Touhou mania
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 L'Avènement du Fer

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HenryMartin
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MessageSujet: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:08

Quelques semaines ou mois après les événements de Undefined Fantastic Object ...
Fanfiction de Luke. Bonne lecture !



PROLOGUE.







C’était peut-être une soirée de fin de printemps, saison du retour du soleil et des hirondelles, mais le ciel nuageux projetait une lourde et sombre atmosphère sur le paysage vallonné. De nombreuses caillasses et pierres jonchaient le sol, et les collines rocheuses s’élevaient pieusement dans les airs, pleines de cavités et de concrétions dues à l’érosion. De petits sentiers, abandonnés depuis longtemps, se remarquaient à peine sur le sol desséché, serpentant entre les monceaux d’argile. La lourde atmosphère laissait aisément présager le déluge qui s’abattrait sans doute bientôt sur les lieux. Aucune âme ne semblait vivre dans cet endroit désolé … Le silence était presque complet, comme le calme avant la tempête. Seuls quelques halètements inquiétants retentissaient entre les collines … Une chose bougeait sur les sentiers : une silhouette, de taille assez grande et de carrure mince, à la démarche épuisée, marchait sans regarder devant elle, désespérément à la recherche d’un abri. La personne, visiblement un humain, avait la tête penchée droit vers le sol, les bras ballants, les jambes presque pas coordonnées, et les vêtements déchirés. Elle respirait à grandes bouffées d’air, et des filets de sang coulaient de son front sur les deux côtés de son visage. Puis, elle s’arrêta, relevant la tête. Ses yeux croisèrent soudain une nouvelle forme, apparue de nulle part … Instinctivement, l’humain balança son bras en avant, un pieu métallique fermement maintenu dans sa main vers l’obstacle qui se dressait devant lui.
« Disparaissez … Disparaissez ou je vous égorge !! résonna une voix rauque et menaçante. »
Le nouvel arrivant poussa un soupir déconfit, mais ne se laissa pas démonter pour si peu. Il s’agissait d’une femme, et son apparence tranchait nettement avec le paysage : elle était blonde, avait une peau très claire, et était vêtue d’une longue et imposante robe blanche et violet sombre. Un chapeau de toile blanche enserrait sa coiffure, à l’aide d’un ruban flexible rouge, dont le nœud en deux boucles était placé à l’avant du couvre-chef. Ses cheveux, très longs, étaient retenus prisonniers à l’intérieur de cette coiffe, et deux nattes non-tressées étaient arrangées vers l’avant, retombant sur ses épaules, terminées par des nœuds-papillons rouges. Elle portait un parasol rose sur l’épaule, ainsi qu’un faible sourire sur le visage, tentant de montrer à son locuteur que ses intentions n’étaient pas belliqueuses.
« Allons, il n’y a point raison de se montrer agressifs, fit-elle avec un ton calme et posé. Regarde donc le ciel … Dans quelques minutes, il se mettra à tomber des cordes. De plus, tu m’as plutôt l’air mal en point, mon petit … Ca fait plusieurs semaines que tu traînes ici, n’est-ce pas ?
- … »
La femme au parasol s’approcha doucement de l’humain, qui baissa progressivement son arme puis la laissa tomber par terre. Il ne faisait aucun doute qu’il avait atteint un stade avancé de fatigue et que de toute manière, il n’était plus capable de se défendre.
« Tu dois être épuisé, constata la femme. Ne reste donc pas ici … sois mon hôte pour ce soir et cette nuit. Tu n’es pas très beau à voir, tu sais.
- Ouais ouais … répondit l’humain avec méfiance. Et vous croyez que je vais vous suivre comme ça, sans rien dire ? Vous m’espionnez depuis un moment, je le sais parfaitement. Mais foutez-moi la paix, quoi ! »
L’humain baissa la tête, cherchant à fuir le regard de son interlocutrice. Celle-ci soupira de nouveau, puis reprit la parole en employant cette fois un ton étrangement compatissant.
« Ce monde t’a rejeté, n’est-ce pas ? Tu n’as nulle part où aller.
- …
- En fait, tu es comme un orphelin. Les tiens t’ont abandonné à cause de ta différence, de tes capacités hors du commun, et maintenant tu es un corps sans âme qui se promène sans but dans des endroits sans nom … Ca doit être bien malheureux.
- … Merde, comment est-ce que vous pouvez savoir tout ça …
- Je sais beaucoup de choses, disons … Bien plus que tu ne puisses le croire. »
A ce moment-là, un éclair zébra le ciel. L’humain releva la tête, fixant la femme au parasol avec inquiétude.
« Bon, vous m’avez eu … Faites ce que vous voulez. Peu m’importe ma destination, à présent … »
La femme esquissa un sourire. Puis, elle continua de s’approcher du vagabond, jusqu’à en arriver à sa hauteur. La pluie commença à tomber en fines gouttes. Elle lui entoura le cou de son bras gauche … C’est alors que le roulement du tonnerre gronda. A ce moment précis, le déluge venu du ciel s’abattit en cordes sur le paysage rocheux, mais les deux silhouettes n’étaient alors plus là pour tout recevoir sur la tête …


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HenryMartin
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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:17

Le soleil s’était levé il y a quelques heures maintenant. La lumière inondait la cour du temple Hakurei, et quelques bosquets de fleurs estivales poussaient dans l’herbe verte autour, à l’aube de la saison nouvelle. Le ciel du matin était presque vide de nuages, la journée s’annonçait plutôt bonne apparemment … L’été serait sans doute prometteur. A l’intérieur du temple, Reimu Hakurei termina son devoir de prêtresse, prononçant la dernière phrase de sa prière quotidienne. Elle se releva de sa position à genoux, puis alla ouvrir la porte coulissante du bâtiment, laissant entrer les rayons lumineux à l’intérieur. Encore une belle journée en approche. La jeune fille jeta un œil au cadran solaire sur la façade du temple : onze heures passées … Autant faire quelque chose avant que ce ne soit midi. Elle se saisit du balai placé contre un mur à l’intérieur, puis s’avança dans la cour. La poussière n’était pas épaisse, mais le peu de vent qui soufflait habituellement ici ne suffisait pas pour tout emporter. C’était le quotidien tout à fait banal … du moins tant que les cieux n’étaient pas obstrués par de la brume pourpre, que l’hiver durait bien trois mois au lieu de six, que les festins ne se répétaient pas inlassablement lors des périodes de fête, que la vraie lune restait bien accrochée dans le ciel nocturne, que les fleurs ne poussaient pas n’importe où et n’importe comment … Bref. Quand elle eut fini de balayer la cour, l’idée de mettre un peu d’ordre dans la remise derrière le temple lui vint à l’esprit, mais elle n’eut pas vraiment le temps de s’y mettre. A peine avait-elle remis le balai à sa place qu’une ombre était apparue dans le ciel bleu. Intriguée, la prêtresse se protégea la vue d’une main et examina la silhouette. Celle-ci semblait s’approcher progressivement …
« Hm ? »
Quand l’ombre arriva au-dessus de la cour du temple, elle piqua soudain vers le sol, atterrissant juste devant l’entrée du bâtiment dans un bruit sourd. Une jeune fille blonde en tenue noire, accoutrée d’un grand chapeau de sorcière ainsi que d’un tablier blanc, était apparue avec un balai à la main.
« Salut Reimu ! Belle matinée, n’est-ce pas ?
- C’est vrai … répondit la jeune miko. C’est rare de te voir de si bon matin, Marisa. Par contre je te préviens tout de suite, tu es venue pour rien : il n’y a rien à voler par ici.
- Hé mais oh, ne commence pas … Puisque je te dis que j’ai arrêté de voler il y a un bout de temps, maintenant ! Crois-moi, je la combat ma kleptomanie ! »
La prêtresse partit d’un éclat de rire, face à la réaction gênée de son amie. Celle-ci se contenta de sourire pensivement en fixant les pavés de la cour … Il y a quelques temps, elle n’avait pas réticence à dévaliser les grands domaines mystiques afin de s’accaparer quelques artefacts magiques, et cela lui avait valu l’étrange réputation de « magicienne kleptomane ». Non pas que ce titre la dérangeait spécialement, mais au niveau relation sociales, voler n’était pas très bien vu. Elle avait fini par se résoudre à se plonger dans la simple lecture de ses grimoires, même si, de temps en temps, chaparder une ou deux amulettes n’était pas de refus …
« Allez, entre donc, invita Reimu. Il n’est pas encore midi, on a bien le temps de prendre un peu de thé …
- Comme tu veux. »
La pause thé du matin ne fut pas très longue, mais les deux jeunes filles eurent le temps de se raconter les quelques péripéties qui leur étaient arrivées de leur côté depuis la dernière fois, chacune à genoux sur des coussins de part et d’autre d’une table basse à l’intérieur du temple. Au bout de cinq minutes, Marisa finit son verre en terre cuite et le reposa sur la table.
« En parlant de ça, les champignons vénéneux ont bien repris dans la Forêt Magique. Si ça continue, il y en aura suffisamment en automne pour préparer des potions pour les cinq prochaines années. Ca fait longtemps que ce n’est pas arrivé …
- Ah, je veux bien te croire … Ici, ce sont plutôt les pissenlits qui surabondent.
- Au fait, tu n’aurais pas vu Alice ces derniers temps ? »
( ♫ ) Reimu fut fort étonnée d’une telle question de la part de la sorcière. Non seulement celle-ci vivait à deux pas de la maison de la youkai, mais surtout il n’y avait pas de raison que la confectionneuse de poupées lui paye une visite en cette saison …
« Que veux-tu dire ? demanda-t-elle.
- Hier soir, j’avais besoin de quelques herbes magiques pour mes expériences, et comme il se faisait trop tard pour en chercher dans la forêt, je suis directement allée chez elle. Une fois arrivée là-bas, j’ai frappé à la porte … Mais personne ne m’a répondu. Je suppose qu’elle devait être de sortie, vu qu’il n’y avait pas de lumière à l’intérieur … Alors je suis rentrée chez moi et ai attendu le lendemain pour retenter ma chance.
- Et … Tu ne l’as pas vu ce matin non plus ?
- Non … Je me suis de nouveau rendue à sa demeure, mais ça a été le même résultat qu’hier. Je m’inquiétais un peu, alors je suis venue voir si elle n’avait pas tout simplement passé la nuit au temple, à l’origine c’est pour ça que je suis venue d’ailleurs.
- Alice n’a pas l’habitude de sortir de chez elle sans prévenir personne. C’est étrange …
- Il a dû se passer quelque chose …
- Ou alors elle est bel et bien chez elle, mais elle refuse tout simplement de t’ouvrir la porte.
- … Hein ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Je ne sais pas, mais si elle a vraiment disparu, je suppose qu’il y a de quoi s’inquiéter. Allons voir de quoi il en retourne … Ca tombe bien, je n’ai rien à faire cet après-midi.
- D’accord. »
Les deux amies ne perdirent pas leur temps, et après que Reimu eût été prendre son bâton de miko, toutes deux s’envolèrent en direction de la Forêt Magique …




( ♫ ) L’endroit, comme à son habitude, était garni de nombreux arbres assez âgés, et l’herbe au sol était tapissée de mousse à de multiples endroits. Des plantes aux formes étranges poussaient un peu partout, la plupart du temps regroupées ensemble, mais le plus flagrant était le nombre considérable de champignons qui se développaient aussi bien au sol que sur les troncs. Il n’y avait pas un endroit où ces parasites ne proliféraient pas … La Forêt était connue pour l’aura mystérieuse et impénétrable qu'elle dégageait, et la forte chance de se perdre pour ceux qui ne la connaissaient pas. C’était un lieu sur lequel couraient de nombreuses rumeurs et légendes, où prospèreraient des créatures étonnantes ainsi que des végétaux très rares, mais ceux qui y vivaient savaient pertinemment qu’il s’agit surtout d’un endroit où ils pouvaient être tranquilles, sans que personne ne vienne les déranger. Reimu et Marisa, après avoir survolé les cimes un moment, s’arrêtèrent dans une clairière se démarquant singulièrement du reste de la forêt. Il s’agissait d’une cour carrée, arrangée en jardin encadré d’une grille qui le séparait du reste de la forêt, avec une maison aux murs blancs et au toit bleu nuit. Elle était assez petite, ne possédant qu’un simple rez-de chaussée et un grenier, mais possédait un autre aspect particulier : une tour octogonale s’élevait en hauteur sur le flanc droit, pourvue d’un étage cette fois. La prêtresse se dirigea vers la porte d’entrée, sur la bâtisse principale, et vint y frapper en criant le nom de la confectionneuse. Il n’y eut aucune réponse.
« Je te l’avais dit, signala la sorcière. Elle n’est pas là depuis hier soir au moins …
- … Alice, si tu es là ouvre la porte ! Il y a quelqu’un ?! »
Mais malgré l’insistance de la jeune miko, le même scénario se répéta. Reimu abandonna, se tournant vers son amie.
« … C’est quand même extrêmement bizarre … déclara-t-elle.
- Oui … Je me demande où elle a bien pu aller.
- Surtout en laissant la porte ouverte derrière elle. »
Sur ce, la prêtresse tourna la poignée de l’issue, ouvrant en grand celle-ci sous les yeux incrédules de Marisa. Les deux jeunes filles s’observèrent en silence, ne sachant quoi penser de la situation. Après un petit temps, la sorcière prit l’initiative.
« On entre …?
- Tant que tu ne voles rien, je suis d’accord … »
Marisa roula des yeux, agacée par les sarcasmes de la miko. Elles n’hésitèrent cependant pas à entrer à l’intérieur. Elles n’étaient presque jamais venues chez la youkai, mais le hall d’entrée semblait tout à fait en ordre. Les lattes du plancher étaient brillantes … Apparemment, Alice était quelqu’un de soigné. Des étagères exhibant des poupées en tout genre s’élevaient tout du long des murs, là où il y avait de la place. Reimu arriva à proximité d’une ouverture dans le mur, comme une issue sans porte menant à une autre pièce, quand brusquement quelque chose bougea. Elle eut un grand mouvement de recul et Marisa en fit autant : une poupée venait de s’animer, et lévitait maintenant toute seule au milieu du couloir en les fixant de ses yeux bleus. Blonde, tenue noire, ruban rouge dans les cheveux … et un bâton surplombé d’une lame de rasoir dans la main. La confectionneuse avait souvent cette poupée avec elle … Cette dernière se mit soudain à parler avec un grand sourire au visage.
« Bonjour, mon nom est Shanghai ! Vous êtes venues pour rendre visite à la maîtresse ?
- … Euh, dans un certain sens … hésita Reimu, encore sous le coup de la surprise. Sais-tu où se trouve Alice, en ce moment ?
- Hum, hum ! fit-elle en acquiesçant.
- Pfiou … souffla la sorcière. Au final, on dirait qu’on s’est fait de la bile pour rien, alors.
- La maîtresse m’a demandé de vous passer un message très important si vous veniez ici.
- Ah bon ? Quel est-il ? demanda Marisa. »
Shanghai eut de nouveau un grand sourire et ferma les yeux, laissant un petit temps s’écouler et gardant le suspense. Puis, d’un seul coup, son expression faciale changea du tout au tout : ses yeux se rouvrirent, emplis d’une rage folle, et elle hurla sur les deux amies.
« ALLEZ VOUS FAIRE VOIR !!!!! »
L'accès de folie qui s'était emparé de la poupée fit parcourir une sensation glaciale tout du long de l'échine de Reimu et Marisa, qui commencèrent à reculer doucement, effrayées par l'expression faciale de celle-ci ... Puis sans crier gare, elle commença à balancer un nombre fabuleux de lames de rasoir sur les deux intruses. L'adrénaline provoquée par la peur fut rapidement remplacée par l'instinct de survie, ainsi les deux intruses ne se firent pas prier pour évacuer le hall d’entrée, évitant de se prendre un projectile tranchant. Une fois à l’extérieur, elles se mirent hors de portée de l’issue et des jets de lame.
« Bon dieu, quel genre d’instruction Alice donne-t-elle à ses créations ?! s’inquiéta Reimu.
- Je ne sais pas, mais en tout cas cette satanée poupée va regretter son geste ! s’énerva la sorcière. »
Avant que la prêtresse ne pût la retenir, la jeune fille en noir déambula dans la maison, un sortilège de protection face à elle. Elle fonça droit sur Shanghai, qui ouvrit grand les yeux de surprise … Et avant que la poupée ne puisse s’enfuir, elle dégaina son balai accroché dans son dos et lui flanqua un énorme coup asséné, la planquant contre le parquet. Son bouclier magique s’estompa, et elle ramassa la petite créature écrasée sous la brosse, la tenant par le col. Shanghai se débattit, mais c’était inutile maintenant ; Reimu entra à son tour à l’intérieur du hall, criblé de bouts de rasoir en tous endroits, sauf sur les étagères à poupées, miraculeusement épargnées.
« Maintenant, parle ! ordonna Marisa sur un ton très persuasif. Où est Alice ?
- … La maîtresse ne veut en aucun cas être dérangée, répondit-elle avec sérieux. Elle est d’humeur massacrante depuis son retour de la nuit dernière, mieux vaut ne pas lui parler pour le moment. Elle s’est enfermée à l’étage de la tour aux premières heures de l’aube et n’en est pas sortie depuis …
- Ainsi elle était là ce matin … comprit la sorcière. Mais pourquoi s’isoler comme ça ? Elle aurait quand même pu m’ouvrir quand je suis venue il y a quelques heures … »
La poupée ne répondit pas. Elle était redevenue comme avant, inanimée … comme une poupée normale, en fin de compte. Marisa soupira et la reposa sur l’étagère où elle était avant de surgir face à elles. Reimu la rejoignit.
« Allons-y … décida-t-elle. Quelque chose ne va pas, j’en suis convaincue.
- C’est évident, oui … »
Elles se déplacèrent sans s’attarder à travers les quelques pièces de la maison, remplies la plupart du temps d’ateliers de couture et de tables serties de vases fleuris ou d’épais grimoires en tous genres. Elles tombèrent finalement sur une grosse porte noire, où un écriteau « Ne pas déranger » était bien mis en évidence. Mettant de côté l’avertissement, la prêtresse fit coulisser l’issue sur la droite, dans un bruit de vieilles chaines tournant autour d’une poulie. Les deux s’engouffrèrent dans l’escalier en colimaçon qui s’offrait à elles … et atteignirent le plafond, dans lequel était imprimée une trappe. Etant devant, Reimu poussa l’ouverture et entra dans l’étage supérieur, rapidement suivie par Marisa.

( ♫ ) Alice était bien là … assise au fond de la pièce, face à un bureau juste devant la fenêtre. Elle avait la tête entre les mains, coudes sur la table, fixant le bois en marmonnant des paroles inaudibles … Tout autour, le matériel d’étude de la magie était complètement en désordre, ce qui tranchait nettement avec la propreté du hall. Et il faisait particulièrement sombre à cause de la noirceur des murs … La youkai devait d’habitude se servir d’une telle salle pour ses expérimentations, mais on aurait dit que ce n’était manifestement pas l’activité du jour. La sorcière tenta une approche prudente.
« Salut Alice … Euh, ça va ? »
L’intéressée cessa de parler, se redressa doucement puis se retourna avec lenteur vers la magicienne. Celle-ci eu du mal à reconnaitre sa voisine : elle avait le teint livide, les yeux injectés de sang et de gros cernes noirs sous les yeux, signes qu’elle avait certainement passé une nuit blanche. Ses habits étaient également froissés et ses cheveux n’avaient pas dû être coiffés depuis un moment déjà. Elle eut du mal à articuler ses prochains mots.
« Bonjour Marisa … Alors, venue me piquer quelques herbes médicinales … Ne te gêne pas, tu peux te servir. Elles sont en bas dans la cuisine …
- Euh, tu es vraiment sûre que ça va ? Tu n’as pas l’air dans ton assiette …
- Je vais très, très bien. Shanghai ne vous a pas dit que je ne voulais pas être dérangée …? »
On sentait bien qu’elle se forçait à prononcer ces paroles. Elle était écroulée de fatigue, c’était évident, et elle ne semblait pas non plus disposée à prendre du repos … Ce fut au tour de Reimu de prendre la parole.
« Shanghai nous a dit que tu étais de sortie, hier. D’ailleurs, cette soirée-là, Marisa est venue pour te demander quelques ingrédients, mais comme tu n’étais pas là … Elle est revenue ce matin aussi, mais tu n’as pas répondu.
- Ah … Désolé, je n’ai pas dû entendre. Je suis si occupée ces derniers temps …
- Il y a … quelque chose qui te tracasse ?
- … Elle a été profanée. »
Le ton qu’avait pris la confectionneuse était soudain radicalement différent de la fatigue qu’elle dégageait. Comme lorsque la poupée avait vu rouge au cours de leur discussion, Alice avait maintenant pris un ton colérique, presque agressif … Et ses cheveux blonds retombaient devant ses yeux, cachant son expression faciale.
« … Quoi ? Qu’est-ce qui a été profanée ? demanda la prêtresse, aussi bien intriguée par cette question que par le brusque revirement de parole de la part de la youkai. »
Alice resta sans rien dire un bon moment. Puis elle rouvrit la bouche, débitant des paroles à toute vitesse, sans même se soucier que ses deux amies y comprennent quoi que ce soit.
« La Montagne de la Foi. Elle a été souillée, souillée, souillée !! Hier midi, la nouvelle est parvenue partout dans Gensokyo, toutes les youkais ont été mises au courant, l’heure est grave !!! La nuit dernière nous avons toutes tenues une réunion de crise au plus profond de la Forêt Magique tout le monde était sens dessus dessous on ne savait pas quoi faire notre morale était bafouée !!!!! Nous ne pouvions même pas appréhender les terribles événements qui se dérouleront peut-être bientôt en ces terres c’était la panique et nous sommes démunies face au destin !!!!!!
- ALICE !!! »
Marisa avait plaqué ses mains sur les épaules de la youkai, qui avait commencé à s’agiter dans tous les sens, presque prise de folie. Cela marcha plutôt bien, car la confectionneuse se calma légèrement, puis arrangea lentement ses cheveux en bataille.
« … Allez vous-en … ordonna-t-elle sans les regarder. Laissez-moi tranquille … »
La magicienne relâcha son emprise sur Alice, puis se retourna vers Reimu. Toutes deux avaient une expression inquiète sur le visage, mais une chose était certaine : la youkai avait bien besoin d’être seule. Elles ne protestèrent pas, puis après avoir lancé quelques au revoir à leur amie, elles quittèrent la tour, puis la maison. Une fois arrivées dans le jardin, elles se mirent à discuter plus librement.
« Je me demande bien ce qu’elle a voulu dire par « profanée » … songea Marisa.
- Moi non plus, mais on devrait vraiment la laisser se reposer … conseilla la prêtresse. Je ne l’ai jamais vue dans un état pareil, c’était presque effrayant.
- Oui, sans doute … Mais quand même, je ne peux m’empêcher de me demander …
- … Nous devrions nous rendre au Manoir du Démon Écarlate, Marisa. Qui sait, peut-être que Patchouli saura nous éclairer à ce sujet …
- … Elle va me tuer en me voyant, ça fait trois ans que je dois lui rendre un ouvrage sur les propriétés des plantes vulnéraires. »
En temps normal, les deux amies auraient échangé un bon éclat de rire, mais elles étaient là bien trop préoccupées par l’état de leur amie pour se laisser aller … Décidément, on aurait dit que la journée ne serait pas aussi banale qu’elle l’avait semblé aux premières lueurs du jour. Encore une sombre enquête pour la miko …



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HenryMartin
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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:19

Le manoir des sœurs Scarlet se trouvait sur une petite île, au milieu du Lac ondin, et on voyait également la Montagne de la Foi plus loin en arrière-plan. Quelques discrètes fées parcouraient les étendues d’eau cristalline, à peine troublées de légères vaguelettes, et peu de remous venaient se claquer contre les courtes falaises de l’île. Une frêle forêt de pins peuplait celle-ci, autour du manoir situé plus vers l’intérieur, et un épais sentier de terre battue serpentait au milieu des arbres, menant aux grilles de la demeure. Reimu et Marisa, après avoir traversé un bon bout de chemin par la voie des airs, s’étaient posées sur la route et avaient parcouru une bonne distance jusqu’au portail du manoir. Elles poussèrent les grilles sans se gêner et pénétrèrent dans le jardin intérieur, où poussaient multiples plantes, légumes et autres arbres sortant de l’ordinaire. Le taillage et l’arrangement des végétaux étaient extrêmement soignés, ce qui était plutôt impressionnant au vu de la superficie de l’endroit. Quant au manoir lui-même, il était beaucoup moins fameux que son jardin, et s’élevait de ses quelques étages un peu plus loin derrière. Deux ailes s’étendaient de chaque côté et l’on voyait également une grande horloge bien mise en évidence sur le toit. Relativement peu de fenêtres étaient visibles sur la façade, ce qui en révélait long sur la nature de ses principaux occupants …
« Ca fait un bout de temps que je ne suis pas venue ici … soupira la prêtresse en observant les alentours.
- De même … Au fait, tu ne trouves pas que quelque chose cloche ?
- … Quoi donc ?
- Je ne sais pas trop … J’ai l’impression que nous sommes entrées trop facilement. »
Toutes deux restèrent silencieuses, marchant vers le bâtiment au bout du jardin. Un mur entourait d’ailleurs ce dernier et passait derrière l’habitation, confinant l’espace intérieur. Quand les deux jeunes filles atteignirent la porte d’entrée, Marisa l’ouvrit et elles purent pénétrer à l’intérieur. Sakuya étant certainement affairée à l’intérieur, il n’y avait pas de raison que les issues soient fermées … Quoi qu’il en fût, l’intérieur du Manoir des Démons Écarlates était infiniment plus grand que ce dont il avait l’air en apparence, grâce aux pouvoirs d’un de ses résidents. D’innombrables pièces se trouvaient un peu partout, mais la plus imposante de toutes était sans équivoque la Grande Bibliothèque, où était conservée une quantité démesurée de livres et d’ouvrages en tout genre, dont la moitié avait été écrite par Patchouli Knowledge elle-même.
( ♫ ) Les deux amies ne tardèrent pas à débarquer dans l’immense salle, où de nombreuses étagères s’élevaient à perte de vue vers un plafond trop haut pour qu’on puisse le voir. Il y avait également des livres posés par terre dans tous les coins, bourrés comme des sandwiches de marques-pages. Elles commencèrent à parcourir le labyrinthe, se dirigeant vers l’endroit où elles auraient le plus de chance de trouver celle qu’elles cherchaient : l’aire de lecture. Même si elle ne fut pas particulièrement longue, leur progression fut considérablement ralentie par Marisa qui ne cessait de loucher sur les titres de certains ouvrages, manquant par plusieurs fois d’en subtiliser discrètement, avant de se faire presser par Reimu qui menait la marche. Une fois arrivée à la clairière au milieu de cette jungle de livres, la prêtresse aperçut finalement la silhouette aux cheveux mauves, assise à une table et bien évidemment plongée dans la lecture d’une œuvre énorme. Et naturellement, celle-ci ne les avait même pas entendues venir.

« Hé bien, toujours aussi occupée à ce que je vois, lança la jeune miko avec bonne humeur. »
Patchouli leva la tête avec nonchalance. Son teint était toujours aussi livide, à cause de sa maladie, mais elle ne semblait pas plus apathique que d’habitude … Elle répondit une fois les deux jeunes filles arrivées à sa hauteur.
« Il n’est point commun de vous voir toutes deux en ces lieux. Que me voulez-vous ?
- Hé ben Patchy, j’aurais juste besoin d’une petite quarantaine de livres sur les préparations antiparasitaires, les concentrations énergé- … »
Reimu stoppa le futur flot de requête en provenance de la langue de la sorcière par un subtil coup de coude bien placé dans les côtes. Passé le moment des salutations, elle relata les événements qui s’étaient déroulées dans la maison de la confectionneuse de poupée, relevant particulièrement le moment où celle-ci avait évoqué la montagne de la Foi. Quand elle en eut fini, la lectrice fit mine de réfléchir quelques secondes.
« Hum … Profanée, vous dites. Voilà qui est fort étrange de la part d’une youkai.
- … Pourquoi ?
- Voyez-vous, la véritable appellation de la Montagne de la Foi est tout bonnement « Montagne Youkai ». Comme vous le savez possiblement, ce relief de Gensokyo est le lieu de vie de bon nombre de ces créatures humanoïdes … Elles n’auraient point laissé quiconque souiller la montagne sans coup férir. Tel qu’Alice vous a exposé la situation, il y a de fortes chances que tout ceci se soit passé à leur insu, sans qu’elles ne s’en rendent réellement compte.
- J’ai un peu de mal à te suivre … avoua Marisa.
- Ce que j’essaie de vous faire comprendre, c’est qu’il ne faille point prendre le mot « profaner » au sens premier du terme. Savez-vous qu’en plus d’habiter cet endroit, les youkais considèrent la Montagne de la Foi comme un lieu sacré ? »
Les deux jeunes filles haussèrent les épaules. Cela semblait évident à première vue, justement à cause de l’emploi des termes profaner et souiller … Que voulait dire Patchouli ?
« Ceci est peut-être lié au folklore youkai, continua la lectrice. Vous-y connaissez-vous un minimum en la matière ?
- Je ne m’y suis jamais vraiment intéressée … admit Reimu.
- Hum … Soit. Marisa, va me chercher le livre orange sur l’étagère là-bas. Et ne t’avise point d’en profiter pour en escamoter d’autres, je te prie. »
La sorcière grogna, mais ne protesta pas pour autant. Elle s’exécuta, se dirigeant à l’endroit qu’avait indiqué la femme aux cheveux mauves. Elle se servit alors d’un escabeau pour attraper l’ouvrage portant sur les mœurs youkai, quelques étages plus haut sur l’étagère, avant de redescendre et de le mettre entre les mains de la lectrice. Celle-ci feuilleta les pages à une vitesse impressionnante, puis s’arrêta net sur une feuille où était inscrit un court texte au beau milieu, en grands caractères.
« Voyez … Parmi nombre de croyances youkai, on retrouve particulièrement des cultes voués à de multiples dieux dans moult domaines. Mais le plus intéressant, c’est qu’elles en viennent à vénérer la Montagne de la Foi comme une déesse elle-même … Une déesse qui assurerait leur survie. Il existe une prophétie annonçant de troublants événements à ce propos.
- Effectivement … constata la prêtresse. »
La prophétie en question était les quelques lignes écrites sur la page où Patchouli s’était arrêtée. On pouvait y lire :
« Quand la Montagne Youkai relâchera ses entrailles,
Celles-ci s’élèveront vers les cieux et la colère des dieux
S’abattra sur le peuple Youkai jusqu’à son extinction totale. »


( ♫ ) Les trois personnes se dévisagèrent, incrédules. Une bonne période de réflexion s’écoula, les deux jeunes filles ne sachant pas quoi penser de tout ça … contrairement à Patchouli qui avait déjà ses théories quant au sujet.
« Les youkais croient dur comme fer à ces croyances. Si effectivement cette prédiction s’est réalisée, cela pourrait expliquer le comportement anormal d’Alice. Quant à la profanation, il est possible qu’elle fasse référence à ce « relâchement d’entrailles » dont parle la prophétie.
- Tout ceci est vraiment ambigu, mais tu as peut-être raison … convint Marisa. On devrait aller sur place pour vérifier tout ça.
- Oh, je ne ferais point ça si j’étais vous, fit brusquement la lectrice. A l’heure actuelle, les youkai sont sans aucun doute complètement chamboulées par les événements, et leur attitude doit s’être fortement tournée vers l’agressif. Vous y laisseriez des plumes.
- Qu’est-ce qui te permet de dire ça ? demanda Reimu.
- Hong a déserté son poste de gardienne depuis hier après-midi. Et à mon humble avis, elle ne reviendra point de sitôt. »
Les deux amies comprirent alors instantanément ce qui leur avait semblé étrange à l’entrée du manoir. Hong Meiling, la garde de porte, n’avait pas été là pour leur barrer la route. Bien qu’elles ne se fussent pas rendues au manoir bien souvent, elles savaient pertinemment qu’en temps normal, la gardienne ne les aurait jamais laissées passer sans rien dire … Mais cette fois, elle n’avait pas été là pour assurer son rôle. Ce n’était vraiment pas son genre de renier son devoir envers les Scarlet …
« Hong est une youkai comme vous le savez, reprit Patchouli. Pour qu’elle abandonne ainsi son poste, il a fallu qu’il se passe quelque chose d’extrêmement grave. Sakuya a même sollicité Remilia pour savoir s’il fallait déployer des recherches, mais la maîtresse préfère encore que Hong revienne d’elle-même. Personne ne sait où elle se trouve en ce moment.
- … Pour résumer, les youkais sont vraiment en situation de crise … comprit Reimu.
- Et vous feriez mieux de ne point vous mêler de tout ceci, avertit la lectrice. Vous ne feriez que vous attirer leurs foudres.
- Mais, si cette prophétie est effectivement ce qui est en train de se dérouler … Nos amies ne sont-elles pas en danger ? s’inquiéta la sorcière.
- Je ne suis point devin. Il est difficile de démêler le vrai du faux à l’étude d’une prophétie … Quoi qu’on en pense, les youkais sont persuadées de sa véracité. Tout ce qu’il vous reste à faire, c’est attendre …
- Je ne resterai pas les bras croisés tant qu’il se passera quelque chose d’aussi bizarre, affirma la prêtresse. Je mènerai une enquête personnelle là-dessus, il doit bien y avoir quelque chose derrière tout ça … Ou quelqu’un.
- En tout cas, cela ne relève plus de ma compétence. Peu me chaut ce qui puisse arriver aux youkais, j’ai fort à faire de mon côté. Marisa, si tu souhaites embarquer quelques livres, je t’en donne l’autorisation.
- Merci, mais ça va aller. »
Patchouli repartit aussi à l’intérieur de l’œuvre qu’elle lisait avant que les deux autres ne débarquent, se coupant de nouveau de tout ce qui se passait autour. Reimu et Marisa ne se firent pas prier pour quitter les lieux, l’esprit embrumé par les dernières nouvelles … Ne sachant quoi choisir entre scepticisme et résignation.



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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:20

( ♫ ) Quelques heures étaient passées depuis la visite au manoir des vampires. Le soleil était bien monté dans le ciel, et seuls quelques nuages osaient se promener dans le bleu ; l’après midi était déjà bien entamée. Reimu survolait maintenant la Route de la Liminalité, bordée d’arbres et de forêts, qu’elle avait déjà empruntée il y a plusieurs années lors de l’incident de l’hiver sans fin. Après s’être séparée de Marisa suite à leur dernière escapade, elle s’était d’abord rendue au village humain, histoire de faire quelques emplettes avec le peu d’argent que lui procuraient les donations, les placards du garde-manger se faisant désespérément vides. Elle ne recevait jamais bien grand-chose de la part des visiteurs au temple Hakurei, mais cela ne la gênait pas plus que ça tant qu’elle avait de quoi vivre … Quoiqu’il en fût, une idée lui était venue à l’esprit : si elle devait éviter de se rendre sur la Montagne de la Foi elle-même à cause de la furie des youkais, le mieux qui restait à faire était de s’informer auprès de Yukari. Après tout, elle savait énormément de choses sur Gensokyo et ses traditions, ou même encore dans d’autres domaines en général … Peut-être pourrait-elle l’éclairer sur cette histoire de prophétie, pour peu qu’elle ne fût pas dans le même état qu’Alice. Au bout d’un quart d’heure de vol, la prêtresse fut en vue du village de Mayohiga, lieu de résidence de la youkai, tout proche de la barrière Hakurei. Le chemin sinueux devenait alors plus étroit et ressemblait davantage à un grand sentier qu’à une véritable route ; au bout, on voyait les toits en tuiles grises du village, et sur les côtés, la chaine des monts locaux. Reimu frissonna en repensant à la fois précédente où elle était venue ici : une petite fille nekomata du nom de Chen l’avait accueillie en bonne et due forme, et autant dire qu’elle n’avait pas fait dans la dentelle. Les habitants de Mayohiga étaient de sacrés misanthropes, et refusaient généralement toute visite de la part d’un humain. La prêtresse avait su se faire une exception auprès d’eux, mais n’avait pas pour autant changé la mentalité des femmes vivant ici … Une fois arrivée, elle se posa à l’entrée du village aux rues presque désertes, ce qui était souvent dans les habitudes du lieu. Préférant rester au sol afin de ne pas se faire repérer par de quelconques sentinelles, elle traça son chemin à travers les quelques ruelles jusqu’à une haute butte située à l’autre bout du village. Un grand escalier s’élevait jusqu’à son sommet, menant aux portes d’un vieux temple rustique … Reimu s’empressa de gravir les nombreuses marches sans tarder. Après être montée deux-cent mètres en hauteur, elle ne se gêna pas et ouvrit la porte coulissante du vieux temple en bois. L’intérieur, plongé dans la pénombre, semblait vide et inhabité.
« Il y a quelqu’un ? se hasarda-t-elle. »
La réponse ne se fit pas attendre et fut des plus directes. Une silhouette bondit soudainement hors de l’ombre avec une agilité phénoménale et fondit sur la miko avant même que celle-ci n’eût le temps de la voir, lui rentrant dedans et la propulsant au-dehors sans préavis. La prêtresse fut littéralement catapultée dans les airs, décrivit une brève trajectoire au-dessus des escaliers et eut tout juste le temps de se stabiliser et d’atterrir en douceur quelques mètres plus bas. A l’entrée du temple, la même petite fille nekomata aux cheveux marron que lors de sa dernière visite.
« Quand on veut entrer, on frappe d’abord à la porte ! cria celle-ci avec un sourire en coin.
- Chen … soupira Reimu avec désarroi. Excuse-moi, je n’ai pas le temps pour ça. Tu pourrais me conduire à Yukari ?
- Pas envie ! répondit-elle d’office. Je ne laisserais personne s’approcher de la maîtresse de ma maîtresse ! Et maintenant, ouste ! »
Ni une ni deux, la petite fille en tenue rouge s’éleva dans les airs, tout sourire, prenant sa cible en mire. La miko poussa un nouveau soupir, puis fit de même. Les gens ne pouvaient-ils pas se comporter de façon normale, sans passer par le combat pour une fois ? Quoiqu’il en fût, Chen étira les bras vers le ciel, se recroquevilla d’un coup et se mit à tourner sur elle-même, en boule. Quand elle fut à une vitesse conséquente, elle commença à se mouvoir de manière saccadée, décrivant des droites brisées dans les airs … et relâchant des nuages de sphères vertes à chaque fois qu’elle changeait de direction. Ces attaques fonçaient de manière très rapide vers son adversaire, mais étant trop concentrées, il était aisé de les esquiver. Reimu se contenta de faire tournoyer son bâton de miko d’une main, puis tout en évitant les rafales regroupées de la nekomata, elle envoya quelques sceaux de purification sur elle. Cela n’eut pas grand effet, la petite fille se déplaçant très rapidement, il n’était pas facile de la viser correctement. Le combat commençait à tourner en rond, aucune des deux antagonistes ne pouvant atteindre sa cible, quand une voix s’éleva depuis le temple …
« CHEN !! »

Le combat cessa et tout sortilège d’attaque s’estompa ; les deux guerrières se retournèrent vers la source du cri, près du temple. On voyait, accourant du petit bois qui s’étendait sur la butte, une femme d’apparence jeune, aux cheveux blonds mi-longs, vêtue d’une tenue bleue et blanche, à la tête couverte d’un curieux chapeau-double … et qui surtout possédait neuf queues de renard dans le bas du dos. Quand elle arriva au bout de la butte, elle cria rapidement à Chen de prendre congé et rentrer au temple. La nekomata s’exécuta, un peu déçue mais sans rechigner. Reimu se demandait s’il valait mieux partir ou non, connaissant la réaction qu’avait eue Ran Yakumo la dernière fois qu’elle s’était frottée à la petite fille … Mais la femme aux queues de renard ne se montra pas foncièrement hostile et interpela la prêtresse, toujours en lévitation dans les airs.
« Donc Reimu, encore venue pour passer tes pulsions meurtrières sur les habitantes du village ? J’en ai un peu assez que Chen te serve de souffre-douleur …
- Si je devais choisir un souffre-douleur, ce serait de préférence un qui ne puisse pas éviter tous les coups que je lui porte ! signala la prêtresse avec ironie. Et pour commencer, c’est Chen qui m’a attaquée en premier, tu devrais faire un peu plus attention à elle …
- Ca va, ça va. Allez, ne reste pas en l’air et viens à l’intérieur si tu as quelque chose à faire ici. »
La miko ne déclina pas l’invitation de la kitsune et la rejoignit à l’intérieur du petit édifice. Toutes deux s’installèrent sur des coussins autour d’une table, face à face, avec Chen sur le côté. Ran proposa de préparer du thé, ce que Reimu n’accepta pas cette fois, bien plus intéressée par d’autres sujets.
« Yukari n’est pas ici ? »
La femme aux neuf queues hésita un peu avant de répondre.
« La maîtresse est fréquemment de sortie. Cela fait déjà quelques jours qu’elle n’est pas revenue … Mais nous avons l’habitude de ses escapades. Si tu veux, nous pourrons lui soumettre tes requêtes à son retour.
- Non, ça va aller … Ce n’est pas si important pour le moment. Quelques jours vous dites …
- Quelque chose ne va pas ?
- … »
Reimu décida d’exposer le mystère des youkais à ses deux hôtesses. Elle expliqua en détail le comportement étrange d’Alice, l’histoire de la profanation de la Montagne de la Foi, la prophétie occulte qu’avait enseignée Patchouli, ainsi que la désertion de Meiling … Et surtout que tout ça s’était déroulé dans les dernières vingt-quatre heures. Si Yukari n’avait pas toujours pas montré signe d’activité durant ce lap de temps, il y avait de quoi se préoccuper … Avait-elle également rejoint les rangs des youkais folles ? Elle était l’une des plus sages représentantes de son espèce, si c’était le cas, cela ne pouvait être que de mauvais augure.
« C’est effectivement inquiétant … constata Ran. Mais dame Yukari n’est pas extrêmement impliquée dans le folklore local, Reimu. Je doute que son absence soit liée à ces événements.
- Oui, peut-être … Elle n’agissait pas bizarrement, ces derniers temps ?
- Non, je ne pense pas … De toute façon, cette histoire avec les youkais n’avait sans doute pas encore commencée la dernière fois que nous l’avons vue.
- Je vois. »
La prêtresse soupira longuement. Au final, elle n’était pas plus avancée. Non seulement elle n’en avait pas plus appris sur la prophétie, mais en plus, elle ne savait pas si Yukari avait ou non adhéré au soulèvement général des youkais … Il allait falloir donner un autre sens à l’enquête, si elle voulait trouver le fin mot de l’histoire.
« A tout hasard … Vous n’auriez pas remarqué quoi que ce soit d’étrange ou de suspect, ces derniers temps ?
- Non, je ne pense pas … Rien de ce genre.
- Vous êtes sûres ? N’importe quoi, peu importe quand … »
Reimu savait pertinemment qu’il ne servait à rien d’insister, après tout, si elles n’avaient rien remarqué, elles n’avaient rien remarqué … Elle était un peu désespérée à vrai dire, même le plus insignifiant détail aurait pu l’intéresser. Elle se rendit compte qu’elle s’était montrée grossière envers les deux résidentes de Mayohiga … Mais alors qu’elle était sur le point de s’excuser, Chen prit la parole de manière sèche, la voix emplie de froideur.
« On t’a dit qu’on a rien vu, OK ? »
Un frisson parcourut l’échine de la miko. C’était la première fois que la nekomata employait un tel ton, et à vrai dire, il était effrayant. L’atmosphère régnant dans la pièce changea soudain du tout au tout : elle devint lourde, pesante, tendue … Imperceptiblement, la prêtresse sentit que quelque chose ne tournait vraiment pas rond. Ses deux hôtesses la fixaient avec des yeux perçants, d’un air proche de la menace. Ce n’était pas la peine de réfléchir bien longtemps pour comprendre qu’elle n’était plus la bienvenue ici, mais Reimu n’osait pas faire le moindre geste. Elle n’aimait vraiment pas le regard que Ran et Chen lui adressaient. C’est comme si ce regard avait le pouvoir de la paralyser sur place …
« … Tu ferais mieux de partir, Reimu, déclara finalement la kitsune. En vitesse.
- Euh … d’accord … »
La prêtresse se rendit compte que de nombreuses perles de sueur s’étaient formées sur son front. Elle trouva la force de se relever, puis sortit rapidement du temple en adressant un au-revoir aux deux autres. Une fois à l’extérieur, elle se dépêcha de descendre les marches de l’escalier géant, encore secouée par le brusque changement d’attitude de la petite fille …


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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:21

( ♫ ) Le soleil était maintenant descendu bien bas dans le ciel ; les nuages commençaient à couvrir progressivement les cieux, teintés d’orange à l’horizon. Reimu observait silencieusement le paysage céleste, assise sur l’escalier de bois du temple. Tout avait été si bizarre aujourd’hui … Le comportement d’Alice, les suppositions de Patchouli, et même l’attitude de Ran et Chen … Et bien sûr, elle n’avait aucune piste pour donner une suite à l’enquête sur les youkais. C’était démoralisant …
Plusieurs minutes s’écoulèrent avant qu’elle ne se relève. A cette heure-ci, plus personne ne viendrait au temple de toute manière. C’était encore le cadet de ses soucis, mais la solitude était assez ennuyeuse en fin de compte … enfin. Elle jeta rapidement un œil à l’intérieur de la boite à dons. Seules quelques rares pièces brillaient encore au fond, ce n’était pas demain la veille qu’elle pourrait garnir le garde-manger de manière plus efficace. Elle avait déjà du mal à combler les fonds … Cette pensée la fit sourire. Elle s’apprêtait à rentrer dans le temple quand un son attira son attention à l’extérieur. Pas de doute, c’était le balai de Marisa qui faisait ce bruit là, elle l’avait déjà entendu ce matin. Aussitôt, une ombre se forma dans le ciel, se dirigeant vers elle … La sorcière avait donc décidé de revenir. La prêtresse accourut sur le petit chemin de pierre alors que l’objet magique se stabilisait au-dessus du sol, faisant descendre non seulement la jeune fille au chapeau noir, mais aussi …
« … Sanae ?
- Bonsoir Reimu … salua vaguement la concernée. »
La prêtresse du temple Moriya n’avait manifestement pas l’air dans son assiette. Elle avait le regard perdu dans le vague, fixant le sol, et ne portait pas son bâton de miko …
« J’ai des trucs à te raconter, Reimu … signala la sorcière. On ne te dérange pas ?
- Pas du tout, de toute façon moi aussi j’ai de quoi te parler. Venez à l’intérieur. »
Sur ce, la prêtresse guida ses deux invitées dans le temple. Au-dehors, la voûte céleste s’était très rapidement couverte de lourds et sombres nuages, plongeant les environs dans une nuit précoce. Reimu alluma quelques cierges à l’intérieur pour bannir l’obscurité de la pièce principale et toutes trois s’installèrent autour de la table basse, sur des coussins. Il pleuvrait très certainement ce soir. Un petit silence s’était installé au-dessus des trois jeunes filles après qu’elles se furent installées, mais Marisa s’empressa de le briser.
« Après notre visite au manoir, je suis allée … A la montagne de la Foi. »
La prêtresse eut du mal à digérer la nouvelle, restant silencieuse. La sorcière aurait donc eut l’audace de s’y rendre malgré les avertissements de la lectrice ? Remarquant son visage interloqué, la magicienne soupira puis reprit.
« Bon, d’accord, je n’y suis pas "vraiment" allée : j’ai juste pu atteindre le pied de la montagne. Je voulais juste voir ce que c’était, cette histoire de profanation … Enfin, je n’ai pas vu grand-chose. Je crois que de toute façon, il n’y aurait rien eu à voir.
- … Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Sanae y était. Au pied de la montagne. »
Marisa se tourna vers la jeune fille aux cheveux émeraude et lui posa la main sur l’épaule, en signe d’encouragement. Celle-ci n’avait pas changé d’expression, l’air toujours aussi absente et fatiguée. Suite au geste de son amie, elle prit une profonde inspiration, puis releva la tête.
« … Les youkais m’ont bannie.
- Que … Quoi ??? s’exclama Reimu.
- Ca s’est passé hier après-midi … continua la miko en tenue bleue. J’étais à l’intérieur du temple quand d’un seul coup … La montagne a tremblé …
- … Qu’est-il arrivé ?
- Je ne sais pas … Cela s’est passé très rapidement. J’ai cru qu’il y avait une espèce de séisme … Mais avant que je puisse sortir à l’extérieur pour voir ce qu’il se passait, tout était terminé. Enfin … Si on ne compte pas les nombreux éboulements qui se sont déclenchés directement après ce phénomène.
- … Vous croyez que c’est en rapport avec la profanation ?
- Je n’en ai aucune idée, mais en tout cas, les youkais tout autour ont commencé à s’agiter. Petit à petit, la montagne s’est vidée de ses principales résidentes … Et le lendemain matin, un groupe d’entre elles est venu au temple. Elles … nous ont ordonné de quitter les lieux sur-le-champ. Elles menaçaient de détruire le temple si nous ne "foutions" pas le camp … »
Reimu et Marisa s’enfermèrent dans le mutisme, abasourdies par ces derniers mots. La sorcière les avait déjà entendus auparavant, mais peu importait le nombre d’écoute, ils étaient toujours aussi choquants.

( ♫ ) « Et … Et Kanako ? Les déesses n’ont rien pu faire pour les arrêter ?! s’empressa de demander Reimu.
- Oh, bien sûr que si … Nous avons essayé de nous défendre. Mais à six contre trois, nous n’avons pas pu tenir bien longtemps … Elles ont déployé des forces que nous ne connaissions pas d’elles. C’était terrifiant. Elles n’ont pas plaisanté avec nous …
- Et c’est pour ça que vous vous êtes toutes trois séparées après votre bannissement, acheva Marisa. Les prêtresses ne côtoient pas leurs dieux … »
Reimu resta pensive un moment. En gros, les youkais avaient éjectées les résidentes du temple Moriya hors de la montagne. Qu’est-ce qui pouvait donc les pousser à en arriver à de telles extrémités …? Faisant le vide, elle se repassa en mémoire les événements de la journée, et les informations qu’elle avait glanées. Selon Alice, la montagne de la Foi avait été souillée. Les youkais avaient commencé à agir de manière agressive, inexplicable, depuis leur réunion la nuit dernière. Patchouli lui avait enseigné une prophétie qui pourrait peut-être se révéler un indice capital. Et enfin, Yukari avait disparue, sans compter les comportements anormaux de Chen et Ran … Il fallait vraiment être aveugle ou idiot pour ne pas comprendre que quelque chose n’allait vraiment pas, quelque part en Gensokyo. Et tout semblait se diriger vers un seul et même lieu, cette montagne youkai. Mais que s’était-il donc réellement passé, là-bas ? Cette prophétie la concernant … Des entrailles, relâchées … Vers les cieux …?
« Sanae, tu n’aurais pas vu quelque chose dans le ciel après le séisme ?
- Quoi ? Non, rien de ça … Enfin, à vrai dire, je n’ai pas pensé à regarder. J’étais trop occupée à m’assurer qu’aucun éboulement ne s’abattrait sur le temple …
- Zut … Ca ne nous avance pas …
- Bien pensé Reimu, comprit la sorcière. Et toi alors, tu avais à nous dire quelque chose ? »
La prêtresse acquiesça, puis commença à narrer son escale à Mayohiga. Bien sûr, en apparence peut-être que ça n’avait rien à voir avec cette histoire, mais autant y penser tout de même. A bien y réfléchir, Chen et Ran semblaient vraiment cacher quelque chose. A la fin du récit, Marisa approuva les doutes de la miko.
« Suspect, un peu oui ! Si ça se trouve, c’est encore Yukari qui est derrière tout ça. Ce serait pas la première fois qu’elle manigancerait quelque chose de louche !
- Peut-être … Si cette prophétie n’a rien à voir avec tout ça. A vrai dire, je ne sais pas trop quoi penser.
- Alors demain, nous devrions vraiment y aller, proposa la sorcière. A la montagne de la Foi, j’entends. Depuis le début, on essaye de nous dissuader de nous y rendre, je ne supporte pas ça !
- C’est tout ce qu’il nous reste à faire de toute façon. Que les youkais soient de cet avis ou non, nous n’arrangerons rien sans couper le mal à la racine. Je suis d’accord.
- Alors nous nous retrouverons demain à l’aube. Prépare-toi bien, car elles risquent d’être très différentes que d’habitude. En attendant, je vais loger Sanae chez moi.
- Merci encore, Marisa … se répandit la prêtresse en tenue bleue. »
La sorcière hocha la tête, puis toutes trois se levèrent de leur coussin. Dehors, la pluie avait commencé depuis un moment, légère et fine. Les deux invitées se dirigèrent vers la porte d’entrée, puis après quelques derniers aux-revoir, s’envolèrent vers les cieux voilés sur le balai magique de la jeune fille en noir. Une fois qu’elles eurent disparu, Reimu referma la porte coulissante, puis alla disposer les cierges allumés tout à l’heure dans une arrière-pièce du temple. Elle se chargea alors de son travail de prêtresse, récitant ses prières vespérales …
Le lendemain arriverait rapidement. Et ce ne serait certainement pas une journée de tout repos.




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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:22

La nuit fut agitée par les aléas climatiques de la veille, mais le lendemain matin, le ciel était relativement dégagé et le soleil se leva bien assez tôt. La rosée matinale imbibait l’herbe qui poussait autour du chemin de pierre, et le chant des oiseaux commença son chœur dans les arbres. La lumière avait envahi la cour du temple quand Reimu sortit de l’édifice, bâton de miko en main. Le cadran indiquait à peine 8 heures du matin … L’aube était déjà passée de toute façon, il n’allait plus falloir tarder. La prêtresse en avait profité pour apprêter quelques Cartes d’Incantation, en vue d’éventuelles confrontations. Rien de trop extravagant, juste de quoi se défendre, au cas où … Après tout, ce ne serait qu’une investigation, rien ne disait que le conflit serait nécessaire. Enfin, elle l’espérait. Armée de ses sortilèges, la miko ne perdit pas plus de temps et s’envola en direction de la Forêt Magique …
« … Tu es en retard, déclara Marisa à son arrivée. » ( ♫ )
Reimu avait mit une demi-heure pour atteindre la maison de Marisa. Il fallait dire que la distance entre le temple Hakurei et la forêt n’était pas négligeable … Même en volant, cela mettait toujours un peu de temps avant d’arriver à destination. La sorcière était en face de sa maison, balai en main, quand son amie atterrit dans le jardin ; contrairement à l’aspect soigné qu’avait la demeure d’Alice, la façade de la modeste bâtisse était envahie par du lierre, et des plantes en tout genre poussaient au pied des murs gris-bruns. L’habitation n’avait également qu’un rez-de-chaussée et un grenier, qui semblait avoir été aménagé, comme en attestait une fenêtre sortant du toit. Le jardin quant à lui était empli d’herbes folles, ainsi que de très nombreux pieds de champignons que sa propriétaire avait sans doute dû éradiquer. Il s’agissait, comme pour la confectionneuse de poupées, d’une clairière entre les arbres de la forêt, mais beaucoup moins délimitée que pour sa voisine … La prêtresse s’approcha de la magicienne, debout sur le perron devant la porte de bois.
« N’est en retard que celle qui doit se déplacer, Marisa, rétorqua la prêtresse avec une pointe d’irritation. Comment va Sanae ?
- Elle dort encore … Je crois que ce bannissement l’a beaucoup plus affectée que ce que l’on croit. Et à mon avis, elle ne doit pas être la seule dans ce cas-là …
- Si les youkais ont été assez agressives pour répudier les habitantes du temple Moriya, il doit certainement y avoir d’autres victimes … Je me demande si c’est également arrivé à Suika.
- Bah, t’inquiète. Dans ce cas, elle aurait largement eu le temps de noyer ses ennuis dans le saké. Nous ne devrions pas trainer, Reimu …
- Tu as préparé de quoi combattre ?
- J’ai quelques cartes en poche, oui. De quoi repousser la résistance … De toute façon, on a l’habitude de combattre des youkais. Elles auront beau être plus puissantes, on les connait.
- Oui, sans doute. Et puis, nous n’y allons que pour fouiller un peu. Ce n’est pas comme si nous allions voler la montagne …
- Arrête avec ça, c’est lassant ! »
La conversation s’arrêta là, et les deux amies s’envolèrent sans plus de cérémonie en direction de la Montagne de la Foi, à quelques kilomètres de là …

Les deux amies arrivèrent assez rapidement à destination. Survolant la Forêt Magique et ses innombrables cimes touffues, elles avaient cette fois-ci contourné le Lac ondin par la droite, et étaient également passées par-dessus l’endroit où Marisa avait recueilli Sanae la veille. La Montagne Youkai s’élevait de toute sa splendeur vers les cieux, on n’en voyait même plus le bout une fois arrivé au pied. Ce relief avait quelque chose de majestueux … Rien d’étonnant à ce que les youkais l’aient investi. Reimu et Marisa étaient tout au bas, prête à commencer leur montée. Il y avait quelque chose d’étrange, tout de même … La partie inférieure de la montagne, comportant de nombreux groupes d’imposants arbres, était complètement inanimée. On ne pouvait pas voir la partie supérieure, mais de là où elles étaient, les deux amis ne distinguaient aucun mouvement sur la gigantesque structure naturelle. Ne pouvant encore répondre à ces questions de là où elles étaient, elles haussèrent toutes deux les épaules, puis s’élevèrent dans les airs.
Elles commencèrent à survoler, sans dire un mot, les regroupements forestiers épars de la montagne. Les forêts montagnardes étaient effectivement dénuées de tout mouvement, autre que celui des feuilles volant au vent. Même les oiseaux étaient partis, ou alors, ils s’étaient tous enfermés dans un mutisme général … Les seuls bruits que l’on pouvait entendre étaient ceux des clapotis des torrents qui serpentaient parfois entre les rochers ou les bois. Et pas une seule youkai en vue … Ni quoi que ce soit qui ait forme humaine, d’ailleurs. Ce silence était franchement oppressant. Leur montée se déroula sans aucune anicroche, aucun obstacle ne se dressa sur leur chemin. C’était comme si en fait, la Montagne de la Foi se moquait ouvertement d’elles en leur disant qu’il n’y avait strictement rien à voir par ici … Marisa eut un frisson à cette pensée.
« Reimu, je commence à me sentir mal, là … Un calme pareil, c’est carrément anormal …
- … Qui sait, elles ont peut-être recyclé leur habitat en bibliothèque gigantesque. »
La tentative de plaisanterie de la miko ne fit absolument pas mouche, car aucune des deux n’esquissa le moindre sourire. L’ascension se poursuivit, dans le même calme oppressant …
N’ayant rien de plus à observer dans cette zone, la magicienne et la prêtresse parvinrent à la partie supérieure de la montagne, celle où les forêts s’arrêtaient pour laisser place aux rochers et aux escarpements plus abrupts. Mais ici, c’était le même scénario. Pas le moindre mouvement, pas la moindre âme qui vive. Juste des torrents, parfois des cascades … Mais rien d’autre. Comme l’avait dit Sanae par contre, au fur et à mesure de leur montée, elles commençaient à remarquer nombre d’éboulements un peu partout. Y avait-il un lien avec ça …? Comme elle le faisait régulièrement depuis le début de leur investigation, Reimu leva une fois de plus les yeux au ciel, se protégeant la vue du soleil. Et une fois encore, elle ne vit rien d’autre que le bleu et le blanc des nuages. Peut-être n’y avait-il aucun lien avec la prophétie après tout … En attendant, il n’y avait toujours aucune trace de ce qui pourrait être désigné par profanation. Les éboulements justement, peut-être …? Le sommet de la montagne n’était pas encore tout proche, mais elles avaient déjà fait un bon bout de chemin. Elles approchaient sans doute du temple Moriya …
« … TROIS PAS !!! »
Tout se passa extrêmement rapidement. Reimu, qui observait une avalanche de rocs, fit volte-face dans la direction de la voix qui venait de hurler. Avant même qu’elle ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, elle ressentit brusquement une violente douleur en plein dans le ventre … Quelque chose venait de lui foncer dessus à toute vitesse. Une énorme onde de choc colorée irradia de la collision … La prêtresse manqua de régurgiter ce que son estomac contenait alors que la chose qui l’avait agressée changea immédiatement de cible, fondant sur Marisa. La sorcière n’eut également pas le temps d’esquiver ou de se protéger ; elle se prit un coup de poing d’une puissance hallucinante dans le buste, se retrouvant projetée hors de son balai. Et avant même qu’elle ne puisse réagir, elle se sentit attrapée par le col de sa tenue et rattrapée dans les airs … Mais ça n’allait pas s’arrêter là : la personne qui l’avait frappée et repêchée aussitôt l’entraina sans aucun ménagement dans les airs, décrivant un arc de cercle. Et elle fonça de nouveau droit sur la prêtresse, à peine remise du choc précédent. Reimu tenta de se mettre en position de défense, mais ne fut pas assez rapide ; l’agresseur revint à sa hauteur à une vitesse extrême, et, la sorcière toujours en main, balança cette dernière en plein sur la prêtresse. Quand les deux amies entrèrent en collision, une autre onde de choc colorée irradia … puis elles chutèrent toutes deux vers le sol, et s’éclatèrent contre la paroi rocailleuse en moins d’une seconde. Un nuage de poussière s’en éleva, masquant la démise des deux humaines … Puis, celle qui les avait attaquées et même vaincues en moins de trois secondes, toujours dans les airs, frappa sa paume de main gauche avec les phalanges du poing droit en un signe d’honneur au combat chinois.
« … Broyeur de Montagne Irisé, souffla-t-elle. »

En bas, la poussière se dissipa petit à petit. Reimu avait tout juste eu la présence d’esprit de générer un sceau de protection sur le point d’impact avec la montagne afin de réduire les dégâts subis par la collision avec la roche. Marisa et elle l’avaient échappées belle … La sorcière, affalée sur la miko, se releva promptement suivie de son amie. Son balai, ayant chuté également suite à la perte de son contrôle sur lui, s’était retrouvé plus bas dans la montagne. Elle le rappela rapidement à l’aide de la magie, puis s’envola hors du nuage de poussière … Reimu en fit autant, remise du choc atténué. Les coups portés par l’agresseur avaient été bien douloureux, en tout cas. La magicienne était rapidement arrivée, totalement furax, en face de l’attaquante. ( ♫ )
« Bordel, mais ça va pas la tête, Hong ?! T’as perdu la raison pour nous attaquer comme ça ou quoi ???
- La ferme, sorcière !!! répliqua la gardienne. Vous n’avez rien à fabriquer en ces lieux. Estimez-vous heureuses d’être encore vivantes et déguerpissez d’ici !!!
- Bravo, ça me donne envie de faire exactement le contraire ! Je vais te refaire le portrait, tu vas voir espèce de … »
Marisa fut coupée par un sifflement strident dans l’air. A la gauche de Hong venait d’apparaitre une autre youkai, une tengu même, aux cheveux noirs mi-longs, aux yeux rouges et vêtue d’une tenue blanche au-dessus, noire en-dessous. Entretemps, Reimu était revenue à côté de la magicienne. Aya prit la parole.
« Hé bien, qu’avons-nous là, Meiling ? Des intruses ?
- On dirait bien, Shameimaru. Elles ont pénétré la zone interdite depuis quelques dizaines de minutes, maintenant. Tu as remarqué s’il y en avait d’autres ?
- Il n’y a que ces deux-là, on dirait. »
Les deux youkais n’avaient vraiment pas l’air de vouloir plaisanter. Sentant le danger, la sorcière resta en alerte, prête à dégainer ses Cartes d’Incantation au cas où ça tournerait vinaigre. Reimu quant à elle concentra son attention : elle sentait encore autre chose, qui se dirigeait vers eux …
« … Voilà Margatroid, signala la tengu. »
A ce nom, Marisa et la miko sursautèrent, se retournant vers un coin de la montagne. Effectivement, Alice était présente, lévitant à quelques dizaines de mètres de là … Et elle vint se ranger à la droite de la gardienne, une poupée sous le bras. Les deux humaines ne comprenaient plus rien. Qu’est-ce que ces trois-là faisaient ici, et pourquoi les avaient-elles interceptées ? Enfin, surtout, pourquoi elles étaient présentes, tandis que le reste de la montagne était complètement désert ? Ca n’avait aucun sens ! Les trois youkais, suspendues dans les airs, scrutaient les deux intruses de haut, d’un visage sans émotion …
« Alice, tu peux m’expliquer à quoi rime tout ce cirque ? s’exprima la sorcière.
- … Tu es vraiment stupide, Marisa. Je croyais pourtant que tu serais suffisamment intelligente pour ne pas t’approcher de cette montagne … Mais vous êtes vraiment bornées, à ce que je vois. Je suis déçue … Y aura-t-il un jour où vous vous montrerez raisonnables ?
- Bon, ça suffit, trancha Hong. Si l’on n’apaise pas la colère de la déesse, nous courons à notre perte … Faisons-les descendre, maintenant !
- Attends. Maintenant qu’elles se sont mises dans la bouillasse, autant leur expliquer pourquoi. Elles ont le droit de savoir.
- Peut-être, acquiesça Aya. Après tout, c’est à la prêtresse du temple Hakurei que nous avons affaire, héhéhé … »
Ce rire était jaune, sans vie, malsain. Les trois youkais avaient radicalement changé, elles n’avaient plus rien à voir avec les personnes que Reimu et Marisa avaient l’habitude de côtoyer autrefois … Et puis, leurs propos étaient bizarres, comme vides de sens. C’était à hérisser les cheveux sur la tête …
« … Parlez, ordonna la sorcière sans se laisser démonter.
- Très bien … annonça la confectionneuse. Ne vient pas le regretter après. »



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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:22

Un grand feu de bois crépitait au centre de la clairière, s’élevant dans les airs sous la lueur blafarde de la lune incomplète. En cette nuit, la Forêt magique abritait dans cet endroit reclus de son feuillage une population impressionnante réunie autour de ces flammes, dansantes à la brise nocturne. D’innombrables personnes, compactées autour de la lumière rougeoyante, se bousculaient d’entre les arbres ou l’espace libre qui constituait la clairière. A deux mètres autour du feu, huit personnes étaient assises en forme de cercle, en tailleur. Le reste de la foule faisait de son mieux pour ne pas les déranger dans leurs délibérations, ce qui n’empêchait pas des discussions et des interjections de fuser de partout dans l’endroit. L’une des huit personnes, une tengu-louve aux cheveux et à la tenue blanche, ainsi que portant une robe noire aux reflets écarlates, décida de prendre la parole.
« Moi, Momiji Inubashiri, déclare le grand conseil de crise ouvert. Sa majesté Tenma m’a ordonné de la représenter pour cette réunion d’urgence à laquelle elle ne peut assister. »
Tenma. La puissante souveraine des tengus, la garante de la Montagne Youkai, et la commandante-même de la surveillance et la défense du relief sacré. Ce simple nom inspirait terreur chez les humains, admiration chez les youkais … Son influence était très forte dans toute la communauté de la montagne, mais elle demeurait une personne extrêmement occupée, et n’avait aucun temps à consacrer aux débats qu’ils soient capitaux ou non. A l’heure qu’il était, elle devait être en train de trier les dernières centaines de piles de rapports de sécurité locaux établis par les patrouilles de tengus. Qui avaient sonné le tocsin l’après-midi de cette journée …
Suite à la déclaration de Momiji, de l’autre côté du feu de bois, Yuuka Kazami, dont la tenue rouge tranchait toujours autant avec ses cheveux verts, s’éclaircit la gorge. Aussitôt, l’agitation alentour se calma de manière très ostensible, ainsi tout le monde fut en mesure d’entendre les paroles qui seraient prononcées lors du débat.
« Vous n’êtes pas sans savoir ce qui s’est déroulé cet après-midi, dans la partie supérieure de la Montagne Youkai. Je remercie Shameimaru d’avoir bien voulu prévenir chacune d’entre vous à ce sujet, aux quatre coins de Gensokyo, afin d’organiser cette réunion de crise. »
La concernée, faisant partie du cercle de huit personnes autour des flammes, inclina la tête en signe de respect et de remerciement. La youkai aux pouvoirs floraux continua son discours.
« … Avant toute chose, sachez que les humaines, les fées ou toute autre créature peuplant notre terre ne doit en aucun cas être mises au courant ni des événements de la montagne, ni de ce conseil, et encore moins des décisions qui y auront été prises. Ai-je été bien claire ? »
Comme d’une seule femme, toute l’audience sans exception approuva la décision d’un signe de tête. Personne n’avait quoi que ce soit à redire. Momiji reprit la parole.
« Nous avons de très nombreuses témoins quant à ce qu’il s’est passé, dont moi-même. Il n’y a aucun doute possible. Il y a une dizaine d’heures, l’élément annonciateur de la prophétie millénaire s’est manifesté, en notre montagne … En notre maison. Ichirin. »
Une autre youkai, à côté de Yuuka, acquiesça. Elle était vêtue d’un haut d’habit bleu marine, semblant pourvu d’une capuche, qui lui recouvrait le sommet de la tête et les épaules tout en laissant apparaître ses courts cheveux violet clair et ses yeux sombres. En-dessous, elle revêtait une tenue blanche à longues manches qui lui couvrait aussi bien le buste que les bras, avec une robe tout aussi blanche à bordure inférieure de même couleur que sa capuche. Une espèce de fumée rosâtre, indistincte, semblait flotter dans un mouvement hypnotique autour d’elle … La femme sortit un très vieux parchemin, dont l’effet du temps était très en évidence exposé dessus, et lut d’une voix haute et très claire :
« Quand la Montagne Youkai relâchera ses entrailles,
Celles-ci s’élèveront vers les cieux et la colère des dieux
S’abattra sur le peuple Youkai jusqu’à son extinction totale … »


Il ne fallut pas plus de mots pour provoquer la panique dans la foule alentour. Ichirin rangea son parchemin sans cérémonie, dans un coin de sa tenue alors que la fumée rougeâtre se mettait à tourbillonner autour d’elle dans un mouvement désordonné. La youkai semblait se servir d’un gros anneau semblable à une auréole d’or, directement rattaché à la fumée, pour la modérer dans son mouvement. Les autres youkais, tout autour du cercle, avaient engagé de vifs débats et discussions entre elles. Le bruit de fond rendait la situation particulièrement angoissante, et il fut difficile de ramener le calme. Ce ne fut qu’au bout de nombreuses tentatives que Yuuka réussit à élever suffisamment la voix pour ramener ses semblables à l’ordre.
« Mes amies, mes amies, un peu de silence ! Nous savons très bien ce que signifie une telle prédiction. Mais veuillez rester calme, nous devons garder notre sang-froid ! »
Un semblant de tranquillité revint dans l’imposante assistance. La youkai aux vêtements rouges avait employé un ton ferme et résolu, mais en vérité, elle n’en menait pas plus large. D’ailleurs, les huit personnes du cercle peinaient à maintenir leur calme aussi. La tension était palpable dans le conseil de crise, comme les tremblements d’un volcan qui entrerait en éruption sans préavis si l’on ne faisait pas attention à ce que l’on disait. Les membres de la réunion allaient devoir peser leurs mots pour éviter que cela ne dégénère en émeute.
« Nous sommes ici pour prendre des mesures, annonça Momiji. Nous savons toutes que la colère de la déesse de la montagne est une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, mais peut-être n’est-il pas trop tard pour inverser la vapeur. »
Aussitôt cette phrase prononcée, une autre voix fusa d’à côté Ichirin.
« C’est stupide !! Que sommes-nous face aux dieux ? S’ils ont décidé que l’heure était venue du Jugement Dernier, alors nous devons nous y plier et accepter les règles du jeu ! »
La youkai qui était intervenue avait les yeux écarlates, et des cheveux mi-longs d’un indigo profond, sur lesquels était posé un chapeau noir où était noué un ruban rouge. Elle portait une tenue également blanche, aux bordures rouge pourpre, et une longue robe noire lui recouvrait les jambes. Mais la caractéristique principale de ses vêtements restait le long et large ruban, de mêmes coloris que son haut, qui était enroulé autour de ses bras et de son torse. Ses dernières paroles firent réagir Yuuka au quart de tour.
« C’est du fatalisme, Nagae ! Sauf tout le respect que je voue à nos divinités, je refuse de me soumettre aussi facilement à une fin aussi abrupte et injustifiée. Ichirin, qui est la prophétesse de cette prédiction ?
- Personne ne le sait. Il s’agit là d’un des écrits les plus anciens et les plus reculés de l’histoire de Gensokyo. Et d’ailleurs …
- … Il n’est pas complet, n’est-ce pas ? compléta la tengu-louve.
- Oui. A l’origine, il s’agissait d’une prophétie en sept vers. Les quatre derniers ont été perdus au fil du temps et de l’oubli …
- En sept vers ? répéta Iku Nagae.
- Vous avez bien entendu. Les quatre vers qu’il nous manque auraient largement pu suffire à placer d’autres conditions pour que cette prophétie se réalise, ou peut-être des éléments permettant de la résoudre avant les conséquences fatidiques. Tout espoir n’est peut-être pas encore perdu. »
Les nouveaux éléments apportés par le débat eurent le don de replonger l’assistance dans leurs discussions.

Longtemps durèrent les déblatérations du conseil, et l’agitation des youkais tout autour n’avait toujours pas chutée du début à maintenant. De temps à autre, les membres du cercle demandaient leur avis aux spectatrices, qui répondaient généralement à l’unisson. Le débat quant à lui tournait en rond. Les discussions furent enflammées entre certaines protagonistes, Yuuka et Momiji notamment, tandis que la majorité du reste du cercle restait totalement muet, suivant silencieusement les décisions et les rejets de leurs semblables. Au bout d’un très long litige entre Ichirin et Yuuka, la youkai florale reprochant à sa camarade sa négligence concernant les quatre vers manquants de la prophétie, Momiji frappa brutalement la terre face à elle. Le feu grésilla sous la force du coup, et toutes les youkais se retournèrent vers la tengu-louve, visiblement à bout de nerf.
( ♫ ) « Assez, déclara-t-elle sèchement. Ces déchirements inutiles ont suffisamment duré. L’heure est venue des décisions.
- Alors, qu’allons-nous faire ? demanda Iku, sceptique.
- Le ressort principal de la prophétie est la colère de la déesse de la Montagne. Nous ne pouvons que tenter de l’apaiser, en espérant sa clémence. Nous en avons assez discuté, vous ne trouvez pas ?
- Certes, approuva Yuuka. Mais comment voulez-vous procéder ?
- … La déesse ne s’est pas mise en colère sans raison. Les entrailles qui se sont élevées dans les cieux aujourd’hui sont sans équivoque le symbole de cette fureur. La seule explication est que, sans que nous ne nous en rendions compte … La Montagne youkai ait été profanée. »
L’assistance eut l’air de ravaler sa salive, toutes en même temps. Admettre un tel fait était une chose grave. Cela signifiait que les habitantes du relief sacré avaient été suffisamment négligentes pour laisser un blasphème s’y réaliser impunément …
« Alors, nous devrions retrouver la coupable de cette profanation et la châtier en conséquence ? supposa la youkai en habit bleu marine.
- Cela prendrait trop de temps ; nous sommes dans l’urgence. Il n’y a qu’une seule échappatoire à mes yeux : nous devons, sur-le-champ, évacuer la Montagne youkai. Si nous n’avons pas été assez dignes d’y résider, alors nous devons purger notre peine et quitter les lieux. Cela vaut pour toutes les habitantes, sans exception, de la montagne. Demain, vous forcerez toutes les créatures vivant là-bas, que ce soient kappas, déesses mineures, onis, ou humaines, à partir en exil. »
La décision de Momiji laissa un très lourd silence s’installer. Elle était stricte, presque cruelle, mais il n’y avait rien à y redire. Ce fut au bout de quelques dizaines de secondes que la sixième personne présente dans le cercle décida de prendre enfin la parole. Hatate Himekaidou, collègue d’Aya Shameimaru et justement assise à côté d’elle, éleva la voix.
« Que faire à propos des trois habitantes du temple Moriya ?
- Bannissez-les, trancha la tengu-louve. Qu’il n’y ait pas d’exception. Si elles opposent de la résistance, ne faites pas de quartier ; vous avez carte blanche. Et cela est valable pour quiconque s’opposera à cette décision. Demain, au crépuscule, la montagne devra être entièrement dépeuplée.
- Ces méthodes sont extrêmes, mais me semblent appropriées à la situation, approuva derechef Yuuka. Cependant, comment nous assurer que personne ne reviendra sur la montagne une fois l’évacuation terminée ?
- … Soit. En ce cas, nous n’avons pas d’autre solution que de désigner des gardiennes pour prévenir ceci. Trois d’entre nous se chargeront de la surveillance de la montagne en attendant l’apaisement de la déesse. »
Comme personne n’eut l’air de s’opposer à cette remarque, Momiji se retourna vers la tengu aux cheveux de jais.
« Shameimaru. Tu es sans conteste la plus rapide et la plus observatrice d’entre nous toutes. Je te désigne comme première gardienne temporaire de la montagne. »
Aya acquiesça respectueusement envers sa collègue, à présent supérieure. Elle aurait certainement trouvé de quoi à redire en temps normal, mais la situation de crise ne lui permettait pas de penser à un tel affront. La représentante de Tenma se retourna alors vers la septième personne du cercle, restée dans le mutisme du début à la fin du débat.
« Meiling. Tu as une force physique très largement supérieure à la normale et des réflexes d’acier. De plus, tu as déjà exercé la fonction de gardienne. Tu feras de même. »
Hong exécuta le même mouvement qu’Aya, acceptant sa nouvelle fonction. A présent, peu lui importait davantage son ancien poste et son devoir envers Rémilia Scarlet. Finalement, Momiji désigna la dernière personne du cercle.
« Margatroid. Tes capacités te permettent d’invoquer des armées entières à ton service. A toi toute seule, tu peux remplacer cent d’entre nous. Tu rejoindras les deux autres dans la défense de la Montagne. »
Et même jeu. Alice avait beau n’avoir également rien professé durant les discussions, sa foi envers son peuple était sans faille. La tengu-louve termina son discours sur ces dernières phrases :
« Demain au crépuscule, vous vous posterez au sommet de la montagne. Reposez-vous bien chez vous, et assurez avec honneur votre rôle. Ne laissez personne ne serait-ce qu’approcher le sommet, et encore moins les épanchements de métal qui se sont élevés dans les cieux ! Votre tâche ne sera accomplie qu’une fois que ceux-ci seront revenus à la montagne. En attendant … »
Elle se releva, et s’adressa à toutes les autres youkais présentes autour.
« … J’espère que ce n’est pas la dernière fois que nous nous voyons, mes sœurs. Partez toutes, loin de la montagne. Plus loin vous serez, moins le risque sera grand … J’espère que tout ceci s’arrangera. Merci d’avoir bien voulu assister à cette réunion de crise. »
Ce fut sur ces dernières paroles que le reste du cercle se leva, mettant un terme au conseil. Les youkais tout autour se remirent à discuter des décisions, non sans angoisse, et petit à petit, la clairière se vida. Au bout de trente minutes, quand le calme fut revenu, Ichirin se servit de la fumée rosâtre qui gravitait autour d’elle pour éteindre le feu. Celle-ci prit un visage humain étrange l’espace de quelques secondes, avant que l’obscurité ne vienne emplir les profondeurs de la forêt magique …



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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:23

La confectionneuse de poupée venait de finir de raconter les événements de l’avant-veille aux deux intruses. Quand le dernier mot de son récit fut prononcé, un grand silence pesant, à peine troublé par les clapotis étouffés d’une lointaine cascade, s’ensuivit. Elle avait narré la réunion et ses décisions presque dans ses moindres détails, et ne s’était jamais faite corriger par les deux autres gardiennes. Les deux humaines, toujours sur leurs gardes mais néanmoins attentives à ce qui avait été révélé, comprenaient petit à petit les significations de tous ces événements étranges de la veille … Mais malgré tout, quelques points restaient obscurs. Et maintenant, elles s’étaient fourrées dans un sacré pétrin. Histoire d’à la fois avoir réponse à une question et de retarder l’inévitable, Reimu trouva le courage de briser ce silence oppressant.
« Donc, les entrailles de la montagne … Il s’agit de ces épanchements de métal ?
- C’est juste, répondit Aya. Avant-hier, dans l’après-midi, tout le fer contenu dans la roche du sommet s’est libéré violemment, puis s’est aggloméré vers les cieux. Le retrait de ce métal a provoqué une forte instabilité dans la structure de la montagne, ça a donné lieu à ces éboulements ainsi qu’une panique générale … Et Alice vient de te raconter la suite. Alors, contente ?
- Tout le fer du sommet, tu dis ? Mais pourtant, on ne voit rien dans le ciel !
- … Maintenant que tu le dis, c’est vrai. Cependant, personne n’a vu les entrailles revenir à la montagne. Elles sont sans doute beaucoup plus haut au-dessus de nos têtes, voilà pourquoi nous ne pouvons les apercevoir.
- Dans ce cas, permettez-moi d’aller voir moi-même ce qu’il y a là-haut …
- Oh sûrement pas, ma chère !!! tonna Hong. »
La gardienne avait eu un ton extrêmement agressif, et fit craquer ses phalanges dans la foulée. Immédiatement, les deux autres youkais se mirent en position indiquant clairement leur intention de combattre, et de ne pas faire dans la dentelle pour ainsi dire. La prêtresse et la magicienne comprirent instantanément que toute retraite leur était désormais impossible. Elles se mirent en position de défense, prenant instinctivement de l’écart envers leurs futures opposantes. Dix mètres séparaient les deux camps et il était évident que les forces n’étaient pas équilibrées, au désavantage des deux humaines. Elles allaient devoir se donner à fond si elles espéraient passer.
« Je vais m’occuper d’Alice, essaye de te concentrer sur Aya ! conseilla la sorcière à sa coéquipière d’infortune.
- Et Hong, alors ?
- J’en sais rien, mais reste sur tes gardes ! On se posera la question après en avoir déjà battu une !
- Dans ce cas, il ne vaudrait peut-être pas mieux qu’on se concentre sur une seule à deux en même temps ?
- Euh … »
( ♫ ) Elles n’eurent pas le temps de se concerter davantage : l’ancienne gardienne du Manoir du Démon Écarlate fonça sans préavis dans leur direction, poing armé. Dans un mouvement de recul simultané des deux humaines, Reimu fit tournoyer son bâton de miko à vive allure et dégaina un sceau spécial dans la foulée : l’extrémité du sceptre s’illumina soudain d’une lumière bleutée, et la prêtresse fendit finalement l’air d’un coup circulaire face à elle. La lueur d’azur s’éjecta du bâton, fonçant droit vers Hong ; très rapidement, elle prit une forme rectangulaire, prit de l’ampleur, puis s’arrêta net. Il y avait à présent une barrière bleue de cinq mètres sur quatre entre les deux coéquipières et l’attaquante, qui malgré l’apparition du sceau de protection, ne ralentit pas du tout. Au contraire, elle sembla même accélérer : tendant son poing encore plus en arrière, elle atteignit en moins d’une seconde la surface magique …
« Symbole offensif … POING-ROCAILLE !!! »
Et contre toute attente, le puissant coup qu’elle balança dans la barrière la fit voler en éclats. L’énergie libérée par le bris du sceau ne sembla même pas freiner la chinoise dans sa course, qui continua droit vers les deux humaines complètement prises au dépourvu. Elle arma sa jambe droite, préparant un coup circulaire en direction du visage de la prêtresse. Celle-ci ne se fit pas prier pour se défendre de son sceptre, prête à parer le coup … Quand le pied entra en violente collision avec l’arme, une autre onde irisée s’échappa de la surface d’impact et un son tonitruant résonna dans l’espace. Reimu tint bon, mais serra les dents sous la puissance de l’assaut. Son bâton était fait dans un bois extrêmement résistant, mais ses bras plus frêles n’étaient pas habitués à recevoir de tels chocs. Marisa vit à ce moment précis une occasion rêvée de porter un coup efficace à la gardienne : à califourchon sur son balai, elle contourna en un éclair sa partenaire afin d’avoir un angle de visée parfait pour verrouiller Hong. Une fois en place, elle chargea rapidement son énergie au creux de son poing, puis forma une sphère d’énergie verte, d’où semblaient s’extirper très fréquemment des pics de lumière … Elle s’apprêta à la balancer sur sa cible, mais au dernier moment, elle se fit percuter par une attaquante sortie de nulle part. Déséquilibrée, elle jeta un œil dans la direction de sa tortionnaire. Ses ailes de corbeau déployées, Aya la fixait avec une expression sadique.
« Tu es trop lente … »

Il ne fallut pas plus d’un quart de seconde à la tengu pour fondre en un éclair sur la sorcière. Elle la percuta avec une violence rare, qu’elle n’avait pas l’habitude d’employer : la force d’impact fut si puissante qu’elle eut le don d’arracher un cri de douleur mélangée de surprise à sa cible, et l’entraîna dans une chute vers la partie inférieure de la montagne …
« MARISA !! s’époumona la prêtresse, affolée.
- Tu penses vraiment avoir le temps de t’occuper d’elle ? rétorqua Hong. »
Reimu se retourna vers son adversaire, et ne put pas voir à temps le coup de talon qu’elle lui décocha en plein dans le foie. Etourdie sous le choc, la miko ne put que laisser la gardienne enchaîner aussitôt avec un coup de coude extrêmement bien placé dans son estomac. La prêtresse se plia brusquement en deux sous cette attaque, manquant de cracher du sang, et porta difficilement la main dans sa tenue … Hong s’apprêta à terminer son enchainement en la smashant vers le bas, mais Reimu fit un énorme effort pour s’échapper de son rayon d’action ; reculée de deux mètres en arrière, elle avait brandi une Carte d’Incantation. Elle eut cependant du mal à en prononcer la formule à cause de sa douleur au ventre.
« Contrées Oni-riques … Sup-per … Barrière Duplex … »
Elle eut une quinte de toux, respirant à grandes goulées pour récupérer. Hong fut d’un coup enfermée dans un cube énergétique de trois mètres d’arête … Très peu de temps après son apparition dans l’espace, des sceaux et des amulettes caractéristiques de la prêtresse commencèrent à jaillir de ses extrémités, se dirigeant toutes vers la chinoise … Qui dut se concentrer afin d’éviter de s’en prendre une, entamant une remarquable chorégraphie d’esquive. Cette carte était avant tout un piège visant à déstabiliser les ennemis, mais la gardienne s’en sortait beaucoup trop bien pour qu’elle fût réellement utile …
« Tu espérais m’avoir avec des artifices aussi dérisoires ? Je suis vraiment très déçue, prêtresse !
- Sois contente que j’ai laissé le plus gros au temple … »
Pendant que Hong était encore, pour un petit moment, occupée avec la barrière Duplex, Reimu se tourna de quatre-vingt dix degrés à sa gauche : elle avait senti une nouvelle présence s’approcher, et il n’était pas question qu’elle se laissât de nouveau surprendre comme tout à l’heure. Entourée d’une douzaine de poupées flottant dans les airs, Alice croisa les bras et provoqua sa rivale du regard.
« Tu n’iras pas plus loin, très chère.
- Tiens donc … On dirait que ça va mieux depuis la dernière fois qu’on s’est vues.
- Oh, ça n’a jamais été vraiment "mal", tu sais … répliqua-t-elle avec un mauvais clin d’œil.
- C’est pas vrai … marmonna la prêtresse en serrant les poings. »
Décidée à ne pas se reprendre de coups, Reimu prit l’initiative aussitôt ces mots prononcés : elle tendit le bras gauche en avant, celui qui ne tenait pas le bâton, ouvrant sa paume de main … et permettant à un long et rapide jet de sceaux bleus de s’éjecter de sa manche détachée. La confectionneuse n’eut pas besoin de plus de temps pour engager une formation défensive avec ses poupées : celles-ci s’agencèrent en sphère autour d’elle, et dégainèrent en presque parfaite coordination des lances médiévales. Les créatures de tissu et de coton commencèrent à tourner sur elles-mêmes à une vitesse supersonique, se changeant en véritables petites tornades de lame.
« Symbole belliqueux : Petite légion ! »
La prêtresse, malgré la formation de son adversaire, avait commencé à foncer droit vers elle. Les sceaux qu’elle avait lancés précédemment vinrent percuter les lances ennemies, très efficaces dans leur rôle défensif. La miko, toujours en volant droit vers Alice, plongea de nouveau la main da sa tenue et en ressortit tout un set de papiers : il ne restait plus que cinq mètres avant qu’elle n’arrive sur la confectionneuse. Durant une seconde, elle concentra au maximum l’énergie dans les feuillets qu’elle tenait entre son index et son majeur … Puis quand elle ne fut plus qu’à deux mètres de la sphère de poupées-toupies, elle les envoya brusquement sur l’ennemie : les carrés de papier se transformèrent alors en énormes sceaux jaune-orangé, parcourus de traits horizontaux rouges, qui foncèrent sur les cibles défensives. Alice n’avait pas vu venir ce coup ; elle recula brusquement, mais c’était trop tard. Les gros sceaux percutèrent les poupées les unes après les autres de plein fouet, et très rapidement la Carte d’Incantation de la marionnettiste fut annulée … et Reimu fonça droit sur elle, décochant un puissant coup de sceptre circulaire dans son buste. La confectionneuse fut projetée en arrière sous la force de l’impact, prise d’un haut-le-cœur. La prêtresse se mit en garde, attendant d’éventuelle riposte de sa part … Mais ce ne fut pas le cas. A la place, la youkai se mit … à rire. D’abord une simple expiration saccadée, puis plusieurs de suite … Jusqu’à ce qu’elle en rît à gorge déployée. La miko, inquiète par ce comportement trop sûr de soi, intervint.
« Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ? »
Alice reposa son regard sur Reimu, la dévisageant d’une expression lasse et souriante. Ce ne fut qu’à ce moment que la prêtresse remarqua la Carte d’Incantation dans sa main …
« Qu’est-ce que !?
- Cavalerie : Escouade kamikaze ! »
La miko ouvrit de grands yeux horrifiés et se retourna instantanément. Cependant, il était déjà trop tard.

Marisa, envoyée plus bas, se redressa sur son balai. Aya s’était enfin décidée à la lâcher, et il n’en fallut pas plus à la sorcière pour envoyer une flopée de flèches d’énergie vertes, beaucoup plus concentrées que précédemment, dans sa direction. Trop rapide, la tengu n’eut qu’à faire un mouvement de côté unique pour esquiver cette attaque négligée. Ce fut à ce moment-là, où les deux se faisaient face-à-face prêtes à engager les hostilités, qu’une série d’explosion retentit soudain plus haut. Elles tournèrent la tête dans cette direction : un nuage de fumée s’était formé dans l’air … et quelque chose en tomba. Ou plutôt quelqu’un …
« Bon sang … souffla la sorcière. REIMU, J’ARRIVE !!! »
La sorcière fonça droit vers son amie qui chutait vers la pente de pierre, vingt mètres plus loin. La youkai aux ailes de corbeau croisa les bras et observa son adversaire d’un œil amusé.
« Si tu te permets de baisser ta garde ne serait-ce qu’un instant, la vainqueur est déjà toute désignée … »
Marisa fut coupée net sur sa route. La tengu aux cheveux de jais s’était mise à voler en lignes droites face à elle, libérant au contact de l’air des légions de sphères d’énergie rouge … La sorcière fut forcée de s’arrêter pour ne pas s’en prendre elle-même. Au départ, elle se contenta de se diriger sur son balai de manière à esquiver les attaques, qui se resserraient toujours plus autour d’elle … Mais au fur et à mesure qu’Aya volait et libérait ses assauts, la jeune fille en noir se retrouvait de plus en plus acculée dans cet enfer de tirs, qui avançaient avec une lenteur presque sadique vers elle. Bientôt, elle fut complètement encerclée par ces sphères rouges, et n’avait plus aucune direction où fuir. Il n’y avait aucune faille dans ce champ de mine … Elle était coincée ! Elle ne put que regarder, impuissante, Reimu atterrir brutalement sur la surface de pierre inclinée …
« Symbole d’Aquilon : Eventail du Vent Divin ! »
Aya, à présent statique dans les airs, claqua des doigts. Toutes les sphères qui se trouvaient alors autour de la sorcière foncèrent d’un seul coup vers elle … Et la percutèrent toutes en même temps. La collision simultanée de toutes ces attaques provoqua une déflagration démesurée, et une explosion de lumière aveuglante qui masqua la scène aux yeux de toutes. Le balai de Marisa fut éjecté le premier, sous l’onde de choc qui accompagna l’impressionnante libération d’énergie … Avant d’être suivi par sa propriétaire, quand la lumière retomba. La sorcière, inconsciente et brûlée à de nombreux endroits, alla rejoindre son amie sur la pente … Les deux humaines avaient été vaincues.

( ♫ ) La prêtresse laissa échapper un léger gémissement. La pente de pierre, dure et rugueuse, avait un contact franchement désagréable. N’ayant pas remarqué les poupées explosives qu’Alice avait discrètement envoyées sur elle, elle avait fait une chute vertigineuse de dix mètres de haut … Par chance, elle avait su ralentir sa course folle vers le sol à temps à l’aide de ses capacités de vol, et avait ainsi évité le pire. En contrepartie, elle n’était pas très bien tombée : loin de pardonner, la surface rocheuse inclinée s’était voulue aussi irrégulière que chaotique, et elle sentait de nombreux cailloux s’enfoncer dans sa peau à de multiples endroits de son corps. Reimu emplit ses poumons d’oxygène et se poussa vigoureusement du sol à l’aide de ses bras. Elle avait mal, mais parvint à se redresser sans trop de problème. Au bout de quelques efforts, elle était debout, égratignée à bien des endroits, mais en forme. Au final, elle n’était pas trop amochée, et aurait très bien pu continuer le combat si ça ne tenait qu’à elle. Mais c’était sans compter sur l’état de Marisa, qui venait de se scratcher plus bas, quelques minutes auparavant … Sa chute avait été plus courte d’une poignée de mètres de moins, mais elle n’avait pas pu la ralentir, sans son balai. Surtout qu’elle avait essuyé la Carte de la tengu de plein fouet … Elle ne devait pas se trouver dans un état très enviable, et poursuivre la bataille ainsi était hors de propos. La miko se hâta de la rejoindre, prenant garde à ne pas glisser sur la paroi instable. Une fois arrivée devant la sorcière, elle prit son pouls. La jeune fille était tombée sur le côté, et avait eu beaucoup de chance que ce ne fût pas sur la tête. Elle allait bien, mais elle resterait dans l’inconscience pendant un petit moment … Jusqu’à ce qu’elle n’ouvrît les yeux et dégageât sa main de l’emprise de son amie.
« C’est bon, ça va ça va … maugréa-t-elle faiblement. Je suis pas à l’agonie non plus.
- … Tu ne devrais pas te surmener.
- Ouais, c’est ça … Elles vont voir ce qu’elles vont voir, celles-là … »
Sur ces mots, sans même se redresser, elle fouilla dans sa poche et en sortit une nouvelle Carte. Reimu l’arrêta immédiatement, saisissant son poignet avec fermeté.
« Arrête. On ne peut pas gagner comme ça, tu le sais bien. Il … Il faut bien reconnaître notre défaite …
- Ah lala … Quelle honte … »
La prêtresse préféra ne pas lui laisser l’occasion de réengager les hostilités, l’obligeant à ranger ce qu’elle tenait à la main. Elle l’aida à se relever, péniblement. La sorcière avait les joues et les bras couverts de brûlures, ainsi que les membres douloureux à cause de la déflagration qu’elle avait encaissée dans les airs. Une fois debout, elle retira son chapeau et jeta un œil en contrebas ; son balai, hors de contrôle, avait dégringolé une vingtaine de mètres à flanc de montagne et s’était coincé, prisonnier entre deux rochers … Malgré son manque de vigueur, Marisa parvint à le rappeler avec l’aide du peu de magie qu’il lui restait. Le manche de bois jaillit d’entre les pierres puis fendit l’air en direction de sa propriétaire, où il se laissa docilement saisir par sa main. A ce moment, les deux humaines se retournèrent vers le sommet de la montagne Youkai : une des gardiennes du relief était venue à leur rencontre, tandis que les deux autres étaient de retour à leur poste de vigie, beaucoup plus haut.
« Allez-vous-en, ordonna Alice. Nous avons fait preuve d’indulgence pour cette fois, alors ne vous avisez pas de revenir. Nous ne ferions pas de quartier.
- Vous comptez rester là-haut pour le restant de vos jours ? maugréa la prêtresse avec sarcasme.
- Jusqu’à ce que le fer de la montagne lui revienne. Et plus vous resterez ici, plus il faudra attendre pour que cela arrive. Disparaissez, maintenant.
- Arrête tes conneries, Alice … vitupéra la sorcière avec peine. Pourquoi tu fais tout ça … »
La confectionneuse signala son refus net de répondre d’un geste du plat de la main. Elle croisa ensuite les bras, et fixa les deux autres d’un regard très persuasif : si elles ne partaient pas dans la minute qui suivait, elle s’occuperait personnellement de leur cas. Et vu les coups qu’elles s’étaient prises, il ne fallait pas réfléchir longtemps pour comprendre qu’elles ne feraient pas le poids. Reimu baissa la tête en signe de soumission forcée, et s’envola avec résignation vers le pied de la montagne. Quant à Marisa, elle resta un court moment à soutenir le regard de son ancienne voisine ; malheureusement, celle-ci se montrait inflexible et la communication était rompue d’avance. Elle fut contrainte d’abandonner et partit à son tour rejoindre sa partenaire …


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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:23

( ♫ ) La prêtresse et la sorcière parvinrent très rapidement en-dehors de la zone montagneuse. Une fois encore, toute agitation avait quitté le relief. Marisa avait repris quelques couleurs depuis le temps, mais elle allait devoir traiter ses brûlures très prochainement si elle ne souhaitait pas qu’elles dégénèrent … En tout cas, elle avait repris de la forme et c’était déjà un exploit. Les deux partenaires ne prononcèrent pas un mot en contournant le Lac ondin à pied, où juste derrière s’élevait l’endroit qu’elles avaient naguère quitté. Ce ne fut que quand elles commencèrent à s’enfoncer profondément dans la Forêt Magique, en direction de la demeure de la sorcière, qu’elles décidèrent de se séparer.
« Si tu as l’intention de faire quoi que ce soit, préviens-moi, demanda cette dernière. J’ai bien l’intention de prendre ma revanche.
- Commence par te reposer, on avisera ensuite. Je vais réfléchir à tout ça … »
La magicienne acquiesça, puis chacune partit de son côté. S’élevant légèrement dans les airs, juste assez pour passer au-dessus des cimes forestières en direction du temple, Reimu commença ses réflexions. En récapitulant … L’avant-veille, le fer contenu dans les entrailles de la Montagne de la Foi s’était libéré de son hôtesse pour s’élever vers la voûte céleste, comme le prédisait la prophétie qu’avait contée Patchouli. En ce phénomène inexplicable, les youkais avaient vu le début de cette sinistre prédiction et avaient pris des mesures radicales en conséquence ; Alice, Hong et Aya avaient ainsi été désignées pour empêcher quiconque d’atteindre le sommet de la montagne, voire même de rester tout simplement sur le relief. En repensant aux événements précédents, tout se reliait … mais qu’est-ce qu’il y avait exactement, au-dessus de cette montagne ? Et pourquoi ne voyait-on que le ciel en levant les yeux …? Pour le savoir, il aurait fallu vérifier de soi-même, mais les youkais leur avaient barré la route. Reimu et Marisa s’étaient gênées entre elles durant la confrontation, et armées du peu dont elles disposaient, elles n’avaient pas su passer au travers de leurs défenses. Alors, est-ce que la prophétie se réalisait vraiment, à présent ? Si tel était le cas, il n’y avait pas grand-chose que la prêtresse pût faire de plus … qu’attendre. Ou recommencer son enquête depuis le début. Elle continua de cogiter jusqu’à son retour au temple …

La matinée parut bien courte au ressenti de la miko. Découragée par l’échec de leur précédente investigation, elle n’avait pas eu la motivation ni de poursuivre, ni de donner un nouveau départ à son enquête, et s’était mise en tête de ranger la remise … comme elle l’avait prévu la veille avant que la sorcière ne vînt l’entraîner dans cette affaire insoluble. Et elle se rendit compte qu’au final, il n’y avait pas grand-chose à ordonner là-dedans. Aussi elle passa le début de son après-midi assise sur les marches du temple, à contempler le paysage céleste … seule. Une fois encore, aucun visiteur ne vint se recueillir ici. C’était dans ces moments de solitude qu’elle se demandait si sa besogne servait bel et bien à quelque chose … Au final, c’était dans les périodes de crises comme celle-ci qu’elle s’était réellement montrée utile et avait rendu service à Gensokyo. Et cette fois, alors, elle n’y arriverait pas …?
… Pas le choix. Si elle voulait progresser, et continuer à faire ce qu’elle avait toujours cru juste de faire, il allait falloir retourner là-bas. Et il était inutile de mêler davantage la sorcière à cette histoire ; c’était sa responsabilité, à elle la prêtresse du Temple Hakurei, de résoudre les problèmes. De plus, il faudrait qu’elle s’arme mieux en Cartes d’Incantations … Plutôt prendre l’équipement complet, pour changer un peu. Même s’il y avait de grandes chances qu’elle n’eût pas à se servir de tout … Forte de cette résolution, elle se leva de l’escalier de bois et retourna à l’intérieur de sa demeure. Elle se dirigea alors vers une petite commode, à côté de son matelas, et fouilla dans un tiroir : après quelques recherches, elle en sortit un paquet de Cartes, dont certaines qu’elle n’avait parfois jamais employées jusqu’à présent. Elle-même connaissait difficilement la portée de leur puissance … Et à vrai dire, elle espérait ne pas avoir à les expérimenter. Après les avoir rangé dans un coin de son habit de miko, elle retourna au-dehors. Il était environ quatre heures de l’après-midi, si elle pouvait mettre un terme à cette prophétie d’une façon ou d’une autre avant ce soir, ce serait parfait. Elle commença à marcher sur le chemin de pierre, sur le point de prendre son envol … avant qu’elle ne s’arrêtât brusquement. Sur le sentier pavé, quelqu’un marchait dans sa direction. Quand la personne se rapprocha de la prêtresse, celle-ci engagea la conversation.
« Tiens donc, toi ici … C’est rare de te voir dans les environs.
- Ah … Je dispose peut-être de tout le temps qu’il me faut, mais j’aimerais te demander quelque chose le plus rapidement possible. J’ai encore du travail … » ( ♫ )
Sakuya Izayoi se tenait maintenant face à la miko. Elle avait dû faire le trajet entre le manoir et le temple hors du temps … La servante croisa les bras et regarda son interlocutrice dans les yeux. Elle avait l’air plutôt sérieuse.
« Tu sais ce qu’il se passe, à la Montagne Youkai ?
- … Oui. Marisa et moi, on y est allée ce matin … Pourquoi tu veux savoir ça ?
- Et bien, hier, tandis que je me trouvais dans une des tours du manoir … J’ai assisté par une fenêtre à un exode massif des habitantes de la montagne. Il a duré assez longtemps, d’ailleurs.
- Hum … Oui, effectivement je sais de quoi il s’agit, acquiesça la prêtresse en hochant la tête.
- Mais, ce n’est pas le plus important. Ce dont je veux te parler, c’est de cette reporter au journal Bunbunmaru, Aya Shameimaru ce me semble.
- Aya ? Qu’est-ce qu’il y a avec elle, cette fois ?
- Elle a attaqué le manoir. »
Reimu eut un soubresaut à l’écoute de cette nouvelle. Qu’est-ce qu’elle venait de dire ? Aya avait pour rôle de défendre la Montagne Youkai, pas d’attaquer ce qu’il y avait autour !
« Quand est-ce arrivé ?
- Il y a une heure environ… Je veux dire, dix minutes dans votre temps à vous, rectifia-t-elle en sortant une belle montre d'un éclat vert légèrement sombre de sa poche. J’ai eu du mal à la repousser … Elle a presque failli porter une attaque sur le bâtiment externe.
- Tu te souviens si elle a dit quelque chose ?
- Hum … Je crois qu’entre ses cris de rage, elle a hurlé que nous n’avions pas notre place ici et que nous devions "foutre le camp" sur-le-champ. Mais à part ça … Et si tu m’expliquais ce qui se passe, toi qui a l’air informée ? »
La prêtresse acquiesça d’un signe de tête. Elle raconta alors à la jeune femme aux cheveux d’argent tout ce qui leur était arrivé depuis la veille. Les événements étranges, comment leur enquête avait piétiné, leur décision de se rendre à la montagne … et ce qu’elles y avaient découvert. Malgré que la jeune fille eût essayé d’abréger au maximum son récit, il ne lui fallut pas moins de dix minutes pour expliquer le principe de la prophétie et tout ce que cela avait engendré. L’expression de Sakuya s’assombrit quand elle eut fini.
« Alors, Hong est là-haut si je comprends bien … marmonna-t-elle. J’espère que cette histoire ne durera pas longtemps. En principe, c’est à elle de défendre le manoir.
- Mais je ne comprends pas … Aya n’avait pas de raison de vous attaquer. A moins que … Oh non, ce n’est pas vrai …
- Tu as une idée ?
- Elles ont sans doute commencé à s’attaquer non seulement à ceux qui osent entrer dans le périmètre de la montagne, mais aussi à ceux qui se trouvent autour … A force de rester là-haut sans que rien ne se passe, elles ont dû penser que cela ne suffisait pas … Il va falloir agir, rapidement !
- Je retourne au manoir, signala la servante. J’ai réussi à la maintenir à distance une fois, mais elle pourrait toujours revenir à la charge.
- D’accord. Ce sera bientôt terminé … J’espère. »
Sakuya se retourna et se mit en route pour l’île du lac. Cependant, avant de sortir une nouvelle fois du temps, elle tourna une dernière fois la tête vers Reimu.
« Au fait … Je ne sais pas si ça a rapport, mais j’ai croisé Yukari juste après que l’exode de la montagne ne se termine.
- Tu as croisé … Quoi ?
- Alors que j’étais en train de dépoussiérer les bibelots de la salle des trophées, elle a surgit de nulle part, l’une de ses barrières encore une fois. Elle avait l’air contrariée, c’était étrange … Et elle m’a demandé si j’avais vu ce qu’il s’était passé là-bas. Quand je l’ai informée de l’exode, elle est repartie aussitôt sans demander son reste. »
La prêtresse resta silencieuse un bon moment, une expression à la fois alerte et songeuse sur le visage. Elle fixait le vide à côté de la servante, sans rien dire … Comme si elle réfléchissait.
« … Qu’y a-t-il ? demanda la jeune femme.
- Merci de m’avoir informé de ça, Sakuya. Je crois que c’est tout ce dont j’avais besoin de savoir.
- Bien, tant mieux alors. Bonne journée. »
Sur ces mots, la servante sortit quelques cartes à jouer de sa poche, et disparut dans l’espace en les laissant retomber …



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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:24

Le ciel commençait à se tenter d’une lueur cramoisie, derrière la Montagne de la Foi, soulevant l’ombre du crépuscule en approche. Aux abords du lac, dans une partie de la Forêt Magique, un événement brusque et inattendu en la quiétude des lieux vint troubler le silence ; à quelques dizaines de mètres de la rive où l’eau rencontrait la terre, l’air se fendit soudain en deux, créant une fissure mince et sombre entre les arbres et les plantes locales … Sitôt le phénomène arrivé, des groupes d’oiseaux perchés sur les branches alentour prirent leur envol, dérangés et paniqués, tandis qu’une paire de main émergeait de cette faille et l’élargissait d’un mouvement d’écartement. De cette ouverture d’où l’on ne distinguait que ténèbres et yeux rouges, une femme vêtue de blanc et de violet émergea. Elle prit pied à terre, et d’un claquement de doigt, referma le passage dimensionnel derrière elle : les deux nœuds papillons rouges, situés aux extrémités de la faille, se rapprochèrent à grande vitesse et effacèrent ainsi l’embouchure, avant de s’évanouir dans l’espace à leur tour. Plongée dans ses pensées, la nouvelle arrivante fixait le sol couvert d’herbe et de champignons, le menton entre deux doigts, et l’autre main tenant son parasol sous son aisselle opposée. Le regard las, elle poussa un soupir et remit son ombrelle sur son épaule, un mélange de contrariété et d’inquiétude sur le visage. D’une marche lente, elle alla se poster au bord de la rive, face au lac. D’ici, on pouvait voir l’île au manoir ainsi que la montagne … Elle dirigea sa vision vers le sommet, semblant fixer quelque chose du regard. Quelques minutes passèrent ainsi, à contempler les cieux qui se faisaient progressivement envahir du rose de fin d’après-midi, avant qu’elle n’entendît des bruits de pas à quelques mètres derrière elle.
« Je savais bien que tu finirais par te montrer, Yukari. »
La femme aux cheveux blonds fit volte-face. Reimu s’avança, sceptre de miko en main, vers la youkai des barrières. La prêtresse n’avait cependant aucune hostilité envers celle-ci.
« Salutations, très chère, se contenta de répondre la maîtresse de Ran. Que fais-tu donc ici ?
- Je te cherchais. Ca fait trois heures que j’attends ici que tu pointes le bout de ton nez, et visiblement, je ne me suis pas trompée. »
D’un geste remarquablement impudent, la jeune fille aux cheveux noirs fit un mouvement de son bâton en direction de la youkai, pointant celle-ci, alors que seuls cinq mètres les séparaient encore.
« C’est toi qui est responsable de tout ce raffut, pas vrai ?! clama-t-elle.
- Euh, hem … Je ne vois pas de quoi tu parles.
- Cesse de jouer les imbéciles ! Tu sais parfaitement ce qui est arrivé à tes semblables, et à la Montagne de la Foi ! J’aurai pu passer à l’action bien avant de te retrouver, mais j’avais besoin de savoir avant de foncer tête baissée … Alors parle.
- … »
Reimu fut rapidement prise d’un doute. Yukari agissait bizarrement. Dès que Sakuya avait prévenu la prêtresse à son sujet, elle avait immédiatement compris que c’était la youkai qui était une fois de plus à l’origine de ces événements surnaturels … Mais celle-ci ne se comportait pas comme telle. Elle ne pouvait pourtant pas s’être trompée, Yukari était forcément impliquée … Surtout que si c’était ce qu’elle pensait, elle ne pouvait pas le nier !
« … Bon, d’accord, se résigna la youkai millénaire. C’est vrai … Tout ça, c’est à cause de moi.
- … Ah bon, ironisa la miko.
- Je ne sais pas exactement pourquoi tout s’est déroulé ainsi mais … Si mes sœurs ont déserté cette montagne, je reconnais que c’est de ma faute. C’est moi qui ai provoqué cette panique, et j’en assume l’entière responsabilité … Si tu veux me punir, alors fais-toi plaisir. Je ne résisterai pas.
- Ce ne sera pas nécessaire. Ce n’est quand même pas commun que tu avoues tes péchés. »
Maintenant, tout était clair. Jamais Reimu n’aurait imaginé que ce fût si facile … Donc, comme ça, Yukari était la responsable de la profanation qui avait engendré la colère des dieux … comme elle le pensait. Elle était encore un peu étonnée par les aveux non-forcés de la youkai des barrières, mais au moins c’était déjà ça de résolu.
« Alors, comment tu t’y es prise ? Qu’as-tu fais, exactement ?
- Ce serait long à t’expliquer. Il s’agit des traditions youkais, Reimu … Les humains ne peuvent guère y comprendre quoi que ce soit.
- Bon, ça va. Pas la peine de prendre cet air-là. »
La femme vêtue de violet se contenta de détourner le regard. La prêtresse alla la rejoindre, sur le bord de la rive, et regarda à son tour le sommet de la montagne.
« Merci de bien avoir voulu m’avouer tout ça. Maintenant, il va falloir résoudre le problème.
- Seule l’attente donnera des résultats, ma chère. Il n’y a rien que tu ne puisses faire.
- Vraiment ? Pourtant, je me demande bien ce qu’il y a exactement, là-haut … »
Yukari se retourna doucement vers la miko, la regardant avec une appréhension dans les yeux.
« Tu as l’intention de t’y rendre ?
- A vrai dire, oui. Tout cela est trop étrange … Il est censé y avoir du fer, là-dessus. Mais on ne voit rien d’autre que le ciel. Encore un événement bizarre comme il en arrive si souvent à Gensokyo …
- N’y va pas, Reimu. Ca ne servirait à rien.
- Qu’est-ce que tu en sais ? C’est mon rôle de prêtresse d’aller vérifier de moi-même.
- … Tu es têtue, comme d’habitude … C’est dommage, on dirait que je ne vais pas avoir le choix. »
A ces mots, la youkai fit un rapide bond en arrière, faisant tourner son parasol sur l’épaule. La prêtresse n’en eut pas besoin de plus de temps pour comprendre qu’elle avait l’intention de se battre, et se mit à son tour en position de défense, au cas où elle passerait déjà à l’attaque. Ce ne fut pas le cas, car elle prononça cette dernière phrase avec un sourire déterminé avant que la confrontation ne débute …
« Ne t’en déplaise … Je ne te laisserai pas atteindre le sommet de la montagne, quoi qu’il arrive ! »

( ♫ ) Reimu fit un grand saut en arrière, reculant de plusieurs mètres. Il n’en avait pas plus fallu à Yukari pour engager les hostilités, et nullement en y allant de main morte : la youkai avait brutalement libéré des centaines de sphères d’énergie colorées, qui partirent dans tous les sens en défonçant tout sur leur passage. Suite à un boucan infernal, le paysage partit en cendres en un clin d’œil, sous les pouvoirs de la guerrière, et le sol fut couvert de troncs calcinés dans un rayon de dix mètres autour de celle-ci. La prêtresse, ayant su passer au travers de l’assaut avec une agilité étonnante, fonça droit vers son ennemie en la canardant d’amulettes aiguisées. Elle s’était d’ores et déjà entourée de deux orbes Yin-Yang qui tenaient la youkai des barrières en respect sous un feu nourri … Celle-ci n’avait aucun mal à se protéger de tous les projectiles en jonglant de son parasol déployé, et tandis que Reimu fonçait toujours vers elle, n’étant plus qu’à quelques mètres, Yukari exécuta un salto arrière sur place. Elle se mit alors à tourner à toute vitesse sur elle-même, la vitesse de rotation tellement élevé qu’on ne distinguait plus d’elle qu’une boule rose et violette … L’énergie cinétique émanant d’elle se transforma instantanément en quatre rafales d’énormes tirs ovoïdes noirs, qui décrivant une trajectoire courbe pour se diriger vers la prêtresse, lui bloquèrent la route. Toutefois, la miko ne se laissa pas démonter : plongeant dans une faille qu’elle avait repérée entre les quatre faisceaux ondulés d’énergie noire, elle traversa le champ de tirs que son adversaire avait mis en place et décocha un puissant coup d’estoc de son sceptre de prêtresse, empoignant celui-ci à deux main, dans la sphère tourbillonnante.
Yukari fut expulsée en arrière à une vitesse impressionnante, toujours dans son mouvement de rotation mais suffisamment ralenti pour qu’on puisse la distinguer. La youkai déracina trois arbres dans son éjection avant de finalement se stopper dans les airs, stabilisée à nouveau. Elle avait au bas mot traversé une vingtaine de mètres en ligne droite sous la force de l’impact infligé par la prêtresse … Nonobstant sa surprise, elle s’éleva vivement dans les airs, passant à dix mètres au-dessus des cimes de la forêt qui en avait pris un coup. Toujours escortée de ses deux orbes, Reimu l’imita aussitôt en fondant vers elle, la cadence de tir d’amulettes ayant déjà augmenté depuis qu’elle les avait enclenchés. Yukari dégaina un éventail et étendit ses bras en croix, ombrelle d’une main et demi-disque de tissu dans l’autre ; quatre carrés d’énergie, agencés en forme d’étoile à seize branches, se formèrent autour d’elle. Elle avait engagé le Symbole des Frontières : Quadruple Barrière. Les quatre barrières se mirent à tourner dans le même sens et à la même vitesse impressionnante, conservant la même forme d’étoile, avec la youkai pour centre d’inertie … Tout en libérant de nouvelles rafales de sphères éclatantes, ainsi que des nuées de lépidoptères énergétiques.
La prêtresse laissa tous ses sens se mettre en éveil : face à elle, sur un décamètre de distance aérienne, un véritable enfer d’insectes explosifs et de projectiles en tout genre la séparait de son opposante. Plaquant ses bras le long de son corps, elle plongea courageusement à l’intérieur du rideau de tirs, évitant du mieux qu’elle pouvait les incalculables offensives qui semblaient vouloir la noyer sous leur nombre. Elle n’avait cependant parcouru que cinq mètres qu’un nouveau danger se manifesta : à sa gauche et sa droite, elle sentit soudain des rangées de rayons lumineux se charger … puis transpercer impitoyablement l’épanchement de projectiles en tous points, tel un dé à coudre gigantesque qu’on criblerait d’aiguilles. Yukari regarda le nuage de projectiles : contrairement à ce qu’elle espérait, l’amas d’énergie qu’elle avait concentré sur Reimu commença rapidement à se dissiper, effacé par des torrents de sceaux Hakurei émanant d’un même point. La prêtresse avait réussi à tout esquiver, et avait même lancé la Carte du Sceau Fantaisiste pour se débarrasser de ces éléments. Une seconde plus tard, alors que tous les tirs de la youkai n’étaient même pas encore absorbés, la miko s’éjecta brusquement du nuage et rentra dans son adversaire en la percutant violemment. Elle flanqua un puissant coup de pied non retenu dans les côtes de son opposante, et fit tourner ses orbes autour d’elle à une vitesse telle qu’ils percutèrent une bonne dizaine de fois la youkai avant que celle-ci, le souffle coupé, ne parvienne à se dégager. Yukari fit un mouvement de l’avant-bras et s’évanouit aussitôt dans les airs, aspirée par une barrière dimensionnelle. Reimu fit immédiatement volte-face et lança un gros sceau bleu, comme un shuriken, dans cette direction. La youkai millénaire était réapparue juste sur la trajectoire de celui-ci et ne put même pas tenter de l’éviter : elle se le prit de plein fouet, alors qu’une onde de choc azurée irradiait de l’impact et qu’un claquement sonore désagréable retentissait dans les airs. C’était seulement maintenant qu’elle pouvait avoir quelques secondes de répit : reprenant son souffle, elle regarda la prêtresse avec un mélange d’admiration et de lassitude. Quant à Reimu, elle se contenta de croiser les bras et prit la parole.
« Tu t’es rouillée, Yukari. Il y a cinq ans, c’était beaucoup plus difficile de te tenir tête.
- Ha, tu as surtout beaucoup progressé depuis l’époque … Prêtresse Hakurei ! Il fut tout de même un temps où je te connaissais plus insouciante …
- …
- Tu as bien changé, à vrai dire … Plus mature, plus forte, plus sérieuse … Et un désir ardent de faire tes preuves, je me trompe ? Car le sentiment d’être incomplète te ronge …
- Arrête ce cinéma ! Je te rappelle que j’ai l’intention d’aller au sommet de la montagne de la Foi ! »
Ce fut sur ces paroles que Reimu revint à la charge.

La youkai des barrières se concentra quelques secondes, puis riposta comme lors de sa toute première attaque : alors que son opposante se rapprochait de manière dangereuse, elle s’illumina subitement et libéra deux déflagrations successives de flèches d’énergie, qui percèrent l’air dans toutes les directions. La miko, toujours suivie de ses deux orbes qui malgré tout avaient cessé leurs tirs, ne prit même pas le temps de ralentir ou de reculer et fonça à corps perdu dans les deux ondes de choc : en se torsadant avec souplesse, elle fila entre les projectiles et commença à pivoter de côté en pliant le genou, préparant un coup de pied retourné. Yukari fendit horizontalement l’air de son parapluie fermé en toute précipitation : deux secondes plus tard, Reimu tamponnait du talon l’endroit où elle se tenait jusqu’alors. La youkai s’était escamotée de nouveau, et la prêtresse ne mit pas plus de temps pour se stopper dans les airs et chercher son adversaire du regard. Elle repéra celle-ci à une dizaine de mètres d’elle, sans même avoir à tourner la tête. Yukari donna un autre coup d’ombrelle dans le vide. La miko eut un rapide sursaut ; une ligne de lumière s’était tracée dans l’espace suivant la trajectoire de la pointe de l’instrument. Elle se retourna vivement, et constata qu’un autre trait lumineux venait également de se former, en écho au précédent coup que la youkai avait donné avant de disparaître … Et elle se trouvait juste entre les deux. La femme vêtue de violet esquissa un mouvement de l’avant bras, comme pour donner un atémi dans le vide. Les deux fissures étincelantes s’ouvrirent en grand, et vomirent aussitôt des kunai par centaines qui engloutirent la jeune fille en l’espace de quelques secondes. Reimu, piégée dans le rideau de tirs, se hâta de plonger la main dans sa tenue et sortit un paquet de sceaux orangés. Calculant chacun de ses gestes afin de ne pas faire d’erreur, elle envoya le tout vers le haut. Les carrés de papier prirent de l’ampleur, comme lors du combat contre Alice, et absorbèrent quelques poignées de kunais : un chemin, certes étroit mais praticable, était maintenant ouvert. La prêtresse fonça vers la sortie, tandis que de nouveau, une dizaine de rayons lumineux transperçait l’agglomération d’armes de jet …
La miko s’extirpa du traquenard et fila vers Yukari. Celle-ci, à la fois surprise de l’échec de sa nouvelle offensive et fatiguée par son élaboration, n’eut pas le réflexe de se mettre en garde ; Reimu parvint en un clin d’œil à la hauteur de la youkai et lui asséna un puissant smash de son bâton de miko vers le bas : déséquilibrée, la femme aux cheveux blonds commença à chuter vers le sol … puis se stabilisa à quelques mètres de la terre, au-dessus de l’endroit aux troncs brûlés et soufflés par sa première attaque. En levant la tête, elle aperçut la prêtresse foncer en piqué vers elle, accompagnée de ses orbes … Elle balança la main vers le haut, parasol sur l’épaule : un épais faisceau irradiant une lumière bleutée apparut soudain, déchirant l’air à vitesse supersonique. Elle avait visé son opposante, mais à sa grande stupéfaction, celle-ci se déplaça de côté au dernier instant, évitant de justesse l’objet volant à vitesse infinie … Juste après cette esquive in extremis, Reimu se retourna dans les airs tout en fonçant vers Yukari, plaçant ses pieds en direction du sol. Elle plia alors les genoux, puis fracassa brutalement son adversaire d’un magistral double coup de pied descendant, qui les fit toutes les deux terminer leur chute vers la terre … Où elles s’écrasèrent dans un fracas épouvantable, soulevant un gros nuage de cendres autour du point d’impact. Ce fut ce dernier mouvement qui marqua la fin du combat.

Reimu s’ôta de la youkai, qu’elle avait tamponnée au sol sans ménagement. Celle-ci n’était pas blessée ni vraiment hors d’état, mais elle n’avait pas l’air de vouloir continuer à combattre. Il était inutile d’en faire plus, de toute manière. Les cendres et poussières tombèrent très rapidement, laissant apparaître Yukari qui se relevait, les vêtements dans un sale état. Malgré sa défaite, elle affichait un petit sourire penaud sur le visage, ainsi que son parasol tordu sur l’épaule. Ses cheveux en batailles étaient d’ailleurs sortis de sa coiffe. La prêtresse s’était un peu éloignée de quelques mètres, par précaution.
« On dirait que j’ai gagné, annonça-t-elle. Tu vas toujours essayer de m’empêcher d’aller au sommet ?
- Oh non, ça suffit comme ça … soupira la youkai. De toute façon, je suppose que rien ne peut t’arrêter, n’est-ce pas …?
- Non, rien du tout … Tant que ces événements ne seront pas résolus, en tout cas. Il faut mettre fin à cette prophétie au plus vite …
- Hm ? De quoi parles-tu, Reimu ?
- De la prophétie qui annonce la fin des youkais … Tu dois bien la connaître, non ? Même si tu n’es pas très concernée par tout ça … Elle parle des entrailles de la montagne qui s’élèvent vers les cieux, en raison de la colère des dieux. Tu as déjà entendu parler ?
- Qu’est-ce que … Mais … Reimu, je crois que tu fais erreur. Cette prophétie n’est pas du tout en train de se dérouler !
- Que … Quoi ?! Tu te moques de moi ?
- Bien sûr que non. Et comment es-tu au courant de ça, d’ailleurs ?
- Patchouli m’en a parlé … Même les youkais pensent que c’est ce qui est en train de se produire … C’est pour ça qu’elles ont évacué la montagne.
- Ca alors … Il y a vraiment un grand malentendu. Crois-moi, l’heure n’est pas encore venue pour cette prophétie. Il est trop tôt … »
Reimu avait l’esprit complètement embrouillé par ce que lui avait dit Yukari. Ainsi donc, tout cela n’avait été qu’un gigantesque quiproquo ? Si ce qu’elle racontait était vrai, alors les youkais étaient depuis le début dans l’erreur, et tous ces événements n’avaient aucunement raison d’être …
« Dis-moi alors … Pourquoi le fer de la Montagne de la Foi s’est élevé vers les cieux ?
- Ceci est … l’œuvre d’une personne. C’est elle qui s’est accaparé le métal qui se trouvait ici-bas, et s’est établie dans les cieux au-dessus du sommet. »
La youkai baissa les yeux au sol, plongée dans ses pensées.
« Il ne faut pas en vouloir à cette personne. Elle a enduré de très nombreux maux avant d’arriver ici. Elle ne pouvait pas savoir que tout cela entraînerait de tels bouleversements …
- Peu importe ce qu’elle est ou ce qu’elle a traversé. Le fait est qu’elle est responsable de cette pagaille, et que je ne peux pas la laisser faire. Je punirai celle qui est à l’origine de tout ça ! »
Yukari laissa un temps de silence s’écouler. Puis, elle releva les yeux, et plongea son regard dans celui de la prêtresse. Un regard sérieux et plein de mise en garde.
« Tu ne feras qu’engendrer souffrance et destruction, Reimu. Les remords que tu éprouveras après cet acte te hanteront pour des années … »
La jeune fille frissonna, mal-à-l’aise. La youkai millénaire n’avait vraiment pas eu l’air de plaisanter en disant ça. Le ton qu’elle avait employé était lourd de sens, ce n’étaient pas des paroles en l’air qu’elle avait lancées. Mais qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire …?



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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:24

« Que se passe-t-il, ici ? »
Reimu et Yukari tournèrent la tête en direction du lac ; juste devant la rive où les vaguelettes du Lac ondin léchaient la terre couverte de cendre, Sakuya était soudainement apparue. Avec toute l’agitation suscitée par le combat précédent ainsi que le cratère de bois brûlé de vingt mètres de diamètre implanté dans la forêt, il n’était pas étonnant qu’elle eût remarqué tout ça depuis le manoir … Sentant que la foule ne tarderait pas à accourir, la youkai millénaire poussa un soupir et adressa la parole à la prêtresse.
« Oh, et avant de partir. Si tu ne pouvais pas voir les épanchements de fer au-dessus de la montagne, c’est parce que je les avais placés sous une barrière dimensionnelle qui les isolait de notre espace-temps … Quand tu m’as battue, j’ai bien peur que cette protection ne se soit désactivée. A présent, la suite ne dépend que de toi. »
Et sur ce, Yukari ouvrit un passage sous ses pieds et disparut sans demander son reste. Reimu, suite à ces derniers mots, tourna aussitôt son regard vers le sommet de la montagne derrière le lac. Elle était cependant encore trop loin pour pouvoir discerner quoi que ce soit … Entretemps, la servante s’était rapprochée à la hauteur de la prêtresse, les bras croisés et une expression perplexe sur le visage.
« Tu peux m’expliquer ? Vous avez créé un sacré désordre, ici … »
La miko poussa un soupir, découragée à l’idée de tout raconter à la jeune femme, mais surtout confuse à cause des paroles de la youkai. Il y avait eu comme un sens caché en dessous, mais elle n’arrivait pas à déterminer quoi exactement … Et à vrai dire, elle se demandait aussi pour quelles raisons Yukari avait-elle placé la responsable de tous ces événements sous sa protection. C’était intriguant … Quoi qu’il en fût, la seule chose qu’il restait à faire était de se rendre sur place, et de mettre fin à tout ça. Mais avant qu’elle ne pût exposer la situation à la servante, un sifflement se fit entendre dans l’air ; toutes deux se tournèrent vers l’intérieur de la forêt en levant les yeux, dans la direction de la source du bruit. Rapidement, deux ombres apparurent dans le ciel. Une minute plus tard, Marisa et Sanae posaient pied à terre.
« Hé bien, y’a eu du grabuge ici … constata la sorcière à peine arrivée. On vous aurait entendu à l’autre bout de la Terre. Allez, qu’est-ce qui vous a encore pris, à vous deux ?
- On ne s’est pas battues ! répondirent Reimu et Sakuya en chœur. »
Depuis ce matin, Marisa avait déjà regagné beaucoup de vitalité. Ses brûlures s’étaient estompées, comme elle avait dû les traiter ; elle était de nouveau en pleine forme. Sanae quant à elle, même si elle restait dans le mutisme, semblait définitivement remise du choc de la veille. Passé le moment des salutations, la prêtresse se décida à narrer ce que lui avait avoué Yukari, en profitant également pour raconter l’attaque d’Aya sur le Manoir des Démons Écarlates. Elle fit néanmoins abstraction des dernières paroles de la youkai, préférant garder ce passage pour elle … A la fin du récit, la sorcière se frotta les mains.
« On dirait que j’arrive juste à temps, alors ! fit-elle, déjà enthousiaste à l’action qui s’annonçait. Alors, on y retourne ? J’ai déjà fait le plein de Cartes, les youkais ne verront rien venir !
- Je me permets de me joindre à vous, ajouta la servante. J’aimerais en finir avec elles en toute hâte avant qu’elles ne décident d’attaquer à nouveau le manoir …
- Ah lala, et moi qui voulait m’occuper de ça seule … soupira la miko. Vous ne pensez pas qu’on risque de se gêner entre nous, encore une fois ?
- Nous sommes en égalité numérique cette fois, signala la sorcière. Et puis, on a le temps d’adapter notre stratégie, non ? Il suffira que chacune d’entre nous prenne une adversaire à part, et le tour sera joué …
- Je vous accompagne également, annonça Sanae en s’imposant. Une combattante de plus ne sera pas de trop.
- C’est comme tu veux. »

( ♫ ) Le soleil disparaissait progressivement derrière la montagne, plongeant de plus en plus vers l’horizon. Peu à peu, l’ombre recouvrait les pentes du relief escarpé alors que les premiers vents du soir se levaient et entraînaient les arbres des forêts inférieures dans un bruissement général, couplé aux clapotis des torrents et rivières qui serpentaient d’entre les arbres depuis l’amont. Le groupe des quatre humaines venait de franchir la partie inférieure de la montagne, passant par-dessus les groupements forestiers à grande vitesse de vol ; au-dessus d’elles se dressait le haut sommet de la montagne. Il était encore loin en altitude, mais elles avaient à présent pénétré le périmètre d’action des gardiennes youkai : celles-ci pouvant surgir d’une minute à l’autre, Reimu intima aux autres de ralentir leur course et de se montrer sur leurs gardes. Ce fut en lévitant avec prudence que la compagnie poursuivit son ascension vers les hauteurs … La montée se voulut relativement calme et sans danger en premier lieu, rien de particulier ne se manifestant pour les intercepter ; cependant, quand elles eurent parcouru environ la moitié du chemin vers le sommet, alors que le temple Moriya n’était plus très loin, Sakuya dégaina brusquement trois couteaux de sa robe.
« Les voilà, signala-t-elle. »
Les quatre héroïnes se stoppèrent dans les airs, portant leur attention vers l’amont. Heureusement pour elles, il n’y eut pas d’attaque surprise cette fois ; les trois gardiennes vinrent à leur encontre sans embuscade, et se placèrent vingt mètres face aux nouvelles arrivantes en les dévisageant de haut. Le nombre de ces dernières avait dû les dissuader de tenter l’assaut furtif.
« Hé bien alors, de retour ? entama la marionnettiste. Je pensais vous avoir prévenues ce matin, vous deux … »
Reimu s’avança d’un mètre vers le groupe, laissant les autres un peu en arrière. Elle pointa le trio de son sceptre de miko avec détermination.
« Nous sommes venues pour mettre fin à cette plaisanterie, Alice ! Ecartez-vous, nous devons nous rendre au sommet immédiatement !!
- Est-ce une provocation au combat ? demanda sarcastiquement la tengu aux cheveux de jais.
- Et elles ont ramené des renforts en conséquence … ajouta l’ancienne gardienne de porte. Aya, je t’avais bien dit qu’il n’était pas nécessaire de t’attaquer au manoir.
- Manoir auquel tu vas rapidement reprendre ta fonction, Hong ! s’exclama la servante. Dame Rémilia n’a pas insisté pour te ramener, mais il est plus que temps que cette mascarade cesse !
- J’ai aussi quelques petits comptes à régler avec toi, Alice … annonça à son tour la sorcière. Je n’ai toujours pas eu mes herbes médicinales, je te rappelle !
- Allons bon … soupira la concernée. »
La prêtresse, ayant baissé le bras depuis sa dernière réplique, tourna la tête vers ses coéquipières.
« Rappelez-vous. Chacune choisit et conserve son adversaire, sinon nous fonçons dans le mur.
- J’ai déjà choisi le mien ! répondit Marisa au quart de tour. »
( ♫ ) Sitôt ces mots prononcés, la sorcière fonça sans plus attendre sur la confectionneuse de poupée. Etant située entre ses deux collègues, celle-ci s’élança à grande vitesse à son tour vers son ancienne voisine magicienne … Quand les deux entrèrent en collision, une explosion d’étoiles et de projectiles éclata dans une cacophonie épouvantable, et provoqua une onde de choc si puissante qu’elle obligea les deux camps à s’écarter de plusieurs mètres. Les deux adversaires s’étaient illuminées de lumières bleutées éblouissantes et s’étaient élevées encore plus en hauteur dans les airs, fonçant l’une vers l’autre à une vitesse telle qu’on ne semblait distinguer plus d’elles que deux rayons qui se déplaçaient en zigzag dans les cieux, s’entrechoquant à intervalles très courts et réguliers et libérant par la même occasion des flopées d’étincelles énergétiques. On ne pouvait même plus distinguer qui était qui, alors que les deux rayons continuaient leur impressionnante joute céleste …
« Elles se donnent déjà à fond …? pensa tout haut la jeune femme aux cheveux d’argent. »
De l’autre côté, Hong et Aya scrutaient le combat céleste avec intérêt. Très rapidement, celui-ci diminua d’intensité : les deux adversaires redevinrent visibles, mais à peine les lumières dissipées, elles se jetèrent de nouveau l’une contre l’autre en faisant étalage de leurs sortilèges respectifs, sans prendre le temps de récupérer leur souffle. Il apparut très vite évident que toutes deux étaient déjà à un degré avancé de combat, et que malgré cela, leur pouvoir restait de potentiel égal. Aucune ne prenait l’avantage sur l’autre, alors qu’elles continuaient de se mitrailler de balles magiques en tout genre et multipliaient les assauts physiques …
« On dirait qu’Alice va avoir besoin d’un coup de main, déclara la youkai aux cheveux pourpres. »
Celle-ci se mit à foncer droit vers le conflit, faisant craquer ses phalanges. Elle n’avait néanmoins parcouru que dix mètres qu’une vingtaine de poignards fendirent l’air juste sur sa trajectoire, l’obligeant à s’arrêter net dans les airs. L’instant d’après, Sakuya était apparue juste devant elle, armes en main et bras croisés.
« Laisse-les donc. Pour ce combat, ce sera moi ton adversaire !
- Ha ! Cela faisait longtemps que j’attendais le jour où je pourrai me mesurer à toi sans m’attirer les foudres de la maîtresse ! »
La youkai se propulsa droit vers sa collègue d’antan, les deux poings armés à ses côtes. Il n’en fallut pas plus à la servante pour balancer ses couteaux dans sa direction, les lançant d’une façon particulière qui leur faisait prendre des trajectoires brisées et anarchiques. Hong n’eut toutefois presque aucun mal à passer au travers du nuage de lames, s’en sortant avec à peine un bout de sa tenue fendu, et décocha ses deux puissants coups de poings en visant le visage et le ventre de Sakuya. Un puissant yama-tsuki que la servante eut beaucoup de mal à bloquer, en réceptionnant les poings projetés vers elle comme des pistons dans ses paumes de main. Le choc, rude, la fit reculer d’un mètre en arrière … Mais aussitôt les poings de la gardienne arrivées dans ses mains, elle referma illico ses doigts sur ceux-ci et saisit avec fermeté les poignets de son opposante. Celle-ci, surprise, n’eut pas le temps de réagir alors que l’humaine la tirait à elle avec force, puis levait les bras au ciel sans la lâcher, l’emportant dans un mouvement cinétique au-dessus de sa tête. La servante se torsada avec agilité, et tout en continuant de tenir fermement Hong, elle la fit fendre l’air autour d’elle, décrivant un demi-cercle. Finalement, elle la lâcha en la balançant à toute vitesse vers la pente de la montagne, à quinze mètres de là. La youkai tourbillonna quelques fractions de seconde dans les airs, fonçant droit vers les rocs. Elle réussit cependant à se stabiliser au dernier moment, et atterrit violemment à terre sur ses pieds, fracassant au passage le sol dans un rayon de deux mètres autour d’elle et soulevant un nuage de poussière. Mais à peine relevée, Sakuya revint à la charge sur elle en lui lançant des couteaux par centaines et partant la rejoindre par la même occasion à flanc de rocher. Mais avant d’y parvenir, elle tourna la tête dans une direction.
« Reimu, le chemin est ouvert ! Fonce vers le sommet de la montagne, maintenant !! »

La prêtresse réagit immédiatement : effectivement, personne ne se dressait sur la route qui menait vers les dernières hauteurs du relief. Sans perdre de temps, elle se mit à voler à pleine vitesse vers le sommet, les bras le long du corps. Il y avait encore de la distance, mais il ne lui faudrait pas énormément de temps pour y parvenir … Hong bloqua un assaut de la servante qui avait maintenant orienté son style vers le corps à corps, et remarqua la miko fugitive.
« Non ! Elle ne doit pas y arriver, arrêtez-la !!! »
Aya était restée dans un coin isolé de la montagne, hors du conflit, ayant depuis longtemps prévu ce genre de problème. Quand le cri de la gardienne parvint à ses oreilles, elle sourit avec satisfaction et releva la tête en direction de la jeune fille.
« Tu n’iras pas plus loin, prêtresse … »
Elle déploya aussitôt ses ailes de corbeau, s’élevant dans les airs avec grâce. Reimu n’était qu’à une centaine de mètres de là, ce qu’elle pouvait parcourir en moins d’un tiers de seconde … En fin de compte, il n’était même pas nécessaire qu’elle y aille à vitesse maximale. Se mettant en position de vol, elle commença à filer droit vers sa cible, parcourant la distance avec une rapidité vertigineuse. Mais la seconde suivante, alors qu’elle n’avait encore fait que la moitié du chemin, un obstacle se dressa sur son chemin. Elle s’arrêta, dévisageant avec mépris ce qui lui bloquait la route à une dizaine de mètres de là.
« Ecarte-toi donc, pauvre humaine ! Depuis quand es-tu là ?
- Depuis le début du combat, répondit Sanae. On dit que j’ai tendance à être un peu trop discrète …
- Idiote, tu vas regretter de t’être mise sur mon chemin ! »
La tengu fendit l’air en plein sur la prêtresse vêtue de bleu. Elle apprêta deux attaques simultanées à la vitesse de l’éclair, pliant le genou gauche en arrière et armant son poing droit derrière elle. En une demi-seconde, elle parvint juste face à la jeune fille aux cheveux d’émeraude, et fracassa ses deux attaques en plein sur elle à vitesse supersonique. Les deux coups percutèrent avec violence sa cible, provoquant deux fabuleuses ondes de choc … Mais la youkai aux ailes de corbeau avait les yeux grands ouverts de surprise suite à son assaut. Sanae avait tout simplement bloqué son coup de genou à l’aide d’un avant-bras, et saisi son poing avec l’autre main. Les deux guerrières étaient à présent dans un instant de stase. Aya était bloquée dans la continuation de ses attaques, continuant à pousser son poing et son genou vers la prêtresse. Celle-ci quant à elle exerçait toujours sa pression de ses deux membres afin d’empêcher la tengu de concrétiser ses coups. Frêle physiquement, elle tremblait de ses muscles et suait à grosses gouttes, mais tenait bon, le visage crispé dans un sourire déterminé.
« Qu’est-ce … que … marmonna Aya.
- J’ai peut-être l’air d’une gentille fille en apparence … Mais tu ferais mieux de ne pas me sous-estimer ! »
A ces mots, Sanae dégagea son énergie brusquement, et repoussa avec force les deux offensives de la tengu tout en lui envoyant un coup de pied, qu’elle esquiva malgré tout. Les deux adversaires, ayant déjà puisé dans beaucoup de leurs ressources pour ce simple affrontement, se fixèrent mutuellement.
« Il me manque aussi mon bâton de miko … admit la prêtresse. Mais ne pense pas que tu as déjà gagné, j’ai encore de nombreux atouts dans ma manche !
- J’espère pour toi que ce n’est pas du bluff, dans ce cas. »
Beaucoup plus haut dans la montagne, Reimu tourna la tête derrière elle. Elle avait déjà dépassé le temple Moriya, et montait de plus en plus haut dans la montagne … Le sommet n’était plus qu’à un kilomètre tout au plus. Et là où elle avait quitté le champ de bataille, les affrontements se déchaînaient. Marisa et Alice, toujours hautes dans les cieux mais néanmoins en-dessous de la prêtresse vêtue de rouge, redoublaient de sortilèges et de projectiles magiques qui volaient dans tous les sens. Sakuya et Hong alternaient perpétuellement phase de projectiles et de corps-à-corps, lançant et esquivant les couteaux à la volée, bloquant les coups de pieds et les charges. Et Sanae se débrouillait comme elle le pouvait, avec toutefois une ingéniosité étonnante, contre Aya qui ne cessait de la tourmenter en volant comme une étoile filante. Ses coéquipières avaient lancé toutes leurs forces dans la bataille pour lui permettre de passer … Et pourtant, elles n’avaient rien prévu de tel au départ …
Reimu comprit qu’à présent, il ne tenait qu’à elle de résoudre les incidents de Gensokyo. Si elle échouait, toute l’énergie que ses amies avaient déployée pour l’aider à en arriver là n’aurait servi à rien. Elle devait réussir : elle devait se rendre au sommet de la montagne, et rendre le fer qui lui appartenait, quoi qu’il en coûtât ! Et si pour cela elle devait battre celle qui était à l’origine de ces événements, elle ne reculerait pas. L’inconnu ne lui faisait pas froid aux yeux. Ce fut le cœur empli de bravoure que la prêtresse parcourut les derniers mètres avant le sommet … et leva les yeux au ciel. Cette fois, elle y vit enfin quelque chose. Une ombre, de la taille d’un timbre, dans le ciel voilé d’orange … Elle ne stoppa pas sa course et continua droit vers le ciel, en pleine direction de l’ombre. Elle y était presque … Au fur et à mesure qu’elle se rapprochait de l’endroit céleste, celui-ci lui apparaissait moins flou et ses contours se faisaient plus distincts. Il s’agissait apparemment d’un rectangle … Elle continua de grimper dans les airs, toujours dans la même direction. Elle s’approchait de plus en plus, moins d’une cinquantaine de mètres la séparait encore. Cette fois, elle commençait à apercevoir d’autres objets autour de ce rectangle, des espèces de points, de formes assez flasques et irrégulières tout autour qui flottaient dans les airs et mouchetait la voûte orangée du crépuscule … Elle était toute proche, maintenant. Le rectangle, ou plutôt l’énorme plaque de fer et ce qui l’entourait étaient devenus clairs à ses yeux. Et elle y parvint finalement …



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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:24

( ♫ ) Reimu posa pied à terre, complètement surprise. Elle avait atteint une espèce de sol aérien, de vingt mètres de long sur dix de large à peine, entièrement composé de fer et à la surface aplanie. Autour de cette espèce de planche métallique d’à peine trente centimètres d’épaisseur, des boules ou des formes diverses de fer flottaient en lévitation dans les airs, mais aucune ne se trouvait au-dessus du sol artificiel. C’était donc là qu’était venu tout le métal qui avait été volé … Mais en plus, il y avait quelque chose au bout de la gigantesque plaque.
« Un … temple de fer ? »
L’édifice en question se trouvait à l’opposé de là où elle était arrivée. S’élevant de moins de trois mètres de haut, il avait des formes orientales, un peu semblables à celles du temple Moriya … A l’exception que le style était bien plus grossier, et que la seule matière utilisée pour sa conception était bien évidemment du fer. Marchant sur le sol légèrement irrégulier, la prêtresse s’avança sur le métal, prudente. Elle sentit alors une présence qui lui était totalement inconnue dans le secteur, et lança son regard dans cette direction. Elle se situait juste à côté du petit temple rustique, fixant l’horizon par-delà le sol de fer …
« … Qu’est-ce que … Est-ce que je rêve ? »
Elle avait à peine prononcé ces mots que la personne à côté de l’édifice se retourna brusquement dans sa direction, faisant un pas en arrière par la même occasion. Reimu n’en croyait pas ses yeux. Elle ne s’était pas du tout attendue à ça, et c’était presque si elle ne savait pas comment y réagir. Et pourtant, le fait était là. La personne responsable de ces événements, qui avait volé le fer de la montagne, se tenait maintenant à une dizaine de mètres d’elle … Et, contre toutes ses attentes, il ne s’agissait pas d’une youkai. Ni même d’une quelconque créature magique ou de tout ce qu’elle aurait pu imaginer, non. C’était un humain. Et un jeune homme, pour être plus précis, de pas une année de plus qu’elle. Il élança soudain la voix, sur un ton mélangeant étrangement la crainte et l’agressivité, en serrant les poings.
« Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous me voulez !? »
Penchant plus vers le grave que l’aiguë, sa voix semblait directement tournée vers la défensive, mais ses yeux d’un bleu sombre ne trahissaient pour le moment aucune intention hostile. Ses cheveux étaient d’un noir d’encre, et coiffés pire qu’en bataille. De carrure mince, presque maigre, il portait des vêtements qui n’étaient pas du tout familiers envers la prêtresse ; une pièce de toile blanche en forme de T recouvrait son torse et son abdomen, par-dessus laquelle une veste noire rapiécée recouvrait son dos ainsi que ses bras jusqu’à ses poignets. Il portait également un pantalon fait dans une matière que Reimu n’avait jamais vue, d’une couleur bleue délavée, et serré au bassin par une ceinture de cuir. Enfin, il avait une paire de gros souliers noirs aux pieds, qui semblaient avoir parcouru du chemin. Ces singuliers habits, bien que très différents de tout ce qu’elle avait vu jusqu’à présent, avaient tous le même étrange point commun : ils avaient été recousus à de nombreux endroits, cicatrices d’ouvertures multiples un peu partout … Le jeune homme lui avait posé une question, et elle y répondit après quelques secondes d’hésitation.
« Mon nom est Reimu Hakurei, prêtresse de Gensokyo. Je suis venue ici pour résoudre quelques problèmes …
- C’est Yukari qui vous envoie, hein ? répliqua-t-il d’office. Je lui ai pourtant clairement dit que je ne veux pas lui parler !
- Ce n’est pas du tout pour ça que je suis venue ! rétorqua la prêtresse.
- Ah … Alors, quoi ?
- C’est vous qui avez amené le fer de la montagne ici ? »
L’humain ne baissa pas sa garde. Avec méfiance, il plaça l’avant-bras face à lui, ouvrant sa paume de main vers le ciel. Quelques secondes après, quelque chose apparut progressivement au creux de ses doigts … Une sphère de métal, grosse comme une orange, venait de s’y former.
« Depuis ma naissance, je suis capable de changer l’air en fer … Et de le manipuler à volonté. C’est vrai, c’est moi qui ai pris le fer de cette montagne. Tout ce qui est ici ne peut flotter dans les airs que grâce à mon contrôle. Je voulais être seul et tranquille … Mais on continue de me pourchasser, encore et encore !
- Quel est votre nom ?
- … Il y a longtemps que l’on ne m’avait plus posé cette question, fit le jeune homme avec mélancolie. »
Il baissa son bras, tandis que la sphère de métal qu’il avait créée disparaissait dans l’espace. Il avait l’air de s’être calmé peu à peu au fil de la discussion, comprenant que Reimu ne lui cherchait pas des noises.
« Je ne me souviens plus exactement de mon nom. A part pour quelques sonorités … Je pense qu’il s’agissait de « Luke », ou de quelque chose comme ça. J’ai oublié …
- Le fer que tu as pris de la montagne a créé un désordre immense en bas. Tu pourrais le remettre à sa place ?
- Quoi ? Pas question ! répondit-il. Cet endroit est chez moi, et je me fous de ce qui peut bien arriver aux autres ! »
La prêtresse soupira.
« Tu es comme tous les autres, alors … On dirait qu’il n’y a que par la force que je pourrais ramener l’ordre.
- C’est pas vrai … Ca va pas recommencer ! Pourquoi est-ce qu’il faut que ça finisse toujours pareil, où que j’aille …? »
Reimu eut un mouvement de recul. Le dénommé Luke était en train de changer du tout au tout. S’il s’était montré craintif et vulnérable aux premiers abords, il montrait à présent des signes alarmants d’hostilité, comme un processus d’auto-défense. Il serrait vigoureusement les poings, montrait les crocs, et des morceaux de fer commençaient à se détacher du sol qui se trouvait autour de lui pour lui tourner autour dans un mouvement hypnotisant … Puis quelques secondes après, une plaque de métal se détacha complètement du sol juste sous ses pieds ; il s’éleva ainsi quelques mètres dans les airs, toujours entouré des particules précédentes alors que la prêtresse s’éloignait sans le lâcher des yeux.
« C’est toi qui est comme tous les autres !! tonna-t-il avec véhémence. Mais cette fois, je ne me laisserai pas faire ! J’en ai assez de tout ça !!! »
La miko se prépara à la confrontation qui allait suivre.

( ♫ ) Reimu fit tournoyer son sceptre entre ses doigts, apprêtant ses sceaux et se mettant en position de combat. A peine une quinzaine de mètres la séparait encore de son nouvel ennemi en lévitation sur sa planche, alors que celui-ci s’auréolait également de particules qu’il vampirisait tout autour de lui, sous la lueur orangée du ciel que le crépuscule continuait de peindre … Puis tout se précipita d’un coup : Luke fondit en piquet droit vers elle, en équilibre sur sa planche, tandis que toutes les petites miettes de fer qu’il avait glanées autour de lui fonçaient à une vitesse bien plus impressionnante sur la prêtresse qui recula d’un pas. Les projectiles, quoique très petits, étaient relativement concentrés et rapides. La miko dégaina un sceau de protection qu’elle balança précipitamment face à elle, créant une barrière bleutée, sur laquelle les particules acérées s’écrasèrent avec violence sans tarder. Moins de dix mètres à vol d’oiseau de là, le jeune homme s’éjecta alors brusquement de sa planche, et balança les bras en avant vers celle-ci ; comme happée par un choc brutal, la plaque de fer fut tel un boulet de canon propulsée droit vers la prêtresse, fonçant de face vers elle. Reimu se jeta en arrière, tandis que l’objet percutait la protection de plein fouet et la faisait éclater en morceaux, avant de se scratcher bruyamment contre le sol, là où la miko se trouvait la seconde précédente … La planche ricocha dans les airs, tordue et hors de contrôle. La prêtresse revint aussitôt à la charge en enclenchant un orbe Yin-Yang, et se précipita vers l’adolescent qui retombait durement pieds au sol. Luke avait un genou à terre, ayant mal atterri à sa chute incontrôlée. Reimu parvint en un éclair à proximité de là où il se situait, et s’apprêta à lui décocher un coup de pied glissé. Elle commença à déraper à toute vitesse sur le sol de fer, talon en avant dans une position qui diminuait les frottements … Mais le jeune homme balança soudain son bras en avant ; ce fut alors qu’un mur de fer d’un mètre de haut gicla de la surface juste devant l’adolescent, et reçut de plein fouet l’attaque de la prêtresse à sa place …
« Argh … Je n’avais pas pensé à ça … songea la miko, alors que de désagréables vibrations remontaient le long de sa cuisse. »
Reimu se releva promptement après avoir frappé la plaque de métal, mais elle avait à peine remis les pieds par terre que la barrière se distordit soudain, avant de se détacher du sol et de se fragmenter en une dizaine de rectangles de fer qui fendirent l’air. Avant même qu’elle ne s’en rendît compte, elle se les était tous pris de plein fouet sans pouvoir réagir … Certains l’avaient simplement percutée de face, provoquant de négligeables douleurs, mais d’autres l’avaient plutôt happée sur l’arête tels des lames de rasoir, et lui avaient ouvert la peau à l’épaule et l’avant-bras. Les blessures étaient superficielles, mais elle avait apparemment mal commencé le combat … Décidant de décupler le rythme, elle fit un mouvement de son sceptre, ordonnant alors à son orbe Yin-Yang de commencer le mitraillage aux amulettes tranchantes ; Luke qui s’était relevé fit plusieurs pas en arrière, et modela de nouvelles plaques défensives à partir du sol. Reimu fusa à toute vitesse vers lui, tandis que ses projectiles s’abattaient avec fracas contre les parois flottantes. Au nombre de quatre, celles-ci protégeaient leur manipulateur en se mouvant de manière étrange mais efficace, imprévisibles, et peu de failles laissaient transparaître. Toujours en courant, la prêtresse balança un sceau violet rayé d’orange vers cette barrière instable ; quand l’objet entra en collision avec l’une des planches, une percutante explosion magique se libéra soudain en irradiant une lumière aveuglante, réduisant les parois en charpie et faisant voler leurs éclats de fer sur les côtés.
Le jeune homme ne s’était apparemment pas du tout attendu à ça, et par réflexe, se protégea le visage de ses avant-bras. Ayant le champ libre, les amulettes l’arrosèrent sans préavis dès les barrières hors de fonction. Agressé de toute part, il frappa brutalement le sol du pied et fut la seconde suivante emporté dans les airs sur une nouvelle planche volante, se dégageant du dangereux tir de projectiles. La miko n’était plus qu’à trois mètres de lui qu’elle s’éleva à son tour dans les airs pour recadrer ses rafales. Quand elle arriva à sa hauteur, elle stoppa momentanément ses projectiles afin de mieux se concentrer sur le combat physique ; immédiatement, elle lui fonça dessus à toute vitesse et, sceptre levé, l’abattit avec force en visant son visage … en plein sur un mur de fer apparu cette fois ex nihilo, suite à un geste vif du jeune adolescent. Frustrée, elle commença à enchaîner des coups de bâton dans tous les sens, déterminée à passer à travers cette défense. Mais à chaque fois, son adversaire déplaçait la plaque de manière à bloquer chaque angle de vue, rendant toute offensive vaine, et en profitant pour se replier dans les airs. Au bout d’un moment, alors qu’elle avait tenté une quinzaine de coups, la paroi s’élança soudain vers elle et la percuta violemment, l’obligeant à reculer sur quelques mètres. La prêtresse s’en débarrassa d’un revers de bras, alors que l’objet continuait sa course vers le vide avant de s’évanouir dans l’espace. Reimu plongea la main dans sa tenue, en sortit une Carte d’Incantation, et l’engagea d’un mouvement rapide.
« Symbole Spirituel … »
Elle balança son bâton de miko dans les airs et fit un tour sur elle-même, portant la main droite a à son cœur et levant l’autre vers le ciel. Intrigué par ces singulières actions, Luke recula encore un peu plus dans les airs, mettant dix mètres de distance entre elle et lui. Reimu laissa sa puissance se déchainer.
« Orbes Fantaisistes !!! hurla-t-elle. »
Elle étendit brusquement ses deux bras sur les côtés, en croix, tout en psalmodiant une incantation inaudible … Une énergie phénoménale se concentra d’un seul tenant autour d’elle, et se matérialisa directement en énormes boules lumineuses qui s’extirpèrent de la prêtresse les unes après les autres. Immédiatement après que la dernière fut libérée de sa porteuse, la dizaine d’orbes lumineux, parcourus d’éclats bleus verts et rouges, se mit à foncer vers le jeune homme resté sur sa planche volante. L’adrénaline monta d’un coup chez ce dernier, face au déluge qui allait lui rentrer dedans d’une seconde à l’autre. Impulsivement, il se mit à voler en formation d’esquive. Les boules lui passèrent les unes après les autres à côté, le frôlant, manquant par plusieurs fois de le désarçonner, réussissant presque à le happer de plein fouet … Mais il parvint, par un miracle inattendu, à échapper à toutes les offensives. Une fois le dernier orbe passé, il se redressa sur son support, prêt à reprendre le combat. Mais avant de repartir à l’assaut, il ressentit une subite et gigantesque déflagration à quelques mètres derrière lui ; il se retourna brusquement. Les orbes qu’il avait esquivés voici quelques secondes venaient de percuter violemment le temple de fer, qui vola en ruines dans les airs sous la force spectaculaire de l’explosion, en milliers de débris lévitant dans l’espace, expulsés à des dizaines de mètres de là dans un énorme nuage informe de caillasses métalliques …
Reimu désengagea sa Carte et, levant les yeux vers le ciel, rattrapa son bâton qui retombait. Elle se mit promptement en garde dès son sceptre en main, puis reposa son regard sur l’ennemi. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’elle put alors constater l’étendue des dégâts qu’elle avait causés au terrain : l’édifice avait littéralement été soufflé et pulvérisé. Un mauvais sentiment la mit mal-à-l’aise en voyant ce qu’elle venait de faire ; elle avait provoqué pire que ce que son propre temple avait subi lors des événements du climat anarchique … Elle avait complètement détruit ce bâtiment. Il n’en restait plus rien, et il ne lui avait fallu que quelques secondes pour le réduire en ruines. Elle avait attaqué son adversaire sans se soucier de ce qu’il pourrait arriver au reste, ni de ce que cela pouvait représenter pour lui … Luke se retourna doucement vers la prêtresse, la regardant d’un visage inexpressif, d’où ne semblait émaner aucune émotion. Bien qu’elle se tînt à une distance respectable de lui, Reimu eut un mouvement de recul. Ce regard faisait peur … Il ne laissait rien transparaître. Ce ne fut qu’à cet instant qu’elle remarqua quelque chose. Quelque chose qui lui glaça le sang dans les veines.

( ♫ ) Tous les morceaux de fer qui étaient nés de la destruction du temple avaient commencé à se mouvoir dans les airs, se déplaçant d’abord de manière lente, puis accélérant … Jusqu’à défiler dans les airs à une vitesse extraordinaire, et retournant vers le sol de fer en quelques secondes dans un sifflement strident, en pleine course effrénée … Droit sur la prêtresse. Les torrents de débris métalliques, arrivant en masse par flots ondulés et ultrarapides, déchirèrent l’air tout autour de leur manipulateur sans l’effleurer d’un pouce … En équilibre sur sa planche, il était intouché au milieu de tous ces courants de caillasses qui continuèrent leur course folle sur toute la distance qui les séparait de la miko complètement prise au dépourvu. Prise d’une impulsion, Reimu fonça au beau milieu des torrents de métal. Elle avait remarqué que si ces attaques étaient relativement meurtrières et destructrices, leur utilisateur ne les maîtrisait que très partiellement, même presque pas : leur formation était anarchique, de très nombreux espaces étaient visibles dans la masse, et s’ils étaient rapides, ils n’étaient pas contrôlés. Aussi terrifiant pouvait paraître le pouvoir du jeune homme, il apparaissait de plus en plus évident qu’il l’utilisait très mal, ou alors qu’il manquait de beaucoup de maîtrise.
En pleine course au milieu des cascades de débris, Reimu eut un geste vif du bras ; se faisant, elle enclencha un deuxième orbe Yin-Yang qui commença avec l’autre à graviter doucement autour d’elle. Tout en esquivant les innombrables projectiles mortels qui défilaient autour, elle commença à concentrer son énergie à l’intérieur de ces sphères … Et se rapprochait très rapidement du jeune homme au milieu du déluge. La frustration montait graduellement chez celui-ci, voyant que son offensive massive n’avait aucun effet sur la prêtresse. Il étendit les bras sur les côtés, puis les balança face à lui en même temps : aussitôt, les caillasses métalliques resserrèrent leur formation, créant un torrent unique beaucoup plus concentré … Reimu volait au beau milieu de ce gigantesque courant destructeur, mais elle était maintenant trop proche pour renoncer à son assaut. Elle apprêta un coup de pied retourné, à trois mètres de l’adolescent … Puis la seconde suivante, elle abattit avec une force titanesque son talon en plein dans son abdomen. Luke se plia brusquement en deux sous la douleur, le souffle coupé, et fut emporté en arrière avec elle, décollé de sa plaque volante. La prêtresse avait porté un puissant coup à son ennemi, mais alors que tous deux fonçaient dans l’espace sous la force de recul … Elle se fit violemment happer par un gros débris de fer perdu.
Les deux adversaires furent expulsés dans des directions opposées, Luke chutant vers le sol suite au coup magistral qu’il avait encaissé, et Reimu emportée par la puissance de la caillasse métallique qu’elle s’était prise en plein dans l’épaule droite. Elle avait encore eu de la chance, puisqu’il s’était agit d’un des derniers débris de l’ancien temple ; ainsi, elle ne s’en était pas pris d’autres à la suite. Elle se redressa dans les airs alors que les torrents d’objets métalliques retombaient au sol ou passaient par-dessus bord, ainsi que la planche que le jeune homme utilisait précédemment pour se maintenir dans les airs. La prêtresse se tint l’épaule, qui était dans un sale état : après s’être faite blesser par une lame acérée, elle avait maintenant reçut un mauvais choc, et une grosse ecchymose commençait à s’y dessiner. La douleur était aiguë quand elle bougeait le bras, mais elle tiendrait le choc. Elle se remit en position de combat, observant le champ de bataille couvert des débris de fer. Luke se relevait péniblement à l’extrémité du sol flottant. Avec le coup de pied et la chute de cinq mètres de haut, ça devait commencer à faire pas mal de bleus qu’il accumulait. La prêtresse avait presque mal pour lui … Mais le combat devait continuer. Le jeune homme se redressa soudainement, les poings serrés. Toutes les caillasses qui s’étaient accumulées par terre recommencèrent à s’animer, forçant la prêtresse à se mettre garde ; cependant, aucun ne vint foncer sur elle de nouveau. Les épanchements de fer s’élevèrent dans les airs sur les côtés, allant rejoindre les formes flasques en lévitation tout autour de la gigantesque planche volante … Puis, tout cet amas informe de métal commença à s’élever doucement vers le ciel. Reimu posa pied à terre, prudente et continuant à charger son énergie à l’intérieur de ses orbes Yin-Yang. Elle jetait successivement des coups d’œil vers les épanchements qui s’élevaient à une vingtaine de mètres au-dessus de leur tête, puis vers Luke qui ne bougeait toujours pas … Ce fut alors qu’elle comprit ce qu’il trafiquait. Elle se mit à foncer à toute vitesse vers lui, tendant le bras dans sa direction.
« ARRÊTE CA !!!!
- TROP TARD !!! »
Il donna un puissant coup de pied dans le sol, puis décolla littéralement à une dizaine de mètres plus haut. La prêtresse se retourna vers les cieux. La seconde d’après, une gigantesque boule de deux mètres de diamètre s’abattit avec une puissance abominable contre le grand support flottant, manquant de peu d’écraser la miko … La force d’impact fut telle que le sol trembla comme secoué par un séisme de haute magnitude, et se tordit légèrement selon le point de chute. Reimu ne se posa pas plus de questions et se mit à courir à toute vitesse pour éviter les dizaines d’autres sphères qui chutaient du sol et percutaient à leur tour la surface métallique, en une pluie destructrice. La prêtresse était directement dans le champ de chute des poids colossaux, tandis que Luke se contentait de voler au-dessus, hors du rayon d’action. Si ça continuait à ce rythme, elle finirait vraiment par se faire éclater à terre ; elle dégaina une Carte d’Incantation de sa tenue, puis fonça en ligne droite en direction du jeune homme, cherchant à se mettre en-dessous de lui … Celui-ci se déplaçait toujours dans les airs, et remarquant qu’elle s’approchait de lui plus bas, commença à se déplacer sur le côté en continuant d’abattre les lourdes boules de fer sur le sol flottant, à présent tordu dans tous les sens. Cependant, Reimu fut plus rapide. Elle fonça droit vers l’endroit au-dessus duquel il volait, et engagea rapidement sa Carte. Elle sortit ensuite un autre sceau de sa tenue, et le leva vers le ciel au moment-même où elle se plaçait exactement en-dessous de son ennemi.
« Arts Divins : Cercle d’Incarcération des Démons !! »
Et elle abattit brutalement le sceau contre le sol. L’énergie accumulée dans ses orbes Yin-Yang se libéra soudain, apportant un surplus d’énergie à la prêtresse … Et ce fut qu’une gigantesque colonne d’énergie orangée, de trois mètres de diamètre, fut propulsée d’un seul coup en ligne droite autour et au-dessus de la jeune fille. Une giclée de sang s’éjecta de son épaule à ce moment où elle avait brutalement relâché son énergie … La colonne incandescente percuta alors avec une violence inouïe le jeune homme qui n’avait pas eu le temps ni le réflexe de s’écarter de là, et fut pris de plein fouet dans l’attaque ravageuse. Plus bas, Reimu entendit de désagréables glapissements de douleur et d’autres bruits peu naturels, entrecoupés des pulsations énergétiques qui émanaient de la puissance de sa Carte … Puis, elle la désengagea précipitamment, avant de s’écarter de plusieurs mètres. Les dernières boules étaient tombées, déformant le terrain un peu partout … Et ce fut au tour de Luke de retomber des airs, légèrement ralenti par sa planche mais s’écrasant néanmoins à terre, avant de s’y effondrer à plat ventre. L’attaque l’avait couvert de brûlures, et l’avait fait traverser des tas d’ondes énergétiques … Tout portait à croire que la prêtresse l’avait enfin mis à terre, mais celle-ci fit un bond en arrière en le voyant se relever d’un seul coup à nouveau, plus hargneux que jamais.

( ♫ ) Reimu fit plusieurs pas en arrière : tout autour d’elles, les boules de fer semblaient comme fondre et s’aplatissaient sur tout le sol, jusqu’à ce que la surface redevienne plane comme avant … Une fois que ce fut fait, à sa grande surprise, des stalagmites de fer se formèrent sur tout le champ, tels des pieux de trente centimètres de haut … Avant de s’éjecter brusquement du sol. Sa tenue déchirée à quelques endroits, elle enclencha instinctivement deux autres orbes Yin-Yang face au danger incommensurable qui venait de se former : une centaine de pieux métalliques s’était envolée vers les cieux en nuées, et retourna à la charge immédiatement droit vers elle. Concentrant son énergie au maximum, elle ordonna d’un geste de sceptre à ses quatre orbes de mitrailler de sceaux de purification le nuage de piques meurtrier. Elle se retourna cependant aussitôt vers son ennemi, qui n’était pas resté statique durant ce court intervalle : celui-ci s’était mis à foncer vers elle, exploitant ses dernières ressources, des barres de fer flottant à ses côtés. Il arriva très rapidement à la hauteur de la jeune fille, et par des gestes de bras, se mit à mouvoir les bâtons métalliques avec brutalité sur elle … Tout en courant en arrière, Reimu bloqua avec agilité les coups que lui envoyaient les quatre barres de son sceptre, tandis que le jeune homme continuait de la pourchasser avec acharnement. Le degré d’hostilité entre les deux antagonistes venait de monter d’un cran. Les orbes Yin-Yang parvenaient à maintenir les nuées de pieux en respect pour le moment … Tout en bloquant un autre coup envoyé par un bâton de fer, la prêtresse balança une rafale d’amulettes de sa manche vers l’adolescent, qui se les prit en plein torse et fut stoppé dans son élan. Comme les barres cessaient également de bouger, Reimu se jeta au sol en avant et glissa à toute vitesse, passant sous les objets métalliques … Avant de fracasser deux puissants coups de pied dans le buste de Luke. Le jeune homme recula en grinçant des dents, puis s’éleva encore une fois dans les airs sur une plaque de métal. La prêtresse n’en avait pas l’intention sur le coup, mais elle l’imita très rapidement à l’aide de ses pouvoirs : en effet, de nouvelles stalagmites se formaient au sol, et bien plus nombreuses. Le terrain lui-même commençait à se distordre n’importe comment.
« C’est pas vrai … pensa-t-elle. Cet endroit est entièrement sous son contrôle … Je ne suis en sécurité nulle part ! »
Luke fit un autre mouvement, levant ses bras progressivement vers le haut. Aussitôt, les nouveaux pieux de fer se détachèrent du sol en décollant à une vitesse encore plus grande que les précédents, et la jeune fille eut du mal à tous les éviter. Mais dès que les piques étaient passés au-dessus d’elle et qu’elle ordonnait fissa à ses orbes de les mitrailler, elle repartit à la charge vers l’adolescent. Celui-ci, malgré ses nombreuses blessures, continua à décrire des gestes circulaires de ses mains : de nouveau, des plaques de fer défensives se formèrent à partir de l’air qu’il transformait à sa guise, mais aussi de nombreuses épines métalliques … qu’il envoya droit sur elle. Mais Reimu continua sans s’arrêter. Et sans même fléchir face à la douleur qu’elles provoquaient, elle fonça droit vers le jeune homme tandis que les nombreuses épines s’enfonçaient brutalement dans sa chair en traversant sa tenue, arma son poing gauche en arrière, se faufila d’un déplacement furtif à travers les barrières qui protégeaient l’ennemi … Et avec une force incontrôlée, elle frappa avec une violence incroyable qu’elle ignorait d’elle-même en plein dans le visage de Luke. Son poing percuta d’une brutalité inhumaine le crâne du jeune homme en plein dans les yeux et le nez … Il fut brusquement décollé en arrière, alors qu’un flot de sang pourpre jaillissait de ses narines et de sa bouche, avant de chuter de nouveau vers le sol, et de s’y écraser une énième fois. La prêtresse en tremblait, alors que les épines profondément enfoncées dans sa peau s’évaporaient, retournant à l’état d’air. Elle se rendit compte qu’elle aussi, elle saignait. A de multiples endroits, même si ce n’était pas comparable au terrible coup qu’elle lui avait infligé … Et pourtant, elle ne nourrissait aucune compassion envers le jeune homme qu’elle venait de frapper. A présent, son seul but, c’était de le mettre hors d’état de nuire.
Elle était cependant encore très loin d’y arriver. L’adolescent, allongé sur le dos, passa sa main sur son visage meurtri pour en essuyer le sang qui était coulé en abondance. Il avait la tremblote, mais sembla faire un énorme effort pour se relever. Une fois sur ses jambes, il rappela la planche volante précédente qui elle ne s’était pas évaporée, et s’éleva de nouveau dans les airs. Mais avant qu’il ne puisse revenir à la charge, ce fut Reimu qui lui fonça dessus. Elle plia le genou droit en arrière, apprêtant un coup de pied ascendant … Mais au moment où elle le balançait, visant son diaphragme, il lança la main en avant. Son violent coup de pied s’écrasa avec force dans son abdomen, mais immédiatement après, une planche de fer surgie de nulle part la happa de plein fouet dans le ventre, la plaquant avec violence en lui coupant la respiration et l’envoyant en arrière. Le coup qu’elle venait de recevoir tranchait radicalement avec les précédents, il était beaucoup moins retenu … Le rythme s’accélérait démesurément. A un mètre du sol seulement, elle se stabilisa … Avant de se faire encore percuter brutalement par des boules de fer de la taille d’un poing, en plein dans le ventre. Luke se précipitait droit vers elle, entouré par ces projectiles … La prêtresse prit son bâton à deux mains, esquivant les prochaines boules et fonçant à son tour vers lui. Elle dévia les derniers projectiles … Et envoya un puissant coup non retenu droit vers son cou. Ce fut seulement au dernier moment qu’il interposa ses bras entre le sceptre et sa trachée, évitant de se prendre un coup dans la gorge … Mais la puissance du coup fut telle qu’il fut désarçonné de sa planche. Reimu dégaina une Carte d’Incantation d’un geste brusque.
« Symbole Harmonique : Dispersion Yin-Yang !!! »
Tenant son bâton de la main gauche, elle balança le droit en avant ; une dizaine de petites boules marron s’extirpèrent de sa manche … avant de s’élargir brusquement, en balles d’un mètre de diamètre ornées des motifs du Yin et du Yang. Luke, chutant vers le sol, vit ces énormes boules lui tomber droit dessus ; il flanqua promptement ses bras en avant, créant une barrière gigantesque entre lui et les attaques. Les balles firent ricochet sur la surface nouvellement apparue, avant de partir dans tous les sens, inefficaces … La prêtresse désengagea sa Carte s’étant montrée inutile, puis fondit en piquet droit vers la barrière. Elle donna alors un fantastique double coup de pied dans cette surface de quatre mètres carrés, et la fit chuter à son tour vers le sol … Mais roulant de côté, le jeune homme évita juste à temps la tentative d’écrasement de la miko qui tamponna le sol de la planche métallique.
L’adolescent se releva dès l’impact, et recula très rapidement de plusieurs mètres, mettant de la distance entre eux deux. Reimu revint aussitôt à la charge … Luke fit alors un mouvement simultané des deux bras, décrivant deux lignes en diagonale face à lui. S’apercevant de quelque chose, la prêtresse s’arrêta brusquement et regarda sur le côté ; ses orbes Yin-Yang avaient maintenant de plus en plus de mal à retenir l’assaut des nuées de pieux qui fonçaient droit vers elle. Elle n’eut pas d’autre choix que d’annuler les rafales de ceux-ci sur le nuage, conservant son énergie et s’apprêtant à faire face au déluge qui allait s’abattre sur elle. Elle sortit un sceau explosif, semblable à celui qu’elle avait utilisé tout à l’heure, et l’envoya droit dans la masse qui s’approchait dangereusement en fendant l’air. La puissante déflagration balaya la plupart des piques, mais il en restait encore beaucoup derrière. Et elle n’eut pas le temps de se concentrer davantage dessus : protégé par une énième planche qui l’abritait des pieux qui allaient s’écraser d’une seconde à l’autre, le jeune homme se précipitait droit vers elle, deux disques de fer de cinquante centimètres de diamètre lévitant au-dessus de ses paumes ouvertes vers le ciel. Arrivé à cinq mètres de la jeune fille, il balança avec hargne mais difficulté ces armes dans sa direction : les disques se mirent à tourner à toute vitesse sur eux-mêmes, sifflant dans l’air. La miko plongea sur le côté, évitant les deux projectiles mortels, tandis que les pieux de fer s’abattaient en pluie destructrice sur le terrain vallonné. Elle joua des esquives pour tous les éviter un à un, mais ils arrivaient toujours en nombres, la frôlant de très nombreuses fois, manquant de l’empaler, avant de s’enfoncer avec brutalité dans le terrain de fer … Ce ne fut que quand il n‘en restait qu’une vingtaine dans les airs qu’elle parvint enfin à se dégager de la zone de danger. Ou du moins, à ce qu’elle croyait. Elle laissa échapper une exclamation de douleur quand elle se fit brutalement tamponner par un pique perdu qu’elle n’avait pas remarqué, qui s’enfonça profondément dans son épaule gauche en une giclée d’hémoglobine pourpre … Les larmes aux yeux, elle retira avec difficulté le pieu ensanglanté, qui s’était facilement enfoncé à plus de dix centimètres à l’intérieur. Ses os devaient s’être fracturés à cet endroit, et ses muscles avaient dû en prendre un sacré coup … Elle ne pouvait plus bouger son bras gauche, maintenant. Et la douleur était dévorante … Tenant son épaule meurtrie avec force, elle se retourna vers le jeune homme qui était resté là à cinq mètres, protégé des piques par sa barrière. A présent, le terrain en était rempli sur une grande surface. Elle ne devait pas abandonner maintenant … Pas après tant de chemin parcouru ! Puisant dans ses dernières ressources, la prêtresse se mit à courir droit sur lui … Il recula de plusieurs pas en arrière, visiblement épuisé lui aussi. Mais au dernier moment …

Plus rien. Reimu s’arrêta brusquement, regardant tout autour d’elle. Elle venait tout d’un coup de plonger dans un noir complet. Elle ne voyait plus rien … Tout semblait avoir disparu soudainement. Que se passait-il ? Elle sentait pourtant encore le sol sous ses pieds … Mais les sons et les images avaient disparus. Elle n’entendait plus que le bruit de sa respiration saccadée, de ses pas lents, et ne voyait qu’une obscurité insondable. Elle n’y comprenait plus rien … Il y a quelques secondes, elle était encore en train de se battre contre Luke. Pourquoi tout s’était brusquement volatilisé ? Elle remarqua soudain quelque chose : les bruits de sa respiration étaient réverbérés. Elle était donc … dans un espace clos ?
« Qu’est-ce que … Non … Non, ce n’est pas possible … »
Elle commença soudain à entendre des grincements tout autour d’elle. En même temps, elle eut l’impression que la pression dans l’endroit où elle se trouvait augmentait … Une scène horrible se dessina alors dans son esprit. Et elle comprit alors ce qu’il se passait.
« Il … Il m’a enfermée dans une sphère de fer !!! »
Et il comptait l’écraser à l’intérieur. Reimu se sentait de plus en plus mal, alors que le faible espace continuait de se rétracter tout autour d’elle, augmentant la pression de l’air … La prêtresse fouilla en toute hâte à l’intérieur de sa tenue de miko déchirée à de multiples endroits, et la leva en l’air pour l’engager.
« Esprits Divins … Sceau Fantaisiste …!! »
Elle avait du mal à respirer, à présent. La puissance se concentra d’un seul coup tout autour d’elle, tandis que des masses énormes d’énergie s’extirpaient de son corps à la façon des orbes fantaisistes … Et d’un seul coup, les nuées irisées foncèrent en plein sur les parois métalliques. La sphère dans laquelle elle était enfermée vola en éclats, ramenant la lumière et lui permettant de voir le jour à nouveau. Les morceaux épars du piège qu’avait confectionné le jeune homme s’envolèrent dans toutes les directions, s’évaporant dans leur état originel. La prêtresse l’avait vraiment senti passer, ce coup-ci. Elle prit une grande bouffée d’air, rassurée. L’adolescent quant à lui avait de nouveau pris ses distances, à dix mètres d’elle. L’état de chacun des combattants était lamentable. Reimu avait sa tenue déchirée à de nombreux endroits, une épaule infirme et de nombreuses blessures partout sur le corps. Luke avait toujours la peau brûlée, une quantité conséquente d’hématomes sur ses membres et du sang maculait encore légèrement le bas de son visage. Tous deux étaient complètement à bout de souffle, ayant puisé jusqu’aux fonds de leurs ressources, et respiraient à grandes goulées en se dévisageant avec haine. Tout autour, le terrain partait en ruines, se fragmentant à ses bords, couvert des intempéries qui avaient sévi pendant les innombrables confrontations qui avaient opposés les deux ennemis. La prêtresse n’avait jamais mené de combat aussi intense. Une minute passa ainsi, durant laquelle seuls leurs regards antipathiques s’affrontaient sans ciller. Puis le jeune homme s’essuya le sang qui coulait de sa bouche et de son nez. Il étendit brusquement ses deux bras sur les côtés, légèrement vers le haut. Il fendit alors l’air face à lui, décrivant une croix diagonale avec ses deux mains … Et sur la trajectoire qu’elles avaient suivies, l’air se transforma en milliers de minuscules particules de fer. Ces micro-bouts de métal commencèrent à graviter tout autour de leur manipulateur, suivant la trajectoire de deux anneaux distincts autour de lui … Et finalement, Luke se retrouva encerclé par deux espèces de ceintures de particules qui tournaient autour de lui comme les anneaux tournent autour de Saturne, à l’exception du fait que ces deux anneaux-là étaient bien plus épais, et croisés. Reimu plongea la main entre deux lambeaux de sa tenue, cherchant une nouvelle Carte. Le jeune homme donna soudain un nouveau coup à terre, pour s’élever une dernière fois dans les airs sur une planche, à cinq mètres au-dessus du sol.
« Je ne quitterai pas cet endroit … s’adressa-t-il avec une colère largement dominée par la fatigue. Je te laisse une dernière chance … Dégage d’ici !!!
- Pas avant d’avoir rendu son fer à la montagne … Espèce de démon !!! »
Le jeune homme fut soudain pris d’un soubresaut à l’écoute de ce juron. La colère de son visage s’éclipsa momentanément, laissant place à une expression totalement dénuée d’émotion, le regard vide et décharné. Cette réaction laissait la prêtresse complètement perplexe. Qu’est-ce qu’il avait …? Elle commençait à avoir mal à la tête, maintenant … Quand quelques secondes furent écoulées, le visage sans vie de Luke se teinta progressivement d’une fureur sans nom. Tremblant de rage et de douleur, il hurla à s’en décrocher la mâchoire.
« JE TE HAAAAAAAAAAAAAAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS !!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
Et pris de gestes incontrôlés, emporté par une colère noire démente, il serra les poings à s’en enfoncer les doigts dans les paumes. Les ceintures de particules autour de lui se mirent à tourner à une vitesse complètement inimaginable, produisant un bruit de turbine horriblement désagréable, chassant l’air tout autour d’elles … Reimu trouva enfin la carte qu’elle cherchait, l’engagea, puis la plaqua au sol. Elle n’aurait jamais pensé qu’elle aurait à s’en servir un jour … Dès que l’objet fut mis à terre, un gigantesque sceau carré de deux mètres de côté apparut sous ses pieds, l’illuminant d’une lumière rouge et jaune. Laissant son bras gauche en désuétude, elle donna un coup de son sceptre dans l’énorme sceau, puis fit tournoyer son bâton sur le côté avant de le placer en arrière, prête à envoyer le tout. Ses orbes Yin-Yang s’étaient maintenant mis en place devant elle, en formation concentrée afin de l’assister dans sa dernière technique. De l’autre côté, les ceintures de Luke semblaient avoir atteint une vitesse maximale. Tout allait se jouer à cet instant.
« DOUBLE SULFATEUSE DE FER !!!!!!
- SYMBOLE PURGATOIRE : DÉFERLANTE DIVINE !!!!! »
( ♫ ) Deux choses se passèrent simultanément. Du côté du jeune homme, des particules tournant à une vitesse dépassant l’entendement s’éjectèrent soudain de leur ceinture originelle en deux grosses rafales supersoniques qui foncèrent en un éclair sur la prêtresse. Du côté de la jeune fille, celle-ci balança brusquement son bâton en avant ; un rayon ultraconcentré, entièrement composé d’énormes sceaux rotatifs qui se superposaient, fut d’un coup propulsé de l’extrémité du sceptre de miko. L’épaisse colonne de sceaux, torsadée, percuta avec une violence inouïe les deux faisceaux de fer qui s’écrasèrent avec une force prodigieuse dessus. Le point d’impact entre les deux assauts produisait un boucan et un dégagement phénoménal, des particules repoussées par les sceaux volaient dans tous les sens, des quantités monstrueuses d’énergies se libéraient … Et les deux forces entamèrent alors un impressionnant rapport de force. L’un tentait de repousser l’autre, de gagner du terrain, mais aussitôt l’adversaire redoublait d’effort et de détermination pour reprendre l’avancée qu’il avait perdue. Les deux puissances extraordinaires continuèrent de s’affronter pendant un temps qui parut éternité aux yeux des deux ennemis, à bout de souffle. Puis, au bout d’une durée interminable, Reimu commença à se sentir défaillir. Sa tête tournait, ses pensées s’embrouillaient … Et elle avait envie de vomir. Elle se sentit tituber, ses sens la quittaient … Elle se sentait, mal, terriblement mal … Cette Carte était beaucoup trop puissante, elle lui consommait trop d’énergie … Les faisceaux de fer gagnaient de plus en plus de terrain sur la colonne de sceaux. Celle-ci tentait désespérément de rattraper son retard, mais rien n’y faisait, l’attaque métallique était en train de la repousser tout du long … Et d’un seul coup, la puissance des faisceaux se déchaîna : toutes les particules de fer emmagasinées dans les ceintures du jeune homme partirent en même temps, formant deux ultimes rayons concentrés au maximum, et percutèrent avec violence la colonne de sceaux qui fut repoussée jusqu’au bâton de la prêtresse. Quand l’attaque de la jeune fille fut intégralement réduite à néant, une formidable déflagration se libéra du bout du sceptre, réduisant les orbes Yin-Yang en charpie, et expulsant Reimu en arrière avec une violence jusque là inexplorée …
« C’EST TERMINÉ !!!! »
Luke se courba sur sa planche, et fondit droit sur la prêtresse qui tombait à la renverse, éjectée cinq mètres en arrière. D’un geste cruel de la main droite, il matérialisa un pieu de fer de vingt centimètres de long et l’empoigna sauvagement. La jeune fille n’était même pas encore tombée au sol quand il ne fut plus qu’à quelques mètres d’elle, et sauta brusquement de sa planche. Il balança alors brutalement la main gauche en avant, et dans sa chute, percuta le cou de Reimu en le saisissant avec férocité, et plaqua la prêtresse au sol ce faisant … A présent à terre et la maintenant fermement contre la surface de fer, il leva haut son arme pointue, visant le visage de la jeune fille … Et stoppa tout mouvement. Il resta pendant un long moment comme ça, arme levée prête à achever la prêtresse, main plaquée contre son cou … La miko était tombée en syncope depuis un moment, et plongée dans l’inconscience, ne réagissait même plus. Luke hésitait. Il avait combattu sans relâche dans l’intention de l’éliminer, et maintenant qu’il était si proche du but … Il n’y arrivait pas. Ses bras commençaient à trembler, et de la sueur se formait progressivement tout le long de sa peau. Il serra les dents.
« Ce … Ce visage … Pourquoi … Pourquoi je ne veux pas lui faire de mal … »
Il hurla un cri de désespoir et planta brutalement son pieu. La pointe s’enfonça avec force dans le sol de fer, à côté de la tête de la prêtresse. Le jeune homme se retira du corps inconscient de Reimu, et se mit genoux à terre, tandis que des larmes incontrôlées coulaient sans qu’il ne sache pourquoi le long de ses joues. Ses yeux le brûlaient, encore pire que toutes les brûlures qu’il avait subies durant le combat … Puis il plaqua ses mains contre le sol, complètement vidé. Tout prenait fin …




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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:25

En-dessous du sommet de la montagne, dans la partie supérieure du relief majestueux, le champ de bataille diminuait doucement d’intensité. Les affrontements qui s’y étaient déchaînés durant tout ce temps avaient laissé de nombreuses marques très visibles sur le paysage, qui s’ajoutaient encore aux éboulements épars à flanc de roche. Des traces de souffre et de noirceur à divers endroits s’étaient formées sur les pentes, en lignes épaisses et nombreuses, sous l’impulsion énergétique de la sorcière et de la marionnettiste qui étaient encore en lévitation dans les airs depuis le tout début. De nombreux rocs avaient également volés en éclats suite aux puissants coups et confrontations sans merci qui avaient opposés la gardienne et la servante, aussi bien dans les airs qu’à terre. Enfin, la prêtresse vêtue de bleu n’avait pas cessé de se battre contre la tengu aux cheveux de jais, et étrangement, c’était cette dernière qui semblait la plus épuisée des deux. Même si toutes combattaient très différemment et à intensité inégales, la puissance décroissait nettement chez chacune d’elles très sensiblement. Les confrontations tournaient en rond, et personne ne prenait l’avantage dans tous les duels qui s’éternisaient péniblement. Ce ne fut qu’au bout d’une longue et rude durée de combat que Sakuya bloqua un énième assaut de Hong, et recula brusquement en mettant de la distance entre elles deux, sur une pente de la montagne. Elle rangea ses couteaux dans sa robe.
« C’est fini. »
En garde, la chinoise la dévisagea avec incompréhension.
« Comment ça, c’est fini !?
- Lève la tête. Il n’y a plus de raison de se battre. »
Sans relâcher son attention, la youkai dirigea son regard vers le ciel qui se voilait du drap crépusculaire. Les combats tout autour avaient également cessé suite aux mots de la jeune femme. Les combattantes avaient toutes les yeux braqués vers les cieux dont l’orange avait laissé place à un bleu obscurci ; un spectacle inhabituel découlait alors de la voûte céleste. Un épais nuage sombre y était apparu et semblait descendre progressivement, voilant le ciel, juste au-dessus de la montagne … A mesure que l’ombre se rapprochait, elle apparaissait plus claire au regard des guerrières, avant d’arriver finalement à quelques dizaines de mètres au-dessus de leurs têtes. Elles pouvaient maintenant voir clairement de quoi il s’agissait.
« Les épanchements de métal … souffla Hong. »
Une pluie lente et fine de billes de fer retombait doucement vers les pentes de la montagne. Les combattantes assistèrent alors à une vision étonnante : quand les petits morceaux de métal entraient en contact avec la paroi rocailleuse et fracturée à de multiples endroits, ils semblaient fondre, et s’infiltraient par les interstices d’entre les pierres et les roches vers l’intérieur … Les entrailles de la montagne lui revenaient, sous leurs yeux. Il y avait encore beaucoup de billes en suspension dans les airs qui retombaient avec lenteur, mais …
« … On dirait que c’est vraiment fini, admit la gardienne de porte.
- Bande d’idiotes, rumina Marisa sur son balai. Il n’y a jamais eu de malédiction, vous ne vous en êtes toujours pas rendues compte !?
- Quoi ?! s’exclama Alice.
- Ce fer a été volé par quelqu’un, expliqua Sanae. Les dieux n’y sont pour rien dans l’affaire.
- Tout ce que vous avez fait n’a pas servi à grand-chose, ajouta la servante. Si nous n’étions pas intervenues et que Reimu ne s’était pas rendue là-haut, vous seriez sans doute encore restées très longtemps ici.
- C’est impossible … fit Aya avec dégoût et lassitude. »
La bataille s’était maintenant définitivement arrêtée, alors que la pluie métallique continuait de se poser sur la surface chaotique des pics et des rocs. La sorcière se redressa sur son balai, expirant un grand coup, épuisée par tant d’activité et de libération d’énergie. Ses vêtements étaient froissés et trempés de sueur.
« … Pourquoi Reimu n’est toujours pas revenue ? »
Les trois coéquipières de la prêtresse manquante se regardèrent, inquiètes. Cela faisait un moment que la miko aurait dû être de retour. Alors que la pluie ne s’était toujours pas entièrement écoulée, elles se mirent en route pour le sommet, aussi rapidement que le reste de leur énergie leur permettait. Les trois youkais restèrent là, se consultant du regard avec fatigue et incertitude. Il n’était plus nécessaire de leur courir après. Elles n’avaient en fait plus rien à faire ici …

Incapable de bouger le moindre membre, Reimu sentait ses sens revenir lentement à elle. Les dernières images qu’elle avait vues étaient celles de l’échec de sa Carte d’Incantation, qu’elle n’avait pas réussi à maintenir en place, et elle ne se souvenait plus que de cette dévorante impression de malaise … Quand la colonne de sceaux avait été intégralement repoussée, elle avait vu une grande lumière, puis plus rien. Elle aurait été incapable de dire ce qu’il s’était passé ensuite … Alors qu’elle émergeait tout doucement du sommeil, elle se rendit soudain compte qu’elle avait quelque chose d’enroulé tout autour de son épaule gauche. Celle qui s’était pris un pieu de fer … Elle ouvrit enfin les yeux, discernant des formes floues et indistinctes tout autour d’elle. Elle avait encore du mal à réintégrer la réalité … Ce ne fut que quand un rai de lumière apparut dans son champ de vision que son esprit s’éveilla. Une voix s’éleva alors.
« Tout va bien, Reimu ? »
La prêtresse cligna des yeux, quittant le sommeil. Elle était allongée dans un lit, à l’intérieur d’une pièce assez sombre … Et à deux pas de là, une fenêtre dont l’on venait de tirer les rideaux laissait passer la lumière du soleil. Depuis combien de temps était-elle là ? Elle se sentait certes bien mieux qu’avant, mais elle était perdue … Comme elle commençait à sentir ses membres endormis, elle se redressa sur le matelas à même le sol et se prit la tête dans sa main droite valide, fatiguée. Si les douleurs avaient disparu, son épuisement physique était toujours bien présent. Elle se rendit alors compte qu’elle ne portait plus ses manches aux bras, et que quelqu’un avait enlevé le ruban noué dans ses cheveux … L’ombre qui avait ouvert les rideaux vint alors s’asseoir à côté d’elle.
« Ne te force pas trop, tu viens à peine de te réveiller … »
La miko secoua la tête, reprenant pleine possession de ses sens. Marisa était là, juste à côté d’elle, ainsi que Sanae qui était assise sur un tabouret dans un coin de la pièce. Tout autour du lit étaient entassés des tas de livres et de feuilles bourrées d’écritures griffonnées, et un bureau était visible en-dessous de la fenêtre. L’endroit, qui n’avait apparemment pas été rangé depuis très longtemps, était très visiblement une chambre d’ami et accessoirement de stockage de la sorcière. Reimu inspira profondément en se tenant la tête, qui lui semblait particulièrement lourde. La jeune fille vêtue de noir reprit la parole avec gentillesse et un sourire.
« Comment te sens-tu ?
- Oh, Marisa … J’ai l’impression de sortir d’un cauchemar … Ou d’un rêve, je ne sais pas …
- Repose-toi bien. Tu étais en piteux état quand on t’a retrouvée, au sommet de la Montagne. Tu nous as fait peur, à vrai dire …
- Oui, la montagne … Marisa, il faut y retourner, je …!
- Tout va bien, l’arrêta la sorcière. Le fer de la montagne lui est revenu. Les incidents ont été résolus, grâce à toi. »
Reimu ne comprit pas tout de suite ce que son amie venait de lui dire. Les incidents étaient résolus ? Elle avait pourtant perdu son combat … Malgré tout, Marisa n’avait pas l’air de plaisanter. Elle employait d’ailleurs un ton calme et posé, comme si elle ne voulait pas la brusquer … Elle n’avait vraiment pas l’air de prendre son état à la légère, ce qui était plutôt étonnant de sa part, à vrai dire.
« Tu étais en sang, raconta-t-elle avec inquiétude. Quand nous t’avons retrouvée, tu étais allongée contre la roche et respirait très faiblement. Nous t’avons transportée jusque chez moi, pour plus ou moins soigner tes blessures… On s’est même demandé s’il ne valait pas mieux qu’on t’emmène au Eientei, mais j’ai réussi à te tirer rapidement d’affaire avec quelques lotions, et un bon bandage. »
La prêtresse posa son regard sur son épaule gauche : effectivement, sa clavicule ainsi que le haut de son arrière-bras étaient immobilisés sous un épais et efficace assemblage de vigoureuses bandelettes. Elle ne sentait même plus la douleur sous cette attelle. C’était donc ça ce qu’elle avait senti en s’éveillant …
« Par contre, Sakuya n’a pas pu rester à ton chevet, expliqua la magicienne. Elle avait encore trop de choses à faire, apparemment …
- Attends, un peu … Qu’est-il arrivé aux youkais, alors ?
- Elles sont revenues à la montagne, répondit Sanae. Aya a rapidement fait passer la nouvelle, et tout est à peu près rentré dans l’ordre. Kanako m’a donné l’autorisation de rester veiller sur toi en attendant.
- Mais … Combien de temps s’est écoulé, alors !?
- Depuis qu’on t’a installée ici hier soir, tu es restée endormie cette nuit et ce matin, informa Marisa. Il est à peu près deux heures de l’après-midi.
- Bon dieu … »

Fraîche et dispose, Reimu remit un peu d’ordre dans ses pensées. Elle réfléchit un moment, puis réengagea la conversation avec la sorcière en affichant une sombre expression sur le visage.
« Vous n’avez vu personne ?
- Hm ? Comment ça ?
- Quand vous m’avez retrouvée. Il n’y avait personne dans les parages ?
- Non … Non, je crois que tu étais seule. Tu es en état de nous raconter ce qu’il s’est passé, là-haut ? »
La prêtresse resta plongée dans ses pensées pendant un court instant, puis acquiesça.
« J’ai rapidement pu me rendre au sommet grâce à votre aide. Les épanchements de fer de la montagne étaient en suspension à quelques centaines de mètres au-dessus … C’est là que j’ai rencontré la personne dont avait parlé Yukari.
- A quoi ressemblait-elle …? »
La prêtresse ne sut pas pourquoi, mais quelque chose se déclencha instinctivement en elle. Pour une raison qu’elle ignorait, elle n’avait pas envie d’en parler … Ce qui la poussa, spontanément, à mentir.
« Je ne m’en rappelle plus exactement. Tout s’est passé si vite … J’ai bien tenté de lui faire entendre raison, de l’obliger à rendre le fer volé, mais rien à faire. Nous nous sommes affrontés … Je ne me souviens que de ce rude combat, que j’ai remporté à la dernière seconde …
- Tu as dû être secouée … Ca te reviendra peut-être.
- Oui, sans doute … »
La miko n’avait pourtant aucun trou de mémoire, bien au contraire. C’était étonnant … Elle n’avait franchement aucune envie de parler de Luke ni de ses pouvoirs. Elle en avait presque peur. Elle se demandait bien pourquoi … La réponse était sans doute toute simple : il était l’une des rares personnes qu’elle n’avait pas pu vaincre. Et malgré que les événements eussent fini par s’arranger pour une raison mystérieuse, elle sentait que quelque part au final, elle avait échoué. C’était une bien déshonorante perspective … Ses actes n’avaient-ils servi à rien au bout du compte, comme l’avait prédit Yukari ? La prêtresse était encore tourmentée par ses mots … Le petit silence qui s’était installé fut brisé par Marisa qui se retourna vers la jeune fille aux cheveux d’émeraude, tirant Reimu de ses pensées.
« Dis donc, Sanae … commença la sorcière. C’était quoi, cette Carte d’Incantation ?
- … Quoi ? De quoi veux-tu parler ?
- Ben, tu sais bien ! Même moi qui me battais à fond contre Alice, je l’ai remarquée !
- Ah, ça, euh … Disons que c’est quelque chose que je conserve toujours en ultime recours …
- C’était franchement impressionnant ! Cette pauvre Aya n’a vraiment rien vu venir … Dire que t’avais même pas eu besoin de ton bout de bois pour la lancer, personne pouvait s’y attendre ! »
( ♫ ) La magicienne éclata d’un grand rire chaleureux. Ses éclats de voix étaient contagieux, aussi la prêtresse vêtue de bleu s’y joignit de bon cœur. La miko blessée ne comprenait pas grand-chose à propos de quoi elles parlaient, mais cela ne l’empêcha pas de sourire à son tour. Après tout … L’histoire était finie, et les choses allaient reprendre leur cours normal à Gensokyo. Pour combien de temps, elle l’ignorait, mais tant qu’elle serait vivante, elle se battrait jusqu’au bout pour résoudre les incidents. Au fond, elle savait que ce n’était pas le travail réglementaire d’une prêtresse, mais qu’est-ce que cela avait de si mauvais ? Tant que cela permettait aux habitantes de cette contrée de continuer à vivre et rire comme Marisa et Sanae le faisaient, ou à se serrer les coudes pour surmonter les difficultés ensemble, elle n’avait rien à se reprocher. Il était maintenant temps qu’elle récupère de ses blessures …
Plusieurs jours plus tard, Reimu était de nouveau sur pieds. Le jour même où l’été commençait pour de bon, avec le paquet d’événements et de festins qui accompagnaient cette belle saison. Les choses étaient rentrées dans l’ordre, et elle reçut même les visites successives d’Aya, Alice et Hong qui lui concédèrent de grandes excuses qu’elle accepta de bonne grâce. Quant à Sakuya, elle ne me manqua pas de lui faire parvenir quelques remerciements, aussi bien pour avoir mis un terme aux incidents que pour le combat qu’elle avait pu mener contre sa collègue. La prêtresse reçut également quelques nouvelles du temple Moriya, qui avait repris ses fonctions dès les incidents résolus, le matin qui suivait le retour du fer à la montagne. Toutes les youkais s’étaient mobilisées pour réparer leurs erreurs et ramener toutes les personnes qu’elles avaient répudiées de leur habitat, et la vie avait repris son libre cours sur les pentes et dans les forêts de la Montagne de la Foi. Une nouvelle page se tournait dans l’histoire de Gensokyo … Et Reimu était prête à répondre à l’appel de la prochaine. Qui viendrait pourtant beaucoup plus tôt qu’elle ne l’imaginât …


FIN DU PROLOGUE.

_______________________________

Ecrire, ce n’est pas seulement choisir ses mots et ses lettres. C’est créer tout un monde, et le vivre soi-même.
Mon monde. Notre monde. Hey, vous trouvez pas que l’écriture a quelque chose de magique, au fond ?

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MessageSujet: Re: L'Avènement du Fer   L'Avènement du Fer Icon_minitimeMer 19 Jan - 13:28

Indice I : Ambiguïté des civilisations

( ♫ ) J’ai relativement peu d’expérience personnelle à ce propos, mais à force de lire et de m’instruire au sujet de l’Histoire de l’humanité, il me semble que le moteur du conformisme soit très peu présent dans les liens qui unissent les innombrables civilisations formées au cours du temps dans le monde extérieur. On pourrait même supposer de manière logique que lorsqu’un certain groupe ethnique se forme, avant de s’allier à d’autres groupes afin de monter sa propre civilisation régie par des lois et des morales communes, la totalité ou du moins la grande majorité de ses individus suivent la même logique. C’est, pour ne point dire systématiquement, très souvent le cas. Cependant, la difficulté à fonder une nation vient justement du fait que les notions et les valeurs d’un groupe sont parfois différentes voire totalement opposées à celles d’un autre groupe. En terme barbare, il est très fréquent que cela dégénère en ce que l’on appelle « guerre ».
Dans les civilisations modernes implantées maintenant un peu partout dans le monde au-delà de la Grande Frontière Hakurei, on peut très certainement retrouver une grande unité générale. Les liens qui unissent les civilisations sont à fortiori la raison, la morale, et la science – de manière logique, car je ne me suis point rendue sur place pour vérifier de moi-même. Mais au vu de la culture que j’ai pu glaner au fil de mes lectures, il m’apparait de plus en plus évident que ces valeurs ne soient point admises et appliquées à la lettre absolument partout. Aussi bien à l’intérieur-même d’une nation, on peut trouver des groupuscules dissidents qui, tout en vivant sans conflit avec leurs compatriotes, ont conservé une philosophie et un mode de vie divergents, malgré le conformisme logique auquel l’on devrait s’attendre. Ce genre de groupes, très généralement des villages ou de petites bourgades isolées du grand-monde, sont restées à un niveau de culture traditionnel et conservateur, malgré l’avancée technologique et scientifique qui a tiré le monde entier vers le haut. Ils restent très attachés aux anciennes traditions et au folklore des temps révolus. Il est néanmoins essentiel de préciser que ce genre de cas reste très rare, mais peut être retrouvé à peu près n’importe où.
Il faut bien se dire que même si le monde extérieur a connu un essor exponentiel de par son scepticisme, les cas de figure exceptionnels existent bel et bien. Il va m’être très ardu de ne point m’induire en erreur …

Patchouli Knowledge.

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Indice II : L’éveil

… J’avais l’impression de sortir progressivement d’une profonde torpeur qui m’avait projeté dans le noir total. Je recommençais à sentir, très faiblement, mes membres endoloris … Mais ma conscience restait inactivée. J’étais comme prisonnier à l’intérieur de mon corps … Et incapable de ressentir les choses du réel. Etreint dans cette paralysie, je tentai malgré tout de remuer mes muscles … Sans succès aucun. Où suis-je …? Comme je n’avais aucune perception de l’endroit où je devais me trouver à cet instant, j’étais complètement perdu. Je fouillai ma mémoire à la recherche de ce qui m’était arrivé récemment … Mais là aussi, aucun souvenir ne se manifesta. Ainsi donc, je n’avais plus rien du tout … Que ma réflexion. Que devais-je faire ? Cette attente m’était insupportable. Je continuai à me morfondre en attendant que quelque chose se passe … Parce qu’à ce moment, je n’étais franchement capable de rien. Et n’ayant absolument aucune idée de ce qui se passait autour de moi, si toutefois il se passait quelque chose, j’avais peur … Très peur. Sans savoir vraiment pourquoi …
Puis, mes sens me revinrent très doucement. Petit à petit, mes perceptions remontèrent dans tout mon corps, retirant peu à peu le masque qui me rendait aveugle au monde externe … D’abord, je me rendis compte que j’étais allongé. Mon dos était posé sur une surface au sujet de laquelle je n’avais encore aucune idée, et mes bras étaient étendus le long de mon corps … J’étais un peu en position rectiligne. Mais je n’avais toujours aucune information sur ce qui m’entourait … Mes sens s’affinèrent. Je n’arrivais toujours pas à ouvrir les yeux, et mes oreilles étaient incapables de capter le moindre son. Cependant, mon nez fut le premier à reprendre ses fonctions ; je pris alors soudain conscience que je respirais. Cette odeur … Je ne l’ai jamais sentie. Elle n’avait rien de bien particulier … Mais c’était à coup sûr quelque chose qui m’était inconnu. Ca ne me renseignait pas … Patient, j’attendais que mon ouïe revînt à moi ou que d’autres perceptions me parvinssent. Ce fut au tour de mon sens du toucher de se remettre en marche. Qu’est-ce que … Cette sensation … Je sentais des contacts sur tout mon corps. Des sensations qui m’étaient inconnues … C’était quelque chose de difficile à définir. La surface sur laquelle j’étais allongé avait quelque chose de doux … En fait, je crois que ce n’était pas quelque chose de complètement inconnu pour moi. Juste quelque chose que je n’avais plus ressenti depuis très longtemps … Mais je n’arrivais plus à me rappeler quoi. Et puis de toute manière, ce n’était pas très important. Car au final, je me sentais plutôt à l’aise … Et ça me faisait franchement du bien. Ma mémoire me faisait toujours autant défaut, par contre. J’émergeais progressivement de l’inconscience … Je commençais à entendre des choses. Je devinai des sons, même très étouffés par mon ouïe encore endormie, tout autour. Je pensai qu’il devait s’agir d’insectes … Comme des cigales ou des criquets. Des oiseaux, aussi. Au fur et à mesure que mon oreille s’affinait, je commençais à comprendre que j’étais dans un espace clos. Un … Un espace clos ?! Minute … Ma mémoire commence à me revenir … Je me réveillais enfin. Je sens du mouvement autour de moi … J’ai … j’ai peur de bouger … Revenant définitivement à moi, je repris pleine conscience et ouvrit brusquement les yeux. Une personne se trouvait penchée à cinquante centimètres au-dessus de moi, en train de me regarder.
« Tout va bien ? »
Je sentis mon sang faire un tour dans mon crâne, et pris d’une pulsion salvatrice, je bondis du lit avec toutes les forces qu’il me restait encore à cet instant. Dans ce saut spectaculaire, j’arrachai du même coup la couverture qui recouvrait naguère mon torse et mes jambes, et courait en arrière sans lâcher la personne des yeux. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour buter contre un mur qui me coupa toute retraite. Putain, je me suis fait prendre au piège !! Cette foutue femme !! Elle s’est bien foutue de ma gueule !!!! Complètement paniqué, mes yeux observèrent à vitesse grand V l’environnement autour de moi. J’étais dans une petite baraque majoritairement faite en bois. Je me foutais du reste des détails. Ce que je savais, c’est que y’avait une femme à moins de cinq mètres de moi, que j’étais acculé dans un coin sans issue, et que je n’avais aucun moyen de défense !!! J’avais beau me concentrer au maximum malgré ma démence, je ne ressentais largement pas assez de fer tout autour pour me forger de quelconques armes ou boucliers, ou même juste de quoi me défendre alors que les secondes s’écoulaient inexorablement, bordel ! Hors de question que je crève ici !!! Désespéré, je commençai à donner de violents coups de coude dans le mur en bois derrière moi … Mais ma force physique était beaucoup trop médiocre, et j’étais infiniment trop faible. Je ne parvins même pas à faire craquer le matériau alors que je devais déjà avoir bien défoncé mon propre coude … Pendant ce temps, l’autre s’était mise à réagir.
« Calme-toi, mon petit … Je ne te veux aucun mal.
- LAISSEZ-MOI SORTIR D’ICI !!!!!!! »
Je me retournai et commençai à tambouriner de toute mon énergie contre la paroi qui me séparait de ma liberté, fracassant qui mon épaule, qui mes poings, qui mes coudes avec violence contre le bois. De l’eau commençait à couler de mes yeux. Des larmes de désespoir. Des douleurs me remontèrent dans mon dos, puis dans tout mon corps … J’ai mal partout … J’étais complètement tétanisé par la peur. Finissant par comprendre que je ne pourrais pas m’échapper de ce côté-ci, je tournai de nouveau la tête vers elle et me plaquait dos au mur. Une sortie, une sortie …!! Il y avait bien une porte dans le coin plus loin à gauche, mais cette femme me barrait la route ! Je n’ai pas le choix … Je levai la main droite en avant, faisant mine de la viser, et fit un effort phénoménal pour prendre un ton agressif.
« Faites-moi sortir d’ici … Ou je réduis cet endroit en ruines !!! »
Du pur bluff … Je n’avais vraiment aucune chance. Je m’en rappelle, cette femme avait des capacités bizarres. Même les miennes ne faisaient pas le poids contre elle, et de toute façon je n’avais pas de matériel pour pouvoir m’en servir … Et transformer de l’air en fer me demanderait beaucoup plus de calme et d’énergie que j’en avais maintenant ! Je suis foutu …
« Je ne te veux aucun mal. »
Elle avait répété cette phrase, encore une fois. Mais si elle croyait que je me laisserais duper aussi facilement, elle se foutait le doigt dans l’œil. Depuis le temps, j’avais appris à savoir quand j’étais en danger de mort, et là le risque était plus grand que jamais. Je devais tenter le tout pour le tout … Je n’étais jamais réellement arrivé à transformer de l’air en fer selon ma volonté. Toujours par impulsions incontrôlables. Malgré mes innombrables essais pour maîtriser cette malédiction, je n’étais toujours pas parvenu à la soumettre … Il faut pourtant que j’arrive à la provoquer d’une façon ou d’une autre, sinon j’y passe ! Allez !! Allez. Allez …
A mon immense surprise, un déclic se fit ressentir en moi. Aussitôt, au milieu de l’espace qui séparait cette femme de moi, une dizaine de lames de fer accompagnées de billes de toutes tailles apparut ex nihilo. Qu’est-ce que … Comment était-ce possible … C’était la première fois que j’arrivais à faire un truc pareil … Complètement désemparé par ma propre performance, je fis l’erreur de baisser mes bras, et relâcha mon emprise sur le fer que j’avais converti. J’étais vidé. Déjà que je n’étais pas en forme à mon réveil …
« Personne ne te veut de mal, jeune homme, repris la femme aux cheveux blonds. Tu es en sécurité, ici.
- J’ai jamais été en sécurité nulle part … répondit-je lamentablement. Allez, laissez-moi partir … Je vous ai rien fait …
- Je t’ai déjà dit que je n’allais rien te faire … »
Elle m’adressa un petit sourire. Je n’aimais pas ça. Elle cherchait à me mettre en confiance, et j’étais tenté de jouer le jeu … Il n’y avait plus rien d’autre que je ne pusse faire de toute façon … D’un côté, c’était vrai qu’elle aurait largement eu le temps de me tuer quand j’étais assoupi, mais ça ne m’empêchait pas d’avoir peur … Elle reprit la parole, en employant le même ton compatissant qu’elle avait utilisé la fois où elle m’avait rencontré durant mon errance.
« Tu as repris quelques couleurs depuis la dernière fois. Mon nom est Yukari. J’ai recousu tes vêtements à même le corps durant ton sommeil, ils étaient dans un piteux état … »
Je jetai alors un regard vers mes habits. J’étais dans mon tee-shirt blanc, un peu sale et terni de poussière, mais les trous qui s’y trouvaient avant avaient disparus. De même, mon jean n’était plus en lambeaux … Et mes chaussures, toujours fixées à mes pieds, ne les avaient pas quittés. Mais …
« … Ma veste ! Qu’est-ce que vous avez fait de ma veste !?
- Elle était dans un état pire que tout le reste, j’ai dû te la retirer pour la raccommoder … »
Elle alla alors se rendre dans un coin de la pièce. Ce fut à ce moment là que je me rendis compte de plusieurs choses. Primo, j’avais maintenant l’occasion de m’enfuir par la porte, tandis qu’elle avait le dos tourné. Mais secundo, mon fidèle vêtement noir se trouvait sur une table basse, plié et rafistolé. Je ne pouvais pas partir sans lui. Et enfin, tertio, il y avait également deux autres personnes dans l’endroit que je n’avais toujours pas remarquées, absorbé par cette … Yukari. Ces deux filles me fixaient avec de grands yeux, acculées dans un coin opposé à là où je me trouvais … Je n’avais jamais vu de personnes si étranges. Elles semblaient certes humaines, mais l’une possédait des caractéristiques du renard, l’autre, du chat … Je ne savais pas si elles pouvaient représenter un danger potentiel, mais pour l’instant, je me recentrais sur cette femme blonde. Elle avait ma veste dans les mains et vint jusqu’à moi. Effrayé, je tentai de reculer, toujours bloqué par cette paroi. Mais rien à faire, elle parvint à ma hauteur … Et me tendit mon vêtement.
« Tiens … »
Je regardai successivement Yukari, puis ma veste. Elle n’avait vraiment pas l’air de me vouloir du mal, mais … Je ne pouvais m’empêcher d’avoir des soupçons. J’ai pas envie que ça recommence … Impulsivement, je lançai la main en avant et agrippai mon bien, et me décalai aussitôt de deux mètres sur le côté afin de m’éloigner d’elle. Elle ne revint pas vers moi par la suite … Elle ne me poursuivait pas. Mais qu’est-ce qu’elle me voulait, au juste ? Un détail alarmant me vint à l’esprit.
« Dites … Vous n’avez pas retiré mon tee-shirt, hein ? Dites-moi que vous ne l’avez pas retiré !! »
Elle parut franchement étonnée d’une telle question de ma part. Après quelques secondes d’hésitation, elle eut l’air de répondre le plus sincèrement possible.
« Je n’ai rien fait de tel. »
Je poussai un discret soupir de soulagement, puis enfilai ma veste noire à toute vitesse. Une fois sur mes épaules, je tirai la fermeture éclair jusqu’en haut avec précipitation, comme s’il s’agissait d’une véritable protection. Elle était vraiment bien rapiécée … Les coutures se voyaient quand même, mais au moins elle était intègre. Je jetai un œil à la pièce. J’étais légèrement parti sur la gauche … Et Yukari se trouvait à peine à trois mètres de moi. Je lançai un regard furtif vers la porte … Les deux humaines se tenaient tout près de cette issue, mais j’avais maintenant une occasion unique. Sans réfléchir davantage, je me mis à courir à toute vitesse, exploitant le peu de force qui me restait, et atteignis la sortie en moins de deux. Je poussai précipitamment la porte coulissante sur le côté, puis m’échappai droit vers l’air de l’extérieur. Libre … Je contournai illico le petit bâtiment duquel je venais de sortir, puis m’enfuis à toute vitesse en direction du bois qui se trouvait derrière. Je savais d’instinct que ce n’était pas la peine d’aller dans le village en contrebas. Surtout pas. Dirigé par l’énergie du désespoir et de la survie, je me rendis sous les arbres en une dizaine de secondes et continua ma course folle vers ma liberté. Courir … Courir, sans m’arrêter …

Yukari regarda la porte béante par laquelle le jeune homme s’était enfui. Tout s’était passé rapidement … Elle avait su qu’il aurait de mauvaises réactions à son réveil, mais à ce point-là, elle n’avait pas prévu. Elle poussa un soupir de dépit en baissant la tête vers le parquet, tandis que Ran et Chen s’approchaient d’elle, à la fois perplexes et effrayées.
« Dame Yukari, qui était-ce ? questionna la femme renarde.
- … Je préfère garder ça pour moi. Ca ne vous dérange pas ?
- Mais vous ne partez pas à sa poursuite ?! s’étonna la petite fille.
- Ca ne ferait qu’aggraver les choses … Il faut lui laisser le temps de guérir les blessures qu’il a encaissées. Un jour, je vous expliquerai …
- Mais pourquoi l’avoir abrité ici …? demanda la kitsune.
- Je suis vraiment désolée … Mais je ne peux rien vous dire. »
Ran acquiesça en symbole de compréhension. Ce n’était de toute façon pas la première fois que sa maîtresse agissait bizarrement. Ni elle, ni Chen ne savaient quoi que ce soit à propos de ce jeune homme qui s’était reposé dans le lit qu’elles avaient aménagé pour l’occasion. Yukari l’avait amené un soir de pluie torrentielle au temple de Mayohiga et leur avait fermement demandé de lui préparer une couche, et qu’il avait besoin de repos de toute urgence. C’était tout ce qu’elles avaient retenu … La youkai des barrières regarda ses deux subalternes avec un profond sérieux dans les yeux.
« Promettez-moi de ne parler de tout ceci à personne, c’est entendu ?
- Je le jure, approuva la kitsune.
- D’accord, répondit simplement la nekomata. »
La confiance que les deux habitantes de Mayohiga accordaient à leur maîtresse était telle qu’elles ne posèrent plus aucune question au sujet de l’adolescent. Sur ces derniers mots, la youkai s’engouffra dans une barrière dimensionnelle, et disparut de la pièce. Les deux autres étaient prêtes à ne rien dire à personne concernant l’incident …

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Indice III : La prophétie

Parmi les nombreuses légendes et traditions de l’ensemble des créatures de Gensokyo, il existe des curiosités particulièrement intéressantes et terrifiantes en même temps. Mais de toutes les prédictions de fin du monde que l’on puisse trouver dans les divers folklores, il y en a une qui se démarque fortement des autres de par sa singularité et de son inquiétant mode opératoire. Il s’agit de la prophétie millénaire, qui annoncerait l’extinction du peuple des youkais. Beaucoup de rumeurs traînent à propos de cette prédiction, qui concerne tout de même l’un des peuples les plus puissants et les plus importants de Gensokyo. Tout ce qui concerne cette prophétie est très vague, malgré son message clair. Pour commencer, seuls trois vers sur sept nous sont encore connus. Quatre des phrases de la prophétie ont été perdues au cours du temps, notamment à cause de la guerre qui longtemps opposa les humains et les youkais. Ensuite, personne n’a la moindre idée de qui aurait pu rédiger cette prophétie. Mais à l’heure actuelle, il y a fort à parier que cette prophétesse ait rendu l’âme depuis très longtemps, au vu de la guerre impitoyable et l’ancienneté même de l’écrit en question. En effet, il semble que le plus vieux manuscrit que l’on ait pu conserver, ne comportant donc que les trois premiers vers, soit vieux de plus de mille ans, d’où l’appellation de « Prophétie millénaire ». Enfin, la prophétie semble centrée sur la Montagne Youkai : les entrailles seraient relâchées vers les cieux, provoquant une fureur divine. Cependant, la notion d’entrailles reste très vague. C’est notamment pourquoi, il y a quelques semaines, l’ensemble des youkais et des tengu pensa qu’elle se fut réalisée suite à l’élévation dans le ciel du métal principal contenu dans la montagne. L’incident en question fut résolu par la prêtresse Hakurei, le surlendemain-même. Seuls quelques échos et rumeurs parvinrent à la communauté youkai à propos de l’explication quant à ce phénomène. La vérité reste inconnue, mais les incidents sont clos et l’on n’en parle plus dorénavant.
La Montagne Youkai regorge de mystères, mais cette prophétie en est sans doute le plus inquiétant. Moi-même, je ne sais pas exactement ce qu’elle signifie. Ce qui est certain, c’est que tant que la Montagne tiendra debout, j’y resterai afin d’assurer sa surveillance via les patrouilles de tengus, car tel est mon devoir.
Il me faudrait me renseigner davantage sur cette histoire, tout de même. Je suis certaine qu’il reste de rares personnes qui en savent plus à ce sujet. J’ai d’ores et déjà chargé une élite d’enquêter sur les quatre vers disparus, et si possible, de les retrouver.

Briefing tengu, Tenma.




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