fille aux cheveux violets.
Réo se tourna vers Koakuma.
- Une… Démone…

Sans s'en rendre compte, il serrait son poing gauche. Partant du bout des doigts et remontant progressivement, mais rapidement, une couche de carbone grisâtre se mit à recouvrit ce bras, sans produire d'éclairs rouges.
En effet, le Bouclier et la Lance Ultime ainsi que la décomposition en eau ne sollicitaient pas la présence des arcs électriques écarlates lors de leur utilisation.
- Un problème ? releva Patchouli.
- Euh non rien. Je pensais juste à… Autre chose… se justifia Réo.
La magicienne n'en tint pas rigueur et prit la parole :
- Bien, première chose, j'aimerai savoir ce qui est la cause de cette aura maléfique que tu dégages. De plus, j'ai l'impression qu'il y a plusieurs êtres en toi… Dis-moi ce qu'il en est ! ordonna Patchouli.
Le soudain tutoiement ne gênait pas outre-mesure le polymorphe qui se contenta de répondre :
- Et bien, tout le monde sait ce qu'il y a en moi, il faudra aussi trouver le moyen de masquer ça… Pour répondre à ta demande, disons que j'ai une seconde âme qui est le reflet de mes mauvais côtés. Son nom est Pride puisqu'il incarne l'Orgueil. Pour ma part, j'incarne les autres pêchés capitaux mais l'Envie est prédominante. Tout ça explique cette "mauvaise aura". Concernant les autres âmes en moi, et bien se sont celles des personnes que Pride a mangées. Lorsqu'il dévore quelqu'un, nous obtenons leurs âmes, mémoire, pouvoirs et compétences. Ça aussi faudrait le cacher…
(- Dis-lui d'où proviennent tes pouvoirs tant qu'on y est !), s'insurgea Pride.

Patchouli l'écouta attentivement, semblant réfléchir en même temps.
- As-tu mangée une youkai ? demanda-t-elle, pas plus troublée que ça.
- Hey, c'est Pride qui fait ça ! Et oui, une youkai serpent dans la Forêt de Bambous.
- Dans ce cas, rien ne devrait t'empêcher de faire ce que tu désires… C'est étrange, constata la magicienne.
Elle se remit à réfléchir.
- C'est à croire que c'est bloqué, commenta Réo.
- Possible, en effet. Dans ce cas, il faudrait voir ce qui cause ce blocage. Ou au moins trouver une piste pour te permettre d'utiliser un minimum de magie… J'ai une idée pour cela. Koakuma, viens m'aider !
La démone arriva et Patchouli lui indiqua qu'il fallait commencer les préparatifs pour un "voyage intérieur" ou quelque chose dans le genre.
Curieux, Réo vit les deux filles commencer à tracer un grand cercle au sol…

Adossée au portail permettant de passer la muraille de briques qui ceinturait le manoir, Meiling soupira. Elle n'avait bien entendu pas protesté lorsque Remilia lui avait demandé d'assurer la garde mais la gardienne aurait bien aimé se reposer…
Elle fit quelques mouvements avec son bras droit, totalement guérit. Ce fut à ce moment qu'elle remarqua que l'homme qui approchait tranquillement, utilisant une canne bien que n'en ayant pas véritablement besoin.

Que ce soit son long manteau ouvert, son pantalon, ses gants ou même son chapeau, tout était blanc, mais impeccable. La seule touche de couleur différente venait de sa chemise fermée gris-clair que le manteau laissait transparaître. Cela, ainsi que la canne noire dont le sommet était un crâne en argent.
Meiling fronça les sourcils et s'avança. Cet homme lui paraissait pour le moins étrange.

- Bien le bonjour, demoiselle ! la salua-t-il lorsqu'il la rejoignit.
Il avait retiré son chapeau, dévoilant ainsi sa chevelure noire parcourue d'une ligne blanche en son milieu, tout en s'inclinant, mettant son couvre-chef au niveau de son cœur.
Cette entrée en matière peu habituelle troubla Meiling qui ne put que balbutier un "Bonjour, monsieur ?".
Ce dernier reposa son chapeau sur sa tête en se remettant droit avant de répondre :
- Je suis le Voyageur. Je viens rendre visite à une personne qui m'est chère et que je n'ai pas revu depuis qu'elle a rejoint ce manoir.
- Navrée mais les visiteurs ne sont pas autorisés à entrer, sauf sur ordre de la maîtresse, rétorqua Hong.
- Je vois… Oh, j'y pense, voilà qui devrait…
Le Voyageur s'était mit à fouiller dans les poches intérieures de son long manteau. Il en sortit une carte qu'il tendit à Meiling. Celle-ci la prit et la regarda, surprise.

Elle n'en avait jamais vu de semblable. La carte était majoritairement bleue et ne semblait pas être faite de carton ou de papier mais en plastique. Des silhouettes étaient dessinées dessus et plusieurs choses étaient écrites en haut et en bas. D'ailleurs, un étrange symbole était présent en bas à droite, sorte de C présent entre deux triangles, l'un rouge et l'autre bleu.

- "Carte de fidélité Carrefour"… Qu'est-ce ? Demanda Meiling.
Le Voyageur prit un air surpris et récupéra la carte.
- Oups, je me suis trompé, voilà plutôt.
Il rangea la carte et en tendit une autre.

Cette fois-ci, elle représentait le Manoir du Démon Ecarlate. Il se trouvait à la droite du rectangle plastifié tandis qu'à gauche brillait une pleine lune rouge. Le ciel était également rouge, comme recouvert par un brouillard écarlate. Une silhouette dotée de deux grandes ailes de chauve-souris était également visible, se dessinant face à la lune.

- Inutile de continuer vos tours de passe-passe. Vous ne passerez pas ! s'exclama Meiling en se mettant en garde.
- Il n'y a donc aucun moyen de s'arranger pacifiquement ? Ce monde serait une véritable utopie sans ces combats à répétition… Soit…
Le Voyageur rangea la carte puis sourit.

L'instant d'après, il se trouvait derrière Meiling, laquelle était cernée par des cartes. Elles étaient disposées tout autour de la gardienne, statiques dans les airs et penchées vers leur objectif.
Meiling écarquilla les yeux, les cartes étant apparues soudainement, comme si…
- "Perfect Game", énonça Le Voyageur qui claqua des doigts.

Les cartes fusèrent aussitôt vers Meiling qui ne put bouger sous la surprise. Les bouts de papiers explosèrent à l'impact, ce qui créa de la fumée mais également ouvrit le portail grâce au souffle de la déflagration.
Le Voyageur s'engouffra donc dans l'enceinte du manoir en regardant sa montre à gousset dorée, ignorant totalement Meiling qui était allongée sur le sol, inconsciente…

- Voilà, c'est prêt, annonça Patchouli.
Elle et Koakuma avaient dessiné une sorte de cercle magique remplit de runes et également constitué de plusieurs figurent géométriques dont un pentacle au centre duquel se tenait Patchouli.
- C'est quoi ? s'enquit Réo, qui avait assisté à tout ça sans trop comprendre.
- Ce qui va me permettre d'entrer dans ton esprit. Ainsi, je pourrai visualiser le problème et sans doute la solution, voir même intervenir directement, expliqua la fille aux cheveux violets.
- Entrer dans mon esprit… N'est-ce pas risqué ? s'inquiéta l'Envieux.
- Un peu, la magie n'est jamais sans risques. Mais c'est la seule solution, répondit Patchouli.
Réo soupira de résignation.
- Bien. Que dois-je faire ?
- Enlève ton haut et allonge-toi au centre du cercle, ordonna la magicienne.
La demande figea Réo et causa le rire conjoint de Pride et Koakuma.
- Il faut un contact physique entre mademoiselle Patchouli et vous. Plus précisément, votre front et votre poitrine, expliqua la démone.
L'Envieux hocha la tête, indiquant qu'il avait compris et obtempéra.

Si Patchouli ne prêta strictement aucune attention au corps de Réo, ce ne fut pas le cas de Koakuma.
Malgré les multiples blessures qu'il avait reçu durant sa vie, aucune cicatrice n'était visible sur le corps de l'Envie du fait de l'efficacité de sa régénération accélérée. De même, malgré son appétit qui parfois avait été ravageur, pas une once de graisse n'était visible. En fait, on pouvait le qualifier de "maigre", ce à quoi il répondait souvent "svelte".

Les regards appuyés de la démone mirent Réo mal à l'aise alors qu'il s'allongeait sur le sol.
Patchouli se mit alors à genoux à sa droite et retroussa ses manches.
- Essaye de te détendre. Tu devrais ressentir des picotements au début puis une sorte de fatigue, prévint-elle.
Heureusement, la magicienne s'était placée entre Koakuma et Réo, ce que Pride supposa ne pas être un hasard. Ainsi, le polymorphe put se calmer. Il indiqua d'un signe de tête qu'il était prêt.
Patchouli posa alors sa main gauche sur le front de l'Envieux et la droite au niveau du cœur. Le cercle s'illumina alors d'une lumière rouge et au même moment, les tatouages d'Ouroboros de Réo refirent leur apparition…

Obscurité.
Ce fut la première chose que Patchouli remarqua. Là où elle se trouvait, aucune lumière ne brillait. Cela n'empêcha toutefois pas ses yeux de s'y habituer et rapidement elle put observer l'endroit.
A première vue, cela ressemblait à une grotte. Les parois de cet endroit circulaire étaient en pierre.
Des murmures se firent soudain entendre, entremêlements de plusieurs voix différentes, la première seulement était féminine :
- Les humains sont des êtres tragiques et vraiment… Ennuyant…
- Quelle corvée…
- Je peux le manger ?
- Je veux l'argent, la gloire, les femmes et tout ce que le monde peut offrir !
- Vous, les humains, m'emmerdez !!!

Les voix n'avaient aucune source précise, semblant venir de partout à la fois. Patchouli fit quelque pas et se retrouva soudain dans un tunnel, toujours fait de roche. Une masse informe, noire, telle une gigantesque ombre se trouvait devant elle.
Des yeux violets aux pupilles verticales apparurent soudain sur l'ombre ainsi que des sourires faits de dents acérées.
- Tiens, tiens, qui aurait crut que j'aurai de la visite. Je suis Pride, bonjour Patchouli Knowledge, fit l'Ombre, parlant via l'une des bouches.
L'ombre s'étendit et entoura la magicienne.
- Je suis ici pour vous aider, tu le sais, envoya-t-elle.
- En effet, tu cherches ce qui bloque l'Envieux et moi par la même occasion. Je ne peux m'étendre hors d'ici, excepté lorsque je prends le contrôle de Jealousy, je ne peux donc pas t'aider… Passe donc, et fais ton boulot correctement !

L'ombre se scinda soudain, créant un chemin que Patchouli emprunta. Elle n'avait jamais vu de chose semblable.
Les voix entendues précédemment semblaient spectrales mais leur existence était aussi réelle que celle de Pride.
Pride. L'Orgueil.
Les autres voix correspondaient certainement aux autres pêchés capitaux. Toutefois, ceux-ci n'avaient pas d'esprit propre. Et heureusement… Toutefois, si c'était cela, où était l'Envie ?
Le décor changea à nouveau, devenant une autre salle circulaire.

Des cris se faisaient entendre. Des gens hurlant de douleur ou de peur. Regardant autour d'elle, Patchouli remarqua quelque chose d'étrange.
Une étendue d'eau se trouvait là, soudainement apparue. Des chaînes partaient des murs et plongeaient dedans, sans doute pour retenir ce qu'il y avait dedans captif. De plus, un cercle magique rouge luisait à la surface du lac. Au centre de celui-ci se trouvait un symbole identique aux tatouages de Réo, un serpent ailé se mordant la queue.
Toutefois, les tatouages de Réo étaient rouges, celui-ci était vert.
Patchouli s'approcha de l'étendue d'eau et remarqua que les cris semblaient venir de là. Sans s'en rendre compte, elle se mit à descendre sous l'eau, sans pour autant nager.

Tout était noir là aussi. Les cris étaient tout proche.
- Quitte à me transformer, autant être jeune et mignon…
Une nouvelle voix se faisait entendre.
- Pourquoi ? Pourquoi ai-je si mal ?
Des pleurs…
- Tous ces couples… Je les hais ! Pourquoi ? Pourquoi eux et pas moi ? Pourquoi lui et pas moi ?
Puis un rire.
Sadique, cruel, fou…
Les tintements des chaînes se firent soudain entendre alors que la voix disparaissait, couverte par des cris.
D'immenses yeux verts aux pupilles de reptile s'ouvrirent alors devant Patchouli. Un grondement titanesque se fit entendre, empli de puissance.
Oui, quelque chose était emprisonné sous l'eau. Quelque-chose qui se trouvait juste devant Patchouli.
Les yeux clignèrent puis le décor changea, au moment où un cri de souffrance plus fort que les autres se faisait entendre.

Ossements. Cadavres. Sang…
Là où la fille aux cheveux violets se trouvait, les restes humains abondaient. Elle se mit soudain à paniquer, sans savoir pourquoi.
Quelque-chose.
Quelque-chose, pire que tout ce qu'elle connaissait était là.
Un être dont il manquait le bas du corps était épinglé sur le mur, une main ouverte tenait compagnie à la moitié d'une tête.
Patchouli recula, butant contre une jambe arrachée. Des bougies rouges longeaient les murs de ce sanctuaire morbide et éclairaient ce cauchemar.
La magicienne se retourna lorsque quelqu'un cria et découvrit un trône. Fait de crânes et d'autres ossements, un être se trouvait devant.
Engoncé dans une armure noire et grise couverte de sang ce qui donnait l'impression que tout était rouge, entouré une longue cape déchirée sur les bords également imprégnée du liquide rouge, un homme se tenait debout.
Seule sa bouche était visible, son casque masquant ses yeux et son nez.
Il sourit. Sourire qui fit s'emballer le cœur de Patchouli.
- Ksh
Des filaments rouges, du sang, jaillirent du corps de cet homme en rouge et fusèrent vers une magicienne tétanisée…


Le contact des doigts de Patchouli contre son corps troublait Réo. Comme l'avait prévue la fille aux cheveux violets, l'Envieux se sentait fatigué. Cela ne l'empêchait toutefois pas de frémir lorsque les doigts de la magicienne bougeaient pour changer de position.
Patchouli avait les yeux clos, toutefois ses paupières bougeaient, comme si elle rêvait.
Koakuma avait changé de place et ne cessait d'observer les tatouages de Réo avec une curiosité surprenante.
Tous étaient identiques mais aucune n'avait la même signification que les autres.
Leurs positions étaient : pupille de l'œil gauche, au-dessus de la poitrine, omoplate droite, au niveau du cœur, sur la langue, sur le dessus de la main gauche et sur la cuisse droite.

Soudain, Patchouli se jeta en arrière, rompant le contact. Le cercle cessa de briller et les tatouages de Réo disparurent.
La magicienne semblait apeurée et respirait avec difficulté. Koakuma se précipita vers elle, inquiète.
Etant de retour à la réalité, la bibliothécaire sembla se calmer. Elle sembla également surprise de voir qu'elle n'avait aucune blessure.
Elle se releva avec l'aide de Koakuma, clamant que tout allait bien, ce que la démone et l'Envieux ne crurent pas. Ni l'un ni l'autre ne firent toutefois de commentaire.
- Alors ? Tu as trouvé quelque chose ? s'enquit Réo.
- Oui. Enfin, il me faut réfléchir à tout ça et j'ai besoin de plus d'information pour tout comprendre, répondit Patchouli en se dirigeant vers une chaise.
Elle s'assit et plongea ses yeux dans ceux de l'Envie.
- Premièrement… Qui est cet Homme en Rouge ?
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeDim 9 Oct - 22:05

Chapitre 11 : Les Lueurs de la Folie


"Une erreur couramment commise est de croire que notre pouvoir se suffit à lui-même.
C'est faux.
C'est en voyageant, étudiant, s'entraînant, croisant d'autres destins et rassemblant diverses connaissances que nous pouvons devenir plus puissant.
Devenir complet."
Auteur Inconnu


Sakuya s'affairait à nettoyer un carreau lorsque l'on toqua à la double-porte servant d'entrée. Trois coups dont le bruit indiquait qu'ils étaient produits par un objet métallique qui entrait en contact avec le bois.
Usant de son pouvoir, Sakuya atteignit la porte quasi-instantanément et l'ouvrit.
- Vous êtes déjà de ret… commença-t-elle, s'attendant à ce qu'il s'agisse de quelqu'un d'autres.
Son visage se para donc d'une expression de totale stupéfaction lorsqu'elle reconnut de qui il s'agissait, un homme vêtu de blanc qui s'inclina en ôtant son chapeau.
- Salutations chère demoiselle.
- Vous ! Mais…
Visiblement, la servante peinait à croire ce qu'elle voyait. Elle recula de quelque pas, ce qui permit au Voyageur d'entrer.
- Eh bien, pourquoi êtes-vous si surprise ? Je vous avait dis que nous nous reverrions, et je tiens toujours mes promesses, fit l'homme en tenant sa canne de la main droite.
Sakuya soupira.
- Pardonnez-moi. Cela fait si longtemps, je ne pensais plus vous revoir. D'autant plus ici, à Gensokyo…
- Taratata, inutile de tenter de me berner ! Vous m'aviez oublié, voilà tout, rétorqua le Voyageur.
- C'est faux ! Comment le pourrais-je ? C'est de votre faute si je suis ici !
Les deux êtres se regardèrent, faussement en colère, puis éclatèrent d'un rire conjoint.
- Vous n'avez véritablement pas changé. Mis à part la couleur de vos vêtements, blancs au lieu de noirs et encore, la couleur est la seule chose qui diffère, constata la chef des domestiques.
- Le noir est uniquement lorsque je suis de service. Vous en revanche, vous avez bien changé. Outre votre uniforme de servante, qui doit attirer bien des regards, je me suis laissé dire que vous étiez entrée au service d'une vampire. Vous avez même changé de nom. Sakuya Izayoi, voilà qui vous va à ravir.
L'intéressée sourit et s'inclina.
- Je vous remercie. Toutefois, vous devez savoir que les visiteurs ne sont pas autorisés ici, sauf exception. D'ailleurs, vous avez battu Meiling n'est-ce pas ?
- Ne prenez pas cette voix inquiète, votre gardienne chinoise n'a rien de bien grave. Et je ne partirai qu'une fois ma tâche accomplie.
Sakuya croisa les bras d'un air interrogateur.
- Et de quoi s'agit-il ?
- Vous verrez bien, répondit le Voyageur avec un clin d'œil.
La chef des domestiques ferma brièvement les yeux, résignée.
- Vous n'avez VRAIMENT pas changé. Bien que cela me désole, il est toutefois de mon devoir de faire ce que Meiling n'a pas pu…
Une pièce dorée tournoyant dans les airs fit taire Sakuya. Le Voyageur rattrapa le cercle de métal, gardant son poing ganté de blanc fermé.
- Face je reste, pile je me retire. Cela vous convient-il ? Je n'aime guère la violence…
Sakuya soupira et hocha la tête affirmativement, soulagée de ne pas avoir à se mesurer à son vieil ami.
Lentement, comme pour ménager le suspens, le Voyageur ouvrit sa main…

- Je ne sais pas.
La réplique, prononcée par Réo, résonna dans l'immense bibliothèque du manoir. Ni Patchouli ni Koakuma ne parlèrent, ce qui incita l'Envieux à développer son propos.
- Cet homme en rouge, je ne le vois que dans mes cauchemars. Il est toujours couvert de sang et tient immanquablement une tête. Et autour de lui tout n'est que ruine, désolation et mort. J'ignore tout de ce qu'il est ou incarne. Tu l'as vu ?
La magicienne opina et demanda à son assistante d'aller chercher un livre, ce qu'elle fit sans discuter.
- Tu as une piste ? s'enquit le polymorphe alors qu'il remettait son T-shirt, posé sur une chaise.
- Peut-être… Ce que j'ai vu est assez troublant, je dois dire.
- C'est à dire ?
- Bien des choses, des cris, un lac, des chaînes, ce qui ressemble à un sceau, des cadavres. Si tu pouvais m'apporter des précisions…
- Concernant les cris, ils proviennent certainement des âmes emprisonnées en moi et dont je me sers pour me régénérer. La pierre doit être quasiment vide à présent…
Cette dernière réflexion retint l'attention de la bibliothécaire.
- La pierre ? releva-t-elle.
(- Et allez…), commenta Pride.
Réo soupira. Il n'avait pas encore évoqué ce point.
- Une pierre remplie d'âmes que j'ai absorbées. De toute évidence, c'est ce qui m'a conduit à Gensokyo. Le voyage l'a quasiment vidée toutefois…
- Montre, ordonna Patchouli en tendant une main.
La métamorphe prit un air résigné. Il ne tenait pas à montrer cette chose qui le répugnait mais il avait passé un accord avec la fille aux cheveux violets.

Il recouvrit sa main gauche de carbone et la plongea dans son ventre, ce qui fit sursauter Koakuma, laquelle venait de les rejoindre. L'Envieux retira rapidement sa main, des éclairs rouges crépitant autour de lui. La blessure se referma lentement mais elle laissa une cicatrice, contrairement à l'accoutumée.
Réo ouvrit sa main.
Une sorte de liquide visqueux rouge-sang se trouvait au creux de celle-ci. Le liquide se rassembla rapidement, formant une pierre qui n'était pas réellement solide.
- Voici la source de mon immortalité. Maintenant qu'elle est retirée, je suis aussi mortel que n'importe qui, du moins jusqu'à ce que Pride dévore quelqu'un avec ses ombres. Si la blessure s'est soignée, c'est uniquement car il restait un peu d'énergie, expliqua le métamorphe.
Patchouli regardait la pierre avec attention, ne prêtant aucunement attention au livre que Koakuma posait devant elle. Le petit objet rouge dégageait quelque chose de malsain, quelque chose qui donnait presque envie de vomir.
Voyant que la bibliothécaire avait toujours le bras tendu, Réo fit basculer la pierre afin qu'elle tombe dans la main de Patchouli.
La magicienne, à peine l'eut-elle recueillie, écarquilla les yeux et l'envoya plus loin d'un geste violent.
Elle semblait horrifiée.
- Comment… Comment peut-on concevoir une pareille chose ? s'insurgea-t-elle.
- Mademoiselle Patchouli ? Que se passe-t-il ? s'inquiéta Koakuma.
Réo ne dit rien et se contenta d'approcher de la pierre qui reposait sur le sol.
- Cette "pierre"… A été conçue à partir d'humains vivants ! Dis-moi, combien de personnes ont-elles été sacrifiées ? Combien !
Patchouli s'était levée, furibonde.

Elle pouvait accepter que Réo, ou Pride, tue pour survivre. Les youkais mangeaient bien des humains. Toutefois, la pierre rouge n'avait pas été crée pour survivre. En la touchant, la magicienne avait immédiatement compris comment elle avait été fabriquée. Ce fut comme si, l'espace d'un infime instant, elle avait vu comment tous ces gens avaient été sacrifiés, les avait vus hurler de souffrance alors qu'ils mourraient…

Réo s'accroupit et tendit son bras gauche. Le bout de son index entra en contact avec la pierre qui s'infiltra immédiatement dans son corps. Aussitôt, des arcs électriques écarlates crépitèrent autour de lui tandis que sa cicatrice précédemment crée disparaissait.
- A l'origine 13437 âmes étaient contenues dans cette pierre. Malbas Elric, celui qui l'a conçue, avait sacrifié tous les prisonniers d'une nation. Les gardiens aussi d'ailleurs… Ce fut lors d'un combat contre lui que j'ai malencontreusement absorbé la pierre en la touchant.
L'annonce jeta un froid. Koakuma s'était reculée, choquée par ce qu'elle venait d'entendre.
Réo avait serré les poings.
Il ne l'avait pas évoqué, mais un ami avait aussi été sacrifié, s'étant trouvé dans une prison à ce moment-là. Le voyage vers Gensokyo avait toutefois fait disparaître son âme, ce qui n'était pas plus mal.
- Malbas Elric… A cause de lui, Alice a faillit devenir paraplégique… Que sais-tu de lui ? demanda Patchouli d'un ton redevenu calme.
- Il se nourrit de l'énergie vitale de ses victimes. Il obtient leurs pouvoirs, souvenirs et âme. Cela alimente également sa régénération accélérée. Il cherche toujours à obtenir plus de puissance d'où la création de la pierre qui a augmenté ses pouvoirs. Depuis toujours, il veut me tuer, j'ai le sentiment que c'est son ultime objectif. Mais j'ignore pourquoi, narra l'Envieux.
- Je vois…

Le polymorphe voulut ajouter quelque chose mais des bruits de pas l'interrompirent.
Il s'agissait de Sakuya qui approchait.
- Le déjeuner est servit, annonça-t-elle.
- Bien, vas-y Réo. Je reste ici, fit Patchouli.
Illustrant ses dires, elle attrapa le livre apporté plus tôt et l'ouvrit.
- Comme vous voudrez. Si vous voulez bien me suivre, réagit Sakuya en se tournat vers le changeur de forme.
Celui-ci s'exécuta, suivant la domestique jusqu'à la salle, ou du moins une salle, à manger.

- Bien le bonjour, héla une voix alors que Réo entrait.
- Vous ! Mais que… balbutia l'Envie en voyant le Voyageur, confortablement installé sur une chaise, se trouvant face à la porte de l'autre coté de la table rectangulaire qui trônait au centre de la pièce.
- Et bien, il semblerait que je surprenne tout le monde par ma présence, remarqua l'homme vêtu de blanc.
Réo s'assit en face de lui. Il remarqua alors que seules deux assiettes étaient présentes.
- Miss Scarlet est en déplacement semble-t-il. Sa petite sœur dort et Hong Meiling fait son travail, répondit le Voyageur à la question silencieuse.

Il avait retiré son chapeau, lequel était posé sur le dossier de sa chaise. Sa canne noire surmontée d'un crâne d'argent était quant à elle posée en équilibre à sa gauche. Toutefois, ses mains étaient toujours couvertes par de fins gants de tissu blanc.
Réo ne l'avait pas remarqué avant mais les yeux de cet homme étaient orangés, ce qui contrastait avec le reste.
Sakuya les rejoignit sur ses entrefaites, posant leur plat devant eux. Il s'agissait de poisson et de riz, le tout nappé d'une sauce appétissante.
- Du poisson, quelle délicate attention, je vous remercie demoiselle Izayoi, fit le Voyageur, grand amateur de poisson.
Cela tira un sourire à la domestique, contente d'elle.
- Alors, vous avez trouvé ce que vous cherchiez ? demanda l'homme vêtu de blanc au polymorphe.
- Oui. Grâce à vous. Je ne sais pas comment, mais vous saviez que je cherchais un professeur. Mais surtout, vous saviez que je combattrai Reimu et serai obligé de m'enfuir en passant par le lac, ce qui m'a conduit ici, lança l'Envieux.
Le Voyageur ricana.
- Voyons, comment aurai-je pu planifier tout cela ? De toute façon, c'est est entre peu et pas important. Le passé est révolu, seul le présent et l'avenir sont intéressants, fit-il.
- Mouais…
Réo ne semblait pas convaincu et continua donc son assiette, ne trouvant rien d'intéressant à dire et se doutant que le Voyageur ne répondrait pas aux questions qu'il lui poserait.
L'homme se mit donc à raconter des histoires concernant Conquête, Guerre, Famine et Mort, les quatre cavaliers de l'Apocalypse. Réo l'écoutait tout en mangeant, curieux.

Une fois le repas finit, l'Envie s'étira, reput.
- Délicieux, vraiment, commenta le Voyageur.
Sakuya le remercia et débarrassa la table. Réo en profita pour se lever, voulant rejoindre Patchouli.
- Vous n'attendez pas que mademoiselle Izayoi vous y emmène ? commenta l'homme vêtu de blanc.
(- Vaudrait mieux, tu vas encore te paumer), intervint Pride.
- Je devrai quand même être capable de revenir sur mes pas… Peut-être… Bah, j'y arriverai ! répondit l'Envieux.
- Fort bien, bon courage. N'oubliez pas toutefois que l'accès à la magie se fait par notre cœur et notre esprit. De cette façon, la magie que nous utilisons dépend à la fois de notre propre pouvoir mais également de notre personnalité. Cela se reflète particulièrement bien avec les spellcards…
Réo hocha la tête, indiquant qu'il avait prit en compte l'explication. Il fit un signe de remerciement, et d'au revoir, et s'éloigna.

Le Voyageur regarda l'Envie s'éloigner puis attendit. Rapidement, Sakuya apparut, bras croisés. Elle se tenait à la droite de la chaise qu'avait occupé Réo.
- C'est donc vous qui l'avez amené ici, conclut la servante.
Le Voyageur se contenta de sourire.
- Vous êtes incorrigible. Vous avez agit de la même façon avec moi, continua Sakuya.
- Je n'ai fait que vous indiquer où se trouvait le vampire que vous cherchiez. Je ne suis pas responsable de votre défaite, ni de votre enrôlement ici, contredit l'homme.
- Est-ce donc un hasard si la montre et les conseils que vous m'avez donné sont ce qui m'a sauvé la vie en l'intéressant assez pour m'épargner ?
A ces mots, le Voyageur éclata de rire.
- Vous avez vécu trop longtemps, votre mémoire commence à vous faire défaut. Je ne vous ai pas donné la Luna Dial, vous l'avez remportée. Au poker. Ma seule défaite à ce jour. Vous en avez prit soin j'espère ?
Sakuya sortit une montre à gousset grise et la tendit au Voyageur.
- "Fort bien, elle est à vous. Ce doit être votre destin, elle vous sera sans doute plus utile qu'à moi. Je suis certains qu'elle vous aidera à mieux appréhender votre pouvoir", cita la chef des domestiques.
Le Voyageur approuva de la tête.
- De toute évidence, j'avais raison. Rien que le fait de voir votre âge physique suffit à comprendre que vous avez acquit une maîtrise minimale de votre contrôle du temps. Je n'en attendait pas moins de vous et vous félicite, vous êtes la seule humaine dont j'ai connaissance à être parvenue à un tel résultat.
- Merci, vraiment. Mais ne faites pas l'innocent, vous saviez pertinemment que je perdrait mon combat, Luna Dial ou non. Avouez-le ! fit Sakuya en rangeant la montre.
- Que je fusse au courant de cet échec avant qu'il ne se réalise change-t-il ce qui eut lieu ? Non, bien évidemment. Et puis, n'êtes vous pas mieux ici que sur les routes à traquer les vampires ?
- Je pense que vous connaissez la réponse à cette question aussi bien que moi, répondit la servante en regardant le Voyageur dans les yeux.
L'homme sembla satisfait et sortit soudain un paquet de cartes de son manteau blanc.
- Bien, afin de me faire pardonner puis-je me permettre de lire votre avenir ? s'enquit-il en commençant à mélanger.
Sakuya s'assit en face de lui, ce qui suffit à faire comprendre qu'elle acceptait.

- Vous m'êtes très chère, je vais donc vous faire un tirage spécial dont j'ai le secret, annonça le Voyageur avant de s'arrêter pour poser le paquet.
Il tira alors cinq cartes qu'il disposa en pentacle inversé, pointe vers lui.
- Chaque carte représente une personne, un événement, une émotion, un lieu… Bref, chaque carte peut avoir une interprétation, ou plusieurs. Voyons d'abord…
Le Voyageur retourna les deux cartes du haut.
- L'arcane trois : l'Empereur et l'arcane quatre : l'Impératrice. Intéressant, ces deux-là seront donc présents ensemble. Ces deux arcanes forment habituellement un couple, et c'est d'autant plus vrai ici. Vous l'aurez compris, elles représentent chacune une personne. Etant donné la présence de l'Impératrice, il s'agit d'un événement important…
Une fois cette première explication achevée, le Voyageur retourna les deux cartes suivantes. Sakuya sourit en voyant celle se trouvant à gauche, l'arcane dix-sept : l'Etoile.
- Ainsi que l'arcane dix-neuf : le Soleil. J'en déduis à votre sourire que vous vous souvenez de l'Etoile. Elle représente les rêves et l'espoir, mais elle vous représente également. L'Etoile est emplie de sérénité, tout comme le Soleil qui est ici son partenaire. Calme et bienveillant, il diffuse sa lumière sans compter. Les deux arcanes que je viens de vous révéler forment également un couple, le soleil est une étoile après tout…
- Vous voulez dire que…
Sakuya s'interrompit lorsque le Voyageur retourna la carte du bas.
- L'arcane six : l'Amoureux. Cet arcane sert de lien entre l'Etoile et le Soleil et est la conclusion, la conséquence et la cause de tout ceci. L'Impératrice et l'Empereur tendent à rendre cet événement plutôt officiel, donnant ensemble leur bénédiction aux deux autres…
Le devin sourit allègrement. Il avait compris de quoi il s'agissait et cachait mal sa jubilation.
- J'avoue avoir du mal à comprendre, avoua Sakuya.
- Ce n'est pas grave. Certains événements sont encore plus heureux lorsqu'on ne les attend pas. Soyez certaine que je ne le louperai pour rien au monde toutefois. Je n'ai plus qu'une chose à dire : toutes mes félicitations ! fit l'homme.

Décontenancée, mais rassurée quant à la nature de l'événement en question, Sakuya se retira, ayant du travail.
Le Voyageur rangea donc ses cartes, excepté l'arcane dix-neuf qu'il regarda en souriant.
- Je suis curieux de voir à quoi vous ressemblerez, futur monsieur Izayoi…
Il mit ensuite le rectangle de papier avec les autres puis prit sa montre à gousset dorée.
Il soupira alors puis la rangea.

A peine l'eut-il fait qu'une explosion retentissait, suscitant cris et panique de la part des domestiques. Le Voyageur, lui, se leva tranquillement de sa chaise, prenant son chapeau au passage pour le mettre sur sa tête ainsi que sa canne dont il se servait sans en avoir besoin.
Puis il marcha calmement vers l'origine de l'inquiétant bruit…

- Bon sang mais qu'est-ce que…
Réo ne put pas finir sa phrase. Son corps explosa soudain, le laissant de lui que quelques débris peu ragoûtants.
Cela suffit cependant au métamorphe pour se régénérer totalement en une poignée de secondes, son corps repoussant à partir du plus gros morceau, le reste devenant cendres.

Comme Pride l'avait supposé, Réo s'était perdu en se rendant à Voile. Il passait devant une porte imposante lorsque celle-ci et une partie du mur vola en éclat sans raison apparente.

Une fois reformé, Réo se jeta sur le coté, évitant de peu un projectile d'énergie rouge. Un rire fou se fit soudain entendre, provenant de la pièce sur laquelle s'ouvrait la brèche.
Ce fut avec stupeur que l'Envie reconnut Flandre, à deux mètres du sol. La pièce se révélait être en réalité sa chambre, immense, qui ressemblait davantage à un cimetière de jouets qu'autre chose. En effet, mis à part son impressionnant lit à baldaquin et quelques peluches, tout était brisé.
Y comprit le mur désormais.

La lueur venant des cristaux de la petite vampire étaient les seules choses qui éclairaient la salle. Elle tenait une étrange barre de métal noire tordue à la main droite et avait sa tête penchée sur le coté avec un sourire qui fit frissonner le métamorphe.
- Ce sourire… On dirait… L'Homme en rouge, constata-t-il.
Sakuya apparut soudain à la gauche de l'Envieux. Elle sembla comprendre la situation mais se plaqua contre le mur restant alors qu'une dizaine de pointes d'énergie rougeâtres fusaient dans sa direction, et celle de Réo.
- C'est quoi ce délire ? demanda ce dernier, ayant fait la même chose, alors que Sakuya empoignait plusieurs couteaux.
- Cela n'était pas arrivé depuis plusieurs mois mais mademoiselle Flandre fait une crise de folie. Il est inutile de tenter de la raisonner, le seul moyen de la calmer avant qu'elle ne détruise tout ce qu'elle voit est… De la battre, du moins de l'épuiser.
Malgré son air serein, la voix de la chef des domestiques trahissait un minimum d'angoisse.
- Remilia s'en occupe d'ordinaire, n'est-ce pas ? devina l'Envieux.
- En effet, mais la maîtresse est absente…
Une nouvelle explosion coupa la parole à Sakuya, un nouveau pan de mur ayant disparut.
- Je vais vous donner un coup de main, j'ai moins de risque de mourir que vous, annonça Réo en transformant son bras droit en lame lourde.
Bien que se faire aider par un invité lui déplaisait, la manieuse de couteaux approuva de la tête.

Le polymorphe souffla un bon coup puis se mit devant l'ouverture, gagnant l'attention de la petite fille qui envoya plusieurs projectiles rouges à nouveau.
Des couteaux apparurent soudain sur la trajectoire des tirs et les interceptèrent. Sakuya se trouvait désormais à côté de l'Envieux, couteaux à la main.
(- Faudrait des claymores. Dis-lui de balancer ça plutôt que ses couteaux), commenta Pride.

L'Envieux fléchit les jambes, s'apprêtant à courir vers Flandre…
- Retournez en arrière, vous n'êtes pas de taille contre elle, fit soudain le Voyageur, se trouvant à l'entrée de la salle.
Sa réplique stoppa tout le monde et lui permit d'obtenir leur attention.
- Ça vaut aussi pour vous, mademoiselle Izayoi. J'aimerai ne pas avoir à deviner quel morceau correspond à quoi.
- Vous voulez vous en charger ? fit Sakuya, éberluée.
- Bien évidemment. C'est pour cela que je suis venu après tout.
(- Je croyais qu'il n'aimait pas la violence…), remarqua l'Orgueil.
- Il faut parfois faire abstraction de nos désirs pour faire notre devoir, lança l'homme à la canne comme s'il avait entendu Pride.

- Tu veux jouer ? demanda Flandre avant d'éclater de rire.
Le Voyageur s'était un peu avancé, les deux spectateurs s'étant eux reculés.
Sans attendre, la petite vampire activa une spellcard.
- Taboo "Kagome Kagome"

Une myriade d'orbes vertes apparurent, formant une sorte de cage tournant autour du Voyageur, qui était resté au sol. Flandre lança alors de grosses orbes jaunes qui fusèrent vers son ennemi.
- Rider of the White Horse "Conquest's Mercy"

Sans crier gare, une lumière blanche parcourut la canne du Voyageur. Elle devint alors deux gros pistolets. Le canon de celui de droite était plus petit mais plus large puisque cinq trous étaient visibles à son embout. L'autre, à l'inverse, était plus long mais plus fin et seul un trou était visible. De plus, un crâne le décorait. Les deux armes à feu étaient équipées d'un barillet mais aucun trou permettant de mettre des munitions n'était visible.

Le Voyageur tendit les bras et appuya sur les gâchettes. Ses armes tiraient de fins projectiles magiques, si petits et rapides qu'on ne pouvait les voir. Les tirs fusaient à une cadence infernale, détruisant la cage de boules vertes lorsque le Voyageur tourna sur lui-même.
Désormais libre, il sauta pour éviter une boule jaune et tira sur la vampire. Celle-ci s'éleva alors que d'autres boules vertes apparaissaient, devenant un quadrillage mouvant. L'homme en blanc détruisit plusieurs sphères en tirant dessus, passa sous une autre puis tenta à nouveau de viser son adversaire.
Les tirs creusèrent de multiples petits trous dans les murs mais n'atteignirent pas leur cible, trop rapide pour cela.
La spellcard cessa soudain de faire effet et le Voyageur profita du fait d'avoir une mobilité maximum pour foncer vers Flandre.

Réo écarquilla les yeux.
Le Voyageur s'était trouvé sous la vampire blonde lorsqu'il lui tirait dessus mais soudain, il était derrière et au-dessus. De plus, des balles flottaient dans les airs, entourant la fille, comme si…

Alors que le Voyageur pressait à nouveau les gâchettes de ses armes, les projectiles en suspension fusèrent vers Flandre. Sa condition de vampire lui permit toutefois de filer à assez grande vitesse pour en éviter la quasi-totalité, se faisant toutefois toucher au bras.
La fillette posa pied sur le sol, énervée.

Le Voyageur fit de même, faisant attention à se mettre entre elle et la sortie.
- Pitié et Miséricorde sont diablement efficaces. C'est la première fois que je m'en sers, commenta l'homme.
Cela ne sembla pas plaire à Flandre qui fonça vers lui, voulant le frapper à l'aide de sa barre de fer tordue.
- Rider of the Red Horse "War's Chaoseater"

Une lumière rouge parcourut les pistolets qui se joignirent et se changèrent en une épée. Longue et large, elle paraissait disproportionnée entre les mains de son propriétaire. Sa lame était décorée de visages ce qui lui donnait un air lugubre.

De justesse, le Voyageur para l'assaut de Flandre. Le choc avait été terrible et le bruit des deux lames s'entrechoquant résonna pendant un temps entre les murs du manoir.
La petite vampire grogna puis sauta en arrière, envoyant plusieurs pointes d'énergie que le Voyageur détruisit avec sa lame.
- Taboo "Laevateinn"

L'arme de la fillette fut soudainement nimbée de flammes, lesquelles avaient prit la forme d'une lame démesurée.
Avec un éclat de rire terrifiant, Flandre abattit sa lame de feu sur le Voyageur, lequel esquiva en sautant sur la droite. A proximité de la lame, la chaleur avait drastiquement augmentée, rendant l'atmosphère étouffante. Chaque mouvement de la Laevateinn traçait une traînée rouge dans son sillage, ainsi que de profondes traces de brûlure sur le sol qui fondait en partie au contact de la lame enflammée.

Un mouvement horizontal de la vampire approcha la lame du Voyageur qui se protégea avec sa Chaoseater, utilisant le plat de la lame pour que les flammes ne l'atteigne pas, mettant sa main droite derrière pour la soutenir.
Les deux adversaires luttèrent pendant quelques instants mais une volée de couteaux lancés sur Flandre obligea cette dernière à esquiver, et donc à rompre la confrontation.
Sa spell s'annula et elle fonça vers Sakuya, le Voyageur ne la remarquant que lorsqu'elle fut à son niveau.
- Rider of the Black Horse "Famine's Fiery Whip"

Une sorte d'éclat de noirceur entoura Chaoseater, la transformant en un manche cylindrique grisâtre de trente centimètres de long. Le Voyageur fit un mouvement vers Flandre et une sorte de lanière d'énergie rosée apparut, bloquant Flandre en lui retenant le pied droit.
- Je n'ai pas fini, annonça l'homme.

Flandre poussa un cri de rage et rebroussa chemin, voulant frapper son ennemi. Celui-ci sauta en arrière pour éviter un coup de griffes et voulut frapper la vampire à l'aide de son fouet. La lanière d'énergie rata son objectif, Flandre étant bien trop rapide.
La fillette se trouvait désormais trois mètres derrière le Voyageur. Elle tenait une carte en main, qu'elle activa sans tarder.
- Taboo "Four of a Kind"

Réo crut halluciner lorsqu'il vit Flandre se cloner trois fois. Quatre Flandre ? Mais comment pouvait-on espérer une victoire quand même une seule causait tant de problèmes ?

Les quatre Flandre se jetèrent au même moment sur leur adversaire qui ne se départit pas de son calme habituel et énonça :
- Rider of the Green Horse "Death's Harvester"

Une lumière verte parcourut le fouet qui se changea en une faux. Entièrement faite de métal, son manche était brun et sa lame grise. Ses formes était torturées et irrégulières, le manche se prolongeant par ailleurs sur le dessus de la lame tout en la striant de lignes, ce qui faisait penser à une aile de chauve-souris. A la jointure entre la lame et le manche, ce dernier se déformait pour représenter une sorte de tête dont l'arrière était le point de départ de la lame.

Le Voyageur ne se fit pas prier et donna un coup dès que ses ennemies furent à portée. Chaque mouvement de la faux était accompagné d'une traînée violette et de sortes de murmures.
L'homme donna un grand coup qui repoussa une adversaire puis se retourna tout en frappant, repoussant ainsi un coup de griffes. Puis il sembla charger un coup et la Moissonneuse se mit à tourner autour de lui, si rapidement qu'elle donnait l'impression d'être une scie circulaire.
Cela empêcha les quatre Flandre de l'attaquer et lui permit, lorsqu'il reprit son arme, de se concentrer sur une seule.

Il fit deux larges attaques horizontale puis tourna sur lui-même, bloquant les autres clones, ou la vraie, qui l'avaient rejoint.
Toutefois, malgré les assauts à répétition, aucune de ses adversaires ne semblait blessée. En réalité, chaque blessure que le Voyageur infligeait se refermait rapidement.

L'homme en blanc donna un coup vertical descendant, lâchant sa faux qui tourna, repoussant ainsi un clone. Puis il la récupéra, et faucha deux autres clones qui reculèrent. La blessure causée à leur abdomen se referma sans heurt, ce que ne remarqua pas le Voyageur qui combattait un autre adversaire.
Il avait beau tenir quatre vampires en respect, le combat piétinait, aucun des adversaires ne prenant véritablement le dessus.

Les quatre Flandre éclatèrent soudain de rire puis s'éloignèrent en s'élevant dans les airs. Le Voyageur soupira puis posa le regard sur celles-ci alors que sa faux disparaissait au profit de sa traditionnelle canne.

Les clones s'étaient placées en croix et chacune joignit ses mains. Ensemble, elles énoncèrent :
- Taboo "Devil's Cross"

Une croix d'énergie écarlate démesurée apparut devant elles puis commença à tourner sur elle-même avant de fuser vers le Voyageur.

Celui-ci sortit alors cinq cartes qu'il plaça devant lui. Celles-ci se stabilisèrent en l'air, face vers Flandre, et se disposèrent en pentacle.
Les cinq cartes représentaient une partie du corps d'un être et quatre avaient les bords beige. Les deux du bas représentaient une jambe, celle du milieu un bras et celle du haut, dont les bords étaient orangés, une tête et un torse.
Ces morceaux de corps étaient oranges et musculeux et les membres étaient emprisonnés par une chaîne chacun. La tête quant à elle était monstrueuse mais avait plusieurs caractéristiques des pharaons de l'Ancienne Egypte, notamment la coiffe et la barbiche. En revanche, l'être n'avait pas de lèvres ni de peau au niveau de la bouche.

Le Voyageur tendit son bras gauche au centre du pentacle et énonça d'une voix forte alors que l'attaque de Flandre approchait :
- The Forbidden One "Obliterate"

Les cartes se relièrent soudain de lignes, formant un pentacle. L'être représenté sur les cartes sembla soudain apparaître en lieu et place du Voyageur.
Colossal, ses mains étaient approchées de sorte qu'une sphère d'énergie jaune se formait au creux de celles-ci. Puis, d'un mouvement brusque, il tendit son bras gauche et la boule devint un formidable rayon d'énergie qui fusa vers la croix écarlate.
Puis l'être disparut, le rayon venant de la main gauche du Voyageur se trouvant au centre du pentacle délimité par les cartes.
L'onde de choc causée par le départ de l'attaque avait créé un courant d'air qui avait envoyé valser les débris de la pièce et obligé Sakuya et Réo à se protéger.

L'impact entre la croix et le rayon dégagea une intense chaleur ainsi qu'une lumière aveuglante. L'attaque du Voyageur continua d'avancer, repoussant la croix comme un fétu de paille face à un ouragan. Incapables de réagir, les quatre Flandre se prirent donc leur attaque ainsi que celle du Voyageur.
Celle-ci décrut progressivement avant de disparaître, les cartes revenant dans la main de leur propriétaire qui les rangea dans une poche intérieure de son manteau.

Quant à Flandre, elle chuta lourdement sur le sol, inconsciente et à nouveau unique.

Le Voyageur soupira, se retourna et s'approcha des deux spectateurs.
- Voilà qui est fait. Merci de votre intervention demoiselle, sa Laevateinn a bien faillit m'avoir.
- Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, nia Sakuya.
Le Voyageur ricana. Il suivit le regard de Réo, qui fixait Flandre d'un air inquiet.
Elle se tenait toujours au milieu de sa chambre ravagée, comme si de rien n'était.
- Ne craignez rien, elle est juste endormie. Même en y allant à fond, je doute pouvoir la tuer de toute façon. Et qui voudrait faire cela à une fillette aussi adorable ? lança-t-il.
(- Adorable, il en a de bonnes celui-là), réagit Pride.
- Vous n'étiez pas à fond ? releva l'Envie.
- Non, mais elle non plus. Loin de là. Je me serais fait tailler en pièces sinon. Elle ne faisait que jouer et ne se contrôlait pas, je n'ose songer à ce dont elle serait capable si elle voulait réellement tuer quelqu'un tout en étant maîtresse de son esprit. Paix à son âme…
- C'était impressionnant en tout cas… commenta le polymorphe.
- Merci, mais je n'ai fait que tester quatre de mes nouvelles spellcards. Il s'agissait simplement de faire apparaître des armes, rien de sensationnel. J'ai même entendu parler d'un être pouvant le faire en changeant la météo et en contrôlant un élément… Bref, occupez-vous bien de la petite, pensez à jouer avec elle, cela réduira significativement les risques qu'elle récidive.
(- Comptes là-dessus mon gars. Moi, je ne m'approche pas d'une gamine qui vous fait exploser sans même qu'on puisse réagir), argua l'Orgueil.
Le Voyageur salua les autres puis s'éloigna, son objectif ayant été atteint.

- Quel curieux personnage, commenta Réo.
- Vous n'imaginez pas à quel point, fit Sakuya.
Les deux se regardèrent et eurent un léger rire. Il cessa toutefois lorsque leurs yeux se posèrent sur la chambre de Flandre.
- Jouer avec elle, hein ? Si ce n'est que ça, je m'en chargerai, fit le polymorphe.
- Ça lui fera énormément plaisir. D'ordinaire, seule Meiling s'occupe véritablement d'elle. Vous serez très vite sous le charme, assura la chef des domestiques.
- Je veux bien vous croire… Faudra juste qu'elle évite de m'apprendre à exploser.
- Elle est docile habituellement. Difficile à suivre mais docile.
(- Superbe, tu vas te transformer en nounou. Enfin, si ça peut nous éviter une mort stupide, c'est pas plus mal. Mais t'assumes, je ne m'occupe pas de cette gamine !), prévint l'Orgueil.
Réo soupira.

Sakuya s'était avancée et porta Flandre pour la mettre dans son lit, miraculeusement intact.
- L'est mignonne quant elle dort, remarqua le changeur de forme.
(- Déjà gaga… Navrant…)
Nouveau soupir.
- Bien, maintenant que l'incident est réglé, vous pouvez retourner voir mademoiselle Knowledge, fit Sakuya.
- Ah ? Euh, vous allez vous occuper de ranger…
- Tel est mon travail. Allez maintenant, le coupa la servante.
Réo haussa les épaules puis tourna les talons, laissant Sakuya à son dur labeur…

Sur le toit du manoir, le Voyageur regardait la position des aiguilles de sa montre à gousset dorée.
- Tic tac, tic tac, le temps file, Jealousy. Bientôt… Bientôt tu devras payer ton prix…
L'homme ferma sa montre puis la rangea avant de disparaître.
Comme s'il n'avait jamais été là…
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeMar 25 Oct - 0:27

Chapitre 12 : Pour toute chose reçue…


"L'entraînement est l'un des meilleurs moyens de se perfectionner, tout comme l'observation attentive des autres."
Marisa Kirisame



Le manoir était en ruines. D'immenses pans de sa structure s'étaient effondrés ou avaient explosés.
Piégé à l'intérieur, Réo courait. Les couloirs étaient bondés de cadavres, ceux des servantes. Leurs corps étaient rarement intacts, généralement il manquait des bouts, quand ils n'étaient pas disloqués ou complètement en morceaux éparpillés un peu partout.
L'Envieux passa près d'une double-porte autrefois imposante et désormais défoncée, revint sur ses pas…
La jadis majestueuse Voile n'était plus qu'un tas informe de papiers, de livres et de bois. Un véritable cataclysme semblait avoir atteint la bibliothèque et tout dévasté, sans exception.
Réo fit quelque pas à l'intérieur et sursauta lorsqu'il buta contre un corps.
La moitié haute de Koakuma gisait à cet endroit, face contre le sol.
Le changeur de forme rebroussa rapidement chemin lorsqu'il aperçut une robe lavande tachée de sang dépasser de sous les restes d'une étagère…

Ce fut lorsqu'une nouvelle explosion retentissait, secouant les environs, que l'Envie trouva la sortie.
Il était revenu à l'entrée, la porte était éclatée et du sang maculait le sol. Les débris de l'ouverture côtoyaient ceux d'un corps, complètement réduit en charpies.
La vue d'un couteau brisé poussa Réo à ne pas s'attarder davantage.

La nuit était tombée, seule la pleine lune éclairait ce véritable cauchemar. Un cri de guerre se fit soudain entendre avant de s'éteindre subitement.
De l'endroit où il se trouvait, Réo avait aperçut quelqu'un bondir avant de retomber, réduit à l'état de pièces détachées.
L'Envieux s'approcha, atteignant ainsi la fontaine qui trônait au milieu du jardin.
Un peu plus loin, ce qui fut Hong Meiling reposait dans l'herbe, du sang décorant les alentours de tâches écarlates.
De toute évidence, c'était elle que l'Envie avait aperçut plus tôt.
Et sur la fontaine…

Drapé de sa cape rouge déchirée qui masquait une bonne partie de son corps, le responsable de tout cela se tenait debout. Il tournait le dos au polymorphe, contemplant visiblement sa dernière victime.
Sa main gauche était fermée sur une barre de métal tordue décorée de cristaux, lesquels étaient maculés de sang. Dans sa main droite en revanche, c'était une tête qu'il tenait. Celle de la désormais défunte maîtresse du manoir…

L'Homme en rouge se retourna lentement pour faire face à Réo.
L'eau de la fontaine avait prit une teinte rougeâtre, colorée par le sang qui avait coulé dedans.
A la droite de la fontaine, baignant dans son sang, on pouvait distinguer le corps d'une fillette blonde. L'étrange aile qui lui restait avait perdu deux cristaux et trois autres étaient brisés.

Prit d'une rage folle, Réo se jeta sur le tueur.
- Ksh
Se parant d'un sourire, l'homme en rouge jeta ses trophées en écartant les bras sur les côtés. En même temps, de multiples minces fouets de sang jaillirent de son corps puis fusèrent vers l'Envieux…


Réo se réveilla en sursaut. Essoufflé, en sueurs, il avait encore l'impression de sentir l'attaque déchiqueter sa chair.
- Bon sang… Ça ne fait qu'empirer… A chaque fois c'est plus intense, murmura-t-il en mettant une main au niveau de son front.
(- Et oui, Jealousy, de toute évidence passer une nuit normale est impossible avec toi !), railla Pride.
L'Envie n'était toutefois pas d'humeur à rire. Il ne parvenait pas à effacer les images du massacre de sa tête.
Contrairement aux rêves et cauchemars ordinaires, ses souvenirs étaient clairs, nets, précis. Il avait vraiment eut l'impression de vivre cet événement et cela le troublait énormément.

Ses cauchemars avaient repris la nuit suivant la crise de Flandre, soit deux jours auparavant. Elle s'était réveillée deux heures après s'être endormie, comme si de rien n'était et n'avait pas vraiment de souvenirs de ce qu'elle avait fait.
Suivant les conseils du Voyageur, Réo avait accepté de jouer avec elle malgré les protestations de Pride. Il avait donc découvert une fillette pour le moins énergique, étrangement innocente et insouciante, l'opposé de ce qu'elle avait été lors de son "jeu" avec le Voyageur.

Se doutant qu'il ne se rendormirait pas, Réo se leva puis sortit de sa chambre.
(- Tout ça c'est bien beau mais on n'a pas avancé d'un iota concernant la magie. C'était un peu le but de la manœuvre, à la base !), râla Pride.
Il disait vrai.
Quand il ne jouait pas avec Flandre, Réo étudiait et s'entraînait avec Patchouli. Mais malgré l'absorption d'Hebi, l'Envieux était incapable de voler ou d'utiliser des spellcards.
Selon la bibliothécaire, la raison de ce blocage avait un lien avec le sceau qu'elle avait vu sur le lac lors du voyage intérieur.
(- Ou pas. Elle peut très bien être complètement à côté de la plaque)

Réo utilisa son pouvoir pour changer de vêtements, optant pour du gris veiné de vert, et se mit à arpenter les couloirs.
Au vu de la lumière qui filtrait à travers les rares fenêtres et de la position du soleil, le jour venait de s'installer.
- Fichu cauchemar, maugréa l'Envie.
(- C'est ballot, hein ? Mais ce n'est pas comme si tu avais fais un joli rêve juste avant…), susurra l'Ombre.
- Tais-toi !
(- Et bien ? Depuis que nous sommes ici, tu t'efforces de faire taire tes sentiments. Toutefois, elle hante toujours tes pensées et tes rêves. Tu as beau occuper sans-cesse ton esprit pour ne pas y penser, tu ne l'as toujours pas oubliée…)
L'Envieux serra les mâchoires et détourna la tête.
Il pouvait presque s'imaginer Pride se tenant devant lui.

Accoudé au mur, ayant sa forme humaine, vêtu de noir, il lui adresserait un sourire narquois. Il passerait sa main dans ses longs cheveux blancs puis approcherait.
(- Ah ? Tu ne dis rien ? J'ai donc vu juste, comme toujours…)
Il éclaterait de rire puis approcherait son visage de celui du changeur de forme, ses yeux violets aux pupilles verticales se teintant d'amusement en croisant le regard bleu désespéré de l'Envie.
(- Pauvre petit envieux, ta douleur est toujours là… Pour elle tu n'es qu'une ombre… L'ombre de l'Envie !)
- Ça suffit !
Pride reculerait de quelques pas avec une expression moqueuse.
- Réoooooo, t'es déjà debout ?!

La réplique aurait fait se retourner Pride, lequel aurait disparut avec un soupir, laissant la place à Flandre.

Bras écartés, elle courait vers le polymorphe. Une fois à deux mètres, elle se stoppa, leva un bras et avec un sourire lança un retentissant "Bonjour !" d'une voix enjouée.
Réo se laissa aller à un sourire, la bonne humeur de la petite fille agissant comme un rayon de soleil salvateur.
- Salut Flandre. Mais évite de hurler mon nom comme ça…
- Pourquoi ? Tu veux que je te donne un surnom ? fit la vampire.
- Non mais…
Réo se stoppa lorsqu'il vit que Flandre réfléchissait déjà, évoquant des noms potentiels :
- Euh… Senbō !
- Bof, et puis…
- Envy !
- Déjà prit, mais…
- Euh ben, Jealousy ? Il est bien celui-là ! s'exclama la vampire.
- Si ça te fait plaisir…
(- Tiens, je ne serai plus le seul à te nommer de cette façon)
- Un de ces jours, vous allez tous m'appeler ainsi… Je vais finir par changer de nom… soupira Réo.
(- Réo Ryu, ton nom humain, est la seule chose qui te relie à ton ancienne vie. Tout comme ce dont nous avons parlés tout à l'heure…)
- Ne recommence pas !
- Jeal', on va jouer ? demanda Flandre.
- Attends un peu, j'ai même pas encore pris mon petit-déjeuner ! protesta l'Envieux.
- Ah bon ? Moi non plus en fait… On va manger ! réagit la petite fille.
Sans attendre de réponse, elle attrapa la main gauche de Réo et l'emmena en courant à la salle à manger, ce qui manqua de le faire tomber.

Assise à son bureau installé au cœur de son immense bibliothèque, Patchouli lisait comme à son habitude. Elle reposa l'épais grimoire sur lequel elle avait jeté son dévolu lorsque des bruits de pas résonnèrent dans le silence environnant.
- Ça avance ? demanda Remilia en posant ses coudes sur le bureau.
- Si tu veux parler de mes recherches sur les pouvoirs de Réo alors la réponse est non, annonça la magicienne.
- Il dit venir du Monde Extérieur mais ses pouvoirs sont bien trop grands pour être ceux d'un humain normal, or il n'est pas un youkai, continua la vampire.
- Et c'est pour tirer tout cela au clair que tu l'as invité, ajouta Patchouli.
- En effet. De plus, il a l'air d'avoir un lien avec ce Dévoreur… Notre invité nous cache des choses et je veux savoir ce que c'est !
- Ta curiosité te perdra, Remy, soupira la bibliothécaire.
- N'importe quoi.
Patchouli n'insista pas et replongea dans sa lecture lorsque la maîtresse du manoir s'éloigna.

La vampire avançait, bras croisés, tout en réfléchissant.
Elle avait immédiatement été intriguée par Réo. Elle l'avait aperçu à travers une fenêtre alors qu'il se battait contre Meiling et avait suivit le combat. Elle ne voulait pas se l'admettre, mais elle s'ennuyait un peu dernièrement, aussi l'arrivée du polymorphe mettait un peu de piment dans son existence tranquille.
Au départ, elle avait souhaité l'affronter elle-même mais se fut Sakuya qui s'en chargea. Ce fut en observant une nouvelle fois le combat qui se déroulait que Remilia avait prit la décision d'offrir son hospitalité au changeur de forme.
Elle avait remarqué ce que dégageait le nouveau-venu, une aura indescriptible qui avait excité sa curiosité. Elle avait une énigme à résoudre et cela lui avait beaucoup plut.
Et en lieu et place des réponses qu'elle attendait, ce furent de nouvelles questions qui se posèrent.
D'une part, la nature même de Réo était sujette à débats mais l'origine de ses pouvoirs prêtait également à réflexion. Sans parler de cette double-personnalité et autres mystères qui entouraient le métamorphe, ainsi que ce Dévoreur, les deux semblant liés.
Tout cela faisait que pour le moment, la maîtresse du manoir n'avait plus envie de se mesurer à son invité, préférant d'abord percer ses secrets. Cela dit, observer un combat impliquant l'invité susnommé pouvait être à la fois utile et agréable…

Plongée dans ses pensés, Remilia ne remarqua qu'au dernier instant la créature qui lui faisait face, ce qui faillit la faire sursauter.

Haute de plus de trois mètres, longue de cinq et presque aussi large que le couloir qu'elle occupait, elle était couverte de poils bruns. Elle était pourvue de six pattes griffues et sa tête était allongée, ne ressemblant à aucun animal connu. Six petits yeux rouges garnissaient son front et sa mâchoire proéminente était trop petite pour ses longs crocs aiguisés.

La bête renâcla et Remilia se jeta en arrière, main droite tendue en arrière, jambes fléchies, prête à combattre.

- Ouaiiis, c'est trop super ! Je… Oh tiens, salut grande-sœur !
Remilia écarquilla les yeux, éberluée.
Elle ne l'avait pas vue mais Flandre se tenait sur le dos de la créature. Elle semblait véritablement s'amuser, comme si elle chevauchait un animal totalement inoffensif. La vampire blonde se calma toutefois après avoir vu sa sœur et dit quelque-chose à sa monture avant de passer sur le côté et de descendre le long de la bête comme pour un toboggan.
- Voilà~ ! fit la vampire blonde en touchant terre.
Le monstre fut soudain entouré d'éclairs rouges puis parcourut d'une lumière écarlate, changeant de forme pour laisser place à Réo, hilare.
- Flandre, mais… Qu'est-ce que tout ça signifie ? réagit Remilia.
- Ben, on joue, rétorqua sa sœur cadette en haussant les épaules.
Le Démon Ecarlate préféra ne pas s'attarder sur ce sujet et se tourna vers l'Envie.
- Tu es venu pour t'entraîner, il me semble, non pour jouer, lui fit-elle remarquer.
(- J'approuve vivement)
- C'est vrai, mais… commença le polymorphe.
- Et alors ? Pour une fois qu'on joue avec moi… Toi tu le fais jamais ! s'emporta Flandre.
- C'est faux, rétorqua calmement l'aînée.
(- Passionnant tout ça), commenta Pride d'une voix chargée d'ironie.
La fillette aux ailes décorées de cristaux croisa les bras et prit un air boudeur, ce que sa grande sœur ignora superbement.
- Va donc rejoindre Patchy, ordonna plus que proposa Remilia à son invité.
Comme si ses désirs ne souffraient d'aucune sorte de contestation possible, elle se détourna et s'éloigna.
- Tant pis, je vais quand même venir avec toi, annonça Flandre.
(- Superbe. Manquerait plus que tu sois obligé de la combattre…), râla l'Orgueil.

Plusieurs minutes plus tard, Réo se tenait devant Patchouli. Celle-ci s'était levée et avait salué ses deux visiteurs.
Flandre avait eu l'autorisation de rester mais ne devait pas les déranger. Elle s'était donc perchée en haut d'une étagère, observant sans problème malgré la distance.
L'Envieux tenait une carte en main. Toutefois, le rectangle de papier était entièrement blanc. Et il le resta malgré les efforts de Réo.
Celui-ci, suivant les conseils de la bibliothécaire, s'était concentré sur la spell qu'il voulait, s'imprégnant de celle-ci pour ensuite la transférer dans la carte.
Il ne parvint qu'à s'énerver lui-même devant ses échecs répétés.

- Attendez ! Vous n'êtes pas autorisée à…
- Je sais, je sais, vas donc ranger des bouquins.
Les éclats de voix venaient d'un peu plus loin mais se rapprochaient. Il ne fallut pas longtemps pour que Marisa fasse son apparition, tenant son balai par-dessus son épaule droite.
Elle était suivie par Koakuma, laquelle s'excusa platement en voyant Patchouli.
- Hé Patchouli, tu pourrais dire à la démone d'arrêter de me suivre ? demanda la sorcière en guise de salut.
Puis elle remarqua la présence de Réo.
- Tiens, qu'est-ce que tu fais là toi ?
- Je mange un granola tout en jouant de la contrebasse à cloche-pied autour d'un four en plastique rose afin de retrouver un oreiller en uranium 235, débita l'Envie.
Bien qu'elle ne connaisse pas tout ce à quoi Réo faisait référence, Marisa comprit qu'il se fichait d'elle.
- Marisaaaaaa~ ! T'es venue jouer ? cria Flandre en descendant de son perchoir.
- Ouais, je vais jouer à la chasseuse de youkais avec ce type, annonça la sorcière.
(- Génial… Vu ton bide inter-dimensionnel la dernière fois, vaut mieux que je m'en charge), proposa l'Ombre.
- Non. Elle est à moi !
- Apparemment, Reimu t'a mit une sacrée raclée. Je vais donc finir son job, en plus ça va me défouler, après ce qui est arrivé à Alice j'en ai bien besoin !
- Oh, comme c'est mignon, la sorcière est inquiète pour son amie… susurra l'Envieux avant de ricaner.

Insidieusement, ses pulsions meurtrières venaient de prendre le dessus. Un puissant désir de sang et de souffrance vibrait en lui et cela se traduisait dans l'aura qu'il dégageait.
Patchouli et Marisa sentaient en effet un léger changement, sans toutefois parvenir à déterminer ce dont il s'agissait.
Quoi qu'il en soit, la remarque ne sembla pas au goût de la magicienne ordinaire qui tendit un bras, envoyant un laser bleuté sur son adversaire.

Celui-ci sauta tout en se changeant en loup noir. Il toucha le sol en étant hors de la trajectoire du rayon d'énergie et courut vers Marisa.
La sorcière, bien que surprise, réagit instantanément.
Elle enfourcha son balai et prit de la hauteur tour en déversant une dizaine de projectiles verts ressemblant à des pointes. Le loup parvint à passer entre les attaques et bondit vers une étagère, comme s'il voulait courir à la verticale.
Des éclairs rouges l'entourèrent et il changea de forme, devenant une araignée géante.
Noire, elle ne semblait pas avoir de poils, seulement du cuir.
L'arachnide adhéra parfaitement à l'étagère et se rapprocha un peu de Marisa, envoyant valser les livres que ses huit pattes touchaient. Puis elle sauta, droit sur la sorcière.
Cette dernière, piqua vers le sol afin que la créature passe au-dessus d'elle et percute l'étagère opposée mais Réo ne l'entendit pas de cette oreille.
Alors qu'il passait effectivement au-dessus de son ennemie, le métamorphe s'entoura d'éclairs rouges et prit une forme étrange.

Si l'allure générale était humaine, sa peau était grise et deux ailes de chauve-souris lui permettaient de voler. Ses canines étaient devenues des crocs, son visage était déformé et ses yeux étaient noirs.

Ainsi, il prit appui sur l'étagère avec ses pieds et se propulsa vers la magicienne ordinaire qui n'avait pas changé de trajectoire, tout s'étant passé très vite. L'Envieux parvint à fermer sa main gauche sur le balai, ce qui déséquilibra la sorcière.
Les deux adversaires percutèrent un de ses immenses murs de livres et commencèrent à chuter.
Réo lâcha alors prise, tombant lourdement au sol.

Il reprit une forme normale alors que Marisa manquait de s'écraser également. Elle parvint toutefois à relever le nez de son balai juste à temps puis à descendre sans heurt.
La sorcière jeta un coup d'œil à son adversaire qui s'était relevé, comme de rien n'était.
Pourquoi n'avait-il rien ?
- Hey, tu devrais avoir un ou deux os brisés, pourquoi c'est pas le cas ? s'enquit l'humaine.
- Tu ne veux pas le savoir, rétorqua l'Envieux.

La sorcière sortit une spellcard qu'elle activa :
- Love Sign "Non-Directional Laser"

Quatre orbes bleutées apparurent autour de la sorcière et se mirent à tourner devant elle. Un laser bleuté jaillit de chaque orbe, toutefois les lasers n'étaient pas statiques et changeaient de direction sans-cesse.

Réo retint un juron, frustré de voir son adversaire se servir si aisément de ce qu'il cherchait vainement à obtenir.
Le polymorphe se jeta au sol pour ne pas se faire toucher, se releva et courut vers Marisa. L'Envieux se jeta sur le côté, sauta et lorsqu'un chemin direct fut disponible usa de sa vitesse pour effectuer une charge vers la sorcière.
Les lasers non directionnels disparurent à ce moment, ce qui permit à la magicienne de se baisser pour éviter un coup de poing surpuissant. L'humaine en profita pour passer derrière Réo et tendre son balai vers lui :
- Light Sign "Luminous Strike"

Une sphère jaune ornée d'une étoile jaillit telle une balle de fusil et percuta l'Envieux qui fut projeté en arrière.
Encerclé par ses éternels arcs électriques cramoisis, Réo se releva.
- Bon, quand vas-tu te décider à te battre ? railla Marisa.
Ce fut la remarque de trop.
La colère emplit le cœur de l'Envieux. Une colère aveuglante, destructrice, tel un torrent de flammes que rien ne pouvait stopper.
Non seulement il n'arrivait à rien contre cette fille mais en plus elle se permettait de se moquer de lui ? Et elle se servait si bien de la magie…

Les éclairs rouges s'intensifièrent alors qu'un tatouage d'ouroboros rouge apparaissait en lieu et place de la pupille gauche de l'Envieux.
Sans s'en rendre compte, il tenait la carte vierge en main.
Sans s'en rendre compte, il la jeta en l'air et tendit sa main gauche.
- Deadly Sin "Wrath Inferno" !

La carte s'illumina d'une lueur orangée tandis qu'un ouroboros rouge, identique à ses tatouages, apparaissait brièvement devant la main de l'Envieux.
Dans un craquement, une volée de flammes écarlates jaillit, fusant droit vers une Marisa qui n'en croyait pas ses yeux.

Elle ne réagit qu'au dernier moment, lâchant son balai pour tendre ses deux mains vers l'attaque. Un cercle magique bleu apparut et bloqua les flammes. Toutefois, cela ne dura qu'un temps et le bouclier commença à se fissurer avant d'exploser, en même temps que les flammes disparaissaient.
Marisa fit un roulé-boulé de plusieurs mètres mais se releva sans trop de mal, n'étant que très peu blessée.

Réo semblait épuisé et mit un genou à terre. Sa carte, sa première spellcard, tomba devant lui, désormais illustrée par un jet de feu et titrée.
Avec un sourire, le polymorphe la ramassa.

- Fiou, je l'ai échappé belle, commenta Marisa.
- Oui et je vous prierais d'arrêter avant que vous détruisiez la bibliothèque, intervint Patchouli qui les avait rejoints.
Réo se releva, carte toujours en main.
- Tu as donc réussi, bravo, le félicita la bibliothécaire.
- C'était super ! s'exclama Flandre qui avait suivit Patchouli.
- Hey, si on avait continué, je l'aurais battu ! affirma Marisa.
- Là n'est pas la question, répondit la magicienne aux cheveux violets.
- Bah, Voile en a vu d'autres. Bien, Réo, t'as de la chance aujourd'hui mais la prochaine fois je ne te louperai pas ! prévint la sorcière blonde.
- Ça vaut aussi pour toi, rétorqua le métamorphe.

Etonnamment, il n'avait plus envie de faire couler le sang, comme si utiliser sa spellcard l'avait calmé.
Pour un temps du moins.

- Bon et maintenant, que comptes-tu faire ? demanda Patchouli au changeur de forme.
- Faire une pause. Puis faudrait que je pense à terminer ma maison dans la Forêt de la Magie.
- Quoi ? Toi aussi tu vis là-bas ? réagit Marisa.
- Ça te pose un problème ? releva l'Envieux.
- Alors… Tu vas partir ? s'inquiéta Flandre, la voix empreinte de tristesse.
- T'inquiètes pas, je reviendrai vite. Je t'ai fais une promesse, non ?
Tout en parlant, Réo s'était légèrement accroupit pour se mettre au niveau de la vampire.
- Oui… C'est vrai… Alors reviens vite !
A ces mots, elle se jeta au cou de son partenaire de jeu qui faillit tomber sous la surprise.
- Elle t'as adopté, commenta Patchouli avec un sourire.
Réo sourit et referma ses bras sur la petite fille.
- On dirait un frère et une sœur… Mais c'est quoi cette histoire de promesse ? ajouta Marisa.
- C'est un secret ! répondirent en même temps Flandre et Réo.
Ce dernier se releva alors que la vampire s'était reculée.
- A la prochaine ! s'écria Flandre en levant une main.
Les autres personnes présentes saluèrent également l'Envieux qui tourna les talons.

Pour une fois, il parvint sans problème à trouver son chemin. Alors qu'il entrait dans le hall, il croisa Remilia, en compagnie de Sakuya.
- Et bien, tu nous quittes déjà ? remarqua la maîtresse du manoir.
- Pour un temps, j'ai besoin de faire une petite pause. Je reviendrai de toute façon, si cela ne pose pas de problème…
- Aucun problème. Tu restes mon invité. Et puis… Merci. De prendre soin de Flandre malgré ce qu'il s'est passé.
- Tout le plaisir est pour moi, miss Scarlet, répondit l'Envie.
Ce fut sur ces mots que Réo continua son chemin, Sakuya lui ouvrant la porte.
Après avoir fait quelque pas dehors, le métamorphe ferma les yeux et inspira. L'air pur de Gensokyo sembla lui apporter une force nouvelle.
Et un sentiment étrange.

Réo se retourna, pouvant voir Sakuya et Remilia lui faire un signe d'au revoir. Il leur répondit, les remercia puis gagna le portail.
Là, il échangea quelques mots avec Meiling, laquelle n'avait pas pu empêcher Marisa de rentrer.
- C'est pas grave, t'arrivera à la battre un jour, argua le polymorphe.
- Je l'espère… Quoi qu'il en soit, ne tarde pas trop, j'aimerai bien prendre ma revanche ! déclara la gardienne.
- Parfait, mais ne rêve pas trop…
Les deux rirent un peu puis Réo se changea en aigle noir.

Il vola jusqu'à atteindre la Forêt de la Magie, plus précisément sa demeure. Quelle ne fut pas sa surprise de voir Suika, assise sur le perron.
- Et bien t'en as mis du temps ! déclara-t-elle lorsque l'aigle se posa, avant de boire une gorgée à sa gourde violette.
- Tiens, salut Suika. Mais que fais-tu là ? demanda l'Envieux après avoir reprit forme humaine.
- Rien de spécial. Alors, elle avance ta maison ?
- Si je ne m'y remets pas, elle risque de ne pas avancer beaucoup, remarqua le changeur de forme.
- Pas faux. J'ai rien à faire, je peux te filer un coup de main ?
- Pas de refus…
- Bien mais en échange, tu devras boire avec moi ce soir, annonça la rouquine.
- Encore ? s'étonna le métamorphe.
- Estimes-toi heureux que je ne te provoque pas en combat, réagit l'oni.
Réo soupira et accepta.
Et puis, passer la soirée à boire avec une amie était loin de le gêner véritablement.

Les deux amis travaillèrent jusqu'à ce que les feux du soleil couchant n'illuminent le ciel.
Satisfaits, ils sortirent et se tapèrent dans les mains.
Vu de l'extérieur, la maison paraissait enfin presque comme neuve. Il restait bien entendu quelques détails à régler mais c'était là des finitions qui ne prendraient que peu de temps. L'intérieur était quant à lui totalement terminé, il ne restait plus qu'à meubler.
- Il y aura donc cinq chambres en tout, résuma Suika.
- En effet. Comme ça, si besoin est, je pourrai abriter du monde, affirma l'Envie.
- Chouette, je pourrai dormir ici. Je réserve la chambre qui est à droite des escaliers !
- C'est pas une auberge…
- Hey, vu comme je t'ai aidé j'ai bien droit à une récompense, non ? Je veux cette chambre ! insista la rouquine.
Réo fut contraint d'accepter la requête de l'oni, qui but un coup pour célébrer sa victoire.
- Youmu aussi a aidé, elle n'a pas demandé quoi que ce soit, marmonna le polymorphe.
(- Elle a des principes, ELLE. D'ailleurs, je me demande si elle acceptera de nous donner des cours d'escrime…), intervint l'Orgueil.
- Bon, j'ai un truc à faire mais on se rejoint plus tard au stand de Mystia, d'accord ? fit Suika.
- Ça marche ! convint l'Envieux.
Sans attendre, l'oni s'éloigna en courant.

Réo s'étira puis fit quelques pas. Cette journée avait été pour la moins productive, et elle n'était pas encore terminée. Qui savait ce qui…
Le métamorphe si figea.
Quelqu'un l'épiait.
Un peu plus loin, postée près d'un arbre, une personne le fixait.

Elle était vêtue d'une longue cape noire dont le bas était déchiré. La cape était enroulée tout autour d'elle, cachant son corps. Toutefois, ses formes étaient indubitablement féminines. La cape était pourvue d'une capuche que la femme avait rabattue sur sa tête. Quant à son visage, il était couvert d'un masque.
Celui-ci était blanc et n'était doté que de deux trous pour les yeux. Ni bouche, ni nez, seules deux lignes rouges transversales partant du bas vers les yeux décoraient. Ce masque semblait dur et ne laissait aucun indice quant à l'identité de son porteur.

Cette personne…
Des semaines plus tôt, dans un autre monde que Gensokyo, Réo était certains de l'avoir vue.
- Hey !
A peine l'eut-il hélée que la femme tourna les talons et s'enfuit.
L'Envieux ne la laissa pas faire et alla à sa poursuite. Contrairement à ce qu'il aurait pensé, elle n'avait pas disparue et semblait pas chercher à véritablement s'éloigner. Elle slalomait entre les arbres, courait mais se contentait de garder une distance respectable sans l'augmenter.
(- Elle ne te fuit pas, elle te mène quelque-part), comprit Pride.

La réplique intervint au moment où Réo sortait de la forêt. Il se stoppa net.
La femme ralentit puis rejoignit deux personnes qui attendaient, patiemment.

L'une de ses personnes était vêtue de manière similaire. Seulement, il s'agissait visiblement d'un homme et son masque était quant à lui décoré de deux lignes noires horizontales au niveau des yeux. Cela donnait au masque un aspect mortuaire.
Cet homme masqué se tenait à la gauche de l'autre personne qui attendait. Ce fut d'ailleurs à sa droite que vint se placer la fuyarde.

Il s'agissait d'un homme également. Il semblait avoir la trentaine et portait d'amples vêtements noirs décorés d'étranges symboles rouges. Ses yeux étaient rouge-sang, ses cheveux noirs étaient coupés courts et ses doigts se terminaient par des griffes noires.

- Bien joué Inya, commenta-t-il d'une voix mielleuse.
- Qui êtes-vous ? s'enquit Réo, sur ses gardes.
- Moi ? Tu ne me reconnais donc pas ? Oh, c'est vrai, je n'étais sans doute pas présent lorsque tu as négocié… Je suis Lucifuge Rofocale, Premier ministre de Monseigneur Satan.
Tout en se présentant, le démon s'était légèrement incliné tout en écartant un peu ses mains qui étaient jusque-là jointes.
Le sang de Réo ne fit qu'un tour.
- Te retrouver n'aura pas été chose facile. Il n'était pas prévu que Malbas Elric crée la pierre philosophale et encore moins prévu que tu ne l'absorbes et atterrisses à Gensokyo, continua le Premier ministre.
- Comment m'avez-vous trouvé ?
- Oh, sache que nous connaissons ce monde depuis… Fort longtemps. Par chance, le Monde Extérieur est bel et bien ton monde d'origine, cela a grandement facilité ta localisation. Tu croyais véritablement nous échapper ?
Pour toute réponse, l'Envieux détourna la tête.
- Bien, tu as pris du retard. Malheureusement pour toi, la pierre aurait permit de payer une partie de ta dette mais elle est vide désormais. Nous n'avons pas pu te prévenir à l'avance, j'en suis navré mais l'heure est venue, annonça Lucifuge.
- "Pas prévenu" ? C'est faux, on m'a prévenu que ce jour approchait, rétorqua Réo.
Le démon fronça les sourcils.
- Etrange, ta trace n'a été retrouvée que ce matin. Qui t'a parlé ?
- Un type vêtu de blanc qui se la joue gentleman et se balade avec une canne noire surmontée d'un crâne d'argent. Il m'a dit être un émissaire de Satan et se fait appeler le Voyageur, expliqua Réo.
- Le Voyageur… Ce nom ne me dit rien. Il me faudra enquêter, mais là n'est pas le sujet.
Lucifuge Rofocale fit un geste avec sa main gauche et dans une gerbe de flammes apparut ce qui ressemblait à un parchemin enroulé sur lui-même. Le démon le déroula et le lut, vérifiant visiblement quelque chose.
Quant à Réo, la panique commença à l'envahir.
Il savait.
Il savait que ce jour viendrait. Mais il l'avait toujours nié, refusant d'y penser. Et voilà qu'il y était.
- Tu as perdu l'alchimie. C'est fâcheux mais ne t'en fais pas, je peux te redonner le pouvoir de retourner dans ton monde. Et malgré les efforts de Monseigneur, tu es parvenu à débloquer la magie… Bien.
Le démon fit disparaître le parchemin et plongea ses yeux dans ceux de l'Envie.
- Très bien, va donc payer ton prix.
- Je refuse.

La réplique avait fusé, sans que Réo n'y ait réfléchit.
Il ne pouvait pas. Il ne voulait pas.
Pourquoi ? Pourquoi devait-il faire ça ?

Les lèvres de Lucifuge se déformèrent en un sourire torve. Il se tourna vers l'homme se trouvant à sa gauche et lui fit un signe de tête.
Le masqué s'avança puis, alors que Réo se mettait en garde, fit un geste violent avec son bras gauche.
Aussitôt, l'Envieux fut projeté au sol, sans pour autant avoir été touché par quoi que ce soit.
- Il te reste neuf âmes si je ne m'abuse. Seïth, fais en sorte qu'il n'en ait plus aucune. Ainsi, il sera forcé d'obéir, ordonna le Premier ministre.

Le dénommé Seïth s'exécuta et leva son bras gauche. Sa victime s'éleva dans les airs, sans pouvoir réagir.
L'homme au masque tendit son bras droit puis ferma le poing.
Réo hurla, prit d'une douleur insoutenable alors que ses côtes se brisaient pour s'enfoncer dans ses organes vitaux.
- Une de moins, annonça Lucifuge alors que la régénération accélérée de l'Envie se mettait en marche.
Il se tourna ensuite vers la femme qui comprit instantanément et s'élança vers Réo.

Ce dernier fut libéré de l'emprise télékinétique de Seïth et chuta lourdement. Il s'était à peine relevé que trois pointes métalliques se fichaient dans son ventre.
La dénommée Inya pivota et tendit son bras droit. Trois nouvelles pointes jaillirent de sa paume, et se plantèrent cette fois en pleine tête du polymorphe.
- Et de deux. Seïth, Inya, montrez-lui ce que des Damnés peuvent faire.

Réo s'était à peine régénéré que son bras droit s'arracha tout seul, suite à un mouvement de l'homme. La femme se rapprocha et ne lui laissa pas le temps de crier.
Cinq petites lames jaillirent de son bras et embrassèrent le cou du métamorphe.
Son bras repoussait à peine que les cinq lames se détachèrent de leur propriétaire, propulsées vers le cœur de l'Envie.
Réo, une fois soigné, voulut utiliser la Lance Ultime, Seïth tendit un bras et stoppa l'allongement des doigts. Une fois que les lames trouvèrent leur cible, l'homme fit s'envoler Réo pour ensuite lui faire rencontrer le sol, tête la première, lui brisant les cervicales.

La torture continua encore, et encore. A chaque fois que Réo voulait contre-attaquer, la télékinésie de Seïth l'en empêchait, bloquant ses mouvements. Puis il écrasait ses membres ou les faisait voler, sans que sa victime puisse réagir.
Après une énième mort, Réo se retrouva à genoux.

Il n'avait plus la force de crier, ni de bouger. Il se contentait de respirer faiblement, la tête désormais vide.
- Bien, te voilà redevenu mortel, annonça Lucifuge en approchant.
Les deux Damnés s'étaient stoppés et se mirent de part et d'autres de Réo. Lucifuge s'accroupit avant de continuer.
- Seïth et Inya sont deux Damnés. Comme toi, ils ont commis le Grand Pêché. La femme de Seïth était atteinte d'une grave maladie et était condamnée. Fou de douleur, il supplia qu'on l'aide. Le Malin répondit à son appel et en échange de la vie de sa femme, Seïth vendit son âme, devenant un Damné. Quant à Inya, elle désirait un enfant mais les médecins lui avaient dit que c'était impossible. Désespérée, elle pria mais personne ne lui répondit. Excepté le Diable. Il exauça son souhait mais en échange, lorsque Inya mourut, son âme lui revint.
Ses histoires terminées, Lucifuge ricana.
- Je… N'ai pas vendu… Mon âme… rétorqua Réo.
- En effet, tu as le mérite d'avoir innové. Ton prix est tout autre, mais ton âme est en partie à nous. Tu pourrais bien devenir un Damné toi aussi…
Réo aurait bien voulut protester, il en était incapable.
- Bien, assez perdu de temps. Tu dois avoir hâte de retrouver ta famille, non ? Allez, profites-en…
Sur ces mots, Lucifuge plaqua sa main sur le front de l'Envieux. Une lumière rouge brilla un instant puis le Premier ministre se releva.
- Trace le cercle au sol et active-le comme pour l'alchimie. Paye ton prix et une fois ceci fait, tu pourras revenir ici. Comme prévu à l'origine, tu auras le droit de naviguer entre les deux mondes. Je ne vois pas de quoi tu te plains… A la prochaine, envieux.

Alors que Lucifuge s'éloignait, escorté de ses deux Damnés qui étaient restés sans émotions tout le long de la confrontation, Réo parvint à se relever. Il cracha du sang puis lança un regard chargé de haine aux trois.
Il ne pouvait plus reculer désormais.
D'un pas résigné, l'Envie alla dans la Forêt de la Magie. Dans un coin tranquille, il allongea son index et s'en servit pour tracer un cercle agrémenté de symboles géométriques.

La mort dans l'âme, il ferma les yeux, claqua ses mains l'une contre l'autre.
Le cercle se mit à briller d'une lumière rouge, les tatouages d'ouroboros de l'Envieux apparurent puis dans un éclat lumineux, il disparut…
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L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Empty
MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeVen 28 Oct - 18:19

Chapitre 13 : … Il faut en sacrifier une autre de même valeur


"Nous sommes tous prêts à recevoir ce que nous désirons. Mais peut-on en même temps être préparé à en payer le prix ?
Bien souvent, la réponse est non."
Réo Ryu




Avez-vous déjà envié quelqu'un ?
Je ne parle pas là de quelque-chose d'aussi futile qu'une banale possession : voiture, télévision, enceintes derniers cris… Non, ce n'est pas ce genre de chose qui nous intéresse.
Je parle d'envier quelqu'un qui a tout ce que vous désirez. Quelqu'un qui, en dépit de tous vos propres efforts, est parvenu à atteindre votre propre objectif. Une personne qui n'a pourtant rien fait de plus que vous, voir n'a rien fait du tout, mais qui par un caprice du destin se voit gâtée.
Moi oui.

Toute ma vie, j'ai envié les autres pour les raisons futiles évoquées plus haut. Mais ce genre d'envie, si elle est douloureuse, n'est pas insurmontable et ne laisse pas beaucoup de traces. En revanche, elle annonce quelque chose d'autres.
En fait, ce n'était qu'un avant-goût de ce qui m'attendait.
Car après, je me suis mis à envier les autres pour leur talent. Ceux qui arrivaient à faire des choses avec tant de facilité, tandis que moi…
Cela pouvait être pour de nombreux sujets, les études, les arts divers…
Je n'avais aucune confiance en moi, ce qui en passant était parfaitement justifié. Ou était-ce ma jalousie constante qui me voilait les yeux ? Je serais, aujourd'hui, bien incapable de le dire.

Toutefois, tout ceci n'est que détails. Une introduction au vrai cœur du problème, de ma souffrance.
Car envier n'empêche pas d'aimer. Oui, je suis tombé amoureux.
Avec le recul, je me dis que ça non plus n'aurait pas dû être important. Mais ça le fut et malgré mes efforts, l'est encore aujourd'hui.
La décrire serait vain, tous les amoureux disent la même chose. Gentille, belle, et autres adjectifs qu'on entend à longueur de journée.
Nous nous entendions bien, ce qui n'était déjà pas si mal me diriez-vous.
Mais, pouvez vous imaginer ce qu'on ressent lorsque celle qu'on aime en choisit un autre, presque sous vos yeux ?

Douleur.
Désespoir.
L'amour lié à l'envie, un cauchemar éveillé et qui n'a pas de fin.
Une part de moi était heureuse pour elle. Une part. Une part qui s'est amenuisée avec le temps. Jusqu'à devenir infime.
Toutefois, cette première défaite, comme je les appelle, fut de courte durée. Amourettes d'adolescents.
Il est d'ailleurs formidable de constater que mes sentiments pour elle, qui n'étaient pas réciproques vous l'aurez compris, furent bien plus tenaces qui ceux qu'elle éprouvait avec ses "compagnons".
Oui, "ses".

J'ai bien dis que c'était la première défaite, non ?
En trois années, il y en eut cinq. De durée variable, entre un et quatre mois.
Stupide n'est-ce pas ?
Stupide de s'accrocher autant.
A chaque défaite, mon désespoir s'amplifiait.
A chaque défaite, j'avais l'impression de mourir un peu plus.
Je les enviais.
Oh oui, les enviais tous autant qu'ils étaient.

Tous ces couples, tous ces gens heureux…
Pourquoi, pourquoi eux et pas moi ?
Pourquoi devais-je toujours être le seul à avoir mal ?
Ce n'était plus seulement son petit-ami que je jalousais, mais tous ceux qui étaient un tant soit peu heureux. Tous ceux qui goûtaient un minimum au bonheur.
Avec l'Envie vient la haine.
Je m'étais peu à peu isolé, éloigné des autres.
J'avais mal.
Elle n'avait pas besoin de moi. Elle n'avait pas besoin de moi pour être heureuse, pour sourire.
J'étais d'une inutilité navrante. Ou hilarante.

Pour tenter d'échapper à ma douleur, lancinante, je m'étais réfugié dans d'autres univers. Jeux, mangas, animés et autres…
Tout était bon pour ne pas y penser. C'est ça, toujours occuper mon esprit.
Tout faire pour l'oublier.
Mais ça ne fonctionnait qu'à moitié.
Si, sur l'instant, ma peine s'atténuait, elle revenait à la charge juste après.
Tel un serpent s'acharnant sur sa proie qui se débattait malgré le poison qui coulait dans ses veines. J'avais mal.
J'étais, au final, incapable de sortir de cet état. Sourire m'était devenu bien difficile. Sauf en certains cas.

Lorsque c'était les autres qui avaient mal.
Le peu de réconfort que je trouvais venait de la douleur des autres. Les larmes, le sang, la souffrance, la mort… De véritables délices pour l'épave que j'étais devenu.
Une part de moi souffrait et une autre s'en moquait, ne voulant que satisfaire sa propre soif de souffrance.
Comme devenue autonome, cette part de moi voulait prendre le contrôle. Telle une petite voix dans mon subconscient, elle me soufflait de regarder autour de moi.
De faire souffrir autant que j'ai souffert.
De me repaître de la douleur…

Certes, j'étais devenu sadique mais je me fichais de causer du tort aux autres. Leur douleur avait beau m'aider, la causer ne me satisfaisait pas.
J'étais "gentil", d'après elle. "C'est ce qu'on dit quand on a pas de compliment à donner", me soufflait cet Autre en moi.
Toutefois, si causer la souffrance d'inconnus ne m'intéressait pas, causer celle de son petit-ami m'aurait beaucoup plu.
Je suis un être contradictoire, n'est-ce pas ?

Mais, je ne pouvais le faire. Je restais donc à les regarder avec des yeux contemplateurs et emplis de larmes et d'envie.
J'aurai voulut qu'on m'aide.
J'ai prié, imploré tous les dieux possibles.
Je voulais qu'on m'aide.
Je voulais changer de vie. Abandonner cette existence minable.
A l'aide…
N'importe qui…

Ce fut alors qu'Il m'apparut.
Dans une gerbe de flammes rouges, vêtu de noir, Il avait prit forme humaine et répondait à mon appel.
Dans ces cas-là, le Diable n'est jamais loin…
Il me proposa un arrangement. Un Pacte.

Celui-ci était pour le moins original, mes demandes étant particulièrement osées. Lorsqu'on est dans mon état, on est prêt à tout et on n'hésite guère à y aller au culot. Après tout, s'il voulait quelque-chose de moi, il devait me donner autre-chose de même valeur.
L'échange équivalent. Loi que j'avais apprise dans un manga. Ce dernier fut d'ailleurs au cœur du Pacte.

Je demandais en effet les pouvoirs de neuf de ses personnages. Chacun d'entre eux incarnait un péché capital, parfois deux incarnaient le même puisque le manga avait eut deux adaptations différentes. Mon préféré était celui qui incarnait l'Envie, le hasard fait parfois étonnement les choses.
Bref, j'obtint ce que je désirais mais pour contrebalancer cette puissance, j'allais être envoyé dans un autre monde. De plus, ma mémoire serait effacée mais je pourrais la retrouver en "débloquant" mes pouvoirs qui avaient été scellés. Chaque pouvoir correspondait à un péché, chaque péché avait son tatouage d'ouroboros lequel était celui d'un personnage évoqué plus haut.
A bien y réfléchir, cela ressemble plus à un jeu auquel le Diable aurait prit part.

Afin de limiter ma puissance, le contrôle des ombres me fut refusé. En partie.
Il s'agissait du pouvoir de Pride, l'être qui incarnait l'Orgueil.
Ce pouvoir, je ne l'obtint pas directement. Il fut décidé que ma seconde personnalité l'aurait.
Vous savez, cet Autre que j'ai évoqué.
Plus qu'une seconde personnalité, il allait devenir une seconde âme. L'incarnation de mon obscurité, ma propre ombre, mon opposé.
L'opposé de l'Envie, l'Orgueil. Pride.

Toutefois, m'envoyer dans un autre monde n'était pas suffisant. Il me fallait un adversaire. Un être capable de me tuer, à la puissance équivalente. Une sorte de Némésis.
Quand je disais que cela ressemblait à un jeu… Un pari.

Afin de sauvegarder l'équilibre des forces, Malbas Elric fut crée. Un Dévoreur, avide de puissance supplémentaire. Me tuer ne fut toutefois pas implanté dans son esprit, bien qu'il soit lié à moi.
Malbas avait sa propre personnalité et bénéficiait de l'intégralité de mes souvenirs. Il me connaissait presque mieux que moi-même…

Vous vous demandez sans doute quel était l'intérêt du Diable dans tout ça ? Qu'avait-il à gagner ?
Il fut décidé d'un prix. Exorbitant. A la hauteur de ce que j'avais reçu.
Ce prix, je ne devais le payer qu'après avoir retrouvé tous mes souvenirs, et donc éveillé Pride.
Ce dernier possédait la faculté de dévorer les autres via ses ombres, ce qui nous permettait d'alimenter une régénération accélérée. Nous avions également les souvenirs, compétences et surtout âme de la victime.
Cette âme servait d'énergie.
Et lorsque l'énergie de cette âme était épuisée, elle disparaissait et revenait directement au Diable.
Mais ce n'était là qu'une minuscule fraction de ce qu'Il voulut.
Ce n'était pas là le véritable prix…
Prix qu'il me faut désormais payer…


Un cercle rouge apparut au sol. Complexe, il s'étendit puis une lumière fit son apparition, ainsi que Réo, entouré d'éclairs rouges.
Il regarda les lieux avec un léger sourire.

Il venait d'arriver dans sa chambre. Cela devait faire plusieurs mois qu'il avait disparu mais rien n'avait bougé, comme si on attendait toujours son retour.
L'unité centrale de son ordinateur était posée à la gauche de son bureau. Sur celui-ci se trouvaient des petites enceintes, son écran et sa télévision. Et également un livre qu'il n'avait pas eut l'occasion de commencer, intitulé : Chroniques d'un vampire.
Son lit, qui se trouvait derrière lui, était fait. A la gauche du lit se trouvait une étagère remplie de livres divers et de mangas. Rien à voir toutefois avec l'immensité de celles de Voile.
Les murs, recouverts de papier peint clair, étaient ornés de posters.
Une chambre normale, pour un être qui n'avait plus rien d'ordinaire.

A cet instant, Réo avec presque oublié ce pour quoi il était là.
Il fit quelques pas, passant distraitement la main sur le dossier de sa chaise de bureau. Il remarqua alors son Ipod qui s'empressa de mettre dans une poche de son pantalon.
Lors de son précédent voyage, l'Envieux n'avait pas put emporter d'objets de son monde et il comptait bien se rattraper ce coup-ci. Sa musique lui manquait mine de rien.

La porte de sa chambre s'ouvrit soudain à la volée, laissant apparaître sa mère. Celle-ci se figea en voyant son fils et se précipita vers lui, le serrant dans ses bras.
L'Envieux se laissa faire. Toutefois, aucune larme ne coulait de ses yeux à lui et aucun mot ne sortit de sa bouche.
Il attendit que sa mère se soit reprise puis ferma les yeux et murmura :
- Pardon, maman.

Elle n'eut pas le temps de comprendre que deux longues griffes noires se plantèrent dans son cœur. Elle s'écroula, n'emportant comme dernier souvenir que la joie de retrouver son fils.
L'esprit de ce dernier tournait à vide.
Il ne ressentait rien.
Strictement rien.

Son corps bougeait tout seul, sans qu'il ne pense à quoi que ce soit, ou même ne contrôle quoi que ce soit.
Tel un automate, il sortit de sa chambre. Celle de ses parents se trouvait directement à droite. Son père était assit, des écouteurs dans les oreilles.
Ainsi, il faisait toujours sa musique assistée par ordinateur…
Aurait-il pu ressentir quelque-chose, Réo aurait eut une certaine fierté.
Mais ce fut sans émotion que la Lance Ultime le rendit orphelin.

L'Envieux continua d'avancer. Une voix le stoppa soudain.
- Grand-frère, t'es de retour ?
Son cœur se remit à battre et il se retourna.
Son petit-frère de sept ans tenait là. La situation lui échappait totalement, voir Réo lui paraissait inconcevable. Sans doute pensait-il rêver.
" On dirait un frère et une sœur…"
La phrase de Marisa résonna dans la tête de Réo qui s'agenouilla et posa sa main gauche sur la tête de son frère.
- Oui… Je suis de retour, annonça-t-il en lui faisant un grand sourire rassurant.
Puis en tremblant, il retira sa main et tendit son index au niveau du front du petit…


Tous.
Je les ais tous tués. Un par un.
Tel était mon prix. Telle était ma punition.
Je n'avais pas vendu mon âme, elle n'intéressait pas le Diable. Il avait exigé celles de toute ma famille.
Les âmes de tous ceux que je tue lui reviennent.
Pourquoi avais-je accepté ?
Comment ai-je pu signer ?
Une goutte de sang peut-elle sonner le glas de tant de vies ?
Apparemment, oui.


Le soleil se couchait. Réo se trouvait sur un toit, yeux fermés.
Il avait mal.
Chaque pensée, chaque battement de son cœur mort lui faisait mal.
Un monstre. Voilà ce qu'il était.
Un monstre.
Mais pas seulement…
Un rire le tira des abysses de son esprit. Il provenait de la rue qui était à sa droite.


Elle est là.
Elle et son petit-ami… Ils sont donc toujours ensemble ?


Les lèvres de l'Envie se déformèrent un sourire sinistre. Il avait mal.
Il attendait ce moment depuis si longtemps…
Souplement, il sauta, atterrissant sans problème quelques mètres derrière le couple.


Du sang…
Son sang !
Pourquoi lui et pas moi ?
Ça n'a plus d'importance…

- Hey, vous allez bien à ce que je vois !
Ma voix les fit se retourner.
Si heureux…
Ses yeux s'agrandirent de stupeur. Elle ne s'attendait pas à me voir.
Après tout, cela fait quatre ou cinq mois que j'avais disparu.
Je dois avoir dix-sept ans maintenant…
Elle me demanda ce que je faisais là, où j'étais passé.
Quoi ? Inquiète ?
La blague !


Réo éclata de rire. Un rire fou.
- Ne me fais pas croire que tu étais inquiète. Mais, je ne t'en veux pas. Quant à ce que je fais là…

Usant du pouvoir de Sloth, la paresse, Réo effectua une charge pour fuser vers celui qu'il enviait. Son poing le percuta en plein ventre et envoya le simple humain contre un mur.
Elle cria.
Elle n'avait encore rien vu.
Avec une sauvagerie démente, le polymorphe rejoignit l'autre adolescent et l'attrapa par le cou avec sa main droite.
- Game Over, susurra l'Envieux avec un rictus.
Et d'un geste, il arracha la tête de son rival, éclaboussant les alentours de sang.


C'était bon…
Si bon…
Je lâchais le cadavre puis vis que mes mains étaient couvertes de sang.
Quel goût pouvait-il avoir ?
J'entrepris de le découvrir… Et je ne fus pas déçu…
Le goût de la mort…


Des pleurs attirèrent l'attention de l'Envie.
Tiens donc, elle pleurait…
Réo s'approcha, elle recula.
Il éclata de rire.
Ses yeux étaient devenus verts.
Il voulait du sang. Du sang, de la mort, de la souffrance.
Il s'approcha…


Pourquoi ?
Pourquoi tous ces humains avaient eus droit au bonheur et pas moi ?
Mais, c'est terminé désormais.
Je n'ai plus de cœur.
Pourquoi, jusqu'à aujourd'hui, tu n'as cessé de harceler mes pensées ?
Pourquoi ne suis-je pas parvenu à t'oublier ?
Mais, c'est terminé désormais.
J'ai détruis la dernière chose qui me rattachait à ce monde. Et j'ai faim.


Une femme cria. Le tueur sourit en la voyant et tendit son bras vers elle. La Lance Ultime fit son œuvre, et une nouvelle victime.
Du sang.
Toujours plus.
Devenu totalement incontrôlable, ce qui fut Réo Ryu se mit à semer la mort.
Tous ceux qu'il voyait, il les tuait. En changeant l'un de ses bras en lame pour les trancher, en brisant leurs os grâce à sa force inhumaine, en perforant leurs corps avec des sortes de tentacules terminés par une pointe…

Il sourit lorsque les forces de l'Ordre voulurent l'arrêter. Il tenait la tête d'un homme dans sa main droite.
Les représentants de la loi lui ordonnèrent de s'arrêter.
Réo sourit et écarta les bras alors que son œil droit devint violet à la pupille verticale.
Son ombre s'intensifia et se subdivisa en plusieurs bras qui chacun piégèrent un humain.
- J'ai faim… murmura Pride via une ombre avant de se mettre à dévorer ses captifs.

Combien d'innocent moururent ce jour-là ?
Seul le Diable le sait, car leurs âmes lui revinrent, sauf celles de ceux que l'Orgueil, à moitié libre, avait pu dévorer.
On dit en tout cas qu'il fut très satisfait de son jouet…

"Pour toute chose reçue, il faut en payer le prix.
Quel qu'il soit.
Toujours."



La Forêt de la Magie était calme ce matin-là, comme à son habitude. Un léger vent causait le bruissement des arbres et abaissait la température.
Aucun doutes, l'automne approchait, comme en témoignait la présence de feuilles jaunes et rouges sur le sol.

Une lumière écarlate brilla soudain, laissant apparaître Réo.
A nouveau, il se sentait vide.
Il ne se souvenait que par bribes de ce qu'il avait fait mais cela ne l'empêchait pas de se haïr. Il avança, ne prêtant pas attention à ce qui l'entourait.
Quelque-chose…
Il lui manquait quelque-chose mais il était incapable de dire ce que c'était.
Il se sentait comme une coquille vide, comme si son âme avait été aspirée. Pride ne disait rien, contemplant la déchéance de son camarade.
Sans en ressentir le moindre plaisir.

Dans ses pensées, l'Ombre conclut qu'il fallait que quelqu'un fasse "rebattre" le cœur de l'Envieux. Car il était comme mort.
Il fallait qu'il ressente des sentiments, même des mauvais.
Même de l'envie. Car en cet instant, même cette part de lui-même avait disparue…
Il fallait que quelqu'un…

- Te voilà ! Enfin je te retrouve !
La voix féminine attira un minimum l'attention de Réo qui se tourna vers celle qui l'avait hélé. Pride, lui, fut bien plus expressif :
(- La prêtresse Hakurei ! Laisse-la moi, laisse-la moi, laisse-la moi !)
Réo se contenta de soupirer.
- Tu t'es enfui la dernière fois. Cette fois, tu n'auras pas d'autres choix que de m'affronter, puis de disparaître d'ici, déclara Reimu.

Elle semblait bien remontée et prête à en découdre. Cela faisait des jours qu'elle cherchait Réo et lorsque Marisa lui avait apprit qu'il avait une maison dans la Forêt, elle était immédiatement allée à sa recherche.

La prêtresse n'attendit pas plus longtemps et envoya deux gros sceaux orangés que son adversaire évita en sautant sur le côté droit.
- Je ne veux pas me battre…
La réplique de l'Envie partit dans le vent et il fut obligé de se décomposer en eau pour ne pas se prendre une nouvelle série d'attaques.
Il reprit forme humaine un peu plus loin.
- Bats-toi, lâche ! s'exclama l'humaine.
- Ne me traites pas de lâche !
Enfin, une émotion parvint à se frayer un chemin dans l'esprit et Réo.

En son fort intérieur, Pride sourit. Là était la solution.
L'ivresse du combat, voilà ce qui pouvait redonner vie à l'Envieux brisé.

Le polymorphe transforma son bras droit en bouclier pour bloquer les sceaux de papier rouges que Reimu venait de lui lancer. Puis il pivota et planta son bras gauche dans le sol.
Celui-ci s'allongea, se subdivisa, se fraya un chemin dans le sol et ressortit sous la forme de sept grosses pointes noires que la prêtresse évita en s'envolant.
D'un geste, elle envoya d'autres projectiles rouges.
Il fallait du temps à Réo pour sortir sa main de la terre, ce fut pour cela que les attaques firent mouche.

Reimu ne s'arrêta pas en si bon chemin et fusa vers l'Envie qu'elle gratifia d'un coup de pied en plein ventre.
Réo quitta le sol et percuta un arbre. Il se baissa ensuite à temps pour ne pas être frappé par le gohei de la miko puis tenta de lui faucher les jambes. Peine perdue, la fille sauta en arrière à temps.
- Deadly Sin "Wrath Inferno"

Réo tendit son bras gauche, une volée de flammes rouges en jaillit. La courte distance qui le séparait de son adversaire lui donnait un avantage certains mais c'était sous-estimer la prêtresse du Sanctuaire Hakurei.

Celle-ci disparut soudain pour réapparaître plus en hauteur, et ainsi frapper Réo en passant par-dessus son attaque.
Les flammes avaient toutefois percutées un arbre qui s'embrasa.

Réo se releva. Il en avait assez.
Il n'arrivait à rien contre cette fille.
Il l'enviait…

- Tu abandonnes ? demanda Reimu, désormais toute proche.
Réo ricana pour toute réponse.
Oh oui, il l'enviait…

Des éclairs rouges crépitèrent autour de l'Envieux, qui s'était mit à rire. Par réflexe, Reimu se recula.
Réo s'était mit à hurler, de douleur.
Il avait mal, à l'intérieur, mais pas seulement.
Deux bras supplémentaire sortirent de son corps, alors qu'il s'était mit à grandir. Deux jambes également…

Dans un endroit semblable à une grotte, des chaînes tintent.
Celles-ci partent du plafond pour s'enfoncer dans une étendue d'eau surmontée d'un étrange et complexe sceau. La chose qui est enfermée sous la surface de l'eau se débat, les chaînes bougent…
Mais cela n'est pas suffisant et malgré ses efforts, la créature ne peut se libérer.
Le silence s'installe à nouveau…


Le sol trembla lorsque les membres du monstre touchèrent terre.
Immense, il ressemblait à un dragon. Son corps serpentin était long mais il possédait quatre jambes et quatre bras, tenant à la fois de la bête et de l'humain. Une longue queue complétait l'ensemble, dotée de sortes de nageoires.
Tout le corps de la créature était vert. Son dos était recouvert de poils noirs, qui étaient en réalité des cheveux, continuité de ceux qui se trouvaient sur la tête du monstre mais également de pics allant vers le haut ainsi que de sortes de nageoires dorsales. Sa tête était allongée, draconienne. Des tâches orangées parcouraient son museau et un triangle rouge trônait sur son front, lequel était encadré par quatre sortes de longues nageoires. La cornée de ses yeux était noire et l'iris verte, la pupille étant verticale.
Le monstre poussa un rugissement et…

Reimu frémit d'horreur.

Des dizaines de corps humains, bien que verts, jaillirent. Il n'y avait que leur moitié haute ou la tête. Mais le pire…
Ils étaient vivants.
Ils se débattaient et hurlaient de douleur. Certains pleuraient, beaucoup appelaient au secours, tendant parfois leurs bras pour qu'on vienne les aider.

Le monstre ricana, sa voix étant devenue étrange, comme si elle résonnait avant de sortir.
Puis il leva son premier bras gauche et donna un coup de poing que Reimu évita en sautant puis en prenant de l'altitude.
Elle sortit une spellcard et voulut l'activer…
Elle se stoppa lorsque son regard croisa celui d'une personne qui lui criait de l'aider.

Mal lui en prit car le bras gauche de l'Envieux s'était allongé et la saisit par la taille avant de la fracasser contre le sol.
La douleur décida Reimu qui changea de spell.
- Holy Relic "Yin-Yang Sanctification Jade"

Une orbe d'énergie bleue aussi grande que Reimu apparut devant cette dernière et fusa vers l'Envieux.
Sa forme était bien trop massive pour qu'il puisse éviter quoi que ce soit et il se la prit de plein fouet. La déflagration éblouit la prêtresse qui détourna la tête.
Pendant ce temps, le feu continuait de se propager…

Le bras droit de Réo fusa vers son ennemie qui recula d'un bond pour l'éviter.
Il n'avait rien ?

Le monstre était entouré de quelques éclairs rouges mais ne semblait pas plus blessé que ça.
- Finit de jouer, annonça la créature.

Sa gueule s'ouvrit et un cercle magique vert y apparut brièvement. Lorsqu'il disparut, une volée de flammes vertes jaillit mais Reimu parvint à l'éviter facilement.
Le monstre fut quelques pas et réessaya de toucher son ennemi qui s'était envolée.
Peine perdue, les flammes s'élevèrent dans les airs sans rencontrer d'obstacle, ni de cible.

Usant de son aptitude à voler, Reimu passa sous un bras de son adversaire qui s'étant tendu dans sa direction. Elle activa alors une nouvelle spellcard :
- Divine Spirit "Fantasy Seal"

Des orbes multicolores apparurent autour de la jeune fille puis fusèrent vers l'Envieux qui se protégea tant bien que mal avec son bras restant. Reimu vola en rase-mottes au-dessus du monstre qu'elle mitrailla de sceaux, ignorant autant que possible les cris et les appels.
Elle fit ensuite volte-face et…

La longue queue de l'Envie la percuta, l'envoyant en sol.
Reimu s'écrasa mais s'envola alors que Réo se tournait vers elle. Il ouvrit sa bouche mais, contrairement à ce que la prêtresse avait prévu, ce fut sa langue qui jaillit.
Brune, elle était également composée de corps.
Elle s'allongea rapidement et parvint à s'enrouler autour de la taille de l'humaine qui fut d'abord ramenée vers la gueule du monstre avant d'être jetée au sol. Le poing de Réo percuta la prêtresse qui quitta le sol pour s'écraser contre un arbre.

Endolorie, Reimu tenta de se relever.
Elle ne put que voir la gueule garnie de crocs de la créature fuser vers elle, assez grande pour la gober pour la réduire en charpie d'un seul coup…

Une silhouette passa devant la miko et tendit ses bras, bloquant la mâchoire du monstre à mains nues…
- Su… Suika ! s'exclama Reimu.

La petite oni sourit, malgré l'effort qu'elle fournissait.
- Et bien alors, tu ne m'attends même pas pour t'amuser ? railla la rouquine.

Elle ne plaisanta pas plus longtemps.
De la gueule ouverte du monstre coula un petit filet de salive qui toucha le bras gauche nu de l'oni.
Celle-ci grogna de douleur lorsque l'acide de la Gourmandise fit effet, commençant à brûler son bras.

Suika ne resta toutefois pas immobile et repoussa les mâchoires de la créature avant de lui asséner un formidable coup de poing avec son bras droit, ce qui fit reculer le monstre.

- Suika, ton bras ! s'inquiéta Reimu.
La plaie causée par l'acide n'était pas belle à voir. Toutefois, la résistance naturelle de l'oni permit à son membre de ne pas fondre, ce qui serait arrivé pour un humain.
- T'inquiètes, on met sa raclée à ce truc puis on s'occupera des détails, lança la rouquine.
(- Merde envieux, cette gamine est ton amie ! Calme-toi maintenant !), intervint Pride.

Réo se contenta de pousser un rugissement et envoya ses flammes vertes sur les filles, ce qui confirma les craintes de l'Ombre.
L'Envieux avait perdu le contrôle.
Reimu réagit instantanément et lança quatre sceaux. Ceux-ci créèrent un bouclier d'énergie bleu rectangulaire, ce qui les protégea.
Suika tendit son bras droit vers l'arrière. Toutes les flammes qui dévoraient les arbres disparurent pour se rassembler autour de la main de l'oni qui envoya le tout sous la forme d'une grosse boule de feu orange.

Le projectile s'écrasa sur la tête de l'Envie qui recula. Un instant, son âme s'affaiblit.
Pride ne s'y trompa pas.
Il ne pouvait pas prendre possession du corps de Réo mais il put au moins agir afin d'éviter la catastrophe.
L'œil gauche de l'Envie devint brièvement violet à la pupille verticale. Son ombre s'étendit tout autour de lui puis des dizaines de lames de noirceur en jaillirent et le transpercèrent de part en part.

L'action figea tous les combattants, éberlués.
Les cris s'étaient tus puis, alors que les ombres refluaient, Réo reprit doucement forme humaine.
Il tomba à genoux, vidé.

- Réo ? C'était toi ! Mais qu'est-ce qui t'as pris ! s'écria Suika.
Il ne répondit pas, gardant la tête basse.
La forme qu'il avait prise… Plus le combat avait duré, plus avait perdu le contrôle, sans pouvoir revenir en arrière.
Reimu le regarda, en silence.
Quelque-chose clochait. Elle n'avait pas eu l'impression d'affronter Réo mais… Autre-chose. Et la réaction de Suika ne faisait que confirmer son impression.
Mais qu'est-ce qui n'allait pas avec ce type ?

La petite oni se mit à marcher vers l'Envieux, avec sans doute la ferme intention de lui en coller une. Elle se mit soudain à tituber puis s'effondra.
- Bon sang, ça fait maaaaal !
L'acide semblait s'être réveillé et s'il ne rongeait plus les chairs de la rouquine, il créait toutefois une douleur inimaginable.
Comme si on déversait du métal en fusion dans la plaie.

La douleur de l'oni fit se réveiller Réo.
Non.
Il ne voulait pas…
Il ne voulait pas que d'autres personnes souffrent !
Reimu se précipita vers son amie et la prit dans ses bras. Comprenant que la situation était grave, elle ne s'attarda pas plus sur l'Envie et décida d'emmener l'oni au seul endroit où elle pourrait recevoir des soins susceptibles de la guérir.
La petite oni semblait sur le point de tourner de l'œil et Reimu fut obligée de la prendre dans ses bras avant de s'envoler.

Réo serra les poings, si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans sa chair et firent couler un peu de son sang.
Il se haïssait.
Il se haïssait lui-même.
Il était responsable de tout ça. Tout était de sa faute.
- Pardon… Pardon à tous…
Ce furent les seules choses qu'il parvint à murmurer d'une voix chevrotante.

Pour la première fois depuis bien longtemps, il s'effondra en larmes…
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Jealousy
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L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Empty
MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeSam 12 Nov - 22:52

Chapitre 14 : Le Cœur des Ombres


"Contrairement à la Lumière, l'Obscurité ne faiblit pas. Elle est constante, patiente et au final finit toujours par l'emporter. Toutefois, dans sa force réside sa faiblesse : une simple flamme, si petite soit-elle, suffit pour la tenir à l'écart.
L'Amour est plus fort qu'une simple flamme.
L'Amour peut embraser les étoiles."
Auteur Inconnu



- My, my, toujours aussi peu de monde ici…
Yukari Yakumo soupira puis fit quelques pas en avant, entrant ainsi dans le cimetière. Comme elle l'avait remarqué, les lieux n'étaient occupés par aucun être vivant. Les tombes se succédaient, ultimes vestiges du passage de ceux qu'elles abritaient. Elles se ressemblaient toutes, comme soulignant l'unité de tous dans la mort.
Peu de fleurs venaient apporter de la gaieté dans ce monde de pierres silencieuses, preuve que le dortoir de l'éternité était rarement visité.
Quelques feuilles jaunes, rouges ou marrons volaient ça et là, portées par une douce brise.

Son ombrelle ouverte posée sur son épaule droite, Yukari avançait, le bas de sa robe voletant en harmonie avec les feuilles. A la voir ainsi, elle donnait l'impression d'être un fantôme, errant seule et prisonnière de ce lieu déserté par la vie.
Enfin, pas tout à fait.

Les pas de la Youkai des Frontières la menaient tout droit au fond du cimetière. Un cerisier s'y trouvait.
Magnifique, ses fleurs roses contrastaient avec le reste du cimetière. Si tout le reste était morne, l'arbre apportait une touche de couleur, comme un hommage à la vie.
Une bougie dans la nuit.

Yukari se stoppa devant le cerisier, le contemplant avec un léger sourire.
Quel que soit le jour où on venait, il était toujours ainsi. Quelle que soit la saison aussi. Même en hiver, le cerisier perdurait et ses pétales volaient en compagnie des flocons de neige. Comme si le temps n'avait plus d'emprise sur lui.
C'était un phénomène que personne n'était parvenu à expliquer. Tout comme personne ne savait comment il était arrivé ici.
Il était juste là, inébranlable, impassible, éternel.

Selon certains, il s'agissait de l'un des plus beaux cerisiers de Gensokyo. Si ce n'était le plus beau. Ce genre de cerisier ne se trouvait qu'au Sanctuaire Hakurei, dont les cerisiers étaient vantés pour leur beauté.
La youkai baissa les yeux.
Ce n'était pas un hasard si ce genre de cerisier était ici, elle en était persuadée.

Sous l'arbre se trouvait une tombe légèrement plus grande que les autres, protégée par son gardien végétal. Une fleur était posée dessus, ce qui surprit Yukari.
Elle se baissa et ramassa délicatement l'hommage que quelqu'un avait fait à la personne qui reposait ici.

La fleur était étrange. Ses quinze pétales étaient rouges mais zébrés de blanc à l'extérieur mais le blanc devenait noir en leur intérieur. Leur forme était également surprenante, allongée et partant soit vers le haut, soit sur les côtés tout en s'affinant.
Une fleur qui n'existait pas à Gensokyo.

Cette constatation fit fermer les yeux à la Youkai des Frontières.
- Ainsi donc, tu es venu… murmura-t-elle.
Elle reposa la fleur et releva la tête, lisant l'épitaphe qui se trouvait en dessous du prénom, nom et des dates de naissance et de mort de la personne défunte.
Les mots firent à nouveau sourire la youkai.
Celle-ci se releva et regarda le ciel, comme y recherchant un signe. Rien ne se passa toutefois et elle s'éloigna doucement.

La brise matinale continua de déplacer les pétales roses, dont certains se posèrent aux côtés de la fleur inconnue.
Comme s'ils venaient également lire ce qui était écrit, une épitaphe de trois lignes, et rendaient un hommage silencieux à celle qui reposait là et qui était, selon la date, morte quinze ans plus tôt.
Une certaine Surana Hakurei…

A travers le temps et la mort
Dans les souvenirs et les cœurs
A jamais présente



Désespoir.
Culpabilité.
Telles étaient les pensées qui occupaient Réo. Il avançait dans la forêt, sans but, torturé par ce qui venait de se passer et par ce qu'il avait fait dans son monde d'origine.
Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
S'il n'avait pas signé ce Pacte, rien se serait arrivé. Car il était également responsable des agissements de Malbas. Tous ces morts…
A quoi bon ?
Qu'avait-il gagné au final ?

- Salutations ! fit soudain une voix masculine.
L'Envie se tourna vers la direction d'où elle provenait. Il s'agissait du Voyageur, lequel approchait.
Le Voyageur…

Une flambée de haine parcourut le polymorphe qui se jeta sur l'homme à la canne. Ce dernier pivota pour éviter un coup de poing et sauta en arrière.
- Vous saviez ! Vous saviez et n'avez rien fait ! s'écria l'Envieux.
Il changea son bras droit en trois fins tentacules terminés chacun par une pointe et les envoya sur son ennemi.
- Je ne suis pas venu me battre.
Le Voyageur avait disparut, se trouvant soudain trois mètres derrière le métamorphe. Il avait ses deux mains posées sur le pommeau de sa canne et avait parlé d'une voix sans émotion.
Réo utilisa le pouvoir de la Paresse pour augmenter sa vitesse et fuser vers le Voyageur, son bras droit étant redevenu normal mais le gauche étant devenu une lame. L'homme envoya une carte sur l'Envie, qui fut touchée au ventre et envoyé en arrière puisque le rectangle de papier explosa.
- Calmez-vous, tout ceci est parfaitement inutile ! argua l'homme vêtu de blanc.

Le polymorphe ne l'écoutait pas. Ses bras étaient normaux mais se recouvrirent de carbone noirâtre. A nouveau, il tenta de frapper le Voyageur.
- Arcane douze "Le Pendu"

Des dizaines de filins argentés surgirent du néant et s'enroulèrent autour de Réo, l'immobilisant totalement. Un fil s'était enroulé autour de sa cheville droite avant de monter, suspendant l'Envieux à quatre mètres du sol la tête à l'envers.
- My, my, peut-être qu'ainsi vous allez retrouver un semblant de raison, soupira le Voyageur.

Incapable de bouger ou de se transformer, Réo ne put que jeter un regard haineux à son interlocuteur.
- Ce n'est pas de cette façon que vous pourrez tenir tête à Lucifuge Rofocale ou ses Damnés. Vous n'êtes pas assez puissant pour cela. En tout cas, pas encore, commença l'homme.
Les filins disparurent soudain, ce qui fit s'écraser le polymorphe au sol.
- Tiens donc, alors que dois-je faire monsieur je-sais-tout ? grinça l'Envie en se relevant.
- Vous calmer, pour commencer.
La remarque ne fit qu'énerver encore plus Réo.
- Mais vous êtes qui à la fin ? Vous dites être un émissaire du Diable mais Lucifuge ne vous connaît pas ! Vous faites toujours comme si vous saviez tout et manipulez les autres pour je ne sais quelle raison ! Qui me dit que ce n'est pas vous qui êtes la cause de tout ceci ? Qui me dit que vous ne tirez pas les ficelles dans l'ombre pour tous nous détruire ou quelque chose de ce style ?
- Mon identité n'a aucune importance. J'ai en effet menti en me présentant comme émissaire et m'en excuse. Quant au fait que je sache certaines choses vous concernant, disons que mes cartes m'ont dévoilé cette partie de votre avenir, expliqua le Voyageur.
- Ah parce que vous lisez l'avenir en plus ?
- En quelque sorte, c'est plus complexe que cela. Pour simplifier, je peux avoir un aperçu de ce qui sera en utilisant mes cartes. Sachez que le futur est sans-cesse en mouvement, se subdivisant en plusieurs possibilités, comme des lignes. Ces lignes peuvent toutefois se rejoindre pour former un nœud. Ces nœuds sont inévitables, quoi que nous fassions, et sont propres à chaque ligne d'univers. Ces nœuds immuables sont ce qui est couramment appelé "Destin".
- Lignes d'univers ? releva Réo qui peinait à suivre.
- Ou dimension. Il existe une infinité de mondes parallèles. Certains ne sont que très peu différents n'étant que d'autres versions d'autres mondes, d'autres n'ont rien à voir. Par exemple, nous pourrions trouver une version du monde où la Barrière Hakurei n'a jamais été érigée, une autre version encore où un pirate démon aurait prit le pouvoir à Gensokyo. Il existe ainsi une infinité de variations pour une infinité de mondes.

Le polymorphe se massa les tempes, un mal de crâne commençant à apparaître.
- Pardonnez-moi, je me suis éloigné du sujet. Mon don de voyance me permet de voir un avenir possible, à moi de deviner les actions qui y conduiront. Voilà tout, conclut le Voyageur.
(- C'est quand même plus simple dit comme ça), remarqua Pride.
- Ça conforte ce que je pensais, vous manipulez les autres pour que le futur qui vous plait se produise ! accusa l'Envie.
- Ai-je donc tant la tête d'un marionnettiste ? Je ne peux que favoriser un avenir, si c'est dans mes possibilités, mais pas l'obliger à se produire. Je ne peux tout contrôler, ni tout prévoir, loin de là. Tenez par exemple, la montre de miss Izayoi. Il ne fait aucun doute que c'était son destin de l'obtenir, elle l'a gagnée au poker contre moi. Je n'avais absolument pas prévu de rencontrer cette fille. Et sachez que cette montre ne m'a appartenue qu'une journée. Je l'ai en effet trouvé la veille sur la table de nuit de ma chambre, dans l'auberge où je dormais et j'ignore toujours comment elle est arrivée là. Le Destin sans doute…
- Et vous espérez que je vais vous croire ?
- C'est vous qui voyez. Au final, faites comme bon vous semble. Je tiens juste à vous faire comprendre que je ne suis pas votre ennemi. Payer votre prix était inévitable.

Réo serra les poings en entendant parler de ce qu'il avait fait.
Il sursauta lorsqu'il vit que le Voyageur s'était rapproché, plongeant ses yeux orangés dans les siens.

- Cessez de vous torturer. Ce qui est fait ne peut être changé. Les morts ne reviennent pas, jamais, j'en sais quelque chose. Vous avez commis une faute, certes, mais il vous faut avancer. Trouvez votre voie.
- Vous… Vous me demandez d'oublier ce que j'ai fait ? Je…
- Non. N'oubliez jamais ceux que vous avez tués car eux ne vous oublieront pas. Vous avez supprimé toute votre famille, faites au moins en sorte que leur mort ait un sens. Il ne vous faut pas oublier, seulement accepter. Accepter ce que vous avez fait.

L'Envieux détourna la tête, tremblant.
- Comme si c'était facile… Tuer des innocents est une chose mais… Ma famille… Et même… Celle que…
Le Voyageur posa une main réconfortante sur l'épaule de l'Envie.
- Je sais que ce n'est pas quelque-chose de facile. Mais vous pouvez y arriver. Allez de l'avant. Je suis certains que de belles choses vous attendent. Ce jour est un nouveau départ pour vous, alors levez la tête et avancez.
- … Qui dit que je peux… Je suis un monstre… Je ne peux qu'apporter le malheur…
La voix du métamorphe était chevrotante.
- Ce ne sont pas nos aptitudes qui décident de qui nous sommes, ce sont nos choix. Il est l'heure pour vous de choisir, rester à terre ou vous relever ?
(- Il a raison, envieux. Avance, qu'on puisse pourrir Lucifuge, les Damnés et Malbas !)

La réplique de Pride fit sourire l'Envie.
Oui, il allait se relever.
Il avait commit des erreurs, il devait se racheter.
- Merci, murmura-t-il.
- Tout le plaisir est pour moi, fit le Voyageur en s'inclinant.
- Mais… Comment connaissez-vous Lucifuge ? Et pourquoi m'aidez-vous ? questionna Réo.
- Oh, nous avons plusieurs choses en commun vous et moi, voilà pourquoi je vous aide. Même si c'est à vous de tracer votre chemin.
- Vous n'avez pas répondu à ma question… Et je ne sais toujours pas qui vous êtes vraiment, ni ce que vous faites ici… Vous êtes un vrai mystère ambulant !

Le Voyageur esquissa un vague sourire avant de répondre :
- Les mystères font partie intégrante de notre monde. Cela ne nous empêche évidemment pas de tenter de les percer. Toutefois, certaines choses ne devraient jamais être découvertes…
Tout en parlant, sa main gauche, posée sur le crâne d'argent qui ornait sa canne, s'était crispée.
- Un problème ? s'inquiéta l'Envie en fronçant les sourcils.
- Non, ça ira. Trouvez votre lumière. Une fois ceci fait, faites tout pour la garder. Vous voulez savoir quel est mon but ? Sachez simplement que… Je suis ici pour honorer une promesse.
Le Voyageur esquissa un sourire à cette dernière phrase.
- Une promesse ? A qui l'avez-vous faites ? demanda Réo, curieux.
- Oubliez ça, ce n'est pas important. Je vous en ai déjà trop dit. Enfin, si ça peut vous aider, tant mieux.

Sur ces mots, l'homme vêtu de blanc sortit sa montre à gousset dorée fermée par un couvercle. Réo fronça les sourcils en la voyant.
Cette montre, elle ressemblait à…

- Il me faut me retirer désormais. Ce fut un plaisir de discuter avec vous. A la prochaine !
Le Voyageur avait parlé en rangeant sa montre, il retira ensuite son chapeau, s'inclina en le mettant au niveau de son cœur puis tourna les talons.
Il se stoppa toutefois rapidement et rebroussa chemin.

- Décidément, je deviens gâteux. J'étais, à la base, venu vous porter quelque-chose et j'ai bien faillit oublier. My, my, surtout ne vieillissez pas !
Réo pencha la tête sur la droite, signe d'incompréhension. Ses yeux s'agrandirent lorsque l'homme lui tendit un cylindre vert fermé avec un ruban rouge.
Le polymorphe le prit en remerciant le Voyageur et l'ouvrit sur-le-champ.
Le contenu faillit le faire sursauter sous la stupéfaction.
Un rouleau de papier ? Un message ?

Réo releva les yeux, voulant questionner le Voyageur, mais il était seul. A nouveau, l'homme avait disparut.
Sans laisser de traces et sans bruit.

L'Envieux soupira et s'assit contre un arbre avant de se mettre à lire le message. Les messages.
Ils provenaient de ses amis, amis qu'il s'était fait lors de son premier voyage, dans le monde où il avait été envoyé suite au Pacte. Il les avait quittés si brutalement…

Salut Réo, content de savoir que tu vas bien.
On était tous au Dragon Jasmin lorsque ce type en blanc est arrivé. Nous parlions justement de toi et il est venu vers nous et nous a expliqués ce que tu étais devenu.
De notre côté, la guerre est finie. J'ai vaincu Ozaï, Zuko est devenu le nouveau Seigneur du Feu, bref tout va bien. Malbas Elric n'a pas donné signe de vie depuis ce jour-là mais apparemment il t'a suivi… Je compte sur toi pour lui faire payer ses crimes !
Appa et Momo te passent aussi le bonjour.
J'espère qu'on pourra se revoir.
Ton ami, Aang


- YEAH, je savais que tu pouvais le faire, tête de flèche ! s'exclama l'Envieux en levant un poing vers le ciel.
(- Tiens, ce blaireau d'Ozaï s'est prit sa branlée ? Tant mieux, je pouvais pas le saquer ce type. Ils disent ce qu'est devenue l'autre folle d'Azula ?), commenta Pride.
- Attends, attends…

Cher Réo,
Je suis heureuse d'avoir enfin de tes nouvelles. On était tous morts d'inquiétude, surtout Toph même si elle ne l'avouera jamais. Aang l'a déjà dit, tout s'est arrangé ici. Et tu n'y es pas pour rien, merci pour tout ce que tu as fait pour nous. Ce n'est pas ton monde d'origine mais tu seras toujours le bienvenu. Ta bonne humeur et tes blagues nous manquent, ainsi que tes incessantes disputes avec Sokka.
Prends soin de toi.
Katara


(- Apparemment, ils ont toujours pas inventé le vaccin contre la niaiserie…)
- Pride !
(- Quoi ? Je parie qu'elle chialait, comme d'habitude. C'est pas un maître de l'eau pour rien).
- Tu es vraiment une enflure, tu le sais ça ?
(- La flatterie n'a pas d'effet sur moi. Continue de lire)

Salut le polymorphe !
Je suis content de savoir que t'es toujours en vie, la dernière fois que je t'ai vu, tu tombais dans le vide avec cette ordure de Malbas… Tu dois t'en douter, on a réussi notre mission ! Bon, j'ai perdu mon sabre et mon boomerang pendant la bataille mais je les ais retrouvés. D'après ce que nous a dit ce Voyageur bizarroïde, Malbas et toi êtes dans le même monde, alors je te souhaite bonne chance pour l'affronter.
Pète-lui les genoux et venge papa !
Suki n'est pas là mais je suis sûr qu'elle te souhaite aussi bon courage.
Essaie de revenir quand même.
Sokka


- Son sabre, j'ai bien faillit me le prendre dans la tronche lorsque j'affrontai Malbas. Comment il a fait pour perdre son arme sur un dirigeable et le faire tomber de sorte à ce qu'il atterrisse PILE devant moi ? maugréa l'Envie.
(- Cet andouille a un manque de chance assez épique)
- En tout cas, Katara et lui peuvent se rassurer, je vengerai leur père !
(- Lui et les autres ont dit qu'ils s'échapperaient, ils sont devenus une pierre philosophale à la place. En un sens, ils se sont bien échappés…)

Salut Réo,
Comme tu le sais, je suis le nouveau Seigneur du Feu. Azula est enfermée, ainsi que mon père. Aang n'a bien sûr pas pu le tuer…
Lors de mon combat, je me suis prit un éclair. Je sais enfin ce que tu as ressentis, sauf que je ne me régénère pas moi… En tout cas, diriger une nation est loin d'être chose facile, je peux te l'assurer. Mais je m'efforce de faire au mieux. Comme tous les autres, je te souhaite bon courage pour te mesurer à Malbas.
C'est à toi que revient la charge de lui faire justice.
En toute amitié,
Zuko


- Voilà, Azula est enfermée. Feraient mieux de la tuer tiens…
(- Si je pouvais la manger…)

Cher Réo Ryu,
Le monde te dois beaucoup. Si le destin a voulut que tu nous quittes, je suis cependant certains que nos chemins se recroiseront à nouveau.
La reconquête de Ba Sing Se a été un succès, et celle de mon magasin de thé aussi. J'espère pouvoir t'en servir un bientôt et te souhaite bonne chance pour toutes les épreuves qui t'attendent.
N'oublie jamais que quoi qu'il arrive, il y a toujours une lumière dans la nuit, il suffit de la voir.
Iroh


- Bon sang, ce que j'aimerai être avec eux, soupira Réo.
(- Iroh trouve toujours le moyen de sortir ses proverbes et autres phrases nébuleuses. Il devrait bien s'entendre avec le Voyageur tiens. Tu crois qu'ils jouent au Pai cho ?), railla Pride.
- Sais pas. Tiens, il reste un dernier message…

Salut monsieur le changeur de forme !
T'aurais quand même pu nous dire au revoir avant de t'en aller ! Rien que pour ça, j'ai envie de te frapper tiens. En tout cas, on a dû se débrouiller sans toi pour les dirigeables, t'as dû bien t'amuser avec l'autre et son alchimie.
En tout cas, on l'a plus revu depuis, mais vu ce qu'a dit l'homme avec sa canne, il semblerait qu'il soit toujours en vie.
T'as intérêt à lui mettre une raclée, parce que sinon, dimensions différentes ou pas, c'est moi qui t'en mets une ! Ça t'apprendra à me laisser tomber.
Maintenant que la guerre est finie, je m'ennuie à mourir. Mes parents n'ont pas franchement changé d'avis me concernant, ce qu'ils sont gonflants. Enfin, je suis quand même retournée chez eux, mais hors de question que je reste enfermée.
Pense à t'entraîner et débrouille-toi pour revenir !
C'est pas comme si tu me manquais mais… Un peu quand même…
Mes pensées t'accompagnent,
Toph

Ps : Je t'ai fais un bracelet, mets-le, ça évitera que tu m'oublies !


(- C'est trop mignoooon. Je me disais bien que la petite aveugle allait te laisser un mot. Vu l'écriture, c'est Katara qui a été réquisitionnée pour servir de stylo), commenta Pride.
- Toph… Toi aussi tu me manques… Vous me manquez tous…
Réo avait fermé les yeux tout en parlant. Puis il regarda à l'intérieur du cylindre et le fit basculer au-dessus de sa main gauche.
Un bracelet tomba.

Fait de métal, il avait la forme d'un dragon au corps serpentin, lequel se mordait la queue, formant ainsi un cercle.
- Merci Toph, je suis pas prêt de t'oublier avec ça… murmura l'Envie avec un sourire.
Il passa le bracelet à son poignet gauche, à peine étonné qu'il soit parfaitement dimensionné.

Il se releva et ré enroula le rouleau de papier avant de le remettre dans le cylindre. Il était prêt.
Prêt à avancer.

La première chose que fit Réo fut de retourner chez lui. Il déposa le rouleau dans une chambre, celle qui se trouvait en face des escaliers. Il s'agissait de la seule qui, pour le moment, avait un lit et le rouleau fut posé en dessous.
Puis, l'Envie sortit et alluma son Ipod avec un soupçon de plaisir. Il y avait des tas de musiques qu'il avait récemment trouvé mais n'avait pas écouté, et ignorait même à quoi elles correspondaient.
Ne voulant pas choisir, Réo appuya sur lecture aléatoire et se mit à marcher au hasard…

- Hey toi, reviens ! cria Momiji à la personne qu'elle poursuivait.
Celle-ci ne changea pas d'attitude et continua de courir.
Vêtue d'une cape noire enroulée autour d'elle et dont le bas était déchiré, la personne en question filait tout droit, s'enfonçant de plus en plus dans la forêt youkai. Un masque blanc cachait son visage, masque uniquement percé de deux trous pour les yeux, n'ayant ni nez ni bouche ni quoi que ce soit d'autres hormis deux lignes rouges transversales partant du bas vers les yeux.

Momiji avait repéré cette femme, ses formes indiquaient qu'il s'agissait d'une femme, dix minutes plus tôt. Elle avait immédiatement prit la fuite mais la tengu comptait bien la rattraper.

La damnée jeta un coup d'œil en arrière et fit un geste brusque avec son bras droit.
Trois pointes métalliques jaillirent de sa main gantée de noir et fusèrent vers Momiji. Celle-ci eut le réflexe de se protéger avec son bouclier, lequel stoppa les pointes qui se fichèrent dedans. Ce faisant, la tengu ne put voir la fuyarde un court instant.
Cela suffit pour que la damnée disparaisse entre les arbres, échappant au regard de sa poursuivante.
Momiji n'était toutefois pas du genre à abandonner et continua d'avancer. Elle arriva ainsi devant une maison en bois qu'elle reconnut immédiatement.
Celle de Seishi Kodoku, la magicienne qui avait été retrouvée morte.

Ne voyant aucune trace de la femme qu'elle poursuivait, la tengu arriva à la conclusion qu'elle était dans la demeure et entra.
Rien n'avait changé.
Trois mètres après la porte se trouvait toujours une table ovale entourée de quatre chaises. Les étagères étaient toujours là, disposées contre le mur du fond et supportant des dizaines de livres.
Aucun ne manquait.
Momiji fit quelques pas, et remarqua des traces sur le sol, des sortes d'irrégularités dans le plancher.

Dans une pièce sombre, deux yeux rouges s'allument.

La tengu s'accroupit et entendit un bruit un étrange. Comme si quelque-chose se déplaçait sous la maison. Pourtant, aucun escalier permettant de descendre était en vue.
Sans compter que la maison était vide.
Un bruit de pas provenant de l'extérieur attira l'attention de la sentinelle. Celle-ci se précipita dehors, étant sûre qu'il s'agissait de celle qu'elle pourchassait.

Les yeux s'éteignent, la pièce replonge dans le noir…

- Mince, tu ne m'échapperas pas ! cria Momiji, croyant avoir aperçut une forme s'éloignée.
Elle se rua dans cette direction, déterminée. Elle ne vit donc pas la damnée, silencieusement accroupie sur le toit de la maisonnée.
Inya attendit un peu que Momiji se soit éloignée puis sauta souplement à terre, sans faire le moindre bruit. Elle reprit ensuite son chemin, à l'exact opposé d'où était partie la tengu…

- Tiens, le soleil commence à se coucher…
Cela faisait bien deux heures que Réo était perché dans un arbre, à écouter de la musique tout en réfléchissant. Une vieille habitude de son ancienne vie, à ceci près qu'il était à plusieurs mètres du sol maintenant. Il retira ses écouteurs et…
Un bruit d'explosion attira son attention.
Des gens se battaient ?
L'Envieux sauta, atterrissant brutalement au sol ce qui fit s'enfoncer la terre sous ses pieds et crépiter quelques éclairs rouges. Le polymorphe se changea en loup et alla dans la direction d'où provenait le bruit…

Enfin…
Essoufflé, Malbas contemplait sa victime. Ses deux lames lui avaient coûté de nombreuses vies, sans sa régénération accélérée il n'aurait jamais pu la battre.
Les alentours étaient dévastés. Des arbres avaient été réduits en morceaux, des cratères constellaient le sol, l'herbe était noircie par endroits.
La fille était inconsciente, sa tenue verte était déchirée à plusieurs endroits et laissait entrevoir diverses blessures qui saignaient encore. Ainsi, plusieurs plaies ornaient son bras gauche et sa joue droite. Des griffures saignaient au niveau de son ventre et son flanc droit était en partie brûlé.
Elle s'était battue jusqu'au bout mais ça n'avait pas suffit face au Dévoreur.
Celui-ci s'accroupit et posa sa main gauche sur le visage de la fille aux cheveux argentés coupés courts, commençant ainsi à dévorer son énergie vitale. Etrangement, cela prenait plus de temps qu'avec les humains et les youkais habituels.
Le corps de la jeune fille commença toutefois à perdre de la couleur, tout comme le sorte de fantôme qui l'accompagnait.
Le plaisir infini de satisfaire sa faim dévorante fit sourire le tueur…
Puis se fut la douleur qui s'imposa.

Le Dévoreur vit, effaré, son bras gauche tranché au niveau du coude tomber au sol. Il se releva d'un bond et se tourna vers la droite, étant certains d'avoir vu une forme noire partir de là-bas pour l'attaquer.
Il ne put que voir un être aux longs cheveux blancs et vêtu de noir lui donner un puissant coup de pied en plein ventre, l'envoyant trois mètres plus loin.

Avec rage, Malbas se releva.
Trois pointes de noirceur se fichèrent dans sa gorge, ressortant par sa nuque, puis s'écartèrent horizontalement, le décapitant sur le coup.
Le tueur se soigna rapidement et vit que son adversaire ne faisait plus du tout attention à lui, s'étant accroupit près de la jeune fille.

- Youmu, tu m'entends ! Réponds !
La voix de Pride était emprunte d'inquiétude, chose pour la moins inhabituelle. Animé d'une fureur sans nom, il avait prit possession du corps de Réo immédiatement après avoir reconnu Youmu et ce sans que le propriétaire du corps n'ait pu réagir.
L'Orgueil tournait le dos à son adversaire, ne se préoccupant plus du tout de lui. Il réagit toutefois immédiatement lorsqu'un craquement se fit entendre.
Ses ombres l'entourèrent, lui et Youmu, formant un bouclier obscur parcourut d'œils et de sourires formés par des dents effilées. Le rayon transparent caractéristique de la Combustion de Malbas percuta les ombres et l'explosion habituelle eut lieue.
Instinctivement, Pride avait prit Youmu dans ses bras, mais le bouclier obscur tint bon face au souffle de la déflagration.
Puis les ombres refluèrent et l'Orgueil se releva avant de se tourner, son visage exempt de toute émotion.

- Ces ombres, les yeux violets… Pride ? Depuis quand protèges-tu quelqu'un ? Ce n'est pas dans tes habitudes. Je vois que tu t'es trouvé une apparence propre à toi, c'est bien, fit Malbas d'un ton railleur.
Pride ne répondit pas, fixant son ennemi d'un regard glacial. Si intérieurement, il bouillonnait de rage, il n'en laissait rien paraître.
- Tu t'es donc pris d'affection pour cette fille. Tes yeux te…
Malbas fut incapable de finir sa phrase.

Une vingtaine de pointes ou de lames, les ombres de Pride étant fines, noires fusèrent dans sa direction à une vitesse folle, le lacérant de toutes parts. Malbas sauta en arrière et donna un coup de pied circulaire. Une vague de feu fondit sur l'Orgueil, lequel ne bougea pas. Comme investies d'une force écrasante, ses ombres dissipèrent les flammes en plongeant dedans pour ensuite partir sur les côtés. Puis les ombres refluèrent avant de repartir, ayant pris la forme d'une mâchoire gigantesque bien que fine, n'ayant aucune épaisseur.
Malbas tapa dans ses mains et créa un mur de métal à partir du sol en les posant dessus. Puis il sauta…
La mâchoire obscure détruisit le mur comme s'il était en papier et suivit les mouvements du Dévoreur, se refermant au niveau de sa taille.
Coupé en deux, Malbas chuta.

Il s'était à peine régénéré et relevé que deux points noire se fichèrent dans ses yeux, alors qu'il tournait la tête vers Pride.
- Tu pourras me regarder dans les yeux lorsque je te tuerai, annonça l'Orgueil d'une voix sans âme qui donnait des frissons d'angoisse.
Les pointes bougèrent en empruntant une trajectoire transversale et descendante, tranchant le tueur en trois.
Il en fallait plus que ça pour le tuer, aussi Malbas se releva.

Pourquoi ?
Pourquoi n'arrivait-il à rien ?
Pride n'avait jamais parut si puissant, si féroce, pourtant il n'utilisait que son pouvoir de contrôle des ombres.
Il n'était pourtant pas plus agile ou rapide que d'habitude…

Malbas joignit les paumes de ses mains et les posa au sol, transmutant plusieurs chaînes terminées par des pointes, lesquelles tentèrent de blesser Pride.
Ce dernier fonça vers son ennemi, réduisant les projectiles en pièces avec ses ombres. Celles-ci se rejoignirent pour former une main gigantesque, cette fois ayant un volume. Le Dévoreur, éberlué, sauta sur le côté pour éviter l'attaque et pivota. L'eau contenue dans un arbre jaillit de ce dernier, le faisant éclater, et rejoignit le bras gauche du tueur. D'un geste, il envoya l'eau sur l'Orgueil, lui faisant adopter une vitesse suffisante pour le trancher en deux.
Sans se départir de son calme effrayant, Pride se jeta en avant, passant au-dessus de l'eau, roula et, alors qu'il se relevait, projeta plusieurs ombres sur son adversaire.
Elles avaient leur forme classique de pointes et transpercèrent l'abdomen du Dévoreur avec tant de force qu'il fut épinglé contre un arbre.

Le tueur cracha un peu de sang à l'impact et tendit son bras droit vers l'Orgueil. Sur la paume était tatoué le cercle de transmutation habituellement gravé sur son gant métallique. Il avait toutefois été détruit par Youmu et ce fut donc de la paume la main que jaillit dans un craquement un rayon transparent.
Pride évita de se faire exploser en sauta sur la droite, ce qui fit refluer ses ombres et donc libéra Malbas.
Le souffle de l'explosion ne fit ni chaud-ni froid à l'Orgueil, sa veste noire volant au vent.

Malgré qu'il ait commencé à absorber l'énergie vitale de Youmu, Malbas était épuisé. Pride était intraitable et ne lui offrait pas une seconde de répit.
Le Dévoreur tendit ses deux mains, lançant une volée de flammes vers son ennemi. Implacable, celui-ci envoya deux ombres sous forme de pointes qui traversèrent le feu et tranchèrent les deux mains du tueur, mettant fin à l'attaque.
Pride se rapprocha de Malbas.

Le Dévoreur avait les traits déformés par la rage et la douleur. Il remarqua toutefois la carte que l'Orgueil tenait dans sa main gauche.
- Soul Poison "Snake's Shadow"

L'ombre de Pride se changea alors en un serpent. Entièrement noir, il mesurait deux ou trois mètres. Ses yeux étaient verts et des filaments noirs accompagnaient son corps.
- Cadeau d'une youkai décédée, annonça l'Ombre avec un sourire mauvais.

Il tendit ensuite sa main gauche vers Malbas. Le serpent se jeta sur lui, évita une boule de feu en se tordant, s'enroula autour de sa proie qui fut mordue à l'épaule droite. Le serpent disparut aussitôt.
Malbas fit quelque pas en arrière.
- C'est tout ? railla-t-il.
Il voulut repasser à l'attaque mais il tituba. Il se sentait mal. Sa tête commençait à tourner, le décor s'était mit à onduler…
Malbas tenta de lancer une boule d'énergie bleue, le projectile se perdit en l'air.
- Que… Qu'est-ce que tu m'as fais ? Enfoiré !
Pride avait croisé les bras et regardait son adversaire avec délectation, ne se donnant même pas la peine de répondre.
Malbas se prit la tête dans les mains et tomba à genoux.
Chaque mouvement lui demandait un effort monumental, son esprit était devenu incapable d'avoir une pensé cohérente.
Mais comment était-ce possible ? Sa régénération le rendait insensible au poison !
Sauf s'il affectait l'âme…

Lentement, Pride s'approcha de son adversaire désormais vulnérable. Son ombre s'étendit en cinq tentacules de noirceurs qui s'élevèrent doucement avant de fuser vers le Dévoreur.
Qui disparut dans une gerbe de flammes.
L'Orgueil soupira de dépit puis se précipita vers Youmu.

La jardinière respirait faiblement mais était toujours en vie. Il était toutefois évident qu'elle avait besoin de soins au plus vite, ses blessures saignant toujours.
- Allez, tiens bon !
Pride prit Youmu dans ses bras et activa une nouvelle spellcard.
- "Shadow flight"

Deux ailes d'ombre semblant brumeuse, comme ne faisant pas totalement partie de la réalité, apparurent dans le dos de l'Orgueil. Il ne s'agissait pas d'ailes complètes, leur forme n'étant que le squelette d'ailes normales.
Cela suffit cependant pour que Pride s'envole d'un bond.
D'après les souvenirs d'Hebi, il savait qu'une clinique se trouvait dans la Forêt de Bambous des Egarés. Il atteignit rapidement la forêt sus-mentionnée et atterrit parmi les bambous.
Youmu toujours serrée contre lui, Pride s'élança à travers l'étendue verte.
Elle ne devait pas mourir.
Non.
Elle n'allait pas mourir !
Ses ombres lui ouvraient la voie, éliminant les obstacles qui lui auraient imposé des détours, et donc lui auraient fait perdre du temps. Hebi connaissait le chemin jusqu'à l'Eientei par le sol, c'était la raison pour laquelle l'Orgueil s'était posé.
Malgré la disparition de l'âme de la youkai serpent, ses pouvoirs et souvenirs étaient toujours disponibles.
- Accroche-toi, on y est presque !
Pride ignorait si Youmu pouvait l'entendre ou non, mais au fond c'était sans doute lui qu'il essayait de rassurer.
L'Orgueil écarta cette pensée et se concentra sur son objectif. Fort heureusement, la maison de l'éternité se dessina rapidement aux yeux de l'Ombre qui accéléra.

Ses ombres défoncèrent littéralement la porte d'entrée, ce qui fit sursauter les personnes qui étaient à proximité.
Il s'agissait de filles en robe blanche et ayant les cheveux courts. Deux oreilles de lapin tombaient de part et d'autre de leur tête.
Pride n'y prêta aucune attention, déboulant dans le manoir sans s'inquiéter d'autre chose que de l'état de Youmu.
- Si y'a quelqu'un capable de soigner, qu'il se dépêche ! Sauvez-la ! hurla l'Orgueil.

Une femme aux longs cheveux argentés coiffés en queue de cheval et portant des vêtements rouges et bleus ainsi qu'une sorte de bonnet d'infirmière bleu-nuit arriva.
Elle donna de rapides ordres aux filles qui étaient à proximité, lesquelles partirent chercher un brancard.
Pride posa la blessée dessus puis regarda les autres partir, se sachant totalement inutile à partir de cet instant.
Elle allait survivre.
Elle devait survivre.
L'Orgueil regarda ses mains et constata qu'elles étaient maculées du sang de Youmu, tout comme une partie de ses vêtements.
Pour une fois, il n'eut aucune envie de le goûter.
Non, pire.
Il n'en supportait tout simplement pas la vue.
Pourquoi ?
Pride serra les poings, rejetant cette question, et fit une promesse.
- Malbas… Je te le promets, je vais te tuer… Sois-en certains, je vais te faire la peau !

Loin de là, un Dévoreur semble agoniser. Ses douleurs sont insupportables et il a faim.
Oh oui, si faim.
Il perd le contrôle de ses mouvements, s'agitant partout en hurlant.
Il a faim.
Sa peau devient grisâtre, tout comme ses cheveux. Son visage s'allonge et s'amincit, ses dents deviennent des crocs, la cornée de ses yeux se pare de noir, son iris devient rouge.
Si faim…
Ses doigts se sont allongés, tout comme ses ongles devenus de redoutables griffes. Sur les paumes s'ouvre une sorte de bouche garnie de crocs mais sans langue. Le Dévoreur est également plus grand, ses pieds se sont allongés et garnis de griffes tout en étant légèrement oblique, ce qui donne l'impression qu'il marche sur leur pointe.
Oui, il a faim. Une faim dévorante, qu'il lui faut satisfaire à n'importe quel prix.
Désormais vêtu de haillons, le Dévoreur pousse un cri, tel un appel ou une mise en garde.
La chasse est ouverte…



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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeDim 18 Déc - 21:38

Chapitre 15 : Faim insatiable


"La résurrection des morts a toujours été présente dans les esprits, que se soient ceux des Humains, Démons ou des autres créatures. Toutefois, il s'agit d'une impasse.
Relever un corps est facile, mais il s'agit alors d'un simple zombie, à la puissance variable certes mais cela reste une coquille vide.
Ramener une âme, ou un esprit, est plus difficile. Le résultat est un fantôme mais ils ont tendance à oublier leur ancienne vie et peuvent alors devenir de toutes autres personnes. Et ils sont toujours considérés comme morts.
Il est théoriquement impossible de ramener une âme disparue et de lui faire réintégrer son corps, comme si elle n'avait jamais été morte.
Bien que…"

Mortac, Treizième Grand Maître,

Paroles du Premier des Morts et Seigneur des Tombes



La Forêt était silencieuse. Ni le bruissement des arbres, ni le chant des oiseaux ne se faisaient entendrent. Et dans ce silence avançait Youmu.
Pourquoi était-elle là ?
Elle-même l'ignorait, elle avançait simplement, ne se doutant pas du danger qui la guettait. Du moins pas avant qu'il n'apparaisse devant elle.
Un jeune homme aux longs cheveux blonds noués en catogan, vêtu de noir et arborant un sourire avenant. Il aurait pu être séduisant si son regard doré n'était pas aussi froid.
Sans prévenir, il envoya une boule d'énergie bleue que la jardinière évita en sautant sur le côté. Elle dégainait à peine Roukanken qu'une volée de flamme jaillissait du poing fermé de Malbas.
La demi-fantôme s'envolant et fit effectuer un arc de cercle à sa lame, ce qui eut pour effet d'envoyer de multiples projectiles d'énergie bleus sur le Dévoreur.
Ce dernier fléchit leva un bras, ce qui fit sortir un mur de pierre du sol, lequel fut ébréché par les projectiles. Puis il joignit ses mains et les posa sur la protection de fortune. Plusieurs éclairs bleus apparurent, ainsi qu'une lumière bleue également alors que le mur se muait en une pointe de flèche géante qui fusa vers la demi-fantôme.
Roukanken trancha le projectile comme du beurre mais ne fut d'aucune utilité lorsqu'un rayon transparent passa à la droite de la jardinière et causa une explosion qui la fit violemment chuter au sol, lui causant également une sérieuse brûlure au côté droit.
Allongée sur le dos, Youmu était incapable d'ouvrir les yeux et de bouger. Ses membres étaient aussi lourds que des blocs de plombs, elle ne pouvait rien faire si ce n'était attendre son sort. Elle entendait son adversaire s'approcher, ricaner.
Oui, elle allait mourir.
D'ailleurs, elle avait l'impression de partir progressivement, comme si la Mort l'attirait lentement à elle. Puis tout se stoppa.
Des bruits de lutte, des cris de douleurs…
Des ombres l'entourant, des ténèbres qui toutefois n'étaient pas menaçantes mais… Protectrices. Puis une voix.
Habituellement chargée d'orgueil et de sarcasmes, elle était cette fois emprunte d'inquiétude. Et de lumière.
Youmu s'y raccrocha avec l'énergie du désespoir, comme s'il s'agissait de l'ultime fil qui la reliait à la vie.
Un fil fait d'ombre.
Des bras l'enserrèrent, il lui sembla qu'on la portait, puis…


Youmu se réveilla en sursaut.
Elle était allongée dans un lit, lequel était au milieu d'une chambre obscure. La fenêtre à sa droite était cachée par d'épais rideaux qui empêchaient la lumière du jour d'entrer dans la pièce.
La demi-fantôme voulut se relever mais une vive douleur au niveau de son flanc droit l'en dissuada. De plus, elle se sentait faible, vidée de ses forces.
Des bandages enserraient la majeure partie de son torse et de son ventre ainsi qu'une partie de son bras gauche. Un pansement ornait également sa joue droite. La jeune fille avait pour vêtements un pantalon blanc et une chemise blanche également, laquelle était ouverte.
Youmu tourna sa tête vers la gauche et remarqua qu'un verre d'eau ainsi que quelques comprimés étaient posés sur une table de chevet.
Elle tenta à nouveau de se redresser, ce qui la fit grimacer de douleur.

- Tu devrais te ménager, que tu sois encore en vie tiens du miracle, ou de la chance.
Youmu se stoppa et regarda à nouveau vers la gauche, dans la direction d'où provenait la voix masculine qui s'était fait entendre.
Elle ne l'avait pas repéré avant mais quelqu'un se tenait adossé au mur, près de la porte.
Il portait une longue veste noire dont le bas semblait déchiré qui surmontait une chemise noire veinée de rouge et un pantalon tout aussi sombre. Son regard mauve aux pupilles verticales était braqué sur la demi-fantôme et ses bras étaient croisés sur son ventre.
- Pride ? Que fais-tu ici ? Où suis-je d'abord ? demanda Youmu, soudain gênée.
Elle ramena instinctivement ses draps à elle, chose peu utile puisque les bandages et la chemise cachaient ce qui aurait pu attirer le regard de l'Orgueil.
Celui-ci émit un petit rire moqueur, affichant ainsi le peu de cas qu'il faisait de la tenue de la demi-fantôme.
- Tu es à l'Eientei, ne t'inquiètes pas. Je ne faisais qu'attendre que tu te réveilles. Tu ferais mieux de prendre tes médicaments pour faire taire la douleur, expliqua Pride d'un ton détaché.
Youmu opina et s'exécuta, ayant visiblement un peu de mal à atteindre les médicaments. Pride ne bougea toutefois pas d'un pouce pour l'aider.
Une fois les comprimés avalés, la jardinière se replongea au fond de son lit.
- Comment suis-je arrivée ici ? s'enquit la demi-fantôme.
- C'est moi qui t'ai amenée, après avoir calmé les ardeurs de Malbas. Essaie de faire attention à l'avenir, je ne serais pas toujours là pour te sauver la mise, répondit l'Orgueil sans la moindre once de sympathie.

Pendant environ une minute, personne ne parla puis Youmu demanda :
- Pourquoi m'a-tu sauvée ?
- Plus Malbas absorbe d'énergie, plus il devient puissant. De plus, il obtient les pouvoirs et compétences de ceux qu'il dévore. Si je t'ai sauvée, c'est uniquement pour empêcher qu'il gagne puissance. Ça et rien d'autres, expliqua Pride.
Youmu serra les poings.
Comment pouvait-on être aussi insensible ? A l'entendre, il avait fait ça presque à contrecœur.
N'avait-elle aucune valeur à ses yeux ? Pourtant elle avait cru qu'ils étaient… Amis.
Ses yeux commençaient à s'embuer de larmes lorsque la porte s'ouvrit sur une étrange fille.

Etrange car elle possédait deux longues oreilles de lapins, lesquelles surmontaient une chevelure violette. La fille était vêtue d'une veste sombre ainsi que d'une jupe violette et une cravate rouge et avait des yeux rouges qui donnaient une sensation étrange. Elle transportait un plateau sur lequel étaient posés des flacons, des ciseaux et de quoi faire des bandages.
- Oh, tu t'es réveillée. Parfait, ça sera plus pratique, réagit la lapine en voyant que Youmu ne dormait plus.
- Bonjour, Reisen, la salua la demi-fantôme.
La dénommée Reisen posa son plateau sur la table de chevet puis se tourna vers Pride.
- Je vais changer les pansements, si vous pouviez…
L'Orgueil soupira.
- Ça va j'ai compris, pas la peine de me faire un dessin. Je vais faire un tour, amusez-vous bien.
Tout en parlant, Pride s'était avancé vers la porte qu'il emprunta. Une fois en dehors de la chambre, il mit les mains dans les poches et s'éloigna.

Pendant ce temps, Reisen défaisait le bandage qui entourait le ventre de Youmu. Celle-ci s'était mise sur le ventre, ce qui permit à la lapine de mieux observer la brûlure qui parcourait le flanc droit de la patiente.
- Alors ? s'enquit nerveusement la demi-fantôme.
- Tu veux l'avis personnel ou l'avis médical ? demanda Reisen.
- Les deux.
- D'un point de vue clinique, c'est déjà mieux que quand tu es arrivée. Une chance que Dame Yagokoro ait pu te prendre en charge à temps. Personnellement, je trouve que cette brûlure reste impressionnante. Enfin, ta vie n'est plus en danger, c'est le principal…
Reisen prit ensuite un flacon remplit de crème et en appliqua le contenu sur la brûlure, ce qui fit grimacer Youmu à cause de la douleur que cela provoqua. Puis Reisen inspecta consciencieusement les autres blessures. Cela allait du simple hématome à des entailles diverses. Toutefois, seule la brûlure était une blessure véritablement sérieuse.
- Mais qui a bien pu te faire ça ? demanda la lapine alors qu'elle terminait de remettre un bandage.
- Un certains Malbas Elric… Je l'ai rencontré dans la Forêt de la Magie et il m'a attaqué sans raison. Les blessures que je lui infligeais se sont toutes refermées, même les plus graves et celles qui auraient dû le tuer, narra la demi-fantôme.
Sa voix s'était fait fébrile. Elle savait qu'elle avait bien faillit perdre la vie dans cet affrontement.
- Heureusement que ce Pride t'as sauvé…
- Tu parles ! A l'entendre, c'était plus une corvée qu'autre-chose… A croire qu'il m'aurait laissée mourir s'il avait eut le choix…
Reisen sourit et reposa ce qu'elle avait en main sur le plateau. Youmu parvint à s'asseoir mais son expression était teintée de tristesse.
- Je pense que tu as tord. Tu ne l'as pas vu lorsqu'il est arrivé en te portant dans ses bras, commença Reisen.
- Comment ça ?
- Il avait l'air complètement paniqué. Pour tout te dire, il a littéralement fracassé la porte d'entrée et hurlé dans le couloir qu'on vienne te soigner. Je crois que si nous n'avions pas pu te sauver, il aurait détruit tout l'Eientei…
Reisen avait prononcé cette dernière phrase sur le ton de la plaisanterie mais Youmu sentait qu'elle ne plaisantait qu'à moitié.
- Tu veux dire qu'il était inquiet ? A mon sujet ? Mais pourquoi est-il aussi froid avec moi maintenant ? s'étonna-t-elle.
Le comportement de l'Orgueil décontenançait la demi-fantôme, aussi Reisen haussa les épaules.
- Qu'est-ce que j'en sais moi ? C'est peut-être le genre de type qui ne montre pas ses sentiments. Tu le connais apparemment…
- Oui, en effet, je le connais…
Youmu soupira puis regarda autour d'elle.
- Au fait, où sont mes vêtements ?
- Je les ai donnés à laver, ils devraient être secs maintenant, je vais te les chercher. Repose-toi maintenant.
Youmu acquiesça et se recoucha. Elle avait toutefois la désagréable impression d'oublier quelque-chose…

L'Eientei avait beau être grand, il n'égalait pas le Manoir du Démon Ecarlate en ce qui concernait l'immensité et surtout la complexité. C'était les raisons pour lesquelles Pride déambulait dans les couloirs sans s'inquiéter de la direction qu'il prenait.
Son sens de l'orientation était largement supérieur à celui de Réo de toute façon.
L'Envieux ne s'était d'ailleurs pas manifesté depuis que Pride contrôlait son corps, comme s'il était endormit. En un sens, c'était justifié, les deux jours précédents ayant été particulièrement éprouvant.

Une porte s'ouvrit derrière l'Orgueil, ce qui le fit se retourner. Il vit alors une fille blonde aux cheveux coupés au niveau des épaules sortir de sa chambre. Elle était vêtue d'une robe bleue et blanche et s'appuyait sur une béquille.
La robe empêchait de les voir mais ses jambes étaient parcourues de cicatrices, condamnées toutefois à disparaître grâce à la médecine d'Eirin Yagokoro. La blessée effectua quelques pas malhabiles, ayant visiblement du mal à bouger les jambes.
Bien entendu, Pride ne fit strictement rien pour l'aider, remarquant seulement que sa robe ressemblait beaucoup à celle que portait Seishi Kodoku.
Du moins, ce qu'il en restait.

- Qui êtes-vous ? s'enquit la fille en remarquant l'Orgueil.
Elle paraissait méfiante.
- Mon nom est Pride. Et toi ?
- Alice Margatroid…
Sa voix était fatiguée.
- Je vois, tu dois être celle que Marisa a évoquée. Ôte-moi d'un doute, celui qui t'a mise dans cet état était bien Malbas Elric ? demanda Pride sans la moindre trace de compassion.
- Euh, oui… C'est comme ça qu'il s'est présenté… Comment sais-tu ça ?
- Je m'en doutais, voilà tout. Estimes-toi heureuse d'être en vie, Malbas fait rarement des survivants…

Alice voulut répondre quelque-chose mais elle fut coupée par l'arrivée d'une femme aux longs cheveux argentés coiffés en queue de cheval et étant vêtue de vêtements rouges et bleus ainsi qu'une sorte de bonnet d'infirmière bleu-nuit.
Il s'agissait d'Eirin Yagokoro, celle qui avait prit en charge Youmu lorsque Pride était arrivé la veille au soir. Elle avait également autorisé l'Ombre à rester jusqu'à ce que la demi-fantôme soit rétablie.

La doctoresse était venue s'enquérir de l'état de sa patiente. D'après le peu que Pride daigna écouter, la magicienne était sur la bonne voie et retrouverait rapidement la pleine maîtrise de ses jambes.
Alice s'éloigna par la suite, Eirin lui ayant enjoint de marcher, ce qui apparemment favoriserait la guérison.

- Et vous, toujours à traîner dans les couloirs à ce que je vois, remarqua Eirin en s'adressant à l'Orgueil.
- Faut croire. Une dénommée Reisen m'a demandé de sortir de la chambre, alors je suis sortit, fit Pride, bras croisés.
- Puisque vous êtes là, pourriez-vous aller chercher les vêtements de Youmu ? Ils doivent être dehors, les lapins les ont nettoyés et réparé. D'ailleurs, d'autres sont en train de remettre la porte d'entrée en état…
Il n'y avait pas de colère ou de méchanceté dans la voix d'Eirin, et cela troublait Pride. Il avait été surpris par le comportement de la femme, si gentille, trop gentille presque. Elle était tout occupée à soigner ses patients et cela semblait être son seul but.
- D'accord, j'y vais. Et, euh, encore désolé pour la porte…
- Ce n'est rien, je vous l'ai déjà dit. Vous étiez uniquement préoccupé par l'état de votre amie et en panique, d'ailleurs le raffut que vous avez causé nous a permis d'agir rapidement.
Une fois de plus, Pride fut déconcerté par la réaction d'Eirin. Il se contenta alors de se détourner mais une question lui brûla alors les lèvres :
- Au fait, n'y a-t-il pas une oni qui soit passée ici récemment ?
- Si, Suika Ibuki. Elle avait une vilaine blessure au bras et était inconsciente, c'est Reimu Hakurei qui l'a amenée ici. Elle s'est réveillée au bout d'environ deux heures et est partie juste après, malgré mes efforts. Sa blessure n'était pas totalement guérie. Pourquoi cela ? Etait-ce encore ce Malbas le responsable ?
Pride avait en effet parlé du Dévoreur à Eirin, d'ailleurs ce nom ne semblait pas lui être totalement inconnu…
- Non… La blessure de Suika est dût à un regrettable incident mais pour une fois, Malbas n'y est pour rien. Bon, je vais ramener ses vêtements à Youmu. Sortit du contexte, cette phrase sonne étrangement…
L'Orgueil tourna donc les talons et se dirigea vers un salon qui, il le savait, donnait sur l'extérieur.
"Un regrettable incident".
Pride savait que Réo avait été très affecté par ce qu'il avait fait à son amie. La voir souffrir était une chose, la faire souffrir en était une autre. Et le traumatisme du massacre de sa famille n'arrangeait rien.
Si Réo restait silencieux malgré les tentatives de l'Orgueil pour lier la conversation, c'était parce qu'il lui fallait du temps. Du temps pour suivre les conseils du Voyageur et se mettre à avancer.
Et le temps qu'il se décide, Pride avait quartier libre, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

L'Ombre récupéra rapidement les vêtements de Youmu et rejoignit la chambre de celle-ci. S'attendant à ce que la jardinière ce soit rendormis, Pride ouvrit sans prendre la peine de toquer à la porte.
Youmu était toujours allongée dans son lit et sursauta, l'Orgueil n'étant pas des plus délicats.
- C'est toi… constata la demi-fantôme.
- Et oui, désolé. Voilà tes vêtements, annonça l'Ombre.
Il les posa sur le lit de la blessée, laquelle fronça les sourcils.
- Un problème ? s'enquit Pride.
- Oui… Où sont mes armes ?
L'Orgueil se frappa le front avec sa main gauche, se traitant mentalement d'imbécile.
- Vu l'urgence, j'ai dû les oublier là où je t'ai trouvée, maugréa l'être vêtu de noir.
- Je vois… J'y tiens énormément, pourrais-tu aller me les chercher ? Je suis désolée mais je ne suis pas en état…
L'Orgueil laissa échapper un soupir de résignation.
- D'accord, j'y vais. Repose-toi en attendant.
Un faible sourire étira les lèvres de Youmu alors que Pride se détournait.
- Pride !
Il se retourna.
- Merci… Pour tout…
La voix de la demi-fantôme fit frissonner l'Orgueil. Son cœur accéléra, preuve qu'il en avait un finalement, et il éprouva un instant le désir de rester près d'elle.
Il ne laissa toutefois rien paraître de son trouble et sortit de la chambre sans un mot.

Puis il sortit de l'Eientei en passant par le même endroit que celui où il avait récupéré les vêtements de la demi-fantômes. Là, Pride activa sa spellcard "Shadow
Flight".
Des ailes d'ombres semblant brumeuses apparurent dans son dos et il s'envola en direction de la Forêt de la Magie.

Comme à chaque après-midi, la brume surplombait le Lac Brumeux, prouvant ainsi que ce nom n'était pas sans fondements. La visibilité était mauvaise mais cela n'empêchait pas une fée vêtue d'une robe bleue et ayant des ailes de glace de s'amuser.
Ses cheveux étaient bleus clairs et elle portait un ruban bleu foncé dans sa courte chevelure. Comme la plupart des fées, elle ressemblait à une enfant, tant physiquement que mentalement.
La petite congela une grenouille, l'emprisonnant dans un cube de glace puis tourna la tête.
Un bruit attirait son attention. Quelque-chose approchait.
Et ça approchait vite.

La fée plissa les yeux et distingua une forme qui volait à toute allure dans sa direction. A première vue, elle était humanoïde mais elle ne semblait pourtant pas vraiment humaine, du moins du côté de l'apparence. Humains et yôkais se ressemblaient physiquement après tout.
La chose qui approchait semblait plus bestiale et avait la peau grise ainsi que de longs cheveux qui semblaient gris.
- Quoi que ce soit, ça n'a aucune chance contre la plus forte des fées ! s'exclama la gamine en croisant les bras.
Elle pensait que la chose s'arrêterait, ensuite de quoi elle pourrait lui lancer un défi.
La créature n'en fit rien.
Un rictus déforma sa bouche lorsqu'elle remarqua la fée puis elle tendit son bras droit. Ses doigts étaient terminés par des griffes et la paume était occupée par un bouche circulaire garnie de petites dents.

Dans une détonation, un rayon transparent en jaillit. La fée l'évita de peu mais le rayon s'arrêta, se comprima et créa une explosion en passant à côté de la gamine.
Le souffle de la déflagration projeta la petite fille un peu plus loin.
- Me provoque pas ! Tu vas voir ce que c'est que d'affronter Cirno, la plus…
Les jérémiades de la fée des glaces furent interrompues par une puissante vague qu'elle gela en tendant ses deux bras.
Malbas, car c'était lui, glissa le long du dos de la vague de glace, sauta puis envoya une puissante boule de feu qui fusa tel un météore sur Cirno.
La petite fille l'évita et envoya une nuée de pointes gelées sur son adversaire. Une nouvelle explosion causée par un rayon transparent détruisit tous les projectiles.
La fumée provoquée par l'explosion empêche Cirno de distinguer Malbas.
Celui-ci jaillit de l'écran brumeux et avant qu'elle n'ait pu réagir, attrapa la tête de Cirno avec sa main gauche, ignorant le froid produit par le corps de la fillette.

La fée voulut hurler de peur. Elle n'en eut pas l'occasion.
Son corps commença à s'amincir et à se dessécher. Ses ailes de glaces s'effritèrent puis se brisèrent, sa peau se teinta de marron, ses yeux s'enfoncèrent dans leurs orbites puis disparurent purement et simplement.
Lorsqu'il n'eut plus rien à absorber, le Dévoreur lâcha le cadavre de sa victime qui n'avait plus que la peau sur les os et dont le visage était figé dans une expression de terreur.
Le cadavre de la fée percuta la surface de l'eau mais ne coula pas. Bras en croix, tête tournée vers le ciel, le corps se contenta de flotter.

Le Dévoreur resta quelques instants immobiles, flottant dans les airs. L'air qui l'entourait s'était rafraîchit et une fine pellicule de glace se formait sur l'eau qu'il surplombait.
Malbas sourit puis s'élança à nouveau, fendant l'air rapidement tout en gelant partiellement l'eau qu'il y avait sur son passage.
Droit vers son objectif.

Le soleil se couchait lorsque Pride atteignit la Forêt de la Magie, lui faisant comprendre que l'heure était plus avancée que ce qu'il avait crut au premier abord.
Il atterrit directement à l'endroit où il avait trouvé Youmu et affronté Malbas et fit disparaître ses ailes.
Les traces du combat étaient toujours visibles, le sol étant déformé et noirci à plusieurs endroits.
Pride ne s'attarda pas dessus et chercha du regard les deux armes de Youmu. Il les repéra aisément, l'herbe étant d'ailleurs teintée de rouge à cet endroit.
Le sang de Youmu avait coulé là.
L'Orgueil chassa cette pensée qui lui donnait des envies meurtrières et ramassa les armes sans tarder. Ce fut à ce moment qu'une clameur effrayante se fit entendre.
Pride ne sursauta pas mais se retourna vivement, son ombre s'étant déjà agrandie et intensifiée.
Il ne vit cependant aucune créature ou autre, seulement des arbres.
La clameur retentit une nouvelle fois, suivie d'un rire.
Comprenant qu'on cherchait à lui faire peur plus qu'autre-chose, l'Orgueil allongea son ombre qui devint de longues lames noires sans volume, mais ornées d'yeux et de sourires, et les envoya dans la direction d'où venait le bruit.
Les ombres tranchèrent plusieurs arbres et une forme jaillit, évitant aisément l'assaut.
Elle atterrit devant Pride, tout sourire.

Il s'agissait d'une fille aux courts cheveux noirs et aux yeux sombres qui semblaient sans pupilles. Elle avait six ailes asymétriques, étant rouges et ressemblant à des faux d'un côté et bleues en forme de pointes de l'autre. Sa robe était toute noire et elle portait de hautes chaussettes ou des collants, noirs également. Elle avait des chaussures rouges et tenait un trident dans ses mains. Un serpent était enroulé autour de son bras droit.

- Ahah, t'aurais vu ta tête ! s'amusa-t-elle.
- Je n'ai pas le temps de t'amuser, envoya sèchement l'Orgueil.
- Rolalah, t'es pas marrant. Je suis Nue Houjuu, et toi ?
Elle ne semblait pas méchante, voulant simplement s'amuser.
- Mon nom est Pride. Je me fiche d'être marrant ou non, j'ai autres chose à faire.
Nue fit la moue puis remarqua les sabres que portait l'Ombre.
- Qu'est-ce que tu fais avec ça ? Tu as peur de faire une mauvaise rencontre ? s'enquit-elle d'une voix ironique.
- Généralement, je suis considéré comme étant une mauvaise rencontre. Saches que ces babioles ne sont pas à moi, je m'en vais les rapporter à leur propriétaire.
- Moi je dis que tu as peur.
De toute évidence, elle prenait un malin plaisir à taquiner Pride.
En d'autres circonstances, l'Orgueil aurait envoyé ses ombres pour la déchiqueter mais il n'en avait pas envie. Il se contenta donc d'ignorer la remarque la fille vêtue de noir et tourna les talons.
- Hééééé, attends-moi ! s'exclama Nue en rejoignant Pride alors qu'il s'éloignait.
- Quoi, tu veux m'accompagner peut-être ?
- Je m'ennuie~
- T'as rien de mieux à faire ?
- Nan. Puis j'ai pas réussi à te faire peur tout à l'heure alors je compte bien me rattraper, hihihi.
Pride soupira puis haussa les épaules.
- Comme tu veux.
Nue sourit allégrement, ce qui laissa l'Orgueil de marbre puis le suivit alors qu'il s'envolait après avoir à nouveau fait apparaître ses ailes d'ombre.

A aucune moment ils n'avaient remarqués le corbeau qui les observaient. Perché sur une branche, ses yeux noirs étrangement vitreux n'avaient rien manqués de la scène. Le volatile poussa un croassement sinistre puis s'envola, ses mouvement étant toutefois particulier, étrangement rigides…

Meiling soupira.
La nuit était en train de tomber et la température chutait en conséquence. Certes c'était largement supportable mais elle aurait préféré être à l'intérieur du manoir. Enfin, son devoir était de protéger l'entrée et elle s'acquittait de sa tâche sans se plaindre, du moins ouvertement.
Elle remarqua alors une forme qui approchait à toute allure. Une créature grise aux longs cheveux gris vêtue de haillons…
La gardienne se mit instinctivement en position de combat, prête à frapper.
Arrivé à moins de cinq mètres, Malbas arma son bras droit et utilisa sa Combustion pour projeter un rayon transparent sur Meiling…

- Ben alors Cirno, ça va pas ?
Celle qui avait parlé était une fée aux longs cheveux verts attachés en queue de cheval. Elle portait une robe bleue semblable à celle de Cirno et avait des ailes qui rappelaient celles des insectes.
La fée des glace ne répondit pas. Elle était assise, genoux repliés contre son ventre et bras entourée autour d'eau. Elle se tenait prostrée ainsi depuis qu'elle s'était régénérée après son apparente mort contre Malbas.
Sa condition de fée l'avait sauvée. Les fées avaient en effet des capacités de régénération impressionnantes et surtout elles revenaient à la vie après leur mort, ce qui rendait théoriquement impossible le fait de tuer une fée.
Après tout, les fées étaient les incarnations de la nature.
Et on ne tuait pas la nature.

La double-porte qui servait d'entrée explosa, ce qui fit sursauter Sakuya et Patchouli qui se trouvaient à proximité. Les deux étaient en chemin pour aller chercher Meiling afin d'aller dîner.
Une fois la fumée dissipée, on put voir une créature grise tenant Meiling par le col. De nombreuses blessures constellaient le corps de la gardienne mais celle-ci n'était pas encore hors de combat, bien que fatiguée. Malbas se préparait à dévorer son énergie vitale mais un couteau transperça la main qu'il tendait vers le visage de la gardienne.
Il tourna la tête et vit Sakuya, couteaux en main.
Le Dévoreur jeta Meiling puis bondit sur la domestique. Il fut toutefois fauché par une boule de feu lancée par Patchouli.

Le Dévoreur toucha le sol, se releva instantanément et grogna. Il se retrouva soudain entouré de couteaux, Sakuya venant de passer derrière lui.
- "Perfect Maid"
Les couteaux fusèrent sur Malbas qui disparut dans une volée de flammes pour réapparaitre un peu plus loin.
Du coin de l'œil, Sakuya s'assura que Meiling allait bien. Elle esquissa un sourire lorsqu'elle la vit se relever, prête à poursuivre le combat.
La chef des domestiques reporta son attention sur le Dévoreur et le vit joindre les mains avant de les poser au sol.
Une lumière ainsi que des éclairs bleus apparurent et le sol se déforma en une nuée de pointes de pierre qui progressait dans sa direction. Sakuya les évita en s'envolant et lança plusieurs couteaux.
Malbas écarta violemment les bras, projetant une bourrasque via sa maîtrise de l'air, ce qui détourna les projectiles.
Un bloc de pierre jaillit du néant et fusa dans la direction du Dévoreur. Ce dernier détruisit le projectile d'un geste, usant de sa maîtrise de la terre mais ne put éviter le coup de pied que Meiling lui envoya dans le dos. Malbas percuta un mur et envoya un rayon transparent dans la direction de Sakuya, qui ne fut plus là lorsque l'explosion caractéristique se produisit.

Des couteaux encerclèrent le Dévoreur qui se téléporta ailleurs. Il posa ensuite sa main droite sur le sol. Des éclairs rouges apparurent et ce furent des chaines terminées par des lames qui en jaillirent et fusèrent sur Meiling, laquelle approchait.
- Earth Metal Sign "Emerald Megalopolis"

Plusieurs piliers semblant fait d'émeraude jaillirent du sol grâce à la spellcard de Patchouli. L'un d'eux protégea Meiling des chaines puis un autre apparut sous Malbas, le projetant en l'air. Alors qu'il retombait, Meiling lui lança une boule d'énergie bleue.
Le Dévoreur tendit sa main droite. La bouche se trouvant sur la paume absorba alors le projectile énergétique, ce qui stupéfia les trois combattantes.
Elles se regardèrent brièvement mais la même détermination les animait.
Elles allaient détruire ce monstre.
Le combat s'était déporté, du hall ils étaient désormais dans un large couloir.

Malbas retomba tout en donnant un coup de poing sur le sol. Une colonne de pierre en jaillit pout percuter Patchouli, laquelle volait tout en ayant un livre ouvert avec elle.
La bibliothécaire évita l'attaque et riposta par une boule de feu que Malbas dissipa d'un revers de main.
Il fut toutefois transpercé par les multiples couteaux que Sakuya venait de lui envoyer et qu'il n'avait pas vu.
Le Dévoreur recula, les couteaux disparurent tout comme ses blessures qui se refermèrent. Meiling sauta vers lui et lui asséna un violent coup de poing qui fut évité sans problème par un saut arrière.
Malbas tapa ses deux mains l'une contre l'autre et posa la gauche sur le mur près duquel il se trouvait désormais.
Celui-ci se déforma en une multitude de pieux qui s'allongèrent et parvinrent à blesser Meiling en se plantant dans un de ses bras.
- Scarred Soul "Souls Sculpture"

Sakuya, qui s'était déplacée près de Malbas en stoppant le temps fit de rapides mouvements avec le couteau qu'elle avait en main. Ses mouvements étaient accompagnés d'une lumière rouge et elle parvint à infliger assez de blessures aux Dévoreur pour le faire reculer.
Elle voulut lui lancer un couteau entre les deux yeux mais un bloc de glace la cueillit en plein ventre, la projetant en arrière.
Malbas sourit et fit un ample mouvement avec son bras droit. Plusieurs pointes de glace apparurent devant lui puis fusèrent sur Sakuya.
Une volée de flammes lancée par Patchouli détruisit les projectiles gelés et Malbas sauta vers la magicienne, en colère.
Meiling sauta et intercepta Malbas par un coup de pied entouré des sept couleurs de l'arc-en-ciel.
Les deux adversaires se retrouvèrent à nouveau face à face. Malgré sa blessure au bras, Meiling fonça sur son ennemi. Elle évita une boule de feu par une torsion du buste et envoya son pied gauche dans le ventre du Dévoreur. Celui-ci esquiva et donna un coup de griffes que Meiling bloqua avec son bras droit. Toutefois, Malbas fut plus rapide qu'elle et lui envoya son genoux dans le ventre. La gardienne se plia en deux puis fut éjectée plus loin par coup de poing.
Cela ne l'empêcha pas de se relever.
Elle avait beau être épuisée, elle n'allait pas abandonner.
Elle n'abandonnerait jamais et se battrait jusqu'au bout.
Jusqu'à la mort s'il le fallait !
- Star Chi "Earth-moving Star Bullets" !

Meiling fit quelques mouvements avec ses bras, concentrant une grande quantité d'énergie dans ses mains. Elle créa ainsi une immense boule d'énergie multicolore qu'elle envoya ensuite sur Malbas.
Le Dévoreur voulut tendre ses deux mains et utiliser ses pouvoirs pour dévorer la boule, deux couteaux se plantèrent dans ses paumes. Il fut assez distrait pour ne rien pouvoir faire d'autres et se prit l'attaque de Meiling de plein fouet.
L'explosion qui se produisit fit trembler les alentours mais Malbas était toujours là.
Et il avait faim.

Il fusa vers Meiling et gela les couteaux que Sakuya lui mit en travers de sa route. Arrivé près de la gardienne, Malbas usa de sa Combustion. Meiling était trop près pour éviter et l'explosion la projeta contre un mur, inconsciente et brûlée mais en vie.
En effet, le Dévoreur n'avait pas ajusté son tir et le rayon transparent était passé à côté de la gardienne.

Avec une rage sans nom, Sakuya envoya une kyrielle de couteaux sur Malbas. Celui-ci posa une main sur le sol, transmutant un mur de métal sous un concert d'éclairs rouges.
La voix de Patchouli se fit alors entendre :
- Sun Moon Sign "Royal Diamond Ring"

Un anneau de lumière dorée apparut autour d'elle et des dizaines de tirs d'énergie jaune en jaillirent.
Malbas ne resta pas à couvert de son mur qui fut rapidement détruit et s'envola tout en gelant les projectiles les plus proches. Il se fit toutefois toucher au ventre, se téléporta puis tendit les bras sur le côté. Il sembla alors littéralement dévorer la chaleur des lieux car la température chuta brusquement et ses bouches circulaires semblaient avaler quelque-chose. Puis le Dévoreur tendit un bras et cinq pieux de glaces fusèrent vers… Sakuya.
Celle-ci fut prise par surprise, Malbas ne la regardant absolument pas et se prit un pieu dans une jambe. Un autre la toucha au flanc avant de se planter dans un mur.
La domestique mit un genoux à terre et vit le Dévoreur s'envoler vers Patchouli.
Celle-ci se préparait à lancer une nouvelle spellcard mais fut soudain prise d'une violente quinte de toux. Elle s'écroula au sol, incapable de faire quoi que ce soit d'autres que tousser.

Malbas éclata de rire. Sa voix était éraillée et rendait mal à l'aise. Il remarqua ensuite le regard haineux que Sakuya portait sur lui et s'approcha.
- Tu seras celle que je dévorerai en premier, fit-il.
Il écarta le couteau qu'elle lui lança puis se figea.

Des bruissements d'ailes se faisaient entendre.
Il se tourna et vit une nuée de chauves-souris foncer vers lui. Il se protégea avec ses bras et remarqua que les animaux tournaient autour de lui. Puis les créatures de la nuit se rassemblèrent entre le Dévoreur et Sakuya avant de disparaître.
A leur place se tenait Remilia Scarlet, ailes déployées et le regard mauvais.
- Tu crois pouvoir les mettre dans cet état et t'en tirer ? fit-elle.
Malbas se contenta de sourire.
Puis vola à travers le couloir, passant à travers un mur pour arriver dans une salle à manger.

Remilia venait de lui asséner un violent coup de poing après s'être déplacer vers lui à une vitesse stupéfiante.
Le Dévoreur se releva et vit plusieurs chauve-souris d'énergie rouge fuser dans sa direction. Il les évita en sautant sur le côté mais ne fit pas Remilia sauter vers lui et lui envoyer son pied gauche dans la face, le renvoyant au sol, pulvérisant la table au passage.
A peine la vampire eut-elle touchée terre qu'elle sauta, prit appui sur le mur opposé et se propulsa sur son adversaire qui se relevait à peine. Malbas esquiva en pivotant, mais Remilia se réceptionna parfaitement sur ses pieds et utilisa ses ailes pour frapper son adversaire.
Le Dévoreur bloqua l'assaut avec sa main gauche et contre-attaqua par un coup de poing. La main de Remilia se referma sur celle du Dévoreur et la broya comme si elle étant en sucre. Puis la vampire égorgea littéralement son adversaire avant de reculer d'un bond.
Malbas grogna alors qu'il se régénérait puis utilisa sa Combustion avec ses deux mains.

L'explosion produite fut importante mais Remilia l'évita en fusant vers le Dévoreur qui eut droit à un nouveau coup de poing.
Ses os craquèrent et il retourna dans le couloir en vol-plané. Malbas utilisa sa maîtrise de l'air pour se stopper et se rétablir dans les airs avant de contre-attaquer par une volée de flammes.
Remilia vola le long de l'attaque de feu et envoya une dizaine de petites lances d'énergie rouges.
Le Dévoreur se décala pour éviter les projectiles et utilisa à nouveau sa Combustion alors que la vampire arrivait en-dessous de lui. Là encore, il rata sa cible, pulvérisant le mur qui donnait vers l'extérieur au passage.
La nuit était tombée dehors mais aucun des deux adversaires n'y prêta attention.
- "Scarlet Devil"

Une colonne d'énergie rouge jaillit de Remilia et prit la forme d'une croix en touchant Malbas. Celui-ci fut brûlé par le flot d'énergie mais parvint à s'éloigner une fois la spellcard terminée.
- Et bien, quand te décideras-tu à mourir ? fit la vampire.

Elle envoya plusieurs boules d'énergie écarlates que le Dévoreur gela puis elle se propulsa vers lui pour le lacérer avec ses griffes. Malbas évita l'assaut mais se prit une chauve-souris d'énergie rouge à bout portant.
Son ventre explosa et il fut projeté au sol. Sa blessure se referma toutefois rapidement et il se tint près lorsque Remilia fut sur lui.
Elle tenta à nouveau un coup de griffes mais le Dévoreur sauta en arrière tout en tapant ses mains l'une contre l'autre. La vampire suivit le mouvement, sauta et…
Malbas posa une main sur le ventre de Remilia. Des éclairs bleus apparurent ainsi qu'un éclat de lumière puis la vampire fut projetée en arrière dans une explosion.
Déchiquetée en deux.
- Déconstruction Alchimique, énonça Malbas, main toujours tendue et fumante.

Il ricana un instant et avança, ignorant le cadavre de la maîtresse du manoir.
Il aurait bien aimé la dévorer…
- Jeal' ? C'est toi qui fais tout ce bruit ? fit soudain une voix.

Malbas se retourna et découvrit Flandre.
Elle ne semblait pas comprendre et pencha la tête sur le côté, dévisageant le Dévoreur.
- T'es qui ?
Puis son regard rouge se posa sur Remilia et les autres. Ses yeux s'écarquillèrent, s'embuèrent de larmes, ses traits se déformèrent…
Puis il y eut une explosion.

Malbas ne fut plus que morceaux épars, du moins jusqu'à ce qu'ils se ressemblent. Il n'eut alors même pas le temps de bouger que Flandre l'envoyait à l'étage supérieur par un uppercut surpuissant. La vampire blonde suivit son adversaire et le projeta contre un mur qui vola en éclat.
- Taboo "Wings of Doom"

Les cristaux des ailes de la vampire s'illuminèrent puis des dizaines de projectiles rouges ayant la même forme en jaillirent tels des fusées. Malbas se téléporta pour les éviter mais se prit la lame noire tordue, que Flandre transportait tout le temps, dans le ventre.
Là encore, le Dévoreur traversa un mur, détruisant un lit. Il envoya un pieu de glace que Flandre détruisit d'un geste et fut percuté par le poing gauche de la vampire. Un meuble vola en éclat lorsque Malbas atterrit dessus.
Le Dévoreur posa une main sur le mur et transmuta une longue pointe de métal, entourée d'éclairs rouges. Flandre utilisa sa barre de métal noir pour détruire la tentative de riposte et se retourna alors que Malbas se téléportait derrière elle. Il n'eut donc même pas le temps de faire quoi que ce soit qu'une vampire enragée l'envoyait dehors, littéralement.
Malbas passa à travers le mur et le couloir tant Flandre mit de forces dans le coup de poing qu'elle lui envoya dans le ventre. Malbas gagna de l'altitude et conjura des pics de glace qu'il envoya sur Flandre. Elle contre-attaqua par des flèches d'énergies rouges, interceptant les projectiles glacés et fonça sur le Dévoreur.

Le bout de la barre de métal tordue traça une ligne sanglante sur le ventre de Malbas qui recula et envoya une boule de feu. Flandre tourna autour de lui pour éviter, attrapa la tête de son ennemi avec sa main libre et fusa vers le manoir, éclatant le Dévoreur contre le mur rouge qui se fissura. Malbas tenta de toucher Flandre pour la dévorer mais elle lui arracha le bras avant de faire à nouveau rentrer sa tête en collision avec le mur.
Le Dévoreur grogna de douleur et se téléporta plus loin.

Cette gamine…
Elle était simplement ingérable ! Et ses âmes partaient à une vitesse…

Il envoya deux grosses boules de feu sur son ennemie qui fonçait vers lui. Elle les esquiva adroitement et tenta de blesser Malbas, ou de le couper en deux, avec son arme mais il gagna à nouveau de l'altitude.
Flandre le dépassa et fonça sur lui si rapidement qu'il ne vit le poing de la petite fille que lorsqu'il se le prit en pleine tête.
Ses cervicales se brisèrent tout comme son crâne et le Dévoreur s'écrasa sur le toit du manoir.
- T'as fais mal à grande-sœur ! s'écria Flandre en levant sa lame.
Malbas remarqua alors qu'elle pleurait. Depuis le début du combat.
Il s'envola vers elle…
- Taboo "Laevateinn" !

L'arme de la fillette fut entourée de flammes, lesquelles prirent la forme d'une lame démesurée. Flandre donna ensuite un coup avec, laissant une traînée rouge dans son sillage et illuminant la nuit.
Malbas évita le premier coup.
- T'as tué grande-sœur ! Je te déteste ! Meurs ! Meurs ! Meurs !
Flandre accéléra, ses attaques. Malbas parvint en à en éviter deux, recula…
- Navrée mais je ne mourrai pas aujourd'hui. Divine Spear "Spear the Gungnir" !

Malbas se tourna vers la voix mais ne vit qu'une immense lance d'énergie écarlate qui le percuta de plein fouet, déchiquetant son corps et l'envoyant en arrière.
Il était à peine régénéré que la Laevateinn s'abattit sur lui, le calcinant. Le Dévoreur s'écrasa alors sur le toit tout en se régénérant.
Malbas n'eut pas le temps de bouger qu'un pied écrasa son torse. Son regard croisa celui du Démon Ecarlate.
- Peu importe le temps que ça prendra, je te tuerai, annonça le Remilia Scarlet d'une voix sans âme.
Malbas sourit.
- Pas aujourd'hui, gamine.
Conscient qu'il ne pouvait pas affronter les deux vampires en même temps, Malbas disparut dans une volée de flammes.

- Peuh… Lâche, constata Remilia.
- Grande sœur !
Flandre rejoignit sa sœur, laquelle la prit sans ses bras. La cadette se serra contre sa sœur, trop heureuse de la voir en vie.
- C'est finit Flandre… Je vais bien et c'est finit, la rassura la maîtresse du manoir.

Les nuages se déplacèrent à cet instant et la lune éclaira le manoir, comme si elle signalait que le cauchemar prenait fin.
Pour le moment…

Dans la Forêt de la Magie, Marisa marchait. Elle s'était baladée et revenait maintenant vers sa demeure.
Alors qu'elle passait près d'un ruisseau, elle remarqua une femme penchée dessus.
Vêtue d'une chemise et d'un chapeau jaune ainsi que d'une jupe bleue, elle lavait des vêtements.
Intriguée, Marisa s'approcha de cette étrange femme, laquelle chantonnait.
- Euh bonsoir, qui êtes-vous ? s'enquit la sorcière.
- La Lavandière, répondit simplement la femme sans se tourner.
Marisa remarqua alors que les vêtements étaient noirs.
- Et que faites-vous là ?
- Je lave ces vêtements. Ils doivent être prêts.
Marisa soupira.
- Et a qui sont-ils ?
- Il manque quelque-chose…
Marisa réfléchit quelques secondes.
- Pourriez-vous me dire à qui appartiennent ces vêtements s'il vous plait ? corrigea la sorcière.
- Nue Houjuu.
- Hein ? Pourquoi lavez-vous ses vêtements ?
- Car ils doivent être prêts.
La Lavandière ne s'était toujours pas tournée vers Marisa, laquelle ignorait donc son visage. Comprenant que la femme ne répondrait pas à ses questions, Marisa se détourna et s'éloigna.
A peine eut-elle fait quelques pas qu'elle sentit que quelque-chose clochait. Elle se retourna et écarquilla les yeux.
La Lavandière avait disparue. Sans laisser de traces.
Comme si elle n'avait jamais existé…
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeLun 2 Jan - 19:03

Chapitre 16 : Ailes brisées


"Les capacités de régénération des Vampires et de certains Lycanthropes ont pour avantage de ne dépendre d'aucune source d'énergie. Toutefois, elles ont leurs faiblesses.
Il suffit en effet d'endommager leur tête pour en venir à bout, le cœur ne fonctionnant pas toujours contrairement aux idées reçues."

Oriak Intil, Bestiaire Infernal


- Je peux savoir ce que tu es en train de faire ?
La voix de Pride avait beau être dénuée d'émotions, son regard en disait long sur le fond de sa pensée. Bras croisés, il faisait face à Youmu, de toute évidence prête à partir.
Elle était debout, avait enfilé ses vêtements et passé un sabre à sa taille, le plus court et l'autre, le plus long, derrière son dos. Les deux avaient été ramenés la veille. Myon voletait autour de la jardinière. Il était plus blanc que la veille mais on pouvait encore voir au travers, signe que Youmu n'avait pas totalement récupéré.
Le demi-fantôme semblait effectivement avoir repris des forces mais elle n'était pas encore au top de sa forme, loin s'en fallait.
Ses blessures étaient pour la plupart toujours là, celles de sa joue et de ses bras ayant disparues. De plus, le manque d'énergie faisait vaciller Youmu lorsqu'elle se tenait debout, comme à cet instant.
- Je m'en vais, déclara-t-elle.
- Oh, je vois. C'est vrai que tu guéris tellement vite, ironisa l'Orgueil.
- Tu ne peux pas comprendre. Je… J'ai du travail, Dame Yuyuko m'attends, affirma la jardinière.
- Et c'est plus important que ta propre santé peut-être ? Dans ce cas oui, je ne peux pas comprendre.
- Mon devoir passe avant tout, Pride. Tu n'as pas à me retenir.
Youmu fit quelques pas maladroits vers la porte de sa chambre mais ses jambes se dérobèrent sous elle. Elle bascula en avant mais fut rattrapée par Pride.
Il avait agit instinctivement, passant son bras gauche devant la jeune fille afin de la retenir.
- Pas à te retenir, hein ? railla l'Ombre.
Youmu ne répondit pas et se laissa faire lorsque Pride l'aida à rejoindre son lit. La jardinière s'assit dessus, tête basse et mains sur les genoux.
- Je suis nulle, murmura-t-elle.
Pride resta silencieux, attendant qu'elle continue.
- J'ai perdu lamentablement contre ce type… Et voilà où j'en suis maintenant… Je peux à peine tenir debout… Je me sens… Si faible, continua la demi-fantôme.
Elle tremblait et avait refermé ses mains sur sa jupe verte. Sa tête basse n'empêchait pas de comprendre que ses yeux s'étaient embués de larmes.
Youmu semblait sur le point de craquer lorsque le contact des mains sur ses épaules lui fit relever la tête. L'Orgueil s'était accroupi devant elle et plongeait désormais son regard mauve dans celui de la demi-fantôme.
- Ecoute-moi bien, tu n'es ni nulle ni faible. Le fait que tu sois toujours en vie en est déjà une preuve. Et tu m'as dit à quel point ton travail est exigeant. Une personne faible serait incapable de faire ce que tu accomplis chaque jour. Alors certes, cette défaite t'as affaiblie, certes tu n'as pas été à la hauteur pour affronter et vaincre le Dévoreur, mais ce n'est pas le plus important. Quel que soit l'état dans lequel il t'a laissée, tu t'en sortiras, te relèveras et deviendras encore meilleure. Car tu es forte Youmu, plus que tu le crois. Alors sèche tes larmes car personne ici ne les méritent, et surtout pas Malbas.

Une fois ses mots finis, Pride se releva et croisa les bras. Youmu essuya les perles de tristesse qui avaient coulé le long de ses joues puis esquissa un sourire.
Reisen avait raison finalement.
- Pourquoi souris-tu ? s'étonna l'Ombre.
- Pour rien… Pride, aide-moi à me relever.
Youmu tendit sa main droite et cette fois, ce fut au tour de Pride de sourire.
- J'aime mieux ça ! fit-il en attrapant la main de son amie.

Debout et appuyée contre un mur d'un couloir de son manoir, ailes repliées derrière elle, Remilia Scarlet observait Eirin et Reisen soigner respectivement Meiling et Sakuya.
C'était Patchouli qui était allée les chercher, une fois sa crise passée et un minimum de forces récupérées. Elle se reposait désormais à la bibliothèque.
Tout autour, les fées qui servaient de domestiques tentaient de réparer les dégâts causés par l'affrontement contre Malbas. Quant à Flandre, elle jouait dans sa chambre comme s'il ne s'était rien passé.
- Qu'est-il arrivé ?
La maîtresse du manoir se tourna vers Reimu qui venait de la rejoindre. Avec un soupire, elle entreprit de lui narrer le combat de la veille, omettant soigneusement de préciser qu'elle avait failli y laisser la vie.
Seule sa condition de vampire l'avait sauvée, lui permettant de se régénérer sans problème.

- Voilà, c'est bon. Vous pouvez vous relever ? demanda Reisen en rangeant son matériel.
Sakuya opina et se mit debout. Un bandage enserrait se jambe blessée et une large compresse ornait son flanc droit. Les blessures étaient sans gravité et n'inspiraient pas d'inquiétude.
La brûlure de Meiling était plus sérieuse. La gardienne était assise contre un mur, yeux fermés, tandis qu'Eirin pansait la blessure après avoir fait boire un liquide bleu à sa patiente.
Une fois le bandage mit, la doctoresse donna quelques recommandations à Hong puis rejoignit Remilia, laquelle venait d'achever son récit.

- Nous en avons terminé, elles sont hors de danger, annonça Eirin.
- Parfait, ça me ferait mal qu'un truc sorti de nulle part me prive d'une subordonnée, réagit la vampire.
- D'ailleurs, on ne sait toujours pas de quelle créature il s'agit, constata Reimu d'une voix soucieuse.
- La blessure que j'ai constatée sur miss Hong Meiling ressemble à celle d'une victime du Dévoreur nommé Malbas Elric. Est-ce à nouveau lui le coupable ? interrogea la doctoresse.
- J'y ai pensé mais ce Malbas a une forme humaine il me semble. C'était pas le cas de ce truc, contredit Remilia.
- Décrivez-moi votre agresseur, insista Eirin.
- Mh, il était gris, bipède et avait l'allure assez bestiale en fait. Il était vêtu de véritables loques, avait de longs cheveux et une bouche sur chaque paume, se souvint le maîtresse des lieux.
- Et il a dit qu'il me dévorerait, intervint Sakuya qui les avait rejoins.
- Dans ce cas, il s'agit bel et bien d'un Dévoreur. Il a simplement repris sa véritable apparence, déclara Eirin avec sérieux.
- Comment savez-vous ça ? s'étonna Reimu.
- Il y a bien longtemps, un Dévoreur a sévit sur la Lune. Bien des Lunariens sont morts avant qu'il ne soit mit hors d'état de nuire, narra la doctoresse.
- M'étonnes pas, j'avais beau le blesser, il se soignait en un clin d'œil, bougonna la vampire.
- Un Dévoreur se nourrit de l'énergie vitale de ses proies. Quand il absorbe toute l'énergie d'une personne, un Dévoreur assimile l'âme de la victime. Ainsi, il copie ses pouvoirs, compétences et une partie de ses souvenirs. Ces âmes, piégées à l'intérieur du Dévoreur, servent de source d'énergie supplémentaire et avec l'énergie absorbée peuvent alimenter une régénération accélérée très efficace. Tout cela fait des Dévoreurs des adversaires redoutables, de véritables machines à tuer, expliqua la Lunarienne.
Un frisson parcourut Reimu.

"Âmes piégées à l'intérieur"…
Elle se souvenait de son dernier affrontement contre Réo. La forme qu'il avait prise…
Tous ces gens qui appelaient à l'aide et hurlaient de douleur hantaient la mémoire de la prêtresse. Sans parler de Suika qui avait été blessée et restait au Sanctuaire Hakurei.

- Vous avez mentionné une autre victime, releva soudain Reimu en s'adressant à Eirin.
- Oui, Youmu Konpaku. Elle a été amenée, et vraisemblablement sauvée, avant-hier par un certains Pride.
- Pride ! Où est-il ? s'exclama soudain la prêtresse.
- Euh, et bien il est toujours à l'Eientei, il semble d'ailleurs avoir des informations sur ce Malbas, répondit la doctoresse.
- Tu le connais ? s'enquit Remilia, curieuse.
- Disons que nous nous sommes déjà croisés… Quoi qu'il en soit, j'ai deux ou trois questions à lui poser, déclara Reimu.
Elle ne tarda pas plus et sortit du manoir, laissant là-bas les autres. Eirin décida alors d'aller vérifier l'état de Patchouli.

Une fois dehors, Reimu s'envola et fila en direction de la Forêt de Bambous des Egarés.
Au sol, perché dans les branches d'un arbre, un être ne lâchait pas Reimu du regard. Il était vêtu d'une cape noire à capuche enroulée autour de lui. Son visage était caché par un masque blanc doté uniquement de deux trous pour les yeux, lesquels étaient parcourus chacun par une ligne verticale noire, ce qui donnait au masque un aspect mortuaire. Ce masque sans visage ne laissait rien paraître de l'identité de son porteur, ses yeux n'étant pas visibles. L'être avait sa capuche relevée, laquelle continuait le travail de dissimulation après les limites du masque.
L'être portait également des gants, un pantalon et des bottes, le tout étant noir. Aucune partie de son corps n'était visible, comme pour tous les autres Damnés. Tous portaient les mêmes vêtements, seul leur masque variait puisque le motif qui l'ornait différait en fonction du Damné.
Seïth observait le Manoir du Démon Ecarlate depuis un moment mais le départ de la prêtresse avait attiré son attention. Il attendit qu'elle se soit éloignée et sauta au sol.
Cette fille…
Le Damné se mit soudain à courir, s'éloignant du manoir…

Malgré l'absence d'Eirin et Reisen, les couloirs de l'Eientei étaient loin d'être vides. Les lapins qui y étaient présents en grande quantité déambulaient mais ne semblaient pas accaparés par leur travail.
Tous ces lapins avaient une apparence similaire, filles aux cheveux noirs ou marrons plus ou moins courts, vêtues de robes blanches et ayant la tête surmontée de deux longues oreilles pendantes ainsi qu'une petite queue en bas du dos.
La porte d'entrée détruite par Pride avait été remise à neuf, ce qui expliquait sans doute en partie le manque de travail des lapins.

Dans un salon, assise sur une chaise et pieds croisés sur la table en bois qui lui faisait face, une lapine en robe rose sirotait un verre.
Tewi croisa les bras derrière sa nuque, savourant un repos plus ou moins mérité. Elle jeta un coup d'œil aux lapins qui l'entouraient, profitant également de l'absence d'Eirin et Reisen.
Une grande porte coulissante, ouverte, se trouvait à la droite de Tewi et permettait l'accès à l'extérieur.

Un grognement fit distraitement tourner la tête de la lapine vers la droite.
Elle se retrouva nez-à-nez avec ce qui ressemblait à un mandrill géant ayant les crocs proéminents et une queue de serpent.
La créature rugit, ce qui fit sursauter la lapine. Elle bascula en arrière et renversa la chaise; s'écrasant au sol, prise de panique.
L'apparition disparut alors afin de laisser place à Nue, riant aux éclats. Tewi lui jeta un regard noir et réfléchissait déjà à une éventuelle vengeance.

Plusieurs lapins déboulèrent soudain, comme effrayés, et sortirent précipitamment. Croyant qu'il s'agissait d'Eirin ou Reisen, Tewi remit rapidement la chaise en place et vida son verre. Elle regarda ensuite anxieusement en direction de là d'où venaient ses compères et vit effectivement deux personnes approcher.

Il ne s'agissait pas des deux Lunariennes mais de Pride, accompagné de Youmu. Celle-ci se tenait au bras droit de l'Orgueil, lequel cachait mal sa gêne. La demi-fantôme n'était pas non plus totalement calme mais il était difficile de déterminer si c'était dû à sa fatigue ou au fait qu'elle était agrippée à Pride.
Les lapins avaient fui à l'approche de l'être vêtu de noir, ce qui ne l'étonnait qu'à moitié. Il avait en effet remarqué que les lapins l'évitaient, comme s'il était un prédateur prêt à les dévorer.
En un sens, ce n'était pas totalement faux.

- Ah ben vous voilà vous deux. Vous êtes trop mignons, lança Nue.
Youmu s'empourpra aussitôt et Pride se figea. Il eut toutes les peines du monde à ne pas trancher la gorge de la fille aux six ailes, et encore plus à garder simplement son calme.
Nue ricana, satisfaite de l'effet produit par sa réplique.
- T'es toujours là, toi, marmonna l'Orgueil.
- Dis pas ça comme si ça te gênait, rétorqua la fille qui tenait un trident.
Tewi s'était prudemment reculée mais un large sourire étirait ses lèvres.
- Je ne vois tout de même pas ce que tu fiches ici, envoya Pride.
- Je m'amuse, gros râleur, répliqua Nue.
Le râleur en question ferma les yeux, tentant visiblement de maîtriser ses nerfs. La présence de Youmu, accrochée à lui qui plus est, l'empêchait de réfléchir posément et il ne contrôlait que difficilement ses émotions.
- Tu n'as donc rien d'intéressant à faire ? tenta l'Ombre.
- Mis à part faire peur aux lapins, ce qui est vraiment amusant, non.
La fille aux six ailes avait croisé les bras et mimait l'expression ennuyée qu'arborait son interlocuteur.
Youmu était trop fatiguée pour prendre part à l'échange mais elle le suivait avec attention. Elle craignait que Nue ne pousse Pride à bout, ce dernier lui apparaissant cependant comme étrangement calme.
- Si vous ne savez que faire, peut-être pourriez-vous me prêter assistance, fit une voix féminine depuis l'autre bout de la salle.

Tous tournèrent pour découvrir une femme aux très longs cheveux noirs descendants telle une cascade d'ébène derrière son dos. Deux longues mèches encadraient son visage gracieux et elle était vêtue d'amples vêtements dont une chemise rose aux boutons blancs et une robe rouge.
Tout en elle inspirait le calme et la sérénité.

- Je me prénomme Kaguya. Kaguya Houraisan, répondit-elle à la question silencieuse.
Elle avait joint ses mains mais ses manches les cachaient.
- Je suis Pride, assistance pour quoi ? s'enquit l'Orgueil, plus pour se changer les idées que par altruisme.
Kaguya salua Nue et Youmu avant de répondre :
- Il se trouve que j'ai malencontreusement égaré un objet auquel j'attache énormément d'importance dans la forêt. Il s'agit d'une pomme dorée.
- Et en quoi ça nous concerne ? demanda Pride avec toute l'amabilité dont il était capable à ce moment précis.
Donc très peu.
- Vous en particulier, en rien. Je vois que vous êtes déjà fort occupé, répondit Kaguya avec une pointe de malice.
Pride se raidit mais n'eut pas le temps de répliquer.
- Miss Houjuu en revanche, votre aide me serait précieuse. En échange, je vous donnerai un moyen infaillible pour effrayer n'importe qui, continua Kaguya.
Nue réfléchit quelques instants puis finit par accepter.
Il y avait plus amusant à faire mais la récompense l'intéressait.
- Ça marche, préparez-vous à me revoir très vite !
Tout en parlant, Nue avait mis sa main gauche au niveau de son front, imitant un garde-à-vous. Elle fit ensuite un clin d'œil puis s'envola.

Posé sur un des murs de bois cernant l'Eientei, face à l'ouverture qui donnait sur le salon, un corbeau observait.
Sa position lui permettait de voir le jardin ainsi que l'intérieur. Ses yeux noirs étrangement vitreux allaient et venaient, détaillant les personnes qui parlaient. Le volatile s'attarda sur les deux personnes vêtues de noir et croassa lorsque Nue partit.
Il regarda à nouveau en direction de l'intérieur puis il s'envola. Ses mouvements faisaient toutefois preuve d'une rigidité peu commune…

- Chercher une pomme dorée… C'est débile, commenta Pride.
- Une pomme ? Dorée ? Mais de quoi parlez-vous ? s'étonna Kaguya.
Elle rit un instant devant les airs médusés de Youmu et Pride et s'éloigna après un "A bientôt", appelant Tewi au passage.
La lapine accourut et suivit sa maîtresse en dehors du salon, laissant l'Orgueil et la demi-fantôme seuls.

- Tu la connais ? demanda Pride.
- Oui… Kaguya est la princesse de la Lune, du moins elle l'était jusqu'à ce qu'elle soit exilée. Elle a trouvé refuge ici et est la dirigeante de l'Eientei, expliqua Youmu.
- Parce qu'il y a de la vie sur la Lune maintenant ? C'est nouveau, ça vient de sortir… Et pourquoi a-t-elle été exilée ? s'enquit l'Orgueil, surpris.
- Elle a consommé l'Elixir Hourai, ce qui l'a rendue immortelle… Et concernant la Lune, les relations entre ses habitants et Gensokyo ont cessé depuis longtemps…
Peu à peu, les forces de Youmu déclinaient. Pride s'en rendit compte et, plutôt que la ramener dans sa chambre, sortit avec elle tout en la soutenant.

Le soleil avait du mal à passer outre les hauts bambous qui constituaient la forêt. La luminosité était toutefois largement acceptable, midi étant passé depuis peu.
A l'extérieur de la Maison de l'Eternité, plusieurs lapins écrasaient de la pâte de riz dans des pots en chantant.
Une terrasse en bois continuait après la porte et avançait de plusieurs mètres dans les jardins. Pride et Youmu s'assirent sur un banc disposé près des murs de l'Eientei.

Pride observait les lapins lorsqu'il sentit un poids à sa droite. Il tourna la tête…
Son cœur faillit s'arrêter.
Youmu était blottie contre lui, son bras gauche toujours refermé sur celui de l'Ombre. Une douce fraîcheur s'échappait d'elle et sa tête était posée contre l'épaule de l'Orgueil.
Elle dormait.
Son visage tout comme sa respiration étaient paisibles. Myon s'était stoppé et était également contre Pride, la partie fantomatique ne distillait toutefois aucune fraîcheur particulière.
L'Orgueil s'était figé, captivé par cette fille qui dormait contre lui. Son souffle était court et une sensation étrange montait en lui. Son rythme cardiaque s'était accéléré mais il ne pouvait pas détacher son regard de ce visage qu'il se surprit à qualifier "d'ange".
Pourquoi ?
Pourquoi tremblait-il ?
Pourquoi avait-il cette étrange sensation ?
Il était… Bien…
Avec un geste doux, bien que sa main tremblait, il retira une mèche de cheveux qui barrait le visage de la jardinière et se mit à sourire sans savoir pourquoi.
- Bon sang, qu'est-ce que je fous ? Pourquoi je souris ? Pourquoi est-ce que je prends soin d'elle comme ça ? Bordel, mais qu'est-ce qui m'arrive ? Me dites pas que… Non, je suis l'Orgueil ! Je suis Pride ! Ce genre de niaiserie n'est pas pour… Pour moi…

Malgré ses pensés, Pride ne bougeait pas, son regard toujours posé sur Youmu. Il fallut des bruits de pas approchants pour qu'il détourne enfin les yeux.
Il fut surpris de voir Reimu, désormais à deux mètres. Elle avait une expression sérieuse mais une imperceptible lueur amusée dans son regard trahissait ses pensées.
- Vous avez l'air de bien vous entendre, commenta-t-elle.
- Ouais… Pas de chance, je suis occupé, tu vas devoir attendre pour que je te mette ta raclée, lança Pride.
Chose pour la moins inédite, il n'avait aucune envie de se battre, même avec la prêtresse.
Cette dernière avait du mal à cacher son étonnement. Car non seulement Pride était proche de Youmu, dans tous les sens du terme, mais l'aura maléfique qui le caractérisait avait sensiblement diminué. A vrai dire, elle était même presque indiscernable et seul ses pouvoirs de prêtresse du Sanctuaire Hakurei permettait à Reimu de la remarquer.
- Plutôt que me battre encore avec toi, je vais te poser quelques questions. Ça tombe bien, il y a peu de chances que tu me fausses compagnie, fit la jeune fille.
- La dernière fois, c'est toi qui est partie. D'ailleurs, l'oni va bien ? Personnellement, je ne m'inquiète pas plus que ça de son état mais Jealousy y sera plus sensible.
- Jealousy ? releva Reimu.
- Réo si tu préfères.
- Je vois. Pour ta gouverne, Suika va bien. Enfin, mieux en tout cas. La blessure de son bras ne devrait pas tarder à disparaître. Elle est sacrément en colère contre ce Réo, informa la prêtresse.
Son expression changea, devenant plus préoccupée.
- Pas étonnant… Tu l'es aussi je présume ? s'enquit l'Ombre.
- Je ne sais pas quoi en penser… Je n'avais pas l'impression d'affronter Réo et puis… Tous ces gens… Que s'est-il vraiment passé ?
- Tout t'expliquer serait trop long. Ce que tu as vu et affronté était ce qu'on pourrait désigner comme la vraie forme de l'Envieux, et sa forme la plus puissante à l'heure actuelle. Lorsqu'il l'a utilisée, Jeal', ou Réo, n'était plus lui-même. Il a légèrement pété une durite et a été dominé par son Envie. Il ne se contrôlait plus, voilà pourquoi il a blessé Suika, expliqua Pride d'une voix tranquille.
- Son Envie ? Et quels étaient ces gens ?
Rien qu'à sa voix, on devinait que cela travaillait Reimu.
- Réo est l'incarnation des sept péchés capitaux : l'Envie, la Luxure, la Colère, l'Avarice, la Paresse, la Gourmandise et l'Orgueil. Enfin, techniquement de six puisque je suis moi-même l'Orgueil. Quoi qu'il en soit, chez lui c'est l'Envie qui domine, d'où le fait que je le surnomme "Envieux" ou "Jealousy". Pas étonnant, il a toujours été un envieux. Et concernant les âmes, ce sont celles et ceux que j'ai dévoré avec mes ombres. Ils servent à alimenter notre auto-régénération, continua l'Ombre.
Reimu se raidit.
Il y avait donc bel et bien des gens emprisonnés à l'intérieur de ce type ! Des gens qu'il avait lui-même tué !
- La loi du plus fort, commenta Pride, comme s'il avait deviné les pensées de Reimu.
- Ce n'est pas…
- Quoi ? Et puis tu n'as pas ton mot à dire, ces personnes ne viennent pas de Gensokyo. Ton rôle est de veiller sur ce monde, et je ne suis pas une menace. Pas autant que Malbas en tout cas. Lui ne se gênera pas pour dévorer les habitants de ce monde.
- Là n'est pas la question ! Tu restes un meurtrier et rien ne t'empêche de tuer ici aussi !
- Parfait, alors on va faire un marché. Si je dévore un habitant de ce monde, tu feras ton boulot. Tant que je ne le fais pas, tu me fiches la paix. Ça évitera qu'on se tape dessus dès qu'on se verra, et puis tu seras à même de détecter la présence d'un Yôkai en moi je pense, proposa Pride.
Malgré son envie d'attaquer l'être qui lui faisait face, Reimu resta calme et réfléchit à la proposition.
Il était vrai que Pride n'était pas un danger immédiat contrairement à ce Dévoreur. Et s'il proposait cet arrangement, c'était qu'il comptait le respecter.
- Qui me dit que tu ne vas pas trouver un moyen de manger quelqu'un sans te faire détecter ? tenta la prêtresse.
- Je suis l'Orgueil, je suis fier de mes actes et de mes décisions. C'est pour ça que j'ai pour principe de ne pas mentir. Alors ? Marché conclu ?
Force était de dire qu'il n'avait pas tord. C'était assez logique.
- D'accord. Tiens-toi à carreau et je me retiendrai de t'exterminer. En revanche, dis-moi tout ce que tu sais sur ce Malbas Elric.

Pride jeta un coup d'œil à Youmu, toujours endormie puis soupira.
- Malbas est lié à l'Envieux. Son objectif a toujours été de le tuer, ainsi que d'augmenter sa propre puissance. Ces deux buts sont sans doute en lien l'un avec l'autres d'ailleurs.
- J'aimerais surtout une piste pour le retrouver et l'anéantir, intervint la prêtresse.
L'Orgueil ricana.
- Rien que le trouver est compliqué. Malbas peut se téléporter en des endroits qu'il connaît déjà ou voit. Généralement, c'est lui qui nous trouve. Ça fait des mois que nous jouons à chat avec lui.
- Tu as l'air d'en savoir long sur lui. Tu n'as vraiment aucune information qui pourrait m'aider à le retrouver ?
- Non. Malbas est un vagabond, il peut être n'importe où. Et comme sa source de nourriture se trouve n'importe où aussi, ça aide pas. Je ne peux pas t'aider pour le retrouver mais je peux t'offrir un conseil si tu dois l'affronter, lança Pride.
Reimu lui fit un signe de tête pour l'inciter à continuer.
- Tout comme moi, Malbas possède une régénération accélérée. De ce fait, il peut encaisser un très grand nombre de blessures, mortelles ou non. De plus, il se fatigue moins vite que moi ou Jeal'. Alors si tu dois l'affronter, tu dois être prête à le tuer. Acharnes-toi sur lui, de sorte qu'il n'ait pas le temps de se soigner. Et surtout, ne reste pas près de lui, car un contact avec une de ses mains suffit pour signer ton arrêt de mort. C'est par contact direct que Malbas absorbe l'énergie vitale et une fois le processus commencé, la victime ne peut plus rien faire. De toute façon, il ne lui faut qu'une poignée de secondes pour absorber toute l'énergie de quelqu'un. Mais, pourquoi cet intérêt soudain ?
- Il a attaqué le Manoir du Démon Ecarlate. Heureusement, plus de peur que de mal. Meiling et Sakuya ont été blessées mais ce n'est pas grand-chose par rapport à ce qu'a eu Alice.
- Ça explique l'absence d'Eirin… commenta l'Orgueil.
- Mais dis-moi… Réo ne cherche pas à reprendre son corps ? s'enquit Reimu.
- Il n'est pas en état. Plusieurs choses se sont passées et ça l'a profondément marqué…
- Quel genre de choses ?
- Je ne peux pas te le dire. Pas maintenant.
Reimu jeta un regard soupçonneux à son interlocuteur puis se résigna. Ce n'était pas important, pour le moment en tout cas.
- Bon, je vais tenter de trouver ce Dévoreur. Mais retiens bien que je t'aie à l'œil !
La réplique de la prêtresse fit ricaner l'Ombre. Puis, la jeune fille s'envola.
Pride resta assis, la regardant s'en aller.
- Bonne chance, petite, murmura l'Orgueil.

Plus loin dans la forêt, Nue commençait à perdre patience.
- Tant pis, je verrais ça une autre fois.
Elle ramassa une pierre et lui fit prendre l'apparence d'une pomme dorée. Avec un peu de chance, Kaguya mettrait un peu de temps avant de se rendre compte de la supercherie.
Nue sifflota et commença à se diriger vers l'Eientei, désormais plutôt éloigné, en marchant.
Quelque-chose chuta alors cinq mètre devant elle.

Une créature à l'allure humanoïde, à la peau et aux longs cheveux gris.

- Ben dis-donc, t'es moche toi, lança Nue du tac au tac.
Conduit pas sa faim, Malbas se jeta sur la fille. Son bras gauche se tendit pour la saisir au cou mais c'était sans compter sur les réflexes de sa proie.
Nue se décala tout en abattant son trident sur le poigner de son ennemi. L'os craqua et le Dévoreur utilisa sa main droite, ornée d'une bouche, pour envoyer une boule d'énergie bleutée sur Nue.
La fille aux six ailes sauta, laissant passer le projectile sous elle et commença à s'élever dans les airs.

Malbas tourna sur lui-même tout en levant le poing droit. Trois rochers jaillirent du sol, fendant l'air en direction de Nue. Celle-ci les évita sans réelle difficulté et activa une spellcard :
- Ominous Clouds "Heian Dark Clouds"

Une fumée noire entoura Nue et plusieurs fins et petits rayons de lumière en sortirent. Malbas disparut alors dans une gerbe de flammes pour réapparaître ensuite trois mètres au-dessus de Nue, hors d'atteinte de la spellcard.
Enfin c'était ce qu'il croyait.
Les ténèbres entouraient toujours la fille et les rayons lumineux jaillirent à nouveau vers le Dévoreur, changeant seulement de direction.
Surpris, Malbas se fit toucher au bras droit. Sa régénération fit rapidement son travail et il put contre-attaquer. Pour se faire, il utilisa sa Combustion, envoyant le traditionnel rayon transparent qui se comprima et explosa lorsque Nue l'évita.
Elle fit un geste avec son trident et une trentaine de sphères d'énergie rouges partirent dans l'optique de percuter le Dévoreur. Ce dernier passa entres les divers projectiles et ce furent les bambous qui en firent les frais.

Malbas attrapa au vol un débris végétal plutôt long. L'objet fut alors parcourut d'une lumière rouge et entouré d'éclairs écarlates. A sa place se trouvait désormais un cimeterre dont la lame était décorée de lignes horizontales noires. Puis le tueur fonça sur Nue à une vitesse plus élevée qu'à l'accoutumée.
La fille vêtue de noir bloqua une attaque verticale avec le manche de son trident et repoussa la lame ennemie. Elle recula rapidement et sortit une nouvelle spellcard :
- Nue Sign "Mysterious Snake Show"

Plusieurs rayons verts apparurent devant elle avant d'aller vers le Dévoreur en zigzaguant. Malbas alla droit devant lui, frôlant deux attaques. Il en esquiva une autre au dernier moment et, dans un concert d'éclairs rouges, transmuta son cimeterre en un javelot qu'il lança.
Nue se déplaça sur la gauche pour ne pas se faire toucher et sortit une carte.
- Nue Sign "Danmaku…

Le Dévoreur ne laissa pas le temps à son adversaire d'énoncer sa spellcard car il se téléporta derrière elle et la griffa au dos.
Nue ignora la douleur et fit volte-face, donnant un coup avec son trident au passage. La main droite du Dévoreur se referma sur l'arme. Plusieurs arcs électriques rouges crépitèrent puis le trident explosa, ce qui fit reculer Nue sans pour autant la blesser.

L'action choqua la fille qui fut touchée par une boule de feu en plein ventre. Blessée, elle chuta vers le sol mais parvint à se rétablir de justesse.
La perte de son arme favorite sembla énerver la fille aux six ailes qui envoya des dizaines de projectile ayant la forme de rectangles d'énergie bleus et oranges.

Malbas plongea tout en tournant sur lui-même. De vagues courants transparents étaient absorbés par les bouches présentes sur ses paumes, ce qui causa une baisse de la température autour du Dévoreur.
Du même coup, les projectiles se mirent à geler sur place, s'interrompant dans leur course avant de disparaître.
Une fois proche de Nue, Malbas tendit son bras droit et renvoya la chaleur absorbée sous la forme d'un rayon d'énergie doré.
Cela ne suffit pas pour toucher la yôkai qui s'envola à nouveau, tournant le dos à son ennemi, voulant visiblement fuir.

Plusieurs crépitements se firent entendre.
Nue n'eut pas le temps de se retourner qu'un éclair la percuta de plein fouet, projeté par l'index et le majeur de Malbas qui avait tendu son bras gauche.
La jeune fille ouvrit la bouche pour hurler de douleur, aucun son ne sortit. Ses forces la quittaient et elle se crasha, détruisant quelques bambous au passage.
La force de l'éclair avait été telle que deux des ailes de la yôkai s'étaient brisées à moitié. Sa chute en cassa deux de plus.

Malbas s'approcha.
Nue était sur le dos et respirait difficilement. Les débris bleus et rouges de ses ailes brisées l'entouraient et il était évident qu'elle souffrait le martyre.
Elle avait ses yeux, des yeux noirs, mouillés à cause des larmes nées de sa douleur.
Nue se crispa lorsque Malbas l'atteignit.
Tremblante, elle voulut se débattre lorsqu'il s'accroupit et arma son bras gauche.
- Non, murmura-t-elle.
Le seul geste qu'elle put faire fut de lever un bras. Puis ce fut la fin.

La main gauche du Dévoreur se referma sur le visage de Nue. Son corps s'affina, se dessécha.
Le bras de Nue resta d'abord en l'air puis tomba au sol, amincit, craquelé et teinté de marron. Les ailes de la yôkai avaient perdu de leur couleur et le serpent qui était enroulé sur son bras droit disparut.

Malbas releva et fut parcourut d'une légère fumée. Lorsqu'elle disparut, il avait reprit forme humaine.
- Enfin, murmura-t-il.

Il observa le cadavre de Nue d'un regard mélancolique.
C'était par pur hasard que leurs chemins s'étaient croisé. Tout comme avec la fée des glaces. Toutefois, celle-ci avait pu survivre.
Cette fois, elle était belle et bien morte. Tout ça à cause de cette faim dévorante qu'il ne parvenait qu'enfin à assouvir, faim qui était due à la forme qu'il avait prise.
Sa vraie forme.

Malbas regarda un peu plus loin, sur le sol, et remarqua quelques débris du trident de Nue.
Inutile de fouiller dans sa mémoire pour comprendre qu'elle y tenait.
Malbas rejoignit les débris et posa sa main gauche sur le sol.
Il n'avait pas tous les morceaux et ne pouvait donc pas utiliser l'alchimie classique, régie par l'échange équivalent. Car pour créer quelque-chose, il fallait utiliser autre-chose d'équivalent. La masse des matériaux devait être la même au début et à la fin de la transmutation, de même que leur nature.
On ne créait pas une épée avec une fleur.
Normalement.

Des éclairs rouges crépitèrent et le trident se reforma, parfaitement identique à ce qu'il avait été auparavant.
Pour ce faire, Malbas avait "triché". Il avait contourné l'échange équivalent de la même manière que s'il avait une pierre philosophale.
La pierre n'était qu'un amas d'âmes qui servaient d'énergie. Cette énergie servait à payer le prix pour une transmutation, mais pouvait avoir d'autres usages. Et cette fois, Malbas utilisait le même procédé, se servant des âmes qui étaient à l'intérieur de lui.

Le Dévoreur retourna au cadavre, ne prêtant aucune attention au corbeau qui s'était envolé en croassant et qui les avait épiés.
Il hésitait à redonner son trident à Nue mais au final, haussa les épaules. Elle n'en aurait plus besoin de toute façon.
Usant du pouvoir de la yôkai qu'il avait tué quelques jours plus tôt dans la Forêt de la Magie, Malbas fit disparaître le trident, qu'il pourrait invoquer quand il le désirerait.
Il s'accroupit ensuite près de Nue et ferma les yeux.

Des gens l'attendaient. Des amis.
Bien que farceuse, Nue n'était pas méchante. Ce devait être une personne agréable.
Mais ça, Malbas ne pourrait jamais le vérifier.
Il ne pourrait jamais être son ami.
A elle ou n'importe qui d'autres. Il était condamné à la solitude.
Vivre était sa punition.
- Tout ça, c'est de ta faute, grinça le Dévoreur.

La rage montait en lui. Il se contint toutefois et posa sa main gauche sur le bras droit de Nue.
Les deux disparurent dans une gerbe de flammes.

Au Temple Myouren, situé en bordure du Village Humain, la bonne humeur était de mise.
Une fille aux cheveux noirs, aux yeux verts et vêtue d'une combinaison et d'un chapeau de marin blancs se chamaillait avec une autre ayant des lunettes, des cheveux marrons, des oreilles et une queue de raton-laveur.
La première se nommait Murasa Minamitsu et la deuxième était Mamizou Futatsuiwa.
Cette dernière avait dérobé le verre de saké de Murasa qui tentait en vain de le récupérer.

Un peu plus loin, une autre fille observait. Elle avait les cheveux blonds avec des mèches noires et les yeux jaune or. Une pince ornée d'un lotus trônait sur sa tête. Un cercle de tissu géant était attaché à son dos et elle tenait une grande lance dans sa main gauche. Elle portait une robe rouge et orange avec un motif de tigre autour de l'abdomen ainsi qu'un pantalon blanc, sous sa robe.

- Arrêtez ! fit-elle soudain.
Les deux autres se stoppèrent, étonnées.
- Y'a un problème Shou ? demanda Murasa.
- Je ne sais pas, je sens…
La yôkai tigre n'eut pas le temps de finir sa phrase que quelqu'un toqua à la porte. Curieuse, Mamizou alla ouvrir.
- C'est sans doute Nue, prévint Murasa.
La tanuki approuva et fit coulisser la porte…

Un cri résonna dans cet après-midi automnal. Il fut suivit par des pleurs, pleurs de personnes qui avaient perdu une amie.
Un peu plus loin, Malbas observait la scène, l'air grave. Seule Murasa le remarqua. Accroupie près de Nue, la fantôme voulut se lever et affronter le Dévoreur, comme si elle avait immédiatement deviné son rôle.
Il disparut dans une gerbe de flammes, la laissant à son chagrin.

Ailleurs, une Lavandière posa les vêtements noirs qu'elle venait de laver, lesquels disparurent. Un panier en osier était posé près d'elle et ce furent des vêtements blancs qu'elle en sortit puis qu'elle commença à nettoyer…
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeVen 2 Mar - 20:10

Chapitre 17 : Complainte d'outre-tombe


"Il y a une chose qui fait que j'adore Gensokyo. Un détail qui fait toute la différence.
Ici, comme nulle part ailleurs, l'impossible n'existe pas."
Yukari Yakumo



Le soleil s'était couché, la nuit régnait à Gensokyo. La plupart des Humains étaient retournés chez eux et goûtaient au plaisir du repos nocturne. Quelque Yôkais faisaient de même, d'autres au contraire s'éveillaient.
Pride était toujours debout, malgré l'heure tardive. Il se trouvait dans la chambre qu'il occupait, parfaitement identique à celle de Youmu, et regardait la voûte céleste à travers sa fenêtre.
Cela faisait trois jours que Réo était silencieux. Trois jours que l'Orgueil vivait comme s'il était une personne à part entière.
Trois jours de liberté.
Il n'avait plus cette sensation de n'exister qu'à moitié, de n'être rien d'autres qu'un spectateur impuissant. Non, il était là, bel et bien présent.
Bel et bien vivant.

Des éclats de voix attirèrent l'attention de l'Ombre. Curieux, il sortit de sa chambre et se dirigea vers l'entrée de l'Eientei, située non loin. Il vit Eirin refermer la porte sur une personne que Pride n'eut pas le temps d'identifier.
Le visage de la doctoresse était fermé, son expression était grave. Elle s'approcha de l'Orgueil de la même manière que si elle allait lui annoncer une terrible nouvelle.
Ce fut le cas.

- Nue Houjuu est morte, déclara Eirin une fois proche.
Pride se raidit.
Nue ? Morte ? Mais, comment ? Pourquoi ?
Il se souvint de la Yôkai. Elle l'avait taquiné, énervé mais au fond, ça avait permis de détendre l'atmosphère après ce qui était arrivé à Youmu.
- De toute évidence, c'est ce Malbas qui a fait le coup, continua Eirin.
En un sens, Pride s'y attendait. Cela n'empêcha pas ses yeux se parer d'une lueur de colère bien que restant insensible de façade.
- Et maintenant ? fit l'Orgueil d'une voix peu concernée.
- J'ai demandé à ce qu'on m'amène le corps. Celui-ci n'est pas tombé en poussières, ce qui signifie comme je l'imaginais que Malbas a "atteint l'âge adulte". C'est pour ça qu'il peut désormais utiliser sa forme de Dévoreur, comme il l'a fait au Manoir du Démon Ecarlate, expliqua la Lunarienne.
- Objection, vu la date de l'attaque, c'est mon Poison de l'Âme qui a permis à Malbas de prendre sa forme de Dévoreur. Il n'a pas eu son mot à dire, rétorqua l'Orgueil.
- Le résultat est le même. Quoi qu'il en soit, tout Gensokyo va être au courant, Aya Shameimaru publiera un avis de recherche. Dans peu de temps, Malbas sera la proie, affirma Eirin.
- Ça, c'est le scénario de rêve. Le hic est que Malbas peut prendre l'apparence de ceux qu'il dévore et son aura est identique à celle d'un humain. Et il risque de dévorer ceux qui s'en prendront à lui, et donc encore gagner en puissance, contra Pride.
- Vous sous-estimez ceux qui habitent ce monde…
- Honnêtement, je l'espère bien. Je tiens juste à vous faire comprendre que si Malbas est toujours en vie, il y a une raison. Ce n'est ni un humain, ni un yôkai ordinaire. C'est un tueur.
- Nous verrons bien de quoi il en retourne. Au fait, je pense que demain, miss Konpaku sera en mesure de regagner Hakugyokurou. Elle y sera plus en sécurité, je doute que Malbas puisse aller dans le Monde des Morts.
- J'en prends note. Mais dites-moi, pourquoi avez-vous demandé à avoir le cadavre de Nue ?
Les lèvres d'Eirin s'étirèrent en un bref et léger sourire.
- Secret lunaire.
Malgré ses efforts, Pride ne put en savoir plus.

Près de la Forêt de la Magie, on put voir un renard s'enfuir en hâte. Celui qui l'avait effrayé marchait, mains dans les poches de son pantalon noir.
Rares étaient les fois où Malbas pouvait se promener sans avoir envie de dévorer le premier Humain ou Yôkai qui passait. Il n'avait plus faim.
Temporairement, tout du moins.
Mais pour ça, quelqu'un avait dû mourir.
Le regard qui lui avait jeté Murasa lui revint alors en mémoire.

Un regard emplit de haine, de colère et de chagrin. Elle avait immédiatement deviné qu'il était le responsable. Les tueurs se reconnaissent…
Le Dévoreur continuait de marcher, l'esprit agité par ses multiples pensées et souvenirs, qui n'étaient pas forcément les siens.
Il se dirigeait sans problème malgré l'obscurité et remarqua une lueur rouge qui semblait plutôt proche. Il s'en approcha et entendit alors un chant. Les paroles n'étaient pas joyeuses mais la voix de la chanteuse l'attirait tel un papillon de nuit.
- ♪ Tes plumes noires volent parmi les cendres,
Aux alentours, ton macabre chant se fait entendre.
Tes serres sont meurtrières,
La faucheuse entend ta prière,
Celle du Corbeau, le plus noir des oiseaux~ ♪

Mystia était derrière le comptoir de son stand et chantait comme à son habitude. Elle ne remarqua pas Malbas qui prit soin de rester hors de vue tout en écoutant.
Etrangement, le chant du Moineau Nocturne calmait le Dévoreur. Ses doutes et pensées désagréables avaient disparus, remplacés par la mélodie de la yôkai. Il resta donc là à l'écouter jusqu'à ce que le sommeil le gagne

La force de l'explosion envoya Pride en arrière. Des débris de bois furent projetés dans tous les sens et certains se plantèrent dans son corps.
L'Orgueil grogna alors qu'il se relevait, entouré d'arcs électriques cramoisis en même temps que ses blessures se refermaient d'elles-mêmes. Son regard se posa alors sur l'Eientei.
Les restes de l'Eientei.
La Maison de l'Eternité n'était plus que ruines éparses. Les murs étaient arrachés, le plafond en miettes, et… Des cadavres.
Partout.
Une lapine était pliée en deux sur les ruines d'un mur, bras doit uniquement retenu par un fin lambeau de chair. Des morceaux de corps divers et variés reposaient avec les débris, ajoutant une teinte macabre à la désolation environnante.
D'étranges bruits attirèrent l'attention de Pride qui avança. Il ignora le craquement d'une cage thoracique que son pied droit défonça et gravit un tas de débris de bois.
Eirin se crasha alors à ses pieds, lacérée de toutes parts. Le sang coulait abondamment de ses plaies mais elles se releva. Elle tenait un arc, encocha une flèche et regarda droit devant elle.
Pride suivit son regard…
Une explosion de sang l'empêcha de voir en premier lieu. Un corps venait littéralement d'exploser, arrosant un peu plus les alentours d'écarlate. La tête de la défunte roula un peu sur le sol, son visage figé dans une expression de terreur absolue. Le visage de Tewi.
Eirin tira alors une flèche sur son adversaire, celui qui était responsable de tout ça. A son contact, le projectile nimbé d'une lumière bleue explosa. La fumée ne s'était pas encore dissipée que cinq fouets de sang en jaillirent à une vitesse phénoménale et déchiquetèrent Eirin sans qu'elle ou Pride ne puissent réagir.
L'Orgueil vit impuissant le corps de la lunarienne se faire réduire en charpies, les fouets détruisant tout ce qu'ils touchaient.
Malgré lui, Pride recula.
Ce n'était pas vrai… Ça ne pouvait pas être vrai…
La fumée avait disparue, laissant apparaître le meurtrier.

Entouré de sa cape rouge aux bords déchirés, engoncé dans son armure qui ne laissait que sa bouche de visible, l'Homme en Rouge se dressait au milieu du chaos. Comme toujours, justifiant son surnom, il était couvert de sang. Et dans sa main droite, retenue par ses deux oreilles de lapins, se balançait la tête arrachée de Reisen.

Pride frissonna. Ainsi c'était lui.
L'Homme en Rouge.
Pride se prépara à attaquer mais plusieurs boules multicolores furent projetées sur le tueur qui fut protégé par son armure. Celui-ci se tourna vers celle qui l'attaquait, qui n'était autre que Kaguya.
La princesse volait en décrivant des cercles autour de son ennemi. Elle l'arrosait de tirs mais cela ne semblait pas l'affecter. L'Homme en Rouge esquissa un sourire et tendit son bras gauche sur le côté. Du sang se rassembla autour de lui, prenant la forme d'une vingtaine de balles écarlates. Puis il fit un geste de la main.
Des détonations se firent entendre lorsque les balles partirent, si vite qu'elles ne furent pas visibles à l'œil nu, ayant dépassées la vitesse du son. Kaguya chuta et s'écrasa au sol, criblée de trous.
Sans vie.
Pride déploya alors ses ombres. Cinq lames de noirceur fusèrent vers l'Homme en Rouge qui sourit.
- Ksh
Des fouets de sang arrêtèrent les ombres avant de percuter Pride. Il s'effondra, entouré d'éclairs rouges et vidé de son énergie. Il était incapable de bouger et ne put réagir lorsque le tueur approcha.
Quelqu'un arriva alors en courant et attaqua l'Homme en Rouge à l'aide de deux sabres.
Youmu…
L'Homme en Rouge se décala pour éviter l'assaut tout en ouvrant sa main gauche. Du sang virevolta pour atteindre cet endroit et forma une sphère sanglante légèrement lumineuse en son centre. Le tueur envoya ensuite la sphère sur Youmu qui allait attaquer à nouveau. Elle était proche, si bien que le tir fut à bout portant.
Aucune chance d'éviter.
Aucune chance de survie.
La sphère sembla d'abord se compacter puis explosa, dispersant le corps de la demi-fantômes plusieurs mètres à la ronde. Du sang aspergea Pride qui n'avait pu qu'observer.
Non… Youmu…
Une étrange émotion envahissait le cœur de l'Orgueil. Pourquoi cela lui faisait-il tant d'effet ?
Il n'eut pas le temps de se poser la question. L'Homme en Rouge se tenait juste à sa droite. Il tendit sa main gauche vers le visage de l'Orgueil, du sang se rassembla, forma une balle…
L'homme eut un sourire avant qu'une détonation ne retentisse…


Pride se réveilla en sursaut. Il regarda autour de lui précipitamment puis, ayant compris qu'il ne s'agissait que d'un cauchemar, ricana.
Lui, l'Orgueil, mit dans un état pareil par un simple mauvais rêve. C'était humiliant.
Enfin, "simple mauvais rêve"…
Comme l'avait remarqué Réo une fois, cela ne ressemblait pas totalement à un rêve. Tout était clair, les détails étaient précis, les souvenirs nets…
L'Orgueil haussa les épaules. Il avait mieux à faire que de s'attarder sur de pareils détails.
Il se leva donc sans attendre et se dirigea vers le salon dans l'optique de manger un morceau. Réo, quant à lui, n'avait toujours pas donné signe de vie…

- Yo Reimu ! Et ben, t'en fais une tête !
La prêtresse toisa Marisa d'un air sévère, ce qui ne sembla en rien l'affecter. Les deux se trouvaient dans la Forêt de la Magie, pour une raison différente toutefois. Les traits de Reimu étaient tendus, chose sans doute due à la fatigue qui l'étreignait. C'était ce que Marisa avait remarqué.
- Sans doute. Je cherche ce Dévoreur de malheur depuis hier…
Bien entendu, les deux amies étaient au courant de la mort de Nue, comme tout Gensokyo. Aya Shameimaru avait en effet publié un Extra de son journal où elle mentionnait cette dramatique nouvelle et donnait une description de Malbas.
Au fond d'elle-même, Reimu se sentait coupable. C'était son rôle de protéger ce monde et ses habitants. Mais cette fois, elle n'avait pas agit à temps.
Et Nue en avait payé le prix.
- Te tues pas à la tâche, daze. J'vais t'aider, annonça Marisa.
- D'accord. Il vaut mieux nous séparer, histoire de couvrir le plus de terrain possible, proposa la miko.
- Exact et puis comme ça, j'aurai le plaisir de le battre moi-même, ahah !
La bonne humeur de la magicienne eut le don de remonter le moral de Reimu. Comme toujours, Marisa semblait s'amuser, presque insouciante.
Presque.
Reimu n'était pas dupe et savait pertinemment que la sorcière voulait arrêter le Dévoreur quoi qu'il en coûte. Elle l'avait déjà affronté une fois et n'avait pas réussi à l'avoir, il était évident qu'elle comptait corriger cette erreur. La corriger de manière définitive.
Les deux amies se séparèrent donc. Marisa fila vers la Montagne Yôkai, usant de la vitesse que lui conférait son balai tandis que Reimu continuait de chercher dans cette forêt. Si ses recherches s'avéraient infructueuses, elle songeait à aller voir au niveau de la Forêt de Bambous.
Elle craignait en revanche que le Dévoreur ne se déplace en même temps. D'autant que d'après Pride, Malbas pouvait se transporter instantanément à un endroit qu'il connaissait déjà.
Pride.
Reimu restait convaincue qu'il devait être exterminé. Cet être respirait le mal mais pourtant… Son comportement avec Youmu était surprenant. Et puis, il n'y avait pas que Pride, il était indissociable de Réo.
Le cas de ces deux-là était plus complexe que prévu. Enfin, il fallait déjà s'occuper de Malbas. Car Reimu en était certaine : Il y avait urgence.
La miko laissa donc ce problème de côté et se remit à la recherche du Dévoreur.

Ce dernier n'était pas à l'autre bout de Gensokyo comme le craignait Reimu. Il venait seulement de se réveiller, allongé contre un arbre. Malbas fit craquer sa nuque et regarda aux alentours.
Mystia et son stand n'étaient plus là. Cela ne le surprit pas outre-mesure et le gêna encore moins. L'effet que les chansons de Mystia avaient eu sur lui était pour le moins surprenant.
Une question se posa alors.
Si la voix du Moineau Nocturne avait pu le calmer, pouvait-elle également faire disparaître sa faim ? L'empêcher de tuer ?
Cette idée laissa le Dévoreur songeur. Il faillit ne pas entendre des bruits de pas, tous proches. Par réflexe, Malbas se mit à couvert, s'aidant de l'arbre pour se cacher.
Maintenant qu'il y prêtait attention, il sentait bien une présence. Un être vivant, humain apparemment, approchait.
Le Dévoreur prit le risque de jeter un coup d'œil, voulant voir qui se trouvait si près de lui.
Des cheveux noirs tombant jusqu'aux épaules ornés d'un gros ruban rouge, une robe rouge et blanche en guise de tenue…
- Reimu Hakurei, murmura-t-il.
Grâce aux souvenirs de Nue, Malbas avait été capable de l'identifier sans problèmes. La prêtresse regardait partout, semblant chercher quelque-chose.
Ou quelqu'un.
- Inutile d'être un Archidémon pour comprendre que c'est moi qu'elle cherche. C'est donc elle qui résout les incidents… Bien, tu attendras un peu, je n'ai pas faim pour le moment, songea Malbas.
N'ayant pas besoin de rester dans la Forêt de la Magie, le tueur disparut dans une gerbe de flammes, au moment même où Reimu se tournait vers lui.
Trop tard.

Debout dans sa chambre, Youmu terminait de s'habiller. Elle avait enfilé ses vêtements habituels, après que Reisen lui eut retiré ses bandages.
La médecine d'Eirin avait fait son office et quasiment toutes les blessures de la jardinière avaient disparues. Seule sa brûlure subsistait mais elle était considérablement atténuée et n'avait plus qu'un ou deux jours devant elle. La lapine lui avait annoncé qu'elle pourrait retourner à Hakugyokurou, nouvelle que Youmu avait accueilli avec joie.
La demi-fantôme passa ensuite Roukanken dans son dos, poignée dépassant de ses épaules puis Hakurouken à sa taille, en bas du dos, poignée vers la droite. Myon volait tranquillement, ayant enfin reprit sa teinte blanchâtre naturelle.
Ce fut alors que quelqu'un toqua à la porte.
- Entrez, fit Youmu.
Sans surprise, ce fut Pride qui entra. L'Ombre ferma la porte puis s'adossa au mur en croisant les bras.
- Et bien tu vois, tu peux enfin repartir. Pas la peine de te précipiter, railla-t-il.
- Je m'attendais à ce que tu me demandes de rester, répondit Youmu.
- Pourquoi ça ? Je respecte l'avis du doc'. Eirin juge que tu peux y aller, j'ai rien à ajouter. J'suis pas médecin, je peux guérir personne sauf si les symptômes sont : Respiration normale, pouls régulier et vie. Là, je peux faire quelque-chose.
Pride esquissa un sourire à la fin de sa réplique qui laissa Youmu de marbre.
- Bien, il me semble n'avoir rien oublié…
La fille aux cheveux argentés refit le tour de sa chambre. Une fois certaine de ne rien laisser derrière elle, Youmu sortit de sa chambre, accompagnée de l'Orgueil.
- Pas mécontent de partir, les hôpitaux m'énervent, lança-t-il.
- Tu n'étais pas obligé de rester… réagit la jardinière.
- Ne dis pas ça comme si je t'avais gêné, lança l'Ombre.
Youmu s'empourpra.
- Non ce… Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire… Tu… Rien ne te forçais à rester à mes côtés. Tu… Tu as pris soin de moi pendant… Pendant tout ce temps…
Elle s'interrompit lorsque Pride posa son index sur ses lèvres, ce qui la fit frissonner.
- Tais-toi, on nage en plein mélo. Encore un peu et tu allais dire des bêtises.
Il retira sa main qu'il mit sur sa hanche, signe qu'il avait terminé. Youmu se reprit et opina.
- D'accord… Tu… Tu m'accompagnes ?
- Hein ? Euh, oui, pas de problème.
Pride n'avait pas envisagé ce cas de figure mais passer un peu plus de temps avec la demi-fantôme ne lui posait pas de problème.
Les deux compagnons saluèrent Eirin et Reisen puis sortirent de la Maison de l'Eternité. Les bambous les entouraient mais rien ne les empêchait d'utiliser la voie des airs, seul moyen pour se rendre dans le Monde des Morts.
- Tu es en état de voler ? s'enquit l'Orgueil.
- Oui, ne t'en fais pas, le rassura Youmu.
Pride sortit alors une spellcard.
- "Shadow Flight" !

De ses propres ténèbres naquirent des ailes d'ombres, semblant légèrement brumeuses et à l'aspect rudimentaire. Cela suffisait largement pour voler, aussi Pride fit un signe de tête à Youmu qui s'envola.
Le trajet ne dura pas très longtemps mais il leur permit d'admirer le paysage qu'offrait Gensokyo. Ils continuèrent à monter en altitude pour finalement atteindre l'imposante porte de pierre volante qui marquait l'entrée du Royaume des Morts.
- Bon et bien je suppose que je vais devoir te laisser là, fit Pride en croisant les bras.
Il s'était stabilisé devant la porte qu'il savait ne pas pouvoir ouvrir. Youmu semblait hésiter.
- Ça dépend, tu… Tu veux venir ? demanda-t-elle.
Pride ne parvint pas à cacher sa surprise.
- Tu es sérieuse ? Je croyais que… Enfin… Bref. Tu m'autorises à entrer ?
- Oui… Je te dois bien ça. Et puis Dame Yuyuko voudra certainement te voir…
L'Orgueil haussa les épaules, signe du peu de cas qu'il faisait de la volonté de la maîtresse de Youmu.
- D'accord, d'accord. Voyons à quoi ça ressemble.
Youmu eut un sourire discret puis s'approcha de la porte. Celle-ci s'ouvrit sans problème. On ne voyait pas ce qu'il y avait de l'autre côté, ce qui n'empêcha pas Youmu de s'enfoncer dans l'ouverture, Pride à sa suite.

L'air sembla se rafraîchir, puis un immense escalier se dressa devant eux, éclairé sur les côtés par des lanternes d'où émanait une lumière violette. Les deux amis ne volaient plus, se trouvant désormais sur un sol dallé. Rien ne se trouvait autour d'eux, seulement l'escalier devant et la porte qui se refermait derrière. Le ciel était le même que de l'autre côté de la porte
- Ah ouais, ça c'est de l'escalier comme on n'en fait plus. Je suppose qu'on est censé tout monter ? s'inquiéta Pride.
- En effet, mais on peut le faire en volant. Je préfère y aller à pied, c'est plus respectueux.
Illustrant ses paroles, Youmu débuta l'ascension des marches. L'Orgueil la regarda d'abord faire d'un air étonné puis soupira de dépit. Il lui emboîta ensuite le pas, résigné mais gardant ses commentaires sarcastiques pour lui.
Il leur fallut une bonne trentaine de minutes pour venir à bout de l'incalculable quantité de marches. Une fois en haut, ils se stoppèrent, à la fois pour reprendre leur souffle et pour regarder le paysage.
Une longue plaine à l'herbe clairsemée s'étendait. Divers arbres dont beaucoup de cerisiers se trouvaient ça et là. Les feuilles s'étaient teintées de rouges et quelques fleurs étaient encore visibles. Une fine brume donnait un aspect mystérieux et surnaturel à l'ensemble.
Pride restait bouche-bée. Il trouvait l'endroit reposant et calme… Ce qu'il était assurément. Dans le ciel bleu, on pouvait voir des oiseaux voler, toutefois ils ne faisaient aucun bruit. Plusieurs fantômes volaient lentement, généralement près des arbres.
Il fallut attendre quelques minutes avant que Pride ne prenne la parole :
- Et ben… C'est pas trop mal…
- C'est au printemps, lorsque les cerisiers fleurissent que ce monde offre toute sa beauté. Suis-moi, je vais te mener à l'Hakugyokurou, répondit Youmu.
L'Orgueil ne trouva rien à redire et suivit la jardinière.

Le trajet leur coûta dix ou vingt minutes supplémentaires. Passé ce délai, il atteignirent un manoir. Fait de bois et entouré de mur, il dégageait une impression étrange, comme tout le reste du Royaume des Morts.
- Décidément, je vais de manoir en manoir, marmonna Pride.
- Nous y voilà, annonça Youmu.
L'intonation de sa voix laissait transparaître sa joie. Elle revenait chez elle.
La demi-fantôme ouvrit la porte coulissante qui permettait d'entrer et invita l'Orgueil à l'imiter.
A première vu, l'Hakugyokurou était désert mais ce n'était qu'une première impression. Cela tranchait avec l'Eientei et ses dizaines de lapins ou le Manoir du Démon Ecarlate aux couloirs bondés de domestiques inutiles.
Youmu guida Pride jusqu'à ce qui semblait être une salle de réception. Plutôt grande, elle s'ouvrait sur l'extérieur. En s'approchant, l'Ombre remarqua qu'il s'agissait un jardin zen en forme de U. Il était occupé par des pins qui poussaient au milieu du gravier. Plus loin se trouvait une petite clôture et au-delà, une infinité de cerisiers.
Pride n'en croyait pas ses yeux. Le jardin de l'Hakugyokurou était immense.
Un arbre en particulier attira l'attention de l'Orgueil. Ce devait être un cerisier mais il était bien plus grand que ses semblables et n'avait ni feuilles, ni fleurs.
- C'est le Saigyou Ayakashi, indiqua Youmu qui avait suivit le regard de l'Ombre.
- C'est… Impressionnant. Enfin, ouais c'est pas mal quoi. Je parie que ton Saigyou machin n'est pas un arbre normal, réagit Pride.
- Saigyou Ayakashi. Et en effet, c'est un cerisier yôkai.
- Admettons. C'est donc normal qu'il soit ainsi ?
- C'est une longue histoire mais cet arbre yôkai est scellé. Et tant que ce sceau sera actif, il ne fleurira jamais. D'aussi loin que je me souvienne, il n'a jamais fait une seule fleur. Moi et Dame Yuyuko avons déjà tenté de le faire fleurir mais… Enfin, ce fut un échec, expliqua la jardinière.
- Comment ça ? s'enquit Pride, plus curieux que d'habitude.
Youmu semblait gênée et hésitait à répondre.
- C'est… Une longue histoire, finit-elle par dire.
L'adolescent vêtu de noir haussa un sourcil, peu convaincu. Un léger rire attira son attention, ainsi que celle de Youmu.

Celle qui en était l'auteur était une femme. Elle avait des cheveux roses mi-long et des yeux violets. Sa tête était surmontée d'un chapeau de tissu bleu décoré d'un bout de tissu triangulaire orné d'une spirale rouge, représentant un fantôme. La femme était vêtue d'un large kimono bleu avec des taches blanches. Elle ne touchait pas le sol, lévitant à une quinzaine de centimètres au-dessus du plancher.

- Et il ne faut pas être trop pressé d'entendre une histoire, surtout si elle est longue. Youmu vous la racontera plus tard, lança-t-elle.
La jardinière susnommée s'inclina respectueusement.
- Dame Yuyuko, je suis rentrée. Je vous demande pardon pour mon...
La femme l'interrompit tout en agitant sa main droite, comme chassant les excuses.
- Allons, allons, c'est oublié. Reimu m'a prévenue, c'est inutile de t'excuser. Présente-moi plutôt ton ami.
Sa voix était douce, sans une once d'inquiétude malgré ce qui s'était passé.
- Euh, oui… Je vous présente Pride, sans qui je serais morte, annonça Youmu.
- Salut ! fit l'Orgueil en levant une main.
- Et bien, je te remercie, Pride, réagit Yuyuko.
Elle s'approcha et posa une main sur la tête de l'Orgueil sans qu'il puisse réagir, troublé par cette femme qui en plus lui adressait un sourire enjoué.
- Tu as de la chance Youmu, il est plutôt mignon. Excellent choix !
Tout en parlant, elle frottait le dessus de la tête de Pride, qui croyait halluciner. Youmu quant à elle était devenue plus rouge qu'une tomate.
- Que, QUOIIIIII ?!! s'écria l'Ombre en se dégageant.
Yuyuko porta une main à son visage et rit un peu, amusée.
- Ce… Ce n'est pas… balbutia Youmu.
- L'heure de manger ? Peut-être mais j'ai faim quand même. Je crois qu'il reste des gâteaux…
Les paroles de Yuyuko achevèrent de déstabiliser Pride qui la vit, éberlué, se diriger vers l'autre bout de la pièce pour piocher dans une assiette de biscuits.
L'Orgueil reporta ensuite son attention sur Youmu qui avait reprit une teinte normale.
- Bon, euh, et bien… J'ai du travail, affirma la jardinière.
- Je vois, oui. Bon courage…
- Merci… Reviens bientôt. Après tout, j'ai des leçons d'escrime à te donner, annonça la demi-fantôme.
- Ah, tu acceptes ?
L'Ombre allait décidément de surprise en surprise en ce jour.
- Oui… Ce sera une bonne manière de te remercier…
Etrangement, Youmu semblait quelque peu mal à l'aise.
- Bien, mais… Je fais comment pour passer la porte ? J'ignore comment l'ouvrir.
Ce détail pratique n'avait pas échappé à l'Orgueil. Youmu chercha dans ses poches et sortit une clé, pendant au bout d'une chaînette ce qui permettait de la porter autour du cou. Le tout était gris et brillait doucement. La jeune fille tendit ensuite l'objet à son interlocuteur.
- Je n'en ai pas besoin, je peux aller et venir sans problème… Avec ça, ce sera pareil pour toi… Ainsi nous pourrons… Enfin… Viens quand tu veux, fit Youmu en rougissant légèrement à nouveau.
A l'autre bout de la salle, Yuyuko ne loupait aucun détail de la scène, étant parvenue à se faire oublier. Elle esquissa un sourire en voyant la clé.
- Merci, Youmu. A bientôt, fit-il d'une voix étonnement douce et… fébrile.
- A bientôt oui ! réagit la jardinière en lui adressant un grand sourire.
- Oh, vous vous en allez déjà ? intervint Yuyuko qui s'était approchée discrètement, l'air de rien.
- Oui, j'ai des choses à faire et Youmu aussi., répondit l'Orgueil.
- Je vois, revenez vite ! lança la fantôme en adressant un clin d'œil à sa subordonnée, laquelle se crispa.
- Vous en faites pas, à la prochaine, lâcha l'Ombre.

Ce fut sur ces mots que Pride tourna les talons. Il sortit du manoir, fit quelques pas puis se retourna.
Il se sentait… Bizarre. D'étranges émotions et sentiments se bousculaient en lui. Il regarda alors la clé, qu'il tenait toujours en main.
Youmu…
Pourquoi était-il heureux de pouvoir la revoir dans un proche avenir ?
Pourquoi se sentait-il si bien en sa compagnie ?
Pourquoi… Pourquoi voulait-il la voir sourire ? Heureuse ?
L'Orgueil ferma sa main sur le cadeau de la demi-fantôme et cessa d'observer l'Hakugyukurou. Il se retourna et se remit à marcher.
Peu importait de savoir pourquoi. Il était l'Orgueil, la Fierté. Une ombre. Ce sentiment qu'il éprouvait ne pouvait pas…
Il ferma les yeux.
Ce ne pouvait pas être ça. Enfin…
Il rangea la clé dans une poche et se retourna une nouvelle fois, prit d'un doute. Une question s'était frayée un passage dans son esprit. Une question qu'il s'était déjà posée, inconsciemment.
Cet être incarnant les aspects les plus noirs de quelqu'un., cette Ombre nichée au fond d'un cœur… Cet être emplit de Fierté et de ténèbres… L'incarnation de l'Orgueil…
Lui, Pride…
Etait-il capable… D'aimer ?

Un léger vent se leva, charriant plusieurs feuilles teintée de rouge et de marron. Les longs cheveux blancs de l'Orgueil volaient, emportés par la brise.
Pride soupira puis reprit sa route.
Sans avoir trouvé de réponse à sa question.

La journée touchait à sa fin. Le soleil couchant illuminait Gensokyo de sa lumière orangée, cédant peu à peu sa place à la nuit.
Dans la Forêt de Bambous, Reimu tentait de juguler sa colère. Elle n'était pas parvenue à trouver Malbas et cela l'énervait au plus au point. L'énervait contre elle-même.
Elle savait qu'à chaque minute qui passait, il risquait de faire une nouvelle victime. Toutefois, elle sentait la fatigue poindre. Dépitée, elle s'envola en direction du Sanctuaire Hakurei, où devait l'attendre Marisa.
Avec un peu de chance, la sorcière avait trouvé au moins une piste.

La prêtresse ressassait sa journée dans sa tête lorsque soudain, sa trajectoire changea brusquement. Elle piquait vers le sol et ne pouvait pas se contrôler. Elle avait l'impression qu'un carcan s'était refermée sur elle et l'empêchait de bouger tout en la guidant. La miko avait beau tenter de redresser, serrant les dents sous l'effort, rien n'y fit. Elle se crasha au sol, ne se blessant toutefois que très peu.
Elle était à l'orée d'un bosquet et un cimetière se trouvait à proximité.
Elle n'eut même pas le loisir de se relever qu'elle fut violemment projetée contre un arbre, sans pouvoir réagir. La douleur lui arracha une exclamation mais rien de plus. Reimu était désormais dos à l'arbre, flottant en l'air et incapable de bouger. Quelque-chose la retenait, contrôlait son corps.
Ce fut à ce moment que plusieurs personnes approchèrent.

L'une d'entre elles était un homme. Il avait des cheveux noirs coupés courts, des yeux rouges-sang et la trentaine en apparence. Il portait d'amples vêtements noirs décorés de symboles rouges. Ses doigts se terminaient par des griffes noires.
Il s'avança jusqu'à se trouver à quelque centimètres de la prêtresse, toujours prisonnière.
L'autre personne était restée en retrait. Ce devait être un homme mais aucune partie de son corps n'était visible, caché qu'il était par une cape et d'autres vêtements noirs ainsi qu'un masque blanc sans visage avec des lignes horizontales au niveau des yeux, lui donnant un aspect mortuaire. Cet homme avait le bras gauche tendu, ce qui signifiait sans doute qu'il était la cause de ce que subissait Reimu.
- C'est vrai que tu lui ressembles… Qui es-tu ? s'enquit prestement l'homme qui se trouvait tout près de la prêtresse.
- Reimu Hakurei… Et vous ? articula l'intéressée, méfiante.
L'homme sembla réfléchir.
- Reimu Hakurei… Fille de Surana Hakurei ? demanda-t-il soudain en plongeant ses yeux dans ceux de la miko.
Un frisson la parcourut.
Comment… Comment cet homme, qu'elle supposait être un démon au vu de l'aura qu'il dégageait, connaissait-il le nom de sa mère ?
Et puis…
- Oui… C'est ça… Et vous, qui êtes-vous ? répondit la fille.
- Lucifuge Rofocale, enchanté… répondit l'homme en s'inclinant légèrement.
Le démon ricana.
- Ainsi donc, elle avait une fille… Ahahah, tout s'explique enfin… C'est pour ça que la Barrière est toujours là…
- Quoi, de quoi parlez-vous ? s'écria Reimu.
Ignorant totalement la jeune fille, Lucifuge se tourna vers Seïth qui exerçait toujours son emprise télékinétique sur Reimu.
- Tu as bien fait de m'en faire part. Bien joué, mon petit. Nous allons enfin régler cette affaire.
Il se tourna vers Reimu et lui adressa un regard qui lui glaça le sang.
- Ce fut un plaisir, petite, lança le Premier Ministre en s'inclinant.
Il se retourna ensuite et commença à marcher.
- Tuez-la. Mais de manière distrayante.

Les yeux de Reimu s'écarquillèrent. Puis elle fut projetée dans les airs et percuta un autre arbre avec violence.
Lucifuge s'était arrêté un peu plus loin et observait avec délectation.

La prêtresse se releva et arma une spellcard. Elle allait l'énoncer lorsqu'une pointe de métal se ficha dans sa jambe droite, la déséquilibrant et surtout coupant l'incantation. Un bref regard permit à la jeune fille de repérer un second adversaire aux formes féminines mais vêtue de la même façon que Seïth, arborant toutefois un masque avec deux traits rouges partant du bas des joues pour atteindre les yeux.
Inya courait vers Reimu, trois pointes de métal dépassant de son bras gauche.
La miko n'eut pas le temps de l'attaquer qu'elle quitta le sol pour être fracassée par terre, ne pouvant résister au pouvoir de Seïth.
Toutefois, elle tenait toujours sa carte en main et parvint à l'activer alors qu'Inya était à son niveau.
- Divine Spirit "Fantasy Seal"

Des orbes multicolores jaillirent de la prêtresse et se dispercèrent en trois groupes, allant sur ses trois adversaires.
Inya glissa pour passer sous l'une d'entre-elles, se releva, fit une roue pour en éviter une autre, sauta mais fut touchée par la dernière du lot. L'explosion l'envoya bouler au sol.
Seïth fit un mouvement avec ses deux bras. Deux arbres s'arrachèrent du sol pour servir de bouclier et se prirent les orbes à sa place. Il se tourna ensuite pour faire de même et protéger Lucifuge mais Reimu, libérée de l'emprise du Damné, lui donna un puissant coup de pied qui l'éjecta sur trois mètres.
Le Premier Ministre vit les projectiles colorés foncer sur lui et fit de grand gestes. Les orbes heurtèrent alors un bouclier d'énergie rougeâtre qui s'était formé, tel un mur. La lutte dura quelques instants puis les sphère éclatèrent ainsi que la barrière, ce qui fit reculer Lucifuge.
Reimu volait déjà vers le Premier Ministre, consciente que c'était lui qui commandait, et envoya plusieurs amulettes rouges sur lui.
Les projectiles avaient été parfaitement tirés mais infléchirent soudainement leur courses pour revenir contre leur propriétaire. Bien que surprise, Reimu les esquiva en se penchant sur la gauche puis en s'élevant un peu plus haut.
Seïth s'était rétabli et fit un brusque mouvement avec son bras droit.

Reimu suivit le mouvement et se crasha à nouveau au sol. Elle voulut tendre un bras pour lancer une attaque, Seïth envoya une vague télékinétique qui l'emporta ainsi que tout ce qui était devant lui, végétaux, poussière, terre et débris divers. La miko se prit une branche dans sa jambe déjà blessée par Inya puis s'écrasa au sol, glissant sur cinq mètres.
Seïth fit une ligne transversale avec son bras gauche. La même ligne, sanglante, se traça sur le bras gauche de Reimu. Sans avoir eut l'occasion de bouger et donc de se relever, la prêtresse percuta à nouveau un arbre avec une brutalité extrême.
Un liquide chaud et poisseux lui monta à la bouche. Elle n'eut pas l'opportunité de le cracher qu'Inya lui envoyait une pointe métallique dans l'épaule droite.
Cette fois, Reimu poussa un cri de douleur et s'effondra à genoux, étrangement libérée par Seïth.

Elle comprit lorsque Lucifuge ferma sa main gauche sur son cou et la souleva sans difficultés.
- C'est dommage pour toi mais Seïth est mon Damné préféré. Sans doute car son pouvoir le rend des plus redoutables. Un adversaire aussi faible que toi n'est qu'un pantin entre ses mains. Tu as cru pouvoir me blesser…
Il la jeta au sol d'un air dédaigneux.
- Tu es encore plus faible que je ne l'imaginais. Tant pis, c'était au moins divertissant. En plus, le cimetière n'est pas loin. Passe le bonjour à ta mère…
Reimu lui jeta un regard qui aurait fait reculé un dragon en furie mais le Premier Ministre n'en tint pas compte.
Il se contenta d'un signe de tête à Seith qui s'approcha, accompagné d'Inya.

Reimu se vidait de son sang. Ses forces déclinaient, elle tremblait.
Non… Elle ne pouvait pas perdre. Elle ne devait pas perdre.
Pas aussi facilement !
Elle tenta de se mettre debout mais la douleur de sa jambe droite était intolérable. Sans parler de son bras gauche inutilisable.
Des gouttes de transpiration coulaient du visage de la prêtresse. L'environnement commençait à se déformer…

Seïth leva un bras, se préparant à achever sa victime lorsqu'une puissante lumière fit son apparition. Une orbe d'énergie rouge et une autre blanche s'écrasèrent soudain près des combattants, provoquant deux puissantes explosions qui éloignèrent tout le monde et capta leur attention.
Lucifuge avait levé un bras pour se protéger et observait ébahi par ce qu'il sentait puis voyait.
A quelque mètre d'eux, une silhouette volante descendait doucement. Elle était entourée de deux ceintures de grosses orbes d'énergie rouges et blanches, tournant en des trajectoires opposés. La lumière produite aveuglait les personnes qui les voyaient et empêchait de distinguer la personne qui les produisait.

Une larme perla des yeux de Reimu. Cette apparition éveillait en elle un lointain souvenir qu'elle croyait oublié.
Ces orbes…
- Ma… Maman… murmura-t-elle alors qu'elle sombrait dans l'inconscience.
A ce moment, les sphères fusèrent vers Lucifuge et ses Damnés.

L'explosion qui en résulta fut retentissante. Un épais nuage de poussières fut soulevé, ce qui eut le mérite de faire tousser le démon et Inya qui se relevaient. La Damnée avait le bras droit en lambeaux mais ne saignait pas, son masque était également fissuré. Elle cachait sa blessure avec son bras gauche.
Seïth n'avait rien et s'approchait de son maître.
Celui-ci avait été touché à l'épaule droit et au flanc gauche et serrait les dents sous l'effet de la douleur et de la rage. Il repoussa Seïth qui fit un grand mouvement descendant avec ses deux bras. La poussière et la fumée furent dispersées, ce qui leur permit de voir.
Un flamme s'alluma dans les yeux des Lucifuge.
Reimu avait disparue.
Sans laisser de traces autres que son sang sur le sol.

Furibond, il se tourna vers ses deux Damnés qui n'exprimaient aucune émotion.
- Retrouvez-la ! Apportez-moi sa tête ! Exécution !
Sans attendre, les deux partirent dans des directions opposées.
- Kraïsen ! appela le démon.
Lucifuge se tourna vers un nouveau Damné qui venait d'apparaître dans un éclat de lumière rouge.
Vêtu comme ses confrères, son masque était quant à lui décoré d'un insigne noir au niveau du front qui ressemblait à une couronne et descendait en une lignes le long des joues.
- Kraïsen, toi qui voulait être roi. Fais ce que tu sais faire le mieux, informe ce monde de notre présence. Le rôle se cette prêtresse est de protéger ce monde alors si nous ne la trouvons pas…
Un rictus déforma la bouche du Premier Ministre.
- Nous allons la forcer à se montrer. Va, Kraïsen ! J'ai encore un ou deux chiens à lâcher…
Le Damné hocha la tête et s'éloigna. Lucifuge jeta un coup d'oeil à ses blessures puis disparut dans une gerbe de flammes…

La nuit était tombée.
Près de la Forêt de la Magie, Pride se promenait. Il mourrait de faim et cherchait quelque-chose à se mettre sous la dent. Le trouble agitait encore son esprit mais il tentait de ne pas y faire attention.
Une lueur rouge capta alors son regard.
- Le stand de Mystia, parfait ! lança-t-il à lui-même.
Réo n'avait en effet pas encore donné signe de vie.

L'Ombre s'approcha, mains dans les poches. Puis il entendit un chant.
Une comptine que chantait la yôkai :
- Méchant pic-vert…
L'autre jour, tu as fait des nouveaux trous, tu as encore abîmé la forêt.
Le dieu de la forêt est en colère. Il a mis dans ton bec un poison mortel.
Le pic-vert était bien tracassé, son nid était empoisonné…
Ce qu'il mangeait l'était aussi…
Tous ses amis mouraient à son contact…
Oh, pauvre petit pic-vert…
Tes larmes empoisonnées scintillent telles des joyaux… ♪

Etrangement, la chanson calma Pride. Non, plus que ça. Il se sentait… Etrange. Comme s'il perdait de la force. Comme si son âme s'affaiblissait.
Il se prit la tête dans la main gauche et posa un genou à terre. Dans sa tête, la voix de Mystia continuait de chanter ce chant…
Des éclairs rouges entourèrent Pride. Quelques instants plus tard, il se releva. Enfin, ce n'était plus Pride.
Les yeux dans le vague, le visage inexpressif, Réo venait de revenir.
Il se tourna alors vers Mystia qui avait à nouveau entonnée la comptine. Cette chanson eut pour effet de réveiller l'Envieux. Un mince sourire étira même ses lèvres.
Il était de retour.
Ayant toujours aussi faim, il se dirigea vers le stand et commanda quelques lamproies.
En lui, Pride semblait s'être littéralement endormi…
Bercé et calmé par la comptine.
La comptine du pic-vert.


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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeLun 16 Avr - 19:08

Chapitre 18 : Un regard en arrière


"Comprendre le passé est nécessaire. Ce n'est qu'ainsi que nous pouvons avancer.
En apprenant de nos erreurs."
Hieda no Akyuu



() Le soleil était à son zenith. Un léger vent soufflait et apportait un peu de fraîcheur. Cet été était particulièrement calme, ce qui convenait à tout le monde.
Le Sanctuaire Hakurei était comme le reste de Gensokyo, tranquille.
- Maman, maman, regarde !
Une femme qui devait avoir environ vingt-sept ans, affairée à balayer devant son temple, se retourna. Elle était vêtue d'une robe rouge aux manches détachées. Un ruban rouge également nouait ses longs cheveux noirs qui tombaient derrière son dos. A sa taille pendait un katana, pour le moment enfermé dans son fourreau brun. Un symbole yin-yang le décorait et une ficelle rouge pendait du pommeau.
Les yeux noisettes de la femme se posèrent sur une petite fille qui courait dans sa direction.
Ses vêtements ressemblaient à ceux de sa mère seulement du blanc remplaçait parfois le rouge. Un gros ruban rouge formant un noeud surmontait sa chevelure noire et deux mèches encadraient son visage. Elle devait avoir aux alentours de trois ans.
La fillette était proche de sa mère lorsque celle-ci lâcha son balai.
Elle s'accroupit et prit sa fille dans ses bras.
- Et bien Reimu, que t'arrive-t-il ? s'enquit la femme avec un sourire.
La petite fille montra alors le dessin qu'elle transportait depuis un moment. Simpliste, comme tous ceux des enfants, il obligea toutefois la femme à féliciter sa fille.
- Magnifique, vraiment. Je suis sûre que tu seras une grande artiste, lança la femme en employant un ton faussement sérieux.
- Plus tard je veux aider les autres et résoudre les problèmes, comme toi ! rétorqua Reimu.
La femme s'apprêtait à répliquer lorsque quelque-chose attira son attention. Toute trace d'amusement disparut de son visage et elle posa sa fille sur le sol.
- Va voir si Genji dort bien, ordonna-t-elle avec douceur.
- Oui maman !
Reimu rentra dans le temple en courant. Sa mère se retourna vers la porte torii rouge qui marquait l'entrée du Sanctuaire.

Une femme se trouvait là. Vêtue d'une robe bleue, arborant une chevelure turquoise plutôt longue, ses yeux étaient d'un jaune profond.
- Ainsi c'est toi, Surana Hakurei, annonça-t-elle d'une voix hautaine.
- En effet, à qui ai-je l'honneur ? s'enquit la miko d'une voix neutre.
- Ce n'est pas important. Ce qui l'est est que je serai la première à te battre ! lança l'inconnue.
- Oh, je vois. Ils en font encore des comme ça ? Heureusement, les yôkais sont, en général, bien plus intelligents que ça….

La réplique de Surana ne sembla pas plaire à la femme qui se jeta sur elle en envoyant plusieurs sphères d'énergie violettes.
La prêtresse dégaina son katana dont la lame était rouge et parcourue de lignes noires. La lame s'illumina d'une lumière blanche et détruisit les projectiles au contact. Surana pivota ensuite tout en se décalant.
Le poing gauche de son adversaire n'effleura donc même pas sa tête. En revanche, le pommeau de son arme entra en violente collision avec le thorax de la yôkai. La miko recula ensuite et donna un coup vertical descendant avec sa lame.
La yôkai n'était plus à portée. Toutefois, une vague d'énergie orangée jaillit de la lame et percuta la femme qui vola sur plusieurs mètres.
- Je te laisse une chance d'abandonner. Vas-t-en, je ne te poursuivrai pas, prévint Surana d'une voix douce.
La yôkai qui se relevait lui jeta un regard noir et tendit son bras droit.
- Ce n'est pas terminé ! Vas-y !

Un cercle magique rouge apparut sur le sol, devant la femme. Un colosse de métal sombre en sortit doucement. Haut de plus de deux mètres, les jointures de ses doigts étaient ornées de pointes, tout comme ses coudes. Sa tête ressemblait à un casque dont le nez et la bouche étaient absents. Seuls deux trous d'où s'échappaient une lueur rouge servaient d'yeux.

Le golem fonça sur la miko et lui asséna un puissant coup de poing, espérant naïvement toucher sa cible. Celle-ci s'envola à temps et tendit sa lame sur le côté.
- Duty of the Shrine Maiden "Hakurei Judgement"

Dans un éclat de lumière, deux ceintures d'orbes d'énergie rouges et blanches apparurent autour de la prêtresse. Les sphères tournaient autour de Surana, les deux sens de rotation des ceintures étant toutefois opposés. La prêtresse montra ensuite le golem du bout de son sabre. Les sphères fusèrent vers lui…

De la lumière.
Une explosion. Très forte. Puis plus rien.

Lorsque Surana mit pied à terre, elle rengaina sa lame et poussa un soupir. Un trou béant mangeait la cour du temple et elle allait devoir le reboucher toute seule.
Du golem, il ne restait rien. Sa propriétaire quant à elle avait pris la fuite.

- Maman !
Surana se tourna vers Reimu qui courait vers elle. La petite était tremblante de peur. Elle se réfugia dans les bras de sa mère qui la serra contre elle.
- J'ai… J'ai eu si peur… balbutia la gamine.
- Ne t'inquiète pas Reimu, c'est finit. Maman n'a rien.
Voyant que cela ne suffisait pas à consoler sa fille, Surana glissa quelques mots à son oreille :
- C'est terminé. Tu n'as pas à avoir peur. Je te protègerai. Tu m'entends ? Quoi qu'il arrive, je serai toujours avec toi. Quoi qu'il advienne, je serai toujours à tes côtés, à veiller sur toi. Toujours…


- Toujours…
Une larme coula de l'œil droit de Reimu qui se réveilla à ce moment. Elle se redressa et regarda autour d'elle.
Aucun doute, elle se trouvait dans sa chambre, dans le Temple Hakurei, allongée dans son futon.
Elle essuya d'un revers de main la perle qui courait sur sa joue droite et remarqua à cet instant qu'elle n'avait plus aucune blessure. Même ses vêtements étaient intacts.
Reimu ferma les yeux.
Les images de la fin de son combat contre Lucifuge et ses Damnés lui revinrent alors à l'esprit. Cette silhouette, ces orbes…
- Maman, chuchota la prêtresse.

Elle voulait y croire. Mais sa mère était morte, elle le savait. Elle ignorait en revanche comment et n'avait jamais posé la question.
Et si…
Un espoir fou germa dans l'esprit de la miko. Un espoir presque enfantin.
Et si Surana n'était pas morte ? Cela expliquerait qu'elle ait pu la sauver… D'autant que cette attaque était la sienne. Ces orbes rouges et blanches étaient sa signature.
Si seulement… Oui, elle voulait y croire.
- Maman… Etait-ce toi ?
La question avait beau avoir été posé à voix haute, seul le silence lui répondit. Une autre interrogation s'imposa alors.
Comment Lucifuge Rofocale connaissait-il sa mère ? Tout du moins, il connaissait son prénom… De plus, il avait mentionné la Frontière Hakurei.
Qu'est-ce que tout cela signifiait ?
Et si… Et si ce démon était lié au décès de Surana ? Mais dans ce cas, comment pouvait-il ignorer qu'elle avait une fille ?
Trop de choses se bousculaient dans la tête de la jeune fille qui finit par se lever.

N'ayant aucune séquelle de la veille, elle pouvait reprendre ses recherches, même si pour l'heure, elle comptait aller voir Marisa. Malgré le nouveau mystère auquel elle faisait face et le danger que représentait Lucifuge, la neutralisation de Malbas était sa priorité.
De plus, elle avait moins de chance de croiser ses agresseurs si elle était en mouvement.
La prêtresse mangea un peu puis sortit du temple après un brin de toilette, évitant de réveiller Suika qui dormait dans la pièce principale. Elle avait été tentée de la sortir du sommeil pour la prévenir mais elle doutait que la petite oni ne l'écoute de toute façon.
Et puis c'était à elle de s'occuper de cette histoire.
Reimu fit quelque pas et s'apprêtait à s'envoler lorsqu'une voix s'éleva derrière elle :
- C'est un peu tôt pour aller faire des bêtises, non ?

Il s'agissait de Yukari Yakumo. La Yôkai des Frontières avait la moitié haute du corps sortant d'une faille noire qui était à une trentaine de centimètres du sol. Elle avait un éventail fermé en main et regardait Reimu en souriant.
La miko se tourna vers la femme et s'en approcha.
- Je n'avais pas prévu de vous voir mais vous tombez bien, déclara-t-elle.
- Vraiment ? Il te reste du thé ? s'enquit la yôkai.
- Uniquement si vous répondez à mes questions, lança Reimu.
Yukari eut un léger rire.
- Soit, je t'écoute.
Reimu croisa les bras et inspira profondément. Au fond, elle doutait que Yukari livre ses secrets si facilement.
- Alors dites-moi… Comment… Comment ma mère est-elle morte ?

Plus loin, dans la Forêt de la Magie, un polymorphe se réveillait dans le seul lit de sa maison. Pour une fois, c'était un réveil doux et agréable, non provoqué par un cauchemar et l'Homme en Rouge.
(- J'le crois pas. J'étais peinard et voilà que je retourne en mode spectateur), râla aussitôt Pride.
- J'ai été absent pendant plusieurs jours, que veux-tu de plus ? envoya l'Envieux.
(- Ton corps), lança l'Orgueil.
Réo s'étira puis se leva. Pride n'avait décidément pas changé…
- N'empêche… J'ai vraiment l'impression de me réveiller après un sommeil vraiment très profond…
(- Réveillé par une berceuse. C'est pas mal, fallait le faire)

La veille, Réo avait mangé un peu au stand de Mystia puis était précipitamment allé se coucher. Pride ne s'était pas manifesté de toute la soirée.
Quant à l'Envieux, il se sentait mieux. Son esprit était débarrassé des tourments qui l'avaient secoués précédemment, son "sommeil" l'avait en quelque sorte soigné.
Du moins, pour le moment.
(- N'empêche, depuis que tu as payé ton prix, je ne peux plus me servir de tes pouvoirs), annonça Pride.
- Tant mieux. De toute façon, ton contrôle des ombres est la somme des autres péchés, répondit Réo.
(- Pas faux. Aussi tranchantes que la Lance Ultime, aussi résistantes que le Bouclier, aussi fortes que la Paresse, pouvant manger n'importe quoi comme la Gourmandise, voyant tout comme l'Œil Ultime et pouvant prendre n'importe quelle forme, telle l'Envie… C'est la preuve que je te suis supérieur !)
L'Envie ignora le commentaire et sortit de sa chambre.

Un peu plus tard, ce fut sa maison que le polymorphe quitta. Il était vêtu d'une veste et d'un T-shirt gris ainsi que d'un pantalon noir. Des lignes vertes décoraient le tout.
Pride avait raconté ce qu'il s'était passé durant les derniers jours, ce qui avait permis à l'Envieux de définir ce qu'il comptait faire ce jour-là.
(- Et tu comptes faire quoi, Jealousy ?), s'enquit l'Ombre.
- Détruire le monde en creusant un grand trou avec un canard en plastique et faire exploser un clavier à l'aide d'un calepin vierge de trente-trois ans, sept mois et seize jours, le tout dans l'ascenseur de vingt-deux heures quarante-trois en provenance de Babylone.
(- Oublie pas de ranimer une saucisse à l'aide d'un extincteur usagé lors de la prochaine pleine lune, aussi)
Les deux camarades restèrent silencieux une demi-dizaine de secondes puis rirent en chœur, chose qui était très rare.
- Nous voilà bien partis… fit l'Envieux.
(- Cesse de te plaindre ou de faire l'andouille et dis-moi ce que tu comptes faire), envoya l'Ombre.
- Tu verras bien, rétorqua Réo.
Ce dernier fit encore quelques pas puis se transforma en aigle noir. Il s'envola derechef, prenant soin de laisser Pride dans l'ignorance.

Loin de là, dans une forêt, un Dévoreur était assis contre un arbre. Il semblait pensif et avait le bras gauche tendu. Un petit cube de glace se forma alors au creux de sa main et se mit à léviter tout autour des doigts de l'adolescent.
Il n'avait pas encore faim mais il le savait, ça ne tarderait pas… Encore une fois, il allait devoir tuer.

Ce n'était pas la première fois que ce genre de pensées et de remords l'assaillaient. Cependant, rarement, ou jamais, cela n'avait été si intense. Avant, Malbas éloignait tout cela d'un revers de main mais cela ne semblait plus pouvoir être possible.
Cela venait-il du fait qu'il avait pris cette forme ? Sa vraie forme ?
A ce moment, il n'avait rien pu faire d'autres que traquer et tenter de se nourrir, à la manière d'une machine de guerre. Ainsi, il ne pouvait plus se voiler la face.
Il avait vu ce qu'il était. Ce qu'il était vraiment. Un monstre, condamné à tuer les autres.
Après tout, c'était comme ça que tout le monde le voyait.
Un monstre…
Il avait beau cacher ses tourments sous ses airs mauvais et je-m'en-foutistes, tiens Pride agissait de la même façon, cela commençait à peser.
Pride… Le seul qui pouvait le comprendre…
Malbas eut un rictus en remarquant à quel point ils étaient semblables tous les deux.
Ce fut à cet instant que le Dévoreur sentit que quelqu'un approchait.

Il s'agissait d'une femme aux cheveux verts qui par ailleurs étaient plus long du côté gauche. Elle était vêtue d'une robe bleu-foncé aux manches blanches et au bas noir ainsi que d'un chapeau bleu et blanc décoré d'un emblème en or.
Elle tenait une étrange baguette dans la main gauche.

- Malbas Elric ? demanda-t-elle d'une voix à la fois autoritaire et douce.
- Exact, bravo. A qui ai-je l'honneur ? s'enquit le Dévoreur d'une voix blasée.
- Shikieiki Yamaxanadu, comme le laisse présager mon titre, je suis le Yama de ce monde, répondit-elle.
- Rien que ça. Et qu'est-ce que le Juge des Morts me veut ? Je vis encore… Enfin, si on peut appeler ça "vivre"…
- Je viens vous avertir. Votre karma est bien trop mauvais : si vous veniez à être jugé maintenant, ce que je ne peux pas faire avec ceux que vous avez absorbés tant qu'ils sont en vous d'ailleurs, vous iriez immanquablement en Enfer.
La voix du Yama s'était faite sévère. Malbas se releva en ricanant.
- Forcément, je dévore des gens pour me nourrir. Du coup, c'est moi le méchant. Et ils sont piégés en moi, donc c'est encore pire, lança-t-il sur un ton cynique.
- Ce n'est pas de ça dont je veux vous parler.
Pour une fois, de la surprise apparut sur le visage du tueur. Qu'est-ce que cette femme pouvait bien lui reprocher alors ?
- Ce ne sont pas tant les actions qui importent mais les intentions. Tuer pour se nourrir est un acte commun, que ce soit pour les Humains ou les Yôkais. Tuer pour accroître sa force ou s'amuser, en revanche, est un crime.
- Les Humains tuent des animaux pour survivre… Les Yôkais tuent des humains pour les manger car c'est "un met de choix"… Moi, je me nourris de tout ce petit monde. Je ne suis que le sommet de la chaîne alimentaire et de ce fait, tout le monde veut ma mort…
- Je ne vous reproche pas de vous nourrir. Je vous reproche en revanche toutes ces morts inutiles ou juste par égoïsme et soif de pouvoir. La création de la Pierre Philosophale par exemple, continua Shikieiki.
- Egoïsme ? J'en connais un autre que vous devriez voir pour ça. C'est lui qui mérite d'aller pourrir en Enfer, pas moi.
La haine transpirait dans la voix du Dévoreur.
- Je crois savoir à qui vous faites référence. Mais contrairement à vous, il ne tue que par obligation. Son karma est loin d'être bon mais il n'est pas aussi mauvais que le vôtre. Avec des efforts, il pourrait éviter l'Enfer. Du moins, celui de Gensokyo…
- Allons bon… Lui a le choix, pas moi.
- C'est faux. Vous avez sauvé une petite fille d'une mort certaine il y a quelques temps. Sans la dévorer.
Cet argument fit sourire le Dévoreur.
- En effet. Mais ce que vous dites ne change rien. Je poursuis un objectif depuis toujours et vos paroles ne le changeront pas.
Shikeiki laissa échapper un léger soupir.
- C'est vous qui voyez… Mais même si votre but est en partie compréhensible, le réaliser vous mènera droit en Enfer… Enfin, je vous aurais prévenu.
La Yama s'inclina puis s'éloigna, laissant Malbas en plan.
Celui-ci resta quelques instants immobile.
- Donc elle ne peut pas juger les âmes qui sont en moi… Elles ne sont pas encore considérés comme totalement mortes… Exactement comme si j'étais une Pierre décidément…
Le Dévoreur s'assit alors en tailleur et ferma les yeux. Une idée venait de germer dans son esprit.
Si lui avait pu le faire…
Pendant de longues minutes, Malbas resta immobile. Puis un sourire se dessina sur son visage…

- Je m'ennuie…
A genoux sur une chaise, bras croisés sur le dossier, Flandre jeta un coup d'œil à sa sœur qui lisait un livre, assise dans un canapé rouge.
- Et bien joue, lança le Démon Ecarlate.
- Tu veux bien jouer avec moi ? demanda aussitôt la cadette.
- Attends un peu, je lis, rétorqua la maîtresse du manoir.
Flandre soupira bruyamment. C'était toujours la même chose…
Sakuya entra alors dans la salle, l'expression neutre.
- Maîtresse, nous avons de la visite… annonça-t-elle.
Remilia baissa son livre et regarda sa domestique.
- Ah ? Je ne me souviens pas avoir invité qui que ce soit, fit la vampire.
- C'est qui ? s'enquit Flandre en se redressant un peu sur sa chaise pour mieux voir.

Sakuya s'effaça pour laisser passer…
- JEAAAAAAAAAAAAAAAAAAL' !!!
Un bruit de chaise tombant sur le sol suivit du cri susmentionné fit sursauter Remilia qui n'avait pas eu le temps de reconnaître le visiteur. Celui-ci n'eut pas l'occasion d'esquisser un geste qu'une petite vampire blonde se jetait à son cou, l'envoyant au sol tout en lui faisant un câlin.
- Oui… Content de te revoir Flandre… Tu m'étouffes là…, articula le polymorphe prisonnier de l'étreinte vampirique.
- Oups, désolée, hihihi~
Flandre lâcha son partenaire de jeu et recula de quelques pas, ce qui lui permit de se relever.
- Rien de cassé ? demanda Sakuya qui peinait à garder son sérieux.
- Ça ira, vous en faites pas, répondit l'Envie en se massant le cou.
(- Dites-moi que je rêve…)
- Ravie de te revoir, lança Remilia qui approchait, mains jointes derrière elle.
- Merci, miss Scarlet. Ravi de vous revoir aussi et surtout de voir que tout le monde va bien.
- On t'a donc mis au courant pour l'attaque du manoir, comprit le Démon Ecarlate.
- En effet, c'est pour ça que je suis venu.
Flandre s'agrippa soudain au bras gauche de l'Envieux.
- Dis, dis, tu veux bien jouer avec moi ? demanda-t-elle en levant la tête.
- D'accord, mais…
Un hurlement de joie coupa la parole au polymorphe. Flandre ne lui laissa pas le temps de s'en remettre ou de continuer la conversation puisqu'elle tira son ami pour qu'il la suive. Seulement elle y mettait tant d'énergie et de force qu'elle ne le tirait pas, elle le traînait littéralement sans qu'il ait la possibilité de lutter.
Sakuya et Remilia assistèrent donc, blasées, à ce qui pourrait presque ressembler à un enlèvement. Et qui en était presque un, au fond.
- … Elle a l'air joyeuse, commenta sobrement la domestique.
- Pense à aller voir dans deux ou trois heures… Histoire de vérifier que notre invité n'est pas mort d'une manière ou d'une autre, lança la vampire.
- Entendu. Mais je ne pense pas qu'il risque grand-chose… Votre sœur l'apprécie beaucoup.
- C'est justement pour ça que je te demande d'aller vérifier, fit la maîtresse du manoir.
Elle retourna ensuite sur son canapé et reprit sa lecture.

Quelque part, deux créatures quadrupèdes reniflaient le sol, à la recherche de leur proie. Brunes, elles mesuraient un mètre trente de haut pour deux de long. Des pointes parcouraient leurs corps rachitiques, une haute crête osseuse ornait leur dos et des crocs effilés jaillissaient de leur gueule allongée. Une queue terminée par une pointe acérée se balançait derrière elles.
Leur comportement les faisait ressembler à des chiens. Des chiens sans poils, monstrueux qui reniflaient sans cesse tout en progressant vers leur objectif.

Ailleurs, dans un village peu connu et visité des Humains, une porte coulissante s'ouvrit.
Un homme, vêtu d'un costume blanc et utilisant une canne noire surmontée d'un crâne d'argent, entra dans la demeure et y fit quelques pas.
Il entrait directement dans un salon ayant une table et quelques meubles. Il remarqua alors qu'une faille noire se fermait sur quelqu'un, un homme de toute évidence. Devant la faille se trouvait Yukari qui se tourna par la suite vers le visiteur.
- Te voilà enfin, fit-elle.
- Tu voulais me voir ? demanda le Voyageur.
Il remarqua alors une pinte de bière posée sur une table.
- Qui était-ce ? s'enquit-il.
- Un ami, répondit mystérieusement la Yôkai.
- Et bien… Les choses ont bien changé en mon absence, lança l'homme.
- Ça dépend. Certaines choses ne changent jamais, tu le sais aussi bien que moi.
Yukari avait terminé sa phrase sur un sourire.
Le Voyageur fit mine de ne pas avoir entendu et réajusta son chapeau blanc.

Yukari fit quelques pas dans sa maison et posa une question :
- Tu n'as pas été la voir, n'est-ce pas ?
- Tout dépend de la personne à qui tu fais allusion, répondit l'homme à la canne.
- C'est bien ce que je me disais… Quand comptes-tu le faire ?
Le Voyageur se détourna. Yukari laissa échapper un très léger rire et s'assit à la table.
- Je lui ai parlé ce matin, annonça-t-elle.
- Comme souvent j'imagine, contra l'homme.
- Je ne suis pas souvent réveillée à cette heure-là. Comme à l'heure où nous sommes d'ailleurs, rétorqua la yôkai en joignant ses mains pour poser son menton dessus.
- Tu ne changeras décidément jamais…
- Elle voulait connaître les circonstances de la mort de Surana, lança la femme.
De façade, le Voyageur resta de marbre, appuyé à sa canne.
- Et que lui as-tu dis ? demanda-t-il d'une voix aussi neutre que possible.
- Ça t'intéresse ? Je lui ai dis ce que nous savons. C'est à dire rien. Pour elle un certain Lucifuge Rofocale y serait lié d'une manière ou d'une autre, lança Yukari.
- Possible... Mais tu l'aurais remarqué…
- Ce n'est qu'une hypothèse de Reimu. Et la seule piste que j'ai. D'ailleurs Reimu est certaine que sa mère l'a sauvée d'une attaque de ce Lucifuge. Tout du moins, elle l'espère. Elle a toujours été avancée pour son âge, mais… annonça Yukari.
- C'est impossible. Les morts ne reviennent pas. Jamais.
- Et Yuyuko ? tenta la femme d'une voix ironique.
- Elle sert de sceau à un cerisier Yôkai. Son cas est particulier.
Yukari se remit debout.
- Toujours réponse à tout, n'est-ce pas ? fit-elle.
- Pas à tout, non. Loin de là, répondit le Voyageur.
Yukari s'approchait doucement de lui, éventail fermé en main.
- Au moins tu le reconnais~ D'ailleurs, Shugo n'a toujours pas été retrouvé… Tu t'en souviens n'est-ce pas ?
- Shugo… Son arme, se souvint le Voyageur.
Yukari acquiesça.

Ils se turent pendant quelques instants puis la yôkai soupira, comme si elle avait ressentit quelque-chose.
- Autre-chose vient d'arriver à Gensokyo… Depuis la mort de Surana, la Barrière n'a cessé de s'affaiblir. Il semblerait que de sombres jours approchent, fit-elle.
- En effet… Mais après la nuit pointe toujours l'aube… commença le Voyageur.
- Et de la pluie naît toujours un magnifique arc-en-ciel, compléta Yukari.
Les deux amis échangèrent un sourire entendu.
- Dis-moi, cet ami… Il vient souvent ? demanda l'homme vêtu de blanc.
- Serais-tu jaloux ?~ Il vient plus souvent que toi en tout cas… Je lui raconte parfois ce qui se passe à Gensokyo. D'ailleurs si je t'ai fais venir, c'est parce que j'ai une question importante à te poser…
Le Voyageur attendit que Yukari finisse.
- Sais-tu ce qu'est un Shoot'em up ?

Au Manoir du Démon Ecarlate, la porte d'une chambre s'ouvrit doucement. Sakuya entra à pas feutrés et regarda.
La chambre était remplie d'objets brisés. Personne n'était dedans, toutefois.
La domestique stoppa le temps, fit le ménage et sortit. Le manoir était calme, aucun bruit suspect n'attirait l'attention, aucune explosion ou déflagration ne venait troubler la quiétude du lieu.
Sakuya croisa quelques domestiques qui feignirent d'être affairées à leur travail. Leur supérieur n'y accorda pas la moindre parcelle de son attention, consciente que se serait du temps perdu.
Et le temps était sa spécialité.
Elle stoppa celui-ci afin de trouver les personnes qu'elle cherchait, ce qui lui prit une quinzaine de minutes, en quelque-sorte.

Assit sur un canapé, un livre posé à sa droite, Réo tenait compagnie à Flandre. Sans doute lui avait-il lu une histoire puisque la petite s'était endormie, tête posée sur les genoux de l'Envieux tout comme son bras gauche. Réo quant à lui semblait perdu dans ses pensées et remarqua à peine Sakuya lorsqu'elle entra dans le petit salon que constituait la pièce. Il avait par ailleurs sa main gauche passée dans les cheveux de Flandre, comme pour la bercer.
Outre le canapé, une table ronde et deux commodes meublaient la salle. Un épais rideau masquait quasiment toute la lumière venant de l'unique petite fenêtre de l'endroit, ce qui rendait la pièce plutôt sombre. Les cristaux décorant les ailes de Flandre apportaient gentiment leur contribution, distillant un doux éclairage multicolore.
Sans doute était-ce ce détail qui causait la rêvasserie du polymorphe, comme ensorcelé par les lueurs magiques de la petite fille.

La vampire bougea un peu et ferma ses mains sur les vêtements gris et noir de son partenaire de jeu, comme si elle ne voulait pas qu'il parte, même en dormant. Cette pensée fit sourire le métamorphe qui remarqua enfin Sakuya qui s'approcha en marchant.
- Je venais m'assurer que tout allait bien, informa la domestique à voix basse.
- Aucun problème, affirma l'Envie.
- Parfait. Allez-vous rester jusqu'à demain ? s'enquit la servante.
- Et bien…
Réo semblait hésiter. Il regarda à nouveau Flandre puis continua :
- Je dois d'abord aller voir quelqu'un… Au départ, j'étais juste venu prendre des nouvelles et ne comptais pas rester. Mais maintenant…
- Elle sera triste si elle se réveille et que vous n'êtes pas là, comprit Sakuya.
Réo opina.
- Je ne sais pas quoi faire, honnêtement, avoua-t-il.
- Pardonnez ma curiosité mais cette personne que vous allez voir, est-ce vraiment important ? demanda la femme aux cheveux d'argent.
- Oui… Je dois lui présenter mes excuses au plus vite…
- Je vois… Si je puis me permettre de vous donner un conseil, vous devriez y aller. Il ne faut pas laisser traîner ce genre de choses… Je pense que miss Flandre comprendra. Et avec un peu de chance, vous serez de retour avant qu'elle ne se soit réveillée, proposa Sakuya.
- Vous avez raison… Au pire, si elle est triste, dites-lui qu'en plus, ça me permettra de tenir la promesse que je lui ai faite.
La chef des domestiques acquiesça, gardant ses interrogation quant à cette promesse pour elle.
Réo se décomposa alors lentement en eau et échappa ainsi à la petite vampire qui était toujours endormie. Elle ne sembla pas remarquer quoi que ce soit.
Le polymorphe la regarda quelques instants avant de s'éloigner.

Incroyable la façon dont il s'y était attaché. Elle avait trouvé une place particulière dans son cœur meurtri. On pouvait dire…
Oui, on pouvait dire qu'il la considérait comme une petite sœur. Et il savait que Flandre faisait de même à son égard, elle l'avait déjà appelé une ou deux fois "grand frère".
Pourquoi s'étaient-ils si facilement rapprochés ? C'était étrange et agréable à la fois.
Etrange car cette petite vampire lui était inconnue une semaine auparavant.
Agréable car ainsi, Réo avait l'impression de regagner ce qu'il avait perdu.
Ce qu'il avait perdu…
Ce qu'il avait sacrifié plutôt.
(- Recommence à te lamenter et je te frappe. Et si vous vous entendez bien, c'est parce que vous êtes aussi fous l'un que l'autre), lança Pride alors que le métamorphe franchissait la porte d'entrée du manoir.
- Je te zut, envoya l'Envie.
Le polymorphe fut par la suite entouré d'arcs électriques cramoisis, parcourut d'une lumière d'une même couleur et se changea en aigle noir. Il s'envola sans tarder.

Un peu après une porte torii rouge située après un impressionnant escalier, deux créatures semblables à des chiens continuaient d'avancer. La piste les menait là.
La porte du bâtiment qui leur faisait face était entrouverte.
Les deux créatures reniflèrent encore le sol et avancèrent encore, contournant chacune de son côté une boîte de bois posée devant l'entrée.
Leurs yeux parvinrent à discerner une forme étendue à l'intérieur, sur le sol.
Convaincues d'avoir trouver leur objectif, les monstruosités continuèrent d'avancer silencieusement. La longue gueule allongée d'une des choses lui permit de faire doucement coulisser la porte coulissante qui marquait l'entrée du bâtiment.
Les créatures émirent un râle de satisfaction puis s'élancèrent…

(- Et où tu vas comme ça ?, s'enquit Pride alors que Réo volait toujours au-dessus de Gensokyo.
- Regarde et tu sauras.
L'aigle noir filait à bonne allure vers sa destination. Les reliefs désormais teintés d'orange et de marron qui marquaient la bordure de Gensokyo se dessinaient. De toute évidence, l'Envieux s'approchait des montagnes. Il commença à descendre peu à peu, profitant au maximum des incroyables sensations que le vol lui procurait.
Au final, l'aigle abandonna sa conduite calme et descendit en piqué tout en tournoyant une fois sa destination atteinte. Avant d'atteindre le sol, l'animal ouvrit grand ses ailes, ce qui causa une brusque réduction de sa vitesse. Ainsi, l'Envie put se poser doucement, avant de reprendre forme humaine.
Derrière lui se dressait une porte torii rouge qui marquait l'entrée du Sanctuaire Hakurei, comme la montée de marche qu'il avait fait exprès d'éviter.

(- Je vois ce que tu veux faire, Jealousy), commenta Pride.
Le polymorphe commença à avancer vers le temple en lui-même. Il s'attendait à voir quelqu'un dehors mais de toute évidence, s'il y avait une présence, elle était entre les murs du temple. Une étrange odeur flottait mais le métamorphe était incapable de l'identifier pour le moment.
Dire qu'il avait rêvé de ce lieu avant même de le connaître… Cela avait été son premier rêve avec l'Homme en Rouge, le moins intense, le moins sanglant, mais au fond…
C'était sans doute le plus effrayant, de par ce détail. Comment avait-il pu rêver de ça ? Qu'est-ce que ça pouvait bien signifier ?
Un mauvais pressentiment étreignit l'Envie.
Il passa à côté de ce qui devait être une boîte à donations puis se figea.

La porte coulissante était légèrement ouverte. Ce détail aurait été insignifiant si une flaque rouge ne s'étendait pas, passant dans l'ouverture.
Du sang. Voilà l'odeur étrange que Réo avait sentit plutôt.
Il se crispa et tendit une main tremblante vers la porte. Il avait peur de ce qu'il allait trouver. Car tant de sang ne pouvait signifier qu'une chose…

- Ah bah enfin tu te… Hey, mais qu'est-ce que tu fais là toi ?!
La voix enfantine qui retentit dans le temple lorsque la porte s'ouvrait fit sursauter Réo.
Au pied du métamorphe gisaient deux créatures semblables à des chiens monstrueux.
Il reconnut sans mal Suika, assise en tailleur au beau milieu de la salle. Elle avait sa gourde violette en main et but quelques gorgés de saké.
- Suika, c'est toi qui as fais ça ? Tu vas bien ? s'inquiéta tout de même le polymorphe.
La petite oni lui jeta un regard indéfinissable puis soudain lui jeta sa gourde dessus. Le choc fut tel qu'il éjecta Réo de l'intérieur du temple. Il s'écrasa dans la cour du Sanctuaire sans comprendre.
- Ouch…

Le polymorphe se relevait à peine que l'un des cadavres des monstres vola dans sa direction.
Dans un chuintement, les doigts de la main gauche du métamorphe s'allongèrent pour atteindre une longueur d'environ un mètre. Leur aspect évoquait désormais de longues griffes noires. Celles-ci tranchèrent le projectile qui s'éparpilla en morceaux sanguinolents. Puis la Lance Ultime se rétracta.
- Suika, arrête ! cria Réo.
(- Je crois qu'elle t'en veut), lança Pride.
L'Orgueil devait être dans le vrai car, loin de se calmer, Suika fonçait vers l'Envie. La rouquine tenait le deuxième cadavre par la queue et s'en servit comme arme pour frapper le changeur de forme une fois à portée.
Réo se jeta au sol pour esquiver l'attaque horizontale. L'oni tourna sur elle-même avant de fracasser son arme improvisée sur son adversaire. Il évita à nouveau, roulant sur la droite cette fois.
- Suika, je m'excuse ! Arrête, s'il te plait ! essaya l'Envieux.
La rouquine suspendit son troisième assaut qui était déjà amorcé.
- Pas trop tôt, fit-elle.
- Désolé… Vraiment… Pardon… continua Réo.
- Mouais…
Suika se retourna vers le temple, avança un peu puis fit volte-face et écrasa le cadavre sur Réo qui cette fois, se le prit de plein fouet.
- Là, c'est bon. Tu croyais quand même pas que ça allait être si facile ? lança la petite avant de boire un peu à sa gourde.
- Aïe… Beeen…
La métamorphe était entouré d'éclairs rouges et tenta de se relever. Suika posa un pied sur son torse et appuya afin de l'obliger à rester au sol.
- Doucement mon coco, t'es pas encore totalement pardonné. Et pas la peine de me raconter ton charabia sur l'Envie et tout ça, j'en ai rien à faire, annonça Suika.
(- Ou plutôt Reimu a tenté de lui expliquer et elle n'a rien compris), grinça l'Orgueil.
- Alors… Qu'est-ce que je dois faire pour que tu me pardonnes ? s'enquit le polymorphe qui se sentait en très mauvaise posture.
- Aller boire un coup avec moi, venir la prochaine fête quand j'aurai convaincu Reimu d'en faire une, me laisser dormir chez toi et squatter quand j'veux, boire un coup avec moi, terminer ta maison, venir boire un coup avec moi et Yuugi, énonça la petite oni.
- Euh… J'accepte, balbutia le polymorphe.
(- Elle a pas oublié que tu devais boire avec elle ?), ironisa l'Ombre.
- Vrai de vrai ? Tu me promets de faire tout ça ? insista Suika.
Avec les onis, les promesses étaient sacrées. Et les mensonges proscrits.
- Je te le promets, Suika.
- Bah voilà, c'était pas si difficile, fit la petite fille en laissant Réo se relever.
(- C'est la deuxième fois que t'as une promesse à tenir. Encore avec une gamine. Coïncidence ? Je ne pense pas…), railla l'Ombre.
L'Envieux ignora le commentaire de Pride et reporta son attention sur Suika. La petite oni avait croisé les bras et esquissait un sourire narquois.
- Pas la peine de te la jouer. D'ailleurs c'est qui cette Yuugi ? demanda Réo.
- Une amie qui vit dans l'Ancienne Cité, avec les autres onis. Je suis la seule de mon espèce à être à la surface. Yuugi est très forte, j'aimerai bien vous voir vous battre. Elle aime les personnes fortes, expliqua Suika.
(- Je rêve ou elle vient de dire que t'es fort ? Faut qu'elle arrête le saké, et vite), lança Pride.
- On verra bien… Elle est où cette Ancienne Cité ? J'en ai jamais entendu parler, soupira Réo.
- Dans le Monde Souterrain. Je te montrerai l'entée, une fois que je t'aurai totalement pardonné, répliqua Suika.
- J'ai compris… Par contre, où est Reimu ? Je comptais également lui présenter mes excuses…
- Sais pas. Chez Marisa ptet, informa la petite fille en haussant les épaules.
- Chez Marisa… Que de souvenirs…
(- Chez elle ou le Master Spark que tu t'es pris ?)

Le ventre de Réo émit alors un gargouillement de protestation. Il devait être aux alentours d'une heure de l'après-midi et la faim commençait à se faire sentir.
- J'ai déjà mangé, annonça Suika.
- Pas grave. Il y a largement de quoi manger ici… annonça le polymorphe. ()
Suika haussa un sourcil en voyant le métamorphe s'approcher du cadavre d'un chien monstrueux.
(- Gluttony the return ? C'est le péché dont tu te sers le moins, d'ailleurs. C'est pratique pourtant : manger n'importe quoi en n'importe quelle quantité et pouvoir pister qui tu veux avec ton odorat. Quand t'auras compris comment t'en servir… Et pense à faire tes spells, pour que tu sois "fort", ahah)

Alors que Pride parlait, Réo s'était mis à dévorer le cadavre de la créature. Grâce au pouvoir conféré par la Gourmandise, tout y passa, que ce soit chair, muscles, organes et os. Par la suite, le métamorphe mangea les morceaux éparpillés du deuxième monstre.
- Pas mal pour nettoyer, nota Suika une fois qu'il eut terminé.
Elle s'était assise sur la boîte à donations et sirotait son saké qu'elle pouvait avoir en quantité illimitée.
(- L'aspirateur le plus flippant de l'histoire de l'Humanité), renchérit Pride.
L'Envieux s'approcha de la petite oni.
- Et maintenant ? fit-elle.
- Et bien, j'ai des tas de choses à faire maintenant. Enfin autant régler cette histoire et aller voir Reimu, proposa Réo.
- Okay. Je viens avec toi, comme ça on pourra attaquer la suite du programme tout de suite, annonça Suika.
Joignant le geste à la parole, elle sauta de son perchoir et rejoignit le polymorphe.
- Bon ben pour voir Flandre, c'est foutu je pense, pensa l'Envie.

Les deux amis presque réconciliés avancèrent un peu dans la cour. Ils allaient partir par la voie des airs lorsque quelque-chose attira leur attention.
Des bruits de pas provenaient de l'escalier. Au même moment, Réo put sentir une odeur particulièrement déplaisante.
- Reimu ? tenta Suika alors que ce qui approchait n'était pas encore apparu.
- Je… Je ne pense pas, fit l'Envieux alors que la forme apparaissait.

Ses pas étaient malhabiles. Ses bras ballants et sa posture, légèrement penchée vers l'avant, donnaient l'impression qu'elle allait s'effondrer. La personne qui approchait était vêtue de haillons noirs et blancs et saignait en de nombreux endroits. Sa peau était grisâtre, sa bouche ouverte laissa échapper un râle lorsque ses yeux voilés se posèrent sur les deux amis qui furent parcourus d'un frisson.
- C'est impossible, murmura Réo.
"Tout est possible" aurait pu répondre le zombie en laissant échapper un nouveau râle. Il venait de passer la porte torii et continuait d'avancer. Derrière lui, d'autres formes semblables avançaient lentement.
- C'est quoi ça ?! s'écria Suika.
- Je… Je sais pas ! répondit Réo en reculant.
Les râles des zombies agressaient les oreilles des deux amis. Cinq de ces créatures venaient d'arriver dans la cour, entourant leur confrère. La tête d'un homme était penchée sur le côté. Ce qui avait dû être une femme avait un bras qui menaçait de tomber. Un autre avait perdu la moitié de sa mâchoire. Un autre encore avait l'œil droit qui pendait hors de son orbite.
- Réo… Qu'est-ce qui se passe ? demanda Suika en avalant difficilement sa salive.
Yeux braqués sur les morts-vivants, l'Envieux ne répondit pas.
Les râles des zombies le firent à sa place.
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeJeu 17 Mai - 22:31

Chapitre 19 : Morte Marche


"La plus grande arme des morts-vivants est la peur qu'ils inspirent. Peur qu'ils ne ressentent pas, tout comme la fatigue ou la faim.
Leur intelligence en revanche..."
Khelya Inghan



(♪) La journée avait pourtant bien commencé. Le matin même, tout allait bien, tout était "normal", du moins autant que ça pouvait l'être à Gensokyo. En théorie, ce jour devait être calme, tranquille.
En théorie.
Les six morts-vivants qui se tenaient à l'entrée du Sanctuaire Hakurei ne semblaient pas vouloir que cette journée reste reposante. En toute objectivité, ils n'étaient pas très impressionnants mais pourtant, Suika et Réo étaient paralysés par la peur.
Une peur qui venait du fond d'eux-mêmes, irrépressible et presque surnaturelle. Une peur qui les faisait trembler alors qu'éliminer cette menace était loin de leur être difficile.
Lentement, les zombies continuaient d'approcher. Les souffles rauques qu'exhalaient leurs bouches en putréfaction augmentaient le malaise des deux amis qui se mirent toutefois en position de combat.
(- C'est pas pareil que dans les jeux vidéos, hein ?), glissa Pride.

Pour une fois, l'Orgueil disait vrai. C'était sans doute pour ça que Réo était pétrifié ainsi. Il avait beau avoir vu plusieurs centaines de morts-vivants dans des films, mangas, jeux et autres, en voir en face de soi faisait un tout autre effet.
Un peu comme les fées.

Sans crier gare, les morts qui marchaient se précipitèrent sur leurs proies. Leurs mouvements étaient désordonnés mais ils gagnèrent de la vitesse, se divisant en deux groupes de trois.
Dix mètres… Sept mètres… Cinq… Quatre… Trois… Deux…
Réo ne sortit de sa torpeur que lorsqu'il entendit un zombie s'écraser contre la porte torii, éjecté par la puissance du poing fermé de Suika qu'il s'était prit en plein ventre.
Le polymorphe remarqua alors un bras en putréfaction qui se tendait vers lui et dont la main tenta de lui saisir l'épaule gauche. Il évita en jetant la partie haute de son corps en arrière avant de reculer, alors qu'un des morts-vivants qui l'avaient pris pour cible s'avançait dans un râle.
(- Réagis, bordel !), hurla Pride.

Cela acheva de réveiller Réo. Son avant-bras droit s'entoura d'éclairs rouges et se mua en une lame métallique imposante reliée au reste du bras par des fils organiques noirs. La lame se prolongeait, bien que plus finement, après avoir passé ce qui était le coude, atteignant l'épaule, ce qui rendait possible l'appellation de double-lame. Réo la nommait toutefois comme sa "lame lourde", en raison de sa taille.
Le métamorphe exécuta un tour sur lui-même tout en levant sa lame puis l'abaissa avec force sur le cadavre ambulant le plus proche. Avec un bruit mou et sans trop de résistance, la lame traversa le corps putréfié et le trancha en deux, partant de la droite du cou pour ressortir par la hanche gauche.
Les deux moitiés du corps s'effondrèrent avec un minimum de saignements.

Les deux autres morts-vivants qui avaient jeté leur dévolu sur l'adolescent n'eurent pas le temps de l'attaquer également, deux boules d'énergie violettes entourées d'éclairs blancs percutèrent leur tête, les en privant dans une explosion.
Quant à Suika, elle défonça le crâne d'un des zombies en l'attrapant pour le fracasser contre le sol, en le soulevant d'une seule main comme s'il n'avait rien pesé. Un autre tenta de l'attaquer mais la sphère jaune qui se balançait au bout de la chaîne attachée au poignet gauche de la petite oni l'en empêcha.
Il était difficile d'effectuer une action quelconque quand le crâne était semblable à une crêpe à la confiture périmée.
Le premier mort-vivant qui s'était jeté sur Suika s'était relevé après son baptême de l'air et avançait à pas lents. Il fut stoppé par une troisième sphère d'énergie violette.

Réo se retourna alors que la rouquine buvait quelques gorgées de saké. Il se doutait que quelqu'un était intervenu.
Ce ne fut donc qu'une demi-surprise lorsqu'il vit Mima à l'entrée du Temple Hakurei.
- Tu avais l'air mal parti, lui lança-t-elle d'une voix ironique.
- Peut-être, merci… Mima c'est ça ? Pride m'a parlé de vous, affirma l'Envie en redonnant une forme normale à son bras droit.
- En bien j'espère. Passe-lui le bonjour, Réo Ryu.
- Comment connaissez-vous mon nom ? s'étonna-t-il.
- Reimu m'a parlé de toi.
- En bien j'espère.
Mima ricana légèrement.
- Hey, Mima, tu sais d'où viennent ces trucs ? demanda Suika en approchant, gourde en main.
- Pas la moindre idée. Ce sont des corps ranimés, c'est une certitude, mais je ne garantis pas qu'ils viennent de Gensokyo. Regardez leurs vêtements, expliqua la magicienne.
En y prêtant plus attention, Réo remarqua qu'un mort portait une veste sombre en mauvais état qui ne ressemblait pas à ce qu'il avait vu à Gensokyo.
Ni à ce qu'il y avait dans le Monde Humain.
C'était également le cas d'un brassard noir étrange passé au bras droit d'un cadavre.

- Mais alors d'où ils sortent ? lança l'Envie.
- Va savoir. Mais quelque-chose me dit qu'ils ne sont pas seuls, fit Mima.
(- Apocalypse zombie en vue), railla Pride.
- De toute façon, Reimu va punir le responsable, affirma Suika.
La petite oni fit quelques pas maladroits et but encore à sa gourde avant de s'affaler sur le sol. Mima la regarda d'un air consterné puis reporta son attention sur Réo.
- L'alcoolique a intérêt à avoir raison, soupira l'esprit.
- J'ai raison ! contra Suika.
Mima retint une remarque désobligeante puis resta pensive quelques secondes. Son expression changea rapidement, comme si elle venait de comprendre quelque-chose.
- Réo, trouve Reimu. Et vite ! le pressa la magicienne.
- Quoi ? Euh, pourquoi ? demanda l'envieux, surprit pas le brusque changement d'attitude de son interlocutrice.
- Pas le temps d'expliquer ! Il ne faut pas qu'elle enquête sur ce qu'il se passe ! Dépêche-toi, trouve-la et ramène-la ici, de force s'il le faut !
La voix de Mima ne souffrait d'aucune contradiction. La lueur de panique que l'Envie discernait dans ses yeux le dissuada de poser des questions.
- Bien, j'y vais… Je comptais aller la voir de toute façon, ça tombe bien.
- Je reste ici ! annonça Suika, alors que quelques minutes plus tôt elle disait le contraire.
Mais la dose d'alcool présente dans son sang avait changé entre-temps.
Le métamorphe se changea en aigle sans demander son reste et s'envola vers la forêt où il possédait une habitation.

- Qu'est-ce que…
Malbas n'eut pas le temps de terminer sa phrase que l'être qui lui faisait face se jeta sur lui pour lui asséner un coup d'épée.
Il s'agissait d'une sorte de zombie. Son corps était amincit, brunâtre et desséché, comme les victimes du Dévoreur. La carcasse ambulante avait un casque et une armure de métal et de cuir, ce qui en plus de son arme, jetait le doute quant à son monde d'origine.
Le geste avait été plus rapide que la démarche lente dont la carcasse faisait preuve. Le Dévoreur parvint toutefois à esquiver en pivotant sur la gauche. Alors que la lame de son adversaire se trouvait prêt du sol, Malbas arma son bras gauche et attrapa le visage de la carcasse.
Il écarquilla les yeux lorsqu'il comprit qu'il n'avait rien à dévorer. Cette chose était belle et bien morte ce qui ne l'empêcha pas de lever sa lame.
Toujours en position, Malbas réagit au quart de tour. Plusieurs éclairs rouges crépitèrent puis l'arrière de la tête du mort-vivant explosa, ainsi qu'une partie de ce qu'il y avait dedans. Cela suffit à le neutraliser et le Dévoreur lâcha son totalement mort adversaire qui s'effondra et ne bougea plus.
Comment une telle chose s'était retrouvée ici ?
Quoi qu'il en soit, Malbas avait désormais la preuve que les morts-vivants étaient insensibles à son pouvoir de Dévoreur. Du moins, ceux qui s'apparentaient aux zombies.
Plusieurs râles firent se retourner le tueur. Trois morts-vivants plus classiques, cadavres en décomposition lents et sans armes, lui firent face entre les arbres de la Forêt Yôkai.
- Bon sang… C'est quoi ce délire ? se demanda à voix haute le Dévoreur.
Ses trois ennemis ne cherchèrent pas à comprendre et se jetèrent, à leur rythme, sur lui…

A l'orée d'une forêt, un être regardait le village qui se dressait non loin. Difficile de dire un "homme" puisqu'il n'avait plus de chair depuis longtemps. Il n'était désormais plus qu'un squelette vêtu d'une robe de sorcier noire ornée d'or au niveau des manches. Il avait rabattu sa capuche sur son crâne et une lueur rouge émanait de ses orbites vides. Dans la main droite, il tenait un sceptre fait de métal noir et terminé par une pointe en spirale qui s'enroulait autour d'une sphère rouge brillante incrustée dans le bâton.
L'être ricana dans une succession de bruits rauques paraissant venir de loin.
D'outre-tombe.
Il fit ensuite volte-face et s'enfonça dans la forêt…

Il devait être quinze heures lorsqu'un aigle noir se posa entre deux arbres de la Forêt de la Magie. Le rapace regarda autour de lui avant de s'entourer d'éclairs rouges pour au final devenir un être humain.
En apparence.
Réo Ryu, comme il était appelé dans son ancienne vie, était-il encore un "humain" ?
Avec tous ses crimes, toutes ses âmes qui grouillaient en lui, tous ses pouvoirs extraordinaires… Pouvait-on encore le qualifier d'humain ?
Ou pouvait-on le considérer comme un yôkai ? Voir comme un simple… Monstre ?
Comme le faisait souvent son homologue Dévoreur, Réo écarta ses questions d'un revers de main.
L'urgence était de retrouver Reimu pour une raison qui demeurait un mystère.

(- Sérieusement, c'est quoi ce délire ?), commenta Pride.
- Aucune idée, soupira l'Envie.
Réo avança de quelques pas. Il ignorait par où commencer.
(- Utilise le pouvoir de la Gourmandise, imbécile)
- Et je fais comment pour discerner l'odeur de Reimu parmi les autres, gros bêta ?
Le métamorphe grogna légèrement. Peu à peu, son humeur changeait, tout comme ses pensées. Il lui fallait du sang…
Ce fut à ce moment qu'il entendit les plaintes caractéristiques des morts-vivants. En effet, une vingtaine de zombies approchait d'entre les arbres.
Tous étaient différents, tous avaient été quelqu'un autrefois. Tous avaient eus une vie, une famille, des amis… Désormais, ce n'étaient plus que des tas de chairs et d'os qui avançaient, animés par une magie occulte.
Tous ces détails, Réo s'en fichait. Bercé par les râles des cadavres ambulants, les yeux mi-clos, un rictus de mauvais augure apparaissait sur ses lèvres alors qu'il transformait lentement ses deux bras dans un spectacle d'éclairs écarlates.

Ceux-ci devinrent noirs et couverts de quelques petites pointes souples. Les doigts s'allongèrent et devinrent des griffes métalliques de trente centimètres. Réo ouvrit ses mains, ses griffes faisant un léger chuintement. Puis le polymorphe se rua sur ses adversaires.

Ses petites lames tranchèrent les deux premiers morts-vivants, deux hommes adultes dans le sens de la hauteur. Ils ne saignèrent que peu par rapport à des vivants mais le peu qui jaillit aspergea le polymorphe qui sourit encore plus intensément.
Un mort qui approchait fut décapité d'un simple revers du bras gauche. Celui-ci redevint normal dans une gerbe d'étincelles cramoisies, à l'exception de la main qui était désormais recouverte de carbone noirâtre. Le bras droit, lui, devint la classique lame lourde.
Réo tourna sur lui-même, tranchant quatre adversaires qui s'effondrèrent, arrosant un peu plus les alentours de liquide rouge.
Le polymorphe se mit alors à rire. Un rire dément, empli d'un sadisme évident.
Il attrapa la tête d'un zombie avec sa main gauche et serra simplement. Le crâne éclata comme un fruit trop mûr. Sans prise pour le saisir, Réo laissa le cadavre désormais immobile tomber.

Il exultait. Non, plus que ça.
Il se sentait… Bien. Incroyablement bien. C'était si bon.

Le bras droit de l'Envieux redevint normal, main seulement recouverte du Bouclier Ultime. Il attrapa rapidement un mort-vivant par le cou et plongea sa main droite dans son ventre, sous la cage thoracique. Ses trois doigts se refermèrent sur la colonne vertébrale de son ennemi. Avec une lueur de jubilation malsaine et malade, le polymorphe tira, extrayant l'assemblage de vertèbres du corps du zombie qui ne bougea plus.
La colonne servit d'arme puisqu'un autre adversaire se la prit en plein visage. La force du coup fut telle que l'arme improvisée et la moitié du crâne explosèrent.
Un autre mort, une femme assez jeune, qui approchait fut saisi par le col puis, d'un tour de rein, fracassé tête la première contre le sol.
Le fluide vital écarlate voleta un peu partout. Les yeux fous teintés d'un léger reflet vert de l'Envie allaient et venaient, cherchant frénétiquement des adversaires.
Tuer.
Tuer, tuer, tuer encore, tuer, tuer toujours plus !

D'une violente et inhumaine accélération, le polymorphe percuta un autre de ses ennemis qui se disloqua contre le tronc d'un arbre, lequel tomba sous la violence du choc.
L'Envieux se retourna brusquement vers un zombie qui approchait. Il lui saisit l'épaule avec sa main droite puis, avec la gauche, arracha simplement sa tête d'un mouvement ascendant. Toujours plongé dans sa furie meurtrière, le métamorphe jeta le cadavre qu'il tenait encore sur deux autres morts-vivants qui perdirent le peu d'équilibre qu'ils possédaient et tombèrent.
L'index et le majeur gauche de Réo s'allongèrent alors en un chuintement. Devenus deux longues griffes noires, il perforèrent les têtes des deux corps en décomposition telles deux lances télescopiques.
Le sourire qui n'avait cessé de flotter sur les lèvres du métamorphe disparut soudain, de même que l'éclat vert de ses yeux.
La Lance Ultime se rétracta, le Bouclier disparut… Sans raison apparente, la folie sanguinaire de l'Envieux s'était stoppée.
Hébété et haletant, il regarda les cinq zombies qui avaient survécus, lesquels étaient à moins d'une dizaine de mètres.

Le brusque changement de situation leur avait totalement échappé. Bras ballants et corps penché, ils se contentaient d'effectuer quelques pas maladroits. Le massacre qui s'était produit ne les avait pas affectés le moins du monde.
L'un d'eux tourna sa tête en décomposition vers l'Envie et poussa une plainte rauque. Les quatre autres firent de même et se préparèrent à attaquer. Réo ne leur en laissa pas le temps : la Lance Ultime se déploya à une vitesse fulgurante et les cinq doigts de la main gauche du métamorphe transpercèrent chacun le crâne d'un mort-vivant.

Le polymorphe tourna sur lui-même, découvrant ainsi l'ampleur du carnage.
- C'est… C'est moi qui ai fait ça ? réagit-il, presque horrifié.
Le sang maculait le sol et avait giclé sur les arbres. Une affreuse odeur de cadavres et de mort flottait tout autour de ce qui n'était plus que débris humains éparpillés aux quatre vents.
D'autres auraient pu avoir la nausée, ce ne fut pas le cas de Réo. Ce n'était pas le macabre spectacle qui l'épouvantait mais le fait qu'il en soit l'auteur. Sans qu'il puisse réagir, il avait basculé dans cette folie, cette frénésie démente qui ne se satisfaisait que dans le sang.
Et jamais elle n'avait été aussi féroce et déchaînée. Excepté le jour où il avait payé son prix. Ce ne pouvait pas être une coïncidence.
Une voix s'éleva alors.
Une voix que Réo aurait reconnue entre mille :
- Et bien, et bien, regardez-moi ce charnier... Une véritable machine à tuer, nous sommes fiers de toi, Jealousy.

Lucifuge Rofocale approchait à pas lents et mesurés, mains jointes devant lui. Un rictus déformait ses traits, mis en valeur par la lueur malsaine qui brillait dans ses yeux rouges.
- Que me voulez-vous ? demanda sèchement l'Envieux.
Le Premier Ministre ricana, amusé par le ton employé.
- Quelle agressivité ! Moi qui suis venu vous faire une proposition…
Comme à son habitude, le démon avait employé une voix mielleuse, telle une toile d'araignée qui allait piéger son interlocuteur.
- Comment ça ? Je ne vous dois plus rien ! s'exclama Réo.
Lucifuge leva son index droit et fit signe que l'Envie se trompait. Un rouleau de papier apparut dans une gerbe enflammée dans la main gauche du Premier Ministre qui vérifia quelque-chose.
- Erreur, mon jeune ami. Auriez-vous oublié ? Vous nous devez 135 âmes humaines et ce, par période de deux mois. Votre mémoire est bien mal en point, serait-ce dû au choc post-traumatique ?
Réo recula.
Encore ? Il devait encore tuer ?
Le pacte disparut de la main de Lucifuge qui continua :
- Vous êtes fais pour tuer, ne l'oubliez pas. Vos pouvoirs font de vous une arme vivante, un tueur-né.

Un frisson glacé descendit le long du dos du métamorphe. Une machine à tuer…
Un monstre…
Tant de gens allaient encore mourir.
- Si vous ne vous acquittez pas de votre dette, vous rejoindriez Seïth, Inya et les autres Damnés. J'avoue avoir hâte de vous avoir sous mon commandement… Votre masque n'attend plus que vous, énonça Lucifuge.
- Je préfère tuer que vous obéir et perdre mon âme, rétorqua Réo d'une voix tremblante.
- Vraiment ? Je sens pourtant que cette perspective ne vous plait guère… D'où la proposition que je veux vous faire.
L'Envie ne répondit pas.
- Il s'agit d'un petit marché. J'aimerai que vous me rendiez un petit service. Une bagatelle, vraiment. En échange, votre dette serait définitivement effacée. Vous ne nous devriez plus rien, quoi qu'il arrive.
(- Rien que ça…), grinça Pride.
Lucifuge laissa un peu planer le suspens, laissant ainsi Réo réfléchir.
- Et… Quel est ce service ? s'enquit le polymorphe.
- Peu de choses, vraiment… Tuez Reimu Hakurei.

La surprise fit presque sursauter Réo.
- Quoi ?! C'est hors de question ! Pourquoi ferai-je une chose pareille ? s'indigna-t-il.
- Vous n'avez pas à tout savoir. Tuez-la et votre dette est effacée. C'est aussi simple que cela, continua le démon.
L'esprit de l'Envieux tournait à toute vitesse.
Pourquoi Lucifuge en voulait-il à Reimu ? Qu'est-ce que ça signifiait ? Pourquoi ?
- Je… Non… Je ne… bredouilla le polymorphe.
- Ne faites pas l'innocent. Vous pouvez me rendre ce service. Vous n'êtes pas proches il me semble. Et même si c'était le cas, rien ne vous empêcherait de le faire… Après tout…
Lucifuge approcha et continua d'une vois plus basse :
- Vous l'avez déjà fait~

Réo détourna le regard, mâchoires serrées. A l'inverse, le rictus du Premier Ministre s'était élargi. Il prenait un plaisir évident à voir l'Envie se débattre face à l'évidence. Il savait sa proie piégée, à sa merci.
- Allons, du calme… Faites ce que je vous dis et vous n'aurez plus à payer, vous serez en paix…
Lucifuge était tout proche désormais.
- Je n'ai pas… commença le métamorphe.
- Le droit ? Mais quelle importance ? Ce n'est pas votre monde, vous n'avez aucune attache ici… Et qui saurait l'identité du responsable ? Un polymorphe est bien difficile à identifier…
La voix du démon s'était fait murmure. Il tournait autour de Réo et distillait ses paroles tel du venin. L'Envieux regardait partout ailleurs, évitant de croiser le regard rouge de Lucifuge.
- Je ne peux pas, voulut rétorquer le métamorphe d'une voix blanche.
- Vraiment ? Regardez autour de vous… Tous ces morts… Tout le sang que vous avez fait couler… Tout ce sang que vous avez sur les mains…
Réo regarda ses mains. A cet instant, il fut certain de les voir couvertes de sang chaud.
Lucifuge recula de quelques pas et se tut, attendant la réponse de l'Envieux.
- … Et si… Je ne la tue pas ? s'enquit ce dernier en osant enfin regarder le démon.
- Et bien vous paierez votre dette, voilà tout. Ce n'est pas un pacte de sang, juste un petit arrangement entre nous… Et vous savez que je n'ai qu'une parole.
- Je ne suis donc pas obligé de le faire si j'accepte ? continua l'Envie.
- En effet. Mais réfléchissez, vous avez bien plus à gagner en me rendant ce service…
Lucifuge tendit sa main gauche.
- Alors, marché conclu ?
Réo hésita. Il était coincé, aucune des deux options ne lui convenait.
Mais c'était lui qui avait signé le pacte. Une goutte de sang qui avait changé sa vie.
- J'accepte. Mais je ne vous promets rien, soyons bien d'accord.
Cachant ses réticences, le métamorphe serra la main du démon qui se recula juste après.
- J'en prends note, ne vous en faites pas. Et puis, je ne compte pas que sur vous…
Ce ne fut qu'à cet instant que Réo compris.
- Les zombies… C'est vous ? fit-il, éberlué.
Lucifuge ricana avant de répondre :
- Je vous prierai de ne pas me gêner dans mes opérations. Il ne vous sera fait aucun mal, vous êtes un précieux investissement. Mais si vous vous mettez en travers de ma route, je ne montrerai aucune pitié. Si vous voulez profiter de notre accord, je vous conseille de vous dépêcher de retrouver cette Reimu avant que je ne le fasse.
Réo s'apprêtait à répondre mais une voix rauque, peu agréable à entendre s'éleva :
- Tout est prêt. Si vous avez terminé de mettre mes petits en pièces et de discuter, nous pouvons y aller.

Réo se tourna vers la voix. Son sang se glaça dans ses veines.
Un squelette vêtu d'une robe de sorcier noire et ayant ce qui devait être un sceptre se tenait entre les arbres. L'éclat rouge du cristal encastré dans le bâton s'alliait à ceux des lueurs rouges qui servaient d'œils à l'être.

- Bien, parfait, Khel. J'en ai terminé ici et Jealousy ici présent a sans doute des choses très importantes à faire, n'est-ce pas ? demanda Lucifuge.
L'ordre implicite était toutefois sans équivoque.
Réo hocha la tête et s'éloigna rapidement. Il ignorait qui était ce Khel, et il ne voulait pas le savoir.
Il ignorait où était Reimu et ne voulait pas le savoir.
Il ignorait les plans de Lucifuge et ne voulait pas les connaître.
Le métamorphe alla tout droit, à pied, sans désirer autre-chose que s'éloigner. Fuir, fuir ce cauchemar qui semblait ne pas avoir de fin.
Fuir. Fuir le plus loin possible.

Le dénommé Khel ignora la fuite de l'Envieux et balada ses orbites vides sur les cadavres qui parsemaient les alentours. Ils étaient dans un tel état qu'il ne pouvait pas les relever à nouveau. Du moins, pas de la même façon.
- Vous êtes sûr qu'il coopèrera ? demanda-t-il de sa voix d'outre-tombe.
- Tôt ou tard, il se rendra compte qu'il n'a pas le choix, répliqua Lucifuge.
- Et s'il tente de protéger les autres ? Dois-je le considérer comme un ennemi de plus ? continua Khel.
- Notre priorité est la prêtresse. S'il s'interpose, nous le traiterons comme les autres. Il ne m'obéit pas par loyauté, mais par peur. J'aime à penser qu'à un moment, cette peur sera trop forte et qu'alors, il se retournera contre Hakurei. Il est fait pour tuer en notre nom, expliqua le Premier Ministre.
- Si vous le dites… Je ne suis pas dans vos histoires, prévint le squelette.
- N'oubliez pas notre accord. Faites ce que je vous dis et Kraïsen vous renverra d'où vous venez.
- Et c'est la seule raison pour laquelle je vous aide, annonça Khel.
- Toutes les liches sont aussi peu serviables que vous ? lança le démon.
- Vu que je n'ai pas envoyé Kridaan pour "négocier", j'estime être bien assez serviable, rétorqua le mort-vivant.
Son regard rouge se posa à nouveau sur les cadavres. Il fit plusieurs gestes avec son sceptre qui s'illumina. Un halo de lumière rougeâtre entoura sa main droite, celle qui ne tenait pas le bâton, main qu'il leva tout comme son sceptre.
Le même halo entoura les cadavres. Il y eut un léger bourdonnement, la peau et les muscles de la plupart se mirent à tomber en poussière pour ne laisser que les os. Tous se mirent alors à voler dans tous les sens pour finalement se rassembler, se souder, se fondre entre eux en d'horribles craquements. Khel avait toujours les bras levés. Le bas de sa robe de sorcier volait sous les rafales de vents qui s'étaient levées.
Tout autour, plus aucun bruit ne se faisait entendre. Les oiseaux s'étaient tus, même le bruissement des arbres était imperceptible.
Khel baissa les bras lorsque ce qu'il voulait s'était formé.

Composé des os de la vingtaine de morts-vivants abattus par Réo, il s'agissait d'une sorte de squelette géant ou d'un golem. Haut d'un peu moins de trois mètres, il avait ses longs bras ballants le long de son corps. Son crâne était monstrueux mais rappelait vaguement celui d'un humain, mâchoire figée en un immonde rictus. Des crânes constituaient des coudes, genoux et épaules.
Khel frappa alors le sol de son sceptre dont le cristal rouge brillait toujours. La lumière écarlate passa par le sol et alla à la rencontre du golem. L'intérieur de sa cage thoracique, et tous ses crânes s'illuminèrent alors d'une froide lueur cramoisie.
Lucifuge esquissa un rictus lorsque le golem fit jouer ses longs doigts terminés en pointe.
- Allez-y, ordonna-t-il à Khel.

En bordure du Village Humain, dans l'allée cernée de longs murs qui se trouvait devant le Temple Myouren, Murasa Minamitsu et Shou Toramaru discutaient.
Ou plutôt, l'une essayait de raisonner l'autre.
- Tu ne peux pas faire ça, Murasa, arguait calmement la yôkai tigre.
- Et tu comptes faire quoi ? Attendre que ce Dévoreur ait tué tout Gensokyo, peut-être ?
La capitaine était furieuse mais sa voix trahissait la peine qu'elle éprouvait.
- Bien sûr que non mais foncer tête baissée seule est une mauvaise idée. Attends un peu, nous irons avec mademoiselle Hijiri une fois que Mamizou, Kyouko et Ichirin seront revenues. Ce type n'est pas à prendre à la légère, continua la disciple de Bishamonten.
- M'en fiche. Il a tué Nue !
Si aucune larme ne ruisselait sur les joues de la fille vêtue d'une tenue de marin blanche, ses yeux n'en étaient pas moins humides.

Un croassement coupa court à la discussion. Derechef, les deux amies tournèrent la tête pour voir un corbeau, perché sur un des murs qui les environs du temple avec quelques arbres désormais teintés de marron et de rouge.
Les yeux voilés et les mouvements étrangement rigides du volatile attirèrent l'attention de Shou. Les deux billes noires de l'oiseau se posèrent sur Murasa qui murmura :
- Un corbeau… Nue me disait en voir souvent un ou deux autour d'elle ces derniers temps…
L'oiseau noir croassa de plus belle. Shou fronça les sourcils.
- Quelque-chose ne va pas avec cet oiseau, remarqua-t-elle.
Murasa lui jeta un regard surpris. Le corbeau s'envola alors, toujours avec rigidité. Un laser d'énergie bleutée tiré par la yôkai tigre le faucha toutefois en plein vol et le fit s'écraser au sol.
- Hey, mais tu es folle ! s'exclama Murasa.
Sans répondre, Shou se précipita sur le cadavre de l'animal qui gisait non loin. Elle s'agenouilla et le prit dans ses mains…
A peine l'eut-elle touché qu'elle se recula vivement.
- Il est mort, annonça-t-elle d'une voix blanche.
- Forcément, vu ce qu'il s'est prit, commenta la capitaine.
- Non. Il est froid, rigide… Ce corbeau est mort depuis au moins plusieurs jours !
Murasa tiqua.
- Voilà autre-chose. Qui s'amuserait à ranimer…
Un nouveau croassement la fit sursauter. Un autre corbeau, identique au précédent, se tenait non loin et la fixait.
Le volatile que Shou avait fait s'écraser se mit alors à bouger. Comme se réveillant, il se releva, croassa puis s'envola.
Les deux amies se regardèrent. Un mauvais pressentiment les étreignait. Ce ne fut que lorsqu'elles aperçurent des silhouettes chancelantes, vêtues de lambeaux et approchant peu à peu par l'entrée, qu'elles comprirent que quelque-chose se tramait.
Les morts étaient en marche.

Bien loin de là, dans un cimetière oublié depuis longtemps par le commun des mortels, une certaine prêtresse vêtue de rouge et de blanc marchait, une gerbe de fleurs en main.
Son regard allait et venait, scrutant les pierres tombales à la recherche d'un nom. D'une personne plus exactement. La morne continuité sombre des lieux était brisée par une tâche colorée située au plus profond de la dernière des demeures.
Cette pâle couleur rose, telle une douce chandelle dans la nuit, capta l'attention de Reimu qui traversa les allées de tombes. La miko constata rapidement qu'il s'agissait d'un cerisier en fleurs.
Toutefois, ce n'était pas la saison, loin de là.
L'arbre, bien plus imposant que ses confrères plus sages et ordinaires, ne s'en souciait apparemment pas. Toutes ses branches étaient couvertes de fleurs dont les pétales voletaient doucement.
Après avoir remarqué qu'il ressemblait aux cerisiers poussant au Sanctuaire Hakurei, éloigné de plusieurs kilomètres de ce cimetière isolé, Reimu remarqua la tombe qu'il abritait.
Comme si l'arbre était en fait gardien, il avait poussé juste derrière une pierre tombale plus grande que les autres. Une fleur étrange était posée dessus, une fleur inconnue de Reimu.
Le tableau peint par le cerisier et le cimetière était magnifique et reposant. La miko se sentit plus tranquille. Elle s'agenouilla et déposa les fleurs qu'elle transportait. Etrangement, la pierre tombale était intacte, comme si le temps n'avait pas d'emprise dessus, comme le cerisier.
Reimu prit délicatement la fleur étrange et l'admira quelques instants.
D'où pouvait-elle provenir et qui l'avait posé là ? Yukari ?
La miko reposa tout aussi précautionneusement la fleur et lut l'épitaphe. Ses yeux étaient humides.

A travers le temps et la mort
Dans les souvenirs et les cœurs
A jamais présente


Ces mots résonnèrent dans l'esprit de la jeune fille. Elle leva la tête vers le ciel, une larme unique roulant sur sa joue droite.
- Maman… Es-tu là ?
Seul le vent lui répondit, caressant délicatement sa joue…

Le soleil commençait à se coucher. L'air de rien, les journées s'étaient fait plus courtes. Ce fut donc sous les lueurs orangées de l'astre solaire que Keine Kamishirasawa, fraîchement sortie de sa salle de classe, vit des villageois en panique.
Soudain inquiète, elle remonta le flot d'humains qui semblaient fuir l'entrée du village se trouvant face à la Forêt de la Magie.
La demi-bête s'envola et alla sur un toit. De son perchoir, elle plissa les yeux pour tenter de discerner les causes de cette panique. Elle vit ainsi plusieurs lumières dorées faucher ce qui semblait être des humanoïdes vêtus de lambeaux et plutôt lents.
Sans tarder, Keine se précipita vers les menaces.

Près du Village Humain, une véritable armée de zombies approchait. Leur démarche lente était accompagnée de leurs lamentations rauques. Légion sans peur ni esprit, ils passaient près du Temple Myouren et semblaient décidés à prendre d'assaut le Village Humain.
Toutefois, si les Humains paniquaient et fuyaient, d'autres tentaient de repousser les hordes en décomposition, fragile barrière devant des adversaires en surnombre.
- Derrière-toi !
L'appel de Shou fit se retourner Murasa qui écrasa l'ancre qui lui servait d'arme sur le mort-vivant qui avait tenté de la surprendre. Le corps démantibulé alla percuter d'autres assaillants qui s'écroulèrent.
La capitaine se tourna vers d'autres adversaires mais une volée de projectiles rouges les fauchèrent.

Une femme volait un peu plus loin, sortant du périmètre du temple dont elle avait la charge.
Vêtu d'une robe noire et blanche avec des bandes de tissus noires, passant au niveau de son ventre. Elle avait également une cape noire qui allait jusqu'au bas du dos. Ses longs cheveux bruns étaient ondulés et se coloraient de violet sur le dessus. Ses yeux noisette se posèrent sur des morts qui approchaient.
Elle tenait un imposant parchemin qu'elle déroula. L'objet s'illumina vivement alors que la femme énonçait :
- Magic "Omen in Purple Mist"

Une myriade de boules d'énergie violettes et d'autres, plus petites, bleues jaillit en spirale autour d'elle, faisant décoller les zombies qui étaient touchés tout en les brûlant.
Shou Toramaru bondit sur eux et les enchaîna de rapides tourniquets avec sa grande lance. Elle n'était pas experte en son maniement, loin de là, mais l'arme fit des ravages en percutant les crânes des morts-vivants. Lorsque Shou retomba au sol, légèrement accroupie, une véritable pluie de cadavres s'abattit derrière elle.
Peu se relevèrent mais ils n'eurent pas le temps de comprendre que Murasa activait à son tour une spellcard :
- Capsize "Dragging Anchor"

L'ancre qu'elle transportait se para d'un halo bleuté et fut lancée contre la dizaine de zombies qu'il restait. Elle les percuta de plein fouet tout en laissant dans son sillage des dizaines de sphères énergétiques azurées.
Que ce soit par écrasement ou à cause d'endommagement de leur tête, sept adversaires de plus s'effondrèrent pour ne plus bouger.
L'ancre revint toute seule dans les mains de Murasa qui accueillit la femme en noir d'un sourire lorsque celle-ci approcha.
- Merci m'dame Hijiri, fit la capitaine.

Byakuren lui répondit d'un signe de tête et s'approcha des zombies rescapés. Elle n'eut toutefois pas le temps de les attaquer que Keine atterrissait sur l'un d'entre eux, lui fracassant la tête contre le sol.
L'enseignante ne s'arrêta pas là puis qu'elle sauta et envoya son pied droit dans la mâchoire d'un autre adversaire qui quitta le sol pour s'écraser trois mètres plus loin. Le dernier mort-vivant voulut refermer ses deux bras sur la femme vêtue de bleu, celle-ci pivota et balaya les jambes de son ennemi avant de fracasser son pied gauche sur son visage.

Il y eut quelques secondes de flottements pendant lesquelles Keine retira une mèche de cheveux qui tombait sur son visage. Elle vit alors que tous les regards s'étaient concentrés sur elle.
- Ben quoi ? fit-elle.
- Vous êtes plus douce avec vos élèves, j'espère ? railla Murasa.
Malgré la situation plus que préoccupante, elle semblait s'amuser.

Une multitude de râles plus lointains ôtèrent à Keine l'occasion de répondre. Une trentaine d'autres morts-vivants approchaient lentement mais sûrement.
- Mais d'où ces horreurs viennent-elles ? demanda Shou.
- Elles semblent venir de la Forêt de la Magie mais j'ignore ce qui peut bien les créer, et pourquoi, lança l'enseignante.
- Pourvu que la prêtresse Hakurei soit en chemin, murmura Byakuren.
Une voix affolée les fit se retourner :
- C'est graaaaaaaaaaaaaaaaaaaaave !

Une nouvelle arrivante approchait depuis le Village Humain en volant. De petite taille, elle avait les oreilles et une queue de souris. Ses cheveux étaient gris et ses yeux rouges. Elle portait une tunique noire et brune ayant un col gris et des manches roses ainsi qu'un cristal qui servait de pendentif.
Au bout de sa queue se balançait un panier dans lequel se trouvait une souris et elle tenait une étrange barre de fer tordue dans chaque main.
Elle saignait au bras gauche et avait des traces de brûlure sur le flanc droit.

- Nazrin, que se passe-t-il ? demanda Byakuren lorsque la yôkai souris se posa près d'elle.
La fille aux caractéristiques de rongeur reprit son souffle quelques instants, tête baissée, avant de répondre :
- C'est Yoshika… Elle est devenue incontrôlable !
- Comment ça ? Seiga ne peut plus maîtriser sa propre Jiang-Shi ? s’étonna Byakuren.
- Et bien Seiga… A été mordue, annonça Nazrin d’une voix d’où pointait une certaine angoisse.
L’annonce sembla jeter un froid. Une personne mordue par une Jiang-Shi, sorte de zombie, en devenait un à son tour, temporairement.
- Dans ce cas… commença Shou.
- Quelqu’un d’autre contrôle Yoshika, compléta Murasa.
- Ce n’est pas important ! Si ça tourne au vinaigre là-bas, il faut aller les aider ! s’insurgea Keine.
- Elles risquent de passer par le cimetière pour…

La phrase de Shou fut coupée par un zombie qui s’était rapproché nonchalamment, devançant ses confrères de plusieurs mètres. Le mort-vivant tenta d’agripper la yôkai tigre par les épaules. Un réflexe éclair de la disciple de Bishamonten la poussa à se dégager rapidement. Sa grande lance virevolta et s’écrasa sur la tempe droite de son ennemi qui s’écroula.
- Si vous voulez partir vers le cimetière, c’est maintenant ! décréta Byakuren en se mettant en position de combat.
- Ce ne sera pas nécessaire, annonça Nazrin en regardant en l’air.

Deux nouvelles silhouettes approchaient depuis l’arrière du Temple et se posèrent quelques mètres derrière le groupe qui faisait face aux zombies.
A gauche se trouvait une fille aux cheveux bleus coiffés en deux boucles attachées par une grande baguette à cheveux. Ses yeux étaient de la même couleur. Elle était vêtue d’une robe pâle turquoise surmontée d’une veste blanche et bleue sans manches. Son teint était pâle et un rectangle de papier était attaché à sa jambe gauche.
Le même talisman, un ofuda, d’où émanait une lueur rouge, était posé sur le front de sa comparse qui avait le même teint de peau. Ses cheveux mi-longs ainsi que ses yeux étaient gris-bleu. Elle portait un chapeau bleu orné d’une étoile jaune ainsi qu’un blouse rouge sans doute d’origine chinoise. Des rubans de dentelle rose descendaient de la blouse pour s’enrouler autour de la jupe noire qui complétait l’ensemble.

Contrairement à l’accoutumée, les bras de celle qui portait un chapeau, Yoshika Miyako, n’étaient pas tendus et elle fit quelques pas presque vifs.
Celle qui normalement la commandait, Seiga Kaku, suivit, sans manifester la moindre émotion. Ses yeux étaient vides de vie et de toute pensée.

- Yoshika... Seiga... Bon sang mais qu'est-ce qui vous arrive ? s'inquiéta Shou.
Byakuren fit quelques pas.
- Nous verrons après. Il faut d'abord les neutraliser, annonça la moine.
- Je m'occupe d'éloigner leurs potes, annonça Murasa en empoignant son ancre.
- Moi et Nazrin empêcheront ceux qu'il reste d'aller dans le Village, annonça Keine.
La yôkai souris approuva bien qu'elle meure d'envie de partir très loin.

Les râles de zombies étaient la seule chose que l'ont pouvait entendre. La nuit presque tombée ajoutait encore plus de noirceur à la scène de cauchemar qui se déroulait. Les cinq combattantes s'étaient disposées en cercle et se tenaient prêtes. Elles ignoraient les cadavres qui jonchaient le sol ainsi que l'odeur putride qui commençait en emplir leur nez.
Seule leur importait la victoire.

Yoshika Miyako fit quelques pas, puis bondit soudain vers Shou. Son poing droit fermé fusa vers la tempe de la yôkai tigre qui n'eut pas le temps de réagir.
Byakuren s'interposa et envoya son pied droit dans le ventre de la Jiang-Shi tout en écartant son poing du plat de sa main gauche. L'impact fit reculer Yoshika qui émit un grognement inintelligible.
Murasa se mit alors à courir, prenant soin de laisser l'embout de son ancre racler le sol, produisant ainsi un bruit insupportable. La plupart des zombies qui approchaient tournèrent lentement leur tête en putréfaction vers elle et se mirent à la suivre.
- Allez mes petits, suivez-moi ! leur lança la capitaine qui s'enfonçait dans la Forêt de la Magie.
Keine et Nazrin se portèrent à la rencontre de ceux qui ne voulurent pas suivre la fantôme, l'une avec ses poings, l'autre avec ses armes.
Seiga envoya plusieurs lasers bleutés tout en s'envolant lentement. Shou tournoya pour les esquiver et activa une spellcard :
- Jeweled Pagoda "Radiant Treasure"

Elle tenait toujours la pagode de Bishamonten en main. Huit lasers bleutés se formèrent soudain autour d'elle avant d'exploser en une myriade de sphères d'énergie bleutée. La yôkai tigre se déplaça un peu et recommença avec des attaques rouges cette fois-ci.

Seiga se coula entre les orbes de lumière rouges ou bleues avec aisance. Elle plongea ensuite vers le sol et envoya quatre orbes blancs entourés d'une aura noire sur son adversaire. Shou les esquiva mais les sphères inclinèrent leur course pour poursuivre la yôkai qui s'éleva un peu plus dans les airs et envoya plusieurs lasers dorés incurvés à la rencontre des projectiles à tête chercheuse. La collision entre les deux attaques provoqua une explosion retentissante.

Byakuren n'y prêta pas attention et se pencha en arrière pour esquiver le poing gauche de Yoshika. La Jiang-Shi se mouvait avec une rapidité qui était loin d'être habituelle. La moine aux cheveux en partie violets pivota sur la droite pour éviter un nouvel assaut et s'envola.
Elle déploya alors son parchemin avant d'énoncer :
- Great Magic "Devil's Recitation"

Quatre sortes de fleurs jaunes apparurent derrière Byakuren. Un puissant laser rouge jaillit de chacun tandis que du parchemin naissaient des vagues de pointes de lumière violettes et plusieurs sphères luminescentes.
Au lieu de tenter d'esquiver, Yoshika fonça littéralement sur Byakuren, passant entre les lasers qui produisirent une déflagration en touchant le sol. La Jiang-Shi contourna de justesse un orbe de lumière puis passa sous une vague de projectiles violets. Sans cesser d'avancer.

- Keine, à ta droite !
L'avertissement de Nazrin permit à l'enseignante de repérer un mort-vivant qui approchait. Sans la moindre pitié, elle lui attrapa le poignet droit, passa son bras sur son épaule gauche et fit levier afin de le projeter contre le sol. Elle ne lui laissa pas le temps de comprendre que déjà, son pied droit fracassait le crâne du cadavre en décomposition.
La yôkai souris commençait à fatiguer. Elle parvint toutefois à éliminer trois ennemis supplémentaires à l'aide de ses baguettes de métal. Des gouttes de transpiration ruisselaient sur le visage de Nazrin qui respirait à grandes goulées.
Deux nouveaux morts-vivants approchèrent d'elle mais Keine vola à son secours et les neutralisa par deux coups de pied efficaces et rapides.
- Ça ira ? s'inquiéta la demi-bête en attrapant une spellcard.
- Oui... Je crois que... commença Nazrin.
Elle fut coupée par une nouvelle déflagration derrière elles.

Byakuren, qui était de nouveau au sol, sauta en arrière en maugréant. Sa dernière attaque n'avait pas eu le succès escompté et Yoshika, dix mètres devant elle, s'en portait à merveille.
La Jiang-Shi était entourée d'un nuage de fumée et s'envola à nouveau alors que Byakuren fusait vers elle.
Seiga esquivait une pluie de lasers dorés ondulés et sortit une spellcard qu'elle activa d'une voix étrangement éraillée :
- Path Sign "Dao Fetal Movement"

Yoshika rejoignit celle qui habituellement était sa maîtresse. Toutes deux se mirent à tirer des lasers courbés turquoises et des orbes blanches entourées d'un halo noirâtre.
Surprise, Shou fut percutée par un orbe au niveau de son épaule gauche. Elle grimaça et s'éloigna en passant par la droite puis esquiva un laser en prenant un peu plus d'altitude.
Elle activa à son tour une spellcard :
- Buddhist Art "Most Valuable Vajra"

Deux imposant rayons verts jaillirent de la pagode puis se mirent à tourner ensemble, comme une lance d'énergie. Shou répéta l'opération une fois et se furent deux lignes vertes qui volèrent en tournoyant. Leur taille et leur concentration étaient telle que les projectiles de Yoshika et Seiga se faisaient détruire à leur contact.
Cela permit d'ouvrir la voie à Byakuren qui ouvrit à nouveau son parchemin et s'écria :
- "Nikou Hijiri's Air Scroll" !

Une aura bleutée l'entoura et elle fonça à toute vitesse sur Seiga. Une ligne bleue se traçait dans le sillage du moine, ligne qui explosait en une multitude de sphères lumineuses.
Trop occupée à tirer, Seiga fut incapable d'esquiver et se prit le pied de Byakuren en plein torse.
Cela fit disparaître tous les tirs nés à cause de la spell et fit s'écraser l'ermite devenu temporairement Jiang-Shi au sol.

Byakuren et Shou se posèrent, ainsi que Yoshika.
- C'est terminé ! décréta la moine.
La Jiang-Shi eut un rire qui ne lui ressemblait pas. Grave, il semblait provenir d'ailleurs. Un peu plus loin, Keine et Nazrin s'étaient assises, à bout de force. Tous les morts-vivants avaient été vaincus et gisaient autour d'elles.
La nuit était totalement tombée et la température avait également chutée. Désormais, un silence pesant s'était installé, en totale opposition aux bruits de combat précédents.
- Si c'est la fin, alors c'est votre fin, annonça Yoshika d'une voix grave.
Shou et Byakuren se remirent en garde, tout comme la Jiang-Shi. Quelques secondes s'écoulèrent puis cette dernière passa à l'attaque.

Elle quitta le sol et vola droit sur ses adversaires. Shou et Byakuren sautèrent sur les côtés pour esquiver.
Yoshika tourna alors sur elle-même, envoyant plusieurs sphères enflammées violettes.
Shou s'envola et tira plusieurs orbes de lumière dorées. Byakuren évita une boule ignescente en pivotant et bondit avant de glisser au sol dans l'optique de faucher les jambes de la Jiang-Shi.
Celle-ci évitait les orbes avec une étrange agilité et ne vit pas faire la moine. La morte-vivante perdit l'équilibre, tomba mais se rattrapa sur ses mains et, d'une détente, s'envoya quelques mètres en arrière.
Elle se réceptionna sur ses jambes et d'une torsion du buste, esquiva un laser courbe que Shou lui avait spécialement adressé.
Byakuren entoura ses bras d'une aura bleutée et se précipita sur la Jiang-Shi. Son poing gauche fermé décrivit une courbe serrée vers la mâchoire de Yoshika qui bloqua avec son avant-bras droit. La fille visiblement possédée envoya son genou droit dans le thorax du moine qui fut touchée et recula sous l'impact.
Yoshika n'eut pas le loisir d'enchaîner car Shou la bombarda de projectiles lumineux que la Jiang-Shi entreprit d'éviter tout en s'envolant pour aller vers elle.

Byakuren s'envola également et donna un uppercut puissant à son adversaire. Yoshika évita au dernier moment et bloqua le coup de pied que la moine lui asséna. Celle-ci se recula alors et perdit de l'altitude alors que Shou énonçait :
- Light Sign "Absolute Justice"

Six puissants rayons bleus se formèrent en partant de derrière la yôkai tigre qui tira en plus des groupes de projectiles de lumière.
Les mouvements de Yoshika étaient restreints par les lasers mais elle parvint à éviter les projectiles lumineux. Elle fusait droit sur Shou et tourna sur elle-même en passant sous un rayon d'énergie. Une fois qu'elle eut réduit la distance et malgré la spellcard toujours active, la Jiang-Shi s'écria :
- Poison Nail "Poison Murder" !

Huit explosions se produisirent devant Yoshika et une véritable nuée de kunais empoisonnés fusa dans toutes les directions. Les lasers de Shou en détruisirent quelques-unes uns mais la disciple de Bishamonten fut forcée de bouger pour esquiver.
La présence des kunais gênait également Byakuren qui ne parvenait pas à se frayer un chemin jusqu'à Yoshika.
Finalement, la spellcard de Shou se désactiva. Elle repoussa des kunais en faisant tournoyer sa lance et évita un coup de poing de Yoshika en se penchant sur la gauche. La yôkai tigre passa derrière son adversaire et la frappa avec son arme. La morte-vivante se retourna et se protégea avec ses deux bras. Elle ne broncha pas lorsque la lance la toucha et voulut riposter.
Un coup de pied asséné par Byakuren l'en empêcha et l'éloigna de Shou.

Contrairement à Yoshika, les deux combattantes encore totalement en vie commençaient à montrer des signes de fatigue. Plus le combat s'éternisait, plus la Jiang-Shi aurait l'avantage.
Celle-ci repartit à l'attaque. Son poing gauche manqua Byakuren qui s'était décalée mais elle parvint à toucher Shou qui chuta pour atterrir plus ou moins bien sur le sol.
La femme aux cheveux mauves repartit immédiatement à l'assaut et tenta de frapper Yoshika au flanc droit avec son pied.
La main gauche de la Jiang-Shi se referma sur la cheville de Byakuren, la bloquant dans son mouvement. La morte-vivante tira et envoya son coude dans la mâchoire du moine avant d'attraper son visage pour chuter avec elle vers le plancher des vaches.
Une courbe lumineuse envoyée par Shou empêcha Yoshika de terminer son attaque et la força à lâcher Byakuren qui se posa.
Yoshika fit de même et sortit une nouvelle spellcard, ne laissant aucun répit à ses adversaires :
- Mortal Waltz "Dance with the Death"

Le bout des doigts de Yoshika se mit à briller d'une lueur mauve qui suivait ses mouvements. Elle alla à la rencontre de ses adversaires tout en semant des kunais violacés derrière elle.
Shou esquiva le poing droit de la morte-vivante et contre-attaqua avec sa lance. La Jiang-Shi passa sous l'arme en fléchissant les jambes puis pivota pour balayer les jambes de la yôkai tigre.
Byakuren, qui volait à deux mètres du sol, tenta de donner un puissant coup de pied dans la tête de la Jiang-Shi. La morte se décala en tournant sur elle-même, envoyant de nouveaux kunais.
Plusieurs éraflèrent la moine au niveau de la jambe droite. Elle ignora la douleur et repartit à l'assaut mais Yoshika esquiva adroitement. La morte-vivante prit ensuite appui sur sa jambe droite et envoya son pied gauche dans le ventre de Shou qui approchait derrière elle.
La disciple de Bishamonten recula et se fit griffer au bras droit. La lueur qui nimbait les doigts de Yoshika alla alors dans la blessure de Shou qui n'en ressentit pas immédiatement les effets.
Byakuren se précipita et d'un coup de genou bien placé dans le ventre, obligea Yoshika à s'éloigner.

Tous les kunais avaient disparus ainsi que les lueurs au bout des doigts de la Jiang-Shi. Celle-ci arborait un rictus malsain.
Shou semblait avoir des difficultés à respirer, ce qui inquiéta Byakuren.
- Du poison… J'imagine… tenta la yôkai tigre.
- Reste là, je m'occupe de tout, ordonna la moine.
- Non ! Je veux… Continuer…
Byakuren voulut protester mais elle savait que Shou ne renoncerait pas. Elle l'aida donc à tenir debout.
- Ça ira… J'ai juste assez… De force pour… Terminer ça, balbutia la yôkai tigre.
- Il faut le faire ensemble, Shou.
La phrase de Byakuren était à peine terminée que Yoshika les attaquait à nouveau, se ruant sur la disciple de Bishamonten.

La femme en noir protégea son alliée avec son bras gauche et repoussa la Jiang-Shi en envoyant son genou droit à la rencontre de son thorax. Elle tourna légèrement la tête et vit que Shou cherchait fébrilement quelque-chose.
La moine sauta et chercha à toucher son adversaire au menton. C'était sous-estimer les réflexes nouvellement acquis de la morte-vivante qui s'effaça avant de répliquer par un atémi ravageur.
Byakuren encaissa le coup, bien que montrant de plus en plus de signes d'épuisement. Ses mouvements devenaient plus lents et perdaient en précision.
Ce fut alors que la voix de Shou s'éleva :
- Maintenant !

Byakuren comprit instantanément ce que la yôkai avait en tête et s'envola tout en sortant une carte, laissant une Yoshika perplexe.
Shou brandissait une spellcard et cria bien haut et fort :
- Holy Justice !
Plusieurs traînées lumineuses s'échappèrent de la yôkai. Elles entourèrent sa lance qui fut parcourue d'une aura de lumière dorée. D'un geste, Shou lança son arme qui fusa tel un éclair de lumière vers… Byakuren, qui activa sa carte, qui n'était autre que la deuxième moitié de ce qu'avait commencé Shou :
- "Bishamonten's Purifying Light" !

La main gauche du moine se referma sur l'arme. L'aura d'énergie dorée de la lance s'étendit et l'enveloppa, laissant échapper quelques étincelles. Des volutes de lumière azurée s'ajoutèrent à l'ensemble, entrecoupant l'or de bleu. Byakuren posa son regard sur Yoshika et arma son bras gauche.
Elle descendit alors en piqué à une vitesse effrayante, droit sur Yoshika qui se jeta à sa rencontre.
La lumière s'échappant de Byakuren illuminait la nuit qui était tombée. Elle ressemblait presque à une envoyée divine, descendue sur terre pour éliminer les ténèbres. Un éclair de bleu et d'or purificateur que rien n'arrêterait.
Alors que la Jiang-Shi était proche et brandissait une spellcard, Byakuren tendit son bras gauche et envoya l'arme confiée par Shou. Un bleu tournoyant s'était ajouté à l'aura dorée qui enveloppait la lance.
L'arme laissait une ligne lumineuse dans son sillage et allait encore plus vite que Byakuren. Tel un météore elle percuta Yoshika de plein fouet, ne lui laissant pas le temps de contre-attaquer.

L'éclat de lumière qui se produisit aveugla toutes celles qui étaient proches, les forçant à détourner le regard. L'explosion qui s'ensuivit les projeta sur plusieurs mètres tout en produisant un bruit assourdissant.
Les arbres alentours furent secoués par le déplacement d'air et une vague de chaleur s'abattit sur les alentours. Puis tout se dissipa, laissant la nuit reprendre son règne.

Hébétée et incompréhensives, Keine et Nazrin se relevèrent une fois que le calme fut revenu.
La première chose qu'elles remarquèrent fut que tous les cadavres de morts-vivants avaient disparus. Le seconde fut Shou, étendue au sol, inconsciente.
Un grand sourire étirait ses lèvres.
Puis elles virent Yoshika. Allongée sur le dos, bras en croix, l'ofuda collé à son front était totalement parti en morceaux flamboyants. Les vêtements de la Jiang-Shi étaient déchirés et brûlés, tout comme son corps. Elle ne bougeait plus du tout.
Enfin, Byakuren était un peu plus loin.
Epuisée, elle se relevait difficilement. Nul doute qu'elle n'était plus du tout en état de se battre. Elle s'approcha de Shou et vérifia son état, ignorant totalement Yoshika lorsqu'elle passa à côté et Seiga qui gisait plus loin.
Heureusement, le poison administré par la Jiang-Shi semblait avoir disparu maintenant qu'elle était battue.

Byakuren eut un soupir d'aise puis se tourna vers Nazrin et Keine. Toutes étaient épuisées, ce qui fit rire Nazrin.
- Vrai que nous avons l'air fines, commenta Keine avant de voir l'état de Seiga.
L'ermite allait bien. Quant à sa subordonnée, étant morte de base, il était difficile de dire si elle était en bonne santé ou non. Il était en revanche possible de penser qu'elle n'était plus possédée.
- J'ignore qui est derrière tout ça, mais il est doué, avoua Byakuren.
- Vous croyez que Murasa s'en sort ? demanda Nazrin.
- Oui… J'espère en tout cas, fit la moine.
Tous les regards se portèrent sur la Forêt de la Magie.

Tout le temps qu'avait duré le combat de ses amies, Murasa avait couru dans la forêt, éloignant considérablement les morts-vivants du Village. Le seul problème qui avait pointé le bout de son nez était que d'autres zombies avaient rejoins la horde qui suivait la capitaine.
Cinq autres créatures s'étaient jointes à la fête. Leur corps décharné était également en décomposition, des lambeaux de chair et de peaux pendaient et elles étaient vêtues de haillons en pire état que ceux des autres. Elles se déplaçaient à quatre pattes et semblaient plus grandes que les zombies normaux.
Une fois à bonne distance, elle s'était stoppée et avait commencé son combat. Seule contre une trentaine de cadavres qui bougeaient toujours. Alors qu'elle entendait l'écho lointain d'une explosion, une dizaine de ses poursuivants étaient hors d'état de nuire.

L'ancre du fantôme percuta la tête d'un revenant qui rencontra violemment quelques-uns de ses camarades. Murasa tourna ensuite, sauta et fracassa dans un coup descendant son arme contre un autre ennemi dont les os se brisèrent dans d'écœurants craquements.
La fantôme fit une grimace de dégoût mais repoussa un autre adversaire d'un coup de pied.
Sa situation n'était pas brillante. Ses attaques étaient efficaces mais elle était tout de même encerclée. Cela ne l'empêcha pas de balayer deux ennemis d'un revers. Elle porta ensuite une main à la poche droite de son short et attrapa une spellcard.
Un zombie se saisit toutefois de son bras, l'empêchant de prendre la carte.
Murasa poussa un cri au contact de la chair du revenant et tenta de se dégager en donnant un coup de coude. Le mort-vivant n'en ressentit pas l'effet et lui mordit l'épaule, ce qui la fit hurler de douleur.
Murasa tenta de donner un coup avec son ancre mais son arme lui parut soudain aussi lourde qu'une montagne alors qu'habituellement, elle n'avait aucun mal à la manier.
Un autre zombie en profita et lui bloqua le bras gauche avant de se préparer à mordre dedans.

La peur commençait à gagner Murasa. Elle pensait pouvoir vaincre ses ennemis seule mais elle était débordée, le zombies étaient bien trop nombreux. Bien trop proches aussi.
Un claquement sec retentit alors, comme si quelqu'un claquait des doigts. Murasa crut voir quelques étincelles orangées autour des zombies puis soudain, les trois morts-vivants les plus proches dont les deux qui la tenait s'embrasèrent avant de s'écrouler, carbonisés.
Les flammes n'avaient pas touché Murasa qui tomba à terre, faute d'appui.
Elle leva les yeux et vit quelqu'un non loin. Une personne qu'elle ne pouvait pas oublier.

Vêtu d'un ensemble noir dont un long manteau, ses longs cheveux blancs attachés en queue de cheval tombant derrière lui, il arborait un sourire narquois et avait son bras droit tendu. Sa main droite était passée dans un gant de tissu blanc ayant un étrange cercle rouge orné de deux triangles, d'une flamme et d'une salamandre, imprimé dessus.
Son pouce et son index étaient proches et disposés de façon à ce qu'il puisse claquer des doigts.
Une flambée de haine s'alluma dans les yeux de Murasa.
Lui.
Malbas Elric. Le Dévoreur.

Les morts-vivants se tournèrent vers lui, donnant au capitaine le temps de se relever. Le sourire de Malbas s'élargit.
- Sur la cible~
Il claqua à nouveau des doigts. Une étincelle sembla aller vers les zombies qui furent entourés de quelques autres avant qu'une nouvelle explosion ne les engloutisse.
Murasa prit son ancre à deux mains et l'abattit sur les zombies les plus proches.
Elle ignorait la raison pour laquelle Malbas l'avait sauvée et s'en fichait royalement.
Il avait tué Nue.
Il allait payer !

Le Dévoreur tapa ensuite ses mains l'une contre l'autre et les posa au sol.
Plusieurs éclairs bleus ainsi qu'une lumière apparurent puis le sol se déforma en une volée de pointes de pierre qui s'allongèrent et embrochèrent les morts-vivants que les flammes avaient épargnées.
Une créature à quatre pattes fonça vers le Dévoreur à une vitesse surpassant largement celle des autres zombies. Une fois à portée, elle donna un coup de griffes.
Malbas esquiva de peu et joignit ses deux mains. Il pivota alors que la chose attaquait à nouveau et posa sa main gauche, non gantée, sur le visage du monstre.
Des éclairs bleus apparurent et tout le crâne du mort-vivant explosa.
Une autre de ces créatures fonça sur Murasa. La capitaine l'accueillit comme il se doit par un puissant coup d'ancre qui l'envoya paître plus loin, os brisés. Un autre mort-vivant quadrupède voulut surprendre la capitaine mais elle esquiva la charge en s'envolant. Puis elle leva son ancre par-dessus sa tête et retomba en l'abattant de tout son poids sur le crâne du monstre.
Celui-ci s'écroula et ne bougea plus.
Une nouvelle monstruosité fila vers Malbas. Il ne l'aperçut qu'au dernier moment, alors qu'elle bondissait sur lui. Un trident noir apparut dans les mains du Dévoreur qui bloqua son adversaire et, d'un mouvement, l'envoya au sol. Malbas tendit ensuite sa main droite et claqua des doigts, brûlant la chose pour la transformer en restes carbonisés.

Ce faisant, Malbas tourna le dos à Murasa qui se jeta sur lui dans un hurlement furieux :
- ELRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIC !!!
Le Dévoreur se retourna juste à temps pour admirer l'ancre avec laquelle la capitaine le frappait. Le choc fut tel que Malbas quitta le sol pour au final se détruire le dos contre un arbre.
Déjà, Murasa était sur lui et attaquait à nouveau.
- Tu l'as tuée !
L'ancre décrivit une courbe horizontale que le Dévoreur évita en disparaissant dans une volée de flammes. Il se matérialisa dix mètres plus loin, mains tendues et grandes ouvertes.
- Hey, du calme Murasa !
La capitaine se jeta à nouveau sur lui, mais le Dévoreur esquiva en sautant en arrière.
- Je ne suis pas venu me battre contre toi ! tenta Malbas.
Une volée de sphères azurées sortant de la main droite que tendait Murasa lui apprit qu'elle n'était sans doute pas de cet avis.
Malbas utilisa son trident qu'il tenait toujours en main pour se protéger mais une boule d'énergie érafla sa main droite, déchirant le dessus de son gant.
Le Dévoreur réprima un juron et bondit à nouveau vers l'arrière tout en faisant tourner son arme.
Les trois dents s'enfoncèrent brièvement dans le sol comme dans du beurre. Lorsqu'elles ressortirent en allant vers Murasa, une colonne de pierre naquit du sol pour tenter de percuter la capitaine.
Celle-ci détruisit la déformation rocheuse d'un revers d'ancre marine.

Murasa préparait un nouvel assaut mais une plainte aiguë la stoppa net.
Son regard ainsi que celui de Malbas convergèrent vers leur gauche. Quatre nouvelles créatures quadrupèdes approchaient. Elles étaient accompagnées par ce qui ressemblait à un golem d'os.
Ses longs doigts pointus cliquetèrent et il grogna. Une lueur rouge émanait des yeux des multiples crânes qui constituaient ses articulations. La même lueur luisait de ses orbites et de l'intérieur de sa cage thoracique vide.

Malbas enleva le gant désormais inutile de sa main droite et le laissa tomber à terre, yeux rivés sur les cinq morts-vivants.
- Un golem et quatre goules. Tu veux continuer à me taper dessus où tu vas m'aider à arrêter ces trucs ? demanda le Dévoreur à Murasa, sans la regarder.
Celle-ci lui lança un regard plus noir qu'une nuit de brouillard sans lune.
- N'espère pas t'en tirer si facilement ! lui jeta-t-elle.
- Je n'espère rien, contredit le tueur.
Il fit tournoyer le trident, chose qui sembla horripiler Murasa.
- Ne te méprends pas. On détruit ces trucs et je m'occupe de ton cas, lança la capitaine.
Un fin sourire étira les lèvres du Dévoreur. Puis les quatre goules se ruèrent sur eux.

Murasa se rua à leur rencontre en traînant son ancre derrière elle. Au moment venu, elle tournoya et faucha deux goules en même temps.
Les deux créatures volèrent sur quelques mètres et percutèrent un arbre chacune. Une goule plus à droite sauta sur la capitaine. Cette dernière se protégea avec son ancre et repoussa le monstre avant de reculer de plusieurs pas.
Du coin de l'œil, elle vit le golem courir à toute vitesse sur Malbas qui tenait toujours son trident dans sa main gauche.


Dernière édition par Jealousy le Jeu 17 Mai - 22:59, édité 2 fois
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeJeu 17 Mai - 22:31


- Ben dis-donc, t'es moche toi, lança Malbas.
Il prit appui sur ses jambes et sauta pour passer au-dessus des trois mètres du golem. Celui-ci se retourna alors que Malbas avait braqué le trident sur lui. Deux lignes de flammes se mirent à tourner autour du trident avant de se rejoindre au niveau des dents. Dans un craquement, un geyser de feu se forma et repoussa le golem.
Une goule surgit toutefois du bois et happa Malbas, l'interrompant. Les mains du mort-vivant se refermèrent sur ses poignets et sa bouche décomposée s'approcha de son cou, exhalant une haleine putride.
C'était sans compter sur Murasa qui dégagea le Dévoreur en lançant son ancre sur la goule. Le poids de l'arme et la violence de l'impact lui firent lâcher prise tout en l'éloignant.
Malbas se releva aussitôt et braqua son arme sur Murasa en posant un genou à terre.

Une lueur orangée parcourut le trident et deux volée de flammes en jaillirent. Elles fusèrent sur Murasa avant d'incliner leur course au dernier moment pour la contourner. Elle se rejoignirent peu après en heurtant une goule qui voulait surprendre la fantôme.
Celle-ci se tourna pour voir le cadavre ranimé s'effondrer. La capitaine ne dit rien et tendit son bras droit vers son ancre qui revint vers elle.

Malbas se relevait juste à temps pour esquiver le poing fermé du golem qui fusait vers son visage.
Le Dévoreur recula et décrivit un arc de cercle avec son trident. Une forte rafale de vent souffla brièvement, assez pour stopper le monstre d'os qui allait charger.

Murasa poussa un cri et abattit son ancre sur une goule qui venait de lui donner un coup de griffes au flanc gauche. Les plaies étaient peu profondes toutefois.
La goule quant à elle eut le crâne défoncé et s'écroula. Murasa jeta un coup d'œil à la situation, s'envola, et activa une spellcard :
- Tale of the Ocean "Dead Man's Chest"

Une sorte de louche en bois, un hishaku, apparut dans la main gauche de Murasa. Une sphère d'énergie bleutée en jaillit puis percuta le sol. Là, la sphère devint une sorte de boîte lumineuse. Et tout s'activa.
Une quantité d'eau phénoménale apparut du néant, tout autour de la boîte et atteignant deux mètres de haut. Celle-ci aspirait l'eau, formant un tourbillon, mais cela ne faisait pas baisser le niveau.
Prises au dépourvu, les goules se firent emporter par le courant. Elles étaient incapables de résister à une telle force et disparurent sous l'eau.
Malbas avait voulut s'envoler alors que l'eau apparaissait mais le poing droit du golem l'avait percuté au ventre. Le Dévoreur était donc également emporté par l'eau en furie.
Le golem, lui, résistait mais était immobilisé.

Murasa observait la scène d'une expression neutre. Elle eut un regard acide en voyant Malbas tenter de se débattre, attiré par le coffre de l'homme mort.
Il n'était même pas question de l'aider.

Ce ne fut pas nécessaire car, une fois les instants de panique passés, Malbas eut une idée. Il plongea dans l'eau et tendit son bras droit vers le sol.
Un monticule de glace se forma à partir du sol, sans toutefois que l'eau ne se gèle. Rapidement, Malbas eut à nouveau pied et il fut extrait du courant par sa création gelée.
Il regarda Murasa qui eut un soupir de dépit.

A cet instant, l'eau disparut. Le coffre d'énergie se volatilisa, ne laissant derrière lui que trois goules aux corps écrasés par les forces qui s'étaient exercées sur elles.
Evidemment, elles n'allaient pas périr par noyade.
Le golem poussa un rugissement, redevenant le centre d'attention du même coup.
- Encore là, lui ? s'étonna Murasa.
- C'est dommage, hein ? railla le Dévoreur.

Le golem se rua vers lui et donna un coup de poing. Malbas esquiva l'attaque en effectuant un saut périlleux arrière, laissant au monstre le soin de briser la glace.
Littéralement.
Murasa fondit sur la créature faite d'os et tenta de le frapper au visage avec son arme favorite. Le monstre se protégea avec son bras droit mais recula sous l'impact.
D'un mouvement de trident, Malbas fit sortir un rocher du sol. Le bloc de roche lévita un instant avant d'être touché par l'arme noire qui l'envoya contre le golem.
Celui-ci fut touché au genou droit, ce qui lui fit perdre l'équilibre et donna à Murasa l'occasion de s'éloigner, toujours en volant.
- Faut envoyer la sauce, commenta Malbas.

Il passa sa main droite dans son manteau noir et sortit une carte.
- Murasa, je vais avoir besoin qu'il reste ici ! avertit le Dévoreur.
- Ne me donne pas d'ordres ! répliqua aussitôt la fantôme.
Malbas n'écouta pas et commença à s'élever dans les airs.

Murasa poussa un juron. Elle fonça vers le golem et le frappa de toutes ses forces au genou droit. Il y eut un craquement et le monstre plia son articulation. Il tenta toutefois de happer Murasa qui évita de justesse.
Ce fut alors qu'elle entendit la voix de Malbas, désormais cinq mètres plus hauts :
- Unidentified "Remorse of the Six-Winged Devil" !

Malbas se pencha vers le golem, trident pointé vers lui. Six rayons partirent de son dos et convergèrent vers le trident. Les trois de droite étaient rouges, ceux de gauche étaient bleus. Un éclat de noirceur entoura le trident et un laser noir, semblant brumeux, jaillit de l'arme, entouré par les six autres rais de lumière qui tournaient autour.

La capitaine leva la tête et…
Son cœur rata un battement.
Ce n'était plus Malbas qu'elle voyait. Ce n'était plus Malbas qui lançait une spell et tentait de détruire ce monstre d'os.
Ses six ailes brillant dans la nuit, le regard sévère braqué sur le monstre, l'expression crispée sous l'effort.
C'était Nue.

L'attaque percuta le golem. Son rugissement ne s'était pas éteint qu'il explosa en une multitude de débris carbonisés, éloignant du même coup Murasa. Celle-ci se reprit et regarda à nouveau les airs.
La spellcard se désactiva, les rayons disparurent. Tout comme Nue.
Malbas était de nouveau Malbas. Il redescendait lentement et posa pied à terre.
Ses yeux dorés plongèrent dans ceux verts de Murasa qui tressaillit.
- Tu… commença la fantôme.
Malbas détourna le regard et fit disparaître le trident. Il voulut dire quelque-chose mais se ravisa, tout comme la capitaine qui finalement s'interrompit.
Des dizaines secondes s'égrenèrent avant qu'une personne ne prenne enfin la parole.
Mais ce n'était ni Malbas, ni Murasa.

- Vous vous amusez bien ?
La voix avait été rauque et peu agréable à entendre. Elle semblait venir de loin, d'un ailleurs inaccessible.
Les deux camarades de combat se tournèrent. Leur sang se glaça lorsqu'ils virent la liche vêtue d'une robe de sorcier noire et tenant un long sceptre tout aussi sombre à la main droite. Le cristal rouge, entouré d'une pointe en spirale, qui terminé le bâton brillait toujours d'un éclat rougeâtre et sa capuche était toujours rabattue sur son crâne nu.
- C'est vous qui êtes responsable de tout ceci ? demanda Murasa.
- Oui et non. Mais il est inutile de tout te raconter. Tu as beau être déjà morte, rien ne saurait m'empêcher de t'envoyer là où tu devrais être.
Sa réplique était à peine terminée que Khel tendit légèrement son sceptre sur la capitaine. Un projectile d'énergie rouge ovoïde fut projeté à une vitesse hallucinante sur Murasa. Elle n'eut pas le loisir de l'esquiver et se le prit de plein fouet.
L'impact l'envoya à dix mètres de là, entourée de légères étincelles cramoisies. Elle avait lâché son ancre et était prise de soubresauts.
- Murasa !

Malbas se précipita vers elle. Khel tendit sa main gauche vers lui. Plusieurs arcs électriques écarlates jaillirent et percutèrent le Dévoreur. Celui-ci fut projeté contre un arbre et hurla de douleur alors que les éclairs le brûlait.
- Tu as beau avoir une vingtaine d'âmes en toi, tu ne fais pas le poids, Dévoreur, lança la liche par-dessus les crépitements.
Il releva sa main, laissant Malbas s'effondrer au sol. Le Dévoreur avait du mal à respirer et la douleur qu'il ressentait l'empêchait de réfléchir et de se relever.
Il se sentait faible et sans énergie.
Il tourna la tête difficilement, non pas vers la liche, mais vers Murasa.

La fantôme était toujours étendue et ne bougeait pas. Avec peine, Malbas rampa vers elle, ce qui fit rire le sorcier mort depuis longtemps.
Un rire tout bonnement insupportable.
- C'est touchant, vraiment. Elle veut te tuer mais tu t'inquiètes pour elle ? Le Seigneur des Tombes saura apprécier cette anecdote. N'y voyez rien de personnel mais vous me gênez dans ma mission.
Accompagnant ses paroles, la liche tendit son sceptre vers Malbas et Murasa, désormais séparés par trois mètres.
- Priez votre Dieu pour qu'il vous sauve.
- Dommage. Dieu est indisponible pour le moment.

La voix féminine qui avait parlé se trouvait derrière la liche. Au même moment, un orbe d'énergie violacée la percuta à l'épaule gauche. Le nécromancien se retourna vivement et vit sa nouvelle adversaire, en même temps que Malbas.
Un nuage se déplaça et la lune éclaira la nouvelle venue de sa lumière.

Volant à un mètre du sol, une queue de fantôme remplaçant ses jambes, bras croisés sur sa tenue bleue et blanche, Mima toisait son adversaire d'un regard amusé.
- Encore une nouvelle venue. Et ce n'est pas la prêtresse Hakurei, soupira Khel en se mettant toutefois en position de combat.
- Je l'ai assommée dans un cimetière pour éviter qu'elle ne vienne. Ce piège était tellement évident. Mon nom est Mima et je serai ton adversaire ! lança la magicienne d'une voix forte.
- Je suis Khel Tkhazar, intendant du Premier des Morts et Seigneur des Tombes Mortac, ainsi que tuteur de sa fille. Je relève ton défi, fantôme.
Mima sourit tout en décroisant ses bras, tenant son sceptre terminé par un croissant de lune de la main gauche. Elle s'éleva un peu dans les airs tout en reculant, brandit son sceptre puis pointa Khel avec.

Une trentaine de sphères violacée de la taille d'une mandarine apparurent derrière Mima et fusèrent vers la liche. Le sceptre du mort-vivant s'illumina brièvement avant qu'il ne frappe le sol avec. Un bouclier d'énergie pourpre se leva devant lui et arrêta les projectiles.
Le squelette fit ensuite tournoyer son bâton et pointa la fantôme avec. Une série de projectiles d'énergie semblables à celui utilisé contre Murasa fut envoyé contre Mima. Cette dernière esquiva avec aisance, et envoya un orbe violet sombre entouré d'éclairs blancs sortant de son sceptre.
Khel tendit son arme qui absorba l'attaque. Il la fit ensuite tournoyer et envoya une volée de flammes rouge.

Mima brandit son sceptre. Un cercle magique mauve apparut devant elle et les flammes se divisèrent en deux tirs qui passaient chacun sur un côté du cercle, rasant la magicienne. Celle-ci tendit ensuite son bras gauche, et donc son arme, sur le côté avant de le ramener d'un geste rapide vers Khel. Suivant son mouvement, un puissant rayon vert se forma et fila vers la liche.
D'un bond en arrière, l'intendant esquiva. Il chargea quelques instants quelque-chose puis un éclair écarlate partit du bout de son sceptre. Mima leva le sien pour parer.
Le choc la déstabilisa quelque peu mais elle tint bon, à ce moment et tout le temps que Khel tentait de la foudroyer. Puis la liche abandonna et l'éclair disparut.
- Pas mal, glissa Mima.

La fantôme écarta ses bras et une pluie de projectiles d'énergie bleus ou verts se déversa sur le sorcier. Il conjura sans tarder son bouclier d'énergie en frappant le sol et tenta de le maintenir levé alors que Mima déversait un déluge de magie sur lui.
Khel força puis Mima fonça sur lui. Le croissant de lune de son sceptre s'illumina puis elle donna un puissant coup descendant.
Le bouclier vola en éclats et Khel glissa sur plusieurs mètres sous la violence du choc. Il se stoppa en posant une main au sol.
- Excellent, fit-il en se remettant droit.

Il se mit à faire tourner son sceptre, accumulant de l'énergie. Mima, désormais un mètre au-dessus du sol, le regardait faire avec attention. Le sorcier murmura alors quelques mots en une langue inconnue à Gensokyo :
- Irkertz do Kraïn (Chariots du Désespoir)

La liche fit ensuite un mouvement horizontal avec son bâton et deux sortes de chariots constitués de lumière translucide rouge-sang se formèrent. Ils ressemblaient à des carrosses ayant deux roues et étant hauts de plus de trois mètres.
L'un des deux chariots fonça sur une Mima étonnée. Celle-ci arma son sceptre et, alors que le carrosse spectral allait la toucher, libéra un rayon d'énergie bleu-nuit. Le chariot fut emporté et explosa dix mètres plus loin en touchant un arbre.
La magicienne ne vit pas le second chariot qui explosa en la touchant à sa droite tout en distillant une puissante sensation de froid.

Malbas avait profité de l'agitation pour s'approcher en rampant de Murasa. Malgré sa régénération, le Dévoreur se sentait toujours faible et la douleur n'était pas totalement partie.
Il grimaça et vérifia que la capitaine était vivante. Tout du moins, autant qu'elle pouvait l'être.
Il eut un soupir de soulagement en constatant qu'elle respirait. Faiblement, mais elle respirait.
- Rassure-toi, elle s'en tirera, murmura-t-il.
Le Dévoreur pensa un moment à se téléporter avec Murasa mais il manquait cruellement d'énergie pour ce faire. Il se résolut donc à attendre la fin du combat, tout en restant près d'elle.

Mima s'écrasa contre un arbre qui tomba. Elle se rétablit rapidement toutefois, vêtements en partie déchirés et brûlés, et se décala vers la gauche pour éviter un nouvel éclair rouge qui embrasa les restes de l'arbre.
La scène était donc désormais éclairée par les lueurs d'un feu qui grandissait. Chose qui fit amplement sourire la magicienne.
Khel s'approcha de quelques pas puis fut obligé de parer une volée de flèches d'énergie vertes avec son bâton. Il le fit tournoyer et le pointa sur Mima.
Une sphère noire grosse comme une pastèque jaillit et traça sa route vers la fantôme. Elle s'éleva dans les airs pour éviter et alors qu'une explosion se produisait, étendant un peu plus les flammes, Mima sortit une spellcard.
- Evil Sign "Radiance of Dark Stars"

La magicienne leva son sceptre vers le ciel alors que deux imposantes ailes semblant fait de plumes noires apparaissaient derrière son dos. Des étincelles pâles crépitèrent autour du fantôme qui abaissa son arme au bout de cinq secondes.
Des dizaines de traits d'énergie sombre tombèrent du ciel en direction de Khel, telle une pluie de noirceur.
Celui-ci leva son sceptre. Une lumière rouge le parcourut brièvement et deux ailes poussèrent dans son dos. Elles avaient la forme de squelette d'ailes de chauve-souris et peu de peau reliait les différents doigts osseux.
Cela suffit à la liche qui s'envola, tel un Ange de la Mort. Khel tenta de passer entre les projectiles, utilisant son sceptre pour absorber ce qui aurait pu le toucher. Toutefois, l'envergure de ses ailes était trop importante et plusieurs petits lasers arrivèrent à leur fin.
La liche réagit avant qu'il ne soit trop tard et fit tournoyer son sceptre tout en énonçant :
- Creshz do Lorn (Croissants de Lune)

Une aura mauve entoura son arme et plusieurs croissants d'énergie s'en échappèrent à chaque tour. Etendus mais fins et rapides, il fusèrent sur Mima.
Celle-ci bougea, annulant sa spellcard, pour esquiver, bien que gardant ses ailes. Elle avisa les ailes désormais endommagées de Khel et tira plusieurs sphères violettes en leur direction, tout en prenant garde aux croissants.
Le sorcier mort depuis longtemps piqua vers le sol pour esquiver, se posa alors que ses ailes tombaient en poussières puis murmura à nouveau quelque-chose :
- Octen Enfrektal RalIngû (Nuit Infernale Sans Fin)

Une chape de noirceur entoura le sorcier. Il brandit ensuite son sceptre vers Mima. Les ténèbres qui entouraient Khel devinrent un laser noir imposant qui fusa vers la fantôme.
Celle-ci alla sur la gauche pour l'éviter mais à sa grande surprise, le laser inclina sa course pour revenir vers elle.
Mima descendit alors en piqué et vola en rase-mottes, poursuivie inlassablement par le rayon qui ne semblait pas avoir de fin. Elle arriva près du feu déclenché plus tôt qui s'étendait peu à peu et fit soudainement volte-face, repartant droit vers Khel, rayon toujours sur ses talons.
La liche compris le plan de Mima et fit disparaître son attaque avant de lancer plusieurs arcs électriques rouges avec sa main gauche.

Mima évita facilement et revint en arrière pour se placer dos aux flammes qui dévoraient peu à peu la forêt.
- Il est temps d'en finir, annonça-t-elle.
- En effet. Vous semblez fatiguée, lança la liche.
Mima eut un rictus et brandit une nouvelle spellcard alors qu'un imposant et complexe cercle magique mauve apparaissait derrière elle, devant les flammes.
Les ailes de la magicienne s'agrandirent, prouvant ainsi qu'elles étaient en fait constituées d'ombre. Les deux appendices battirent deux fois puis se joignirent pour former un cercle noir qui remplaça le cercle précédent et commença peu à peu à se charger d'énergie lumineuse. Toute la lumière, ou du moins le peu qu'il y avait, disparut. Ce fut lorsque le cercle était brillant que Mima tendit son sceptre vers Khel, lequel se tenait prêt. La voix de la magicienne s'éleva et énonça d'une voix forte :
- Complete Darkness "Twilight Spark" !

Un rayon d'énergie lumineux jaune, mais pourtant parcourut d'éclats noirs et entouré d'éclairs, jaillit du cercle. La puissance dégagée par l'attaque était telle qu'elle sembla déclencher une secousse sismique tout en illuminant les environs comme en plein jour.
Khel tressaillit, éberlué. Jamais il n'avait vu une telle chose.
Un tel déchaînement de puissance magique.
La liche tendit son sceptre tout en énonçant :
- Dercvatran Ersh Irdal Erd ! (Dévoreur Assoiffé d'Energie)

L'impact fit reculer le sorcier. Son bâton commença alors à absorber l'attaque, du moins tenta de le faire. Khel luttait de toutes ses forces pour ne pas se faire emporter comme un fétu de pailles, fermement ancré au sol. Son sceptre se mit à briller intensément et des étincelles s'en échappaient, signe qu'il arrivait à saturation.
S'il avait pu, Khel aurait sourit.
- Bien joué, demoiselle Mima, fit l'intendant en lâchant prise alors que son sceptre menaçait d'exploser.

La déflagration qui se produisit fut entendue à un kilomètre à la ronde et la lumière put être observée depuis la Montagne Yôkai. Plusieurs arbres furent arrachés par le souffle de l'explosion, qui éteignit l'incendie naissant, mais Malbas et Murasa, étant plusieurs mètres derrière Mima, n'eurent rien.

A l'endroit de l'explosion, la liche gisait sur le ventre, immobile. La lueur de ses yeux avait disparue et plusieurs de ses os étaient partis en poussière. Son crâne était fracturé en de nombreux endroits, et sa robe de sorcier était en lambeaux.
La squelette tenait toujours son bâton dans les restes de sa main droite. Le sceptre avait reprit sa teinte noire naturelle mais le cristal rouge qui était encastré dedans brillait intensément.

Lentement, Mima s'approcha, volant à quarante centimètres du sol. Elle croisa les bras et posa son regard sur les restes de la liche. Un vague sourire flottait sur ses lèvres, comme si elle attendait quelque-chose.
Elle ne manifesta aucune surprise lorsque le cristal brilla encore plus violemment et que le sceptre s'entoura d'éclairs rouges. Les éclairs s'étendirent au squelette dont les diverses blessures disparurent. Les os disparus revinrent, les fractures se refermèrent et même la robe se reconstitua.
La main droite de Khel se resserra sur son bâton puis la liche se releva alors que la lueur rouge dans ses yeux s'était rallumée. Ses orbites vides se posèrent sur Mima.
- Je craignais que votre phylactère ne fonctionne pas, lança-t-elle.
- Je n'aurais jamais été là sinon. Une chance qu'il soit si proche et pas dans mon monde d'origine. Vous l'aviez deviné, je présume, fit Khel en rabattant sa capuche.
- Il était évident que votre âme et énergie vitale étaient conservées dans le cristal. On ne me cache pas ce genre de choses. Dites-moi maintenant, comment êtes-vous arrivé ici ? s'enquit la fantôme.
- Un dénommé Kraïsen a réussi à m'invoquer. C'est grâce à son pouvoir que j'ai pu conjurer des morts venant de mon monde plutôt que de relever ceux d'ici, expliqua Khel.
- Vous êtes bien loquace, remarqua Mima.
- Cette histoire ne me concerne pas. Ma loyauté va au Seigneur des Tombes Mortac et à sa fille. Personne d'autres. Je me moque de ce que Lucifuge Rofocale veut faire ici. Ma seule raison de l'aider était qu'il me ramène chez moi. J'ai une leçon à dispenser et je n'apprécie guère être retardé.
Plusieurs éclairs rouges crépitèrent autour de la liche.
- Quelle chance ! Il semblerait que mon échec ne soit pas du goût de cet incompétent de Rofocale, nota le sorcier mort.
- Si vous pouviez m'en dire plus…
- Navré mais je n'ai pas tout écouté et compris. Gardez juste un œil sur Hakurei et Jealousy.
- Pourquoi ? Je sais pour Reimu mais ce Jealousy…
Les éclairs s'intensifièrent.
- Vous auriez pu me poser la question plus tôt. C'est à vous de le découvrir. Si vous avez besoin d'un coup de main, un jour, pensez à moi. Idem pour un match-retour.
Mima soupira alors que Khel se détournait.
- Je note. Passez le bonjour à votre Mortac et sa fille, fit la fantôme.
- Miss Inghan et Monseigneur seront ravis d'écouter cette aventure. Peut-être vous croisez-vous un jour… A la prochaine !

Sur ces mots, Khel leva son sceptre en guise de salut. Il le reposa et effectua quelques pas avant de disparaître dans un éclat de lumière cramoisie.
Mima soupira à nouveau.
Elle allait de bizarreries en bizarreries.
La magicienne se tourna vers Murasa et Malbas et se dirigea vers eux. Murasa était toujours inconsciente et le Dévoreur se relevait, près d'elle.
- Je vois que tu n'en as pas profité pour dévorer son énergie, lança Mima en croisant les bras.
- Je… Je n'en ai pas l'intention, rétorqua Malbas.
- Lucifuge Rofocale. Ce nom te dit quelque-chose ? questionna la fantôme.
- Non. Pas du tout.
- Dommage.
Un ange passa puis Malbas demanda :
- Vous allez me tuer ?
- Je devrais. Mais vu ton état, ce ne serait pas amusant. Et puis, elle en meurt d'envie, je ne vais pas lui gâcher ce plaisir.
Mima ricana sur ses mots puis s'approcha de Murasa qu'elle prit dans ses bras.
- Je m'occupe d'elle. File maintenant, avant que je ne change d'avis. Officiellement, nous ne nous sommes jamais vus, c'est clair ?
Malbas hocha la tête affirmativement. Il y avait des moments où il valait mieux se faire tout petit.
Le Dévoreur jeta un dernier regard à Murasa puis disparut dans une gerbe de flammes. Mima leva les yeux au ciel puis s'envola vers le Village Humain, laissant l'ancre au sol. Quelqu'un viendrait bien la chercher plus tard.
Tout en partant, la magicienne se mit à sourire en imaginant la colère que piquerait Reimu le lendemain si elle l'avait reconnue dans le cimetière.
- Ça va être beau… murmura Mima en s'enfonçant dans la nuit.

Loin de là, un Premier Ministre infernal tentait de juguler sa colère.
- Je ne pensais pas que ce serait un tel échec. Quel incapable.
Lucifuge soupira.
- J'ignore si Jealousy fera ce que j'attends de lui. Je ne voulais pas en arriver là mais je n'ai pas le choix…
Le démon se retourna. Un Damné se tenait à moins d'un mètre. Une légère fumée noire s'échappait de lui. Une courbe noire reliait le dessus des trous de ses yeux, courbe qui se transformant en une ligne en descendant le long des jours à partir du bas des yeux. Telle une coulée de larmes.
- Tu es, malheureusement, le mieux placé pour cette mission. Je compte sur toi, Ierukah…
Le Damné hocha affirmativement la tête. Il se décomposa ensuite en fumée noire et s'éleva dans les airs avant de s'éloigner, indiscernable dans la nuit…
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeVen 29 Juin - 20:21

Chapitre 20 : Mélancolie Empoisonnée


"La vie est un éternel recommencement. Aujourd'hui laissera toujours place à demain, bonheur et malheur se succèdent. Après la nuit pointe toujours l'aube et de la pluie naît toujours un magnifique arc-en-ciel.
Ce cycle éternel s'applique également à nous qui ne sommes que de passage.
Il nous faut seulement l'accepter."
Surana Hakurei



Pour la plupart des êtres diurnes, le levé du jour était un soulagement. Une nouvelle journée commençait, une nouvelle page de ce grand livre qu'on nommait "La Vie" se tournait. Il ne restait plus qu'à écrire la suite.
Ce levé de soleil était d'autant plus salvateur pour les habitants de Gensokyo qu'il annonçait la fin d'une triste journée. Les morts-vivants avaient déferlé sur les terres fantastiques et plusieurs personnes en avaient subi les conséquences. Toutefois, le pire avait été évité et seules des blessures diverses et variées mais à la gravité toute relative étaient à déplorer.
En cette période de l'année, les forêts s'étaient parées de leurs habits d'automne, offrant un spectacle de marron, d'orange et de rouge. Les chatoyants rayons du soleil s'infiltrèrent entre les arbres de l'une de ces forêts. Sans se presser, ils progressèrent jusqu'à une forme endormie contre un arbre.
Plusieurs feuilles étaient tombées sur cet être vêtu d'une veste grise passée sur un T-shirt plus sombre ainsi que d'un pantalon noir. Le tout était strié d'arabesques vertes.

Réo se réveilla dès que les rayons solaires atteignirent son visage. Il battit plusieurs fois des paupières à cause de la luminosité puis bailla. Ses yeux s'habituèrent à la lumière puis le métamorphe se leva, faisant tomber les feuilles qui le couvraient.
Il regarda un peu les alentours, tâchant tout d'abord de se situer.

La Forêt de la Magie offrait un véritable clair-obscur. Le soleil jouait avec les arbres et offrait de saisissants contrastes. Une atmosphère véritablement féerique s'était crée, faisant fie de l'humidité ou de la fraîcheur qui régnaient malgré tout.
Un vague sourire étira les lèvres de Réo. Avec le cauchemar qu'avait été la veille, il se rendait maintenant compte de la beauté de Gensokyo. Il aurait presque pensé être heureux d'être là, dans un tel monde.
Le souvenir de sa discussion avec Lucifuge assombrit ses pensées.

(- Tu vas encore te lamenter pendant des heures ?), lança soudain Pride.
Réo ferma les yeux. Il s'imaginait Pride, assit sur une branche de l'arbre qui lui faisait face. L'expression ennuyée, son regard mauve posé sur l'Envieux, l'Orgueil aurait lâché un soupir.
(- Tu es navrant, quand même. N'avais-tu pas dis au Voyageur que tu allais avancer ?)
- Les choses ont changé…
Pride aurait poussé une exclamation contrariée avant de se laisser souplement tomber au sol. S'il était en pleine lumière, ses vêtements totalement noirs le rendraient toutefois semblable à une ombre. Une part de ténèbres arrachée à la nuit. Mains dans les poches de sa veste noire dont le bas était en pointes, ce qui donnait l'impression qu'elle était déchirée, il se serait alors approché d'un air dédaigneux.
(- Tu es un imbécile)
Comme toujours, la voix de Pride souffrait d'une sorte de léger écho. Sa sonorité était toutefois moins étrange et désagréable qu'avant, presque dénuée de cet aspect métallique qui faisait penser à des dizaines de lames se frottant les unes contre les autres.
Réo n'aurait pas répondu, se contentant de regarder ailleurs, plus sur la gauche.
(- Tu as accepté le marché de Lucifuge. Mais rien ne t'oblige à lui obéir)
Désormais à moins d'un mètre, Pride aurait croisé ses bras sur sa poitrine, incitant Réo à soutenir son regard.
- C'est vrai. Mais comment soutenir le regard de Reimu alors que j'ai presque parié sur sa vie ?
Tout en parlant, Réo tournerait sa tête vers la droite sans pour autant poser les yeux sur l'Orgueil. Celui-ci lui lancerait un regard tellement équivoque qu'il aurait très bien pu brandir une pancarte avec écrit en gros caractères : "Tu es un idiot".
(- Tu as une option, virer ta dette en la tuant. En supposant que tu y arrives, ce dont je doute grandement, imbécile. En somme, cela ne change rien)
La voix de Pride se teintait de lassitude. Le visage de l'Envie se crispa.
- Tu ne comprends pas ! Je…

La main gauche de l'Orgueil se refermerait sur le cou de Réo, lui ôtant la possibilité de continuer sa phrase. Le tenant à bout de bras, Pride l'aurait ensuite plaqué contre le tronc de l'arbre avant le lui faire quitter le sol de quelques centimètres, le soulevant sans difficulté apparente.
L'Ombre pousserait un soupir contrarié, tête basse. Par réflexe, l'Envie aurait mis ses mains au niveau de son cou sans toutefois pouvoir se dégager.
(- J'en ai marre de t'entendre geindre et te lamenter sans-cesse, gamin pisseux ! Si tu détestes tellement vivre, tues-toi, ça fera un abruti de moins sur cette planète. Ou alors laisse ceux qui veulent vivre le faire pleinement !)
Pride se serait mit à trembler de colère tout en braquant ses yeux violets dans ceux de l'Envieux. Mâchoires serrées, regard dur, l'Orgueil semblerait juguler sa rage, rage qui transpirait dans sa voix qu'il s'efforçait de rendre calme.
(- Parce que figure-toi qu'il y en a qui ne demandent que ça : vivre. Tu as tout ce que tu désirais, des amis, la force, un nouveau monde, une maison… Et tu arrives encore à te plaindre ? Tu me dégoûtes, gamin pisseux !)

Cette fois, Pride lâcherait prise et enverrait Réo à terre avec assez de force pour le faire rouler deux ou trois fois sur le sol.
Sur le dos, le polymorphe ne pouvait par réagir, heurté par les mots de l'Ombre comme s'il s'agissait de coups portés par des poings de titane.
Furieux tout en se maîtrisant un minimum, Pride approcherait et poserait son pied gauche sur le ventre de son partenaire spirituel, comme Suika l'avait fait la veille.
(- Ecoute-moi bien maintenant. Si tu n'as pas le cran de faire face à tes décisions, d'affronter ta propre existence la tête haute alors laisse-moi ton corps. Laisse-moi faire tout ce que je désire faire et tu n'imagines pas à quel point ces choses sont nombreuses. Laisse-moi vivre ma vie, libre, et morfonds-toi pour l'éternité dans les méandres de ton esprit brisé. Honnêtement, que tu tues Reimu ou non, j'en n'ai rien à faire. Que tu obéisses à Lucifuge ou non, pareil. Que tu te saoules avec Suika, dragues la première nana venue, manges la moitié des yôkais ou affrontes des tengus, je m'en moque ! Je te demande juste d'accepter ce que tu es, ce que tu fais, d'accepter ton fichu pacte et ce qu'il implique. Moi et Malbas sommes nés à cause de toi. Tu es responsable de nos actes car sans toi, nous ne serions pas là mais, bon sang, qui s'en soucie, gamin pisseux ?)
Pride avait élevé la voix sur la fin de sa réplique, son cri se serait perdu dans la forêt qui s'éveillait doucement.
Sous son pied, Réo resterait immobile, n'esquissant pas le moindre geste. Il ne cherchait même pas à ce justifier ou à contrer, laissant Pride déballer tout ce qu'il avait à dire.
Et il ne se fit pas prier, accentuant la pression sur le ventre de l'Envie et sur son esprit.
(- Parce que tu crois quoi ? Que je vais te laisser sacrifier toute ta famille et même celle que tu aimais pour ensuite te plaindre ? Tu te fous le doigt dans l'œil, gamin pisseux ! Laisse-toi manipuler par cette ordure de Lucifuge si tu veux mais assume au moins ! Assume que t'as fais des conneries pour un caprice d'ado pleurnichard et faible ! Assume que tu as crée et brisé des vies ! Regarde-moi quand je te parle, gamin pisseux !)

L'Envieux aurait détourné le regard, incapable de soutenir celui de son Ombre. Il se mordait la lèvre inférieure, comme s'il allait se mettre à pleurer. Il sentirait le poids de Pride disparaître puis sursauterait alors que le poing droit de l'Orgueil s'abattrait sur le sol, à quelques centimètres de ses yeux.
(- Tu te rends compte à quel point tu es lamentable, gamin pisseux ? Même pas fichu de te rendre heureux ! Quand vas-tu arrêter ? Quand vas-tu arrêter de te haïr ?)
Telles des pointes de flèches tirées avec une précision chirurgicale, les mots de l'Orgueil se fichèrent dans le cœur de l'Envie. Pride avait raison.
Depuis toujours, Réo se détestait lui-même. Au fond, ce n'était pas tant ceux qui avaient le bonheur qu'il haïssait, ni les multiples amants de celle qu'il avait aimée.
C'était lui-même qu'il exécrait. Il se haïssait lui-même pour ne pas être capable d'avoir ce qu'il désirait. Et même maintenant, il se haïssait pour tous ses actes passés.

La main gauche de Pride se refermerait sur le col de Réo. Celui-ci se sentirait ensuite soulever. A la merci de son Ombre, il n'aurait d'autres choix que de le regarder à nouveau dans les yeux. Le visage de Pride serait déformé par la rage. Une rage qu'il laissait enfin s'échapper.
(- Contrairement à moi, tu as un corps, une vie ! Tu peux agir autant que tu le désires, de la façon que tu veux et au moment où tu le souhaites ! Alors profites-en, bon sang ! Vis !)
Chacun de ses mots était porté par une rancœur qu'il avait cachée au fond de lui-même.
Les vociférations de Pride firent alors comprendre quelque-chose à Réo. Une chose à laquelle il n'avait jamais prêté attention, aussi posa-t-il une question qu'il ne s'était pas posée jusqu'alors.
- Pride… Tu… Tu m'en veux ? …
Sa voix était chevrotante, reflet exact de son esprit brisé.

Pride rumina puis jetterait à nouveau Réo au sol. Celui-ci ne bougerait pas, restant à subir la colère de son Ombre.
(- Si je t'en veux… Tu me demandes si je t'en veux pour me gonfler avec tes lamentations et regrets ? Avec tes niaiseries à vomir ? Ou si je t'en veux pour le pacte ? Pour avoir assassiné ta famille ? Ou si je t'en veux pour me forcer à être prisonnier de ton esprit ? A vivre tel un parasite, attendant le bon vouloir de son hôte pour enfin agir ?)
L'Orgueil croiserait les bras avant de soupirer, excédé, regardant le sol pendant quelques secondes. L'Envieux resterait au sol, attendant la réponse de l'Ombre.
Une fois qu'une quinzaine de secondes furent écoulées, Pride regarderait à nouveau Réo. Un regard froid d'où aucune émotion n'était perceptible. Sa voix était également neutre, bien plus calme que précédemment.
(- Je t'en veux pour tomber et ne pas te relever. Je t'en veux pour rester à terre et te lamenter sur ton sort, gamin pisseux. Tu ne profites pas de ce que tu as gagné et ne cherche pas véritablement à améliorer les choses. Tu te contentes de fuir sans cesse. Voilà pourquoi je t'en veux)
Les paroles de Pride tranchaient avec ce qu'il avait lâché juste avant. Il avait à moitié contourné la question. Il était bien parti pour achever son œuvre et dire tout ce qu'il ressentait et avait gardé pour lui… Mais au dernier moment, alors qu'il allait donner l'ultime assaut, il s'était rétracté.

Au lieu de continuer sur sa rancœur, il avait finalement choisi de tendre la main à Réo. Cela était déguisé comme des reproches, bien sûr, mais l'Envie s'en rendait compte. La dernière réplique de Pride avait pour but de lui indiquer la voie à suivre au lieu d'alléger l'Ombre de ce qui semblait être un fardeau invisible, fort bien dissimulé jusqu'alors.
Le silence s'installa pendant près d'une minute puis l'Orgueil prit une nouvelle fois la parole, d'un ton qui se voulait détaché.
(- Alors que choisis-tu ? Que comptes-tu faire, Jealousy ?)
L'intéressé se remit assis puis poussa un long soupir. Un léger sourire étira ensuite ses lèvres alors qu'il baissait la tête.
- Tu as terminé ? lança-t-il d'une voix presque railleuse.
Pride ne répondit pas et demeurerait bras croisés.
Réo tendit alors son bras gauche vers l'avant, tête basse.
- Pride… Aide-moi à me relever…
L'Orgueil approcherait puis tirerait l'Envie tout en arguant :
(- Même en l'imitant, t'arrives pas à la cheville de Youmu !)

Réo fit un pas après être à nouveau debout. Il regarda ensuite à sa gauche. Puis à sa droite. Et enfin derrière lui.
Il était seul.
Le jour continuait de croître doucement, le chant des oiseaux commençait à couvrir le bruissement des arbres teintés de rouge… Rien d'anormal ou de nouveau en soi.
Réo ferma les yeux. Lui-même ignorait ce qu'il s'était exactement passé. Pride ne pouvait pas se matérialiser hors de son corps mais la scène était si réelle… Avait-il fait une sorte de rêve éveillé ?
Le vent fit voler quelques feuilles marrons et l'Envie haussa les épaules. Peu importait au final que la scène fût réelle ou non.
L'échange l'avait été.
Accompagnant la brise qui soufflait doucement entre les arbres, Réo s'éloigna tranquillement…
(- Enfin, tu te décides…), murmura une Ombre en lui.

Plus loin et également plus tard, une prêtresse vêtue de blanc et de rouge balayait les feuilles mortes qui tapissaient la cour de son temple. Une dizaine de mètres derrière elle se trouvait Mima, bras croisés. Et, encore un peu plus en arrière, assise sur le perron du temple, jambes dans le vide, Suika buvait inlassablement à sa gourde. Cela donnait à Reimu la désagréable impression d'être la seule à travailler.
Impression parfaitement exacte.

Alors qu'une bonne partie des feuilles avait été dégagée, le vent en amena d'autres, ce qui fit soupirer la prêtresse et ricaner la magicienne.
- Ce n'est pas drôle, Mima, glissa Reimu.
- Je trouve que si. L'univers entier t'en veut ces derniers temps.
Reimu se retourna vers Mima pour lui jeter un regard noir.
- Si j'attrape la personne qui m'a fait ça… commença-t-elle.
Elle faisait référence au responsable de l'assommoir dont elle avait écopé à la sortie du cimetière où reposait sa mère. Elle ne s'était réveillée que pendant la nuit, ce qui lui avait permis d'éviter totalement l'incident de la veille.
Une raison de plus pour être de mauvaise humeur.

Elle avait toutefois été au Village Humain à la première heure et avait été soulagée de voir que rien de dramatique ne s'était produit. Depuis, elle faisait un peu de nettoyage, reprenant des forces avant de repartir à l'aventure.
- Tu devrais la remercier. Tu n'as pas eu besoin d'intervenir pour que l'incident soit clos, lança Mima.
- Ce n'est pas une raison ! Mon rôle est de protég-…
- Blablabla, la coupa Mima en agitant sa main droite, juste pour le plaisir de la taquiner un peu plus.
Suika ne suivait pas la conversation. Désormais allongée sur le perron, elle regardait le ciel qui se chargeait de nuages.
- Je me demande qui en était le responsable… murmura Reimu qui reprit son travail.
- Le responsable de la présence des morts-vivants était Khel Tkhazar, une liche non originaire de Gensokyo. En revanche, la personne responsable de ses agissements est un certain Lucifuge Rofocale, expliqua Mima.

Le léger sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres indiquait qu'elle attendait d'aborder ce sujet. Ses suspicions furent confirmées lorsque Reimu se figea à l'écoute de ce patronyme. La miko se retourna lentement vers Mima qui arborait à nouveau une expression moqueuse.
- Tu le connais ? demanda-t-elle d'un ton faussement innocent.
Reimu resta sans répondre durant plusieurs secondes, comme s'il lui fallait du temps pour digérer l'information et l'assimiler complètement.
- Oui… répondit laconiquement la prêtresse.
Mima était toutefois décidée à ne pas la laisser s'en tirer comme ça et enfonça le clou un peu plus :
- Dans ce cas, qu'attends-tu pour aller le punir comme il se doit ?
La prêtresse hésita à répondre, ce qui permit à Mima de continuer.
- A moins que tu ne l'aies déjà affronté…
De nouvelles secondes s'écoulèrent, rythmées par le vent qui soufflait en de faibles rafales. Mima reprit alors la parole :
- Tu le crois responsable de la mort de Surana, n'est-ce pas ? C'est pour cela que tu as peur de lui.
- N'importe quoi !
Reimu avait involontairement haussé le ton, indiquant à Mima qu'elle avait touché un point sensible.
- L'incident d'hier avait pour but de t'attirer dans un piège dont l'issue devait t'être fatale. L'objectif de ce Lucifuge est de te tuer. Je veux juste savoir pourquoi, expliqua calmement l'esprit.
Malgré le peu d'éléments dont elle disposait, elle avait sans aucun mal compris la situation.
- Je n'en sais rien. Il a juste évoqué ma mère…
- Et c'est pourquoi tu penses qu'il l'a tuée.

Reimu ferma les yeux et inspira profondément.
- Oui. Cela me semble logique. Il a tué ma mère pour une raison que j'ignore encore et veut maintenant terminer le travail.
La prêtresse s'était forcée à gommer toute émotion dans sa voix.
- Et bien tu as tort. Ce n'est pas lui qui a tué Surana, affirma Mima.
Elle était sûre d'elle, contrairement à la miko dont la perplexité et la surprise se lurent sur son visage, puis dans le ton qu'elle employa :
- Et qu'est-ce qui te permet d'affirmer cela ?
- Quelque-chose de très simple. Si l'assassin de ta mère voulait te tuer, tu serais déjà morte.
Mima n'y était pas allé avec le dos de la cuillère.
- Que… commença la miko.
- Tu as survécu à Lucifuge, inutile de tenter de me le cacher. Il a tenté de mette un terme à ta vie et a échoué. S'il avait été le tueur de Surana, il aurait réussi. Et puis…
Mima hésita un peu avant de continuer :
- De toute évidence, il ne sait pas où te trouver….
- Il semblait ignorer jusqu'à mon existence, intervint Reimu.
- Exactement. J'ajouterai même qu'il ignore tout de Gensokyo. Et tu veux me faire croire que c'est lui l'assassin ? Ça ne tient pas debout. Surana a été retrouvée ici, en plus. Avec toi pleurant sur son corps…
Reimu recula de quelques pas sous l'impact de la surprise.
- Quoi ? Je… J'étais… J'étais là ? …
Elle s'était mise à trembler.
- Il faut croire, c'est ce que m'a dit Yukari… Tu n'étais pas au courant ? La porte était défoncée, peut-être as-tu entendu les bruits de l'affrontement, même si je doute que tu aies pu défoncer la porte à trois ans… Le temple en lui-même était intact, mais la cour était dévastée, en revanche…

Reimu n'avait pas entendu la fin de la phrase de Mima. La miko avait lâché son balai qui était tombé avec fracas. Elle ne l'avait pas entendu non plus. Le regard de Reimu était posé sur un endroit particulier de la cour. Quatre mètres devant les trois marches menant au perron.
A cet endroit…

Maman…

A cet endroit précis…

Maman !

Elle avait…

Maman !

Les cris déchirants d'une petite fille résonnaient dans la tête de Reimu. Ses yeux étaient perdus dans le vague. Elle ne percevait plus ce qui l'entourait, accaparée par ce qu'elle entendait, puis voyait. Une scène. Une scène qui n'était pas née de son imagination. Une scène enfouie dans la mémoire de Reimu et qui se révélait en partie, alors que son cœur battait à grands coups douloureux dans sa poitrine, accompagnant les appels désespérés d'une petite fille.

Maman !

Il y avait quinze ans de cela, une petite fille vêtue de rouge et de blanc découvrait l'affreuse réalité de la mort.

Réveille-toi, maman !

Il y avait quinze ans de cela, une petite fille secouait sa mère ensanglantée et inconsciente, allongée sur le dos.

Allez ! Réveille-toi !

Il y avait quinze ans de cela, les larmes d'une petite fille se mêlèrent au sang de sa mère. Elle l'appela, encore et encore, de toutes ses forces, tentant en vain de la réveiller.

S'il te plait…

Ses appels résonnèrent dans les alentours sans toucher celle que la petite fille voulait voir ne serait-ce qu'esquisser un geste ou prononcer un mot.

Réveille-toi maman ! Maman ! Maman !

Malgré ses efforts, jamais les paupières de Surana Hakurei ne se rouvrirent.

Maman !
- Maman !

Cette fois le cri était sortit de la bouche de Reimu, au moment où la petite fille appelait à nouveau. Elle ne voyait plus la scène, elle la vivait à nouveau. Elle était là, toute proche de sa mère dont les yeux étaient clos.
Tremblante, Reimu voulut faire un pas, mais ses jambes ne la portaient plus. Elle bascula en avant sans pouvoir se retenir, rattrapée finalement par une Mima stupéfaite.

- Maman !

A nouveau, Reimu appela. La réminiscence disparut alors. Ses larmes restèrent.
Sans s'en rendre compte, la prêtresse s'était mise à pleurer. Elle se blottit alors contre Mima et éclata en sanglots.
Des sanglots douloureux et irrépressibles.
Mima en resta interdite. Puis doucement, elle passa ses bras autour de Reimu et la serra contre elle…


Le soleil avait dépassé son zénith depuis peu. Les imposants nuages noirs qui s'étaient formés obstruaient la voie à ses rayons et annonçaient que l'humidité de Gensokyo allait certainement augmenter quelque peu.
La visibilité avait sensiblement diminué, d'autant plus lorsqu'on se trouvait dans la Forêt de la Magie.

Adossé à un chêne, Réo terminait d'engloutir le lapin qui avait attrapé un peu plus tôt par pure chance. Il allait bien mieux depuis son altercation aux frontières du réel avec Pride.
Ce dernier avait fait comme rien ne s'était passé, raillant, comme à son habitude, Réo dès que l'occasion se présentait. Et même quand elle ne se présentait pas, d'ailleurs.
(- Alors Jealousy, quel est le programme ? Tu veux retenter d'aller t'excuser auprès de la prêtresse que tu étais censé retrouver ?)
Réo considéra l'idée en caressant le bracelet d'ouroboros qui était passé à son poignet gauche.

Son pouvoir de polymorphie lui avait permis de le faire disparaître jusqu'à maintenant. Il était toutefois temps de le remettre.
C'était un cadeau après tout.
L'Envieux eut un léger rire en se disant que Toph l'aurait sans doutes frappé si elle l'avait vu déprimer. Elle lui manquait, au fond.
Aveugle depuis la naissance, elle se déplaçait toutefois sans mal. Elle se repérait et "voyait" grâce aux vibrations de la terre, captées grâce à la maîtrise associée. Maîtrise de la terre qu'elle avait été la première à faire évoluer en maîtrise du métal. A seulement douze ans, elle surpassait bien des adultes.
Elle et Réo avaient passé de longs moments à s'entraîner, et Toph n'y allait pas de main morte ! La douceur était un concept qui lui était totalement étranger.
(- C'est à elle que tu dois le fait de ne pas être totalement à la rue niveau combat. Tu lui dois également une bonne partie de ce que tu es, vu qu'à l'époque, tu avais perdu la mémoire…), intervint Pride.

Pour une fois, Réo fut bien obligé d'admettre que l'Orgueil disait vrai. Toph avait pas mal déteint sur lui, lui transmettant par exemple sa soif d'indépendance et ce goût prononcé pour la manière forte.
Le fameux prix payé par Réo avait beaucoup changé la donne. Déjà, à son arrivée à Gensokyo, il avait perdu tous ses repères, sans parler de la remise à zéro de ses capacités absorbées. Avec la perte de ses dernières âmes, il ne restait du précédent voyage que des souvenirs. Réo était presque certain d'être plus faible qu'auparavant, désormais.
En payant son prix, il s'était mangé lui-même. Mais ainsi, il pouvait continuer à vivre.
Exactement de la même manière que l'ouroboros, symbole d'éternité, qui enserrait son poignet.
Et il devait se montrer fort et inébranlable.
- Comme un roc ! se lança le polymorphe à lui-même, imitant par là même son amie laissée dans un autre monde.
Oui, elle l'aurait vraiment frappé.
(- Je dois dire que la voir te taper dessus me manque un peu… Heureusement, Suika est là pour la douceur. Pour le côté garçon manqué, je pense qu'on peut compter sur Marisa. Pareil pour la douceur, en fait…)
- De quoi tu parles ?
(- Laisse tomber, gamin pisseux !)
Réo soupira puis se leva finalement. Il étira ses bras puis fut entouré d'éclairs rouges, avant d'être parcouru par un éclat de lumière cramoisie. Quelques secondes plus tard, il avait pris sa forme de loup noir et s'élançait à travers les bois.

Au bout d'une trentaine de minute à flâner au milieu des arbres, le loup tomba sur un bien macabre spectacle. De nombreux corps de ce qui devait être des zombies gisaient sur le sol dans des positions grotesques. De toute évidence, un violent affrontement avait eu lieu à cet endroit.
Le polymorphe avança encore un peu et découvrit les restes broyés de morts-vivants plus étranges. Ils semblaient encore moins humains que leurs confrères plus classiques.
Le sol était marqué de noir et plusieurs arbres étaient soit mal en points, soit brûlés. Ce fut alors que l'envieux remarqua une ancre, posée sur le sol.
Mais qu'est-ce qu'un pareil objet venait faire dans tout ça ?
(- Gensokyo. Cherche pas plus loin), railla Pride.

Réo s'avança un peu plus puis reprit forme humaine, illuminant un peu les alentours de lumière écarlate. Il s'accroupit et examina l'objet. Il remarqua alors qu'un peu de sang la maculait.
(- Y'a quelqu'un qui s'en est servi comme arme ?), tenta l'Orgueil.
L'Envieux haussa les épaules.
Ce n'était pas important au final. Enfin, peut-être… On ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre en ces lieux.
Le métamorphe décida de laisser l'ancre en place et alla en revanche faire les poches des cadavres. Après tout, il fallait bien que l'Avarice s'exprime de temps en temps.
Etonnement, il trouva un peu d'argent. Rien de bien extraordinaire mais ça pouvait servir.
(- Certains cherchent une personne potentiellement en danger. D'autres font les poches aux cadavres)
- Pride, tais-toi.
(- Pourquoi ? Tu t'es reconnu dans la seconde catégorie ?), railla l'Ombre.
Le changeur de forme ne releva pas et s'éloigna de ce charnier en marchant…


- Il lui est arrivé quoi ?
Suika se tenait debout, mains sur les hanches, devant Mima, laquelle venait de sortir du temple. Reimu s'y reposait, après avoir pleuré un long moment.
Ce spectacle, aussi rare qu'une lune violette, avait intrigué et surpris aussi bien la petite oni que l'esprit. Voir Reimu dans cet état tenait de l'événement improbable, bien que ce mot n'ait que très peu de sens à Gensokyo.
Mima soupira avant de répondre à la rouquine :
- Juste un petit moment de faiblesse… Ne t'en fais pas.
Suika hocha la tête.
- D'accord.
Sans rien ajouter de plus, elle fit volte-face et commença à s'éloigner en marchant.
- Et où vas-tu ? s'enquit Mima.
- Trouver Lucifuge et lui fracasser la tête contre le sol. Ça lui apprendra à faire pleurer Reimu, répondit l'oni du tac au tac.
- C'est dangereux, remarqua la magicienne.
- M'en fiche, je suis une oni !
Comme pour illustrer ses dires, Suika but une ou deux gorgées à sa gourde. Puis elle remit l'objet à sa ceinture et s'envola.
Mima la laissa faire. Le retenir aurait été une perte de temps, elle le savait très bien. Ayant la tête levée vers le ciel, elle avisa la noirceur des nuages qui assombrissaient le ciel.
- Il va pleuvoir, remarqua-t-elle.
Elle resta un moment perdue dans ses pensées puis eut un petit rire. "Un moment de faiblesse", oui. Une chose était sûre, une fois remise, Reimu allait vraiment s'y mettre.
Ceux qui causaient du tort à Gensokyo avaient intérêt à être préparés…


(- Et si tu arrêtais de tourner en rond dans la forêt, imbécile ?)
- Bordel j'ai plus le droit de profiter ?
L'échange avait eu lieu en pleine Forêt de la Magie. Cela faisait bien une heure et demi que Réo se baladait sans but, sous forme humaine pour changer. Etrangement, il n'avait pas fait de rencontre. Ni yôkai, ni animal quelconque.
(- Tu ferais mieux de t'entraîner, gamin pisseux. Fais donc des spellcards !)
- Je fais ce que je veux.
Et à ce moment, la volonté de retourner au Manoir du Démon Ecarlate agitait l'esprit du métamorphe. En vérité, s'il n'y était pas encore allé, c'était parce qu'il craignait la réaction de Flandre.
Etre encastré dans un mur parce qu'il avait disparu n'était pas le meilleur avenir envisageable. Malgré toute l'affection qu'il lui portait, Réo devait avouer qu'il craignait tout de même Flandre. Si jamais elle avait une nouvelle crise et qu'il était seul avec elle…
Ses chances de survie avoisineraient le zéro absolu. Voir moins.
Les habitants de Gensokyo étaient très forts mais Flandre était vraiment un cas à part. Du moins, du point de vue du polymorphe. Il savait toutefois qu'il n'avait vu qu'une infime fraction de ce monde. Il lui restait encore tant de choses à voir.
Mais tellement plus à craindre.
L'Envieux fut tiré de ses pensées par une voix bien connue qui le héla depuis les airs :
- Yo, ça faisait une paie, daze !

Levant les yeux, Réo put voir une magicienne ordinaire assise à califourchon sur son balai descendre peu à peu à son niveau.
- Salut, Marisa, répondit l'Envie.
(- Master Spark dans les dents dans 3…2…1…), fit Pride.
Réo enjoignit mentalement à l'Orgueil de se taire alors que Marisa descendait de son moyen de locomotion qu'elle prit ensuite dans la main gauche. Elle releva ensuite son imposant chapeau pointu qui s'était penché vers l'avant avant de poser la question fâcheuse :
- Alors, tu deviens quoi ? J'espère que tu as pensé à t'entraîner.
- Beeen…
(- MASTER SPAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARK), hurla l'Orgueil.
- Ça veut dire non ça. Comment comptes-tu me battre en ne faisant rien, ze ?
En parlant, la magicienne ordinaire avait mis les mains sur ses hanches, bien que tenant toujours son balai. Elle arborait une expression sévère qui rendait Pride hilare.
Réo n'en menait pas large en revanche. Il cherchait ses mots fébrilement et fut encore plus perdu lorsque Marisa éclata de rire.
- Fais pas cette tête, je vais pas te manger ! argua-t-elle avec un grand sourire amusé.
(- N'inversons pas les rôles), commenta l'Ombre.
- Je sais, je sais, répondit le polymorphe en se grattant l'arrière du crâne.
- Sérieusement, t'as vraiment rien appris depuis la dernière fois ? insista la magicienne.
- Nan, j'étais… Occupé.
- C'est ce qu'on dit, oui, railla Marisa.
- Mais c'est vrai !
- Mouais. T'as combien de spellcards, du coup ? demanda la fille en noir.
- Ben, une seule. Celle que j'ai utilisée lors de notre combat au Manoir du Démon Ecarlate.
- Ah ouais, je m'en souviens. Sympa mais ça manquait un peu de punch, nota Marisa.
- C'est pas si simple !
- Bah si, regarde !

Sur ces mots, la magicienne recula puis se tourna vers la gauche, faisant désormais face aux arbres. Elle posa son balai sur le sol et prit son mini-hakkero.
- Premièrement, tu te concentres. C'est très important.
- Ouais je sais, Patchouli me l'a déjà dit, fit l'Envieux.
- Ensuite, dans mon cas, je murmure la spell au mini-hakkero. Plus généralement, il faut s'emplir de la spell, la ressentir… Puis on vise l'adversaire et on envoie tout sur lui ! Comme ça : Love Sign "Master Spark" !

Enonçant sa spellcard, Marisa arma ses bras, tenant le mini-hakkero, puis les tendit devant elle. Son imposant rayon arc-en-ciel jaillit et rasa plusieurs arbres, en faisant tomber ceux qui étaient sur les côtés. Puis, au bout d'une quinzaine de secondes, le rayon décrut jusqu'à disparaître.
Marisa souffla ensuite sur le petit objet octogonal puis le rangea dans sa robe. Elle ramassa son balai et se tourna vers le polymorphe.
- C'est pas compliqué ! lança-t-elle.
- Vu comme ça, lâcha l'Envieux.
(- C'est le même principe avec les péchés. Pour utiliser tes pouvoirs, tu es obligé de t'emplir du péché correspondant), nota Pride.

Il avait à nouveau raison. Depuis le temps, Réo n'y faisait plus attention, mais c'était ainsi qu'il s'y prenait. Pour utiliser le Bouclier Ultime, par exemple, il devait faire remonter son Avarice, faire corps avec… Enfin, au début c'était cela. Maintenant, une simple évocation suffisait.
C'était encore plus simple avec l'Envie. Ce péché était celui qu'il maîtrisait le mieux, il était presque naturel pour lui.
Il avait plus de mal avec la Gourmandise en revanche, il ne l'utilisait pour ainsi dire jamais.
(- Si tu veux créer des spellcards en te servant des péchés, tu vas devoir utiliser la même méthode, en plus poussé. Regarde le Wrath Inferno. Tu utilises ta colère, tu la laisse brûler en toi, t'aveugler, puis tu la déchaînes contre l'ennemi. Après, peut-être que créer des spellcards se basant sur tes capacités de polymorphe pourrait s'avérer judicieux), exposa Pride.
- Alors, c'est compris ? s'enquit Marisa.
- Ouaip, je crois…
- Bien, alors entraînes-toi ! ordonna la magicienne ordinaire.
Réo leva les mains en signe d'abdication.
- D'accord, d'accord. Je me donnerai à fond, la prochaine fois.
- C'est ce que j'aime entendre, daze ! On va bien s'amuser ! s'exclama Marisa d'un ton enjoué.
(- Sûr que je vais bien me marrer), glissa l'Ombre.
- Bien, c'est pas tout ça mais j'ai un Dévoreur à trouver. A la prochaine, Réo !
Sans plus de cérémonie, Marisa sauta sur son balai puis s'envola dans les airs. Elle disparut rapidement du champ de vision du polymorphe.
Celui-ci ferma les yeux brièvement puis regarda les arbres qui avaient subi la puissance du Master Spark de la magicienne.
- Sûr qu'elle ne fait pas dans la dentelle, lança le changeur de forme.
(- Tu peux parler), rétorqua l'Orgueil.

Réo approcha pour constater les dégâts. Les débris des arbres calcinés gisaient sur le sol. Un autre s'était brisé en deux. Le métamorphe remarqua alors du mouvement sous la partie haute de l'arbre qui touchait désormais le sol.
En avançant un peu, l'Envieux remarqua qu'un serpent vert était bloqué sous le tronc. Heureusement pour lui, une fissure dans le bois s'était formée, fissure assez grande et profonde pour qu'il ne soit pas totalement écrasé. Il était juste incapable de se dégager malgré ses efforts désespérés.
(- Dommage collatéral du bourrinisme achevé. Et si tu t'entraînais plutôt ?), intervint Pride.
Sans répondre, Réo recouvrit ses bras de carbone. Puis il attrapa le tronc, plongent littéralement ses doigts dedans, avant de faire remonter sa Paresse.
"C'est trop d'effort. Quelle corvée…", pensa-t-il, tout en s'imaginant en train de dormir dans son lit.
La magie fit effet, sa Paresse se manifesta par l'intermédiaire d'un des pouvoirs qui y était lié : la force démesurée de Sloth. Bien que largement inférieure à son potentiel maximum, cela fut suffisant pour que le polymorphe puisse soulever l'arbre d'une dizaine de centimètres, et ainsi permettre au serpent de se dégager. Une fois fait, l'Envie lâcha le tout, puis regarda l'animal.

Entièrement vert, il mesurait un bon mètre dix de long. Il était également assez gros, plus que la moyenne des serpents qu'on pouvait croiser en temps normal. Ses yeux ambrés en amande fixaient le métamorphe tandis qu'il dardait sa langue fourchue au ras du sol. Un sifflement sortit de sa gueule, chose que Réo interpréta comme un remerciement.

Le polymorphe se détourna alors et commença à marcher. Il n'avait pas fait dix pas qu'un nouveau sifflement, plus proche, retentit. Il se retourna à nouveau et vit que le serpent l'avait suivit et s'était approché. Il était assez près pour que sa tête touche le mollet gauche du métamorphe.
Etonné, Réo ne bougea pas, ce qui permit au serpent de s'enrouler doucement autour de sa jambe gauche pour ensuite poser sa tête contre sa jambe droite.
(- C'est un serpent ou un chat ? On dirait qu'il veut te suivre…), fit Pride.
- C'est vrai, tu veux venir avec moi ? demanda Réo.
(- Genre il va te répondre. Les serpents sont sourds, gamin pisseux), s'exaspéra l'Orgueil.
Le reptile se redressa et poussa un nouveau sifflement, tout en regardant Réo dans les yeux. Un frisson parcourut le polymorphe, sans qu'il ne parvienne à l'expliquer. Il se baissa alors tout en tendant sa main gauche.
Le serpent se recula puis s'enroula autour du bras qui se présentait à lui. Comprenant ce qu'il voulait, Réo l'aida à grimper et se retrouva rapidement avec un serpent enroulé autour de son torse et passant sur ses épaules et derrière sa nuque. La tête du reptile était à droite de celle de Réo, un peu plus en avant.
(- Bizarre, je le voyais plus grand), nota Pride.
- "La", le corrigea l'Envieux.
(- D'où tu sais ça ?), s'étonna l'Orgueil.
- Aucune idée… L'intuition, proposa l'Envie.

Le serpent poussa un nouveau sifflement puis tourna sa tête vers le visage du métamorphe. Puis son front entra en contact avec le menton de son porteur, comme un chat qui réclamait ainsi des caresses.
Réo comprit et gratta la tête du reptile qui poussa un long sifflement d'aise.
(- Les serpents ne sont pas censés être très branchés caresses… L'est pas normal, lui)
- "Elle".
(- Si tu veux. Tu comptes la garder ? Lui donner un petit nom ?), demanda Pride d'une voix ironique.
- J'ai comme l'impression que c'est ce qu'elle veut…
Le serpent approcha sa tête qui était désormais au niveau de la joue gauche du polymorphe.
- … Doku… Ça te va comme nom ?
Le serpent poussa un nouveau sifflement en dardant sa langue fourchue qui effleura la peau du métamorphe. Ce dernier interpréta cela comme une approbation.
- Parfait. Alors en avant, Doku.
(- Pitoyable…)

Ignorant le commentaire de Pride et continuant à caresser le serpent, Réo se dirigea vers sa maison. Bien lui en prit car peu après, il se mit à pleuvoir.
Une première pluie d'automne se déversait sur Gensokyo, pluie qui dura jusqu'au soir, accompagnant le reste de la journée qui s'écoula paisiblement…
Il ne pouvait pas y avoir une invasion de morts-vivants tous les jours.
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeMar 17 Juil - 0:58

Chapitre 21 : La Fureur des Démons


"Si on vous dit que la force est inutile, tapez plus fort et reprenez un verre."
Yuugi Hoshiguma



Il y avait des matins calmes. On se réveillait doucement à la lumière du soleil, plus ou moins reposé. Ainsi, attaquer la nouvelle journée qui se dévoilait était bien plus aisé et moins déprimant.
Puis il y avait les matins où on était réveillé brutalement par un facteur extérieur peu délicat. Généralement, un réveil à la sonnerie infernale ou un coq particulièrement zélé. Ce matin là, ce fut par le bruit irrégulier de coups sur la porte d'entrée que Réo fut sorti du sommeil.

Il était dans le seul lit de la maison, celui qui Pride avait acheté avec Youmu. Des rideaux bleu-sombre masquaient la lumière que la fenêtre, se trouvant à droite et un peu plus en avant du polymorphe, laissait passer.
Enroulée près de la grande fenêtre qui mangeait tout le mur derrière le lit double, Doku leva sa tête puis siffla joyeusement, comme pour dire bonjour au changeur de forme. Elle s'approcha alors qu'il se levait puis décrivit un cercle autour de sa jambe gauche, ne lui laissant pas le temps de faire un pas.
(- Je suis le seul à penser que c'est complètement délirant comme réveil ?), demanda Pride de façon ironique.

Réo l'envoya paître puis prit Doku dans ses bras, laquelle s'enroula autour de son torse et de ses épaules. La personne ayant réveillé l'Envieux se remit alors à tambouriner sur la porte d'entrée de la maison, plus fortement.
Le métamorphe se précipita donc, entouré d'éclairs rouges. Lorsqu'il sortit de sa chambre pour traverser le couloir et dévaler les escaliers qui se trouvaient en face, il était vêtu d'une veste brune surmontant un T-shirt à manches longues vert et un pantalon de toile gris clair.
Après avoir opéré un virage serré sur la droite, le polymorphe continua de dévaler les marches. Une fois ce premier obstacle passé, le changeur de forme fut obligé de tourner à droite pour éviter de rentrer dans un mur, puis à gauche pour passer d'une vue sur la porte de la salle de bain à celle sur la porte d'entrée, au bout du couloir de bois sombre.
- J'arrive ! annonça l'Envieux alors qu'il craignait que la porte ne cède tant la personne derrière y allait brusquement.
Limite si les murs ne s'étaient pas mis à trembler.
En une demi-dizaine de secondes, il rejoignit l'entrée et ouvrit la porte coulissante. Il découvrit alors une certaine petite oni qui mit ses mains sur les hanches.
- Ah bah enfin ! fit-elle d'un air contrarié en plissant les yeux.

Doku, dont la tête était posée sur l'épaule gauche de son maître, fit tressauter sa langue fourchue. Suika la remarqua donc et fit un bond en arrière, plus de surprise qu'autre-chose.
- Qu'est-ce que ça fait là ça ?
Réo tourna la tête vers Doku qui lui renvoya un regard reptilien indescriptible.
- Ben c'est Doku. Elle veut plus me quitter depuis que je l'ai aidée à se dégager de sous un arbre, expliqua un changeur de forme perplexe.
Comme pour confirmer ses dires, le serpent siffla joyeusement et alla chercher des caresses en approchant sa tête de la main gauche de l'Envie.
Suika fit d'abord les gros yeux puis haussa les épaules avant de boire au goulot de sa gourde infinie. Ce n'était pas ce genre de détails qui allait la perturber.
- Mouais, comme tu veux. Bon, je te rappelle que t'as des trucs à faire pour que je te pardonne, fit l'oni en remettant sa gourde à sa ceinture.
Ce n'était pas non plus ce genre de détails qui lui ferait oublier ses objectifs.
- Ouais, je sais… Plein de trucs, soupira le polymorphe qui réalisa à nouveau la montagne de choses à faire qui lui tendait les bras irrésistiblement.
Il s'effaça puis fit entrer Suika qui s'étira.
- Déjà on termine ta maison, parce que je veux dormir dedans ce soir. Comme ça, je vais taper Lucifuge, puis on fête ça ici, annonça Suika en croisant les bras sur sa poitrine.
Ce fut au tour de Réo de prendre un air stupéfait. La petite oni n'y allait pas par quatre chemins.
- Lu… Lucifuge ? Mais…
- Quoi mais ? le coupa la rouquine d'un air oscillant entre le blasé et l'ennuyé.
Que Suika soit au courant pour la présence du Premier Ministre n'était pas très étonnant. Mais Réo craignait que son projet ne soit un poil risqué. Même pour elle.
- Ben c'est dangereux, Suika, lança le polymorphe d'un ton prévenant.
En réponse, la petite oni le frappa au ventre, ce qui le fit reculer de plusieurs pas et causa un sifflement réprobateur et agressif de Doku.
- M'en fiche, je suis une oni ! rétorqua l'alcoolique d'une voix énergique en levant son poing gauche en l'air.
Cette fois, Réo ne répondit pas et se contenta de masser son ventre douloureux. Il caressa également son serpent qui se calma doucement dans un concerto de sifflets.
- Et pourquoi tu veux le frapper ? s'enquit le polymorphe dans une grimace qui reflétait bien le message que ses nerfs transmettaient à son cerveau.
- Parce qu'il cause des problèmes à Reimu, qu'on a pas eu besoin de toi pour retrouver, répondit Suika sans même se donner la peine de réfléchir.
Grand moment de solitude.
(- Si vous n'avez besoin de rien, Jeal' est votre homme !), commenta Pride avant de ricaner.
Merci Pride.
Inutile de compter sur lui pour la compassion ou le soutien. Comme toujours.

Réo se garda de répondre. Il était dans son intérêt que personne ne soit au courant de son lien avec le Premier Ministre, et encore plus que leur accord reste secret. Quoi qu'il en soit, Lucifuge avait sans doute déjà attenté à la vie de Reimu. Il n'y avait pas d'autres possibilités, à moins qu'il ne se soit amusé à faire envahir le temple par des rats, ce qui était peu probable.
Le métamorphe ignorait pour le moment ce qu'il comptait faire. Il était toujours hors de question d'exécuter la requête du démon mais il ne voulait pas s'opposer ouvertement à lui. Il n'était toutefois pas dupe et comme le lui fit remarquer Pride, il allait devoir choisir un camp au plus vite.
Car de toute manière, les choses le forceraient bien assez tôt à prendre part au conflit naissant. C'était inévitable.

Une bourrade adressée à ses omoplates sortit Réo de sa rêverie tout en le faisant avancer de trois bons mètres. A ce rythme, il allait finir en morceaux…
- Alors, on s'y met ? On termine l'extérieur puis on va acheter des trucs. T'as de l'argent ?
De par ses paroles, nul doute Suika était aux commandes, bien que ce ne fut pas sa maison dont il était question. Mais il était inutile de le lui faire remarquer, aussi Réo vérifia l'argent qu'il avait.
Et il en avait peu. La dernière fois, les achats s'étaient surtout fait aux frais de Yuyuko, bien que tout l'argent dont disposait l'Envieux à ce moment y soit également passé. La tête qu'il fit résuma bien sa situation de personne complètement fauchée.
- T'es déprimant, lui lança Suika avant de boire à sa gourde comme pour chasser ladite déprime.
- Je sais, murmura le polymorphe en regardant ses chaussures.
Deuxième grand moment de solitude.
Il y avait des moments comme cela où il avait envie de se taper la tête contre une paroi de titane. Peut-être qu'en le faisant à un bon rythme et en enregistrant les sons, il pourrait en faire un disque et les vendre, faisant ainsi fortune.
Ou peut-être pas.

Il releva alors la tête. Outre un concert de tintements métalliques, une idée avait traversé son esprit. Car il pouvait vendre des choses !
- Hey Suika, les objets du monde extérieur peuvent se vendre quelque-part ? questionna le métamorphe, plein d'espoir.
L'oni lui renvoya un regard perplexe avant de se mettre à réfléchir, levant la tête et mettant un doigt sur son menton.
- Moui, à Kourindou. C'est la seule boutique à Gensokyo qui s'occupe de ça, fit-elle.
- Parfait, où est-ce ?
- A l'orée de la forêt, entre celle-ci et le Village Humain. Tu l'as jamais vue ? s'enquit la rouquine en regardant à nouveau son interlocuteur.
Celui-ci éprouva à nouveau cette envie de tâter du titane.
- Maintenant que tu me le fais remarquer, si. Mais je n'y ai jamais vraiment fait attention…
- Mais t'as des trucs à vendre ? s'étonna Suika.
Un mince sourire étira les lèvres du métamorphe.
- Oui… Il faut juste que j'aille les chercher…
Dans son esprit, Pride était partagé. Il aurait bien croisé les bras s'il en avait été capable, mais même là il n'était qu'une ombre informe aux yeux froids et aux sourires faits de dents acérées.
(- T'es sûr de vouloir faire ça ?), s'enquit-il avec une pointe de doute.
- Oui. Je n'en ai plus la moindre utilité. Et puis… Je pourrai ainsi tourner définitivement la page sur mon ancienne vie, expliqua l'Envieux.
La démarche était compréhensible, Pride ne trouva rien à y redire et se contenta d'enjoindre au polymorphe de se magner.
- Bon ben je t'attends ici. Mais si tu tardes trop, j'irai taper Lucifuge, prévint la petite oni.
Illustrant ses dires, elle ouvrit la porte coulissante menant au salon. Elle s'assit alors sur une chaise de bois brun clair qu'elle inclina vers l'arrière, mit ses pieds sur la table et ferma les yeux en croisant les bras sur sa poitrine.
Réo la regarda faire, se demandant ce que cela donnerait si les quatre chaises disposées autour de la table rectangulaire plus sombre étaient occupées.
Il posa ensuite Doku au sol, lui enjoignant de rester là car elle ne pouvait venir avec lui. Le sifflement que produisit l'animal était modulé de telle sorte qu'il traduisait sans difficulté sa frustration d'être laissée en arrière.
Le changeur de forme sortit ensuite de sa maison, sous le regard du reptile qui alla s'enrouler près du mur gauche du couloir.

Une fois dehors et la porte coulissante dans son dos, Réo constata qu'il faisait plutôt humide. Quelques nuages sombres occupaient le ciel mais le temps allait sans doute rester clément. Enfin, c'était là le désir du métamorphe qui avança un peu. Il alla ensuite sur sa gauche et, une fois sa maison dépassée, s'enfonça entre les arbres. Après une poignée de minutes de marche, il atteignit un imposant chêne. Il était entouré d'un tapis de feuilles mortes, que l'Envieux entreprit de dégager de la main gauche, après s'être accroupit.

Une fois le sol forestier à découvert, on pouvait discerner des formes tracées dedans, à peine couverte par l'herbe. Il fallait toutefois une observation attentive pour que cela soit réellement visible et on pouvait parfaitement passer à côté sans rien remarquer.
Il s'agissait d'un cercle dans lequel se trouvait notamment un pentacle dirigé vers le sud. Plusieurs autres symboles tel un pentagone ou quelque-chose qui ressemblait à deux flèches imbriquées formant la pupille d'un œil étaient visibles.
Le métamorphe se plaça au centre du cercle qui mesurait un mètre trente de diamètre puis joignit ses mains, comme pour une prière. Il se baissa ensuite et effleura le sol du bout des doigts.
Les formes tracées dans la terre s'illuminèrent alors d'une lumière écarlate. Plusieurs étincelles rouges crépitèrent puis après une brusque illumination pourpre, tout se calma. Le dégagement d'énergie produit disparut, comme les lueurs. Seulement, au centre du cercle, il n'y avait plus personne.

Bien loin de là, dans un autre monde, à l'intérieur d'une chambre, un cercle de lumière rouge se forma rapidement sur le parquet. Quelques éclairs cramoisis crépitèrent puis le cercle disparut, laissant un métamorphe accroupit apparaître après un éclat lumineux.
De retour chez lui, Réo se releva doucement. Il remarqua qu'il faisait très sombre, ce qui s'expliquait par le fait qu'il était environ une heure du matin dans cette région du monde. La seule lumière provenait du lampadaire situé dans la rue, à des dizaines de mètres de la fenêtre dont les volets étaient ouverts, fenêtre qui se trouvait à la gauche du changeur de forme, désormais face à son bureau.
Ne faisant pas attention à cela, Réo regarda un peu l'état de sa chambre et remarqua que des lignes blanches, formant les contours d'une forme humaine étaient tracées au sol, à sa droite.
Son cœur se serra.
(- C'est une scène de crime ici. Et recommence pas avec tes regrets. Ce qui est fait est fait, regarde ce que tu peux emporter, maintenant), argua Pride sans la moindre trace d'émotion.
L'Envieux s'essuya les yeux devenus humides et obéit à l'Orgueil. Rien n'avait bougé, sans doute pour pouvoir trouver des indices. Désireux de ne pas se faire repérer, Réo n'alluma pas la lumière. Il doutait qu'il y ait encore l'électricité de toute façon.
(- Question existentielle : à quoi ça sert d'emporter du bordel à Gensokyo, vu que y'a pas d'électricité là-bas ?)
La remarque de Pride était fondée et fit hésiter le polymorphe. Comment avait-il pu négliger pareil détail ? La plupart de ce qu'il avait nécessitait de l'énergie pour fonctionner, autrement l'utilité de tout ceci était très relative.
- Euh… Peut-être qu'ils ont un moyen pour en produire ? tenta l'Envie.
(- Mais bien sûr. Et puis, si ce Kourindou est la seule boutique à avoir des objets de notre monde, les ordis et autres trucs du genre doivent pulluler. Si tu veux vendre un truc à bon prix, prends quelque-chose d'original. Concernant ton histoire de "tourner la page", ramener tes anciennes possessions à Gensokyo ferait tout l'inverse.)
Décidément, Pride avait le chic pour démolir les plans de Réo. Sans doute était-ce l'une des raisons de son existence.
Un peu perdu, Réo s'assit sur son lit simple, situé derrière lui, surmonté d'une couette rouge qui était bien trop grande et conviendrait mieux à un lit double. Il posa ses bras sur ses genoux et soupira. Il ne savait plus du tout quoi faire.
- C'est là que je me rends compte que réfléchir avant d'agir, ça peut être bien, lança le polymorphe à voix haute.
(- Mais tu ignores le sens du mot "réfléchir"), railla l'Ombre.
- Pride, va te pendre à un câble de ligne haute-tension.

Ce fut à ce moment que Réo entendit la porte d'entrée s'ouvrir avec sa discrétion habituelle.
Donc capable de réveiller un mort en sursaut.
La surprise le tétanisa sur place, alors qu'il se traitait mentalement d'abruti. Les volets étant ouverts, son arrivée avait pu être remarquée.
Les pas se dirigeaient vers sa chambre et leur nombre indiquait qu'il s'agissait de deux personnes. Réo ferma alors doucement les yeux. Une étrange sensation s'était emparée de lui, le transportant comme sur une étendue d'eau, le mettant dans un état second.
Il se releva puis ouvrit ses paupières.
Un grand sourire étirait ses lèvres alors que ses mains se mettaient à trembler. Un léger reflet vert était visible dans ses yeux bleu-gris.
Du sang.
Il voulait du sang.

La poignée de la porte blanche permettant l'accès à la pièce tourna lentement puis le rectangle de bois fut poussé plus violemment. Un homme en uniforme bleu entra aussitôt et braqua un étrange pistolet, un taser, sur celui qu'il considérait comme un intrus. Un faisceau de lumière l'éclairait, généré par la lampe de poche que tenait son compère, resté plus en arrière mais tenant tout de même son arme, un véritable pistolet.
- Les mains en l'air ! Et… Attendez, vous êtes…
L'homme, qui avait les cheveux bruns légèrement bouclés, semblait avoir reconnu Réo. L'espace d'une seconde, il baissa son arme, sous la surprise.
Erreur.

Dans un chuintement, l'index et le majeur de Réo s'allongèrent en de longues et fines griffes noires alors qu'il faisait un mouvement circulaire avec son bras gauche. Les deux représentantes de la Lance Ultime s'enfoncèrent sans difficulté dans la gorge du fonctionnaire, tracèrent un sillon sanglant, puis ressortirent sous l'effet de la rotation.
L'homme recula de deux pas puis s'effondra.
Son collègue, un blond d'aspect plus jeune, passa alors le cadran de la porte et s'apprêta à tirer sur le polymorphe. Celui-ci avait toutefois anticipé l'action et tendait son bras droit vers l'entrée de sa chambre. Ainsi, à peine le gardien de la paix fut-il en vue qu'un nouveau chuintement se fit entendre, suivit du bruit mou que firent les trois griffes de la Lance Ultime en s'enfonçant dans son cœur et ses poumons, ressortant de l'autre côté du corps de leur victime.
D'un geste, Réo fit tomber le corps empalé de l'homme puis rétracta ses lames mortelles. Un sourire malsain flottait toujours sur ses lèvres, sourire qui s'effaça sans raison, en même temps que l'éclat vert des yeux de l'Envie.

Le changeur de forme recula, horrifié. Encore ?
(- T'as plus que 123 vies à prendre pendant les deux mois à venir, ouais !), grinça Pride, pas le moins du monde affecté par ce qui venait de se passer.
Une intense nausée pointa alors, obligeant le métamorphe à s'asseoir à nouveau.
(- Tu vas pas me faire un cirque pour deux victimes ?), maugréa l'Ombre.
Le polymorphe enjoignit à l'Orgueil de se taire et respira profondément. La nausée partit rapidement, au moment où un grésillement se faisait entendre, provenant du cadavre du policier brun.
Une voix étouffée et féminine parla alors, demandant à l'homme de décrira la situation. Après trois secondes d'hésitation, Réo se leva et se dirigea vers le corps. Il chercha un peu et trouva le Talkie-Walkie. Grâce à la mémoire des personnes que Pride avait dévoré lors du dernier passage de Réo en ce monde, le polymorphe parvint à se servir de l'objet.
- Fausse alerte, il n'y avait personne. Je suis crevé, désolé pour le dérangement. Terminé.
L'Envieux avait répondu naturellement, imitant à la perfection la voix de sa première victime, ce qui donnait une tonalité particulièrement glauque à la scène.
Coupant la communication, Réo regarda à nouveau les deux corps, étendus sur le sol, à nouveau imprégné de liquide rouge.
Une idée germa dans son esprit, bien qu'il la trouva particulièrement malveillante. Enfin…
(- Bah, tu les as pas tués pour ça. Et puis, tu vas devoir faire disparaître les corps. Ce serait stupide de gâcher ça…)
Le commentaire de Pride causa un gargouillement du ventre de l'Envie qui n'avait toujours pas mangé.
Un nouveau sourire malsain étira ses lèvres alors que le changeur de forme s'accroupissait dans la pénombre, ignorant que ses yeux venaient de reprendre une teinte verdâtre…

Toujours à la même place, Suika but à sa gourde. Elle leva la tête vers le plafond, se balançant sur sa chaise.
Cela faisait bien une heure qu'elle attendait et elle commençait tout doucement à en avoir marre. Reprenant une gorgée de saké, elle sauta soudain de sa chaise, qui tomba en arrière.
Sans y prêter attention, la petite oni sortit de la maison. Elle regarda à gauche et à droite, comme si Réo s'y trouvait, puis finalement s'envola.

Si elle avait attendu un quart d'heure de plus, Suika aurait pu voir Réo approcher de sa maison. Il avait un sac à dos beige sur son dos et plus faim du tout.
Il fut surpris de voir la porte entrouverte, aussi entra-t-il rapidement chez lui. Un rapide coup d'œil lui fit comprendre que Suika s'était lassée, chose qui l'inquiéta quelque peu. Il décida toutefois de lui faire confiance et ressortit après avoir remit la chaise tombée au sol correctement. Enfin, il voulut ressortir mais un sifflement caractéristique le fit se stopper juste devant la porte.
Rapidement, il put sentir une masse rampante verte s'enrouler autour de son pied droit, quémandant de faire partie du trajet.
Le polymorphe accepta la requête serpentine et prit Doku dans ses bras pour ensuite la mettre au niveau de ses épaules, ainsi que sur le dessus de son sac.
Ainsi chargé, le changeur de forme s'engagea dans la forêt, à la recherche d'un magasin sans doute pas comme les autres…

Bien loin de là, un adolescent aux longs cheveux blonds coiffés en une queue de cheval regardait son objectif, au loin.
Il se trouvait sur la rive du Lac Brumeux, qui l'était véritablement maintenant que le soleil atteignait son zénith. D'entre les arbres, Malbas pouvait apercevoir la silhouette du Manoir du Démon Ecarlate. En avançant un peu, se cachant entre les arbres, le Dévoreur vit aussi le portail de fer qui barrait l'entrée, ainsi que la gardienne des lieux.
Bras croisés et adossée au portail, Meiling restait vigilante malgré les apparences.

En son for intérieur, Malbas pesta. Il voulait entrer dans le manoir mais il ne pouvait pas utiliser sa téléportation pour s'y rendre. De toute évidence, les lieux visités lorsqu'il était sous sa vraie forme n'étaient pas comptabilisés.
Le Dévoreur détailla le manoir, à la recherche d'un endroit où il pouvait se transporter sans pour autant attirer l'attention de Meiling.
Il n'en trouva pas de là où il était.
Et il ne pouvait pas non plus tenter de passer discrètement, la garde le repérerait à coup sûr. Hors la discrétion était de mise pour son projet. Il fallait qu'il ne soit ni repéré, ni reconnu.
Malbas esquissa un sourire. Il fallait qu'il se cache… Et ça, il pouvait le faire.

Malgré l'heure, il ne faisait pas très chaud. Un léger vent frais en était la cause, ce qui faisait frissonner Meiling.
Parfaitement en forme, elle surveillait l'entrée du manoir qui était toujours aussi peu visitée. Enfin si, parfois…
La silhouette d'un corbeau volant dans le ciel attira l'attention de la gardienne. Elle leva les yeux et regarda un peu vers la droite. Le volatile au plumage noir se dirigeait vers le manoir.
Meiling le regarda faire en mettant sa main droite en visière puis se remit comme précédemment. Ce n'était qu'un corbeau.
Elle ne vit donc pas que ledit oiseau disparut soudain dans une gerbe de flammes.

Malbas réapparut dans un couloir qu'il avait aperçu à travers une fenêtre dont les rideaux étaient mal tirés. En utilisant les pouvoirs de Nue, il était parvenu à dissimuler son apparence sous celle d'un banal corbeau.
Il observa le couloir sombre tapissé de rouge et remarqua avec plaisir qu'il n'y avait personne. Une seconde après, une porte s'ouvrait devant lui sur une fée aux longs cheveux noirs et aux ailes translucides, vêtue du classique costume de servante.
Sans le remarquer, elle marcha dans le couloir, allant droit devant elle, tournant donc le dos au Dévoreur. Celui-ci fit jouer les doigts de sa main gauche.
C'était tentant. Il commençait à avoir faim.
Malbas ferma les yeux et tenta de juguler cet appétit qui le tenaillait. Heureusement, c'était encore largement supportable. Pour le moment.

Maintenant qu'il était dans le manoir, le Dévoreur devait se mettre à la recherche de son objectif. D'après ce qu'il savait, ce devait être au sous-sol. Il n'avait plus qu'à trouver un accès vers celui-ci.
Se doutant qu'il risquait de croiser quelqu'un à tout moment, Malbas se concentra et fit de nouveau appel aux pouvoirs de Nue.
"Ce n'est pas du polymorphisme comme ton envieux. Seulement une illusion, il vaudrait mieux te grouiller car Remilia et les autres ne se feront pas avoir", prévint une voix féminine dans l'esprit du Dévoreur.
Celui-ci se figea. Cette voix… Non, ce n'était sans doute qu'une hallucination, causée par sa faim qui croissait doucement.
Les contours du tueur devinrent flous et ce fut donc sous l'apparence d'une fée domestique, exactement la même que celle croisée plus tôt, que Malbas se mit à arpenter les couloirs.

Il fallut bien deux heures au polymorphe pour enfin approcher de sa destination. Comme l'avait dit Suika, le bâtiment se trouvait à l'orée de la Forêt de la Magie. De taille entre le "moyen" et "petit", de style oriental, ce qui était logique au fond, il donnait clairement l'impression de ne pas être à sa place. Partant d'un bâtiment principal semblable à une maison, on pouvait voir une sorte d'ajout, qui allait tout en longueur sur la gauche par rapport à l'entrée.
Tout autour de l'enceinte de la boutique se trouvait divers objets, amoncelés avec une logique que Réo ne parvenait pas à saisir. Il vit ainsi des chaises, un gros ours en peluche noir, des pneus, une bicyclette et un panneau indicateur de sens interdit, notamment.
Quelques plantes grimpantes commençaient à manger la façade, ainsi que des fissures attestant que le magasin était soit ancien, soit en avait vu des vertes et des pas mûres, soit les deux.
Au-dessus de la porte se trouvait un panneau de bois grossier sur lequel était marqué le nom de la boutique : "Kourindou".

(- C'est quoi ce bordel ? On dirait que tout ça a été mit là façon random), fit Pride alors que Réo regardait à nouveau le stock d'objets qui entourait le magasin.
- Gensokyo. Tu peux pas test. Aussi logique qu'un mec mort ET vivant en même temps, lui répondit l'Envieux d'un haussement d'épaules.
(- T'imagines ? Un mec quantique. Shrödinger et son chat peuvent aller se suicider. Et vivre. En même temps), lança l'Orgueil en entrant dans le délire.
Doku dardait sa langue fourchue et regardait aussi tout ce fatras, sans pour autant y prêter une attention particulière. Le serpent tira Réo de son observation en quémandant de nouvelles caresses, rapidement obtenues.
Le polymorphe se dirigea alors vers la porte puis hésita. Certes il s'agissait d'une boutique mais étrangement, cela faisait énormément penser à une maison… Le contact fugace de la langue fourchue de Doku contre la droite de son cou fit ouvrir la porte au polymorphe, surpris.

Une petite sonnette retentit lorsque le panneau de bois alla vers l'intérieur. L'Envieux fit un pas et… Il crut halluciner.
Ce n'était pas une boutique mais un véritable entrepôt. Les objets étaient entassés un peu partout, avec la même logique inexistante qu'au dehors. Il faisait assez sombre et l'encombrement causé par toutes ces choses rétrécissait encore la pièce qui n'était pas formidablement grande. L'Envieux vit ainsi un écran d'ordinateur cathodique posé sur une caisse en carton, le tout parqué contre un mur. Juste à côté trônait fièrement ce qui ressemblait fort à un aspirateur.
Sur les étagères se trouvaient des objets plus petits comme des cassettes audio ou même de l'argenterie, des figurines et diverses boîtes au contenu mystérieux.
(- Dire qu'on croyait que c'était bordélique dehors !), clama Pride, à peine Réo fut-il entré.
Au même moment, une voix masculine se fit entendre, venant du fond de la pièce :
- Oh, un client ? Bonjour !
Le polymorphe se tourna vers la voix et vit un comptoir derrière lequel était assis…
- Omagad, UN MEC ! hurla Réo dans sa tête.
(- T'es vraiment un tocard, Youmu nous l'avait dit lors de notre première rencontre. T'as vraiment des problèmes de mémoire), rétorqua l'Orgueil.
Pour le coup, l'Envieux se sentit extrêmement débile, ce qui donna le temps au propriétaire du magasin de détailler le nouveau venu, posant la boussole rouge parcourue de douces lignes noires qu'il examinait.

Le maître des lieux était donc un homme qui devant avoir vingt-cinq ans physiquement. Il avait des cheveux blancs mi-longs et des yeux ambrés que des lunettes couvraient. Il était vêtu d'un ample kimono noir et blanc et d'un pantalon de la même couleur.

Réo se reprit de son désespoir mental et lança un retentissant "Bonjour !", plus pour se donner contenance qu'autre chose.
Bravant les multiples obstacles qui se dressaient entre l'entrée et le comptoir, le polymorphe entreprit de s'approcher de l'homme. Il passa ainsi à côté d'une autre étagère, remplie de divers livres ne venant sans doute pas de Gensokyo. Machinalement, le polymorphe lut un titre, à savoir : Mésaventures d'un Unique.
(- C'est quoi ça ?), lança Pride.
- Un bouquin, répondit l'Envie qui n'en avait rien à faire.
Manquant de trébucher sur ce qui semblait être un téléviseur et, après avoir remarqué une épée très ancienne, comme datant der l'âge de bronze, accrochée au mur derrière l'homme, le polymorphe parvint au comptoir.
- Je me nomme Rinnosuke Morichika, enchanté. Vous cherchez quelque-chose en particulier ? demanda le propriétaire de Kourindou avec amabilité.
- Réo Ryu, enchanté aussi. Et je cherche juste à vendre deux-trois trucs, annonça l'Envie.
Rinnosuke parut surpris. Il pointa ensuite Doku du doigt.
- Je ne fais pas dans l'animalerie, prévint-il.
Serpent et changeur de forme échangèrent un regard.
- Je compte pas la vendre, elle m'accompagne, c'est tout. Doku, désolé mais va falloir que tu descendes…
Le vendeur vit ainsi Réo s'accroupir afin de permettre au reptile de regagner la terre ferme. Il était intrigué par un tel comportement, les serpents étaient loin d'être très portés affection, et scruta Doku un bon moment, presque suspicieux.
Il reporta son attention sur son client lorsque celui-ci enleva son sac à dos, qui ne venait pas de Gensokyo, et l'ouvrit.
- Quel genre d'objets est-ce ? s'enquit Rinnosuke alors que le polymorphe farfouillait avec la main gauche à l'intérieur de son sac, maintenu avec le bras droit.
- Des babioles, du Monde Extérieur. J'en suis originaire, en fait…
Il l'ignorait mais avec cette simple affirmation, il venait de gagner l'intérêt du marchand.

Le polymorphe commença à sortir ce qu'il avait emporté. Il posa sur le comptoir, que Rinnosuke avait plus ou moins dégagé, deux Talkies-walkies, deux tasers, deux véritables pistolets, une paire de menottes, deux lampes de poche, un I-phone et un I-Pod.
L'homme aux cheveux blancs le regarda faire, interloqué. Une fois qu'il eut terminé, Réo se baissa et laissa Doku monter dans le sac. Le serpent laissa simplement sa tête dépasser, tête qui trouva sa place sur l'épaule droite du métamorphe.
Rinnosuke se mit alors à toucher chaque objet. A chaque fois, il énonçait leur nom à voix haute ainsi que leur fonctionnalité. Réo ne comprenait pas tellement et, par réflexe, caressa le bracelet d'ouroboros enserrant son poignet gauche.
Une fois qu'il eut tout passé en revue, Rinnosuke reporta son attention sur le métamorphe.
- Voilà un arrivage intéressant, admit-il. Même si ces "pistolets semi-automatiques Sig Sauer SP 2022" sont pour le moins dangereux. Je préfère éviter ce qui est létal, question de sécurité.
- J'ai enlevé les munitions. A moins de frapper avec ou de les lancer tels quels, ils sont inoffensifs, expliqua l'Envieux.
Rinnosuke hocha la tête, satisfait.
- Parfait, je pourrai sans doute les modifier un peu en suivant le modèle de ces "tasers"… Expliquez-moi juste la méthode pour se servir de tout ceci et nous verrons si nous pouvons procéder à un échange…
Le seul échange qui intéressait le polymorphe impliquait des pièces sonnantes et trébuchantes. Toutefois, souhaitant ne pas froisser son interlocuteur, l'Envieux procéda aux explications, tâche dont il s'acquitta avec plus ou moins de succès.
Le polymorphe mentionna également le problème de l'électricité, chose dont Rinnosuke avoua être déjà au courant, lequel passait bien entre les deux hommes. Une fois ce détail mis en lumière, le regard du polymorphe fut attiré par la boussole qui traînait toujours sur le comptoir. Il la prit en main et l'observa. Le rouge qui la caractérisait était présent non seulement à l'arrière mais aussi sur le cadran. Là, les lignes noires étaient remplacées par les indications des points cardinaux. L'aiguille indicatrice était d'un rouge plus clair qui brillait doucement, son opposée était grise. Etonnamment, elle tournait sans-cesse, sans se décider sur une direction.
Le marchand répondit à la question silencieuse :
- Il s'agit d'Atesaki, une boussole qui comme vous le constatez, n'est pas anodine. Une amie me l'a apportée pour que je l'expertise mais honnêtement, je suis perplexe… Sa fonction n'est pas d'indiquer le nord mais le chemin vers ce qu'on désire. Elle semble avoir une autre fonction mais je n'arrive pas à la percer à jour…

Le propriétaire du magasin avait l'air un peu dépité mais il avait également l'air de prendre cela comme un défi.
Réo regarda à nouveau le cadran. La flèche continuait de tourner, sans but. Comme lui ?
- Et non, elle n'est pas à vendre, compléta Rinnosuke.
Le changeur de forme haussa les épaules et reposa Atesaki.
- Je n'étais pas intéressé, de toute façon. Enfin… Bref, ce n'est pas important. Donc, pour tout ce que je vous ai apporté, vous me proposez combien ?
Et ce fut ainsi que commença une longue étape de marchandage où Réo put compter sur l'aide de Pride, bien meilleur que lui à ce petit jeu.

A plusieurs kilomètres de là, un Dévoreur camouflé sous les traits d'une simple fée empruntait un escalier qui le conduisait vers le sous-sol. Avec un peu de chance, il allait pouvoir arriver sans encombre. Il avait plusieurs fois croisé des servantes mais aucune d'entre-elles n'avait fait attention à lui ou du moins ne l'avait repéré.
Les dédales de couloirs qui constituaient le sous-sol avaient de quoi décourager Malbas. Plus il tardait, plus il prenait le risque d'être découvert.
Ce serait dommage de tomber sur l'une des deux vampires juste avant d'arriver.

Au bout d'une bonne quinzaine de minutes de recherche, Malbas arriva devant une imposante double-porte de bois. Il y était.
Voile. Sa destination. Là-dedans, il était certain de pouvoir trouver les informations qu'il lui fallait sur les Dévoreurs. Le membre de cette espèce mystérieuse regarda une dernière fois autour de lui et une fois certain d'être seul, ouvrit.

L'obscurité de la bibliothèque fut à peine remarquée par Malbas qui resta bouche bée devant l'immensité de Voile. Majestueuses et innombrables, les colossales étagères remplies d'une infinité de livres s'élevaient, véritable forêt de connaissances.
Seules quelques lampes à huiles assuraient un minimum d'éclairage. Le battement lourd d'une horloge sans doute démesurée déchirait à intervalle régulier le silence pesant des lieux.
Perdu alors qu'il venait à peine d'entrer, Malbas tenta de dire quelque-chose, mais sa matière grise venait de déclarer un momentané état d'urgence. Au même instant, ses traits se brouillèrent et il reprit son apparence habituelle. Au final, le Dévoreur se décida à ne pas rester immobile comme un gland et avança dans le dédale de bois et de papiers qui s'offrait à lui. Rapidement, il put entendre des éclats de voix qui eurent un véritable effet paralysant sur lui.
- Patchyyy, quelqu'un vient d'entrer, prévint Remilia, au loin.
- Si c'est Jeal', je lui monterai mon dessin ! s'exclama une autre voix, celle de Flandre.
- Mais pourquoi un dragon ? fit la sœur aînée.
- C'est un secret !

En même temps que Flandre tentait de protéger ce "secret", Malbas reculait. Il comprenait désormais pourquoi il n'avait croisé personne appartenant aux hautes sphères du manoir, elles étaient toutes ici !
Il était hors de question de se balader dans Voile dans ces conditions, aussi le Dévoreur prit soin de graver la topographie des lieux dans sa mémoire. Puis il disparut brusquement dans une gerbe de flammes.

A Kourindou, un envieux obtenait une petite somme pour sa vente, suffisamment pour s'acheter un lit, lequel finirait immanquablement dans la chambre de Suika, ainsi que divers trucs en plus pour que sa maison devienne un tant soit peu potable.
(- T'en sors bien, Jealousy. Même si t'iras pas très loin avec ça), glissa Pride.
Le changeur de forme remercia Rinnosuke, lequel aurait de toute évidence préféré faire un véritable troc.
- Surtout, n'hésitez pas à repasser si vous trouvez d'autres objets. Nous pourrons sans doute trouver un échange… Intéressant, lança le marchand.
- Sans faute m'sieur ! A la prochaine !
Le polymorphe imita un salut presque militaire avec son index et majeur gauche puis commença à s'éloigner vers la sortie… Trébuchant à nouveau sur le téléviseur, mais se rattrapant par un miracle quasi divin pour ne pas s'écraser sur le sol de la boutique. Les diverses protestations de Doku indiquèrent qu'elle avait également eu peur, pour le coup.
Une fois dehors, Réo poussa un grand soupir. Certes, il ne s'en était pas trop mal tiré mais cela s'annonçait tout de même tendu pour la suite. Il s'inquiétait également pour Suika. Certes elle était bien plus forte que lui mais provoquer Lucifuge de la sorte… Enfin, encore fallait-il qu'elle le trouve, ce qui n'allait sans doute pas être facile.
C'était en fait ce que l'Envieux espérait : qu'elle ne le trouve pas et que donc par extension, ne risque rien.

Tout en pensant à cela, le polymorphe était reparti dans la Forêt de la Magie. Il comptait déposer Doku à la maison avant de se rendre au Village Humain, pour des raisons à la fois pratiques et sécuritaires. Toutefois, il rechignait un peu à l'idée d'y aller sans Suika, laquelle avait clairement fait comprendre qu'elle voulait contribuer…
Tous ces désirs et idées contradictoires tempêtaient dans la tête de Réo. Encore proie au doute, il entra dans sa maison après un temps de marche légèrement inférieur à celui mit pour venir.
Son sens de l'orientation désastreux n'aidait pas vraiment à raccourcir les durées de déplacement.
Une fois à l'intérieur, le changeur de forme fit basculer son sac tout ne se courbant légèrement, de sorte à pouvoir le poser au sol, près de la porte de la future cuisine. Tranquillement, Doku en sortit et blottit sa tête contre la jambe droite du métamorphe.
L'affection du serpent était tout de même étrange, même Réo le consentait. Il caressa le reptile doucement puis enfin fit son choix. Enfin en quelque-sorte, puisqu'il comptait faire ses achats, revenir les installer, puis partir chercher Suika. De cette façon, même si elle revenait, elle pourrait squatter sans soucis.
Réo s'excusa auprès de Doku, laquelle désapprouva vivement le fait de rester seule. Une chose était certaine, elle comprenait parfaitement ce que lui disait le polymorphe. Ainsi, après cinq bonnes minutes de caresses afin de se faire pardonner, Réo s'éloigna, laissant le serpent s'enrouler sur lui-même pour commencer à attendre.

Dépourvu de sac, qui aurait une utilité proche du néant absolu, le métamorphe s'entoura d'éclairs cramoisis tout en étant parcouru d'une lumière écarlate. Au passage de la lumière, il perdit forme humaine au profit de celle d'un aigle noir. Le rapace piailla puis s'envola rapidement vers le ciel ponctué de nuages noirs.

Loin de là, près de la Montagne Yôkai, une petite oni volait également, buvant parfois au goulot de sa gourde violette. Elle n'avait pour le moment pas trouvé son objectif mais elle pouvait être très têtue et ne comptait pas abandonner. Une forme noire au sol attira son attention.
Sans attendre, la rouquine s'approcha. Elle remarqua alors qu'il s'agissait de trois personnes qui semblaient se concerter, à proximité de l'obscure Forêt Yôkai.
- Trouvé, jubila la petite oni qui but à nouveau puis inclina sa course vers le sol.

Lucifuge Rofocale tenait un véritable conseil de guerre devant deux de ses Damnés. Celui qui était à sa gauche était Seïth, reconnaissable à son masque uniquement parcouru de deux fines et courtes lignes noires pointues au niveau des yeux. A droite se trouvait Kraïsen, dont le masque était décoré par un dessin tribal au niveau du front qui représentait une couronne à trois branches. Celle-ci retombait en une ligne noire sur les joues, comme si elle coulait ou fondait.
Un puissant bruit d'impact au sol une dizaine de mètres derrière les Damnés se fit soudain entendre et capta l'attention de tout le monde. Ils découvrirent donc Suika, laquelle raccrochait sa gourde à sa taille.
- J'suis Suika Ibuki, et je vais vous montrer ce qu'est une oni ! lança-t-elle d'un ton enthousiaste.
Les Damnés n'eurent aucune réaction, alors que Lucifuge prenait un air surpris. Il ne s'était pas vraiment attendu à cela.
- Et… Que nous vaut l'honneur ? demanda-t-il d'une voix complaisante.
- Z'en êtres pris à Reimu, c'est mon amie alors je vais vous botter les fesses ! répliqua la rouquine.
Un léger sourire étira les lèvres de Lucifuge qui se recula de quelques pas. D'un geste du bras droit, il indiqua à Seïth et Kraïsen d'y aller.

(♪) Le Damné au masque le plus sobre tendit son bras droit vers Suika et ferma le poing. La petite oni se raidit. Elle se sentait comme prise dans un étau invisible qui l'empêchait de faire le moindre mouvement. Désormais sous l'emprise du pouvoir télékinétique de Seïth, elle décolla soudain du sol pour ensuite être fracassée dessus, sur le dos.
C'était donc ça. Il devait avoir fait la même chose contre Reimu, l'empêchant de bouger et donc d'attaquer ou de se défendre. C'était la seule explication quant à sa défaite, si ce que disait Mima était vrai.

Un mince sourire se forma sur les lèvres de la petite oni qui ferma les yeux alors qu'elle repartait dans les airs. Elle allait retomber vers le sol, façon marteau-pilon lorsqu'elle écarta soudain les bras tout en rouvrant les yeux. Un relâchement de magie bleuté put être remarqué, provenant de Suika, qui se libéra ainsi de Seïth.
Avec un hurlement, la rouquine arma son poing gauche puis fusa vers le Damné. Avant de l'atteindre, elle posa pied à terre pour se donner encore plus de puissance et envoya son bras droit dans le ventre de l'être masqué. La puissance de l'impact l'envoya voler droit dans la Forêt Yôkai où il percuta un arbre, lequel fut déraciné sous la violence de la collision.
Lucifuge crut qu'il hallucinait, alors que Suika buvait un coup pour célébrer cette réussite.
- Trop facile, suffit de faire un peu éclater sa puissance magique pour être tranquille, fit-elle.
La petite oni tourna ensuite sur elle-même pour envoyer la sphère jaune qui se balançait au bout de la chaîne enserrant son poignet gauche sur Lucifuge. D'un geste, il conjura un mur d'énergie rougeâtre qui bloqua l'assaut. La sphère rebondit sur la surface de la protection. Au même moment, un rocher de cinq mètres de diamètre fut projeté de la forêt, droit sur Suika. Sans se démonter, elle joignit ses deux mains et l'attrapa, faisant un pas en arrière, comme s'il s'agissait d'une balle de football qu'elle arrêtait devant les buts. La rouquine sauta, atteignit les deux mètres au-dessus du sol puis renvoya le projectile sur Lucifuge, qu'elle voulait absolument frapper.
Le Premier Ministre ne prit même pas la peine de bouger puisqu'il savait que Seïth, plus loin en arrière, le couvrait. Le bloc de pierre se stoppa dans les airs et resta immobile quelques secondes.
Suika ne l'entendait pas de cette oreille et fonça dessus, chargea un coup de pied et frappa de toutes ses forces.
Surpris, Seïth fut momentanément débordé et ne put protéger son maître qui se prit un rocher en pleine face. La boule de roche explosa et projeta un Premier Ministre stupéfait.

Suika reposa pied à terre et leva ses deux bras en hurlant :
- BUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUT !!!
Elle éclata ensuite de rire et sautilla sur place, complètement surexcitée. A trente mètres, Lucifuge se relevait avec l'aide de Seïth, enragé.
Le Premier Ministre fit un signe de tête à Kraïsen, lequel s'était éloigné du combat. Le Damné à la couronne tendit son bras gauche.

Un éclat de lumière rouge brilla une quarantaine de mètres derrière Suika. Lorsqu'elle se dissipa, elle laissa place à un véritable monstre.
Bipède et entièrement recouvert d'une fourrure brune, il mesurait bien quatre ou cinq mètres de haut. Sa tête semblait entièrement faite d'os et ressemblait plus à un masque qu'autre-chose. Deux lumières jaunes servaient d'yeux à la créature dont la tête était encadrée par deux cornes circulaires descendantes tournées vers l'avant. Son allure générale ainsi que sa tête faisaient irrésistiblement penser à un taureau. Le monstre possédait également une hache semblant faite d'os, aux contours torturés, arme qu'il magnait à deux mains pourvues de quatre doigts.
- Vas-y, Démon Taureau, détruis-la ! ordonna Lucifuge, au loin.
(♪) Le monstre rugit en levant sa hache vers le ciel puis se mit à courir vers Suika, faisant presque trembler le sol sous ses pas lourds qui résonnaient tels des tambours annonçant la fin du monde.

Suika se retourna, éberluée, puis roula au sol pour éviter un revers de hache horizontal destructeur.
- Wow, c'est quoi ce truc ? fit-elle en se relevant.
Le monstre rugit à nouveau puis fracassa sa hache dans une trajectoire verticale aisément prévisible. Ainsi, la petite oni esquiva à nouveau en sautant sur la gauche, avant de s'envoler, brandissant une spellcard.
- Gather Sign "Throwing Mt. Togakushi"

Suika se mit à mouliner avec son bras droit. Une multitude de petites pierres et de débris rocheux quittèrent les environs pour venir se rassembler au niveau du bras de la rouquine. Rapidement, un bloc rocheux de trois mètres se forma. Suika s'apprêta à le lancer mais soudain, le monstre qu'elle affrontait effectua un bon prodigieux pour sa masse et envoya le manche de son arme dans le ventre de l'oni, faisant également éclater la formation rocheuse.
Suika grimaça sous la douleur et commença à chuter, deux mètres en arrière. Le monstre, lui, retomba au sol et arma un nouvel assaut.
Une fois les pieds à terre, Suika n'attendit pas et alla droit sur le monstre, passant hors de portée du tranchant de son arme. La rouquine arma son poing droit qui fut entouré d'une sorte de brume. Il sembla alors s'agrandir et durcir avant de percuter le ventre de la créature.
Celle-ci rugit tout en reculant d'une dizaine de pas. Un craquement écœurant s'était fait entendre, donnant une idée des dommages causés. Cela ne l'empêcha pas de courir à nouveau sur Suika pour tenter à nouveau de lui faire goûter sa lame qui ne semblait pas très tranchante. La petite oni sauta à nouveau en arrière pour esquiver.
Elle allait contre-attaquer lorsqu'un forme rouge la percuta violemment sur sa droite et tomba avec elle au sol.

Il s'agissait d'une créature très semblable à un chien, mais son corps était recouvert d'écailles rouges et ses yeux étaient jaunes. Des pointes, aussi tranchantes que des rasoirs, légèrement courbées vers l'arrière occupaient son dos et remplaçaient ses oreilles. Ses crocs acérés étaient apparents et formaient un rictus effrayant. La chose mesurait un peu moins de deux mètres de long et à peine moins de haut.

La créature griffa Suika au bras gauche. L'oni ne se laissa pas faire et parvint à saisir son assaillant au collet. Fulminante de rage, elle bascula sur la droite pour que la créature se retrouve au sol. Puis sans la moindre difficulté, Suika envoya le monstre sur Lucifuge, qui était loin derrière elle désormais. Le Premier Ministre évita le projectile d'un pas sur la gauche, laissant le nouvel arrivant s'éclater le crâne sur le sol puis se désagréger.
- Démon Parasite, fit-il à l'attention de Kraïsen qui l'avait rejoint.

Cette diversion permit au Démon Taureau de frapper à nouveau la petite oni. Elle ne l'avait cette fois pas vu attaquer et fut percutée de plein fouet par la lame d'os, au niveau de la hanche droite. Elle roula au sol sur trois mètres en retenant un cri de douleur et, en se relevant, remarqua l'apparition d'une nouvelle créature un peu plus loin.

Entièrement grise et un peu plus petite que le Démon Taureau, cette chose était obèse et assez déformée, semblant avoir un lien avec les chauve-souris. Elle tenait une grande masse de métal dans ses longs doigts crochus. Ses jambes étaient désaxées par rapport au corps, étant un peu en arrière. Des restes d'ailes déchirées étaient accrochées au bas du dos de cette chose grotesque qui n'avait pas de lèvres. Sa tête, toute aussi déformée, était encadrée de deux oreilles pointues. Ses yeux étaient rouges et ses crocs peu nombreux. Une forêt de longues pointes sortait du dessus du crâne de cette chose qui avança lentement vers Suika.

La petite oni avait ses vêtements déchirés et regardait la chose avancer.
Qu'est-ce que c'était que ça ?
Du sang coulait de ses plaies qui n'étaient pas assez importantes pour lui causer trop de tort. L'attaque du Démon Taureau avait formé une longue plaie doublée d'un hématome mais la résistance naturelle de Suika avait empêché qu'une fracture n'ait lieu, ou plus grave.
Un être normal aurait été à la fois broyé et à moitié tranché en deux.
Bah, au fond, aucune importance. Ces trucs en voulaient à Reimu.
Ils allaient déguster ! (♪)

Loin d'être découragée, bien au contraire, Suika se précipita sur le Démon Parasite. Celui-ci fit un mouvement ascendant avec sa masse, envoyant une vague de flammes sur la petite oni.
Mauvaise idée.
La petite fille cornue ouvrit grand sa main gauche et tendit son bras vers l'arrière. Les flammes inclinèrent leur course et se rassemblèrent au creux de sa main en une sphère de flammes de la taille d'une orange. Puis comme si elle lançait une balle de baseball, Suika envoya la boule de feu orangée sur le Démon.
Ce dernier n'était ni rapide, ni agile, aussi se prit-il le projectile ignescent, lequel explosa brutalement, noyant l'ennemi dans ses propres flammes.
Les dommages furent relativement limités, seules quelques traces de brûlure se formant sur la peau grise et ridée du monstre obèse. Le Démon Parasite avait toutefois perdu l'équilibre, donnant à Suika le temps nécessaire pour se rapprocher de lui.
Se stabilisant, le démon envoya de tout son poids la masse sur l'oni, lui donnant une trajectoire verticale vers le bas.

Ses yeux rouges parurent s'écarquiller lorsque la masse se stoppa, arrêtée par les deux mains de Suika. Grimaçant sous l'effort mais motivée comme jamais, la petite fille cornue releva un peu la tête, laissant un rictus de plaisir déformer ses lèvres, et assura sa prise sur le manche de l'arme qui faisait plusieurs fois sa taille. Elle prit ensuite appui sur le sol, arqua ses genoux puis bondit.
Le Démon Parasite, pris de court, lâcha son arme, désormais en possession de Suika.
Celle-ci s'éleva dans les airs sur quatre mètres tout en levant la masse au-dessus de sa tête.

Dans un hurlement et de toute la force dont elle était capable, une petite oni rousse força l'arme d'un démon à se retourner contre son maître. Dans une trajectoire elliptique et descendante, le bout métallique cylindrique de la masse fracassa le crâne du Démon dont le sang visqueux et noir gicla. Puis il tomba sur le côté et se désagrégea, tout comme l'arme que Suika avait lâchée.

Retombant au sol tel un guerrier survivant, la petite oni était essoufflée, mais pas peu fière d'elle. Elle était accroupie, ayant posé un poing au sol. Elle ignorait littéralement la douleur qui pulsait de ses blessures mais commençait tout de même à fatiguer.
Une fois ceci terminé, y'avait intérêt à fêter ça dignement.
Le rugissement du Démon Taureau qui s'éleva indiqua à Suika que rien n'était terminé. Le monstre avait profité du combat contre le Démon Parasite pour récupérer et chargea à nouveau Suika. Celle-ci arma son bras droit puis lança cinq petite sphères d'énergie bleues rebondissantes sur le monstre.
Il les détruisit avec sa hache mais ses mouvements de bras le ralentirent. Suika s'était mise en mouvement et courait, bras écartés, vers le Démon.
La blessure à la hanche faite par l' adversaire susmentionné élança soudain la petite oni. En grimaçant, elle se stoppa et préféra donner envoyer son poing droit dans le vide.
Une boule de feu en sortit et percuta le Démon Taureau dont la fourrure brune s'embrasa. En rugissant de douleur, il ramassa sa musculature et bondit rapidement pour retomber sur Suika, les flammes s'étant éteintes. Elle voulut éviter mais sa blessure la gêna et elle fut écrasée par le manche de l'arme du monstre qui avait atterrit à quatre pattes. Il se releva puis recula, laissant Suika tenter de se relever en grimaçant.
Sans crier gare, le monstre bondit à nouveau pour atterrir derrière l'oni. Dans son mouvement, le Démon Taureau avait fait tournoyer son arme dont la partie osseuse, mais finalement pas si tranchante que ça, percuta Suika à l'épaule gauche.
La petite fille cornue retomba en arrière et cria de douleur. Une vilaine plaie déchirait ses vêtements et sa chair. Ses os en avaient également prit un coup mais aucune fracture n'était à déplorer.

La situation était toutefois en désavantage de Suika. Elle était à bout de forces, à terre et blessée. Elle tenta alors de se relever, ce qui se fit avec beaucoup de difficultés.
Elle n'avait pas encore tout donné !
Le Démon Taureau, qui s'était reculé, poussa un nouveau rugissement et avança quelque peu. Suika se mit en position, prête à achever le combat contre son adversaire qui était également blessé, comme le laisser deviner son souffle rauque.
Ces bonds n'avaient pas fait du bien à ses côtes en mauvais état.

Une traînée de fumée noire fit alors son apparition. Sortant de la forêt, elle rasa le sol et se dirigea vers Suika, qu'elle entoura. Le Démon Taureau se stoppa.
- Hey c'est quoi ça ? s'écria Suika.
- Ierukah… Termine cette histoire, ordonna Lucifuge en s'approchant.
(♪) La fumée se rassembla alors et entra dans la bouche ouverte de la petite oni. Celle-ci se mit les mains au niveau de la gorge et tomba à genoux, se mettant à tousser fortement.
Ce truc… Il l'empêchait de respirer !
Désespérément, Suika tenta d'expulser ce qui obstruait ses voies respiratoires. Il n'y avait rien à faire.
Lucifuge regarda faire puis sembla avoir une idée. Il fit un geste de sa main et donna un nouvel ordre, implicite :
- Une amie de la prêtresse… Si efficace… Ierukah, si tu pouvais…

Suika sentit qu'elle pouvait à nouveau respirer et s'écroula face contre terre au sol. Elle ne cherchait même pas à comprendre et se contentait de reprendre son souffle…
Avant de hurler. Elle se retourna brusquement et fut prise de spasmes, comme luttant contre un ennemi intérieur. Elle s'agitait dans tous les sens, les larmes coulant de ses yeux, puis au bout d'une dizaine de secondes, se calma.
Une légère fumée noire s'échappait d'elle. Doucement, elle se releva. Ses cheveux étaient devenus noirs et blanc. La cornée de ses yeux devint noire tandis que ses iris se paraient d'un rouge luminescent. Les ongles de l'oni s'allongèrent légèrement pour ressembler davantage à des griffes. Son teint de peau vira au gris pâle surnaturel. Ses blessures avaient disparu et même la teinte de ses vêtement avait changé. Ainsi, l'extérieur de sa veste devint noir et l'intérieur rouge. Sa jupe devint rouge excepté les bords qui s'obscurcirent.
Suika resta sans bouger alors que toujours, une légère fumée noire s'échappait de son corps.
- Bien joué, bien joué, apprécia Lucifuge.
Il se tourna vers le Démon Taureau qui observait sans bouger, et visiblement intrigué.
- Tu t'es bien battu, toi aussi. Une petite récompense me semble toute indiquée.

Le Premier Ministre tendit son bras droit vers le monstre qu'une aura écarlate entoura. Ses blessures se soignèrent tandis que son poil s'assombrissait. La hache qu'il tenait devint une véritable arme d'acier sombre à double tranchant. Quant aux deux lueur jaunes qui servaient d'yeux au Démon Taureau, elles devinrent orangées.
Après cela, le monstre s'illumina de rouge et disparut, révoqué par Kraïsen qui marchait vers son supérieur.
Ce dernier se tourna vers le masqué invocateur.
- Et si nous faisions un peu de bruit ? Je te laisse envoyer le gros paquet pendant la nuit. Demain sera… Agité.
Il regarda à nouveau Suika, ou du moins le corps de Suika.
Car ce n'était plus vraiment la petite oni qui se tenait là.
- Et je compte sur toi pour utiliser ce corps à bon escient, Ierukah. Amuse-toi bien et sois sans pitié.
Suika, ce n'était plus Suika, hocha doucement la tête. Puis le Premier Ministre disparut avec Seïth dans une volée de flammes rouges.
Alors, Kraïsen commença à chercher un endroit dégagé, en compagnie d'une Suika possédée par Ierukah.

Loin de toute cette agitation, en fin d'après-midi, Réo cherchait désespérément un magasin dans le Village Humain. Fort heureusement et presque miraculeusement, il était tout proche du quartier marchand. Ainsi, à force de courage et d'obstination, il parvint à retrouver son chemin jusqu'à la boutique où Pride et Youmu s'étaient rendus.
Le polymorphe allait entrer lorsqu'une voix le figea.
- Tiens, tiens, cela fait longtemps… Réo Ryu…
Une goutte de sueur coula de la tempe droite de l'intéressé qui se retourna en déglutissant. Il avait peur d'avoir reconnu la personne qui parlait et ses craintes s'avérèrent fondées.
Toujours vêtue de ses vêtements blancs à carreaux rouges et tenant son ombrelle rose pâle fermée contre son épaule droite, Yuuka regardait l'Envieux de ses yeux rouges.
- Ahem… Euh… Bonjour… Yuuka Kazami… balbutia Réo qui cherchait du regard un itinéraire pour s'enfuir.
A sa grande surprise, la yôkai des fleurs lui sourit. Un sourire presque chaleureux qui pourtant faillit faire imploser le cœur du changeur de forme, parti pour un marathon barbare avec des golems d'adamantium.
- Je vois que tu te souviens de moi, chose que j'apprécie. Est-ce pour cela que tu trembles ?
La voix de la femme aux cheveux verts légèrement ondulés s'étaient chargée d'ironie. Voyant que son interlocuteur était comme paralysé, Yuuka choisit de le rassurer.
- Tu n'as rien à craindre, je ne fais que me balader et regarder les belles fleurs qui sont à vendre ici. Tu n'as pas à avoir peur, pas de moi…
La yôkai laissa volontairement planer le mystère sur la fin de sa phrase, incitant Réo à réagir.
- Que voulez-vous dire ? fit-il, comme le souhaitait Yuuka.
- Et bien on dirait que les choses vont devenir pour le moins… Explosives… Je me demande comment tu vas t'en sortir… A la prochaine et fais attention aux fleurs~
Sur ces mots, la dame aux cheveux verts s'éloigna tranquillement, regardant à nouveau les plantes de la fleuriste toute proche.
Réo resta pantois pendant quelques minutes. Elle était partie. Tout allait bien.
Mais…
Que voulait-elle dire et pourquoi l'avoir dit ?
Pour le moins troublé, Réo se décida enfin à rentrer dans le magasin. Etrangement, il sentait que la suite n'allait pas être de tout repos…





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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeSam 4 Aoû - 0:07

Chapitre 22 : Rêve de Légende


"Il est une créature présente dans tous les mondes. Partout, elle alimente les mythes et histoires.
Bête fabuleuse porteuse de rêve ou de cauchemar, de vie ou de mort. Mais toujours présente dans les esprits, source d'émerveillement et de fantasmes.
Vous voyez de quoi je veux parler, n'est-ce pas ?"
Erya Hilanor


Personne ne la vit apparaître dans la nuit. Un éclat rouge, à l'écart du reste de Gensokyo. Devant elle, deux êtres qu'elle ne connaissait pas la regardaient.
L'un était masqué, l'autre était une fille cornue vêtue de noir et de rouge qui lui adressa un rictus.
Où était-elle ?
Qui étaient ces personnes ?
Puis la fille ouvrit la main. Douleur. Noir. Incompréhension.
Colère.
Sans limite.

Comme toujours, le Royaume des Morts n'inspirait que calme et sérénité. Choses presque indispensables si on devait passer une période plus ou moins longue de type "éternité" en cet endroit. Il devait être dix heures du matin mais rien ne troublait la quiétude des lieux. Quelques nuages perdus passaient tranquillement dans le ciel bleu, tout comme divers oiseaux au silence total.
La seule chose qui faisait du bruit et qui ne semblait pas à sa place était un être aux cheveux noirs plutôt courts et vêtu de gris veiné de vert progressant en marchant vers l'Hakugyokurou.
Ses yeux allaient et venaient, observant ce monde à part qu'il ne pouvait s'empêcher de trouver stressant. L'atmosphère était bien trop solennelle, trop "endormie".
En vérité, Réo se sentait mal à l'aise.

La veille, il avait acheté le minimum syndical exigé pour que la pièce allouée à Suika obtienne la désignation de "chambre". C'est à dire de quoi avoir un lit complet et une table de nuit. L'Envieux avait ensuite attendu pendant plus d'une heure en compagnie de Doku mais la petite oni n'avait pas pointé le bout d'une corne. Inquiet, le changeur de forme s'était mis en tête de retrouver son amie, seulement ce fut un échec total et cuisant. La logique aurait voulu qu'il aille prévenir Reimu mais Pride avait vivement protesté, arguant que ça ne ferait que l'attirer à Lucifuge.
Bien évidemment, Réo n'était pas dupe et savait que l'Orgueil ne voulait surtout pas croiser la prêtresse. S'en était ensuite suivit un débat mental où Pride avait affirmé que si l'Envieux était plus fort, le problème ne se poserait pas. Ce fut l'élément déclencheur pour que les leçons de Youmu reviennent au goût du jour.
Il devait être entre huit et neuf heures du matin lorsque le métamorphe avait pris la direction du Royaume des Morts. Il avait momentanément laissé la place à Pride afin que celui-ci se serve de la clé de Youmu afin d'ouvrir la voie. L'objet avait brièvement brillé d'une pâle lumière puis la porte s'était ouverte. L'Orgueil avait ensuite mis le cadeau dans une poche avec un sourire avant de laisser la place à Réo.

Depuis, le polymorphe progressait dans ce royaume qui l'oppressait presque, sans qu'il ne sache véritablement pourquoi. Tout le contraire de Pride qui se sentait à l'aise voir reposé. C'était du moins la sensation qu'il avait eu la seule fois où il était venu.
Après s'être perdu deux ou trois fois en chemin, et donc avoir ainsi rallongé son temps de parcours, le polymorphe arriva en vue de sa destination.
Et pour le coup, il se sentait petit.

Déjà qu'il n'était pas dans son élément, la silhouette sereine du manoir ne le confortait pas vraiment. Il se demandait presque ce qu'il faisait là. Ce fut donc avec des gestes mal assurés que Réo entra dans l'enceinte de l'Hakugyokurou. Il ouvrit la porte d'entrée en la faisant doucement coulisser puis passa sa tête dans l'ouverture.
Personne.
(- Youmu doit être dans les jardins), signala Pride.
- T'en as pas marre d'avoir la première réplique de chaque chapitre ? rétorqua l'Envieux de vive voix.
(- Tais-toi et avance), répliqua l'Orgueil alors que le bruit d'un mur qui explosait se faisait entendre au loin.

Le polymorphe ne se fit pas prier et pénétra à l'intérieur du manoir. Le silence y régnait, ce qui ne déplaisait pas à Pride, au contraire de l'Envie qui se sentait véritablement comme un intrus. Bien évidemment, l'Ombre s'amusa à ne pas guider Réo, le laissant errer au hasard des couloirs sombres, éclairés par quelques lanternes. Ce fut la raison principale pour laquelle une voix féminine enjouée se fit entendre, voix qui crispa Pride.
- Youhouuu, vous êtes perdu ?~
Le polymorphe put donc rencontrer Yuyuko Saigyouji, maîtresse des lieux. Voulant se la jouer finement, pour une fois, le métamorphe s'inclina respectueusement tout en se présentant.
(- Bourde en vue, je le sens !), railla Pride.

Yuyuko volait toujours à plusieurs centimètres du sol. Elle tenait un éventail sombre fermé dans sa main droite et posait un regard indescriptible sur le polymorphe, ce qui le mit encore plus mal à l'aise.
Ça commençait bien.

- Et donc, que cherchez-vous ? La sortie ? Une chambre ? Une pomme d'or ? tenta Yuyuko.
Elle semblait s'amuser.
- Euh, en fait, je cherche Youmu, avoua le métamorphe.
- Ooooooh, je vois~ Ton Ombre est impatiente, n'est-ce pas ? réagit Yuyuko.
La réplique causa un bug cérébral tant chez Réo que Pride. Est-ce que la princesse fantôme venait de dire ce qu'ils croyaient qu'elle venait de dire, et voulait dire ce qu'ils croyaient qu'elle voulait dire ?
De toute évidence, Yuyuko voulait les faire réagir ainsi et eut un léger rire. Puis elle invita le polymorphe à la suivre, pendant que Pride était à la limite de péter une durite.
Force fut de constater qu'en fait, Réo n'était pas loin de la salle de réception menant au jardin. En moins de cinq minutes, Yuyuko le précédait dans le jardin de pierres et de pins des lieux. Youmu était affairée à couper les branches d'un des sapins et tournait le dos aux deux arrivants.

Yuyuko mit ses deux mains en porte-voix et appela d'une voix taquine :
- Youmuuuuuuuu !~ Tu as de la visiiiiite !~
La jardinière se tourna aussitôt vers sa maîtresse, ce qui lui permit de repérer Réo également. La demi-fantôme approcha rapidement.
- Bonjour Réo et toi aussi Pride, fit-elle en s'inclinant.
(- Je crois que c'est la première personne qui pense à moi… Salut Youmu !)
- Bonjour, Youmu. Pride te salue, au passage, transmit l'Envie.
Un mince sourire étira brièvement les lèvres de l'escrimeuse qui se remit droite et regarda sa maîtresse… Qui commençait déjà à s'éloigner.
- Amusez vous bieeeeeen~, fit le fantôme en agitant son éventail fermé.
Le ton employé par Yuyuko était semblable à celui qu'elle aurait employé pour s'adresser à deux gamins laissés seuls, et qui ne devaient pas faire de bêtises.
Oh wait…
(- Au pire, on s'en fout ?)
L'intervention de Pride fut suivie par une question de Youmu :
- Je suppose que tu es venu pour l'entraînement ?
Elle avait parlé sans employer de ton particulier.
- Et bien oui, si je ne te dérange pas, répondit le changeur de forme.
Youmu lui fit signe qu'il n'en était rien et le conduisit à un endroit plus dégagé de la cour. Au milieu des caillasses, la jardinière se planta devant le métamorphe et le jaugea du regard.
- Désires-tu un sabre ou te servir de tes pouvoirs de métamorphose ? s'enquit-elle.
- Je pense que je me débrouillerai mieux avec mes pouvoirs. Pour Pride en revanche, un sabre pourrait être utile, transmit l'Envie.
Cette volonté de l'Orgueil de faire de l'escrime exactement comme Youmu fit sourire le métamorphe. L'escrimeuse s'absenta pendant quelques minutes, pour revenir avec un autre katana. De la même taille que Roukanken, son fourreau et sa garde étaient d'un vert très sombre, tirant presque sur le noir.
- Comme tu te régénères, il n'est pas utile d'utiliser les shinaïs, précisa Youmu.
- Ouais et honnêtement, je préfère. Je suis habitué aux leçons en condition réelle, admit l'Envie.
Les sabres de bois, peu pour lui.
Youmu hocha la tête puis sortit Roukanken de son fourreau et le prit à deux mains, laissant Hakurouken à l'abri de son étui passé derrière elle, au bas du dos. Elle se mit ensuite en garde et attendit que le changeur de forme fasse de même.
Celui-ci s'entoura d'éclairs rouges alors que son bras droit se paraît d'une lumière aux reflets écarlates. Bras qui se changea pour devenir l'imposante double-lame retenue au reste du bras par des fils organiques noirs que l'Envieux appelait "lame lourde". Il ferma ensuite son poing gauche et fit ressurgir son Avarice. Ce qu'il avait, c'était pour lui et personne d'autres. Et il voulait tout avoir.
Du bout de ses doigts, une couche de matière solide grise tirant vers le noir se forma et commença à remonter pour recouvrir toute la peau de son bras. Du carbone. Le Bouclier Ultime.

La polymorphe se mit ensuite en position. Youmu lui indiqua qu'elle était prête puis lui enjoignit de commencer.
Réo ne se fit pas prier et utilisa sa Paresse. Car l'entraînement, rien de plus barbant, autant rester couché et dormir toute la journée. Et toutes ces choses à faire, quelle corvée…
Devenu une véritable fusée, le changeur de forme se rua vers Youmu à une vitesse certes impressionnante mais il ne se contrôlait pas vraiment tant cela était brusque. Une fois à proximité, Réo mobilisa la force donnée par le péché et l'élan pour exécuter un arc de cercle tout en puissance avec la lame qui remplaçait son bras droit.
En théorie, l'adversaire allait prendre cher et s'il paraît, son arme allait le sentir passer.
En théorie.
Seulement il était à Gensokyo.
Et il avait Youmu Konpaku derrière lui…
Derrière lui ?

L'escrimeuse avait aisément esquivé l'assaut, se coulant à quelques centimètres de la lame acérée en un mouvement vers la gauche d'une précision chirurgicale. Elle avait ensuite pivoté et fait un pas en arrière, se retrouvant en garde, deux mètres derrière son adversaire.
- Trop prévisible, et trop lent, lui indiqua Youmu d'une voix neutre.
Réo retint un soupir de frustration et se retourna. Tâchant de se concentrer un peu, il attendit moins d'une dizaine de secondes puis sa lame décrivit une courbe serrée ascendante vers l'épaule gauche de la demi-fantôme. Le geste manquait cruellement de vitesse et de précision cependant et Youmu n'eut aucun mal à bloquer le membre transformé avec Roukanken. Elle se permit même de repousser la lame avant de contre-attaquer verticalement.
Par réflexe, le polymorphe mit son bras gauche toujours recouvert du Bouclier sur la trajectoire du katana. La course de la lame se stoppa mais son fil acéré laissa une entaille dans le carbone dermique, chose que seule Youmu remarqua.
L'escrimeuse repartit ensuite à l'attaque à l'aide d'un coup de taille destiné au flanc gauche de l'Envie qui, par un réflexe miraculeusement miraculeux mais salvateur, intercepta Roukanken avec sa lourde lame. Manque de chance pour lui, Youmu tourna sur elle-même et tenta une nouvelle attaque descendante alliant vitesse et fluidité. Réo ne put qu'interposer sa main gauche et à nouveau, la lame du sabre causa une entaille dans le Bouclier Ultime, sur la paume.
Désirant en avoir le cœur net, Youmu se dégagea d'un pas en arrière et exécuta un revers scintillant visant cette fois le membre recouvert de carbone. Son action fut très brève et bien trop rapide pour que l'Envieux puisse parer avec son bras-lame. La lame de Roukanken s'enfonça dans la première entaille qui avait été causée, continua sa course et ressortit de l'autre côté du membre, lequel s'en retrouva sectionné.

Réo poussa un bref cri de douleur et regarda son moignon entouré d'éclairs rouges d'un air éberlué. Ainsi donc, Roukanken outrepassait le Bouclier Ultime.
Youmu avait baissé sa lame et s'exprima d'un ton coupable :
- Désolée, mais je devais être sûre… Tu te reposes tellement sur cette capacité que je me devais de…
- Ouais, je comprends, marmonna Réo.
C'était à ce demander pourquoi ce pouvoir se nommait "Bouclier Ultime". Toujours fut-il que le membre sectionné commença à repousser. D'abord les os, puis les muscles et la peau. Ensuite seulement le carbone s'étendit à nouveau pour protéger le bras en entier.
Le polymorphe le savait, il ne pouvait pas étendre le bouclier tout en se régénérant. Réo poussa un soupir de dépit puis redonna une forme normale à ses membres.
- Finalement, on va y aller au sabre, annonça-t-il.
Cela sembla convenir à Youmu qui vit l'Envieux prendre l'arme puis la sortir de son fourreau. C'était un sabre simple au final, mais efficace.
Réo fit quelques mouvements avec puis se mit en garde.
- C'est reparti, signala-t-il.

Pendant deux heures, les deux partenaires enchaînèrent les passes, attaques, parades… Youmu donnait de fréquents conseils au polymorphe qui tentait avec plus ou moins de succès de les appliquer. Heureusement pour lui, il avait déjà pratiqué un peu d'escrime dans le monde qu'il avait visité avant Gensokyo, donc il ne partait pas totalement de zéro. Même si cela n'était plus que quelques souvenirs.
Pride observait tout cela attentivement, sans même émettre le moindre commentaire. L'entraînement dont bénéficiait l'Envieux profitait également à l'Orgueil qui attendait patiemment de pouvoir y participer lui-même. Youmu se montrait calme et patiente mais ne ménageait pas pour autant le changeur de forme qui s'affala sur le sol, épuisé, après un assaut infructueux sévèrement sanctionné par la demi-fantôme.

L'escrimeuse le regarda d'un air compatissant.
- Tu veux arrêter pour aujourd'hui ? proposa-t-elle après quelques minutes.
Réo opina.
- Pour moi, c'est terminé, j'en peux plus. Mais…
Il expira profondément.
- Pride peut continuer, lui. Tu as encore du temps à nous consacrer ?
Presque trop vite, Youmu acquiesça.
- Oui ! Pas trop, malheureusement mais je pense pouvoir lui accorder à peu près la même durée qu'à toi.
- Parfait, je te le laisse alors.
Manifestement à bout de forces, Réo s'entoura d'arcs électriques écarlates. Sous le coup de la lumière cramoisie, son apparence changea, tout comme son âme.
Il devint légèrement plus grand et ses vêtements changèrent également. Pride s'amusait de plus à prendre un an de plus que Réo.
Vêtu de sa veste noire au bas semblant déchiré recouvrant un haut sombre veiné de rouge et de son pantalon noir qui contrastaient avec ses longs cheveux blancs, Pride fit craquer sa nuque.
Son regard mauve se posa ensuite sur Youmu, qu'il salua une fois encore, de bonne humeur.
- Bonjour, Pride, fit la demi-fantôme en s'inclinant.
- T'es sûre que tu peux enchaîner avec moi tout de suite ? Tu ne veux pas te reposer un peu ? s'enquit l'Ombre.
- Ça ira, ne t'en fais pas. Tu t'inquiètes ? releva la jardinière d'un ton qui se voulait neutre.
- Bien sûr que non ! Je… Je voulais juste éviter que tu ne t'écroules en plein combat, ce serait con ! rétorqua précipitamment l'Ombre.
La réponse décrocha un petit rire à Youmu, que Pride ne parvint pas à interpréter.
- Qu'est-ce qu'il y a de drôle ?
- Rien, rien… Prêt ?
Pride acquiesça et se mit en garde, alors que Youmu s'éloignait de quinze mètres. En même temps, son ombre s'agrandit tout en devenant plus noire et plus profonde. Elle en devenait presque tangible et formait à présent un cercle d'un mètre de diamètre dont l'Orgueil était le centre. Divers yeux, de dix centimètres, violets aux pupilles en amande s'ouvrirent dans l'ombre. Dans le même temps, deux sourires formés de dents triangulaires et pointues se formèrent, s'étendant chacun de part et d'autres du cercle de ténèbres.
(♪) Sans crier gare, une demi-dizaine de lames de noirceur semblant en deux dimensions, ce qui rendait leurs contours très tranchants, sortirent brusquement du cercle en s'allongeant à toute vitesse vers Youmu. Les yeux étaient également présents, disposés de manière semblant aléatoire sur les tentacules obscurs qui allaient attaquer chacun d'une direction différente, gauche, droite et même en hauteur.
Youmu s'y attendait et avait refermé sa main droite sur la poignée de son wakizashi, toujours passé derrière son dos, juste au-dessus de sa taille. La demi-fantôme retira son arme de son fourreau dans un chuintement et dans le même mouvement, la présenta à une pointe d'ombre. Dans un tintement, les deux lames se percutèrent, produisant une nuée d'étincelles. Le tentacule noir fut même repoussé, ainsi que tous ses semblables dans la poignée de seconde qui s'ensuivit. Roukanken et Hakurouken formaient une barrière d'acier infranchissable, virevoltants autour de la jardinière. Youmu maniait ses lames avec rapidité et précision, des gerbes d'étincelles se formaient à chaque contact. Elle se mit ensuite à courir vers un Pride stupéfait, qui redoubla d'intensité dans ses attaques.
Youmu repoussa une lame d'ombre avec son katana puis sauta alors qu'un autre pique fusait de l'Orgueil pour aller droit vers elle. Dans les airs, trois appendices obscurs se tendirent dans sa direction mais ses deux armes les repoussèrent. Dans le même temps, la demi-fantôme s'était mise à retomber. Elle glissa alors le long d'une face de ténèbres d'un tentacule se trouvant à sa droite, la pointe d'Hakurouken raclant sa surface.
L'escrimeuse retomba ensuite au sol, deux mètres devant Pride. Celui-ci envoya en catastrophe deux nouvelles pointes d'ombre mais Youmu les écarta sans difficulté tout en couvrant la distance qui la séparait de son adversaire. L'Orgueil utilisa alors son katana en la forme d'un coup de taille en direction du flanc gauche de Youmu.
Celle-ci dévia la lame avec Roukanken, pivota sur la droite puis passa ses deux lames autour du cou de Pride.
- Tu es mort, annonça-t-elle, ton et regard sérieux.

L'Orgueil resta immobile pendant bien dix secondes, incrédule. Le combat avait duré à peine trente secondes.
Comment pouvait-il se faire battre si facilement ? S'en était presque humiliant. Non.
C'était humiliant.
La frustration et la rage naissantes dans l'esprit de Pride disparurent toutefois lorsque Youmu reprit la parole :
- Tu te reposes trop sur ton contrôle des ombres. Si ton adversaire parvient à passer tes défenses, tu deviens très vulnérable, analysa-t-elle d'un ton calme et pédagogue.
Elle avait fait un pas en arrière et abaissé ses armes. Pride soupira, expulsant ses mauvaises pensées.
- L'ennui est que je n'ai rien d'autres, argua-t-il.
- C'est une raison de plus pour prendre quelques leçons, non ? lança Youmu en esquissant, cette fois, un sourire.
- Ouais, vu sous cet angle…
Pride inspira profondément et reporta son attention sur sa partenaire d'entraînement. Elle était encore en forme malgré tout le temps qu'elle avait passé à s'occuper de Réo, qui semblait temporairement endormi. Sa veste verte sans manches passée sur sa chemise blanche n'entravait jamais ses mouvements, comme sa jupe tout aussi verte et décorée de symboles semblables à des fantômes. Le ruban noir passé dans ses cheveux était du plus bel effet, comblant ce qui aurait pu être un vide dans sa tenue.
Sans même s'en rendre vraiment compte, Pride fixait Youmu. Lorsqu'elle le remarqua, elle se mit à rougir, ce qu'une Ombre perdue dans ses pensées ne vit tout d'abord pas.
- Euh, P-Pride, on… On y retourna ? balbutia l'escrimeuse, mal à l'aise.
L'Orgueil sortit de sa torpeur et, remarquant enfin qu'il avait son regard braqué sur elle, secoua la tête affirmativement, pas plus détendu qu'elle.
- Euh, oui, oui… Désolé, je… Je pensais à autre-chose… Bon sang, il m'arrive quoi là ? Hey Pride, arrête de déconner, c'est quoi ce délire ?
Finalement, les deux partenaires relevèrent leur sabre puis, mettant de côté les émotions étranges qui virevoltaient en eux, continuèrent leur entraînement avec un sérieux partagé, chose que Youmu apprécia beaucoup.

Après plus d'une heure et demi, ils s'assirent tous les deux à l'ombre d'un pin. Pride était à peine moins épuisé que l'Envieux, plus tôt, et Youmu montrait enfin des signes de fatigue. Les deux étaient ruisselants de sueurs. Ils n'avaient vraiment pas chômé.
Ils se reposèrent sans rien dire pendant plusieurs minutes puis Pride s'assit plus correctement, se mettant bien droit et croisant ses jambes.
Youmu était à sa gauche et s'était également assise en tailleur.
- Tu vas pas me dire que tu as encore du jardinage à faire ? lança l'Orgueil.
Youmu arbora un air surpris et surtout interrogateur.
- Et bien si, pourquoi ?
- Mais comment tu fais ? Après ça j'ai qu'une envie : plonger dans mon lit et me reposer. Ou me reposer et plonger dans mon lit…
Youmu eut un petit rire.
- Nous n'avons pas le même rythme, disons.
- J'ai pas de rythme du tout, rétorqua l'Ombre en haussant les épaules.
Il fallait dire qu'il n'avait pas souvent le contrôle du corps de Réo, lequel avait un rythme de vie des plus aléatoires.
- Si tu avais un travail et les devoirs associés, tu comprendrais, fit Youmu.
- Ce que tu fais n'est pas du travail. C'est de l'exploitation pure et simple, soupira Pride.
L'escrimeuse adressa un regard étrange à Pride. Un regard dont il ne parvint pas à comprendre la signification. Youmu le fixait de la même façon qu'il avait faite auparavant et bien malin aurait été celui qui aurait pu deviner les pensées de la demi-fantôme. Sans qu'il ne sache pourquoi, Pride sentit un étrange sentiment monter en lui.
- … Merci, fit simplement la jardinière.
L'Orgueil resta sans comprendre et la vit se lever. Youmu se tourna ensuite vers lui et lui tendit une main.
- Je risque d'être prise par mon travail tout l'après-midi… Mais avant, ça te dit de manger avec dame Yuyuko et moi ? s'enquit l'escrimeuse.
Pride prit la main de la demi-fantôme qui le tira pour l'aider à se relever. L'Orgueil ne laissa rien paraître mais le contact de la peau douce, légèrement plus froide, de Youmu le fit frémir. Une fois debout, la jardinière le lâcha alors qu'il répondait :
- Proposé ainsi, comment refuser ? … Je serai des vôtres.
Pride avait parlé sans employer de ton particulier, comme souvent. Youmu ne s'attarda pas sur ce détail qui ne l'étonnait plus et invita l'Ombre à la suivre.
Ainsi, ils retournèrent dans la salle de réception. Yuyuko était assise derrière la grande table qui y trônait et y dévorait quelques mochis.
- Vous vous êtes bien amusés ? demanda-t-elle entre deux bouchées.
- Ce n'était pas un jeu, dame Yuyuko, rétorqua Youmu, blasée.
- Ah bon ?
La maîtresse des lieux feignit la surprise. Pride, lui, avait renoncé à tenter de la comprendre. Il voulait garder un minimum de santé mentale.
- Comptez-vous partir aussi rapidement que la dernière fois ou resterez-vous avec nous pour manger ? s'enquit alors la fantôme en redirigeant ses yeux vers l'Orgueil.
- Je reste, répondit laconiquement Pride.
- Parfaiiiit~ Youmu, indique-lui le chemin vers la salle de bains, veux-tu ?
La jardinière opina avant de s'incliner puis mena l'Orgueil vers la salle susmentionnée.
- Je commencerai à préparer le déjeuner pendant que tu seras dedans, annonça-t-elle sur le pas de la porte.
- Et tu fais la cuisine en plus. Sans déconner… Je pourrai te filer un coup de main ? demanda l'Ombre.
- Euh, et bien…
La proposition prit Youmu de court, elle ne s'y attendait pas du tout.
- Ça me gonflerait quand même pas mal de me tourner les pouces pendant que tu bosses, indiqua Pride.
Youmu n'y trouva rien à redire, l'étonnement y étant sans doute pour beaucoup. Elle accepta finalement l'aide proposée avec une gêne que même Pride fut capable de repérer. Il fit toutefois comme si de rien n'était et entra finalement.

Loin de là, assise devant son temple, une tasse de thé à la main, Reimu était inquiète. Durant la nuit, elle avait ressenti quelque-chose d'étrange. En y réfléchissant, elle avait eut le même sentiment le jour de l'incident des morts-vivants, qui ne datait que de l'avant-veille. Les choses se précipitaient en ce moment et il lui tardait que Gensokyo passe une nouvelle période de calme.
Elle regarda le ciel. Il faisait beau les nuages étaient peu nombreux. A croire que les pluies attendaient que cette histoire se termine avant de tomber. Finalement, la miko vida sa tasse puis s'envola.
Elle avait un Dévoreur à trouver.

Ailleurs, Pride sortait d'une salle de bain, frais et revigoré. Réo s'était réveillé et avait râlé à propos du déjeuner, puisque Doku restait seule à la maison. De plus, il fallait retrouver Suika.
L'Orgueil lui avait enjoint de se taire, une heure de plus ou de moins n'allait pas changer grand-chose. De plus, il avait été invité.
Pride rejoignit donc la cuisine, signalant à Youmu que c'était son tour.
- Bien. Je comptais faire un peu de poisson et de riz… Tu t'en sortiras ? demanda-t-elle.
- Mais oui, je ne suis pas aussi branquignole que Réo.
(- Mais je t'emmerde ! Et puis c'est faux, je m'en sors bien en cuisine), s'insurgea le polymorphe.
- J'demande à voir, railla l'Ombre alors que Youmu s'éloignait.
Pride se tourna finalement vers le plan de travail. Dans un chuintement, ses ombres se déployèrent alors derrière-lui, affichant sourires effilés et autres yeux mauves.
- C'est parti ! fit l'Orgueil en faisant craquer ses doigts.
A l'intérieur de son esprit, un Envieux s'était mis à prier…

Malheureusement pour Reimu, elle ne risquait pas de trouver Malbas puisque celui-ci venait d'apparaître peu après l'entrée de Voile.
La première chose qu'il remarqua fut que l'éclairage avait changé. Désormais, des orbes de lumières pendaient du plafond et diffusaient une douce lumière, qui éclairait un peu plus sans être extraordinaires non plus.
En y regardant bien ces orbes semblaient magiques, mais le Dévoreur n'y prêta pas attention. Son regard était capté par les innombrables livres.
- Et je fais comment pour en trouver un dans tout ça ? pensa-t-il.
Malbas retint un léger rire et se mit en marche. Aucun des livres qu'il voyait ne capta son attention ou du moins ne correspondait à ce qu'il cherchait. Au bout de quelques minutes, il ressentit une forme de vie qui approchait. Voulant ne pas se faire repérer, le Dévoreur se cacha entre deux étagères, silencieux. Il vit alors une silhouette aux longs cheveux rouges, vêtue d'une robe noire aux bords blancs et ayant deux ailes de chauve-souris derrière son dos, passer devant lui rapidement.
Malbas attendit un peu puis il la vit repasser plus lentement en sens inverse. Il remarqua alors les deux ailes qui partaient de ses tempes.

Une fois que Koakuma fut hors de vue, le Dévoreur sortit de sa cachette et poussa un soupir. Ce n'était vraiment pas gagné. Il se remit ensuite à chercher et tomba sur une étagère un peu plus petite que les autres.
En s'approchant et regardant de plus près, il vit qu'il s'agissait de romans à l'intérêt limité. Puis il remarqua un livre bien plus ancien, à la couverture de cuir et aux pages jaunies par le temps. Là, ça l'intéressait plus.
Malbas prit le bouquin, plein d'espoir, et remarqua alors l'écusson en argent qui l'ornait. Douze dragons en position fœtale, autour d'un autre, lequel était planté sur un globe terrestre fort bien réaliste.
Joli mais raté.

Se doutant qu'il s'agissait là de quelque-chose qui ne le concernait en rien, Malbas reposa le livre fort étrange puis se remit à explorer, mains dans les poches.
Rien de rien. Il était de toute façon impossible qu'il trouve de cette façon.
Mais il était aussi impossible qu'il demande de l'aide.
Il ne fallait pas non plus qu'il reste trop longtemps sous peine de démarrer un nouveau combat, aussi Malbas de téléporta-t-il ailleurs dans sa traditionnelle gerbe de flammes.

L'horizon était clair. Bras croisés, debout sur de la pierre au sommet d'une chute d'eau, Momiji guettait les mouvements en contrebas de la Montagne Yôkai. Son bouclier et son sabre imposant étaient accrochés derrière son dos. Ses oreilles de loup étaient attentives et bougeaient parfois un peu à cause du vent qui commençait à souffler à cette altitude.
La position de la tengu lui donnait également une vue imprenable sur Gensokyo. Malgré la présence du Dévoreur, la contrée semblait calme comme d'habitude. Au loin, Momiji remarqua une petite forme qui semblait approcher par la voie des airs. Quelque-chose lui disait qu'elle allait avoir du travail.
Ce fut alors qu'un rugissement s'éleva. Quelque-chose que Momiji n'avait jusqu'alors jamais entendu. Elle prit ses armes en main, prête à intervenir, puis chercha la source de ce bruit.
Elle la trouva rapidement en une forme animale qui s'éleva des alentours du lac brumeux. Une forme animale qui volait droit vers la montagne dans un nouveau rugissement.
Ravalant sa salive, Momiji sauta dans le vide et alla à sa rencontre.

- Héhé, c'était bon tout ça !
La réplique enjouée de Yuyuko tira un sourire tant à Pride que Youmu. Contrairement à ce qu'on aurait pu craindre, l'Orgueil s'était pas trop mal débrouillé. La demi-fantôme et lui avaient travaillé de concert et réussis à se satisfaire eux-mêmes ainsi que Yuyuko.
Même si ce dernier détail était aisé dans le domaine de la nourriture.
Quoi qu'il en soit, le succès était complet puisque plus rien ne restait sur la table hormis les assiettes et récipients divers. Yuyuko se leva alors, fit un clin d'œil aux deux partenaires qui lui faisaient face et s'éloigna en prétextant aller dormir.
Pride se crispa quelques instants puis en soufflant longuement, tendit sa main droite ouverte à Youmu.
Celle-ci hésita puis finalement tapa dans la main de Pride.
- On est les meilleurs, lança l'Orgueil.
Youmu se contenta d'un petit rire, amusée.
- Si tu le dis. Bien joué en tout cas, le félicita-t-elle.
- C'est surtout à toi qu'il faut dire ça, rétorqua l'Ombre.
La jardinière sembla gênée mais accepta le compliment. Quelques secondes s'égrenèrent puis elle se leva.
- Maintenant, j'ai du travail. Et non, tu ne peux pas m'aider ! lança-t-elle.
- Maiiiiis…
- Pas de "mais", Pride. Le devoir m'appelle et tu ne peux rien y faire. Exploitage ou non, continua Youmu d'une voix douce.
L'Orgueil poussa un soupir et se mit également debout.
- Je sais, Youmu. C'est juste que…
Il s'interrompit lorsque la jardinière mit son index gauche sur ses lèvres.
- Tais-toi, tu vas dire des bêtises, répliqua-t-elle.
Pride resta interdit puis finalement se mit à rire, rire qui s'avéra contagieux. Une fois calmés, les deux se regardèrent.
- Je suppose qu'il n'y a rien à faire pour te faire changer d'avis, lâcha l'Ombre.
- Non, pas la peine d'insister. Nous nous reverrons bientôt de toute façon.

Pride acquiesça puis se laissa escorter jusqu'à l'entrée du manoir. La jardinière lui ouvrit la porte puis s'effaça pour le laisser passer, après quoi ils se firent à nouveau faces, séparés par l'ouverture.
- Et bien, à bientôt, affirma l'Orgueil.
- A bientôt Pride. Et… Merci.
Youmu s'inclina.
- Un plaisir. Un… Très grand plaisir même. Et puis… Merci à toi, surtout.
Chose que Réo trouva incroyable, Pride s'inclina également. Puis il se détourna et s'éloigna en faisant un dernier signe de la main à l'escrimeuse qui répondit de la même manière.
Youmu ferma ensuite la porte coulissante et se mit dos à elle. Ses yeux se fermèrent et un sourire étira ses lèvres.
- Un très grand plaisir pour moi aussi… Pride… murmura-t-elle.
Elle rouvrit ensuite les yeux et retourna dans la salle de réception. Elle y entrait lorsque la voix de Yuyuko s'éleva.
- Oh, il est parti ?
La fantôme se trouvait un peu à la droite de sa subordonnée.
- Oui… N'étiez-vous pas censée dormir ? s'enquit cette dernière.
- Si, peut-être, mais je n'ai pas réussi~
Youmu retint un soupir blasé puis commença à débarrasser la table. Comprendre Dame Yuyuko était la tâche la plus compliquée qui soit…
Et sans qu'elle ne sache véritablement pourquoi, Youmu ne put s'empêcher de trouver le manoir bien vide…

Alors qu'elle volait en direction de la Montagne Yôkai, perchée sur son balai, Marisa se stoppa subitement. Elle venait de voir quelque-chose qu'elle jugea à la fois étrange et intéressant.
- Mais c'est quoi ça ? lâcha-t-elle.
Au-dessus de la Forêt Yôkai, un animal volait dans les airs, porté par ses deux grandes ailes de peau tendue.
Un animal gris et aux reflets blancs, de bien dix mètres de long, assez fin, recouvert d'écailles et de longues pointes qui sortaient de tout le dessus de son corps, partant de son long cou jusqu'à sa longue queue terminée en pointe triangulaire. L'animal avait quatre pattes longilignes et ses deux ailes blanches partaient du milieu de son dos, sur les côtés. Sa tête allongée était recouverte de quatre épaisses cornes partant vers l'arrière. Des crocs effrayant pointaient de sa gueule ouverte où se tenait une langue fourchue.
Marisa n'en crut pas ses yeux lorsqu'elle vit l'animal cracher une traînée de flammes sur une autre forme qui évita.
Ce genre de chose ne se trouvait pas à Gensokyo !
Puis, la magicienne ordinaire se reprit et replaça son chapeau sur sa tête, avant de foncer sur la bête.
- Après tout, ça peut être marrant d'affronter un dragon, daze ! (♪)

Momiji avait laissé son étonnement de côté et essayait de repousser la créature. Son sabre décrivit plusieurs courbes puis une cinquantaine de sphères brillantes de la taille d'une orange et de couleurs bleues et jaunes fendirent l'air en lignes vers le dragon, éloigné à présent d'une vingtaine de mètres.
L'animal réagit au quart de tour. Sa tête se baissa vers Momiji et donc son attaque, sa gueule s'ouvrit puis une nouvelle volée de feu jaillit. Le souffle de flammes était assez puissant pour détruire les projectiles et continua sa course vers la tengu louve.
Surprise, elle sauva sa peau en interposant son bouclier, qu'elle tenait à son bras gauche, entre elle et la déferlante ignée. Les flammes ne parvinrent pas à passer la protection blanche décorée d'une feuille d'érable rouge mais poussèrent la sentinelle vers le sol, laquelle était incapable d'opposer assez de force.
Momiji entendit ensuite plusieurs petites explosions par-dessus le brasier qui l'avait prise pour cible puis elle sentit la pression se relâcher et disparaître, permettant à son bouclier de refroidir.
La tengu en profita pour aller sur la gauche et regarder son adversaire. Elle remarqua également Marisa, assise à califourchon sur son éternel moyen de locomotion.
Nul doute que c'était elle qui avait fait lâcher prise au dragon qui regardait la magicienne en restant stable dans les airs, battant des ailes pour cela et déplaçant ainsi d'importantes quantités d'air.

Quant à Marisa, elle regardait un point particulier sur le dragon. Au niveau de son dos, entre les pointes, une forme se tenait assise. Une certaine petite oni au teint gris, aux cheveux blancs et noirs et aux vêtements noirs et rouges.
Ses mains étaient fermées sur des rênes de fumée noire qui allaient dans la chair du dragon, au niveau de sa mâchoire.
- Hey, tu fous quoi Suika ? Et c'est quoi ce look ? s'enquit la sorcière en s'approchant.
Sauf que ce n'était plus vraiment Suika, Marisa le sentait. Et ça ne lui plaisait pas du tout.
L'oni possédée se contenta d'arborer un rictus malsain, lequel fit frissonner la magicienne ordinaire. Non, ce n'était vraiment plus Suika. En écho, le dragon rouvrit sa gueule et cracha un nouveau jet de flammes, cette fois sur la magicienne ordinaire.
Levant le nez de son balai, Marisa passa juste au-dessus. Elle gagna encore un peu en altitude puis se pencha vers le dragon qu'elle surplombait désormais. D'un geste, elle conjura quatre orbes gros comme des pamplemousses qui tournoyèrent autour d'elle et mitraillèrent le dessus du dragon de petits projectiles verts en forme de flèches.
Seulement sa cible n'était pas tant le monstre volant mais Suika, ce n'était plus Suika.
Momiji voulut utiliser son sabre pour frapper la créature par-dessous mais celle-ci plongea subitement en mettant ses ailes contre son corps.
Les vents causés par le mouvement massif firent reculer Momiji et Marisa. Le dragon plongea donc vers les arbres en contrebas puis redéploya ses ailes. Prenant un courant d'air ascendant, il se laissa relever, fit volte-face et poussa un rugissement.
La tengu se rapprocha alors d'une Marisa perplexe.

- Il faut l'éloigner de la montagne, on risque l'incendie ! s'écria la sentinelle en faisant de grands gestes avec ses bras.
- Ouais… Mais t'as vu qui est sur son dos ? C'est Suika et elle est pas dans son état normal, répliqua une magicienne ordinaire plus mesurée mais surtout, sceptique.
Un dragon, déjà, c'était louche. On n'en avait pas vu à Gensokyo depuis la création de la Grande Barrière, et celui-là ne ressemblait en plus pas du tout aux dragons asiatiques. Mais en plus, Suika était étrange. Il y avait vraiment anguille sous roche et ce n'était pas du goût de la magicienne ordinaire, laquelle avait déjà un Dévoreur à retrouver.
Mais pourquoi était-ce tant le bazar à Gensokyo en ce moment ?
Marisa cessa de réfléchir au pourquoi du comment et reporta son attention sur la bête fabuleuse. On pouvait dire ce qu'on voulait, mais elle avait une sacrée allure !
Il fallait toutefois éviter qu'elle ne fasse trop de dégâts, comme l'avait si bien suggéré Momiji.
- Tu as un plan ? s'enquit la louve, un brin inquiète.
- Ouaip. Foncer dans l'tas !
Momiji écarquilla les yeux mais Marisa ne lui laissa pas le temps de répliquer puisqu'elle fila droit vers le dragon. Maudissant ce manque de stratégie, la sentinelle s'embarqua à la suite de la magicienne ordinaire, laquelle allait beaucoup plus vite sur son balai.

Filant à toute berzingue et ne se préoccupant pas de la tengu, Marisa observait le dragon. Lorsque celui-ci ouvrit sa gueule pointue, elle fut donc prête et obliqua sur la droite, laissant le souffle de feu passer bien trop loin d'elle. Se faisant, elle approchait à grande vitesse et tendit sa main gauche vers la créature volante. Des dizaines de flèches d'énergie vertes se formèrent devant la sorcière et filèrent sur le dragon. Utilisant ses ailes, l'animal se dégagea rapidement, contournant les attaques. Il se mouvait avec une aisance et une rapidité qui gommaient le handicap de sa taille et prit ainsi Marisa en chasse.
- Allez mon gros, suis bien tata Marisa ! lança la sorcière en filant tout azimut.
En arrière, Momiji avait le champ libre. Elle en profita pour sortir une spellcard.
- Mountain Call "Loyal Wolf Sword" !

Le sabre de la tengu louve se mit alors à briller. La lumière était blanche et très concentrée. Momiji arma ensuite son bras puis donna un grand coup de taille dans le vide. Plusieurs disques de lumière argentés de cinquante centimètres de diamètre se formèrent et partirent vers son adversaire. Ayant toute son attention sur Marisa, le dragon fut bien incapable d'éviter et les projectiles explosèrent à son contact.
Momiji eut une moue satisfaite qui s'évanouit bien vite lorsque le dragon changea de trajectoire pour revenir vers elle.
De toute évidence, l'assaut ne l'avait même pas blessé.

Sur le dos de la bête, Suika, ce n'était plus Suika, lâchait les rênes qui disparurent. Elle se mit debout sur sa monture puis se retourna.
Marisa s'était stoppée en remarquant qu'il manquait de gros bruits derrière elle, comprenant immédiatement que sa stratégie de diversion n'était plus à l'ordre du jour. La magicienne s'était empressée de faire demi-tour et, statique dans les airs de Gensokyo, soutenait désormais le regard de Suika. Que ce soit elle ou non, peu importait, il fallait la battre.
Un nouveau rictus déforma les lèvres de l'oni possédée qui bondit alors, laissant au dragon le soin de s'occuper de Momiji. Entourée de fumée noire qui s'échappait d'elle comme la queue d'une comète, la petite fille volait désormais droit vers Marisa.
- Je préfère ça, daze ! Je te laisse le dragon, Momiji !

Ignorant que la tengu ne l'entendait pas, trop occupée esquiver une charge du dragon, la magicienne ordinaire invoqua à nouveau un orbe bleu, et un autre rouge, qui gravitèrent autour d'elle en lâchant de multiples flèches couleur émeraude. Bras écartés sur les côtés, Suika se déporta sur la droite. La fumée qui la caractérisait désormais se rassembla au niveau de ses mains ouvertes et se mua en deux grosses sphères blanches, entourées d'une ceinture de brume obscure.
L'oni possédée tourna sur elle-même et passa entre le barrage vert de la magicienne ordinaire qui avait ajouté deux orbes à son arsenal.
- Je vise si mal ? se lança Marisa.
Elle vit ensuite les deux projectiles de Suika lui foncer dessus. Baissant le nez de son balai, la sorcière piqua vers le sol pour les esquiver. Malheureusement, une fois au-dessus de leur cible, les orbes blancs sautèrent, créant un éclat de lumière. Leur mort n'était pas malvenue puisqu'ainsi naquit une nuée de petites boules blanches et noires qui tomba en une pluie d'énergie sur Marisa, laquelle allait toujours vers le sol, et plus exactement vers le Lac Brumeux.
Son balai rafla la surface de l'eau alors qu'elle redressait. L'enfer de tir crée par Suika tomba alors tout autour de la sorcière, qui slalomait avec aisance entre les projectiles. Un regard sur la surface de l'eau, un peu en arrière, lui apprit que la petite fille corrompue approchait du lac.
Marisa accéléra alors le rythme de son balai, mettant une main sur son chapeau pour éviter qu'il ne s'envole. Brusquement, la magicienne fit ensuite volte-face, tenant une spellcard promptement sortie d'une poche.
- Love Sign "Non-Directionnal Laser"

Quatre fins rayons bleutés apparurent autour de la magicienne ordinaire, visant Suika. L'oni avait une trajectoire oblique et comptait de toute évidence attaquer au corps à corps. La réaction de Marisa l'obligea à revoir sa copie et à reprendre un peu d'altitude. Les quatre lasers n'étaient pas fixes et bougeaient chacun indépendamment les un des autres. Ce faisant, l'oni corrompue devait exécuter un véritable ballet aérien pour ne pas se faire toucher.
La sphère jaune maintenue au poignet gauche de l'oni par une chaîne brilla sans raison apparente. C'était ce que pensait Marisa avant que Suika n'exécute un ample mouvement de son bras gauche. La chaîne suivit le mouvement puis la sphère qui y était accrochée se mit face à la sorcière. Ainsi, le même objet mais composé de lumière orangée se forma à partir de celui en version solide et se mit à parcourir la distance qui séparait les deux adversaires du moment.
La spell de Marisa prenait fin en cet instant. La fille blonde en profita pour reprendre de l'altitude en se penchant vers la droite, laissant filer l'attaque hors de portée d'elle.
Suika se rapprocha alors de la magicienne ordinaire tout en chargeant quelque-chose dans sa main droite. Lorsqu'elle fut à moins de cinq mètres et qu'elle tendit son bras droit vers Marisa, huit sphères de flammes apparurent et allèrent droit sur la sorcière en une trajectoire qui les faisait s'éloigner et se rapprocher les unes des autres.
La sorcière ne chercha pas à fuir ou esquiver les orbes ignescents mais au contraire, alla droit dessus tout en brandissant une spellcard.
- Comet "Blazing Star" !

Augmentant ainsi sa vitesse tout en semant des étoiles bleues derrière elle, la sorcière fonça droit sur l'oni possédée. Elle passa entre les huit attaques de Suika et la percuta avec violence.
Ce faisant, l'oni fut envoyée en arrière sur plusieurs mètres, faisant des roulés boulés dans les airs. Elle se stoppa au niveau de la berge du lac, qu'elle surplombait de presque dix mètres.

De son côté Momiji peinait. Elle avait tout d'abord commencé par éloigner encore le dragon de la montagne, évitant de peu ses attaques enflammées. Désormais entre la montagne et la Colline Sans Nom, la tengu voulait passer à l'attaque. Elle chargea donc l'ennemi, bouclier vers l'avant, puisque les danmakus ne semblaient pas avoir d'effet satisfaisant.
Toutefois, la créature ne se laissa pas impressionner et envoya une nouvelle volée de flammes sur la tengu. Usant de son bouclier pour se protéger, elle n'inclina pas sa course et continua courageusement.
Les flammes contournaient la sentinelle alors que la chaleur qu'elle ressentait et celle de son bouclier augmentait drastiquement. Plusieurs gouttes de sueur se formèrent sur le visage de la louve qui rejoignait inexorablement la tête du dragon.
Elle n'allait pas abandonner pour si peu !
Dans un hurlement de rage, Momiji fit un violent geste sur la gauche avec son bouclier alors que le souffle prenait fin. Désormais à moins d'un mètre, sa lame fendit l'air en scintillant vers la bête, et plus précisément sa mâchoire inférieure. Le dragon eut le réflexe éclair de relever le cou tout en battant des ailes pour gagner en altitude. La lame de Momiji ne rencontra d'autre résistance que celle de l'air, chose qui ne lui plut pas énormément.
Serrant les dents, résister au souffle de feu avait été épuisant, elle suivit le dragon, lame tendue vers l'arrière, pour continuer le combat.

(- Hey, c'est quoi ça ?), s'exclama Pride.
Volant dans les airs en forme d'aigle noir, Réo plissa les yeux. Au loin, il voyait deux formes dans le ciel qui semblaient s'affronter, dont une qui ressemblait à…
Non, c'était impossible !
(- Impossible n'existe pas, envieux… On va voir ? Je sens que c'est un coup de Lucifuge), argua l'Orgueil.
- Et alors ? On était censé chercher Suika…
(- Quelle importance ? Et puis il est temps de choisir un camp)
Sans répondre, l'aigle accéléra l'allure, vers le combat aérien qu'il avait repéré. Pour le repos, c'était loupé.

Momiji retint un cri de frustration et se protégea avec son bouclier. Elle subissait d'importantes rafales de vent causées par le battement des ailes de son adversaire qui la surplombait. Certes elle n'était pas blessée mais elle ne pouvait plus avancer. Un éclat bleuté parcourut alors le dessus du dragon. Ses pointes brillèrent brièvement, partant de sa queue pour aller jusqu'à sa tête, comme s'il chargeait quelque-chose.
Ce qui était le cas puisqu'il inspira avant de cracher une déferlante bleutée, sorte de gros éclair azuré. L'attaque fila droit vers Momiji. La tengu se laissa alors emporter par le vent et passa à dix centimètres du tir qui continua sa course avant d'exploser, un peu avant d'atteindre le sol.
Dans le même temps, le dragon avait cessé ses battements d'ailes effrénés, se contentant de ce qu'il fallait pour rester stable dans les airs. Calmant les battements de son cœur qui avait soudain accéléré, la louve décida de repasser à l'attaque. Au train où allaient les choses, elle allait se fatiguer plus vite que son adversaire, ce qui n'était pas acceptable. Serrant un peu plus ses doigts sur le manche de son sabre, Momiji s'élança à nouveau vers son adversaire, attentive à tous ses mouvements. Bien lui en prit puisque la bête fabuleuse chargea une nouvelle attaque. L'air sembla converger vers la gueule ouverte du dragon qui relâcha une véritable onde de choc, invisible. La tengu parvint à se protéger mais lorsque l'attaque rencontra son bouclier, elle fut projetée à une puissance phénoménale vers le sol.
Bien heureusement, Momiji parvint à éviter le crash qui lui aurait brisé les os, parvenant à se rétablir de justesse pour retomber à une vitesse réduite, glissant juste sur trois ou quatre mètres.
C'était loin d'être gagné. (♪)

- Black Oni "Gathering Darkness"
Fronçant les sourcils, Marisa observa les actions de Suika. Ou Black Suika, comme elle s'amusait à la surnommer dans sa tête. La sorcière avait compris que la petite oni n'était plus elle-même et était bien décidée à utiliser sa méthode pour que les choses s'arrangent. Donc, la battre.
Après tout, à Gensokyo, c'était la manière forte qu'on utilisait pour régler ce genre de choses. Enfin, elle pouvait aussi demander à Reimu de faire ses bidouillages d'exorcismes mais ça manquait de punch. Et c'était moins marrant, du coup. Autant faire ça après avoir battu Suika. Ou Black Suika.
Ce faisant, Marisa avait totalement oublié le dragon et Momiji.
Black Suika commençait à rassembler une grosse quantité de fumée noire autour d'elle, fumée qui semblait venir de partout. Elle tendit ensuite sa main gauche et la fumée se changea en une concrétion minérale noire longue de cinq mètres et haute de trois. Le tout se fissura ensuite avant d'exploser en une vague de projectiles obscurs qui fendirent l'air vers la magicienne, éloignée de vingt mètres et toujours dans les airs, au-dessus du Lac Brumeux.
- Ah ouais pas mal. Mais j'ai mieux !
Avec un grand sourire Marisa prit son mini-hakkero qu'elle tendit vers Suika et les projectiles.
- Love Sign "Master Spark" !

Le sacro-saint rayon arc-en-ciel se propulsa du réacteur, filant droit sur l'oni corrompue. Ses projectiles se désintégrèrent au contact de la rafale d'énergie, bien trop concentrée. Sans se départir de son calme, Black Suika se décomposa alors en fumée noire. Sous cette forme, elle alla vers l'eau, afin de passer sous la masse d'énergie et entreprit de s'approcher de Marisa à grande vitesse. Lorsque le Master Spark se dissipa, Marisa ne vit que trop tard l'oni se reformer et l'attraper au collet.
- Gathering Oni "Throwing Atlas"

La voix de la petite oni était éraillée et presque terrifiante maintenant que Marisa y prêtait attention. Elle se sentit ensuite soulevée puis ballottée dans les airs, alors que Black Suika moulinait dans les airs en tenant la sorcière comme si elle n'avait rien pesé. Se faisant, des rocs venaient se coller à Marisa qui devint en quelques secondes le centre d'un rocher de cinq mètres de diamètre. L'oni possédée lança ensuite son fardeau sur la berge du Lac Brumeux.
Marisa retint un cri de douleur lorsqu'elle s'écrasa contre le sol et que le rocher éclatait. Des éclats de pierres la blessèrent aux bras et au ventre, mais ce n'était rien par rapport à la souffrance que son dos exprimait. Vraiment, cette spell était une horreur.
Marisa ne se laissa pas abattre et tenta de se relever. Malheureusement pour elle, Black Suika était impitoyable et une pyramide rouge tenue par une chaîne était déjà en route vers le visage de la magicienne ordinaire.
Fort heureusement, deux projectiles orangés en forme d'amulettes percutèrent l'oni sur sa gauche, l'envoyant paître sur trois mètres et interrompant son assaut.
Une prêtresse vêtue de rouge et de blanc rejoignit Marisa, laquelle poussa un soupir avant de prendre son chapeau et de l'épousseter un peu. (♪)
- T'es en retard, Reimu, lui fit-elle.
- N'importe quoi. Tu m'expliques ?
Désormais à gauche de la sorcière, Reimu fixait Black Suika dans un mélange d'étonnement et de colère.
S'en prendre à Suika était une très mauvaise idée.
- Un genre de possession, j'imagine. C'est toi la spécialiste, me demande pas de faire ton boulot ! plaisanta la magicienne ordinaire, remettant ensuite son chapeau en place.
Comprenant la situation et voyant déjà le moyen de changer cela, Reimu se mit en garde.
Un rictus malsain étira les lèvres de Black Suika dont la fumée s'étendit et forma deux tentacules, partant de ses omoplates, terminés par des yeux rouges et une mâchoire garnie de longs crocs effilés. Plus que des tentacules, il s'agissait de deux serpents, bien que leur tête ne ressemble en rien à celle des reptiles suscités. Leur composition était plus dense que de la simple fumée, ressemblant à de la véritable peau, faite de ténèbres striées de rouge.
Les deux tentacules s'allongèrent alors vers les deux amies qui s'envolèrent chacun de leur côté.

Conjurant des dizaines d'amulettes rouges rectangulaires et les envoyant sur la petite oni, Reimu évitait consciencieusement les assauts du serpent qui lui était attribué, celui partant de l'omoplate gauche de l'oni.
Celle-ci rappela à elle ses deux tentacules. Des lames obscures de dix centimètres et inclinées vers l'arrière apparurent sur tout leur corps avant qu'ils ne tournoient pour intercepter et détruire les tirs de la prêtresse. Ce faisant, le combat s'était déporté et approchait de la Forêt de la Magie.
Black Suika gagna de l'altitude une fois les attaques de Reimu parées et concentra son énergie en deux sphères blanches qu'elle envoya sur la sorcière et la miko. Les deux projectiles éclatèrent pour créer la nuée obscure que Marisa avait déjà observée plus tôt.
Son dos l'élançait toujours mais, à califourchon sur son balai, ça allait encore. Du coin de l'œil, elle vit que Reimu n'avait pas trop de difficultés à passer entre les tirs blancs et noirs.
Malheureusement, l'instant de grâce ne dura pas.
- Desolation Sign "Breath of a Rotten World"

Une sensation désagréable s'empara de Reimu et Marisa alors qu'un filet de fumée rouge sombre brillant d'un rouge plus écarlate tournait autour de la taille Black Suika. Etrangement, les deux amies avaient un très mauvais pressentiment.
Cela n'empêcha pas Reimu de tourner la tête vers son amie. Leur regard se croisèrent puis, comme si elles s'étaient ainsi échangé une phrase, Marisa leva le pouce.
Sans avoir besoin de le mentionner, elles savaient quoi faire.
Puis sans crier gare, une multitude de fines ceintures de fumée rouge partirent de la petite oni dans des trajectoires aléatoires et serrées. Autour d'elles, l'air se rafraîchissait sensiblement et elles émettaient un léger bourdonnement.
Commença alors une véritable chorégraphie aérienne des deux partenaires pour ne pas se faire avoir. La fumée changeait parfois de direction en pleine course, comme douée d'une vie propre, ce qui rendait la tâche encore plus ardue.
Une horrible piqûre fraîche au niveau de son mollet droit appris à Reimu qu'un trait de fumée l'avait touchée. Ne s'accordant pas le luxe de regarder la blessure, la prêtresse se déporta sur la droite pour laisser passer une ceinture de fumée puis piqua vers le sol. Passant entre les arbres qui constituaient la Forêt de la Magie, elle parvint à semer ce qui la poursuivait.
En se retournant, Reimu constata avec horreur que tous les arbres en contact avec la sinistre création rouge avaient instantanément pourris. Ce fut donc avec une pointe d'appréhension que la prêtresse regarda alors sa blessure. Du sang gouttait de la plaie noirâtre enserrant son mollet mais la blessure n'était pas très profonde, heureusement. Une chance que la fumée n'ait fait que passer à côté…
Un grand bruit d'arbre déraciné appris à la miko que quelque-chose approchait. Au moins, ça allait comme prévu.
Black Suika avait délaissé Marisa et fusait désormais vers Reimu. L'oni corrompue lança sa fumée noire sur un arbre pourri. Entouré d'un peu de la brume noire, le tronc s'éleva dans les airs avant de voler en direction de la prêtresse.
Reconnaissant là le style délicat de son amie, la miko piqua vers la terre, laissant le projectile passer au-dessus d'elle. Black Suika fit de même et arma son poing droit. De la fumée entoura la main fermée qui entra en collision avec le sol herbeux.
Une vingtaine de pointes noires hautes de deux mètres, de la même consistance que les deux serpents toujours accrochés au dos de l'oni, surgirent de la terre.
Un peu surprise mais pas prise au dépourvu, Reimu se glissa avec agilité entre les créations obscures qui disparurent rapidement. Faisant mine de s'éloigner, la prêtresse arma une spellcard. Un regard en arrière lui apprit que Black Suika la pourchassait, comme elle le désirait.
Soudainement, Reimu se stoppa et se posa au sol. Ne se doutant de rien, l'oni corrompue accéléra et arma son bras gauche. Elle était à deux mètres de la prêtresse lorsque celle-ci plaqua sa main droite tenant son goheï au sol en énonçant :
- Divine Arts "Omnidirectionnal Demon Binding Circle" !

Un pilier de lumière orangée ayant Reimu pour centre s'éleva, s'étendant sur bien trois mètres de rayon. Black Suika fut prise dedans et grimaça de douleur tout en étant stoppée et élevée dans les airs.
Elle ne vit pas une forme noire aux cheveux blonds debout sur un balai volant qui approchait par les airs en tendant un objet octogonal.
- Mon tour, daze ! Magicannon "Final Spark" !

Après avoir évité la spellcard de son adversaire, la sorcière était allée sur les traces de Reimu. Comme la prêtresse le lui avait tacitement annoncé, elle avait joué le rôle d'appât pour que la magicienne ordinaire puisse terminer le travail.
Ce qu'elle fit avec plaisir.
Un rayon semblable au Master Spark mais encore plus imposant et concentré s'éjecta du mini-hakkero. Encore sous le choc de la spellcard de Reimu, Black Suika fut incapable de tenter une manœuvre d'évitement ou même de se changer en fumée.
Le rayon arc-en-ciel la faucha sans la moindre difficulté, faisant disparaître les deux tentacules par la même occasion. Emportée sous la puissance du laser, l'oni corrompue percuta avec violence un arbre, lequel vola littéralement en morceaux, avant d'être compressée contre le sol de la forêt.
Une quinzaine de secondes plus tard, le rayon décroissait avant de disparaître, ayant ravagé ce qui avait été à son contact.

Se remettant assise, Marisa souffla sur son objet fétiche qui fumait légèrement et le rangea dans sa robe. Reimu s'approcha alors de Black Suika, étendue les bras en croix. Au tour d'elle, la terre arborait une teinte noirâtre, une petit cratère semblait même s'être formé.
- Qu'as-tu fais à Suika ?

La voix de Reimu était ferme et fit rouvrir les yeux à l'oni. Elle tenta ensuite de se relever, ce qui s'avéra difficile.
- Toi…Je dois te… balbutia la possédée une fois debout.
Sa fumée noire réapparut ainsi que les deux tentacules. Reimu ne se laissa pas impressionner et se contenta d'énoncer :
- Divine Light "Truth beneath the Darkness"

Se faisant, elle lança une carte, que Black Suika réceptionna sur son front. Un éclat de lumière écarlate la parcourut un instant puis elle s'effondra. Une fumée noire s'échappa d'elle et progressivement, son corps redevint normal.
Prête au combat, Reimu se recula et observa la fumée.
- Wow, wow, c'est quoi ça ? s'enquit Marisa en approchant, après être descendue de son perchoir.

Sa réponse vint rapidement puisque les volutes noirs se rassemblèrent pour prendre forme. Les deux amies découvrirent donc un Damné au masque décoré d'une courbe passant par le dessus des deux yeux et qui se transformait en une coulée de larme une fois en-dessous.
Ierukah toisa les deux amies, auréolé de sa fumée sombre. Les deux tentacules qu'avait Suika se formèrent alors et observèrent Reimu avec insistance.
- Reimu…

La prêtresse frissona en entendant son prénom, prononcé d'une voix éraillée et faiblarde par les deux serpents.
Quelque-chose…
Quelque-chose n'allait pas. Il y avait…
Une sensation indescriptible, un malaise inexplicable était monté dans l'esprit de la miko. Paralysée, elle ne put que voir Ierukah se décomposer en fumée noire puis s'éloigner à travers les arbres.
Marisa avait observé ce petit manège puis s'écria :
- Héééé, reviens ! On a pas terminé !
Reimu sortit alors de sa torpeur et tâcha de reprendre contenance. C'était… Vraiment étrange.
Elle alla ensuite voir Suika. La petite oni dormait paisiblement comme si rien ne s'était passé. Soupir de soulagement.
- Ça c'est fait. On va pouvoir se reposer, lâcha la sorcière.
Reimu esquissa un sourire puis entendit son amie se claquer le front avec une main. Incompréhensive, la prêtresse la regarda avec surprise.
- J'avais complètement oublié ! s'exclama Marisa.
- Quoi ?
- Le dragon !
L'incompréhension de Reimu augmenta. Mais bizarrement, elle sentait qu'elle avait encore du travail…

Un explosion retentissante signala que Reimu avait raison, bien que trop éloignée pour qu'elle puisse l'entendre.
Momiji poussa un cri de douleur alors que son bras droit était pris dans la déflagration causée par la dernière attaque du dragon, lequel volait en position stationnaire à quinze mètres du sol.
Désormais les pieds sur le plancher des vaches, enfin dans une prairie, Momiji était en difficulté face à son adversaire. Elle avait réussi à le blesser au niveau de la patte antérieure gauche et au flanc droit mais ce n'était de toute évidence pas suffisant pour que la bête abandonne. Momiji commençait sérieusement à fatiguer quant à elle, et la douleur de son bras droit ensanglanté n'arrangeait rien. (♪)

(- Tu comptes la regarder crever, envieux ?), lança Pride d'un ton sceptique.
Personne ne l'avait remarqué mais un aigle noir volait en cercle vingt mètres au-dessus du dragon.
Admiratif et sentant son âme d'enfant se réjouir à la vue de la bête fabuleuse, qui comptait comme était sa préférée, Réo hésitait. Certes, sa seule et unique rencontre avec Momiji n'était pas des plus joyeuses, mais…
(- Cesse d'avoir peur de Lucifuge ! Tu comptes rester son fidèle chien-chien toute ta vie ?), s'écria une Ombre.
Il n'avait pas tort. Réo en avait marre d'obéir et, au final, de ne pas faire ce qu'il voulait. Il avait dit vouloir avancer, et vivre.
Il était temps de le montrer !
(- Et puis, zut quoi. Rêve de gosse ! Affronter un dragon ! Comme dans ce jeu là, je sais plus lequel…)

Une volée d'éclairs rouges apparut autour d'un aigle noire qui se changea en un certain envieux, lequel garda deux longues ailes de chauve-souris noire dans son dos. Cela ne l'empêcha pas de les replier pour pouvoir chuter droit sur le dragon. Voulant tout pour lui, il recouvrit ses bras de carbone puis…
Comme alerté par un sens inconnu, le dragon gagna de l'altitude en avançant. Réo fut obligé de freiner sa course avec ses ailes et partit droit vers le dragon qui s'était retourné.
Momiji avait posé son sabre au sol et reprenait des forces. Hébétée, elle regarda l'Envieux passer au-dessus d'elle et le reconnut immédiatement.
Elle laissa échapper un léger grognement, leur dernière rencontre n'éveillait pas des souvenirs très joyeux, mais apprécia tout de même l'intervention.

(- Lance-flammes droit devant !)
D'un battement d'ailes, le métamorphe passa au-dessus du souffle ardent que le dragon lui avait adressé. Sentant le vent de sa course folle, et la chaleur des flammes, Réo esquissa un rictus, excité.
Il volait pour affronter un dragon !
Un DRAGON !
La créature poussa un rugissement puis fut parcourue par un éclat vert qui progressa le long de son corps, vers sa tête.
(- Godzilla was here), lança Pride.
Six décharges vertes, identiques à celles qui étaient parvenues à blesser Momiji, s'éjectèrent de la gueule du dragon. Elles ressemblaient à six longs éclairs qui tournoyaient comme des missiles.
Les éclairs rouges crépitèrent puis Réo devint un gros corbeau. Beaucoup plus petit et agile, il tournoya et passa entre les attaques, toujours en se rapprochant et en croassant.
Le dragon arma alors un nouveau jet de flammes, mais Réo passa au-dessus de son ennemi et reprit forme humaine. Dépourvu d'ailes cette fois, il recouvrit ses bras de carbone et parvint, alors que le dragon crachait ses flammes trop tard, à atterrir sur le dos de la bête. Il l'ignorait, mais une certaine oni possédée s'était tenue là il y avait peu.
La créature légendaire commença à s'agiter et se mit à la verticale, tête en bas. Le polymorphe parvint à la blesser à l'aide des griffes en carbone qui terminaient ses doigts mais commença à chuter, incapable de trouver un point d'appui.
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeSam 4 Aoû - 0:07

Entouré d'éclairs rouges, le polymorphe voulait prendre sa forme d'aigle. Ce qu'il ne put jamais faire puisque qu'alors qu'il était hors du corps du dragon, ce dernier referma ses crocs sur le changeur de forme, grâce à la liberté de mouvement offerte par son long cou.
La transformation se stoppa, alors que Réo sentait un liquide poisseux monter à sa bouche, tiraillé par une souffrance abominable. Ce fut donc limite tranché en deux que le dragon l'envoya au sol.
Le métamorphe démantibulé roula plusieurs fois puis, une fois immobile et sur le ventre, fut entouré d'éclairs rouges. Son abdomen ravagé se sutura, ses organes touchés devinrent comme neuf, le tout en quinze secondes. En toussant et crachant le sang qui occupait l'intérieur de sa bouche, Réo se releva en titubant.
La vache, celle-là, il l'avait sentie passer !
En bas, Momiji n'avait pu retenir un cri d'horreur en voyant cela. Elle fut rassurée de voir que Réo était encore en vie mais le fut moins lorsque le dragon plongea vers lui. Aussitôt, elle fila le rejoindre.

Entendant le grondement de son adversaire, le polymorphe rafistolé se retourna. Il vit donc que le dragon était éloigné de dix mètres, toujours en l'air et qu'un enfer de flammes naissait dans sa gueule.
Incapable de bouger sous le coup de la surprise, il ne put qu'observer, impuissant, un bouclier voler depuis sa droite pour percuter avec violence la gueule de la créature. Ainsi, son attaque fut stoppée.
Du coin de l'œil, le métamorphe vit Momiji approcher, sabre armé.
(- Captain Gensokyo vient de te sauver la mise. Profite !)
Réo hocha positivement la tête puis utilisa la vitesse de Sloth pour fuser à une vitesse inhumaine vers le dragon. Au même moment, celui-ci était parcouru d'une lumière orangée.
Levant ses deux bras, qui se recouvrirent de carbone, afin de se protéger, le polymorphe fut obligé de se stopper, chose très difficile, lorsqu'une surpuissante déferlante de flammes fusa dans sa direction. Heureusement pour lui, Momiji avait récupéré son bouclier et se planta à peine deux mètres devant lui. Posant un genou à terre, la tengu brandit sa protection et encaissa le souffle ardent. L'impact faillit la faire reculer mais elle tint bon, faisant également un signe de tête au polymorphe.
Ayant ses deux bras toujours recouverts du Bouclier Ultime, Réo recréa ses ailes de chauve-souris dans un éclat de lumière écarlate et quelques éclairs rouges. S'aidant de ses deux nouveaux appendices, le changeur de forme quitta le sol, passant au-dessus de Momiji et du dragon. Il fit ensuite disparaître ses ailes et retomba, mains jointes et armées au-dessus de sa tête.
- Prends ça fumier !
A ces mots, Réo abattit ses deux poings sur le dessus du crâne du dragon, usant de la force de Sloth. La bête fabuleuse cessa son brasier et recula de quelques pas en secouant la tête. Le polymorphe, lorsqu'il toucha terre, fut obligé de résorber le Bouclier Ultime, qu'il ne pouvait pas non plus garder des heures.
En frappant, il avait également remarqué un détail étrange. En effet, sur le museau du dragon se trouvait un étrange symbole noir, minuscule, ayant la forme d'un cercle entourant un pentacle inversé.
Qui disait pentacle inversé disait démon, c'était bien connu.
(- On parie combien que c'est un genre de sceau qui garde le dragon sous contrôle ?), intervint Pride.

(♪) Gardant cette idée en tête, Réo revint près de Momiji, laquelle se relevait. Elle était à bout de forces et ses vêtements et armes étaient noircis.
- On s'en sort bien, railla le polymorphe.
Le regard que lui jeta la tengu lui fit clairement comprendre que ce n'était pas le moment de plaisanter. Leur adversaire était toujours debout et l'arrêter était la seule chose qui comptait.
Le rugissement poussé par la bête fabuleuse eut le don de remettre Réo dans le bain. Recentrant son attention sur le dragon, il put le voir s'envoler d'une puissante détente. Une chose était sûre, tant qu'il était dans les airs, il avait l'avantage.
- Momiji, t'as une idée pour endommager ses ailes ? s'enquit le polymorphe à l'attention de son alliée du moment.
Celle-ci sembla réfléchir.
- Oui, mais il faudra que tu fasses diversion, prévint-elle.
Réo opina puis reprit sa forme d'aigle. D'un battement d'ailes, il s'envola et alla à la rencontre du dragon.
Celui-ci chargea un souffle enflammé mais le rapace changea brusquement de direction, allant vers la droite, ce qui obligea le monstre à envoyer la sauce ailleurs que sur Momiji.
Celle-ci brandissait une nouvelle spellcard et attendait que le dragon repasse au-dessus d'elle. Son regard acéré fixait Réo qui se débattait pour ne pas finir en yakitori. Il ne fut pas assez rapide et quelques flammes apparurent sur son plumage.
S'entourant d'éclairs rouges, le métamorphe se changea en humain doté d'ailes de peau tendue, laissant également sa régénération faire le reste. Manque de chance pour lui, le dragon l'avait rejoint et le mordit férocement au niveau de son aile gauche.
Le polymorphe lâcha un cri alors qu'il se faisait balloter dans tous les sens. Non seulement les crocs de son ennemi causaient une forte douleur mais en plus, les secousses augmentaient la plaie.
Le dragon volait en une trajectoire biscornue, s'écharnant sur sa proie. Se faisant, il s'approcha de Momiji, sans y faire attention.
- Tengu Sign "Blade from the Mountain"

A nouveau, la lame de Momiji brilla d'un éclat lumineux. Grimaçant à cause de son bras droit, pansé en quatrième vitesse par des restes de sa manche gauche, la louve leva sa lame vers le ciel.
Toujours accroché au dragon, Réo souffrait le martyr. Plus ça allait, plus il sentait son aile se déchirer au niveau de l'endroit où le dragon le tenait. Mâchoires serrées, le polymorphe se concentra sur sa paresse. La douleur rendait cela difficile mais il parvint finalement a retrouver cette envie de se reposer, qu'il transmit à toutes ses cellules. Il s'imagina alors se décomposer peu à peu, ce qui fonctionna.
Son corps se liquéfia et il tomba dans le vide sous forme d'une flaque d'eau.
Momiji en profita pour relâcher son attaque. Sa lame trancha l'air d'un mouvement puissant. Une dizaines d'épées lumineuses apparurent et fendirent l'air en direction du dragon, tout en tournant sur elles-mêmes.
La bête fabuleuse tenta d'esquiver mais ses ailes étaient trop grandes. Plusieurs trous se formèrent lorsque les lames tranchèrent sa chair. Dans un rugissement, le dragon commença à chuter pour finalement s'écraser, quarante mètres derrière Momiji, laquelle rabaissait sa lame dans un mouvement lent.

Réo, quant à lui, reprenait forme humaine. Il s'avança alors vers la tengu qui se tournait vers le monstre.
- Bien joué, vraiment.
- Ce n'est pas terminé, rétorqua la louve.
Force fut de constater qu'elle avait raison. Le dragon se releva avec quelques difficultés. Autour de lui, le sol était ravagé. Il avait glissé sur quelques mètres et retourné la terre sur toute la zone d'impact. Ses ailes étaient parcourues de plusieurs trous qui le rendaient incapable de voler, à cause de sa masse bien trop importante.
Un éclat bleu illumina alors ses yeux.
- Pas bon, commenta Réo.
Une lumière azurée entoura le dragon dont les ailes se refermèrent sur lui. Il sembla ensuite disparaître et la lumière accrût son intensité, aveuglant presque les deux alliés. Lorsqu'enfin ils purent voir distinctement, leurs yeux s'écarquillèrent.

A la place du dragon se tenait une femme d'environ vingt-sept ans. Ses yeux étaient bleus aux pupilles en amande et ses cheveux blancs assez longs arrivaient jusqu'au milieu de son dos. Elle était revêtue d'une sorte d'armure bleu clair tirant sur le blanc, assez légère, formée de métal et de tissu. Quelques pointes s'en échappaient. Un sabre dentelé était passé derrière ses épaules, entre ses deux ailés blanches qui étaient toujours présentes, guéries et plus petites. Quatre cornes partaient du front de la femme pour aller vers le haut tout en étant inclinées vers l'arrière. Derrière elle s'agitait sa queue bleu clair, fine et longue, bardées de pointe. Sur la joue gauche de la femme se trouvait le même sceau que Réo avait remarqué plus tôt.
Le visage de la femme exprimait une fureur absolue et ce fut sans hésitation qu'elle attrapa la poignée brune aux reflets bleus de son sabre.
(- Bizarrement, j'le sens pas…), prévint Pride.

(♪) Sans répondre, Réo changea son bras droit en lame lourde. Momiji avait raffermit sa prise sur son bouclier et son sabre.
- Cette fois, on peut y aller à deux, remarqua le changeur de forme.
(- Et le premier qui y va seul se mange des éclairs), railla l'Orgueil.
Sans se concerter davantage, les deux alliés de la journées se mirent à courir vers leur adversaire.
Celle-ci fit quelques mouvements de sa lame. Plusieurs croissants de deux mètres, formés d'air à la teinte bleue, fusèrent soudain du sabre pour aller droit devant la dragonne sous forme humaine.
Les éclairs rouges de Réo crépitèrent alors qu'il transformait son bras gauche en bouclier organique noir de forme ovoïde et de quatre-vingt centimètres de haut pour cinquante de large.
Chaque impact le fit reculer tout en gelant la protection improvisée. Puis au final, le bras éclata et envoya un Réo frigorifié au tapis, deux mètres en arrière.
Momiji continua sa course folle et dans un grognement lupin, abattit sa lame vers l'épaule droite de la dragonne. D'un geste vif, celle-ci para l'assaut. Elle se dégagea ensuite d'un pas sur la droite, fit glisser le fil de son sabre contre celui de Momiji et frappa à son tour.
Malgré sa fatigue de plus en plus évidente, la louve se protégea à temps avec son bouclier. Les deux objets de métal produisirent un tintement en se rencontrant. La tengu fut même forcée de reculer de quelques pas, la force de la femme n'ayant aucun rapport avec sa taille actuelle. Momiji retira ensuite son bouclier de devant elle, le décalant sur la gauche et visa la hanche droite avec son arme. La femme para à nouveau et envoya sa main gauche au niveau du ventre de la louve.
Ses doigts griffus tailladèrent Momiji qui hoqueta. Elle n'eut pas le temps de reculer qu'un coup de genou droit la pliait en deux.
La femme arma son sabre pour terminer son œuvre seulement un polymorphe fila vers elle en une charge inhumaine, usant du péché de la Paresse.

Toutefois, c'était sous-estimer la dragonne. Alors que Réo envoyait son poing droit recouvert d'une couche de carbone noirâtre en direction de la temps de la femme, il sentit l'acier de sa lame mordre son poignet, le tranchant sur le coup. A nouveau, une grimace de douleur déforma les traits du métamorphe.
Momiji en avait profité pour se remettre et tenta un coup de taille au niveau du ventre de la dragonne. Celle-ci mit son sabre à la verticale, pointe vers le bas pour esquiver et pivota en repoussant l'acier de la tengu.
Prenant appui sur sa jambe gauche, la dragonne sous forme humaine envoya ensuite son pied droit en direction du polymorphe. Trop occupé par la régénération de son poignet, l'Envieux ne vit pas l'attaque venir et quitta le sol pour atterrir encore en arrière.
Reposant son pied au sol et toujours avec une expression rageuse, la femme en bleu intercepta le revers qu'une Momiji déterminée bien que de plus en plus diminuée lui adressa au flanc gauche.
Les deux adversaire se toisèrent pendant plusieurs secondes, rythmées par les halètement de la tengu.
Enfin, la dragonne repoussa la lame de Momiji vers le haut avant d'envoyer son coude au niveau de l'arcade sourcilière droite de la louve. Ses réflexes émoussés, la tengu se fit toucher et sauta en arrière, esquivant de justesse le revers meurtrier adressé par la dragonne.
Celle-ci eut les yeux qui s'illuminèrent brièvement alors qu'elle inspirait. Quelques mots en une langue étrange semblèrent être murmurés par une voix éthérée féminine puis la femme lâcha son attaque.
Dans une détonation, une explosion bleutés put être observée au niveau de Momiji par Réo qui se préparait à contre-attaquer. (♪)
Il se crispa lorsqu'il vit la tengu ensanglantée voler dans les airs, ayant lâché ses armes. Elle retomba lourdement au sol et ne bougea plus, hormis pour respirer faiblement.

Réo serra les mâchoires alors qu'une colère sourde, aveuglante, tel un brasier gigantesque, montait en lui. Mettant une main au niveau de la veste grise veinée de vert qu'il avait, il en sortit sa seule et unique spellcard dont il hurla le nom :
- Deadly Sin "Wrath Inferno" !

Il tendit dans le même temps sa main gauche. Un ouroboros orangé apparut brièvement devant le changeur de forme puis éclata en une déferlante de flammes écarlates. La dragonne sous forme humaine regarda arriver l'attaque frappa le sol de son poing gauche.
A nouveau des murmures éthérés se firent entendre alors qu'une muraille de roche se formait. Haute de cinq mètres et longue de six, elle était avait une épaisseur de trente bons centimètres. Les flammes rouges furent stoppées par la protection mais insistèrent. Le feu écarlate se comprima soudain et une explosion cramoisie eut lieu.
La muraille fut réduite en morceau et la dragonne recula de quelques pas. Elle n'était toutefois pas blessée.
Réo, lui, avait perdu pas mal de forces. Il était toutefois en état de combattre.
Du moins, jusqu'à ce que son regard las ne voit un arc de cercle d'énergie bleuté horizontal d'un mètre fuser vers lui à une vitesse impressionnante.
- Serene Dragon Sword, avait annoncé la dragonne.

Le polymorphe n'eut pas le temps d'amorcer une transformation que déjà il s'effondrait, l'abdomen barré d'une plaie causée par une brûlure froide. Etonnement, il pressentait que l'attaque avait été immensément plus faible que ce qu'elle aurait dû être.
Cerné par ses éclairs écarlates alors qu'il se relevait, Réo voulut changer son bras droit en lame lourde. La lame de la dragonne s'enfonçant dans son ventre l'en empêcha, changeant toutes ses pensées en souffrance. La femme était acharnée, toujours animée par cette colère sans nom.
D'un geste, elle retira sa lame puis lui fit exécuter un mouvement ascendant. Le bras gauche du changeur de forme vola avant de tomber plus loin et de disparaître en cendres.
Incapable de hurler, Réo posa un genou à terre. Le pommeau de l'arme de la femme entrant en contact avec son menton le remit sur le dos tout en le faisant glisser au sol.
La douleur était insoutenable. Le changeur de forme n'avait ni la force de bouger, ni même de réfléchir.
Il ne réagit donc même pas lorsqu'une ombre s'étendit en lui et prit le contrôle de son corps.

La dragonne avait commencé à approcher de cet étrange être qui était bien lent à mourir. Lorsqu'elle sentit un changement, elle se stoppa. Son adversaire… Etait différent.
Faisant craquer ses doigts, Pride toisa la dragonne. Comme toujours, il ne sentait pas les dégâts que Réo avait subis, excepté au niveau du nombre d'âmes à disposition.
- Bordel, il serait temps de te calmer ma vieille, lança l'Orgueil.
La femme ne répondit pas. Le regard mauve de l'Ombre se reporta sur la joue gauche de son ennemi. Il en était certain, il devait agir à cet endroit.
Son ombre s'étendit rapidement pour former un cercle d'un mètre de rayon dont il était le centre. Puis sans même donner de répit à son adversaire, Pride envoya une dizaine de pointes, toujours plates et sans volume, sur la dragonne.
La rapidité avec laquelle elle agit méritait d'être mentionner. Comme si elle était une machine de combat sans émotion hormis une fureur sans limite, elle se démena comme une diablesse. Sa lame se para d'une lumière bleutée et effectua une danse lumineuse sans pareil, repoussant les ombres qui refluaient au contact de la lame.
Se maudissant pour n'avoir aucune spellcard à utiliser et n'avoir aucune ombre supplémentaire pour renforcer son arsenal, l'Orgueil ne lâcha pas et continua ses assauts.
Un tentacule ornés d'yeux et d'un sourire acéré s'enroula un peu autour de la dragonne et tenta de la frapper dans le dos. D'un mouvement de ses ailes, la femme s'éleva dans les airs.
- Dragon Earth Rumbling Decapitation

Levant sa lame au-dessus de sa tête, la dragonne se précipita vers Pride. Bien entendu, celui-ci rassembla ses ombres qui filèrent dans la direction de la guerrière pour la trancher en morceaux.
En théorie.
Pride vit, impuissant, qu'il n'y avait plus aucune ombre. La faute au nuage noir qui passait en ce moment même devant le soleil. Ce faisant, au niveau du combat, il n'y avait plus aucun contraste de luminosité. Donc, plus d'ombre.
Démuni, l'Orgueil se jeta sur la gauche alors que la lame de son ennemie filait vers son cou. Lorsque la dragonne toucha le sol, celui-ci trembla, ce qui empêcha Pride se relever.
Là aussi, il sentit qu'il manquait quelque-chose à la technique.
Lorsque la dragonne rejoignit Pride, celui-ci constata avec horreur qu'il n'avait toujours pas d'ombre à utiliser. Il était sans défense.
Il comprenait désormais exactement ce que Youmu lui avait dit plus tôt… Elle aurait su quoi faire, à sa place…
Hé, pourquoi pensait-il à elle maintenant ?

Ce fut alors qu'une chose à laquelle Pride ne s'attendait pas du tout se produisit. Une voix féminine s'éleva, plusieurs mètres sur sa droite.
- Divine Spirit "Fantasy Seal" !

Une voix que Pride reconnut instantanément. Décidément, ce n'était pas son jour.
Plusieurs orbes de diverses couleurs percutèrent la dragonne, prise au dépourvu. Cette fois, elle fut obligée de battre en retraite et était bel et bien blessée. Une silhouette vêtue de rouge et de blanc se mit ensuite entre la dragonne et Pride.
- Que… Qu'est-ce que tu fiches là, Hakurei ? s'écria l'Orgueil, toujours au sol.
- Je te sauve la mise, rétorqua Reimu d'une voix neutre.
La réplique eut le don de mettre les nerfs de l'Ombre en pelote. Lui ? Sauvé par…
PAR REIMU ?
C'était… C'était tout juste impensable ! Impossible !
- Mais vas voir ailleurs, bordel ! D'où tu me protèges ! s'énerva Pride.
- Mon rôle est de protéger les habitants de ce monde. Même si ce sont des ennemis, rétorqua la prêtresse toujours d'un ton neutre.
Elle fixait la dragonne. De celle-ci émanait une présence maléfique assimilable à celle de Pride, bien que cette dernière soit énormément atténuée.
- Que… Pourquoi ? C'est stupide ! Et tu vas te foutre dans un merdier sans nom !
- Parce que c'est juste. Et ça, c'est mon problème !

Pride ferma les yeux, à deux doigts de définitivement péter une durite. Il n'en avait que peu conscience, mais l'intervention de Reimu l'avait blessé dans son orgueil.
Et quoi de plus insupportable quand on était l'orgueil même ?
Le nuage noir dans le ciel passa alors, redonnant ses pleins pouvoirs à maître des ombres. Aussitôt, son cercle d'ombres se reforma, renforcé cette fois par l'ombre de Reimu, qui était en contact direct avec celle de l'Orgueil.
Sans même prévenir la prêtresse, Pride envoya une vingtaine de lames obscures sur la dragonne qui s'était à peine remise. Usant des yeux qui ornaient ses appendices de noirceur, l'Orgueil pouvait agir avec une précision chirurgicale.
La femme en armure bleue commença à entamer une nouvelle danse guerrière pour sauver sa peau. Reimu envoya alors plusieurs grosses amulettes orangées formées d'énergie.
Afin de ne pas se faire avoir par elles, la dragonne fut obligée de faire un arc de cercle tout en puissance descendant, dissipant les projectiles. Manque de chance pour elle, elle abaissa ainsi sa garde pendant moins d'une seconde.
C'était largement suffisant pour Pride.
Une de ses lames d'ombre mordit la joue gauche de la dragonne, plus exactement le sceau noir qui y était tatoué.
L'effet fut immédiat.

La dragonne se figea, comme si on avait appuyé sur "pause". Bloquée en pleine action alors que du sang coulait de sa plaie, elle papillonna des yeux, comme se réveillant d'un sommeil particulièrement long. Le fureur qui l'animait s'était manifestement dissipée aussi vite qu'un glaçon plongé dans un lac de lave en fusion.
Reimu et Pride avaient aussitôt interrompu leurs assauts, ayant remarqué un changement. Sûr de lui, l'Orgueil avait même fait refluer ses ombres. Pour Reimu, le changement en question se traduisait pas la disparition de l'aura mauvaise qu'elle avait ressentie.

La dragonne tourna la tête vers les deux meilleurs ennemis et rengaina sa lame d'un geste lent, afin de gommer toute hostilité. Puis elle mit ses mains grandes ouvertes en évidence.
- Ce… C'est terminé. Je suis… Désolée… fit-elle.
Sa voix était claire et douce, en total opposé avec ce qu'elle avait été juste avant. Reimu avait d'ores et déjà une idée de ce qu'il s'était passé mais ne manqua pas l'occasion de demander des éclaircissements.
- Expliquez-vous, ordonna-t-elle du ton sérieux qui la caractérisait lorsqu'elle était en plein travail.
Un peu en arrière, Pride esquissa un rictus moqueur et déploya une longe langue obscure. Celle-ci s'allongea et s'approcha de Momiji, toujours étendue sur le sol. La tengu n'avait pas bougé et était en piteux état.
- Moi-même j'ignore ce qu'il s'est… Exactement passé. Je suis arrivée ici je ne sait comment devant deux personnes… Une masquée et une autre avec des cornes… Puis ensuite… Je ne sais pas. J'ai été prise d'une colère sans nom et voulais juste détruire…
L'explication de la dragonne était teintée de tristesse et de honte.
- Ce n'est pas votre faute. Je crois. Je me nomme Reimu Hakurei, et vous ?
- Helya Ker'Garlt. Enchantée…
Constatant qu'il était un peu sur le carreau, Pride se manifesta.
- Et moi c'est Pride. Hey, madame la prêtresse sauveuse du monde, y'a une tengu qui va pas tarder à passer l'arme à gauche. Tu l'emmènes ou tu discutes ?
Reimu grimaça, tant par l'intervention en elle-même que son contenu. Helya s'avança alors.
- Je dispose de quelques capacités en soin, cela devrait lui donner un peu de temps supplémentaire…
La miko en rouge et blanc opina et la dragonne alla donc au chevet de Momiji. Posant un genou à terre, la femme aux cheveux blancs ausculta d'abord la louve. Puis elle posa une main sur le front de la blessée et psalmodia quelques mots en une langue râpeuse et compliquée. Un halo de lumière bleutée enveloppa alors la sentinelle de la montagne.

S'étant reculés, Pride et Reimu observaient.
- Ne me remercie pas, surtout, lança la miko.
- J'avais pas besoin de ton aide, Hakurei, rétorqua Pride du ton le plus désagréable qu'il pouvait.
Reimu soupira. L'Orgueil, lui, ricana puis fut entouré d'éclairs rouges. Quelques instants plus tard, il était remplacé par Réo.
- Yo, Reimu. Merci pour ton intervention, fit l'Envieux.
(- Soumis), commenta une Ombre.
Le changement d'attitude entre les deux partenaires spirituels surpris un peu Reimu tout en l'amusant quelque peu. Ces deux là étaient vraiment la paire, on ne savait jamais vraiment à quoi s'attendre…
Pour le meilleur comme pour le pire.
- De rien, Réo.
- Et puis… Je tenais à te présenter mes excuses. Concernant notre dernière rencontre. J'ai vraiment… Pété les plombs.
(- SOU-MIS !)
Le polymorphe avait employé le même ton que Helya, précédemment, et s'inclina. Là, la miko fut bien obligée d'admettre qu'elle ne s'y attendait pas.
Elle sourit légèrement en songeant que ça lui rappelait quelqu'un…
- On… Va dire que je te pardonne. Pride m'a un peu expliqué, même si je t'avoue ne pas avoir tout compris. Je veux bien te laisser une seconde chance, dans le doute. Mais… Ne m'oblige pas à devoir te taper dessus à nouveau…
L'Envie arbora un sourire crispé. Il n'avait pas intérêt à déconner… Et encore heureux, Reimu ignorait tout du lien entre lui et Lucifuge.
- Helya a mentionné une fille à cornes, commença le changeur de forme.
- C'était sans doute Suika. Un Damné l'avait possédée mais Marisa et moi avons pu la ramener à la normale. Normalement, Marisa l'a ramenée au Sanctuaire, expliqua la prêtresse.
Le métamorphe digéra l'information. Suika avait vraiment eu des problèmes, et pas des moindres… Raah, pourquoi l'avait-il laissé s'en aller ? Comment pouvait-il être aussi stupide ? C'était affligeant.
Une vague de remords assaillit Réo qui se mordit la lèvre inférieure. Il se sentait vraiment nul.
Devant eux, Helya se relevait. Momiji était toujours au sol et inconsciente mais la plupart de ses blessures avaient disparues. Quand la dragonne se retourna, elle tiqua un peu en voyant que Pride n'était plus là et d'autant plus, était remplacé par un autre.
Puis les souvenirs semblèrent lui revenir.
- Réo Ryu, indiqua simplement l'intéressé.
- D'accord. La blessée est hors de danger. Si vous avez un endroit où il y a des guérisseurs, ce serait bien de l'y emmener mais ce n'est plus aussi urgent qu'avant. J'aurai au moins pu réparer mes frasques…
- Je l'emmène de ce pas. Vous, j'aimerai que vous passiez au Sanctuaire un peu plus tard, j'aurai encore quelques questions à vous poser, fit la prêtresse.
Helya acquiesça. Reimu donna ensuite rapidement l'emplacement de son temple et quitta les lieux, transportant Momiji, avec sobriété.

Il ne resta donc que la dragonne et le polymorphe, dont les yeux brillaient presque.
Une dragonne, une vraie ! Qui pouvait en plus prendre forme humaine !
Helya remarqua rapidement le regard que Réo posait sur elle et ne put s'empêcher de rougir légèrement. Puis elle laissa un sourire se dessiner sur son visage et engagea la conversation :
- Désolée pour toutes les blessures occasionnées. Mais, tu guéris vite on dirait…
L'Envieux se reprit et toussota.
- Ahem, oui, oui… Et heureusement… J'accepte vos excuses, vous n'étiez plus vous-même…
- Tutoies-moi, j'ai l'impression d'être vieille, autrement.
Réo acquiesça.
- C'est donc un genre de fureur aveugle qui vous a poussé à agir ainsi ? questionna-t-il.
- Oui… C'est assez compliqué à expliquer… Mais il m'a semblé que tu avais ressenti ça aussi…
L'Envie se renfrogna.
- Ouais… Mais vu l'efficacité que ça a eu… Même pas pu utiliser l'œil Ultime…
L'expression de la dragonne montra qu'elle ne comprenait pas de quoi il parlait.
- Un pouvoir lié à la colère ? tenta-t-elle.
- Oui. Mais je n'arrive pas à l'utiliser. J'ai vraiment besoin d'élargir mon éventail de techniques parce que vous m'avez quand même bien défoncé…
Nul doute, Réo était dépité. Helya adopta alors une expression pensive.
- Vu tes capacités de polymorphie, les possibilités son nombreuses…
Puis un nouveau sourire étira ses lèvres.
- Et pour me faire pardonner, je vais te faire un cadeau. D'autant plus que tu aimes les dragons…
Ce fut au tour du métamorphe de rougir. Il toussota encore, gêné. Franchement, niveau discrétion, c'était l'échec critique intergalactique. Helya ricana puis plia une jambe pour se mettre à son niveau.
- Ce n'est rien, c'est même un plaisir. Dans mon monde, les dragons ne sont pas franchement très populaires. Je suis heureuse de voir que ce n'est pas le cas partout. Maintenant, ferme les yeux et laisse-toi faire, fit-elle d'une voix douce.
Un peu hésitant, Réo ferma les yeux. Il ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Il sursauta presque lorsque les mains de la dragonne se refermèrent doucement sur ses épaules.
Wait…
Elle n'allait pas…
Presque instinctivement, il put sentir Helya approcher son visage du sien. Sans s'en rendre compte, Réo s'était mis à trembler.
Il se stoppa et fondit presque lorsqu'il sentit les lèvres de la dragonne sous forme humaine se poser délicatement sur son front.
A cet instant, une étrange sensation se déversa dans l'esprit du changeur de forme. C'était comme si Helya lui transmettait quelque-chose. Et au fond de lui, Réo eut l'impression que quelque-chose s'éveillait. Au bout de vingt secondes, Helya se recula.
Le métamorphe ouvrit alors les yeux alors que quelques éclairs rouges crépitaient autour de lui.
Des yeux ambrés aux pupilles noires en amande.
Cette vision sembla satisfaire la dragonne, même si les yeux de Réo redevinrent rapidement normaux.
- Voilà. Fais-en bon usage, mais je ne me fais pas de soucis, commenta la dragonne.
Le polymorphe souffla longuement.
- Merci, Helya…
- Un plaisir ! Sur ce, je vais tenter de trouver ce Sanctuaire Hakurei. A la prochaine, Réo !
Bien plus joyeuse que précédemment, la dragonne s'inclina avant de s'envoler d'un puissant battement d'ailes. Admiratif, l'Envieux la regarda partir et s'éloigner. Un coup d'œil dans le ciel lui apprit que le soleil allait commencer sa descente dans une heure ou deux.
Fermant à nouveau les yeux, Réo tenta de ressentir ce "cadeau". Il avait du mal à y croire mais…
La joie qu'il ressentait lui tira un grand éclat de rire.
(- Et ben, c'est bien quelqu'un comprend, même si c'est pas moi)
- Tu vas voir Pride et très vite. Doku va gueuler mais cap sur le Manoir du Démon Ecarlate !
L'Orgueil resta sans comprendre et assista donc à la transformation en aigle noir d'un changeur de forme bien joyeux.

- JEAAAAAAAAAAAL' !!!
Réo avait à peine mit un pied à l'intérieur du hall d'entrée du manoir que déjà, une petite fille blonde fonçait sur lui, bondissait à son cou et l'envoyait au sol. Surpris, comme toujours, mais riant, l'Envieux serra Flandre contre lui.
- Et oui, salut Flandre… parvint-il à articuler.
La petite vampire serrait également mais avec sa force, les os du métamorphe criaient grâce.
- Tu m'as manqué… se plaignit la vampire.
- Désolé… Vraiment… Mais…
La voix de Sakuya, qui avait assisté à tout ça, coupa Réo, qu'elle n'avait en fait pas entendu.
- Vous devriez le lâcher, vous allez lui casser quelque-chose…
Flandre s'exécuta et se releva, ce qui permit à l'Envie de faire de même.
- Merci Sakuya…
La servante s'inclina en souriant. Réo se pencha alors vers Flandre après lui avoir fait signe d'approcher. Il lui murmura alors à l'oreille :
- Mais cette nuit, je vais pouvoir tenir ma promesse.
Explosion de joie était à des années-lumière de la réaction que la petite vampire eut à cette nouvelle. Elle laissa échapper un cri qui résonna dans tout le manoir et cette fois, broya la quasi-totalité des os de son partenaire de jeux en le serrant dans ses bras. Et cette fois, Sakuya ne put rien y faire.
Vive l'auto-régénération.
Quelques instants plus tard, Réo donnait discrètement rendez-vous à Flandre devant sa chambre, à deux heures du matin. Elle accepta d'un signe de tête et courut à travers le couloir, bras écartés, alors que sa grande sœur approchait, curieuse à cause de tout ce vacarme.

Réo passa donc la soirée dans le Manoir du Démon Ecarlate, dînant comme au premier jour avec les résidentes. Il alla ensuite dans la chambre qui lui était allouée et attendit l'heure dite.
Une fois que la pendule fixée au mur opposé du lit indiqua une heure cinquante du matin, le polymorphe se changea en eau. Son corps implorait le repos mais c'était hors de question.
La flaque dotée d'une vie propre passa sous la porte puis se changea en un chat noir. Les couloirs du manoir étaient déserts et silencieux. Patchouli et Koakuma devaient être dans Voile, comme d'habitude. Sakuya devait goûter à un repos bien mérité et Remilia…
C'était là la grande inconnue. En fait, ce que faisait Sakuya à ce moment dépendait entièrement de l'activité de la maîtresse du manoir. Intérieurement, Réo se mit à prier que toutes dormaient.
Sous sa forme de félin, le changeur de forme traversa les couloirs jusqu'à atteindre les sous-sols. Là, il galéra un peu mais trouva finalement la chambre de Flandre. En bon chat, il gratta à la porte. La petite vampire ouvrit immédiatement, ses huit cristaux illuminant le couloir de leur douce lumière. Elle eut un petit rire et caressa son partenaire de jeu qui reprit forme humaine.
- Il faut être très discrets. Si quelqu'un apprend ce qu'on a fait, on va passer un sale quart d'heure, chuchota le changeur de forme, entièrement vêtu de noir.
Flandre opina puis suivit le polymorphe. Les deux partenaires de jeu remontèrent au rez-de-chaussée et longèrent un long couloir. Vérifiant qu'aucune personne importante ne logeait à proximité, Réo ouvrit une fenêtre. D'un signe de tête, il indiqua à Flandre que c'était bon.
La petite se glissa dehors puis sauta pour tomber au pied du manoir. Réo fit de même, galérant pour refermer la fenêtre de l'extérieur.

La nuit était claire, illuminée par les étoiles et un croissant de lune. La nuit parfaite pour ce qu'ils comptaient faire. Doucement, Flandre et Réo s'éloignèrent du manoir, sortant de son enceinte en passant par-dessus le mur qui le ceinturait.
- C'est la première fois que je sors de là, glissa Flandre.
Réo opina. Il le savait.

Lors de leur première rencontre en des conditions normales, Réo avait été stupéfait d'apprendre que Flandre n'était jamais sortie du manoir. Il s'agissait d'une consigne très stricte, en aucun cas elle ne devait sortir. Elle avait déjà été forcée de rester dans les sous-sols pendant quatre cents quatre-vingt quinze ans…
En entendant cela, Réo n'avait pu s'empêcher de se sentir désolé pour elle. Flandre ne le montrait pas, mais cette période d'enfermement lui pesait. Elle voulait qu'on s'occupe d'elle, elle avait besoin de compagnie.
Et même si Réo comprenait que Remilia ait préféré enfermer sa sœur pour limiter la casse à cause de ses crises de folie, il ne lui pardonnait pas pour autant. Et puis, n'était-ce pas cet isolement qui avait causé la folie de la sœur cadette ? Flandre avait raconté au polymorphe qu'au début, elle ne maîtrisait pas son pouvoir. Elle avait d'ailleurs totalement détruit ses ailes d'origine, à tel point que même sa nature de vampire et la régénération qui allait avec n'avait pu permettre leur retour. De là venaient ses ailes artificielles, crées par Remilia.
C'était également lors de cette rencontre que Réo avait découvert un détail. Flandre adorait les dragons. Les histoires qu'il lui lisait parfois en parlaient toujours et ils étaient souvent présents dans ses dessins. C'était alors que Flandre lui avait confié un secret.
Plus qu'un secret. Un rêve.
Un rêve que Réo avait juré de rendre réel. Et désormais, il pouvait le faire.

Les deux compagnons étaient à proximité du Lac Brumeux lorsqu'ils s'arrêtèrent.
- On devrait être assez éloignés maintenant… Tu es prête ? s'enquit l'Envieux.
- Oui ! Vas-y !
La voix de Flandre trahissait son excitation.
Réo sourit puis s'avança un peu, avant de se tourner vers Flandre. Il ferma ensuite les yeux et écarta les bras. Des éclairs rouges crépitèrent autour de lui alors que la sensation d'un baiser sur son front l'envahissait.
Il pouvait le faire.
Du fond de son être, Réo alla chercher la colère qui l'animait, colère quant au triste sort de Flandre. La colère grossit, devint un brasier dans le cœur de l'Envieux. Les éclairs redoublèrent d'intensité puis sa forme commença à changer.
Flandre recula en tremblant. Ses yeux brillaient plus que ses ailes. Son partenaire de jeu avait perdu forme humaine.
Et lorsqu'il rouvrit ses yeux, ils étaient jaunes aux pupilles verticales.

(♪) Désormais, ce n'était plus un humain qui se tenait devant Flandre mais un dragon. Entièrement rouge, il mesurait bien huit mètres de haut pour seize de long, queue comprise. Une crête de pointes parcourait son dos et une couronne de cornes partait de l'arrière de son crâne. Le dragon avait quatre pattes et deux grandes ailes de chauve-souris, rouges également.
Bien que devant faire preuve de discrétion, Réo ne put s'empêcher de pousser un rugissement. Il se sentait… Incroyablement bien. Les sensations étaient incroyables.
Il avait déjà pris la forme d'un petit dragon précédemment mais ça n'avait juste rien à voir.
Flandre trépignait. Elle applaudissait frénétiquement en sautillant. Quand le dragon fit un mouvement de sa tête, elle comprit que c'était le moment. La petite vampire s'approcha tout en admirant la bête. Puis elle s'envola et s'assit entre le début de la crête dorsale et le cou du dragon.
Celui-ci se retourna pour se mettre face au lac.
- En avant ! hurla Flandre en écartant les bras.

Le dragon ramassa son impressionnante musculature puis d'une détente, s'éleva dans les airs. Grâce aux mouvements de ses ailes, il prit de l'altitude puis commença à passer au-dessus du Lac Brumeux.
Sur le dos du dragon, Flandre riait aux éclats. Elle regardait le paysage qui s'était mis à défiler devant ses yeux et savourait les sensations inédites que ce vol lui offrait. Le vent qui fouettait son visage, le dragon qu'elle chevauchait, cette impression de liberté qu'elle n'avait encore jamais ressentie…
- Hey Réo, c'est quoi ça ? demanda Flandre en désignant le paysage en contrebas avec son bras droit.
- La Forêt de la Magie, Flandre, c'est là que j'habite, expliqua d'une voix grave le dragon rouge.
- D'accord. Et ça ? Et ça ?
Tout le temps que dura le vol, le polymorphe s'appliqua à tout expliquer à Flandre, à tout lui faire découvrir.
A réaliser son rêve. Voler à dos de dragon. Un rêve fou, qu'elle pensait totalement impossible.
Mais impossible n'existait pas.

Avec un sourire, assise sur un portail torii marquant l'entrée du temple qui lui servait de demeure, Yukari Yakumo leva les yeux et regarda cette forme qui passait dans les cieux obscurs de Gensokyo.
Ce polymorphe se rendait-il compte de la dangerosité de son acte ?
La yôkai des frontières haussa finalement les épaules.
Réaliser le rêve d'une petite fille valait bien cela. L'homme vêtu de blanc se trouvant en dessous de la yôkai, un peu devant la porte rouge, partageait cette pensée et se contentait d'admirer.
C'était en des instants comme celui-ci que Gensokyo offrait toute sa splendeur, toute sa force. Plus que la terre des illusions, cela devenait la terre des rêves.
Et dans la voûte céleste, bercé par la lune et les étoile, le rugissement d'un dragon mêlé aux rires d'une petite vampire affirmaient avec force que tout rêve pouvait devenir réalité.
Bienvenue à Gensokyo.
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Jealousy
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MessageSujet: Re: L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire   L’Uroboros de l’Enfer : fantastique voyage illusoire Icon_minitimeMar 21 Aoû - 4:16

Chapitre 23 : A la Croisée des Chemins


"Règle n°54 : Il est impossible de boire plus d’alcool qu’un(e) oni en une soirée, à moins d’en être un(e) soi-même."
Auteur Inconnu



(♪) La nuit était paisible. Gensokyo s'était endormi en même temps que le soleil, hormis quelques irréductibles encore éveillés pour des raisons aussi diverses que variées. Le ciel était dégagé et permettait, à ceux qui le désiraient, d'admirer une myriade d'étoiles accompagnées par un croissant de lune.
Mais pas seulement.
Une forme se déplaçait dans la voûte étoilée, faisant littéralement le tour de la contrée des illusions. Une bête fabuleuse tissant une toile de rêve entre ses ailes, volant au-delà des frontières du réel et du possible. Et avec elle, entraînait une petite fille plus heureuse que jamais. Avec le sifflement du vent, emportant quelques folles mèches blondes sur son visage émerveillé et embelli par le sourire qui étirait ses lèvres comme jamais, Flandre vivait littéralement un rêve. Le dragon qu'elle chevauchait planait plus qu'il ne battait des ailes, mêlant douceur et puissance au vol qu'il offrait à la petite vampire.
Bonheur était un mot trop limité pour décrire les émotions qu'elle ressentait. Ecartant les bras et fermant les yeux, Flandre se laissa porter dans les cieux de son monde de rêves.
Une larme unique roulant sur chacune de ses joues.
Pour l'un comme pour l'autre, seule une plénitude pleine et entière les étreignait. Pour le guide comme pour la guidée, ce n'était ni plus ni moins qu'un voyage, aux limites du rêve.
Pour l'un comme pour l'autre, ce n'était rien d'autres qu'un fantastique voyage illusoire.

Il aurait été vain de tenter de déterminer le temps que cela dura. Quelques heures, une éternité. Bien plus.
Au final, le dragon bifurqua et revint, comme à regrets, vers le Lac Brumeux, qu'il survola sans se presser, l'eau reflétant son image. Avec fermeté, ses pattes musculeuses touchèrent le sol lorsqu'il s'arrêta enfin.
Sans une seule parole, Flandre quitta sa place pour rejoindre la terre ferme, un peu sur la droite du dragon. Des éclairs rouges et une lumière écarlate plus tard, Réo se tenait à la place de la bête fabuleuse.
Lui aussi s'était senti comme dans un rêve.
Avec lenteur, il se tourna vers Flandre. Les yeux écarlates de la petite fille étaient braqués sur lui et tels des aimants, attirèrent le polymorphe qui ne parvenait pas à trouver quelque-chose à dire.
Parce qu'il n'y avait rien à dire.
Il s'accroupit devant Flandre, se mettant à sa hauteur et cueillit du bout des doigts une nouvelle perle de joie qui était née d'un œil de la vampire. Des yeux emplis d'une profonde reconnaissance.
Réo ne fut pas tellement surpris lorsque la petite fille passa ses bras autour de son cou pour ensuite se blottir contre lui. Nulle force en trop, nulle grimace douloureuse. Ce fut avec un sourire que le changeur de forme referma ses bras sur Flandre.
La petite fille avait posé sa tête sur l'épaule de son faiseur de rêve et murmura, simplement, trois mots à son oreille.
- Merci, grand frère…

L'émotion qui étreignait la petite fille l'empêcha de continuer, et celle que ressentait Réo l'empêcha de répondre. Il se contenta de serrer Flandre contre lui et se releva, la portant.
Tous deux savaient qu'il était l'heure de rentrer, que cet instant unique était terminé. Mais ils savaient également une chose.
Jamais ils ne l'oublieraient.
Unis par un lien que des mots seuls peineraient à décrire, Flandre et Réo, se dirigèrent vers le Manoir du Démon Ecarlate.

Sans rencontrer la moindre embûche, le polymorphe porta la petite vampire jusque devant sa chambre, dans les sous-sols. Devant l'imposante porte, il la déposa au sol, doucement.
Le changeur de forme ne se remit pas immédiatement debout, restant à la hauteur de Flandre.
- Bonne nuit, lui souhaita-t-il simplement.
- Bonne nuit… Grand frère…
Avant de s'en aller, la petite vampire déposa un baiser sur la joue de Réo. Puis elle ouvrit la porte, entra et sur un signe de la main, referma.
Souriant, le polymorphe se remit droit. Il était désormais seul dans le couloir sombre et seul le silence occupait les lieux.
Silence brisé par une certaine Ombre, s'exprimant pour la première fois de la soirée.
(- … Je suis fier de toi, envieux)

Il était aisé de répliquer par une stupidité mais pour le coup, Réo savoura simplement. Les louanges de Pride étaient suffisamment rares pour se faire un minimum apprécier. L'Envieux entreprit ensuite de rejoindre sa propre chambre, afin de goûter à un repos bien mérité.
Lorsqu'il entra dedans, ce fut sans remarquer la femme aux cheveux argentés et à la tenue de servante qui les avait épiés tant à leur sortie qu'à leur rentrée, un grand sourire sur le visage…

- Ne me dis pas qu'il pleut ENCORE ?
La réplique de Suika, laquelle regardait dehors depuis une fenêtre du Temple Hakurei, résonna dans toute la bâtisse. Reimu lui répondit sans tarder, la rejoignant.
- Et bien si. Une semaine que ça dure, depuis qu'on t'a sauvée, fit-elle.
La petite oni fit la moue.
- Dis, si je dissipe tous les nuages, on pourra la faire cette fête ?
La prêtresse ne sut retenir un soupir de lassitude.
- Tu comptes me demander tous les jours la même chose ?
- Oui.
La franchise de Suika pouvait être écrasante, parfois. Elle s'était réveillée sans problème le lendemain de sa "purification". Aucune trace de sa possession par le Damné à la fumée noire n'était à déplorer.
Suika avait récupéré sans mal, simplement vexée d'avoir été contrôlée par Lucifuge. Chassant tout cela avec du saké, la rouquine tentait désormais de pousser Reimu à organiser une fête, un festin, un festival, peu importait le nom. Manque de chance pour elle, la miko n'était pas tellement enjouée à l'idée d'une telle chose et de toute façon, la pluie constante empêchait tout événement de la sorte. Et puis elle avait bien d'autres choses à faire.
Ce fut donc avec une mine déçue que Suika se rassit dans la salle principale du temple et recommença à boire à sa gourde.

De son côté, Réo était occupé à tenter d'esquiver la myriade de sphères enflammées de tailles diverses qui tombait sur lui. Utilisant ses pouvoirs de métamorphe, il se changea en aigle noir et entreprit de se frayer un chemin pour atteindre la personne qui se trouvait à l'autre bout de la pluie de feu, volant loin au-dessus du sol : Patchouli Knowledge.
Celle-ci observait les actions de l'Envieux avec intérêt et tendit son bras gauche vers lui. Une flopée de petites boules aqueuses de diamètre comparable à des billes fendirent l'espace aérien de Voile et allèrent rapidement à la rencontre du changeur de forme.
Trop accaparé par ses tentatives de sauver ses plumes, le rapace se fit surprendre par l'attaque et toucher à son aile droite. Se faisant, il perdit le contrôle sur son vol et s'écrasa en plein sur un rayonnage de livres, en faisant tomber quelques-uns au grand dam de Koakuma qui regardait tout ceci, en retrait.
D'un geste, Patchouli fit disparaître le restant de ses attaques et lança un regard scrutateur au polymorphe, tombé au sol et reprenant forme humaine, entouré de moins d'une dizaine d'ouvrages.

- Il te faut un moyen de supprimer les projectiles ennemis, ou en tout cas de passer outre, nota-t-elle.
S'asseyant à même le sol et se massant la tête, Réo ne put qu'approuver.
- Problème : mon Bouclier est loin d'être infaillible et la Lance ne stoppe que les petites attaques énergétiques. Et niveau maniabilité, on frise le néant cosmique. J'ai pas le choix, je dois m'amuser à tenter de tout éviter et rejoindre l'adversaire… En priant pour que ce ne soit pas un monstre au corps à corps.
L'Envieux était pour le moins abattu. Enroulée près d'une étagère, plusieurs mètres en arrière, Doku regardait faire.
Réo l'avait amenée une semaine plus tôt, après que Flandre lui ait demandé de rester au manoir plus longtemps. N'ayant pas le cœur à refuser, Réo avait accepté. Ainsi donc, comme la dernière fois, il alternait entre Flandre et Patchouli. Sauf que là, il avançait.
La magicienne aux cheveux mauves avait approuvé la théorie de Pride concernant les spellcards. Pour en créer à partir des péchés, Réo devait s'emplir dudit péché et synthétiser la spellcard à partir de celui-ci. Simple.
Ou pas.
Car pour se faire, l'Envieux s'était aperçu qu'il devait y aller bien plus fortement que pour simplement utiliser un pouvoir, même si à présent, c'était infiniment plus facile que lorsqu'il avait découvert ses pouvoirs peu à peu. Pride s'amusait à parler de paliers, comparant les pouvoirs de son partenaire spirituel aux différentes parties concentriques d'un cercle.
Ainsi, en suivant sa logique, le premier palier était le pouvoir. Le second était la spellcard. Et le troisième était la forme associée, comme le dragon rouge pour la colère.
Ce qui était paradoxal puisque pour la colère, le premier palier, représenté par l'œil Ultime, n'était qu'à peine débloqué. Cette manière de penser avait été étudiée par Patchouli, laquelle se demandait s'il n'y en avait pas plus encore…
- Et puis, il y a ce sceau en toi, remarqua-t-elle.
La magicienne avait rejoint le sol et s'était assise à son éternelle aire de lecture, faisant face au polymorphe toujours au sol.
- Mmmmh… Le sceau au-dessus du lac, c'est ça ? Avec les chaines et tout ? s'enquit l'Envie en fouillant dans sa mémoire.
Patchouli hocha positivement la tête, pensive.
- Peut-être que si ce sceau était brisé, tes pouvoirs seraient plus puissants. Mais…
- La chose sous le lac serait libérée, compléta l'Envieux.
(- Si ce foutu sceau est lié à tes pouvoirs, et pas seulement à… Ça ? Si ça se trouve, Satan a limité tes pouvoirs dès le début, pas de sceau, rien. Je penche pour cette théorie. Ton sceau là sert juste à retenir le machin sous le lac), affirma l'Orgueil.
Réo transmit les dires de Pride, modifiant juste le passage avec Satan, et Patchouli fut forcée d'admettre qu'il avait possiblement raison. Le sceau pouvait n'être lié qu'à la chose sous le lac.
Au final, personne ne savait vraiment de quoi il en retournait. Et ils n'avaient même pas évoqué un autre mystère qui se tapissait dans l'esprit du polymorphe.
Une terreur silencieuse, un cauchemar de sang et de mort qui terrifiait de plus en plus le changeur de forme.
L'Homme en Rouge.

Les sifflements d'un serpent qui approchait firent se retourner le polymorphe. Il accueillit avec joie Doku et l'aida à se hisser au niveau de ses épaules. Un bruit de course résonna ensuite dans la bibliothèque.
Peu après, Flandre apparaissait, bras écartés. Elle se stoppa devant son partenaire de jeu et le câlina, causant comme toujours un sifflement réprobateur de Doku.
Encore une étonnante facette de ce serpent. Patchouli avait jeté un bref coup d'œil et avoué que quelque-chose clochait avec elle, sans pour autant savoir dire exactement quoi. Le reptile n'avait pas simplifié la tâche de la magicienne, se débattant lorsqu'elle avait voulu l'examiner. Au final, la fille aux cheveux mauves avait renoncé, non sans prévenir que Doku n'était certainement pas un serpent ordinaire. Elle se demandait également si la présence de la Pierre Philosophale pouvait avoir des effets sur un animal restant tout le temps aussi prêt du changeur de forme.
Rien n'était simple ces derniers temps, vraiment.

Ignorant tout ceci, et de toute façon ne se souciant guère de tout de fatras de choses compliquées, Flandre entreprit d'emporter son partenaire de jeu avec elle, avec tout l'art et la manière dont elle savait faire preuve pour le convaincre sans avoir à l'enlever.
Réussite.
Voyant Réo suivre Flandre qui le tenait par la main, ne lui permettant ainsi en aucune façon de rebrousser chemin, Patchouli entreprit de ranger les livres tombés plus tôt à l'aide de Koakuma.

(♪) Plus haut dans le manoir, Remilia Scarlet marchait dans les couloirs, bras croisés derrière elle. Sakuya la suivait, comme à son habitude. Jetant un bref coup d'œil à une des rares fenêtres se trouvant à sa droite, le Démon Ecarlate remarqua que la pluie venait de s'arrêter.
Et que quelque-chose approchait du manoir à toute vitesse. Remilia soupira, ayant aisément compris de quoi, ou plutôt de qui, il s'agissait.
- Sakuya, peux-tu aller prendre le Bunbunmaru ? Je m'ennuie tellement que je pourrais lire les inepties que raconte Aya…
La servante s'inclina puis l'instant d'après, avait disparue. Et l'instant suivant, elle se tenait devant la porte principale de la demeure rouge.
Avec la discrétion d'un missile de croisière, Aya inclina sa course et atterrit deux mètres devant Sakuya, ses ghettas causant un claquement sonore en touchant le sol dallé.
- Ayaya, bonjour ! s'exclama la tengu en brandissant un journal.
La chef des domestiques la salua avec calme en retour, ce qui offrait un saisissant contraste de personnalités.
- Voilà la nouvelle édition du Bunbunmaru Shinbun ! Avec en exclusivité mondiale, la photo du dragon de la semaine dernière ! Et une annonce importante !
- Merci Aya, nous lirons attentivement, la tempéra Sakuya en prenant le livret de papier.
La rédactrice était, comme à son habitude, surexcitée et gesticulait dans tous les sens.
- D'accord ! Sur ce, à la prochaine, fidèles lecteurs !
Sans plus de cérémonie, Aya frappa le sol de sa jambe droite et décolla telle une fusée vers les cieux de Gensokyo. Sakuya la regarda s'éloigner puis, l'instant d'après, était devant sa maîtresse qui n'avait que peu changé de place.
- Voilà le journal, annonça la domestique en chef.
Remilia prit l'objet susmentionné et entreprit de commencer à lire, tout en se remettant à marcher. Sa première remarque fut que la photo du dragon, ou plutôt de la dragonne, en question était trop lointaine. La seconde mentionnait le fait qu'on ne sache pas grand-chose de plus avec l'article qui y était consacré, si ce n'était que la dragonne avait pris forme humaine et qu'on l'apercevait de temps à autres un peu partout à Gensokyo.
La troisième remarque, quand elle vint, marqua un changement car elle était remplie d'une certaine perplexité teintée de curiosité.
- Tiens donc, les humains vont organiser un festival pour célébrer l'apparition d'un dragon à Gensokyo.
La vampire s'était stoppée dans sa marche et continuait de lire.
- Désirez-vous vous y rendre ? s'enquit Sakuya.
- Ce sera dans quatre jours, pendant la nuit. A moins qu'il ne pleuve, je ne vois pas ce qui me retiendrait d'y aller, annonça la maîtresse des lieux.
Sakuya acquiesça et suivit la vampire qui retourna à sa lecture et ses commentaires.

La nouvelle fut rapidement connue de tous les résidents du manoir. Si Sakuya et Remilia comptaient s'y rendre, se n'était pas le cas de Patchouli. Koakuma s'avoua être tentée mais elle devait assister sa supérieure. Meiling hésita mais choisit de rester s'occuper de Flandre, permettant ainsi à un polymorphe enthousiaste de participer à son premier grand événement à Gensokyo.
De cette façon, il allait certainement pouvoir s'acquitter de certaines tâches confiées par Suika, laquelle n'allait sans doute manquer cela pour rien au monde. Pride en profita pour négocier son droit de sortie et obtint gain de cause. D'autant plus que si l'Envieux finissait ivre mort, chose qui n'allait sans doute pas manquer, Pride était son seul espoir de ne pas dormir à la belle étoile dans une position grotesque.
Râlant à propos du manque d'assiduité aux cours de Youmu, l'Orgueil se mit à parier que l'Envieux ne tiendrait pas cinq verres avant de voir passer un troupeau de dahus, suivi d'un Destroyer Imperial et certainement de quelques escadrons de cuillères volantes et autres lamasticots aux allures de guerriers spartiates.
Réo ne put retenir un léger rire en imaginant la scène, ce qui lui valut le regard interrogé de toute la tablée, la discussion ayant lieu à l'heure du déjeuner.
Moment de solitude. Amusé, certes, mais moment de solitude tout de même.

Quoi qu'il en fut, les quelques jours d'attentes passèrent tranquillement. La pluie ne cessa que la veille de la fête, ce qui n'empêcha pas Réo de rester au manoir, continuant ses diverses activités là-bas. Grâce à Patchouli et ses conseils avisés, le nombre de spellcards dont disposait le polymorphe atteignit le nombre de trois. Ce n'était pas énorme en soi mais cela avait permis au polymorphe d'entrevoir diverses possibilités.
Il n'y avait plus qu'à approfondir.

Assit en tailleur, les yeux clos, dans une salle sombre, Malbas Elric méditait. La seule lumière provenait d'une lanterne accrochée au plafond de bois, contrairement au reste de la cave rocheuse. Rectangulaire, des escaliers s'élevaient un peu sur la gauche du Dévoreur, sans toutefois déboucher sur une issue. Plus loin sur la droite, une porte de fer prouvait que cette salle souterraine n'était pas seule. Au sol, un grand cercle noir était tracé, cercle agrémenté de diverses courbes, runes et autres symboles divers. Une forme humanoïde entièrement constituée de métal était debout près du mur droit, mais l'obscurité empêchait d'en distinguer les contours exacts. Un bureau était apposé contre le même mur tout en étant couvert par divers livres et feuilles volantes.
Un endroit où Malbas savait que personne ne viendrait le chercher. Il ne bougeait pas, sauf pour respirer, concentré qu'il était sur ce qu'il tentait de faire. Malheureusement, pour le moment, c'était un échec.
Une grimace déforma soudain les traits du Dévoreur, brusquement pris d'une violente quinte de toux. Lorsqu'il retira sa main droite de devant sa bouche, Malbas constata qu'un peu de sang la maculait.
Il avait faim.
Il se contenait depuis la mort de Nue, tentait de juguler cette faim dévorante mais… Il atteignait sa limite.
Malbas ne pourrait plus se retenir encore très longtemps et il le savait. Et il n'avait encore rien trouvé pour changer la donne. Le Dévoreur lâcha un juron et retourna à sa méditation.
Faire le vide. Ne plus rien ressentir. Et écouter.
Ecouter le murmure des âmes qui étaient en lui. Mais, pour le moment, rien de concret. Il lui était impossible de parler avec l'une d'entre-elles, ou même simplement d'en visualiser une.
Ce qui ne l'empêcha pas de persister.

- Bon, tu restes là, okay ?
Debout dans sa chambre, dans sa maison en pleine Forêt de la Magie, Réo regardait Doku qu'il venait de déposer.
Le serpent ne sembla pas apprécier cette idée et l'exprima par un sifflement peu joyeux.
(- Osef de l'avis de Nagini), railla Pride aussitôt.
Réo se contenta de soupirer et regarda par la fenêtre face à lui. Le soleil était en phase de disparaître sous la ligne d'horizon et ils étaient le jour J. Aucun problème à l'horizon, ni armée de zombies ni de dragon ou de dieu maléfique.
Avec de la chance, ça pouvait se dérouler à peu près normalement. Enfin, normalement façon Gensokyo.
(- Bon, on y va ou tu comptes cajoler ton serpent pendant trente ans ?)
Le polymorphe caressa le dessus de la tête de Doku et, après bien dix minutes, sortit de sa chambre. Tout en s'étirant, il entreprit de quitter sa maison et une fois ceci accomplit, se changea en aigle.

Il avait quitté le Manoir du Démon Ecarlate en fin d'après-midi et passé son temps à se balader avec Doku. Il avait bien sa maison à meubler mais…
Le rapace chassa ces pensées et se contenta de filer dans le ciel presque noir de Gensokyo. Des nuages s'étendaient entre la terre et les étoiles mais aucun ne menaçait de libérer de la pluie ou des éclairs. Une brise fraîche caressait les arbres avec douceur et emportait quelques feuilles avec elle. Le battement des ailes du rapace noir se mariait avec le souffle du vent qui l'accompagnait dans sa course vers le Village Humain qu'une multitude de lumières éclairait.
Il y avait déjà du monde et ce fut avec joie que Réo rejoignit toute cette activité. Il se posa à l'orée des bâtiments de bois et s'entoura à nouveau d'arcs électriques cramoisis. Lorsqu'il eut repris forme humaine, il avait adopté un autre style vestimentaire, à savoir un kimono gris sombre orné d'arabesques vertes ainsi qu'un pantalon plus clair.

(♪) En avançant, mains dans les poches, le polymorphe remarqua que les rues étaient bondées. L'éclairage était assuré par des lanternes suspendues à des fils passés entre les bâtiments, au-dessus des rues. Divers stands étaient montés et leur contenu tout comme leur propriétaire étaient pour le moins variés. La foule était majoritairement féminine comme de coutume à Gensokyo et presque toutes portaient un yukata, sauf quelques personnes. Au loin le polymorphe vit Sakuya s'éloigner de Remilia, cette dernière arborant ses vêtements habituels contrairement à Sakuya qui portait une tenue grise très claire.
(- Elle va où ?), s'enquit Pride, visiblement surpris.
Réo entreprit de rejoindre Remilia, laquelle semblait passablement ennuyée. Regardant dans la même direction qu'elle, le polymorphe aperçut la chef des domestiques s'éloigner avec quelqu'un vêtu d'un kimono vert et rouge aux brodures dorée.
- … J'ai manqué un épisode ? demanda le changeur de forme une fois à proximité de la vampire.
- Pourquoi ai-je accepté ? Manquerait plus qu'elle quitte le manoir, lâcha-t-elle simplement.
Le polymorphe resta sans comprendre et sans rien dire, permettant au Démon Ecarlate de reporter son attention sur lui.
- J'ai juste l'impression d'être trop laxiste, lui fit-elle.
- Mh, honnêtement, je ne comprends pas vraiment ce qu'il se passe. Mais il vaut mieux être trop permissive que complètement tyrannique, je pense.
Il était vrai que le métamorphe peinait un peu à suivre mais pour une fois qu'on lui demandait son avis, il n'allait pas laisser passer l'occasion de dire ce qu'il pensait.
- Et si le destin fait en sorte que cela se retourne contre moi ?
- Et bien vous n'aurez rien à vous reprocher. Toutefois, je doute que cela arrive.
Remilia soupira, ce qui fit un peu bouger ses grandes ailes repliées contre son dos.
- Le destin n'obéit pas aux règles de justice ou autres. Il est impartial. Que je sois dans le juste ou non, il se produira tout de même, rétorqua-t-elle.
Argument imparable. Pour le coup, Réo ne trouva rien à redire.
Quelques secondes s'écoulèrent puis Remilia soupira à nouveau.
- Je vois que tu n'as plus d'arguments. Crois-tu pouvoir me rendre cette nuit plus agréable ? demanda la vampire d'une voix pleine de défi.
- Challenge Accepted, mademoiselle, réagit Réo en imitant la voix de Sakuya tout en s'inclinant.
(- Tu vas remplacer Izayoi quand elle est palapalapalapalapalapalapalapalapala ?) railla Pride.
Le métamorphe se mordit la lèvre inférieure et eut toutes les peines de tous les univers possibles à ne pas éclater de rire. Pride venait de ressortir l'un des très nombreux délires des tarés avec lesquels l'Envieux avait eu cours auparavant, presque dans une autre vie.
Se faisant misère pour ne rien laisser paraître de ceci, Réo marcha dans les allées, accompagné du Démon Ecarlate. Les deux ne se parlaient que très peu habituellement et allaient en profiter pour peut-être faire plus ample connaissance.
- Si tu veux imiter ma fidèle servante, tu dois prendre son apparence, remarqua Remilia.
- Je serai bien incapable de faire pareil qu'elle alors autant éviter d'aller si loin, rétorqua le polymorphe.
- Dommage, cela aurait été amusant à voir, constata la vampire un peu déçue.
Réo devait avouer que piéger ainsi toutes les personnes qu'ils seraient à même de rencontrer lui plaisait. Il se savait toutefois incapable de parfaitement imiter Sakuya, ce qui rendait ce projet caduque.
Un stand de friandises attira le regard de Remilia plus que nécessaire. Comprenant ce qu'elle avait en tête en suivant son regard, le changeur de forme chercha dans ses maigres économies et parvint à trouver de quoi lui payer une pomme d'amour.
Heureusement, c'était moins cher que les cannes à sucre.
Remilia prit la friandise avec nonchalance mais ses yeux écarlates pétillaient. Elle restait une gamine, après tout.
Remerciant le polymorphe, elle croqua la boule rouge qu'elle trouva de toute évidence à son goût. L'Envieux fut satisfait de son coup et continua d'arpenter la rue en compagne de la reine de la nuit.
- Je reste surprise de la manière dont Flandre et toi vous êtes attachés, glissa Remilia entre deux bouchées.
- Moi aussi, miss Scarlet. Sans doute est-ce notre besoin d'affection qui nous rapproche.
La réflexion était sortie toute seule de la bouche de l'Envieux. Il n'y avait jamais vraiment réfléchis mais… Ce devait être ça.
- Oui, peut-être. Enfin je vais finir par croire que tu es plus proche d'elle que moi-même, nota Remilia d'une voix ennuyée.
- Aucun risque. Flandre vous adore, je peux vous l'assurer. Elle ne demande que votre attention.
Il fallait dire que la vampire blonde parlait souvent de sa grande sœur. Et sa plus grande blessure, outre son enfermement, était cette absence de temps passé ensemble, entre sœurs.
Remilia ne répondit pas, laissant planer le mystère sur ses pensées. Des éclats de rires attirèrent l'attention tant de la vampire que du polymorphe. Une petite dizaines de personnes, dont Reisen en yukata violet sombre, s'esclaffaient mais leur taille empêchait les deux compagnons de voir de quoi il en retournait.
(- Admettons, je savais pas que y'avaient des comiques, ici), soupira Pride.

Voyant que Remilia s'était remise à avancer, Réo la rattrapa. La vampire continuait de manger sa friandise tout en jetant un œil discret à ce qu'elle voyait. Malgré la population, on se déplaçait sans problème. Au loin, l'écho de plusieurs instruments se déployait et invitait à les rejoindre.
- Les Prismriver vont donner un concert, nota Remilia.
- Qui donc ? s'enquit un envieux ignorant.
- Trois sœurs poltergeists. Elles forment un trio et font des représentations, le plus souvent à Hakugyokurou.
Son explication terminée, le Démon Ecarlate termina sa pomme d'amour. Réo assimila les informations puis reprit la parole.
- Dans ce cas, allons voir, ou plutôt écouter.
La vampire accepta et se dirigea vers l'endroit où allait avoir lieu la représentation en compagnie du changeur de forme, qui ne pouvait s'empêcher de regarder un peu partout, comme un gamin.
Son regard fut attiré par un couple. Un homme aux yeux bleus, la vingtaine, aux cheveux blancs tombant sur ses épaules se mariant à merveille avec son kimono de la même couleur. Il tenait le bras à une femme aux cheveux noirs d'ébène lui tombant jusqu'aux hanches et au teint pâle. Elle portait un kimono rouge décoré de papillons et autres motifs noirs.
Le couple dépassa le changeur de forme par la droite. Sans s'en rendre compte, il avait serré le poing droit, alors qu'un sourire crispé étirait ses lèvres.
C'était beau à voir. Très beau.
Et douloureux aussi.
Très douloureux.

Quelques éclairs rouges crépitèrent autour du métamorphe qui baissa la tête. A nouveau ce sentiment, cette Envie, l'emplissait. Il n'y avait rien à faire, il ne parvenait pas à s'en débarrasser.
Pourquoi ? Pourquoi les autres et pas lui ?
L'Envieux avait fermé ses yeux, cachant le vert qui s'étendait sur le bleu de ses iris sans qu'il n'en ait conscience. Lèvres retroussées, il serrait les dents et semblait être sur le point d'exploser.
Une main se posa alors sur son épaule droite, suivit d'une voix.
- Hey, ça va pas ?

La surprise coupa l'Envieux dans son élan, faisant disparaître le vert de ses yeux, les éclairs, et l'Envie. Le changeur de forme se retourna brusquement et vit la personne qui l'avait apostrophé.
Un homme, un peu plus âgé que lui, sûrement la vingtaine, et aussi un peu plus grand, lui faisait face. Il portait un kimono noir aux longues manches cachant ses bras et portait un gant à sa main gauche. Le polymorphe remarqua une épée se balançant à la taille de l'inconnu, épée qui semblait étrangement liée au fourreau.
Gêné, le changeur de forme toussota. Les yeux noirs de l'homme le scrutaient sans montrer ne serait-ce qu'une seule émotion.
- C'est rien, c'est rien… Juste… De mauvais souvenirs, lança Réo.
Demi-mensonge à moitié vrai.
L'inconnu scruta encore un peu l'Envieux puis haussa les épaules.
- Si vous le dites. Faites attention tout de même. Bonne soirée.
Il s'éloigna ensuite, laissant un polymorphe perplexe.
(- Un peu plus et c'était tarte dans ta gueule, Jealousy. Tu peux remercier ce gars), lança Pride.

Un profond soupir s'échappa de la bouche de l'Envie. A nouveau, il avait faillit perdre le contrôle. Juste en voyant un couple de trop près !
Malgré le temps passé et sa vie à Gensokyo, Réo ne parvenait pas à changer cela. Il ne pouvait s'empêcher d'envier les autres, surtout sur un sujet tel que l'amour. Rien à faire.
Jetant un regard autour de lui, le changeur de forme remarqua que Remilia avait disparue. De mieux en mieux.
(- Elle est petite mais le rose est hyper repérable), remarqua Pride, changeant ainsi de sujet.
L'Envieux se contenta d'approuver et se lança à la recherche de la vampire. En se rapprochant des Prismriver, qui étaient encore trop éloignées pour être vues, le polymorphe percevait la musique qu'elles jouaient. Il constata alors que d'étranges émotions naissaient d'elle. Leur musique n'était sans doute pas ordinaire, elle semblait résonner jusque dans son âme torturée.
Un peu comme les comptines de Mystia.
Pride confirma ses dires en notant qu'il les percevait parfaitement, sans même avoir besoin des oreilles de Réo.
(- D'ailleurs, tu comptes me laisser ton corps quand ? Histoire d'éviter une transformation subite, impromptue et peu appréciable)
- Mouais… Mais dans ce cas tu me laisses revenir si tu croises Suika, prévint le polymorphe.
(- Oui maman, d'accord maman, je serai sage), ironisa l'Ombre.
Sans plus tarder, Réo se décala du plein milieu de la rue qu'il squattait sans pitié ni considération. Sans se cacher non plus, il laissa la lumière cramoisie et les arcs écarlates faire leur offices.
Quelques secondes plus tard, Pride se tenait à sa place, sourire aux lèvres. Il portait une tenue différente de l'habituelle, presque plus "noble".
Il s'agissait tout d'abord d'un pantalon et d'un long manteau fermé au long col, entièrement noirs excepté le manteau qui, au niveau de l'ouverture, était rouge. Ceci était masqué par une longue pièce de tissu qui partait du cou pour descendre jusqu'au bas du ventre. D'abord rectangulaire puis se terminant en triangle, elle était également noire mais ses bords étaient rouges, ainsi que les huit petits losanges qui la parcouraient. Une petite cape noire aux bords rouge entourait les épaules et une partie des bras de l'Ombre, descendant jusqu'au milieu de son dos et étant déchirée.
Esquissant un sourire, Pride se mit à son tour à arpenter les rues alors qu'un doux air se faisait entendre.

Son regard mauve allait de stands en stands, ne s'attardant pas dessus outre-mesure. L'Orgueil appréciait l'atmosphère joyeuse qui planait dans les rues. Toutes les personnes présentes oubliaient leurs soucis importants ou non l'espace d'une soirée. Se laissant porter par la lueur des lampes traditionnelles et les personnes qui convergeaient vers le concert, moins lointain mais toujours pas immédiatement proche. Cela n'empêchait pas de distinguer une foule massée près de ce qui devait être la scène, quelques pâtés de maisons plus loin.
Les yeux violacés de l'Ombre se posèrent ensuite sur deux personnes. L'une voletait quelques dizaines de centimètres au-dessus du sol et était vêtue d'un yukata rose, plus clair que sa chevelure. Elle dévorait plusieurs yakitoris.
Derrière elle…
Pride se figea alors que son cœur menaçait de lâcher après avoir rate un battement. Et les trois suivants aussi.

Se tenant deux mètres derrière sa maîtresse, Myon bougeant un peu derrière elle, Youmu regardait en direction des Prismriver. Elle avait noué ses cheveux courts en une courte queue de cheval à l'aide d'un ruban noir, décoré de deux perles rouges. Elle avait gardé son habituel ruban noir dans ses cheveux et laissait passer deux mèches par-dessus. Son yukata était vert foncé, décoré de motifs en forme de fantôme de couleur gris clair. Ses deux armes étaient accrochées derrière le bas de son dos.

Le souffle court Pride ne bougeait pas. Son cerveau tournait à vide alors qu'il ne parvenait pas à détacher son regard de la demi-fantôme. Les gens autour, la musique, le festival, le monde, plus rien n'existait mis à part Youmu. Il…
Hey…
Pourquoi… Pourquoi la trouvait-il magnifique ? Elle… Elle était…
L'Orgueil fébrile sentit un liquide chaud coulant de son nez et fronça les sourcils en recueillant quelques gouttes de sang sur son index. Qu'est-ce que ça signifiait ?
Pride se débarrassa de liquide rouge d'un revers de main puis se crispa à nouveau lorsque Youmu lui fit signe en levant un bras, l'ayant remarqué.
Sans qu'il ne puisse l'empêcher, un sourire étira les lèvres de l'Orgueil qui lui répondit et la rejoignit.

- Bonsoir, Youmu, fit-il une fois proche, tout en s'inclinant.
Sa voix était mal assurée bien qu'il fasse tout son possible pour que cela ne soit pas trop remarquable.
Youmu l'imita. Comme lui, elle arborait un grand sourire. Yuyuko se tourna vers eux et approcha.
- Bonsoiiiiir, vous êtes tout mignons tous les deux, lança-t-elle.
Comme souvent, Youmu et Pride rougirent et détournèrent la tête. Un petit rire échappa à la fantôme qui agita son éventail dont elle ne se séparait jamais.
- Profitez bien de cette soirée. Moi je vais écouter nos trois musiciennes. Soyez sages, surtout~
Ce fut sur ces paroles et un clin d'œil emplis d'espièglerie que Yuyuko s'éloigna en sifflotant alors qu'une nouvelle musique était jouée, paisible.

- Elle est… Toujours ainsi ? demanda Pride en la voyant s'éloigner.
- Oui… Je… Enfin… On fait un tour ? … Ensemble ? tenta l'escrimeuse en rougissant.
Elle avait eu du mal à formuler cette demande et sa voix, ainsi que la teinte écarlate de ses joues, trahissaient sa gêne.
- Allons-y, répondit l'Ombre en se faisant misère pour paraître détendu.
L'être vêtu de noir hésita à proposer son bras à Youmu mais se ravisa. Quelles étaient ses pensées là ?
Certes il était content d'être avec elle mais… Toutes ces émotions… Et pourquoi cette fébrilité ? Aucune importance. Il devait… Il devait ne pas se laisser emporter. Voilà.
Pride ne laissa rien paraître de son trouble et commença à marcher en compagnie de Youmu. Ils étaient côte à côte et assez proches.
Leurs pas les firent passer devant un stand tenu par Mystia. Vêtue de ses habits traditionnels, elle laissait échapper une douce comptine :
- ♪ Compagnon de la Mort,
Sans pitié ni remords.
Tes plumes noires volent parmi les cendres,
Aux alentours, ton macabre chant se fait entendre.
Tes serres sont meurtrières,
La faucheuse entend ta prière,
Celle du Corbeau, le plus noir des oiseaux~ ♪

Les deux compagnons n'écoutèrent pas la comptine, du moins pas directement, et continuèrent leur chemin ensemble.
- Cela fait un moment qu'on ne s'était pas vu, remarqua Youmu d'un ton qui se voulait neutre.
- Une semaine et demi, ouais… Remercie Réo, il a passé son temps au Manoir du Démon Ecarlate, répondit Pride d'une voix acide.
(- J'aime pas la pluie), lança l'Envieux.
- Si c'est pour une bonne raison, je n'ai pas à lui en vouloir, nota l'escrimeuse.
- Moi si.
Pride avait répondu du tac au tac. Youmu lui décocha un regard surpris et s'autorisa un petit sourire. Le rouge regagnait ses joues lorsqu'elle demanda :
- Pourquoi ? Tu… Tu étais si… Pressé ?
La question causa un mouvement quasiment de panique de l'Orgueil. Il bafouilla quelque-chose d'inintelligible et regarda un peu partout à la recherche d'une diversion.
Youmu le regarda faire avec étonnement. Il était bien agité…
- C'est juste que… Euh… Ben je m'ennuie au manoir… Et… Euh… Hey, ça te dit des rāmens ?
Pride avait finit par trouver sa diversion et regardait désormais un stand de l'autre côté de la rue vendant les mets de pâtes dans le bouillon avec divers accompagnements.
(- Bon, la cohérence historique, on va oublier hein), ricana Réo.
L'Ombre ne prêta pas attention à la réplique de son partenaire spirituel et attendit la réponse d'une Youmu pour le moins perplexe.
- Et bien… Oui, pourquoi pas…
(- Diversion Sign "Eating Time"), s'amusa l'Envie.
Pride soupira intérieurement de soulagement. C'était pas passé loin…
Loin de quoi au juste ? Et pourquoi avait-il été si… Mal à l'aise ? L'Orgueil ne se comprenait plus. Pire, son propre comportement l'agaçait. Pour quelle raison ne parvenait-il pas à avoir un comportement normal ?
Etait-ce simplement dû à… Youmu ?

Chassant ses troubles avec plus ou moins de succès, Pride rejoignit le stand repéré auparavant. Youmu et lui commandèrent de quoi se restaurer puis, après deux minutes de recherche, s'installèrent face à face, à une table à l'écart.
Ils étaient dans une petite aire destinée à permettre à ceux qui le désiraient de se restaurer. Les sons du concert donné par les trois sœurs Prismriver pouvaient être parfaitement entendus et l'atmosphère des lieux était plus calme que le gros du festival. Les lampes offraient un éclairage plus tamisé, ce qui rendait l'endroit un peu coupé du reste si on y prêtait attention.
La température fraîche de la nuit se faisait plus sentir, ce qui augmentait d'autant plus le plaisir d'avaler un repas chaud.
- Et bien, bon appétit, Youmu, fit Pride en attrapant ses baguettes.
Une chance que le monde du premier voyage de Réo était également sous influence asiatique. Ainsi, lui et Pride savaient se servir des baguettes depuis plusieurs mois. Mais l'apprentissage avait été long, difficile et surtout très amusant pour les spectateurs.
- Merci, à toi aussi, Pride.
Ce fut sur ces mots que les deux compagnons se mirent à manger le contenu de leur bol généreusement rempli. Ils mangeaient sans se presser, appréciant l'ambiance ou, certainement, la simple présence de l'autre.
Du coin de l'œil, l'Orgueil repéra le départ d'un jeune homme aux habits étranges. Il semblait en effet porter plusieurs couches de vêtements. Ainsi, son maillot blanc était recouvert d'une chemise turquoise foncée ouverte jusqu'au bas du ventre. Un long blouson bleu marine couvrait le tour et était également ouvert. De plus, deux vestes étaient nouées à sa taille, grise à carreaux rouges pour celle de droite et bleue pour la gauche. A ces vestes était attaché un katana et un wakizashi.
(- C'est qui tous ces gens qu'on croise là ? On croirait un bug de l'espace-temps, genre tous les mondes fusionnent. Yubel va débarquer dans dix secondes !)
Sans répondre ni vraiment écouter, Pride observa l'homme d'un œil intrigué puis se reconcentra sur son plat, à moitié vide. C'était super bon, n'empêche ! Plus que ça, même !
- Tu as l'air d'aimer, remarqua Youmu avec amusement.
L'Orgueil ne put qu'approuver. Il était un peu pris sur le fait mais bon… Ça n'avait aucune importance.
- C'est bien ce genre de festival n'empêche. Ça fait "pause" et vu le bordel qu'il se passe, tant mieux, lâcha l'Ombre une fois son bol terminé.
- Oui et je peux te dire que les pauses sont les bienvenues, avoua la jardinière.
- Toujours débordée de travail, je suppose.
Le ton de Pride, visiblement peu enchanté par ce qu'il disait, fit sourire la demi-fantôme.
- Attention, tu vas encore râler, le prévint-elle.
- C'est interdit, peut-être ?
Pride avait répondu d'une voix légèrement ironique. Youmu se laissa prendre au jeu.
- Oui. Je vais devoir te punir si tu continues.
- Je t'attends, tu risques d'être surprise, jardinière du Royaume des Morts !
Youmu eut un rire qui se voulait hautain, avec un succès relatif.
- Pride, mon cher Pride, dois-je te rappeler la manière dont s'est terminé notre dernier affrontement ? lança-t-elle en adoptant une voix à la fois désolée et amusée.
- C'est là que tu fais erreur, demoiselle. J'ai beaucoup progressé et tu auras, cette fois, bien du mal à me défaire !
- Je t'en prie, ne te fais pas de mal avec de faux espoirs…
- Toi non plus, très chère.
Pride avait insisté sur la fin de sa phrase achevée par un sourire, reflet de celui qui flottait sur les lèvres de Youmu. Les deux adversaires de cette joute verbale se fixèrent quelques instants puis s'abandonnèrent au rire qui menaçait de poindre depuis le début.
Les éclats de leurs voix enjouées résonnèrent pendant quelques dizaines de secondes puis, doucement, se turent.
Les musiques et le brouhaha de la foule redevinrent les sons prédominants mais ni Youmu, ni Pride n'y prenaient garde. Ils se regardaient, leur sourire ne les ayant pas quitté le moins du monde. Il leur fallut bien une minute pour s'en rendre compte et lorsque ce fut le cas, ils détournèrent le regard, joues écarlates.
Pour ne pas se laisser emporter, c'était raté. Pour l'un comme pour l'autre.
- On entend les musiques depuis un moment… Tu veux aller voir de plus près ? s'enquit Youmu pour se redonner contenance.
Pride accepta derechef et se leva. Tous deux rapportèrent leur bol vide là où ils l'avaient acheté remplis puis se dirigèrent tous deux vers la foule massée devant la scène, située à quelques centaines de mètres.

Une petite fille vêtue d'un yukata vert, ayant les cheveux châtains arrivant à sa nuque couverts par un bonnet vert également, deux queues et des oreilles de chat noires passa à toute berzingue devant eux. Elle s'arrêta rapidement en voyant un chamboule-tout puis se tourna vers là d'où elle venait et mit ses mains en porte-voix.
- Maîtresse Raaaaaan, Dame Yukariiiiiiiiiiiiiiiiii, venez-voiiiir !
Surpris, Pride et Youmu se tournèrent. Ils virent ainsi arriver deux personnes. La première était une femme en yukata bleu foncé et au bonnet blanc déformé par deux pointes. En voyant les neuf queues de renard qui se trouvaient derrière elle, on pouvait se douter que ce qui était sur sa tête, outre ses cheveux blonds un peu plus longs que ceux de la neko, étaient des oreilles de renard.
Un peu plus en arrière se trouvait Yukari. Elle arborait un yukata mauve et avait quitté son chapeau habituel. Sa chevelure était nouée en un chignon, où était passé de longues épingles à cheveux, hormis deux longues mèches de part et d'autres de son visage. Un masque de loup blanc à traits rouges était passé à droite de sa tête et elle dégustait une pomme d'amour avec nonchalance.
Le groupe rejoignit la neko qui devait s'appeler Chen, aux dires de la kitsune qui répondait au nom de Ran.
(- C'est FAUX ! C'est Tamamo ! Elle a juste grandit ! FLUFFY TAILS ! I WANT TO TOUCH THE FLUFFY TAILS !), s'exclama le polymorphe.
Pride se retint de pouffer alors que de vieux souvenirs, ceux de Réo mais au fond, Pride était en quelque-sorte déjà là, lui revenaient en tête.
- Tu crois que ses queues de renard sont douces ? lança Pride.
(- FLUFFY TAILS ! FLUFFY, FLUFFY, FLUFFY TAILS ! I AM CHOOSING THE FLUFFY TAIIIIILS !), hurla Réo.
Lui et Pride éclatèrent de rire, sous l'incompréhension la plus totale de Youmu.
- Euh… Que t'arrive-t-il ? demanda-t-elle.
L'Orgueil eut du mal à se calmer mais ne se fit pas prier pour répondre.
- Rien… Un vieux souvenir et le délire qui va avec…
- Ah…

Cela n'expliquait pas grand-chose pour Youmu. Les deux compagnons assistèrent à l'essai de Chen de gagner une peluche, sous le regard attentif et maternel de Ran qui avait payé sa partie et celui, plus rêveur, de Yukari qui regardait un peu partout.
Manque de chance, la petite fille échoua, ce qui la fit bouder.
Tandis que Ran la consolait, Pride jeta un coup d'œil. Quel que soit le monde où on se trouvait, on finissait quand même pas trouver ce genre de choses. Plusieurs lots étaient à gagner, celui que Chen visait étant un gros chat noir.
- Tu es tenté ? demanda Youmu qui avait suivit son regard.
- J'ai une tête à vouloir une peluche ? Enfin, si tu en veux une, je peux essayer…
Youmu hésita, alors que Chen tentait à nouveau de gagner quelque-chose en renversant les dix boîtes de bois empilées en une pyramide.
- Tu peux le faire, Chen, l'encouragea Ran qui avait croisé ses mains, désormais cachées par ses manches.
La neko se concentra mais sa troisième et dernière boule alla trop à droite et laissa trois boîtes en position. Désespérée, Chen soupira en baissant la tête.
Yukari s'avança alors et donna sa friandise à Ran.
- Je vais le faire, argua la yôkai des frontières.
Payant son droit de tenter le coup, elle se saisit des trois boules qui lui étaient allouées. Tâchant de se concentrer, elle visa le bas de la pile, fermant l'œil gauche, arma son bras droit et envoya son projectile. La moitié de la pyramide s'écroula.
Derrière Yukari, Chen sauta de joie. C'était bien parti. La yôkai millénaire arma son second projectiles et l'envoya plus sur la droite. Jackpot, la force fut telle que toutes les boîtes restantes s'écroulèrent.
- Pas mal du tout, commenta une voix masculine fort reconnaissable venant de derrière le petit groupe.
Yukari sourit et ne se retourna pas tout de suite. Elle donna d'abord la peluche qu'elle avait gagnée à Chen puis pivota enfin pour regarder le Voyageur.
Celui-ci portait ses vêtements habituels et se tenait toujours appuyé sur sa canne noire surmontée d'un crâne en argent, qu'il agrippait par la main gauche.
- Bonsoir, lui fit-elle, tout en reprenant sa pomme d'amour.
- Salutations~, fit l'homme en s'inclinant et en mettant son chapeau blanc au niveau de son cœur.
Tout le groupe le salua, dont Pride qui était un rien étonné. Youmu observait sans trop se formaliser non plus. Ce que faisait Yukari ne la regardait en rien, elle était proche de Dame Yuyuko, pas de sa jardinière.

Ce fut pour cela que la demi-fantôme reporta son attention sur le stand. Elle y dénicha une peluche un peu particulière puisqu'il s'agissait d'un corbeau aux ailes grandes ouvertes, au moins deux fois plus gros que l'animal en taille réelle.
- Il y a bien un lot qui m'intéresse… indiqua-t-elle timidement.
Bien que suivant la scène avec Yukari, qui avait commencé à taquiner le Voyageur sur son manque d'adresse aux jeux qui n'impliquaient pas de cartes pendant que Ran et Chen allaient acheter des friandises, Pride entendit la réplique et répondit immédiatement.
- Si tu veux, je te l'offre. Enfin, si j'arrive à la gagner…
Youmu ne parvint pas à cacher sa gêne mais accepta la proposition. Ignorant Réo qui faisait remarquer que la quasi-totalité de leurs maigres économies allait disparaître, Pride paya sa partie et attrapa un projectile.
C'était la première fois qu'il tentait se genre de choses. Il se sentait nerveux, le regard de la demi-fantôme y étant sans doute pour quelque-chose. Se calmant intérieurement, l'Orgueil focalisa son attention et envoya sa boule…
Qui se perdit trop à gauche.
Lamentable.

Retenant un juron, Pride attrapa sa seconde boule. Calme, cool, zen… Expirant avec douceur, si ce mot avait du sens le concernant, l'Ombre visa un peu plus à droite. Sa boule partit cette fois dans le mile et fit tomber une partie de la pile.
Pas trop mal mais il en restait six…
Refusant de se laisser abattre, Pride se saisit de sa dernière chance. Il prit le temps de bien calibrer son tir et…
Le bruit de cinq boites tombant de leur présentoir se fit entendre. Il en restait une, juste au bord, qui hésitait. Pride soupira et lui jeta un regard noir qu'on pouvait aisément traduire par "toi, si t'étais vivante, je te tuerais".
La boîte compris le message transmis par le langage universel du regard et, terrifiée, se laissa tomber au sol.
- Dead Center ! s'exclama Pride en levant les bras.
Youmu l'applaudit, ce qui suffit à faire sourire l'Orgueil. La tenancière lui donna la peluche de corbeau et ramassa les boîtes, maugréant que si ça continuait ainsi, elle allait être dans le négatif.
Pride d'en avait cure et se tourna vers Youmu, corbeau dans les mains.
- Et voilà. Cadeau, fit-il en lui tendant.
Il était étrangement fébrile tout en étant satisfait de lui. Youmu rougit un peu et prit le corbeau qu'elle serra contre elle.
- M… Merci… Pride… balbutia la demi-fantôme.
- Aucun problème, ahah !
Le maître des Ombres passa sa main gauche dans ses cheveux, mal à l'aise. Youmu lui sourit pour toute réponse, le calmant de cette simple action.

(♪) Plus loin, Yukari haussait la voix, alors que Ran et Chen observaient à bonne distance.
- Décidons une bonne fois pour toute !
Le Voyageur haussa un sourcil.
- Décider quoi ? demanda-t-il, un brin incompréhensif.
Yukari désigna alors un stand vendant des boissons.
- Qui est le plus fort !
L'homme en blanc regarda dans la direction désignée et esquissa un sourire.
- J'accepte le défi, très chère, annonça-t-il.
Un air de satisfaction se peignit sur le visage de Yukari qui alla s'asseoir avec son ami, qu'elle comptait bien battre à ce petit jeu, ignorant les regards inquiets des deux shikigamis et celui, plus étonné, d'un homme aux cheveux noirs de jais aux reflets argentés et aux yeux dépareillés, l'un rouge et l'autre violet, vêtu d'une chemise rouge déchirée se mariant avec son long manteau de la même couleur.

Pour en revenir à Pride, Youmu et lui s'avançaient désormais une bonne fois pour toute vers la scène. L'Orgueil constata avec dépit que la foule était importante et, si entendre ne posait aucun problème, voir était loin d'être aisé.
La musique s'était faite plus rapide et entraînante, invitant presque Pride et Youmu à la rejoindre. Les deux compagnons se faufilèrent difficilement parmi les spectateurs, jusqu'à arriver à une trentaine de mètres de la scène. A ce stade, il ne fut plus possible d'avancer, à moins de laisser Pride y aller à sa manière pour le moins expéditive et efficace.
- Tant pis, on peut les apercevoir quand même, le tempéra Youmu, qui tenait toujours sa peluche.
En effet, avec le mouvement des personnes devant, il était possible de distinguer la scène. On y voyait trois filles aux tenues semblables bien que les couleurs variaient et ayant chacune un instrument de musique volant à proximité d'elles.
La violoniste portait une veste et une jupes noires au bords blancs ainsi qu'un chapeau dont le haut était décoré un croissant de lune rouge Ses yeux étaient dorés et ses cheveux blonds assez courts. Elle se trouvait à droite de la trompettiste qui était au milieu et la plus grande du trio. Ses vêtements étaient roses avec quelques passages bleus et noirs. Son chapeau était surmonté d'un soleil bleu, plus foncé que ses cheveux ondulés plus clairs mais de la même couleur que ses yeux. Enfin, la dernière avait des cheveux châtain clair courts et des yeux marrons. Sa tenue était rouge avec un peu de rose et de noir. Quant à son chapeau, c'était une étoile filante verte qui le surmontait. Le clavier qui volait près d'elle était pourvu de deux petites ailes, plus pour la décoration que par véritable utilité.
Les trois joueuses jouaient de leur instrument volant sans y toucher ce qui ne diminuait en rien la qualité de leur musique. Celle-ci avait de véritables effets sur l'âme de ceux qui écoutaient, ce qui la rendait véritablement unique.

Voyant que Youmu peinait à voir, elle était plus petite que lui, Pride eut un léger rire. L'escrimeuse lui adressa un regard comme quoi ce n'était pas drôle et continua de tenter de voir, se mettant sur la pointe des pieds.
- Attends, je vais te filer un coup de main, prévint l'Orgueil.
Youmu n'eut pas le temps de répliquer que plusieurs petits bras d'ombres, formés à partir de toutes celles que Pride avait à disposition, s'enroulaient autour de sa taille. L'escrimeuse fut ensuite soulevée à deux mètres du sol.
- Aaaaah, Pride, lâche-moi ! paniqua la demi-fantôme, prise au dépourvu.
Elle n'avait même pas terminé sa phrase que les bras obscurs la faisaient redescendre… Pour la poser sur les épaules de l'Orgueil, lequel tint Youmu par les jambes.
- Pride ! Fais… Fais-moi descendre ! paniqua la jardinière.
- Hors de question, signala le maître des ombres en souriant, fier de son coup.
Youmu protesta énergiquement mais rien à faire, Pride ne comptait pas la lâcher et riait même de sa réaction, même s'il se demandait intérieurement ce qu'il faisait. S'agrippant au dessus de la tenue de l'Orgueil tout en tenant le corbeau en peluche, l'escrimeuse n'eut d'autres choix que de profiter de la vue, rouge aux joues.
Autour d'eux, la foule appréciait la musique en évitant toutefois de trop s'emporter. Bien que n'étant pas de grande taille, Pride parvenait à voir les Prismriver en utilisant un discret petit bras d'ombre orné d'un œil violet à pupille en amande. L'attention portée par le public au concert était trop forte pour que quelqu'un remarque ce détail. Enfin étant à Gensokyo, cela n'était pas quelque-chose d'incroyable.

- Mh… Euh… Ahah, ça fait… Combien de temps que… Qu'on est là ?
La voix de Yukari était pâteuse et elle avait eu du mal à prononcer sa phrase. La bonne dizaine de bouteilles d'alcool vides autour de la table expliquaient cela. Son adversaire était exactement dans le même état qu'elle et sortit sa montre à gousset dorée d'une poche de son manteau blanc.
- Et bien… Si ce que je vois est toujours… La grande aiguille… Alors cela… Ahem… Cela fait une heure et quart.
Yukari étouffa un bâillement et regarda la bouteille rescapée trônant fièrement au milieu de la table rectangulaire. Le Voyageur suivit son regard et exprima sa pensée, après avoir rangé la montre.
- On va dire… Egalité pour ce soir, fit-il.
- Comme… Toujours, rétorqua la yôkai.
Elle laissa échapper un petit rire.
- Evidemment, si nous réglons ça par les spellcards… Nous connaissons déjà la gagnante, lança-t-elle.
- C'est pourquoi je préfère… Le poker, rétorqua le Voyageur.
Les deux amis attendirent un peu, regardant ceux qui passaient dans la rue.
- Il y a bien du monde… Qu'on ne voit jamais, lança la yôkai millénaire.
- Cette histoire n'est pas encore la leur mais cela ne les empêche pas d'exister tout de même…
- Hé… T'as pas le droit de faire des phrases aussi longues en étant… Bourré, protesta la femme en riant un peu.
Le Voyageur sourit avant que son amie ne reprenne la parole.
- Enfin, si la frontière entre les histoires s'affaiblit juste pour ce soir… Ton espace-temps risque de ne pas aimer quand même. Parce que niveau… Cohérence… C'est moyen.
- Hey, si je n'ai pas le droit au phrases longues, alors toi non plus ! râla l'homme vêtu de blanc.
- Je fais c'que je veux !
- Et puis pour pas mal de ces personnes… C'est de ta faute si elles sont là.
Yukari mit ses mains sur ses oreilles et ferma les yeux.
- J'entends pas ! J'entends pas ! Lalalalalalaaaaah ♪
Le rire emporta à nouveau les deux camarades de beuverie. Cela faisait bien longtemps que ce genre d'événement n'avait pas eu lieu. Mais d'habitude, il y avait si longtemps, une troisième personne se joignait à eux, du moins si sa fille dormait à poings fermés…
A nouveau, Yukari étouffa un bâillement et fut suivie de près par le Voyageur.
- Je crois que… La soirée s'arrête là, affirma la yôkai.
L'homme à la canne opina.
- Il vaut mieux, ou je ne donne pas cher de notre état à la fin…
S'aidant de sa canne, le Voyageur se leva en grimaçant. Sa hanche gauche l'élançait à nouveau et, comme toujours, n'y allait pas avec le dos de la cuillère.
- Un problème ? s'enquit Yukari en se levant également.
- Non, rien… Juste une… Vieille blessure qui ne veut pas disparaître, indiqua l'homme en passant sa main droite, toujours gantée comme la main gauche, à l'endroit de sa douleur.
Il fit quelques pas difficiles en boitant.
- My, my, tu as vraiment l'air d'un vieillard ainsi… Ça ira ? s'inquiéta Yukari.
Elle voulut approcher pour le soutenir mais, d'un geste de sa main libre, le Voyageur lui indiqua qu'il allait s'en passer.
- Ça ira, ça ira… Ne t'inquiètes pas.
- Je n'ai aucune raison de m'inquiéter pour une personne qui disparaît pendant quinze ans sans dire au revoir, rétorqua la yôkai.
Le blessé se garda de répondre, aussi Yukari n'insista pas. Un gap se forma derrière elle alors qu'elle saluait son ami. Elle se laissa ensuite tomber en arrière et disparut avec la faille noire remplie d'yeux qui se referma.
Quant au Voyageur, il marcha un peu en boitant, montrant la véritable utilité de sa canne, et ressortit sa montre à gousset avant de disparaître subitement.
Comme s'il n'avait jamais existé.

Plus loin, une demi-fantôme regagnait le sol, portée doucement par plusieurs fins bras en deux dimensions formés d'ombre. La foule était moins dense qu'auparavant et le concert s'achevait doucement.
- Et voilà, commenta l'Orgueil.
Il ne l'avait pas montré mais sentir le poids de Youmu pendant plus d'une heure avait été fatigant. Mais c'était surtout ses nerfs qui en avaient pris un coup. Il avait ressentit une surprenante jubilation qu'il ne parvenait pas à expliquer.
La jardinière du Royaume des Morts n'en menait pas large. Heureusement, la musique lui avait permis d'outrepasser sa gêne écrasante. Elle voulait trouver quelque-chose à dire mais ne parvenait pas à formuler une phrase correcte.

(♪) Une douce brise soufflait depuis une poignée de minutes, abaissant la température nocturne. Pride leva la tête vers le ciel et fut quelques instants captivé par la myriade de lumières minuscules qui y brillaient. Youmu leva également les yeux, ayant reprit contenance.
- Tu sais… Regarder les étoiles lorsque les cerisiers du Royaume des Morts sont en fleur, au printemps est… Très beau, affirma-t-elle.
L'Orgueil baissa le menton pour reporter son attention sur l'escrimeuse.
- Vraiment ? Dans ce cas, nous irons les voir, ensemble.
Youmu sourit et hocha la tête.
- D'accord !
Cette perspective l'emplissait visiblement de joie et, bien qu'il ne le montre pas, Pride n'était pas en reste.
Mais… Hé, oh, pourquoi ? Toute cette soirée, ce comportement… L'Ombre ne se reconnaissait plus. Pourquoi agissait-il ainsi ?
Youmu se frotta les bras, commençant à avoir froid.
- Mh… Il commence à se faire tard… Dame Yuyuko est certainement déjà rentrée… fit-elle sans grande conviction.
- Je vois. Je t'accompagne jusqu'à la sortie du village ? Vu qu'un gland suprême a encore des trucs à faire ici.
La phrase en pensée était assassine mais Réo n'en tint pas rigueur. Youmu accepta la proposition et ce fut avec Pride qu'elle s'éloigna. Il leur fallut une dizaine de minutes pour atteindre l'orée du village, ne s'étant pas pressés non plus.
Une fois à destination, l'Orgueil laissa échapper un discret soupir. Il ne voulait pas se l'avouer mais… Il ne voulait pas qu'elle parte.
Aaaah, mais à quoi pensait-il ?
- Et bien, il est l'heure, annonça Youmu.
- On dirait bien, marmonna le maître des ombres.
L'escrimeuse serra sa peluche contre elle, mal à l'aise.
- Pride… J'ai passé une… Une excellente soirée… Alors, merci.
Elle s'inclina bien bas, légèrement rouge.
- Si tu comptes me remercier ainsi, t'as pas fini. Mais je dois avouer que c'était… Une très jolie soirée. Merci à toi, Youmu, répondit Pride en s'inclinant, finalement, lui aussi.
La jardinière se mordit la lèvre inférieure. Elle non plus n'avait pas envie de partir mais… Il le fallait. Et puis, pourquoi ce sentait-elle si fébrile ? Elle tremblait… Il ne faisait pas si froid, quand même.
Troublé, Youmu commença à s'éloigner, sous le regard mauve de l'Orgueil. Il se rendit alors compte de quelque-chose.
- Au fait, Youmu ! l'appela-t-il.
La demi-fantôme se stoppa et se retourna. Pride toussota, maintenant plus très sûr de lui. Mais pourquoi l'avait-il appelée ? Quel idiot… Raah, tant pis.
- Je l'ai pas dis mais… Euh… Tu… Ahem… Tu es vraiment… Magnifique… Comme ça…
Pride baissa la tête, plus que gêné. Il avait un peu rougit mais ce n'était rien comparé à Youmu qui égalait une tomate en colère. Sauf que c'était une autre émotion qu'elle ressentait. Enfin, plus exactement un cocktail d'émotions qui accentua ses tremblements. Paniquée, elle chercha ses mots avec peine.
- Mer… Merci… Pride… Et… Euh… Tu… Tu n'es… Pas… Pas mal… Non plus…
A peine ses mots prononcés, Youmu rougit encore plus, si cela était seulement possible, et s'enfuit littéralement à toute jambe. La réplique laissa Pride pantois et certainement au bord de la rupture d'anévrisme.
Ce genre de soirées était bien plus dangereux qu'il n'y paraissait.

(♪) L'Orgueil resta sans bouger, vide d'émotions et de pensées pendant bien cinq minutes. Fort heureusement, personne ne le vit dans cet état qui aurait mis en pièces toute crédibilité dont il pouvait éventuellement disposer.
Sortant de son immobilisme à la fois de corps et d'esprit, Pride toussota, comme pour reprendre contenance. Il valait mieux se dire qu'il ne s'était rien passé.
Voilà. Rien passé du tout. Mais dans ce cas, pourquoi se sentait-il si… Vide ? Et puis, pourquoi pensait-il irrémédiablement à Youmu et à cette superbe soirée ? Et d'abord, POURQUOI cette soirée était-elle superbe ?
A nouveau en fonctionnement, l'esprit de Pride était soumis à un maëlstrom d'émotions et sentiments contradictoires. Il ne comprenait pas, il ne comprenait vraiment pas. Cela l'agitait tellement qu'il se prit la tête dans les mains, sentant une migraine poindre.
- Raaah, stoop… Je suis Pride… Je suis l'Orgueil… Ce genre de conneries… N'est pas pour moi…
La migraine crût et força l'Ombre à poser un genou à terre. Des gouttes de transpiration perlaient de son visage crispé sous la douleur. Il… Il se sentait… Perdu…
Mais il n'y avait pas à l'être ! C'est simple ! Il savait ce qu'il était, d'où il venait ! Une Ombre, l'Obscurité d'un être… Mais… Mais alors… Pourquoi…
Malgré la noirceur de la nuit amie qui, normalement, aurait dû le calmer, Pride n'arrivait pas à s'arrêter. Le vent charriait plusieurs feuilles mortes alors que la douleur augmentait encore dans le crâne de l'Ombre.
- Merde… Je suis Pride ! Je n'ai pas de questions à me poser ! Je… Je… Raaaah !
Il avait beau dire, il n'y tenait plus. Il avait l'impression que son cerveau allait fondre. A croire qu'il se détruisait.
Et si c'était cela ? Avec cette soirée… Pride… Etait-il toujours Pride ? L'Orgueil se serait-il vraiment comporté de cette manière ? Wait, non… Stop… STOP !
Mâchoires serrées, l'être vêtu de noir ne se retenait qu'à grand peine de hurler de douleur. Réo ne disait rien et n'était, de toute façon, pas disponible. Et quel importance ? Il n'avait besoin de personne !

Enfin… En y réfléchissant… Non ! C'est stupide ! Je… Je n'ai besoin… De personne ! Merde, ça fait si mal… Et depuis quand je me soucie de la douleur ? Purée, je suis Pride ! Je suis l'Orgueil ! Je suis…
Je suis…
Est-ce que l'Orgueil incarné se poserait tant de questions ? C'est… Ce… Ce que je ressens… Ces niaiseries ne sont pas pour moi… Je… Je sais d'où je viens… J'ai mon chemin… Je suis… Je…
Merde !
Je suis… Hey… Au fond…

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