Cet écrit ne vient pas de moi. Elle vient d'un ancien membre du forum, j'ai nommé Ookamiko. Merci de prendre en compte que c'est son écrit et non le mien. Bonne lecture.
Je sais que ce n'est pas une fan-fiction de touhou et je m'en excuse. Cependant j'écris un livre pour le moment et j'aimerais le partager sur ce forum. Alors voici^^
Ma vie n’a vraiment rien d’extraordinaire : j’ai passé mes études secondaires dans une école banale, avec des camarades de classes banaux, vécu une histoire d’amour banale avec une fin toute aussi banale… bref ma vie n’a rien d’un roman. Pourtant tout a changé avec la rentrée en université. Au départ on se dit : « ouais c’est juste un enseignement comme un autre sauf qu’on est plus libre. Rien de plus, rien de moins. » Et c’est vrai pour la plupart des cas…mais pas le mien.
Tout a vraiment débuté aux cours préparatoires. Ces cours servant à remettre à niveau toute personne se sentant insuffisamment préparée pour entamait des études universitaires n’étaient pour moi qu’un moyen de faire connaissance avec les lieux et les gens avec qui j’allais passer mes trois prochaines années. Une manière de bien rentrer dans la matière quoi.
Nous voici donc le premier jour à chercher l’accueil pour savoir où se situe le premier cours. Sur la rue principale j’aperçois un bâtiment qui appartient à l’université. J’entre et me dirige vers le guichet.
-Excusez-moi monsieur. C’est bien ici pour l’accueil des cours préparatoires ?
-Non tu dois aller vers la droite en sortant. L’accueil se fait dans le bâtiment un peu plus bas.
-Merci beaucoup.
À croire que je ne suis pas le seul à m’être trompé car, à peine je me suis retourné, que je vois quelqu’un qui sort juste avant moi. Je me dépêche de le rattraper Peut-être est-ce aussi un élève.
-Excuse-moi, mais tu viens aussi pour les cours prépa ?
-Oui
En voilà un qui est tout aussi banal que ma vie. À peu près aussi grand que moi il porte un simple t-shirt gris clair, jeans normal, chaussures toutes aussi normales. Ses cheveux, un peu ébouriffés par endroit, comme s’il venait juste de sortir d’une sieste, était d’un brun mat. Ses yeux bleus ne laissaient rien transparaître quant à sa personnalité.
En pleine méditation sur ce nouveau compagnon, je marchais d’un bon pas en direction de l’accueil. Bien sûr une fois arrivé tout a été vite fait, bien fait : bonjour madame ; pour les cours prépa voici l’horaire ; merci beaucoup, bonne journée ; également.
-Tu es dans quels option toi ?
-En Math physique, lui répondit-je précipitamment
-Tient ça tombe bien moi aussi. Au fait c’est quoi ton prénom ?
-A c’est vrai on ne s’est pas présenté. Je m’appelle Thomas. Et toi ?
-Pierre.
Nous voilà donc Pierre et moi en train de nous diriger vers le lieu de notre premier cours. La ville parait grande mais en fait, tout est fort centralisé pour ce qui est de l’université. La grande rue donne sur les deux centres d’accueil et à chaque croisement on débouche presque toujours sur une faculté. D’abord celle de biologie avec sa grande porte en bois massif. Plus bas de ce croisement nous arrivons sur la place du palais de justice où se trouve la faculté de médecine. Un peu plus loin on a une autre rue perpendiculaire où siège la faculté de philosophie et celle des sciences. L’une en face de l’autre comme un contraste entre l’abstrait et le concret.
La rue qui nous intéresse et la dernière à faire jonction avec la grande rue. La faculté de mathématique et celle de sciences économiques forme un seul et même bloc juste en face d’un sublime parc. Celui-ci est très spacieux et comporte plusieurs bancs et un lac en son centre. Je crois que c’est le cadre idéal pour les étudiants qui cherche un lieu calme pour se reposer ou, pour les plus aguerris, d’étudier entourés de verdure.
Après avoir franchi le seuil de la porte nous débouchons dans une pièce spacieuse avec un ascenseur au fond et des escaliers qui l’entourent.
-Notre classe est au deuxième. Et si nous prenions l’ascenseur pour voir ?
Aussitôt a-t-il terminé sa phrase, que Pierre s’empresse d’appeler l’ascenseur qui nous mène sans plus attendre au deuxième étage. Surprise une fois que les portes s’ouvrent, à ne pas mentir je crois qu’une bonne dizaine de paires d’yeux s’empressent de regarder dans notre direction. Après un bref bonjour, nous nous empressons de trouver une place où nous mettre sans déranger ce petit monde. Pierre se penche alors vers moi et me murmure à l’oreille :
- Je ne voudrais pas dire, mais on dirait presque une secte ici.
En effet, nous étions tous là à attendre patiemment que le cours commence et tout cela dans un profond silence que seul quelque passant venait troubler. Que je hais ces silences où chacun soupèse le caractère de tous ceux qui l’entoure. Rien n’a été dit entre nous mais ce silence était reconnu par chacun comme sacré. Ce sont ceux qui ne se brisent par personne car tous savent que la première personne qui le fera, sera fichée comme l’imbécile de service.
Nous sommes tous restés un long moment dans cet air oppressant avant qu’un professeur, que l’on attendait même plus, arrive. Grand, lunette, costume et cravate, tous les ingrédients qu’on peut se faire d’un enseignant universitaire. Le genre de personne qui donne l’impression d’être un peu simplet mais qui cache en fait un grand savoir qu’il ne dévoile qu’à quelques élus. Pour lui, en ce moment même, ce sont nous les élus, ceux qui devront faire leurs preuves pour montrer qu’ils sont capable de subir un enseignement par le feu et la glace.
-Pour les cours préparatoires en math physique, ça se passera dans la salle de conférence. Si vous voulez bien entrer et vous installer s’il vous plaît.
-On va faire les grandes racailles, me proposa Pierre, on va se mettre dans le fond. D’accord ?
Après s’être installés, deux autres profs rentrèrent dans la classe. La femme était un peu petite et devait avoir dans la fin de la trentaine. Elle avait un petit sourire malicieux quand elle nous regardait. A l’inverse, l’homme qui l’accompagnait était d’une stature plus imposante…dans tous les sens du terme. Il était presque aussi grand que large.
Ce fut la femme qui prit la parole la première :
-Alors d’abord bonjour à tous. Nous vous souhaitons, mes collègues et moi-même, à tous, la bienvenue dans notre établissement. Nous allons vous parlez des spécifi…
J’ai décroché à ce moment-là. La suite je vous la résume en gros. Alors voici les aides apportés aux étudiants, comment se gère les cours, où nous trouver, qui nous sommes, et tout le blabla qui sert de pub quoi. Je n’ai pas vraiment besoin de vous faire un dessin.
Je vaguais donc à la rêverie pendant que ce discourt continué. Franchement qu’est-ce qu’il y avait de plus entre l’enseignement supérieur et universitaire ? Je vais encore me retrouver avec des personnes normales dans un cadre normal d’enseignement. Puis à la fin des études, nous allons chacun partir de notre côté, faire chacun notre vie banale en se remémorant les années passées comme les plus belles de notre existence. Rien de bien formidable en perspective.
Pourtant dans ce discourt qui pour moi était cent fois répété chaque année, il y avait comme quelque chose qui clochait. Comme-ci elle divulguait quelque chose de très important, de caché, que je ne savais pas décrypter. Ce qu’elle disait n’avait rien de banal. Je ne le savais pas encore mais je le présentais, ce discourt était un clin d’œil sur l’année à venir.
-…et j’aimerais terminer sur le fait que vous apprendrez, au cours de cette année, à connaitre le fond de chacun. Bonne découverte et je vous souhaite encore une bonne année.
Bah la suite ne mérite pas vraiment de s’attarder. Une semaine passée à faire la connaissance de presque chaque camarades : Florence, Pauline, Charlotte, Elodie, Fanny, Florine, Héloïse, Samuel, Valentin dit le Goff, un autre Valentin, Adrien, Pierre depuis le premier jour, Florent, Julien, Lukas (un germanophone qui vient étudié de ce côté-ci), et bien d’autre dont les prénoms me font défaut.
Il y a eu aussi des moments de délires entre nous pendant la classe ou après. Des cours plus ou moins chiant, plus ou moins durs, plus ou moins intéressants. Puis le cadre de la ville qui ne laisse pas indifférent non plus quand on débarque de la campagne.
Après la première semaine est venu le week-end où chacun a pu retrouver sa famille avec plein d’anecdotes à raconter : comment est l’école, comment sont les cours, si on s’ennuie pas trop,…
Puis la deuxième semaine qui s’annonce avec les mêmes péripéties que la première. Et à la fin de celle-ci, l’obligation de se dire au revoir pour un plus long moment. Là encore chacun a vaqué à ses occupations en gardant un contact plus ou moins fort avec les amis nouvellement fait. Puis certains ont pu se reposer et profiter de quelques jours de vacances supplémentaires. D’autre ont préféré travailler que de se la couler douce.
En bref, chacun est retourné à son train-train quotidien avec ses surprises, ses joies et ses pleurs en attendant impatiemment le 15 septembre.
Aujourd’hui il fait relativement beau pour un matin de mi-septembre. Le vent est frais mais léger et les nuages viennent troublés de temps à autre les rayons du soleil. Je marchais tranquillement en direction de la faculté de mathématique et me remémorant les noms de chaque personne que j’allais retrouver.
-Je me demande s’ils sont déjà là ou s’ils viendront plus tard.
Avant de rentrer dans le bâtiment, je regarde ma montre. Six heures trente, soit presque une demi-heure d’avance. Plutôt que d’attendre dans une salle fermée, je préfère faire un petit détour par le parc pour profiter encore de cette belle matinée.
Il n’y avait personne dans ce petit parc à cette heure-ci. J’allais donc m’installer sur un banc pas trop loin et je commençais à regarder le jeu de plusieurs canards qui barbotaient dans le lac. Je me reposais tranquillement quand tout à coup quelqu’un mit ses mains devant mes yeux.
-Devine qui c’est ? Me questionna la nouvelle arrivante.
C’était une voix douce et mélodieuse qui ne laisse pas un homme de marbre. Je l’avais déjà entendu auparavant et je savais que celle qui se trouvait derrière moi était une personne de ma classe mais, même en sachant cela, je ne savais plus dire à qui appartenait cette voix.
-Euh ! Je passe mon tour on va dire.
-Allez Thomas. Ne me dit pas que tu m’as déjà oubliée.
-T’oublier, peut-être pas, mais reconnaitre ta voix si.
-T’es vraiment pas drôle.
Elle me lâchât et je pus me retourner. Celle qui se trouvait derrière moi était en fait Florine. Ses longs cheveux châtains clairs étaient laissé libres sur ses épaules. Elle portait un jeans bleu avec un pull blanc sous lequel on pouvait apercevoir un t-shirt mauve. Elle me souriait d’un air espiègle pour me donner l’impression qu’elle était fâchée. Mais dans ses yeux on pouvait voir un peu de curiosité à mon égard ce qui ne manqua pas de me faire tressaillir.
-Ça y est. Tu sais qui c’est maintenant ?
-Bonjour Florine. Comment vas-tu ?
Nous marchions tranquillement le long du lac en nous racontant les histoires que nous avions vécu pendant les presque deux semaines où nous étions chez nous. Je la voyais en train me décrire sans grande joie les évènements qu’elle avait vécus. On ressentait très bien qu’elle souhaitait me faire part de quelque chose mais qu’elle attendait le bon moment pour me le dire.
Cependant ça n’a pas tardé car elle avait aussitôt terminé sa dernière phrase qu’elle m’invita à la suivre dans un endroit un peu reculé. Je me demandais ce qu’elle avait de si important à me dire au point que nous devions nous cacher pour parler. Pourtant la première question qu’elle me posa me pris au dépourvu :
-Tu es de quelle famille toi ?
-Ben…mon père était un Dutrieux et ma mère une Pollet, lui répondit-je sans trop comprendre. Pourquoi ?
-Mais non ce n’est pas cela que je demande.
Elle m’avait répondu en riant au éclat comme-ci je venais de lui raconter la pire ânerie du moment. Cependant elle s’arrêta quand elle remarqua que je ne voyais vraiment pas où elle voulait en venir.
-Bon je pense que je n’ai pas le choix, me dit-elle. Par mesure de politesse il vaut mieux se présenter avant de demander à son interlocuteur.
Je ne comprends toujours pas ce qui se passa ensuite. Une profonde lumière verte entoura Florine. Cela ne dura que quelques secondes puis cella s’atténua et une petite créature sortie du halo. Elle possédait de longues et fines ailes qui brillaient à la douce lumière du soleil. Ses cheveux blonds aux reflets d’ors encadraient le visage fin d’une poupée. Ses yeux d’un vert lumineux semblaient sonder votre cœur en un instant. Elle portait pour seul vêtement une belle robe d’un ton pourpre tirant légèrement vers le rose. Elle se tourna vers moi et me sourit paisiblement.
-Maintenant que je me suis présentée, tu peux toi aussi me dévoiler ta nature.
J’étais estomaqué devant cette apparition. Je ne savais même plus quoi penser : était-ce Florine ? C’est un tour de magie ? Ou alors une caméra cachée ? C’est dans ces réflexions que quelqu’un d’autre arriva. Le nouvel arrivant ne semblait pas du tout choqué de voir une fée devant lui, d’ailleurs il s’adressa à celle-ci tout naturellement.
-Ah c’est toi Florine. J’avais senti une onde en passant par ici et j’avais envie de voir d’où cela provenait.
-Salut Florent. Oui je me présentais en bonnes et dues formes à Thomas pour connaître sa famille.
J’étais tellement troublé que je ne l’avais pas reconnu mais la fée -qui n‘était autre que Florine- avait belle et bien raison, c’était Florent qui venait de nous rejoindre. C’est un garçon assez imposant par sa stature avec des cheveux « à la couleur des cimes des arbres grecs » comme il le dit si bien. Il porte des lunettes rectangulaires et on peut entr’apercevoir ses muscles bien formés sous son polo. Le genre de gars que tu croise dans la rue et que tu ne préfères pas te mesuré à lui en fait.
Cependant il y avait quelque chose d’étrange avec lui aujourd’hui. Il rentra complètement dans le petit coin que nous avions trouvé et je compris pourquoi j’avais cette impression. Derrière lui, il y avait un gros rocher qui devait bien faire quinze fois sa taille accroché à son dos. La fée laissa échapper un petit rire et s’adressa à Florent :
-Je vois que tu fais ta petite course matinale. Tu ne changeras pas.
-Oui je profite qu’il n’y a personne pour m’entrainer dans le parc. Et toi Thomas qu’est… Thomas, ça ne va pas ? Tu es tout blanc.
Je me sentais de moins en moins bien et tout à coup le ciel, les arbres, la terre,…tout se mit à tourner autour de moi. Trop, il y avait trop de truc étrange qui se déroulait autour de moi si bien que je tombais dans les pommes sous le choc.
-Mais où suis-je ? Fut la dernière pensé qui me traversa la tête avant qu’elle n’heurte le sol.
Il faisait beau, le ciel était d’un bleu profond et aucun nuage ne venait troubler sa quiétude. J’étais assis sur la souche d’un arbre, au milieu d’une clairière. Le vent était frais et doux en ce lieu et, avec lui, venait la clameur des oiseaux qui chantaient leur gaieté face à un tel paysage serein. Juste à côté de moi se tenait une belle jeune fille aux yeux d’un bleu si profond et si pur que l’on aurait pu plonger à leur rencontre quand on les contemplait. Elle avait posé sa tête sur mon épaule et j’humais la bonne odeur que ses cheveux au reflet du soleil me faisaient parvenir.
Tout semblait parfait dans ce paysage de rêve et j’aurais pu rester comme ça, près d’elle, une éternité. Pourtant, une blessure profonde de mon cœur venait entacher ce bonheur. Un lourd secret trop longtemps garder au plus profond de mon être m’empêchait de répondre entièrement à tous projets qu’elle aurait pu entrevoir avec moi. C’est d’ailleurs pour mettre fin à cette souffrance qui me rongeait que je l’avais fait venir jusqu’ici.
Dans un dernier combat avec moi-même, je pris mon courage à deux main et lui déboulait d’une traite :
-Alice, je sais que tu souhaites faire ta vie avec moi et je veux te dire que je le souhaite autant que toi, mais j’ai bien peur que ce ne soit impossible.
Elle redressa son visage pour pouvoir me regarder. On pouvait y lire la crainte de ce qui allait suivre.
-Je souhaite qu’on ne se revoie plus et qu’on vive chacun en l’absence de l’autre.
Son visage se figea instantanément et des larmes commençaient à perler au niveau de ses yeux. Elle souhaitait dire quelque chose mais je la devançais rapidement :
-Je préfère qu’on ne dise rien, qu’après s’être dit au revoir chacun de nous parte de son côté refaire sa vie. Mais ce que je veux surtout, c’est que tu m’oublies à jamais.
C’était beaucoup trop pour elle. Elle s’effondra sur moi et commença à pleurer à chaudes larmes. J’essayais tant bien que mal de la consoler mais rien à faire.
-Je sais qu’il te sera difficile de me croire mais si je fais ça c’est pour ton bonheur. Tu mérites de trouver quelqu’un de beaucoup mieux que moi, quelqu’un avec qui tu vivras ta vie pleinement et qui te fera sourire à chaque instant. Ce bonheur-là ne te sera pas permis si nous vivons ensemble et ça me fait aussi mal qu’à toi.
Après de longues minutes à chercher le moyen de la calmer, elle se releva, m’embrassa pour la dernière fois et partit.
Pour moi aussi il y avait beaucoup trop de choses qui s’étaient passées en si peu de temps. Me sachant maintenant seul, je relâchais donc ma dureté et je me mis à pleurer de rage et, comme-ci le ciel était aussi bouleversé de ce drame, il se mit soudain à pleuvoir.
Toute la souffrance que j’avais jusqu’alors retenu se déchaina en une fois. Mes ailes noires, symbole de mon clan, déchiraient mon dos et sortirent à la lumière du jour. Dans un dernier élan de colère, je me propulsais vers les nuages pour me dirigeais ensuite là où le vent me portera.
-Il a l’air de revenir à lui.
J’entendais des voix tout autour de moi mais pas moyen de savoir avec exactitude à qui elles appartenaient. Désireux d’en savoir plus, j’entrouvris les yeux pour voir à qui j’avais affaire mais ma vision était trouble. Je ne pouvais apercevoir qu’une dizaine de silhouettes amassées autour de moi.
Petit à petit je commençais à reprendre la conscience des couleurs et enfin des formes. Quelle fut ma surprise de me rendre compte que c’était une grosse partie de la classe qui m’entourait. C’est alors que la Florine-fée s’approcha de moi avec l’air le plus inquiet du monde.
-Ça va mieux Thomas. Tu as fait une mauvaise chute tu sais.
-T’approche pas de moi.
J’étais vraiment terrorisé par cette…chose… enfin ce petit corps qui voletait partout.
-Mais qu’est que tu es à la fin ?
-C’est plutôt direct de demander à une personne ce qu’elle est.
C’était Florence qui venait juste de parler. C’est une belle jeune fille avec les cheveux châtain foncés plaqué sur un visage, que l’on aurait pu croire sortit d’un roman. D’ailleurs les vêtements qu’elle portait en ce moment étaient loin d’être naturels eux aussi. On aurait dit une très ancienne robe de sorcière au ton bleu et noir tout droit sortis d’un film médiévalo-fantastique.
Je ne l’avais pas vue jusque-là mais depuis le début elle avait une main étrangement halée d’une lumière verdâtre au-dessus de mon torse, un livre dans son autre main. Elle avait vraiment l’air en colère de mon comportement envers Florine.
-En quel droit te permets-tu de nous traiter comme des choses autres que des êtres humains, juste parce que nous sommes différents de ce que tu as l’habitude de concevoir ?
-Tu ne vas pas me dire que c’est humain d’être aussi petit et de voler partout comme elle le fait ?
-Et si elle ne t’avait jamais montré ce à quoi elle ressemblait vraiment, tu l’aurais considéré comme une humaine ou comme une créature ? Respecte les gens comme ils sont réellement sans pour autant changer la perception que tu leur accordes s’ils ne s’étaient pas révélés à toi. La nature d’un être ne change en rien la perception que tu peux en avoir, puisque nous entrevoyons toujours le fond intérieur des êtres qui nous entourent, sans tenir compte des barrières physiques que le monde matériel dresse pour nous leurrer. La Florine que tu as connue jusqu’ici n’est en rien différente de ce que tu peux en voir aujourd’hui, seul ta perception sensorielle en est changée. Apprend à écouter les cœurs des gens avant de les juger par tes yeux.
-Ce que Florence essaie de te dire à sa manière, c’est que tous ceux qui sont réunis dans cette pièce ne sont pas ce que le premier regard peut laisser croire et que c’est plutôt dur de se faire traiter comme différents des autres alors que l’on vit dans la même société.
Je me tournais pour voir qui venait de parler. Ce n’était autre que Samuel. Un garçon que l’on peut dire qu’il est du genre à s’accommoder avec tout le monde, le genre qui n’aime pas rester en retrait quoi. Haut d’un bon mètre quatre-vingts, les cheveux bruns foncés, il portait un ensemble sombre qui donnait lieu à des tons pourpres à l’intérieur.
Il me fallut un petit moment de réflexion avant que ses paroles ne m’heurtent vraiment. Je regardais dans toutes les directions pour connaitre qui étaient ici.
-Tu veux dire que tous ceux qui sont ici sont en fait des êtres surnaturels ?
-Surnaturels ? Loin de là, la preuve c’est que nous sommes naturellement là non ? Je dirais plutôt des êtres que l’on peut qualifier de surnaturels. Mais oui, c’est l’idée en effet.
-Mais pourquoi me le dire à moi ?
-Tu as certainement dus mal m’écouter. Je parlais de tous ceux qui sont réunis dans cette pièce. Même de toi.
-Comment ça ?
Florine voleta jusqu’à atteindre mon visage.
-Si je me suis présentée à toi ce matin, c’est parce que j’avais ressenti une aura magique émanant de toi.
-En reconnaissance magique, Florine est la plus forte, enchaina Samuel. C’est d’ailleurs grâce à elle que nous savons qui dans la classe est différents des hommes ordinaires. Elle est venue se présenter à chacun de nous et nous a tous réunis ici même, lors des cours préparatoires.
-J’allais d’ailleurs faire de même pour toi mais tu as eu un malaise avant que je ne puisse te demander de nous rejoindre.
Je n’en croyais toujours pas mes oreilles. En quelques mots, on vient juste de détruire des années de penser conçu par ma perception, du réalisme que nous inculque le bon sens, bref, toutes les fondations que je connaissais du monde, pour m’apprendre qu’il existe des êtres surnaturels tout autour de nous et que personne ne s’en rend compte. Mais le plus effrayant, c’est le fait qu’on me dise que je fais aussi partit de ce monde caché. Mais alors, comment se fait-il que je n’en savais rien moi-même ? Je m’empressais de leur poser cette question mais hélas, personne ne put me répondre.
-Dans ce cas, comment êtes-vous sûr que je suis bien comme vous ? Après tout, je connais très bien ma vie et elle a tout ce qu’on pourrait qualifier de banal. Pas d’éléments étranges ou surnaturels.
Florine se concentra alors longuement en s’approchant de mon visage et psalmodia dans une langue que je ne comprenais pas. Arrivée à bonne distance, elle mit sa main sur mon front et une lueur bleue commença à émaner légèrement d’elle. Une fois la lumière dissipée, elle rouvrit les yeux et lança :
¬-Je ne me trompe pas, il y a bien une aura magique en lui.
-Mais alors dite moi enfin pourquoi je n’ai aucuns souvenirs qui confirment ce que vous avancez ?
-C’est étrange en effet, soupira Florence.
-J’en connais peut-être la cause.
La voix venait du fond de la salle. Tranquillement assise sur un trône, Elodie observait la salle d’un regard des plus neutres.
C’est une fille plutôt réservée, mais qui s’accommode, comme Samuel, avec tout le monde. Elle a les cheveux châtains et porte des lunettes qui font ressortir ses yeux amandes. Elle portait de longs habits amples couleur émeraude et un diadème cerclait son front.
En y repensant, tout le monde portait des vêtements tout droit sorti du musée médiéval du coin. C’était d’ailleurs assez drôle de contempler cette ribambelle de tons et de couleurs. En tous les cas, il fallait vraiment se trouver dans une pièce comme celle-ci, en petit comité, pour les voir habillés de la sorte parce que, s’ils s’étaient promenés comme ça en rue, on aurait plus facilement accepté le fait qu’il n’était pas comme tout le monde.
-D’ailleurs je ne vois qu’un seul cas possible à cette situation. Ta famille a décidé de ne pas te révéler ta vraie nature. C’est aussi simple que cela. Maintenant peu importe la raison, il faut que tu te fasses à l’idée que tu appartiens à une des antiques familles qui peuplent noblement ce monde depuis la nuit des temps. Sois fier de ton héritage.
-Tu me demandes d’être fier de quelque chose qui me dépasse complètement ? Ce n’est pas possible, je ne peux pas me faire à l’idée que je suis comme vous.
J’étais littéralement hors de moi. De quel droit pouvaient-ils me dire ce que j’étais. Et de plus me demander d’en être fier. Il me fallait sortir de cette pièce au plus vite avant qu’ils essaient de me convaincre.
J’avais, depuis un long moment, bien observé chaque recoin de la salle et j’avais entrevue une espèce de sortit au fond. Ni plus ni moins, je couru vers cet échappatoire. J’ai juste eu le temps de les voir médusés avant de refermer violement la porte derrière moi.
Je me trouvais dans un sous-bois proche de la citadelle. Dans mon empressement e tne sachant pas avec certitude de l’endroit où je me situais, je décidais d’atteindre son sommet pour me repérer. Après une dizaines de minutes de course effrénée, j’arrivais à destination. Là, la vue sur la ville était impressionnante. Je profitais donc de ce cadre calme pour me permettre de me reprendre et de faire le point.
Je réfléchissais longuement à tout ce que je venais d’apprendre et j’essayais vainement de me convaincre que ce n’était qu’un rêve, qu’une illusion issue de mon esprit fourbu de la platitude du quotidien. Cependant une part de moi criait d’y croire et je ne pouvais pas décemment fuir la réalité des faits. Je ne rêvais pas et j’en étais certain.
-Comment se fait-il que je n’ai aucun souvenir de ma nature s’il m’affirme que je suis comme eux ? Je n’ose pas croire qu’on m’ait mentit jusqu’ici.
-Tu n’as pas à le croire, personne n’a jamais mentit sur ton compte.
Surpris d’entendre cette voix me répondre, alors que je me croyais seul jusqu’ici, je me retournais pour voir qui en était à l’origine.
Non loin de moi, sur le rebord du ravin qui séparait le sommet de la citadelle de la ville, se trouvait une sublime jeune fille. Les cheveux d’un noir d’encre et les yeux de jais contrastés magnifiquement avec les couleurs que la ville pouvait nous faire parvenir. Elle portait des vêtements qui, après tout ce que je venais de voir, me paraissait banal. Mais il se dégageait d’elle une étrange force que je ne pouvais décrire, et, pour une raison que j’ignorée, elle me paraissait familière.
-Qui es-tu ?
-Je vois que le sort fonctionne toujours puisque vous n’avez aucun souvenir de moi. Pourtant, et malgré tout le respect que je vous dois, il me faut le conjurer.
-Est-ce que tu vas me dire ce que tout cela signifie. Je ne sais pas qui tu es et je n’ai pas envie de rejouer avec ces histoires de magie et tout ce qui va avec.
-Ne vous inquiétez pas, vous allez tout savoir dans quelque instant.
Après qu’elle ait finie sa phrase, de longue aile noire apparurent dans son dos. Elle se dirigea vers moi avec une telle vitesse que je ne pus que ressentir le moment où elle m’attrapa et m’éleva dans les cieux. J’étais absolument terrifié. Je voyais le sol s’éloigner et l’air devint de plus en plus froid au fur et à mesure que l’on montait. Après seulement une dizaine de secondes, j’estimais à vue qu’on avait parcouru entre deux et trois kilomètres.
-Pardonnez-moi, mais c’est le seul moyen qui soit à la fois rapide et efficace pour briser le sort.
-Qu’est-ce que tu…
Je n’avais pas fini ma phrase qu’elle me lâcha. Je pus cependant entendre sa dernière phrase qu’elle adressa d’un ton rieur :
-On se retrouve en bas maître.
Impossible, je ne pouvais pas croire que ma vie s’arrêterait de cette manière. Je priais de plus belle pour me réveiller dans mon lit et pouvoir me dire que ce n’étais qu’un rêve mais rien ne se passait. C’est alors qu’une voix commença à résonner dans ma tête. Je croyais devenir fous car la voix s’accentua rapidement à tel point que je compris enfin ce qu’elle voulait que j’entende.
-Je n’ai pas le choix. Je suis obligé de refaire surface.
Chapitre 3 : Souvenirs (arrêté)
Je suis né en l’an de grâce 1139 sous le nom de Nicolaï. Ma vie fut rapidement tragique. Mes parents moururent dans le courant de ma troisième année, dans une guerre sans nom qui déchirait les hommes à cette époque de l’histoire. Je fus donc recueilli par des amis de mes parents qui m’élevèrent comme leur fils.
Puis, au fur et à mesure que les époques changeaient, les gens de mon espèce durent se cacher pour ne pas attirer l’attention des hommes. Ce fut des années de fuites incessantes et de mensonges, de persécutions et de meurtres que l’on peut définir comme l’inquisition espagnol et la chasse aux sorcières.
C’est dans ce cadre-là qu’arriva un miracle. Lors de la plus grande réunion jamais vu entre toutes les classes, les familles les plus émergentes de chacune se liguèrent pour nous créer un havre de paix. Les hommes-hérons de l’air, les sirènes de l’eau, les elfes de la terre, les dragons du feu, les vampires des ténèbres et les sorciers de la lumière mirent leurs pouvoirs en commun pour ouvrir une porte inter-dimensionnelle vers un nouveau monde où seul le peuple caché put y vivre.
La paix dura ainsi de longue année, mais un groupe, connu sous le nom d’Ore no Sekai, commença à se former et à remettre en cause le choix de fuir le monde des mortels. Il défendait que nous fussions sur Terre depuis bien plus longtemps que ces vulgaires humains et bien plus puissants. Il avait dans l’idée de retourner sur Terre et de réduire au silence ces êtres qui nous ont chassés de notre pays natal.
Plusieurs conflits internes se développèrent très rapidement, d’abord isolés à certaines provinces puis se généralisant dans tout le pays, replongeant notre espèce dans la guerre que nous venions juste d’échapper. Des millions moururent sur le champ de bataille pour défendre leurs opinions.
Dans la plus hargneuse des batailles j’étais alors dans l’armée. Le gouvernement de l’air avait décrété que chaque homme ayant atteint la majorité devait partir au front. Ma compagnie se composait exclusivement des hommes du clan des corbeaux, dont j’étais originaire, et tentait désespérément de reprendre le contrôle de la bataille.
L’ennemi était positionné dans le Temple des Elfes et retenait la famille royale en otage. Cela faisait plus de deux mois que nos troupes étaient posté en amont du Temple, cherchant à chaque assaut un moyen de renverser la tournure mais le risque que représentait l’exécution de la famille royale restait très présent, empêchant toute tentative radicale.
Personne n’aurait pu deviner comment tout cela allait finir et surtout pas de la manière dont cela s’est produit.
La nuit était silencieuse, chacun pensait à l’assaut qui avait était mené quelques heures auparavant.
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