Prélude à la fin de l'humanité

Noir.
Tout est noir. Non, en fait, ce n'est pas noir, c'est… très sombre. Opaque.
Je ne vois rien. Je suis nyctalope, et pourtant je ne vois rien. Peut être que j'ai perdu la faculté de vue…
Il y a le silence, aussi. Pas de bruit. c'en est assourdissant. Comme si… comme si je n'avais pas de tympans.

Je… En fait, je ne sais pas ou je suis.
Je ne comprends pas.

Je tente de me lever. Je ne peut… pas bouger. Mais, suis-je réellement couché?
Non.
Je ne sens pas… de sol, de chose palpable, je suis… en l'air, ou… non, je suis au sol, mais… c'est étrange. Je ne perçois rien, je ne peut même pas dire dans quelle position je suis. Assis, couché? ou sont mes bras, ou sont mes jambes?
Je ne sens pas de froid, ni de chaud, pourtant la température est insupportable. je ne sais pas comment, mais elle n'est pas bonne. Il fait trop… je ne sais pas.

Ah, ça y'est. Je sens quelque chose. Mais quoi? Vue, Ouïe? Toucher, Goût, Odorat? Thermoception, Nociception?
Je ne sais pas.
Je ne reconnais même plus cette sensation, je ne sais pas d'où elle vient.
Ah… si, je sais. Je le connais, et bien même.
Goût.
Un goût de rouille.
Un goût désagréable, et pourtant ô combien… familier, rassurant.
Oui, c'est le goût du sang, je le sais.

Au moins, cela prouve que je suis encore en possession d'un corps. Et si je pense, donc c'est que je suis encore vivant.

Je ne vois rien, mais pourtant, je comprends. Il n'y a pas… d'obscurité. C'est la lumière. une lumière si intense, qu'elle est aveuglante, je ne vois plus rien.
Pire, cette lumière… ça me… non, c'est insupportable. J'ai trop froid, j'ai trop chaud, je crève, cette lumière, ça me tue!
Je ne vois rien, je me sens mal, je perds tout mes points de repère habituels, cessez donc cette lumière!

C'est bon, je commence à comprendre un peu. Cette lumière aveuglante… il n'y a pas que de ça. Non, il y a aussi des douces ténèbres, qui me bercent, qui me protègent.

Ouaiiiiis…
Cette lumière, elle est horrible. Elle me brûle. Elle m'effraye. Et pourtant, je suis emmitouflé dans un petit nuage de ténèbres, qui me protègent des rayons trop nocifs de la lumière.
Si douces, si chaleureuses… ces ténèbres, me protègent, et je m'y sens bien. Je m'y sens en sécurité, dans ce cocon sombre, aussi doux la soie, et aussi soyeux que du coton aux couleurs du jais.
La lumière est aussi violente, indomptable, et peut même être dangereuse. Les ténèbres, elles, sont incroyablement paisibles et reposantes.

Pourquoi?

Je… non, normalement c'est l'inverse, mais…
La lumière me fait souffrir. Les ténèbres me bercent et me protègent.

…

Je dois ouvrir les yeux. Je dois comprendre.

Je dois…

Je…

…